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Après maintes péripéties, Xm a fini par suivre son amie Caël à Vannes, où elle s'installe avec celui qu'elle a appris à aimer follement au cours de leur voyage. Hélas, quelques temps après leur arrivée en Bretagne, Rudolf a disparu...

[RP] Le murmure des vagues

Xmanfe1999
Cet après midi-là il faisait sombre. Une brume persistante s'était attardée sur la cité une bonne partie de la matinée et même si un infime rayon de soleil s'était frayé un chemin à travers les lourdes draperies des nuages , loin à l'ouest au dessus des îles et des îlots qui parsemait la petite mer comme autant de gros cailloux semés par un Poucet géant, rien n'avait pu tirer Xm de sa torpeur.

Depuis son arrivée à Vannes, où plutôt à "Gwened" comme disait sa très chère amie Caël, elle avait peu profité - elle avait été bien trop occupée - du spectacle grandiose qu'offrait le golfe depuis les - modestes - hauteurs de Vannes, où Rudolf et elle avaient élu domicile.
C'était si nouveau et si dépaysant pour elle. Pourtant des mers et des océans, elle en avait sillonné plus d'un. Mais aucun n'avait cette transparence émeraude, ce fascinant mélange d'un bleu lumineux et d'un vert profond qu'elle n'avait vu nulle part ailleurs auparavant, à part peut-être dans les yeux de Cael. Mais alors, Xm n'avait d'yeux de pour Rudolf et tous les océans du monde, aussi beaux et sauvages fussent-ils, n'auraient pu la détourner de lui.

Cependant, dans cette grise après midi de novembre, la petite mer avait perdu ses moirures flatteuses et ses eaux troublées moutonnaient sous les rafales d'un méchant crachin qui avait peu à peu remplacé la brume.

Dans la masure abandonnée que Rudolf avait dénichée et amoureusement aménagée sur la colline de la Garenne, Xm s'ennuyait. Aux premières journées de découverte, à la fin du mois de Septembre, aux excursions ensoleillées sur les plages du golfe, aux déjeûners paresseux allongés au bord de l'eau, protégés des regards et du vent dans les creux des dunes, aux nuits douillettes, chaudement blottis sous des peaux de moutons jetées sur leur paillasse, avaient succédé de longues journées solitaires et d'encore plus longues nuits, dans leur foyer déserté.

Rien n'avait préparé Xm a cette cruelle déception. Certes elle avait dû quitter précipitamment Vannes à la fin du mois d'Octobre. Dans sa hâte, elle n'avait même pas eu le temps de prévenir son bien-aimé de son départ. Mais quand elle avait enfin pu, depuis sa retraite, lui envoyer des messages, ses pigeons lui étaient revenus sans réponse. Quand elle avait finalement quitté le couvent elle avait retrouvé la maison vide. Plus de trace de Rudolf.
Elle l'avait cherché partout. Elle avait parcouru des lieues de plage et de dunes, écumé les tavernes, traquant sans répit le moindre indice de son passage. Hélas sa quête était restée sans résultat. Il s'était comme volatilisé. C'était comme s'il n'avait jamais existé. Personne. Le vide. Le néant. Encore.

Le cœur gros, Xm s'était repliée dans sa maison et elle en avait fermé la porte et les volets.

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Cael
Depuis plusieurs jours, les deux compères, la Bretonne et l’Alsacien, ne parlaient entre eux plus que d’une chose ou plus exactement plus que d’une personne : Xm.
D’abord, ils s’étaient interrogés mutuellement :
« Tu as vu Xm récemment ? »
« Non et toi ? »
« Moi, non plus… »
« Et tu es au courant pour … »
« Un peu… »
« Et tu ne l’as vraiment pas revu depuis… »
« Si j’te dis qu’non… c’est que c’est non ! »

A s’interroger au sujet de la disparition de la belle guerrière, ils ne pensaient même plus à se boire un verre ! De l’interrogation des premiers jours, ils étaient finalement passés à une profonde inquiétude…. Et donc à grandes inquiétude, grands moyens !

En sortant de taverne, Cael et Power avaient décidé de se rendre au domicile « supposé » de la Belle. Ils avaient marché un bon moment avant d’arriver devant la fameuse demeure.
Tout semblait calme…
Trop calme…
Est-ce que Xm vasouillait là ?
Est-ce que Xm était venue en Bretagne avec sa multitude d’herbes et comatait elle sur sa paillasse ?
Caël n’en savait rien…

Durant le voyage, Xm n’avait d’yeux que pour Rud... et tout le reste était devenu transparent ! C’était toujours comme ça quand la belle exotique tombait amoureuse ! Les deux femmes n’avaient fait que vaguement se croiser… et le peu d’échange qu’elles avaient eu, avait porté sur Power ou sur Rud … et ça avait forcément tourné vinaigre !

Sortant de ses pensées, les yeux océans de la bretonne interrogèrent ceux de l’Alsacien… Power, digne de lui, avait poussé Cael devant en soufflant un truc du genre : « Passes devant… si elle voit que c’est moi, elle n’ouvrira pas…! »

Caëlliane avança lentement jusqu’à la porte.
Elle cogna fortement à la porte en s’écriant :


"XMMMM, Xmmmmmm…. C’est nouuuuus !
Power n’en peut plus de ne pas te voir….
Il est en gros manque …
Il mange plus, il dort plus…
Il a harcelé tout Gwened à ton sujet !
Et il a même fait pire…
Il a été courir tout nu sur la dune en hurlant ton nom !
Il a trouvé un petit lapin, qu’il a fini par attraper…
Et maintenant, il lui fait des gros câlins en l’appelant Xm !
Alors, Xmmmm… S’te plait… faut que tu m’aides !"


Caëlliane continuait de tambouriner à la porte. Avec un peu de chance, Power avait fait le tour de la maison et n’avait rien entendu.
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Caëlliane Woronvë : En transit
Power
...mais le lieutenant-colonnel réserviste auto-proclamé, n'avait pas fait le tour de la maison. Pourquoi, d'ailleurs, aurait-il fait celà ? Y a que les tordus pour aller rendre visite aux gens en passant par la porte de derrière, surtout qu'en général, le chemin y est boueux.

Bref, il avait tout entendu, mais venant de la Bretonne, plus rien ne pouvait l'étonner. Il fit bien une légère moue, mais l'une de celles qui voulaient dire "tu ne paies rien pour attendre ..."

Pas de réponse, par contre, de l'amie qu'ils tentaient de visiter. Ni même de bruit dans la demeure ... ou bien ?

Passant devant la Bretonne en en profitant pour la bousculer de son épaule puissante aux muscles qui saillaient chaque jour avec une force plus accrue, si toutefois c'était possible, l'alsacien grogna dans sa langue maternelle ... celle commune à Xm et à lui.

"Ja was esch ! Hesch schon wetter g'soffe un mi net engelade ?" (*)

Et voici que Power se mit à tambouriner sur la lourde porte à l'en faire trembler sur ses gonts de fer.


*Bein quoi : T'as encore picoler sans m'inviter ?"
Xmanfe1999
A l'intérieur de la chaumière obscure, Xm remua sous sa peau de mouton. Des voix derrière sa porte... Une voix de femme derrière le panneau épais. Une grêle de coups qui secoue sa porte ...
La jeune femme se retourna sous sa couverture et enfouit sa tête dessous. Une migraine tenace battait entre ses tempes. Elle grommela :


Oh la peste soit de ces malotrus! On ne peut plus dormir tranquille ?
Allez-vous en!
dit-elle un peu plus fort. Seul un murmure indistinct franchit ses lèvres sèches.

Une voix d'homme prit le relais derrière la porte. Des coups de poings la secouèrent un peu plus fort. Encore endormie mais déjà excédée, Xm rejeta avec humeur les peaux qui la recouvraient . Le froid qui régnait dans la pièce piqua sa peau nue et la fit frissonner violemment.

Ach ver tammi! Où est ce que j'ai bien pu fourrer cette fichue chemise?


Tandis qu'elle plongeait sous les peaux de mouton à la recherche de sa liquette, les coups continuaient de pleuvoir sur la porte. Point de chemise sous les draps, mais une pipe éteinte et une épaisse liasse de parchemins serrée dans un portfolio de cuir. Xm reposa le portefeuille et descendit précautionneusement du lit, appréhendant à l'avance le contact glacé du sol sous ses pieds nus.

Une pipe dans le lit ? Je dois devenir folle... Fichue chemise! Sous le lit peut-être ?

A quatre pattes sur le sol, tout en cherchant sous la paillasse, Xm essayait de recoller les morceaux de sa soirée de la veille. Elle s'était bien installée au lit avec une pipe pour tenter d'adoucir son chagrin. Mais sa boîte à malices était presque vide et cela n'avait pas suffit à l'abrutir. Comprenant qu'elle n'avait que peu de chances de trouver le sommeil elle avait posé la pipe froide et saisi le portefeuille posé près du lit, qui contenait les précieux feuillets de son journal et avait commencé à le relire.
Cette lecture avait fini par venir à bout de sa résistance, et une petite lampée de grappa aidant, pour se réchauffer, Xm s'était finalement endormie. Au temps pour l'intérêt de la lecture ! Si elle s'endormait dessus, qu'en serait-il d'Ogier quand il l'aurait entre les mains , si jamais elle parvenait à lui remettre ?
Xm se redressa sur ses genoux. Toujours pas de chemise.

Bien réveillée maintenant elle distinguait à présent les mots et reconnaissait la voix : Power !


Citation:
"Ja was esch ! Hesch schon wetter g'soffe un mi net engelade ?"


Was ? G'soffe ? Tu vas voir si j'ai bu ! Attends un peu que je trouve ma chemise...

Xm ne savait pas quelle expression on aurait employé en Bretagne, mais sa mère bourguignonne aurait dit que la moutarde commençait sérieusement à lui monter au nez. Cela devenait une habitude pour Power de venir la tirer du lit à l'aube en cognant comme un sourd à son huis. Xm se remit sur ses pieds et essuya ses genoux rougis par le froid et la dureté du sol de terre battue. Quelques brins de paille s'accrochaient à sa chevelure de soie noire.

Verdammt Hemd ! Zum teufel mit dieser Schmutzige Lumpen !*


Lasse de fouiller sans succès, Xm attrapa sans plus de cérémonie une peau, s'enroula dedans du mieux qu'elle put et se dirigea d'un pas décidé vers la porte, qu'elle ouvrit à la volée. Après tout, ce ne serait pas la première fois que Power la verrait en petite tenue...


Ça va pas de faire tout ce foin ? Dü bisch verrückt oder was ?**


Derrière Power, le poing encore levé, Xm découvrit avec stupeur sa très chère amie Caël. Bouche bée, elle resserra la peau de mouton autour de son corps pâle.

Oh. Caël. Je ne savais pas que tu étais là... Vous voulez entrer ?


Maudite chemise. Au diabel ce foutu chiffon !*
Tu es fou ou quoi ?**

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Power
Il était évident qu'Xm avait été dérangée dans son sommeil, mais la différence de réaction qu'avait eu la "belle exotique" lorsqu'elle vit Power et lorsqu'elle remarqua La Bretonne, fit presque sourire l'ex-genevois.
Mais il n'était pas dans un bon jour, le nouveau vannois, vannais ou vanneux ... impossible pour lui de mémoriser le nom des habitants de sa nouvelle ville.


"Was , esch ben verrückt ? Zei die mohl an, das mer rede kenne." (*)

Sans plus d'attentions, il avança d'un pas assuré vers la genevoise en petite tenue, qui n'eue d'autre choix que de reculer. L'intérieur de la maison était presque aussi froide que l'extérieur.

"Tu économises le bois maintenant ? La radinerie s'est ajoutée à tes nombreux défauts ?"

Power se dirigea vers la cheminée et prépara de quoi allumer un feu, redoutant évidemment qu'une dague vienne se ficher entre ses 2 homoplates. C'est qu'elle avait le sang chaud, la soldate !
Mais c'est de Cael qu'arrivèrent les remontrances...





(*) Quoi, moi je suis fou ? Habilles toi qu'on puisse discuter.
Cael
Caëlliane laissa l'affrontement Power – Xm se faire. Il était de toute manière inévitable. Tous les deux fonctionnaient comme ça ! Les vilains mots étaient en quelques sortes, chez eux, un signe d'affection. Cependant, ça perturbait Caël dans ses valeurs. Fronçant fortement les sourcils, elle essayait, tout de même, de se rappeler la date de leur dernier comportement « normal » ». Enfin peut être que c'était ça la norme.... finalement ! Caël souffla sur sa mèche ne sachant plus trop quoi penser.

xmanfe1999 a écrit:
Ça va pas de faire tout ce foin ? Dü bisch verrückt oder was ?**
Oh. Caël. Je ne savais pas que tu étais là... Vous voulez entrer ?


C'est alors que Power rentra sans hésitation. Caël lui emboita le pas sans plus d'hésitation. Son nez se plissa sous l'odeur acre de la fumée froide. Elle connaissait sa parfaite faiblesse par rapport à ses odeurs et il était hors de question qu'elle ait des nausées ! Donc sans demander l'avis à Xm, Caëlliane ouvrit toutes les fenêtres en grand... Il fallait de l'air... de l'air pur... du vent.... alors que Power s'écriait :

Power a écrit:
"Tu économises le bois maintenant ? La radinerie s'est ajoutée à tes nombreux défauts ?"


Cael se retourna et les regarda tour à tour. Malgré son profond agacement, elle ne put s'empêcher de rire en voyant la belle exotique enroulée dans sa peau, les cheveux en bataille et la tête dans le sac ! Pour se calmer, elle tourna, un moment dans la pièce en ramassant tout le fatras. Elle s'arrêta net. Il fallait que ça sorte... Elle fit volte face et regarda Xm droit dans les yeux. Elle lui dit d'une voix marquée de contrariété et d'exaspération : « Jamais, jamais, je n'aurai du demander à Rudolf de nous accompagner... et jamais je n'aurai du payer pour son voyage... C'était d'une stupidité parfaite !  Je croyais bien faire... Mais c'était une pure idiotie... Crois moi, ma belle, plus jamais, mais alors plus jamais, tu ne me reprendras à ce petit jeu... »

Elle marqua une courte pause tout juste nécessaire à la reprise d'air et continua sur le même ton  : « Franchement... regardez donc, ce qu'on y gagne.... Une larve xmique....Une Xm qui n'est plus capable d'aligner correctement deux idées... Une Xm qui s'apitoye sur son sort !... Ce que tu vis, Xm... On l'a tous vécu, ici... Power... toi... moi... On a tous traversé la même épreuve. Alors Xm, par pitié... Arrête tes bêtises d'enfant capricieuse et ressaisis toi ! »

Cael lui lança une pile de vêtements en ajoutant : « Habille toi... on a du travail, tous les trois, qui nous attend ! J'ai un sinago à réparer avant qu'on puisse le remettre à l'eau... Travailler le nez au grand vent breton te fera le plus grand bien !  »

La bretonne ajouta à l'intention de Power : « Et toi, regarde ailleurs ! Ce n'est pas un spectacle... mais un sauvetage ! »
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Caëlliane Woronvë : En transit
Xmanfe1999
Xm était abasourdie.

Non seulement Power entrait chez elle comme en pays conquis, mais voilà que Caël ouvrait les fenêtres comme si elle avait décidé de jouer la fée du logis en furie et de tout remettre en ordre dans sa chaumière, de gré ou de force.

Blessée dans son amour propre, la jeune femme les regardait sans bouger, frissonnante au milieu de la pièce.
Ce havre de paix ravagé, ce nid d'amour abandonné, voilà qu'il était mis à mal par deux trublions dont les voix lui vrillaient la tête.
Xm les regardait, sidérée, et ses yeux s'emplissaient peu à peu de larmes. Power s'agitait devant l'âtre pour faire du feu et Cael ramassait ses affaires éparses sur le sol.
Muette de stupeur, elle les regardait, impuissante, mettre à bas sans état d'âme l'illusion ténue d'un foyer, l'espoir fragile du retour de son amour. Elle entendait, comme dans un rêve, Power qui bougonnait et l'accusait de ne pas faire de feu par pingrerie et Caël qui pestait, lui faisant la leçon comme à une gamine prise en faute.

Dans sa léthargie, les mots de "larve", "d'incapable", "d'auto-apitoiement" glissaient sur elle sans l'atteindre. La seule chose qui atteignait son cerveau encore embrumé par le sommeil c'était l'absence insupportable, rendue plus évidente encore par l'intrusion de Power et de Caël - deux de ses compagnons de voyage - de celui qu'elle en était venue, en quelques semaines à peine, à aimer passionnément, Rudolf...

Rudolf... Caël avait prononcé son nom et celui-ci agit soudain comme une décharge électrique sur Xm qui sursauta violemment. Toute la colère et tout le reproche contenus dans la voix et les paroles de Caël la frappèrent de plein fouet. Elle entendit à nouveau ses paroles, comme un écho de moins en moins lointain.


Citation:
Jamais, jamais, je n'aurais dû demander à Rudolf de nous accompagner... et jamais je n'aurais dû payer pour son voyage... C'était d'une stupidité parfaite ! Je croyais bien faire... Mais c'était une pure idiotie... Crois moi, ma belle, plus jamais, mais alors plus jamais, tu ne me reprendras à ce petit jeu... »


Xm ouvrit la bouche pour répondre, trop choquée encore pour interrompre Caël avant qu'elle ait terminé sa diatribe. Mais quand celle-ci lui lança, excédée, un paquet de vêtements en lui enjoignant de s'habiller, elle se sentit projetée comme par un coup de pied au derrière dans le monde réel.
Elle laissa tomber à terre sa peau de mouton pour rattraper les frusques. Caël ne s'en était s'en doute pas rendu compte, mais c'étaient des vêtements de Rudolf, que Xm serra un instant avec ferveur contre elle, révélant encore davantage par ce geste son émouvante nudité. La parole lui revint d'un coup.


De quel droit est ce que tu viens me faire des reproches chez moi, Caëlliane Woronwë ? De quel droit tu me traites de larve et tu m'accuses de m'apitoyer sur moi-même ?
J'essaie au contraire de ne pas sombrer ici, dans ce pays où je ne connais personne, à part toi qui me traites comme une enfant capricieuse et celui-là qui m'agonit de sottises...

Elle désignait Power d'un doigt accusateur. Elle rassemblait toute sa volonté pour ne pas crier et garder son calme.

Néanmoins, malgré tout ses efforts, elle sentait peu à peu la colère la gagner et lui redonner des forces. Elle envoya le ballot de vêtements qui l'embarrassait sur le lit et saisit Power, encore penché sur l'âtre, par le col de sa chemise et le força à se lever. Elle s'était retenue, à la dernière seconde, de l'attraper par l'oreille...


Toi, tu vas aller faire du feu chez toi et t'occuper de ce qui te regardes...

Elle le poussa vers la porte, sans s'embarrasser de ses protestations et de ses regards obliques sur son académie.

Et toi, Caëlliane, tu vas l'accompagner.

Elle fit un geste vers la porte.

Merci de votre visite. Maintenant, veuillez avoir l'obligeance de me laisser. J'ai du travail.
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Cael
Est-ce que l’électrochoc avait été suffisant ?
La bretonne croisait les doigts… Elle attendait, espérait une réaction violente de la part de son amie. Mais viendrait-elle seulement ou est-ce que l’état de Xm était encore plus grave que ce qu’elle pensait ?

L’onde de choc se faisait terriblement attendre amplifiant l’inquiétude de Caëlliane. Pourquoi est-ce si long ? Pourtant, elle avait prononcé le nom de Rud… Elle avait utilisé des mots affreusement durs. Xm ne pouvait qu’être atteinte dans sa fierté, dans son honneur, dans son amour propre… La belle exotique ne pouvait pas, ne pas réagir. Ca semblait impossible à la Bretonne !

Le temps était, comme, suspendu aux lèvres de Xm alors que l’impuissance gagnait Caëlliane. Allait-elle la faire faillir à sa parole ? La quinte genevoise n’avait pas encore quitté « Le Phare » quand Rud lui avait fait promettre de prendre soin de Xm, quoi qu’il arrive.

Avait elle trop tardé pour sortir Xm de sa torpeur ? Le doute s'insinuait en elle. La bretonne regardait son amie avec une insistance, digne des supplications. Son esprit était figé sur « réagis ma belle… réagis… par pitié réagis... ». Quand enfin une réaction !


xmanfe1999 a écrit:
De quel droit est ce que tu viens me faire des reproches chez moi, Caëlliane Woronwë ? De quel droit tu me traites de larve et tu m'accuses de m'apitoyer sur moi-même ?
J'essaie au contraire de ne pas sombrer ici, dans ce pays où je ne connais personne, à part toi qui me traites comme une enfant capricieuse et celui-là qui m'agonit de sottises...


Ne rien montrer de son soulagement était le mot d'ordre de l'esprit caëllienne. Pourtant le soulagement était grand. De plus, Caëlliane pouvait qualifier cette réaction de « normale » pour Xm. La hargne résonnait dans les mots tranchants de la Belle Exotique. Bien qu’elle reste de marbre face à elle, la Bretonne en éprouvait un profond réconfort. Une flamme vive venait de lui réchauffer le coeur. Elle retrouvait, enfin, sa Xm !

Voyant la Belle Exotique s’approcher de Power, Caëlliane rentra la tête dans les épaules comme pour esquiver les coups. Il y avait un constat indéniable. Xm adorait martyriser physiquement le provocateur ex lieutenant colonel de Genève. Et aucun doute, la situation revenait vraiment à la normale.


xmanfe1999 a écrit:
Toi, tu vas aller faire du feu chez toi et t'occuper de ce qui te regardes...
Et toi, Caëlliane, tu vas l'accompagner.
Merci de votre visite. Maintenant, veuillez avoir l'obligeance de me laisser. J'ai du travail.


Caëlliane lança un regard victorieux à son amie. Par taquinerie, elle ajouta à l’intention de Xm : « Ici, tu peux oublier le Woronvë, je suis connue sous le nom de Le Talliec. »
Elle se risqua à déposer une bise sur la joue de Xm. Puis, elle fit signe de la main à Power de venir. Ils étaient temps qu'ils partent.
Ensemble, ils quittèrent la demeure laissant derrière eux une Xm probablement remontée contre eux... mais ça en valait la peine !

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Caëlliane Woronvë : En transit
Xmanfe1999
La porte claqua si violemment derrière Power et Caël qui descendaient le chemin en jetant des regards inquiets derrière eux, que la masure tout entière trembla sur sa base.
Un mince filet de poussière tomba du toit percé entre les poutre disjointes, droit sur la tête de Xm, plantée derrière le battant de chêne, qui, semblait-il, protestait encore contre le traitement que l'on venait de lui faire subir, en vibrant sur ses gonds rouillés.
La jeune femme leva un œil étincelant en direction du plafond comme pour le défier de recommencer.

Les pieds bien campés sur le sol de terre battue, les bras serrés le long du corps, les poings crispés au point que ses ongles lui déchiraient les paumes, Xm frissonnait.
Ce n'était plus de froid maintenant, quoique sa peau se hérissât d'une chair de poule persistante, ce n'était plus de froid mais de rage que ses membres tendus se contractaient. Un flot brûlant de colère bouillait dans ses veines, oblitérant toutes ses autres sensations, faisant même taire la douleur qui lui tordait les entrailles depuis des jours et des jours.
Le vide intolérable qui s'était creusé en elle depuis le départ de Rudolf sembla tout à coup enfler de manière incontrôlable, incendier son ventre et son cerveau qui lui parut prêt à exploser.
Ivre de rage et de chagrin au point de tituber, Xm desserra les poings et se prit la tête entre les mains. Se balançant d'avant en arrière, elle sentit monter en elle une plainte presque animale qui, d'un feulement sourd se frayant avec difficulté un chemin entre ses dents serrées, devint gémissement, puis grondement pour finalement exploser avec toute la puissance et la fureur contenue dans l'âme tourmentée de la jeune femme.

Xm cria, et cria, et cria. Cela semblait ne jamais devoir finir.
La gorge en feu, les yeux brûlants, les tempes palpitantes, le cœur cognant à tout rompre dans sa poitrine. Elle cria et cria encore et son cri inarticulé résonna dans la pièce vide, se faufila au dehors par les interstices des planches et se répandit pour finalement s'éteindre loin sur la colline.
Cela ne dura que quelques secondes. Cela dura une éternité.
De la même manière qu'il avait fini par se perdre sur la lande, le cri finit par mourir étranglé dans la gorge douloureuse de Xm qui s'effondra à genoux sur le sol.
La jeune femme hoqueta un moment, hébétée, arc-boutée sur ses mains et ses genoux, comme si elle refusait de vomir le sanglot qui lui serrait les côtes. Elle finit, encore haletante, par réussir à se remettre debout.
Elle trébucha jusqu'au lit, sur lequel elle récupéra, presque sans les regarder, les pauvres vêtements que Rudolf avait laissés derrière lui.
Une chemise, rapiécée de toutes parts, qu'elle fit passer pardessus ses épaules encore secouées de frissons nerveux et dont elle huma, les yeux fermés, la douce odeur, presque imperceptible, de la peau de celui qui l'avait portée.
Elle enfila les braies, bien trop grandes et qui tombaient sur ses hanches minces, et dont elle noua maladroitement les aiguillettes des ses doigts encore tremblants.
Ainsi revêtue des oripeaux de son homme, elle jeta un coup d’œil autour de la pièce, rendue plus vide encore par la lumière crue qui se déversait par les fenêtres que Caël avait laissées ouvertes. Elle prit une grande respiration. Il ne restait rien ici. Le retour de Rudolf était une illusion.
Quelque douloureuse qu'ait pu être la confrontation avec Power et Caël un instant plus tôt, elle avait au moins eu le mérite de lui en faire prendre conscience.
Rudolf était sans doute mort.

Il était grand temps de faire face à cette réalité et de recommencer à penser aux vivants.
D'abord Gianni, avait qui elle avait perdu tout contact depuis qu'elle avait quitté Genève et puis Ogier, Ogier son fils bien aimé... où qu'il soit.
Sa décision était prise. Elle rentrait chez elle.

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