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[RP] Si on jouait à Cache-cache ?

Mahelya
RP Ouvert à tous, à condition d'être cohérent.


- Tu ne l'as pas vu ?
- Non Filia.
- Depuis combien de temps ?
- Depuis le soir ou vous êtes restées toutes seules en taverne.
- Norf ... Mais ... ça fait longtemps ... Et depuis rien ??? Tu es sure de toi ? Rien de rien ? ... Hum Pensive. J'espère que ... non ... elle n'aurait pas fait ... ? Elle ne serai pas partie sans que je l'accompagne ? Elle avait dit que je pouvais ...
- Je ne sais pas Filia... Mais peut-être vous faites vous du soucis pour rien ?
- Je suis inquiète Harchi ... Vraiment inquiète. Ce fameux soir, son Altesse ... enfin elle n'était pas du tout au mieux de sa forme.

La Rouquine faisait les cent pas dans son petit bureau. Voilà plusieurs soirs de suite qu'elle n'avait vu son Altesse Rousse, pour qui étonnement elle s'était prise d'affection. Étonnant dans le sens ou malgré son sang et sa naissance, Mahelya s'évertuait à faire le contraire de ce que sa destinée lui imposait.
Et se manque de rencontre au détour d'une bière ou d'un verre de vin ou d'une tisane, commençait depuis deux trois jours à faire enfler la petite crainte qui sommeillait tranquillement dans ses entrailles auparavant.
La tout juste jeune fille, allait et venait, les sourcil froncés par l’inquiétude. Les mains étaient jointes comme pour une prière et les index reposaient sur les lèvres purpurines. Il fallait agir ! Oui la jeune Flammèche n'aimait pas l'immobilisme, et n'importe quelle action aussi minime soit-elle, indiquait qu'on cherchait au moins une solution.
Et rien que ça c'était déjà de l'action.

Dans ses instants de grandes réflexions, le valet, père, frère ne disait mot. Il savait d'expérience qu'il ne fallait point troubler l'esprit de la Rousse. Aussi restait-il droit comme un "I" derrière le fauteuil du bureau. Ses opales allaient et venaient au rythme des pas de Mahe. Elle continuait de murmurer.


- Hum ... non elle n'aurait pas fait ça ... Elle voulait partir seule mais après elle avait changé d'avis ... Peut-être est-elle aller voir Hema ? Qu'en penses-tu Harchi ? tu crois qu'elle est avec Hema ? ... Peut-être que la Princesse Elisa est au courant de quelques choses ? Peut-être est-elle alitée ? Souffrante ? Hum ... Peut-être aussi profite-t-elle de son époux ?

Harchi restait muet, prononcer un mot maintenant était un risque qu'il n'osait pas prendre. Pas fou le Majordome ! S'il confirmait ses dires, elle serait encore plus inquiète, s'il cherchait une autre explication, elle se mettrait sans doute à hurler qu'il ne comprenait rien. Non vraiment le silence c'est ce qu'il y a de mieux.
Il suivait donc inlassablement des yeux chaque mouvement de sa filia. Parfois elle s'arrêtait et le regardait, pour mieux reprendre ensuite son périple dans se petit bureau à l'évidence trop étroit.


- Oui ça doit être ça, je doit me faire du soucis pour rien... La princesse est peut-être partie remplir quelques obligations à Paris... La chance tout de même, elle peut arpenter le Louvres...

Doucement, les prunelles émeraudes de la jeune fille se posèrent sur le valet qui n'avait pas bouger ! Grrr qu'il l'énervait à rester ainsi immobile. Même une plume fait plus de mouvement quand elle gratte un vélin... BINGO ! Plume ... Vélin ... Encre ... La lumière jaillit dans l'esprit de la Rouquine. Elle n'avait qu'à écrire. Le pas se fit décidé, et la jeune fille s'installa devant son écritoire.

- Harchi ! ... aux grands maux, les grands remèdes ! Je vais faire partir quelques missives, tout d'abord à la Princesse... puis à la princesse, enfin je veux dire l'autre ... et enfin à Hema. Si avec tout ça je n'y vois pas plus clair ... Enfin bref tu as compris.

Et avec dextérité, la plume d'oie gratta la vélin précieux. Seul le bruit du frottement du métal sur le papier brisait le silence qui régnait à présent.

Citation:
De Mahelya
A son Altesse Aldraien,

Salutations,
Je me permets de prendre la plume pour vous écrire quelques mots. Inquiète de votre absence, pour le moins inhabituelle, je souhaiterai savoir si vous vous portez bien ?
Depuis l'autre soir, je dois l'avouer je suis très préoccupée. Sans doute à tord... Mais je préfère m'en assurer. J'espère sincèrement que rien ne de fâcheux ne vous est arrivé.

Votre Dévouée.
Mahelya.


C'était court. Que voulez-vous la Rousse n'est pas très démonstrative. Un second vélin prenait la place du premier.

Citation:
De Mahelya,
A son Altesse, Elisa de Malemort.

Respectueuses salutations,
Votre Altesse, je vous prie de pardonner mon audace à prendre ainsi la plume pour vous écrire, mais voyez-vous je suis inquiète de l'absence prolongée de la Princesse Aldraien.
Aussi me suis-je permise de venir vers vous. Je vous sais très proches toutes les deux et si vous pouviez me dire comment elle va ? je vous en serais très reconnaissante.
Merci par avance Votre Altesse, de l'attention que vous porterez à cette missive.

Cordialement,
Mahelya.


Bon sans doute, avait-elle bafoué tout le protocole, mais c'était important, aussi espérait-elle ne pas finir en prison. Avec une légère grimace, elle prit le troisième morceau de parchemin.

Citation:
Chère Hema,

Que cela m'a fait plaisir de te lire et de savoir que tu étais bien arrivée et que tu faisais des merveilles à la pêche.
Mais le temps me fait défaut pour te raconter tout ce qu'il se passe en ton absence, aussi je t'écrirai plus longuement une prochaine fois.
Si je prends la plume ce soir, c'est parce que je suis inquiète. Voilà plusieurs jours que je suis sans nouvelle d'Aldraien. Cette plume est donc là entre mes mains pour te demander si par hasard elle n'était pas venue te rendre visite à Ventadour ? Ou si tu n'aurais pas eu des nouvelles d'elle récemment ?
J'espère sincèrement que la réponse sera oui...
Je te tiens au courant si j’apprends quoi que ce soit de mon coté.
Je t'embrasse bien fort Hema.
Amicalement,
Mahelya.

PS : Tu me manques ...


Et le point final fut tracé, les lettres cachetés. Et la Rousselotte se retourna vers son Valet.

- Harchi, j'aimerai que tu apportes celle de la Princesse Elisa en main propre. Je me doute qu'il doit y avoir une sélection du courrier qu'elle lit. Ensuite ... Est-ce que ça t’ennuierait de faire la tournée des lieux publics une dernière fois ? ... et des tavernes aussi ? ... et si tu pouvais demander aux voyageurs s'il n'ont pas croisé une Princesse ? ...

_________________
Aldraien
Ambiance

    « Je marche sous des cieux qui me rappellent un peu la couleur de ta flamme »
    D.Saez
Pour une fois, ce n’était pas un loup qui rôdait dans les bois, attendant la venue d’un jeune enfant trop audacieux dont il aurait pu faire son repas. Ce n’était pas un danger qui guettait au travers des arbres et des buissons, silencieux et aux aguets, prêt à surprendre le premier imprudent qui s’y risquerait. Les rumeurs allaient bon train depuis plus d’une semaine concernant cette chose…Cet animal étrange…Que certains promeneurs avaient pu apercevoir depuis les chemins. Certains commençaient même à se demander s’il ne serait pas plus prudent d’organiser une battue pour abattre ce mystère presque fantomatique qui inquiétait tous les voyageurs.
Une créature du Sans-Nom avait dit certains, et c’était encore eux qui étaient le plus proches de la vérité. N’avait on pas dit de la Malemort qu’elle était son Instrument ; ne l’avait on pas torturé au point de presque la tuer pour cette raison ? Mais la mort ne voulait pas d’elle, elle lui avait fait comprendre à bien des reprises. Souffrir sans mourir, quel triste destin. Triste, et pourtant c’était le sien, dont elle n’arrivait pas à se défaire, comme une maladie qui se rappelle sans cesses à vous. Sa maladie et son fardeau.

Le fardeau était devenu trop lourd à porter. Si elle avait senti ses forces décliner à mesure que les semaines s’égrenaient inlassablement et qu’elle n’en avait jamais rien montré, ce n’était rien comparé à la violence de la douleur qui tenaillait son cœur et son âme toute entière depuis que sa sœur était partie de taverne après une simple taquinerie.
« Vous êtes pitoyable, Princesse »

Et pitoyable, elle l’était aujourd’hui, c’était une évidence. Le soleil avait brusquement cessé de briller et de lui apporter sa chaleur. Elle se disait ombre, elle était bien moins que ça à présent, sans lumière pour lui permettre de se distinguer parmi les ténèbres. Elle avait quitté Limoges, par peur, par envie de risquer sa vie, peut-être simplement pour ne plus exister et s’effacer de la vie de celle qu’elle avait déjà bien trop fait souffrir par ses idioties. Lui offrir de vivre son amour pleinement, sans l’avoir constamment derrière elle; puisqu’elle le méritait tellement. Dans les ténèbres, on ne pourrait pas la retrouver; et elle était partie. Une errance digne du Chevalier Errant qu’elle était, mais dont elle ne pouvait imaginer nulle issue. Aucune, mise à part cette mort lancinante qui se faisait désirer. Seule sur les routes, elle avait défié le destin, défié le Très-Haut, défié tous les brigands de cette foutue planète, mais rien n’y faisait, personne ne venait enfoncer dans sa chair déjà morte une épée de plus.

L’acier aurait de toute façon été bien moins douloureux que les larmes qui brulaient sa peau et n’aurait pas suffit à lui faire oublier tout le mal dont elle était responsable.
Une semaine au moins qu’elle n’avait plus fermé l’œil, la peau presque transparente et le regard vide. Pourtant, elle continuait d’avancer, machinalement, sur les routes parfois, en forêt le plus souvent. Peut-être une bête sauvage ferait-elle ce qu’aucun humain ne s’était décidé à faire. De Limoges, elle s’était rendue à Tulle avant de repartir aussitôt vers Ventadour et de rester quelques jours dans les environs; dormant à même le sol où rien ne la réchauffait, pas même le froid glacial de cet hiver. Elle se souvenait des rudes mois d’Hiver qu’elle avait passé sur les routes à vouloir survivre à tout prix lorsqu’elle était enfant, Dieu qu’il était loin le temps où elle voulait vivre.
Sa lente agonie qui ne lui apporterait jamais le réconfort de la mort la faisait manger le strict minimum pour assurer ses fonctions vitales, l’eau de la rivière sur ses mains et ses lèvres gercées lui rappelait qu’elle était encore en vie, chose que le petit cœur battant dans son estomac se chargeait bien de lui rappeler également. Lui avait chaud, au moins, même s’il était encore trop petit pour s’en rendre compte.

A Ventadour, des nouvelles lui parviennent : la guerre va sans doute reprendre. Une nouvelle occasion de braver la mort avec bravoure, voilà une mort qui sera sans aucun doute plus honorable que celle à laquelle elle s’employait dans cette forêt enneigée. Ses pas reprennent leur avancée implacable en direction de la Capitale. Voilà ce qu’elle fera : les provoquer, et en emmener le plus possible dans sa tombe, pour faire briller son Nom, à défaut de sa vie. Ils se rappelleraient de cette épée qui a vaincu des dizaines de Ponantais avant de disparaître sans un bruit, ils se souviendraient cette chevelure atypique qui serait souillée par la boue et le sang.
Puis, ils oublieront, comme toujours; et la vie reprendra son cours. Qu’elle était cruelle, l’absence de vie. Elle ne recevra même pas le vélin de la jeune Rousse qui avait su lui faire abaisser ses barrières pour la faire parler d’elle; les pigeons ne savent pas se repérer dans les ténèbres des abîmes, c’est hors de toute portée. Pourtant la Capitale se profilait à nouveau devant les yeux d’un gris laiteux, devant ce visage émacié et presque transparent qui lui faisait face. Est-ce que c’est cela qu’on appelle l’Enfer Lunaire ? Sûrement. Elle imagine le visage de sa Princesse près de l’âtre rougeoyant de leur taverne, et tombe à genoux dans la neige sur le bas côté de la route, presque dans la forêt. Elle ferme les yeux et la voit, heureuse dans les bras de son Seigneur, dans une Eglise magnifique. Comme elle aurait voulu lui dire que son bonheur était tout ce qui comptait.
Elle la voit, donner naissance à un beau garçon qui rendrait jalouses toutes les mères; elle, elle veillerait sur Gossuin de là haut, si on l’acceptait.

Qu’il fait froid…Un soupir s'échappe.


    - Elisa…

_________________
--Harchi


[Pas de repos pour un Guerrier]

[Deux jours auparavant...]

Le pli avait été délivré à qui de droit, sans mot échanger, c'est qu'il était silencieux le Harchi. Puis il s'était montré partout, posant des questions ça et là, partout où il y aurait du monde susceptible de l'informer. Sans grand résultat, personne n'avait vu la Princesse depuis des jours et personne ne semblait outre mesure s'en inquiéter. On vivait dans un drôle de monde. Peut-être que sa Rouquine avait raison de se faire du mouron.

Enfin les pas du soldat l'avaient ensuite conduit vers la volière où les deux autres missives étaient parties, solidement attachées à la patte de quelconques volatils ni trop gras ni trop maigres afin qu'ils puissent s’acquitter correctement de la tâche qui leur était confiée.
Le soleil déclinait à l'horizon, obéir aux ordres de la Rouquine lui avait pris une bonne partie de l'après-midi. Et malgré les premiers signes de fatigue qu'il commençait à ressentir, il savait que sa journée était loin d'être terminée. Comme tous les soirs depuis un bon mois, il errerait dans les rues et alentours de Limoges en quête de l'homme devenu son ennemi, le dénommé Francis alias le Paillard.

Le vieux soldat dormait peu depuis l'agression de sa Filia(*) et de Guilhem, non seulement parce qu'il traquait la moindre piste nuit et jour mais également parce que son sommeil était hanté d'images sanglantes, ses désirs inavoués sous forme d'hallucination dans ses songes. Son envie était devenue obsession. La pointe de la lame brillante pourfendant les chairs tendres de ce torse virile, libérant le dernier soupire, le dernier battement, le tout enluminé par le fluide écarlate suintant sur la chemise blanche. La langue claqua sur son palais tandis qu'un grognement s'échappait de sa gorge, l'Esprit divagant revenait à la réalité. Terrible frustration. Voilà des jours que personne n'avait croisé le Paillard. Pas découragé pour autant, ce soir il referait une ronde. Peut-être même irait-il jusqu'à l'orée de la forêt sur la route vers Guéret…


[Jour J… Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici : Une atmosphère obscure enveloppe la ville, aux uns portant la paix, aux autres, le soucis (**)...]

Pas de nouvelle, à tous les niveaux, et c'était loin d'être une bonne nouvelle. Sa Rousse n'avait pas d'écho de l'Altesse Rousse et lui n'avait toujours aucune information sur le pervers. Pourtant, encore ce soir il serait fidèle à son poste.
Mahelya avait refusé de s'alimenter prétextant que l'inquiétude lui vrillait les entrailles, heureusement elle arrivait encore à fermer les yeux même pour quelques heures de sommeil. La Rousselotte était en chemise de nuit, lorsqu'il fut l'heure pour Harchi de se mettre en chasse. Pisteur, traqueur et saigneur des infamies dont regorge le monde. Un sourire chaleureux et des émeraudes pétillantes l'accueillirent en bas des marches.


- Tu y vas ?
- Oui Filia, comme chaque soir.
- Soit prudent !
- Dormez bien.

Peu de mots échangés entre le valet et la petite Maîtresse, mais cela était bien suffisant. Parce que pendant que leurs bouches parlaient, leur yeux eux, scellés entre eux, disaient bien plus de choses dans leur langage muet.
La porte se refermait tandis qu'un sourire contenu se dessinait sur le visage marqué par le temps. Il était toujours surpris de voir à quel point elle s'inquiétait pour lui, en réalité, et bien qu'elle refuserait de l'avouer, elle s’inquiétait pour tout.

Du 16 rue de la Justice, au nord-est de Limoges, le vieux soldat prit la direction du sud-est, il allait arpenter le chemin qui venait de Ventadour. Il traversa donc une ville endormie sous son manteau de neige. Dieu qu'il faisait froid et pour ne rien arranger, de gros flocons tombaient paresseusement dans le ciel nocturne. Ce n'était pas une nuit à trainer dehors. Et vu le temps, ce soir, il ne pourrait même pas espérer chasser un lapin blanc.

Ses bottes le conduisaient maintenant hors de la ville, il allait passer les fortifications. Juste le temps d'allumer la lanterne qu'il n'avait pas oublié en quittant la maison. Il se servit de l'une des torches éclairant la grande porte, flammes indiquant aux voyageurs qu'ils étaient bientôt arrivés à la civilisation.
Après quoi il se lança dans la campagne.
Le chemin était moins entretenu et il devait prendre moult précautions pour ne pas glisser sur la neige verglacée.
Il traversa dans un silence presque religieux les quelques quartiers hors de la ville qui abritaient encore des maisons.
Puis se fut la nuit noire.

La lanterne bien haute, les opales du vieillard se plissèrent en quête du moindre mouvement. Au loin dans la forêt il entendait des voix, probablement des voyageurs ou quelques brigands allez savoir. Il arpenta les abords de la forêt inlassablement, faisant les cents pas, venant et revenant aux mêmes points. Mais rien. La nuit était sans doute à sa mi-course. Il était temps de rentrer. Esquissant un demi-tour, la flamme de la lanterne éclaira soudain une masse sombre, dans le fossé en bord de route. Le vieux valet s'approcha doucement la lanterne dans une main, une dague dans l'autre.
L’effroi put se lire sur les traits du soldat. Vision d'horreur entrainant avec elle des souvenirs qu'il pensait enfouit. L'homme avait été trop éprouvé ses derniers temps. Son palpitant eut un loupé tandis que la voix grave soufflait.


- Silvine...

Mais ce n'était pas sa douce et rousse Silvine, dans la neige ce soir là. La pauvre était morte depuis bien des années. Allant contre la paralysie qui s'était immiscée dans tout son être, doucement, retenant son souffle, il s'approcha. La chevelure avait le même éclat et le corps la même carrure… Son esprit lui jouait-il des tours ? Allait-il sombrer dans la folie ? L'espace d'un instant il avait cru que l'Enfer Lunaire s'était posé sur la Terre. Il s'était cru projeté des années en arrière, il ne manquait que la corole de sang autour du corps pour que le tableau ne soit complet.
Hallucinations pourtant tellement réelle... Il sortit enfin de sa torpeur.
La main ferme mais pourtant délicate vint à tourner le visage de l'Immobile. La princesse. Avec hâte il glissa le doigt sur le cou princier. Pas de pouls sans doute ralenti par la froidure du climat. Peau glacée. Combien de temps avait-elle passé ici ? La cape de laine qu'il portait fut posée sur le corps féminin. Les bras musculeux plongèrent sous la neige et tel des leviers levèrent le corps amaigri de l'Altesse rousse. Douceur et lenteur des gestes, incertain qu'elle n'eut pas quelque chose de cassé. Pas de temps pour se préoccuper de ce qu'il se passait, de se qu'il dirait, il devait la ramener à Limoges, au chaud. Délicatement, il pressa le corps inerte contre son torse de vieux soldat et bien que le contact des vêtements humides et gelés sur son corps ne fut pas agréable, il ne s'écarta pas pour autant.

Le vieux soldat avait ces jours-ci serré trop de corps immobiles contre lui. Le cœur se pinça tandis que la voix se faisait enrouée.


- Tenez bon Votre Altesse !... Tenez bon !... Je vous ramène au chaud... Le Très-haut ne veut pas de vous sinon je ne vous aurai pas trouvé ... Tenez bon !

Si la voix avait un goût, celle d'Harchi aurait le goût du miel, baume apaisant quand la gorge tiraille.

_____________
(*) fille en latin
(**) Extrait de Recueillement de Charles Baudelaire. Les Fleurs du Mal
Mahelya
Elle était bien là, la petite flamme au chaud entre ses couvertures de laine, plongée dans ses songes. Le feu crépitant joyeusement dans la cheminée. Après de longues heures à se tourner dans le lit, La Rouquine avait enfin réussit à s'endormir, certes avec difficulté, son esprit glissant sur toutes les embuches qu'elle traversait en ce moment.
Voilà deux jours que ses lettres étaient parties, et si la patience n'était pas une de ses vertus, elle devait bien avouer que deux jours c'était bien court pour obtenir une réponse.
Ensuite il y avait la mine renfrognée d'Harchi, qu'il arborait depuis quelques jours, signe que Francis n'était pas en ville.
Et enfin Guilhem qui pour une fois semblait se tenir à carreaux.
Une fois qu'elle eut réussi à balayer une à une toutes les inquiétudes qui pesaient sur ses frêles épaules, les bras de Morphée l'avaient happée sans vraiment qu'elle ne s'en aperçoive.
Le visage pâle était presque serein dans se clair-obscure. Un observateur attentif aurait pu croire qu'elle souriait.
Mais la quiétude de ce milieu de nuit allait être brisée...

Une porte du rez-de-chaussée, fut projetée avec fracas contre un solide mur en pierre. Le bruit de l'impact ressemblait à un coup de tonnerre. Et les prunelles vertes s'écarquillèrent aussitôt. Le palpitant aux aboies, cognait et raisonnait contre la poitrine juvénile. Réflexe purement humain. L’Étincelle retint sa respiration. Se pouvait-il que sa maison soit attaquée ? Ne pas faire de bruit. Se faire aussi discrète qu'une souris. Voilà le plan qui germait dans l'esprit de Mahelya. Stratégie qui fut vite oubliée, elle devait penser à Guilhem. Doucement elle se leva et colla son oreille contre la porte en chêne de sa chambre, essayant de capter le moindre son qui monterait.
Bruissement de vêtements, pas lourds, gestes maladroit. Puis une voix pas bien audible et grelotante.


- BeBertille !!! BeBertitille !!! ... viviens mém'aid...d...der. jéj'ai bebesooooin déd'aide Làlala.

Ma parole ! l'intrus connaissait ses gens de maison. Était-ce vraiment un intrus ? Et tiens d’ailleurs, Harchi était-il rentré ?... N'ayant pas l'impression de courir un danger immédiat, la porte de la Rousse jeune fille s'ouvrit à l'instant même ou une Bertille échevelée, armée d'une brosse, d'un peigne à cheveux et d'une bougie, passait devant elle dans le couloir en direction de l'escalier. Méfiante la Rouquine prit donc la bougie dans les mains et emboita le pas de la gouvernante. Et quelle ne fut pas la surprise des deux femmes à la vision d'un Harchi tellement transit de froid qu'il en était presque bleu, qui tenait fermement mais très délicatement entre ses bras une masse de vêtement informes dont une chevelure Rousse bien trempée, dépassait. Petite poupée de chiffon cajolée et protégée aux creux des bras musclés.

- Oh Seigneur... La lumière avait jaillit dans l'esprit de l’incandescente. Ne me dit pas que c'est la Princesse ... Seigneur ...
- Sisisisi cécéc'est bibibien eleleuh ... Elélélé gegegelée ... Inconconscientete...
- Bertille ! Prépare mon lit, nous allons y installer la Princesse. Je m'occupe de préparer une bassine d'eau chaude. Prends toutes les couvertures non utilisées que tu trouveras.
Harchi monte déposer Son Altesse dans mon lit et change toi, il ne faut pas que tu tombes malade. Pendant ce temps là Bertille ôtera les vêtements trempés d'Aldraien.
Il y a encore du bois dans la cuisine, je m'occupe d'en remonter quelques buches afin de raviver le feu.
Oh et ... Euh Bertille ?! ne réveille pas Guilhem. Inutile de l’inquiéter.


Les ordres avaient été donnés sur un ton sans appel. Et la Rousse divine s'activait déjà. En passant devant son Majordome, elle ne put s'empêcher de prendre la main de la Princesse. Légère pression. Doux serrement qui signifiait "Battez-vous ! Nous allons vous réchauffer ! Mais revenez nous !"
Le cœur de la jeune fille était serré. La peau d'Aldraien était si froide. Qu'était-il arrivé ?
En moins de temps qu'il ne me faut pour l'écrire, tout les ordres avaient été exécuté. Bertille était reparti se coucher pour assurer la garde de jour. Tandis qu'Harchi et Mahelya veillaient la couche devenue princière.
Les émeraudes étaient scellées au visage de l'autre Rousse. Elle semblait bien plus fatiguée que lors de leur dernière entrevue. La peau bien plus blanche, presque transparente. Amaigri aussi, s'était-elle seulement nourrie ?
Soupire.


- Harchi ?! que s'est -il passé ? pourquoi est-elle ainsi ? Ou l'as-tu trouvé ?... A-t-elle parlé depuis qu'elle est avec toi ?
- Je ne sais pas Filia, je l'ai trouvé ainsi au bord de la route pour Ventadour. Elle n'a pas parlé. Pas le moindre son. Ni le moindre mouvement. A vrai dire quand je l'ai trouvé, je ne savais même pas si elle respirait.
- Seigneur ... demain il faudra quérir un médicastre ... j'espère qu'elle se réveillera d'ici là... Mais de tout façon, il faudra quand même qu'il vienne l’ausculter ... j'ai peur pour son bé...
La phrase ne fut pas achevée. Vas donc te coucher, je reste là cette nuit. Demain je m'occuperai de prévenir tout le monde.
- Non Filia, je reste avec vous. Cette femme c'est moi qui l'ait trouvé elle est donc sous ma responsabilité.

Le ton de l'homme n'invitait à aucune protestation. Aussi pendant quelques secondes les prunelles vertes quittèrent la contemplation du visage princier pour se poser sur le visage marqué par le temps de son valet. Étrange, les opales d'Harchi ne vacillaient pas et regardaient le corps inerte étendu sur le lit. Bien qu'il s'évertuait à garder une attitude neutre, le pauvre valet semblait pourtant avoir vu un fantôme.
_________________
Hema
[Ventadour]

Les pigeons avaient sans doute du mal à voyager par ce temps.
La neige recouvrait quotidiennement le sol, parfois même grondait en tempête, et ce n'est que le lendemain que Hema avait reçu le message de Mahe.
Ce n'était pas vraiment le genre de courrier auquel elle s'attendait et l'inquiétude de Mahe l'avait fait un peu sourire.
Bah oui, la capitaine semblait plus une femme solitaire, peu expressive, fonçant droit au but quand elle avait une idée en tête. Sans doute avait-elle entrepris un voyage.
Et en plus elle avait toujours une horde de gardes derrière elle et Hema ne doutait pas un instant que qui que ce soit la laisse partir seule.

Ecrire pour Hema était chose délicate. Oh, non pas qu'elle n'aime pas, loin de là. Elle appréciait même et était plutôt fière, pour une enfant de son rang de savoir lire et écrire. Mais savoir ne voulait pas dire le faire bien. Et c'était une épreuve pour elle d'aligner plusieurs mots alors plusieurs phrases, c'était encore plus délicat.
Cependant, elle s'était posée après une journée de pêche encore une fois fructueuse, au chaud, dans une taverne, et concentrée, avait commencé à répondre.


Citation:
L'bonjour Mahe !
Je pense que tu t'inquiaite pour rien. Aldraien a du entreprendre le voyage don elle parlai, tu te souvien ?
Je n'ai pa eu de nouvelle moi. Aucune depui mon dépar de Limoges. Mai c'est vrai qu'elle ai passé par Ventadour parce que Santreize a vu son nom sur les rapors de la douane. Mais elle est reparti vite alor elle devé allé quel que par de préci je pense.
En tou ca j'en sé pa plus. Mais si tu aprent quoi que se soi, dis le moi !
Je reste à Ventadour pour atendre de tes nouvelle !
Pren soin de toi !
Hema
Aldraien
    « Je ne me souviens que d’un mur immense. »
    J-J Goldman
« Le Très-Haut ne veut pas de vous »
Il ne voulait pas d’elle, il n’avait jamais voulu d’elle et ne s’était jamais inquiété de savoir les souffrances qu’elle avait pu endurer au cours de trente cinq années de vie. S’Il avait eu le don de la parole pour s’adresser aux Hommes, jamais Il n’aurait été capable de dire combien de cicatrices barraient la peau diaphane de la Malemort. Il n’aurait pas été capable de dire d’où venaient les marques de brûlures qui striaient tout le côté gauche de son corps, ni même d’expliquer pourquoi son ventre était marqué d’une croix aristotélicienne réalisée par un Homme qui se croyait investi d’une mission divine ; Il ne savait rien d’elle, trop occupé à observer ceux qui sont dans la Lumière.
Si elle semblait être quelqu’un de profondément pieuse dans ses paroles, n’importe qui ayant pénétré son esprit vous dira comme elle a perdu la foi ces dernières années, à devoir surmonter toutes les épreuves que la vie lui a infligées sans qu’aucune aide ne lui soit apportée.

Qu’elle est bien finalement dans le noir, dans le froid. Là, personne ne comptait sur elle, elle pourrait partir en toute discrétion, sans que personne ne se pose de questions sur l’endroit où elle pouvait bien se trouver. Depuis son départ de Limoges, personne ne l’avait cherché, c’était bien qu’elle ne devait manquer à personne. Pas même à son Tout, ou à son mari.
Il fallait bien dire qu’elle était partie sans rien dire à personne, mais ce n’était pas une raison; ils auraient dû se rendre compte de son absence. Bientôt, tout cela ne serait qu’un mauvais souvenir; en tout cas c’était sans compter sur l’intervention d’un certain Ange, qui n’était même pas le sien. De la tour de son inconscience, elle n’avait pas senti grand-chose de ce qu’il se passait au dehors, son corps transi ne réagit pas au contact de la cape chaude et des bras qui la transportent tel un nouveau-né, trop engourdi par la neige et l’immobilisme dans lequel il est resté trop longtemps.

Son âme est en suspens tandis que la carcasse abîmée par le temps est conduite dans un endroit inconnu mais sûrement plus accueillant que la forêt limougeaude. Elle est gelée, elle aussi, mais par un froid bien plus tenace que celui de l’extérieur ; un feu ne suffit pas à le vaincre, celui-ci, et la Malemort s’y abandonne pour ne plus souffrir. Lasse de se battre, elle ne pense plus à l’enfant qui grandit en son sein, elle ne pense d’ailleurs plus tout court.
Pourquoi se battre ? Elle a perdu ce qui comptait le plus.
Ah, qu’elle était belle l’Altesse, elle n’avait rien d’une Princesse dans les bras du majordome de l’autre rousse. Un pantin de tissu, tout au plus. Bien cachée dans son cocon de glace, elle ne comptait pas en sortir avant un certain temps. Et réchauffer cette enveloppe qui lui servait de carcasse ne réveillerait pas la flamme éteinte de la Malemort.
Heureusement pour l’enfant qu’elle portait, celui-ci était encore en vie, étonnamment d’ailleurs. A croire qu’il avait hérité de la volonté de vie qui avait quitté sa mère.

Allongée dans le lit de la jeune femme, sa peau se réchauffe un peu, faisant ressortir la maigreur et la pâleur de son visage ; mais elle ne se réveille pas pour autant, loin de là. Son esprit est loin, très loin de là, à revivre les divers moments qu’elle a vécu avec sa sœur, leur rencontre en Touraine, son improvisation en Maitre d’armes dans un champ de la campagne tourangelle et leur découverte commune, les heures passées dans les vergers de Touraine à cueillir des cerises pour elle, les éclats de rire en taverne. Les blessures, la perte de ce gamin à Ségur, la mort de Gossuin à même la rue, le coup de poignard d’une berrichonne qui l’aura payé de son sang, le Breton.
Tant d’autres souvenirs encore, elles ont vécu tant de moments ensemble, que ce soit en Touraine, en Limousin, ou encore au Pavillon des Emissaires qu’elles avaient toutes les deux remis sur pieds. Tout ça pour quoi, au final ? Elle n’était plus là, et la Malemort vivait dans le passé à présent, sans désir de se réveiller pour retourner à une vie vide de tout sens.
Mourir pour une vie ? Et pourquoi pas.

Ne mourrait-on pas pour ses idéaux, ces causes que l’on défendait corps & âme ? Pourquoi alors ne mourrait-on pas pour celle qui est devenue au fil des mois sa raison de vivre, son Tout ? Il n’y avait aucune raison que ça n’arrive pas, ne s’étaient-elles pas dit que l’une ne pourrait pas survivre sans l’autre ? C’est exactement ce qu’il se passait.
Ainsi la Malemort se laissait elle bercer par les remous de son inconscience qui la menaient dans des endroits bien improbables, mais toujours extrêmement loin de la réalité, loin de cette chambre surchauffée dans laquelle elle se trouvait. Elle se surprenait presque à se retrouver dans la demeure familiale des Carsenac, dans les bras de sa mère, alors qu’elle n’était encore qu’un nourrisson âgée d’à peine un an. Quelle douce impossibilité que d’avoir des souvenirs de cet âge là, mais elle pouvait voir sa mère telle qu’on la lui avait décrit : une beauté incomparable, une douceur et un sourire hors du commun, des yeux émeraudes qui feraient fondre l’homme le plus bourru. Aliénor, tout simplement. Sa mère. Comme elle lui avait manqué toutes ces années !
Silence & immobilité.

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--Harchi


[Quand la médecine s'en mêle ... ]

Le vieux soldat avait peu dormi cette nuit, veillant le corps endormi. Au milieu de la nuit, il avait installé la petite Rouquine dans la chambre de Guilhem. La jeune fille était littéralement tombée de sommeil. Il n'était même pas certain qu'elle s'en soit rendu compte. Toujours est-il qu'appelée et retenue par Morphée, elle l'avait laissé seul au chevet princier.
Toute la nuit durant il avait guète le moindre mouvement, le moindre soupire, la moindre plainte. Mais rien. L’Altesse restait digne dans son sommeil. Statue marmoréenne, entre vie et trépas.
Les opales vieillissantes détaillaient les traits de la femme rousse. Cette femme avait vécu, cette femme s'était battue... Peut-être baissait-elle juste les bras... La langue claqua sur son palais tandis qu'il remettait une bûche dans l'âtre. Si elle avait décidé d'abandonner, il n'y avait pas grand chose qu'ils pourraient faire.

L'astre diurne pointait lentement ses rayons à l'horizon, la matinée était déjà bien avancée. Le médicastre ne tarderait plus maintenant. D'ailleurs la porte d'entrée au rez-de-chaussée était en train de s'ouvrir et quelques murmures se faisaient entendre à l'étage en dessous. Harchi quitta la contemplation du feu et entrebâilla la lourde porte en chêne. L'escalier grinçait sous les pas bourrus d'un homme. Bordel ! qu'il fasse moins de bruit il allait réveiller toute la maisonnée. La langue claqua de nouveau. Agacé. Méfiant. Réflexe de vieux soldat, le valet n'aimait pas savoir que des étrangers se trouvaient dans sa maison.


- C'est ici. Refermez la porte derrière vous. Et de grâce faites moins de bruit. Le ton était sec et tranchant. En même temps il n'était pas là pour copiner. Il n'irait pas boire une bière avec l'homme après.
- Très bien... me voici... Messire Baumédi Cinal. Médicastre du Limousin. Où est donc la souffrante ? La porte se referma sur un homme maigrichon, nez crochu, et cheveux gras, il ressemblait à une chauve-souris. Le sourcil blanc d'Harchi s'arqua.
- Voyons ... Elle est là ... sur le Lit ... Il était dubitatif le valet.
- Ah ! très bien ! très bien ... Réveillez-là je vous prie. L'homme s'était approché de la couche.
- Vous êtes sur que vous êtes médicastre Messire Baumédi ?... C'est justement parce qu'elle ne se réveille pas que l'on vous a fait mander.
- Ah oui oui oui ! pardonnez-moi... Il est encore tôt ... Enfin bref voyons ce qu'elle a. Et l'homme de science se mit à manipuler le corps inerte de la Princesse. Il semblait vérifier les articulations, pliant et dépliant les doigts, les bras, les genoux ...
- A-t-elle mangé récemment ? Demanda-t-il alors qu'il palpait l'estomac princier. - Ah ... La Dame est grosse ... Félicitation... enfin si je puis dire ... Hum ... Avez-vous constaté un changement d'humeur ? Etait-elle mélancolique avant de tomber dans la léthargie ? Ajouta-t-il alors qu'il regardait la bouche d'Aldraien.
- Euh ... Manger ?! et bien je ne sais guère ... Mélancolique ?! ... Triste même je dirais, enfin selon les dires de ma petite maitresse. Elle saura vous répondre elle. je peux aller la chercher, elle est dans la chambre à coté.
- Et bien vous avez de drôle de mœurs Messire... Femme et maitresse sous le même toit ... Cru-t-il bon d'ajouter alors qu'il écoutait la respiration de la femme endormie.
- Bazin ... ce n'est point ma femme ... et ma maîtresse n'est pas ma maîtresse ...
- Oui oui oui ... Enfin bref ... Je peux déjà vous dire que ce n'est point un empoisonnement. A présent il écoutait le cœur, la tête posée sur le haut de la poitrine princière.

Ah ? et ce serait quoi alors ?... Surpris les deux hommes avaient sursauté en entendant la voix d'une Mahelya au regard cerné, qui venait d'apparaitre dans la chambre.

Harchi salua sa Filia par une inclinaison. Espérant que la lumière jaillirait ainsi dans l'esprit de l'homme de science.
Un sourire malin fleurit sur les lèvres du Majordome lorsqu'il constata que les yeux noirs du médicastre se posaient sur lui, puis la rouquine, lui, puis la rouquine...


- Et bien ... aussi étrange que celui puisse paraître en hivers plus propice au surplus de flegme entrainant des maladies pulmonaires. Je pense que cette femme souffre d'un excès de bile noire. D'où son état mélancolique que m'a décrit votre ... euh .... Valet.
- Et comment soigne-t-on cela ? Demanda la voix forte d'Harchi.
- Et bien... je vous conseillerai de lui faire respirer et ingurgiter autant que faire ce peut de la Moutarde, c'est à ma connaissance inoffensif pour l'enfant. Ça purifie le cerveau et aide à évacuer les humeurs froides telle que la mélancolie. C'est aussi conseillé en cas de paralysie passagère, on dirait que c'est un peu le cas là, ses membres sont rigides... Sinon ... et bien ce que vous avez déjà fait est très bien ... Continuez à la réchauffer ... à lui parler. Je crois qu'elle a besoin de savoir qu'elle est aimée. L'homme reprenait doucement ses effets et il afficha une mine grave lorsqu'il se retourna vers le vieux soldat. Ma foi, je ne peux rien faire de plus tant qu'elle n'est pas éveillée. Informez-moi du moindre changement.

Soupire.
Le diagnostique promettait encore de longues nuits de veillé. Le vieux soldat glissa une bourse dans la main du médicastre qu'il avait d'abord prit pour un charlatant et qui pourtant semblait bien connaitre son affaire.
Du coin de l'oeil, il vit sa Filia prendre place auprès de la princesse tandis que lui raccompagnait l'homme de science à l'entrée. Le pas était lent et l'escalier ne grinça pas cette fois. La porte d'entrée s'ouvrit une nouvelle fois. Poignée de main. Et surprise ! lorsqu'il constata que l'homme ne lui lâchait pas la main.


- Je n'ai pas voulu le dire devant la demoiselle qui semble très attachée à la Belle endormie. Mais ... Il faudra la surveillé jour et nuit. Lui parler. La réconforter. Enfin faites tout ce que vous pouvez pour qu'elle se réveille. J'ai bien peur qu'elle ne soit en train d'abandonner.

Harchi resta planté là, quelques instants, interdit, avant de remonter, le cœur lourd dans la chambre. Se pouvait-il qu'ils veillent une mourante ? La Filia ne s'en remettrait pas.

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Bazin = idiot en Berrichon
Filia = fille en latin.
Elisa.
    « Il y a des personnes qui marquent nos vies, même si cela ne dure qu'un moment. Et nous ne sommes plus les mêmes. Le temps n'a pas d'importance mais certains moments en ont pour toujours. »


Quand le ciel s’écroule sur nos petites étoiles… Où quand les deux êtres les plus chers à votre cœur s’en vont. Qu’ils vous abandonnent. L’un en expliquant la cause, l’autre sans même une lettre d’adieu, sans même une excuse, un au revoir ou une phrase.
Juste une phrase et votre monde s’écroule… Juste une phrase et votre vie s’affaisse. Est-il vraiment si simple de tout perdre ? Il fallait bien croire que oui. Elle était parti, Elle était parti sans même… sans rien… sans tout… avec son TOUT…

Une âme pour un rien…

Et voilà comment vivait la Malemort aujourd’hui, elle sortait peu, mise à part pour son travail, mise à part pour les dossiers, mise à part pour ce semblant de vie qu’elle se forçait à avoir pour survivre espérant leurs retours. L’espoir fait vivre… Voilà cette phrase qui lui était désormais gravée dans l’esprit… Gravée depuis qu’elle avait osé la citer à son désormais compagnon… Cette phrase qui finalement les avait réunis par la force des choses, par la force de ce sentiment qui naissait petit à petit au creux de leurs cœurs. Ce sentiment de ne plus vouloir être loin l’un de l’autre… Et aujourd’hui… Aujourd’hui la Malemort était loin de lui, son cœur souffrait en silence de ce manque de lui.
Son cœur souffrait aussi de ce manque d’Elle… De ce manque de son Elle… Idiotie… Idiotie de plaisanterie !

Et un beau matin… Un beau matin dans l’appartement de la Malemort. Cet appartement qui semblait pourtant sans vie par son silence. Les valets n’osaient plus bouger, la tête blonde du filleul de la princesse avait laissé un grand vide dans cet appartement… Et maintenant que le compagnon de la belle était chez les moines, la Malemort avait rejoint ce lieu vide de vie… On vient frapper contre la lourde porte. Un grincement de porte réveillant le sommeil de l’appartement, réveillant l’appartement sans vie. Un homme se trouvait là, face à l’un des domestiques de la Malemort. Il voulait lui remettre une missive…
Le valet osa donc venir déranger la jeune princesse, assise dans le salon, regardant dans le vague de la pièce, les volets étaient tirés pour filtrer le plus possible la lumière, la pièce était sombre, et la Malemort silencieuse.


Vostre Altesse Royale, le Sieur souhaite vous remettre une missive en main propre, elle vient de la jeune Mahelya que vous devez connaître.

Et la Malemort, ne bougea pas. Gardant la position, toute inconfortable qu’elle soit, gardant ses prunelles sombres dans le vide, comme si elle n’avait pas entendu.

Vostre Altesse…
Donnez !

Et la blanche et menue quenotte Malemortienne se dresse d’un geste lent vers le visiteur afin de venir accueillir la dite missive attendue. La tête et le corps, eux, ne bougent pas. Le vélin est accueillit, et l’homme est prié de sortir. Un valet pour le raccompagner. Et voilà la Malemort de nouveau seule dans cette sombre pièce…

Et voilà enfin la malemort qui se lève pour rejoindre son secrétaire…

Citation:
A Mahelya,
De nous, Elisa de Lahaye Malemort,

Bonjour,

    Malheureusement pour vous, mes mots ne vous seront sûrement pas réconfortant. La Princesse a décidé de m’abandonner, préférant la solitude à l’amour que je lui portais.
    Je ne puis donc pas vous dire où celle-ci se trouve, si son corps est toujours vivant, et si elle prend soins de l’enfant qu’elle porte.
    Mais je ne doute pas qu’elle ait pu trouver une nouvelle mission à effectuer et lui donnant une excuse de tout quitter, laissant derrière elle des personnes inquiètes.


Bien à vous,

E.


Froide, distante, méchante… Ou tout simplement blessée ? Peut-être… Sûrement…
Un deuxième vélin est attrapé, l’écriture est toujours impeccable. La destination sera alors inconnue, et la lettre n’arrivera certainement jamais.


Citation:
A vous, Aldraien de Malemort-Carsenac,
De nous, Elisa de Lahaye Malemort,

Bonjour,

    La vie est faite d’imprévus. La vie est faite de blessure et de joie. Tu as vécu mes peines, tu as vécu mes drames, tu as vécu mes blessures… Et aujourd’hui… Aujourd’hui alors que j’étais heureuse, j’ai voulu partager ce bonheur avec toi. J’ai voulu partager cette joie que je ressentais au fond de moi, cette joie qui me donnait l’impression d’enfin vivre la vie que j’attendais, la vie que j’espérais. Je voulais partager cela avec toi, je voulais partager quelque chose de bon avec toi… Mais ta réaction m’a blessé, ta réaction m’a fait mal…
    Dois-je croire que tu n’es pas heureuse pour moi ? Dois-je croire que tu n’aimes pas l’homme qui fait désormais parti de ma vie et qui n’est pas prêt à en sortir ?
    J’ai su pardonner ta réaction, grâce à l’amour inconditionnel que je te porte. Cet amour que je pensais inébranlable, intouchable, incommensurable… Et pourtant… Et pourtant aujourd’hui tu n’es plus là. Tu es parti sans même un regard…
    Dois-je crois que tu ne m’aimes plus ? Dois-je croire que ce lien qui nous unissait a fini par rompre à force d’être ébranlé par les épreuves de la vie ? Je n’ose pas y croire. Je n’ose pas y songer. Ce lien si fort, comment cela a-t-il pu arriver ?

    Comment pourrais-je te retrouver ? Comment pourrions-nous nous retrouver ? Oh ma sœur, Oh ma douce, si tu savais comme tu me manques, si tu savais comme la vie est bien sombre et fade sans toi.
    Peut-être suis-je égoïste moi aussi… Peut-être suis-je comme les autres finalement. Peut-être est-ce cela mon mal… Peut-être que la banalité m’accapare et m’empêche de protéger ce lien qui nous reliés.

    Ô ma sœur comme tu me manques, comme tu me manques chaque instant qui passe. Comme j’aimerai pouvoir te retrouver et me dire que rien n’a changé entre nous. Comme j’aimerai me dire que ton époux et mon compagnon n’ont rien changé à notre relation… Et pourtant… Et pourtant, finalement, notre mal est juste de devoir nous partager avec d’autres… Devoir nous partager… Voilà ce qui nous fait mal… Voilà ce qui nous éloigne…

    Ô ma sœur, comme je voudrais te retro…


Et la missive fut stoppée là… Au milieu d’une phrase, au milieu d’un mot, au milieu d’un aveu… La porte venait de s’ouvrir, le valet reprenait sa place dans la pièce. Un long soupire sortie d’entre les lèvres rosées de la Malemort… Et là voilà qui se lève, défroissant sa robe.
Elisa prit la direction de l’entrée de son appartement, une femme de chambre vint rapidement poser sur ses épaules d’une lourde cape, une capuche pour couvrir son visage, et un col en fourrure pour préserver son cou fragile.
Et ainsi, la Malemort prit la direction de l’orée de la forêt… Retrouvant son fils….
La princesse, seule, vint s’asseoir sur le sol boueux par l’humidité des arbres et des nuits fraîches. Elle resta ainsi un long moment… Profitant d’être seule… Seule avec son fils…


Il y a des jours comme ça où rien ne va… Quand l’espoir meurt… Pourra t-il renaître ? Regarde-moi tomber…

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Mahelya
Le Médicastre venait de quitter la pièce et la Flammèche s'était déjà installée à coté du lit à l'apparence funèbre. Délicatement, les fines mains blanches juvéniles dégagèrent le visage princier de quelques mèches rebelles.
Soupire.
Qu'il était frustrant d'être là, de la regarder dormir et de ne pouvoir rien faire. Les prunelles émeraudes détaillaient le corps endormi. Même abîmée la Princesse était belle, il se dégageait d'elle une aura, une force qui imposait le respect. Et le palpitant de la gamine se serra de nouveau. Délicatement, elle remonta les couvertures sur la statue marmoréenne. N'avait-il pas dit qu'il fallait qu'elle ait chaud ?
La porte de la chambre s'ouvrit doucement sur un Harchi aux bras chargés de bûches pour alimenter le feu, espoir de vie. Les traits du valet étaient tirés, son teint livide et Mahelya se doutait qu'une confidence avait été faite. Seulement avait-elle la force de l'entendre ? La jeune fille pouvait-elle supporter l'inacceptable ? La fine main blanche pressa une main de la Malemort. Et les lèvres purpurines s'approchèrent de son oreille. Quelques mots prononcés. Donne-t-on un ordre à une Princesse ? "Je vous interdis de mourir Votre Altesse."

Le temps semblait suspendu dans cette chambre. Tous les occupants n'y vivaient que dans l'espoir d'un signe, d'un son produit par Aldraien. Mais comme celui-ci ne venait pas, une minute semblait une heure, une heure, une journée et une journée … Une éternité.
Soupire.


- Filia ?! Je vais me rendre au marché, acheter de la Moutarde de bonne qualité. Avez-vous besoin de quelque chose ?
- Hum ?! … Oh … Non je n'ai besoin de rien… Juste de la Moutarde … Prends-la meilleure qualité qu'il soit. Prends-en des tas. Tandis qu'elle parlait, les prunelles vertes ne s'étaient pas détournées du corps immobile. Oh ! Harchi, tu trouveras quelques écus sur l'écritoire. Prends-les, il est hors de question que tu paies avec tes propres écus.

La petite Rouquine ne bougea pas tandis que le Valet sortait de la chambre, pour y rentrer quelques minutes plus tard, vêtu chaudement, une bourse de cuire solidement attachée à sa ceinture.

Filia ?! Je vous ai apporté cela, vous n'y avez pas répondu, elles trainaient sur le bureau. Je pense qu'il faut les tenir informer. L'une est votre amie, et l'autre la sienne. Vous ne pouvez rester muette alors qu'elle sommeille dans votre lit.

Délicatement, il posa deux vélins décacheté, dont l'un arborait un sceau de cire rouge. Enfin le regard de la jeune fille se détacha de la princesse, pour se poser sur les lettres, lues et quelques peu oubliées. Le Majordome avait raison. Elle devait répondre, d'autant plus qu'elle en savait d'avantage à présent. Mais comment expliquer tout cela ? Comment avouer qu'elle veillait une Princesse ? Une inquiétude transpira des yeux verts de la jeune fille lorsqu'elle daigna enfin regarder son Valet. Celui-ci affichait un sourire bienveillant.

- Parlez avec votre cœur.

Comme toujours les opales en disaient plus que les mots. Il avait foi en elle, il savait qu'elle ferait ce qui serait juste et approprié à la situation. Comme à l'accoutumée, ses regards emplis d'amour étaient un baume apaisant pour la Petite Maîtresse. Que serait-elle sans lui. Apparemment rien… La pensée était à peine formulée qu'Harchi lui tendait déjà le nécessaire d'écriture. Il la connaissait bien le Bougre. Malgré elle, elle esquissa un sourire. Petit éclat blanc qui apparaissait enfin après des jours de disparition. Sans ajouter d'autres paroles qui auraient été futile, Le vieux soldat tourna les talons et quitta la chambre, laissant Mahelya seule avec la Princesse et l’Écriture.
Silence et Solitude. Deux nouvelles compagnes dans cette pièce.
Doucement l'Incandescente rapporta ses prunelles sur la Belle au bois dormant. Nouvelle pression affective sur la main princière. "Tenez bon Votre Altesse ! Si les nouvelles sont bonnes je vous les lirais. Tenez bon Aldraien, je vous interdis de baisser les bras."
Et la plume se mit à gratté le vélin avec frénésie, laissant à l'encre noire un témoignage, une trace dans l'histoire.


Citation:
Chère Hema.
Je te remercie de m'avoir répondu, et je souhaite dès à présent te présenter mes excuses pour la réponse tardive que je t'adresse. J'ai … hum… devrai-je dire Harchi a retrouvé Aldraien. Et je suis au regret de t'annoncer que les nouvelles ne sont pas très bonnes. Malheureusement mon inquiétude était justifiée.

La Princesse est endormie et ce semble-t-il pour une durée indéterminée. Je crois qu'elle baisse les bras. Elle entreprend bien un voyage mais pas vraiment celui qu'on espérait.
Oh… ma chère Hema … j'ai le cœur serré et l'ignorance de savoir si ça s'améliorera, si elle reviendra, m'étouffe.
Nous veillons, avec Harchi, la princesse, le jour et la nuit. Et le manque de sommeil commence à se faire sentir.
Le Médicastre est venu ce matin, malheureusement il n'en sait pas plus que nous. Il nous conseille de la Moutarde pour évacuer le trop plein de bile noire et rétablir l'équilibre de ses humeurs. C'est là notre seul espoir j'espère que cela fonctionnera.

Douce Hema, puis-je te demander un service ? Je sais que l'écriture n'est pas vraiment une tache qui te fait plaisir. Mais pourrais-tu écrire, raconter tes aventures à Aldraien ? Je lui lirais et j'espère que de savoir que tu penses à elle la fera réagir.
Je suis perdue Hema, je tente le tout.
Tu me manques Hema, je pense souvent à toi, je caresse l'espoir de te revoir un jour.

Ton amie.
Mahe.


La première lettre était rédigée, il était temps de porter réponse à celle scellé de cire rouge.

Citation:
A son Altesse, Elisa de Lahaye Malemort,
De Mahelya,

Bonjour Votre Altesse,
J'ai bien reçu votre missive et je vous remercie d'ors et déjà pour cette réponse. Cependant au lieu de me réchauffer le cœur, et ce malgré le respect que je vous dois, je dois avouer qu'elle m'a glacé les entrailles.

Je ne sais ce qu'il s'est passé entre vous et la Princesse Aldraien, cependant, je suis au regret de vous annoncer qu'il semblerait que son Altesse Aldraien ne vous ait pas abandonné. L'homme qui vous a porté la missive l'autre jour, l'a retrouvé hier inconsciente sur les chemins. Je pense qu'elle revenait à Limoges. Je m'avance peut-être, mais je crois qu'elle revenait pour vous.
A l'heure qu'il est, Elle est toujours plongée dans l'inconscient, nous l'avons installé chez moi, nous faisons de notre mieux pour lui porter soin et assistance.

Ce matin le Médicastre est venu. Il lui prodigue de la Moutarde en remède, bien sur nous allons essayer, après tout c'est notre seul espoir. Il semble que La Princesse Aldraien, baisse le bras. Aussi si vous l'aimez, si elle vous manque, puis-je vous demander de le lui dire par écrit ? Je lui lirai bien volontiers votre missive. Et des mots venant de vous… Je pense que cela changera tout… Je l'espère du moins. Je ne la connais que peu, me direz-vous, mais je pense qu'elle a besoin d'espoir. Elle a besoin de vous. "Sa lumière" comme elle aime à vous appeler.

Bien à vous,
M.


La deuxième lettre fut scellée, et presque immédiatement elles s'envoleraient. A présent il fallait attendre...
La Rousse reprit sa place auprès de la Princesse.

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Hema
Alors que la journée prévoyait d'être bonne avec un bon petit déjeuner copieux, de doux rayons de soleil pour égayer l'hiver, un endroit des plus fournis en poissons au lac auprès du doyen, l'humeur de Hema s'était assombrie à la lecture du message de Mahe.

Ses yeux avaient parcouru les mots, longuement, et elle avait du relire à plusieurs reprises quelques phrases pour se persuader de ce qu'elle lisait.
C'était comme un coup.
Munie de ses poissons pêchés du jour qui trainaient au sol négligemment, ses mains deviennent lâches et ses doigts retiennent à peine la prise et le message.
Le regard vide, occultant tout ce qui se trouve autour d'elle, son esprit bouillonne de questions inutiles. Les faits étaient là. Aldraien était venue jusqu'à Ventadour, pour la voir, mais avait repris la route rapidement, sans la contacter et Harchi l'avait trouvée sur la route...
Tonia lui avait dit qu'elle était à pieds. Comment était-ce possible ? Une Princesse, Capitaine de surcroit, voyageant seule sur les routes, à pieds ?
Incroyable, mais pourtant ça semblait vrai.

Hema se sentait coupable. Elle s'en voulait d'avoir été la cause de son voyage, parce qu'elle en était persuadée ; Aldraien était venue pour la voir. Peut-être pour lui dire quelque chose d'important. Quelque chose qu'elle ne souhaitait pas lui écrire mais lui dire de vive voix. Ce qui expliquerait qu'elle ne l'ait pas contactée une fois à Ventadour.

Hema se sentait déstabilisée par ses propres émotions.
Cette femme, presque une inconnue tellement il aurait été inconvenu de la considérer comme une amie, tenait une place dans son coeur que même la gamine n'osait pas soupçonner.
Elle avait été la première, en Limousin, à faire preuve de gentillesse envers elle. Une gentillesse gratuite. Une gentillesse sincère. Une gentillesse que Hema n'avait pas rencontrée depuis des semaines.
Elle ne connaissait rien, alors, du rang de la Rousse, bien que son apparence pouvait renseigner sur sa position, mais du haut de sa douzaine d'année et de son milieu bien modeste, Hema ne se serait jamais doutée qu'elle faisait partie de la Famille la plus noble du Comté.

Elle s'était littéralement posée sur un tronc couché, sans même s'en rendre compte, essayant de réfléchir à ce qu'elle pouvait faire, ce qu'elle devait faire, ce qu'elle voulait faire.
Mais son esprit était bien trop perturbé par la nouvelle pour qu'elle soit réfléchie, et dans un élan d'impulsivité, elle s'était dépêchée de rejoindre la ferme de Santreize pour préparer sa roulotte et informer les personnes concernées par son départ.

Marron était attelé, Ermengarde était tenue d'informer Santreize de son départ précipité, et deux messages avaient été préparés :

Citation:
L'bonjour Brice,
Je voulé te fer savoir que je doi partir précipitament pour Limoges.
Je suis désolé de te prévenir si tar, mais je vien de recevoir un message de Mahe, et Aldraien est... pas bien. Je doi y allé.
Si tu décidé de partir, ne par pas seul. Je reviendré te cherché.
Hema.


Citation:
L'bonjour Valdo,
Je voulé te prévenir de mon dépar précipité pour Limoges.
J'espère qu'on se revera un jour.
Hema.


Il n'y avait pas de message pour Mahe, mais afin de ne pas mobiliser un de ses pigeons, elle l'avait renvoyé vers sa propriétaire, les pattes libérées de tous messages.
Il était inutile de l'inquiéter, et elle serait de toutes façons à Limoges aussi rapidement que possible.

_________________
Hema est une gamine d'une douzaine d'années.
Faut pas lui en vouloir si ses réactions sont... appropriées !

http://www.lesroyaumes.com/FichePersonnage.php?login=hema
--Harchi


[Les jours se suivent et se ressemblent...]

La Moutarde était à présent utilisée depuis un jour et demi, bientôt deux jours et aucune amélioration ne se ressentait. La Princesse était toujours inconsciente, et il avait fallu trouver une solution pour la nourrir. Le Lait et un biberon. Le lait parce que c'était gras, parce que c'était tiède et parce que c'est ce qui donnait la santé aux bébés. Le biberon parce que ça ne l'étouffait pas comme ça.
Bertille allait donc chercher chaque matin un sceau de lait frais à la ferme de la sortie de la ville, et comme le remède devait toujours être administré, une cuiller de moutarde y était mélangée. Le visage du vieux soldat se dessina une grimace, piqué par la curiosité, et surtout pour s'assurer que ça ne la rendrait plus malade qu'elle ne l'était déjà, il avait gouté l'étrange mélange. Et si c'était buvable, c'était loin d'être agréable. Plutôt écœurant à dire vrai. Certainement pas ce que mangeait habituellement une Altesse royale...

Là dans la chambre, le biberon vide à la main, le vieux valet veillait la Belle endormie. Parfois il avait l'impression que ses sourcils se plissaient dans son sommeil, mais comme rien d'autre ne bougeait, il se disait que c'était un tour que lui jouait son imagination.
Depuis deux jours toute la maisonnée s'organisait autour de la Princesse. Même le petit Guilhem bien qu'il fut interdit de chevet demandait régulièrement des nouvelles d'Aldraien. Harchi eut un sourire attendri en pensant au petit brun qui profitait de chaque leçon donnée par lui ou Mahelya pour s'enquérir de la santé de la Princesse. C'était un brave petit gars.
La plus digne était sans nulle doute sa Filia.
Les opales glissèrent sur la silhouette frêle de la jeune fille, assise à coté du lit et qui comme chaque jour lisait un passage de Tristan et Iseult à la femme immobile. Hormis pour sa visite chez la Bailli, pour instruire Guilhem deux heures par jour et pour dormir, La Petite Rousse n'avait jamais quitté la Princesse. Lui tenant la main, lui murmurant des paroles douces, lui interdisant de baisser les bras.
Une bouffée de fierté envahit le vieux valet, c'était bien sa Filia, elle ne lâchait jamais, elle n'abandonnait pas. Elle était exactement comme il l'avait élevé. Une battante au caractère bien trempé. Pourtant que ferait-elle si la Princesse ne se réveillait plus ?
Soupire.

Le vieil homme posa le biberon sur le plateau, Bertille viendrait le chercher pour préparer un autre repas étrange. Son regard usé par le temps s'attarda alors par la fenêtre. Veiller une Altesse Royale ne l'avait pas détourné de sa mission "cachée" et chaque nuit il arpentait encore les rues de Limoges dans l'espoir de trouver et d’occire Francis. Le seul inconvénient était que là ou il passait une bonne partie de la nuit à fureter partout, désormais il s'absentait une à deux heures grand maximum. Ce qui laissait beaucoup moins de temps pour enquêter. Cependant il ne pouvait laisser les femmes de cette maison seules plus longtemps. Elles étaient vulnérable, et il y avait un membre de la famille royale.
Nouveau soupire.

Doucement il s'approcha de sa petite Étincelle, délicatement il lui posa la main sur l'épaule. Et lorsque les émeraudes encore enfantine se détournèrent du livre pour se poser sur lui, il eut le cœur serré. La petite Rousse était cernée, elle avait besoin de dormir, sinon bientôt cette maison deviendrait un musée de statues marmoréennes. Il lui sourit, bienveillant.


- Filia, c'est le milieu de l'après midi, je pense que vous devriez aller vous reposer... Ne vous en faites pas je veille sur votre protégée.
- Merci Harchi, mais je ne peux partir maintenant, je ne lui ai pas ...
- Je m'en occupe Filia... Allez dormir.

Le ton était déjà sans réplique, mais pour encore ajouter du poids à ses paroles, Harchi s'assit sur le lit, la brosse à cheveux dans une main. Avec des gestes d'une infinie douceur il démêla les longs cheveux roux de l'endormie. Il sentit que Mahelya n'avait pas bougé.

- Ne vous en faites pas ... après tout j'ai eu une fille.

La phrase pouvait sembler anodine et tout à fait normal, n'avait-il pas élever sa Filia ? Mais un auditeur averti, aurait senti que sa gorge était nouée, lorsqu'il prononça ces quelques mots. Et à n'en pas douter, la Petit Rousse l'avait remarqué, pourtant elle ne posa aucune question, et après quelques seconde d'immobilité, elle sortit enfin de la chambre. Un sourire fugace s'esquissa sur le visage marqué par le temps, il savait que quand elle le pourrait, la Flammèche l’assaillirait de questions.
Ce n'était pas le moment.
Et dans leur langage muet, tout deux le savait.
La porte se ferma.
Seul avec la Princesse endormie.
Les gestes étaient toujours doux et précis. La brosse fut posée, et un linge propre et humide fut saisi. Alors qu'il rafraichissait le visage d'Aldraien, le vieux valet s'autorisa à lui murmurer.


- Votre Altesse je vous en prie, il faut que vous reveniez ! Battez-vous ! Mahelya ne s'en remettrait pas si elle vous perdait vous aussi.
Mahelya
Les dernières paroles d'Harchi raisonnaient encore dans son Esprit quand elle regagna son petit bureau... "Fille" Se pouvait-il qu'il parle d'elle ? en temps normal c'était le cas, mais la voix masculine avait été plus serré qu'à l'accoutumée... Cependant elle devrait laisser pour quelques instants ses troubles et ses questions. D'autres devoirs l'attendaient.
La Flammèche était certes fatiguée, mais elle avait encore quelques affaires à régler avant de se laisser aller à l'étreinte de Morphée.
Lentement sans un bruit elle s'installa sur la petite chaise de chêne posée devant l'écritoire. Une fois de plus la plume fut trempée dans l'encre noire, une fois de plus la fine pointe métallique gratta le vélin précieux. Nombre de lettres allaient partir ce soir. Et la première, sans nul doute la plus importante, était adressée à l’Époux de la statue Marmoréenne qui dormait sur son lit.


Citation:
A son Altesse Hannibal de Cassel-Malemort, seigneur de Chamaret et Cobrieux, Epoux de son Altesse Aldraien.
de Marie-Amelya, dicte Mahelya.

Respectueuses Salutations,
Vous ne me connaissez certainement pas, mais je suis une jeune amie de votre Épouse. Et si j'ose prendre la plume ce soir afin de vous écrire, c'est pour vous faire part d'une triste nouvelle la concernant. Mon Valet a retrouvé la Princesse Aldraien inconsciente sur le bord du chemin menant jusqu'à Ventadour.

Bien évidement, nous l'avons emmené immédiatement chez moi au 16 rue de la Justice à Limoges. Et dès que nous l'avons pu, nous lui avons fait rencontrer un médicastre. Malheureusement voilà deux jours qu'il n'y a aucune amélioration. Et craignant pour sa santé, nous hésitons vivement à la déplacer. Sachez votre Altesse que ma maison - bien que modeste - vous est grande ouverte à vous et à vos gens, je pense que vous désirerez la visiter.
Je peux d'ors et déjà vous assurer, que son Altesse est veillée nuits et jours et que nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour la soigner.

Bien à vous,
M.


Le papier fut scellé, et aussitôt deux parchemins, vierges cette fois lui ravissaient la place devant le minois de la Rousse. Pour celles-ci il allait falloir se montrer habile et concentrée. Point d'impair ne serait autorisé.

Citation:
A sa Majesté, A Sa Majesté Nebisa de Malemort, Reyne de France,
de Marie-Amelya, dicte Mahelya.

Respectueuses Salutations,
Puissiez-vous pardonnez la jeune fille que je suis et qui ose prendre la plume pour vous écrire. Cependant Sachez Majesté, que je ne me le permettrais jamais si ce n'était pas de haute importance.

Par ce Vélin, je tenais à vous informer, que la Princesse Aldraien se trouve en ma demeure, inconsciente et affaiblie. Mon Valet l'ayant retrouvé un soir dans cet état au bords du chemin menant à Ventadour. Je peux vous assurer que nous mettons tout en œuvre pour la soigner. Son Altesse est veillée nuit et jour, un médicastre est venue la visiter, et un remède lui est administré toutes les deux heures. Cependant jusqu'à présent nous avons le malheur de constater qu'il n'y a aucune amélioration de son état et craignant pour sa Santé, nous n'osons la déplacer.

Sachez, bien que je se soit consciente que ma demeure simple ne puisse convenir à Sa majesté Reyne de France, que celle-ci vous est bien évidement ouverte, et que si consignes vous souhaitez me délivrer pour les soins à Son Altesse Aldraien, celles-ci seront immédiatement exécutées.

Que le Très Haut vous Garde.
Mahelya.



Citation:
A sa Majesté, A Sa Majesté Cerberos de Malemort d'Armantia, Roy de France,
de Marie-Amelya, dicte Mahelya.

Respectueuses Salutations,
Puissiez-vous pardonnez la jeune fille que je suis et qui ose prendre la plume pour vous écrire. Cependant Sachez Majesté, que je ne me le permettrais jamais si ce n'était pas de haute importance et que si j'avais pu m'entretenir en privé avec vous ce soir à la Porcelaine d'Aristote je l'aurait bien évidement fait, - je suis la petite Rousse -.

Par ce Vélin, je tenais à vous informer, que la Princesse Aldraien, votre belle-fille par alliance en juste noce avec Son Altesse Hannibal de Cassel Malemort, se trouve en ma demeure, inconsciente et affaiblie. Mon Valet l'ayant retrouvé un soir dans cet état au bords du chemin menant à Ventadour. Je peux vous assurer que nous mettons tout en œuvre pour la soigner. Son Altesse est veillée nuit et jour, un médicastre est venue la visiter, et un remède lui est administré toutes les deux heures. Cependant jusqu'à présent nous avons le malheur de constater qu'il n'y a aucune amélioration de son état et craignant pour sa Santé, nous n'osons la déplacer.

Sachez, bien que je se soit consciente que ma demeure simple ne puisse convenir à Sa majesté Roy de France, que celle-ci vous est bien évidement ouverte, et que si consignes vous souhaitez me délivrer pour les soins à Son Altesse Aldraien, celles-ci seront immédiatement exécutées.
Une Missive est également adressée à Sa Majesté, Nebisa de Malemort, Reyne de France, votre Épouse.

Que le Très Haut vous Garde.
Mahelya.


Une grimace apparut sur le visage encore juvénile de la Rousse. Pourvu qu'elle ne finisse pas en prison ... D'un geste brusque elle les scella toutes les deux, sans les relire. Si elle commençait à se poser des questions, jamais elle ne les enverrait. Il restait deux lettres à rédiger, une bien délicate et une un peu plus facile bien que finalement elle ne porterait pas non plus de bonne nouvelles.

Citation:
A sa Seigneurie, Bess Saincte Merveille Rouben, Pair de France et Grand Maître de L'ordre Royal de la Licorne,
de Marie-Amelya, dicte Mahelya.

Respectueuses Salutations.
Mon nom ne vous dit sans doute rien, et je tiens d'ors et déjà à vous rassurer nous ne nous connaissons pas, mais j'eus entendu parler de vous par Aldraien qui devait d'ailleurs vous rejoindre prochainement.
Si je prends la plume ce jour c'est pour vous entretenir à son sujet. Je tiens à vous informer que la Rousse Aldraien est inconsciente et affaiblit. Mon valet l'ayant trouvé dans cet état sur les bords de la route.
Ici à Limoges, tout est fait pour que la santé lui revienne, mais malgré nos efforts aucune amélioration de son état n'est à constater pour l'instant et Aldraien reste dans sa léthargie. Par sécurité, je crains qu'on ne puisse la déplacer pour le moment.

Sachez Votre Seigneurie, que je m'engage dès à présent à vous tenir informer de sa santé et ce régulièrement.

Que le Très Haut veille sur Vous.
Mahelya.


Cette lettre là fut également cachetée rapidement et mise de coté avec ses sœurs sur un coin du bureau. Il n'en restait qu'une à écrire, plus facile car moins protocolaire mais plus ardu, cette fois l’Étincelle connaissait personnellement le destinataire.

Citation:
Au Lys Charmant, Vicomtesse des Cars, Chère Sinda.

C'est le cœur lourd que je vous écris à présent. Voilà bien longtemps qu'un parchemin n'avait pas vogué entre nous, et si le contenu de nos précédentes correspondantes n'était pas réjouissant, il est bien fade en comparaison à ce que je m'apprête à vous écrire.

Son Altesse Aldraien de Malemort-Carsenac se trouve inconsciente dans ma maison. Harchi, mon homme de main dont vous avez souvenir je pense, l'a trouvé ainsi sur les routes du Limousin. Et bien qu'aucune blessure n'apparaisse, votre cousine ne se réveille pas. Bien entendu, je peux vous assurer que tout est mis en œuvre pour la soigner. Un médicastre est déjà venu la visiter, et il nous a conseillé un remède qui ne fera pas de mal à l'enfant qui grandit en son sein. Il nous l'a assuré !

Harchi et moi-même la veillons chaque jour et chaque nuit, et nous la nourrissons toutes les deux heures, tous les jours et ce à l'aide d'un biberon. Mais je suis aux regrets de vous annoncer qu'aucune amélioration de son état n'a été constaté pour le moment.

Chère Lys, je dois vous avouer que le Médicastre pense qu'Aldraien baisse les bras et se laisse aller. La dernière fois que j'eus parlé à votre Cousine elle semblait triste, fatiguée et lasse. Aussi, si vous avez des choses à lui dire, n'hésitez pas, écrivez-lui, je lui lirai et bien entendu après lecture je brulerai le papier. Peut-être que des mots de vous la feront réagir. Je l'espère du moins.

Que le Très Haut veille sur vous, où que vous soyez !
L’Étincelle Mahelya.


La dernière lettre, fut achevée, la cire durcit et les cinq Vélins partirent vers leurs destinataires respectifs.
_________________
Hannibal_de_cassel
C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.

Antoine De Saint-Exupéry

Encore une semaine où les jours et les nuits défilaient telles des secondes dans l'enfer de son atelier. Depuis "son" déménagement ou plutôt celui de tout son matériel des plus alambiqués, Hannibal égrainait chaque minute dans cette pièce sombre et bien aérée par deux solides conduits de cheminées étrangement éteintes même dans la froidure de l'hiver. Les seules repaires temporels qu'il possédait étaient les repas que lui faisaient parvenir les gens de maison auxquels il ne prestait aucune importance. Les assiettes s'entassaient et repartait souvent le lendemain sans grande modification.

Ses recherches avançaient doucement et les changements de couleurs des fumées qui sortaient par les cheminées étaient comme une indication à l'évolution de son travail.

Cela faisait plusieurs jours que personne ne le dérangeait, c'était une bonne chose pour lui , c'était productif. Par contre les seules pauses qu'il se permettait étaient avec son épouse pour une ballade, un repas, un câlin... Et cela lui manquait énormément, elle devait encore être partie guerroyer à la chasse aux bretons. Depuis leur rencontre, il avait bien compris qu'il n'y ferait rien, ce ne serait jamais un oiseau qu'on enferme.

Soudain l'on frappa à la porte, surpris par le bruit sourd, Hannibal en renversa une fiole sur le bord de la table et devint roue de colère. D'un bond il se leva ouvrit grand la porte et hurla.


Quoi ?

Le pauvre domestique devint blanc sous la férocité du hurlement pour sur celui ci venait de son côté SM. ( Saincte Merveille, bien entendu )

Vous avez du courrier votre Altesse.....

Le regard noir il lui fit baissait les yeux.

Ce doit être pour la Maitresse de maison, je ne reçoit jamais rien. Je suis certain qu'elle peut s'en occuper.


Votre Altesse, votre épouse n'est pas rentrée depuis plusieurs jours et n'a pas donné de nouvelles...

Comment est ce possible ? Et vous ne m'avez pas tenu informé ? Passez moi ça.

Il se frotta le visage de l'avant bras et parcourut la lettre d'une traite. Cette dernière lui échappa de la main quand il se retourna vers l'une de ses armoires. Un sac dans une main, il fit tomber dedans bon nombre de fioles et de poudres, pris une veste et courut en direction de l'écurie.

Que l'on prépare ma voiture, je pars de suite, rue de la Justice, Aldraien est mal en point je vais la rejoindre.

Quelques minutes plus tard, il était en route hurlant sur la moindre personne qui pourrait retarder l'attelage.

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Hema
Sa roulotte avait retrouvé à la hâte sa place sur les terres de la Princesse, et Marron était aux bons soins de Marcel, à qui elle avait à peine soufflé un bonjour en répondant à la question de l'homme par un cri accompagné d'un geste :

Non ça va pas du tout ! T'es pas au courant pour Aldraien ?!

Mais il n'en saurait pas plus cette fois. La gamine courrait en direction de la place principale, à la recherche du cadastre pour se rendre chez Mahe.
Elle, saurait certainement où était le corps de la Rousse, peut-être même qu'il était chez elle.

En chemin, pas un regard pour les gens qui rouspètent de la voir surgir aux coins de rue en quatrième vitesse, pas d'excuses pour ce paysan qu'elle bouscule violemment, pas de reprise de respiration.
Juste atteindre son but. En savoir plus. La voir. Lui parler. La rassurer. La soutenir.
Oui, c'est ce que Hema avait en tête à ce moment précis.

Finalement, ça n'avait pas été très long pour trouver la maisonnée.
Pas de cérémonie, envolée la politesse, Hema avait poussé la porte d'une geste brusque en cherchant Mahe du regard.
Mais il se posa sur un femme, domestique semblait-il bien qu'elle ne puisse, ni n'ait l'envie d'en juger pour l'heure.

Sous le regard ahuri de la femme, Hema commence :


L'bonjour... j'suis Hema... une amie d'Mahe.... J 'viens voir... Aldraien.... Elle est... où ?!

Et c'est alors qu'il fallait bien attendre une réponse de la servante, que Hema reprend sa respiration, essoufflée par la course effrénée qu'elle avait entrepris depuis Saint Julien, et c'était pas la porte à côté.

Mahe ?... Aldraien ?.. La Princesse ?..
balbutie-t-elle.

D'un geste un peu tremblant, un doigt se pointe en direction d'une porte close.


Damoiselle Mahelya se trouve dans son bureau...
continue-t-elle d'une voix hésitante.

Sans attendre une seconde de plus, Hema s'avance vers la porte montrée du doigt et l'ouvre dans un geste tout aussi soudain qu'à son entrée dans la maison.


Mahe !

La Jeune Rousse était avachie sur le secrétaire et se releva d'un bond...
_________________
Hema est une gamine d'une douzaine d'années.
Faut pas lui en vouloir si ses réactions sont... appropriées !

http://www.lesroyaumes.com/FichePersonnage.php?login=hema
Mahelya
Des escaliers franchis en toute hâte, une porte en chêne qui claqua violemment contre le mur de pierre, il n'en fallait pas plus pour que la petite Rousse qui s'était endormie après la rédaction de quelques missives - cinq au total - se réveille d'un bond.
Les prunelles émeraudes encore à demi-fermées, distinguaient une silhouette brune qu'elle reconnaitrait entre toutes. Les yeux s'écarquillèrent tandis que les fines mains blanches frottaient vigoureusement le visage porcelaine où quelques marques rouges indiquaient encore son activité passée - dormir mal installée -.
Aussitôt Mahelya se leva de sa chaise et s'avança vers son amie, la détaillant des pieds à la tête. Était-elle en plein rêve ? Que faisait-elle ici ?


- Hema ?! Petit murmure où pointait l'incrédulité.
- Hema, c'est toi ? Mais ... Mais que... que fais-tu ici ? je te croyais à Ventadour ?... Je ne ... je ne savais pas que tu revenais ... Quand es-tu arrivée ? ...
Ciel ! ... Si j'avais su je serai venue te chercher où alors je t'aurai indiqué où la Princesse se trouve ... tu as du la chercher longtemps ...


Tout en parlant, la Rouquine avait étreint la petite Brune. Bien que les circonstances n'étaient pas des plus plaisantes, cela lui réchauffait le cœur de voir son amie. Un sourire se dessina sur les traits tirés de la jeune Mahe, et c'est un regard compatissant et plein de tendresse qu'elle adressa à Hema, même si ce regard était auréolé de cernes violettes.

- Tu as eu raison de venir ici. La Princesse est installée dans ma chambre. Harchi dois être avec elle, sans doute en train de la nourrir. Les yeux se baissèrent doucement. Je suppose que tu veux la voir ? Et sans vraiment attendre une réponse évidente, Mahelya sortit du bureau, invitant la jeune Hema à la suivre.

Sur le pallier des bruits provenaient du rez-de-chaussée, de la cuisine sans doute, où Bertille devait déjà s'activer à préparer un repas pour la Rousse, Harchi et sans doute Hema. A trop veiller la Princesse, parfois les deux premiers en oubliaient de manger, et ça la gouvernante ne pouvait le tolérer...
Bien vite les deux jeunes filles se trouvèrent devant une porte fermée. La Rouquine se retourna vers la Brune.


- Hema, je dois te dire qu'elle n'est toujours pas éveillée... Qu'elle reste ici pour le moment car nous craignons de la déplacer... Tu comprends... Nous ne sommes pas Médicastre... On ne veut pas lui faire plus de mal qu'elle n'en a déjà ...
Comme je te l'avais dit dans ma dernière missive, un vrai médicastre est venu la visiter, et les pots de Moutarde sur la table de chevet, sont son remède...
Petit soupire avant d'ajouter un ton plus bas. - Peu de gens savent que la Princesse se trouve ici, mais ne t'inquiète pas j'ai prévenu toute sa famille. Du moins celle dont j'ai connaissance. J'ai bon espoir d'avoir de leur nouvelle bientôt... Enfin assez parler... Entre Hema, je suis certaine que cela fera plaisir à la Princesse de te savoir à ses cotés.

Doucement la Rouquine ouvrit la porte de la chambre, plongée dans un chaleureux clair-obscur. Les fenêtres obstruées par d'épaisses tentures, seul le feu ronflant dans la cheminée procurait un peu de lumière et une douce chaleur.
Mahe, invita Hema à rentrer dans la pièce, lui soufflant au passage : Nous allons te laisser seule avec elle, je pense que tu as des choses à lui dire, si tu as besoin de quoique ce soit, appelles-moi je serai en bas.
Les mots étaient à peine prononcés que le Valet s'exécutait déjà, laissant le seul fauteuil de la pièce enfin libre pour Hema. Harchi gratifia la petite brune d'un signe de tête et d'un sourire en signe de salue. Contrairement à la Rousse, lui ne semblait pas surpris de voir Hema ici.
La Flammèche adressa à sa jeune amie, un dernier sourire avant de refermer la porte sur une Belle endormie en compagnie d'une Brune.

Tandis qu'Harchi et Mahe descendaient les escaliers pour prendre collation dans la cuisine, la main du vieux soldat vint se poser sur l'épaule frêle de l’Étincelle. Contact inhabituel et pourtant tellement bienvenu. Un sourire échangé. Au moins n'était-elle pas seule. Harchi était là, et Hema venait d'arriver. Cette dernière visite inattendue lui mettait du baume au cœur. Elle espérait avoir le temps de parler plus longuement avec elle après ... Et qui sait ? Peut-être même que la Princesse se réveillerait ...

Elle en était là de ses réflexions, lorsqu'un vacarme ahurissant se fit entendre dehors. Prunelles étonnées qui se tournèrent vers le Valet. Haussement d'épaule.
D'un mouvement brusque la Rousse ouvrit la porte pour voir un carrosse arriver à vive allure. Les armoiries n'étant pas celles de la Reyne et du Roy, ni même celles de la Vicomtesse de Cars, il ne restait donc que trois possibilités : c'était soit L'Epoux, fort probable puisque la Rouquine ne connaissait pas son blason, soit la Grand Maître de l'Ordre royal des Licornes - ce qui était peu probable, elle devait être au front, mais sait-on jamais - Soit encore la Princesse Elisa - bien qu'elle eut comme un doute, à ce sujet -.
Harchi porté par son instinct de protection vint se placer derrière la Rousse, alors que celle-ci descendait déjà les trois marches et se dirigeait en direction de l'attelage. Même si elle ne savait pas encore qui s'y trouvait, c'était forcément quelqu'un d'important, aussi exécuta-t-elle une révérence.


- Puis-je savoir qui est là ? Se risqua-t-elle à demander. Comment vouliez-vous qu'elle sache que c'était l’Époux de la Princesse ?
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