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[RP] Quelle idée d'aller se faire cloitrer...

Sorianne
La petite brune avait ENFIN trouvé où se situait le couvent. Brosse en main, et à long gestes précis, elle démêlait sa tignasse sombre. Autant bien présenter pour aller trouver les sœurs. Houppelande simple, grise avec une petite touche d'écru, et des bottes qu'elle avait passé du temps à nettoyer. Les cheveux furent remonter en un sage chignon sur la nuque, et châle et manteau chaud vinrent compléter le tout. Un petit pain fut avalé en vitesse, et la So finit par sortir pour affronter le froid... Et les bigotes.

Des lustres qu'elle était à Montauban et qu'elle n'avait pas vu l'ombre d'une fourmi ou d'un colosse. Dire qu'elle était là exprès... Cette fois, rien ne l'empêcherait d'aller rendre visite au couvent, pas même la neige qui recouvrait les rues. Les mains dans les manches qui se rejoignaient sur son ventre, au chaud, le nez enfoui dans le col qu'elle portait haut, la jeune femme se mit en route, ne sachant trop combien de temps lui prendrait la route.

La neige craquait à chaque pas, le sol était un brin glissant, aussi la petite brune prit soin de faire attention où elle posait les pattes. Pas envie de se rétamer une nouvelle fois. A chaque coin de rue, elle guettait les gens présents. Peut-être Col apparaitrait-il au détour d'une ruelle? Et le beau chirurgien, où était-il parti? Continuait-il d'aller rendre visite à la Fourmi dans son trou? Un piquage de fard alors qu'une légère pause fut marquée, et c'était reparti, un peu de chaleur au corps en plus.

Il ne lui fallut pas autant de temps que prévu pour qu'elle arrive à destination en fin de compte, et c'est timidement que la noiraude leva le museau pour observer la bâtisse. Deux fois elle était entrée dans un couvent. Deux fois parce qu'elle s'était retrouvée malade. La chique coupée, la So hésita en observant le heurtoir. Y aller? Ne pas y aller? ... Un regard autour d'elle, dans la plaine blanchie... Manquerait plus qu'elle s'y retrouve cloitrée à son tour... T'as intérêt à être la Fourmi... Et la main fine sortie de la manche où elle était bien au chaud, pour aller se saisir de la pièce de fonte. Deux coups se mirent à résonner dans le silence pesant. Plus qu'à attendre le bon vouloir des sœurs...

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'ci Crok =)
--La_mere_superieure..
L’hiver et ses premières rigueurs amenait quotidiennement son lot d’âmes en peine. La mère supérieure ne s’y trompait pas pourtant. La plupart ne venait pas pour trouver le repos de l’âme ou le salut dans la prière. Le repas quotidien et l’assurance d’un toit sur la tête, voilà ce qui remplissait son couvent. Mais l’hospitalité et la charité aristotélicienne ne se discutaient pas. Qu’elles qu’en soient les raisons.

Aucune question n’était posée à l’entrée. Pas même celle de la confession des arrivants. Rien n’était imposé non plus, aucun rite. Seules les règles de bienséance et de vie en communauté dans le respect des autres prévalaient.

Dans sa longue robe d’épouse de Deos, elle déambulait, posant un regard le plus souvent neutre sur ses pensionnaires, veillant à ce que tout se déroule dans le calme qui convient à une communauté malgré tout religieuse. De courtes journées rythmées par les prières et les offices, le soin aux quelques malades, voir à quelque engrossée venue trouver refuge pour éviter les regards. Ainsi passaient les jours et les nuits au sein de son établissement.

En ce milieu de journée relativement ensoleillé, le heurtoir de l’entrée principal résonna. Amusant comme elle pouvait reconnaître chaque son de sa maison. Aucun fournisseur ne s’annonçait à cette porte là. Uniquement les futurs pensionnaires…

Le lucarnon de la lourde porte fut ouvert, en premier lieu. Malgré la relative tranquillité, il valait toujours mieux s’assurer de n’ouvrir pas à une horde de sauvages venus piller et massacrer les occupants.
Un coup d’œil rapide passa rapidement en examen la jeune femme qui se présentait là, avant de glisser alentour, cherchant d’autres formes. Rien. Lucarnon refermé, et la lourde clef pendue à sa ceinture vint se glisser dans la serrure, pour faire résonner ses tours dans le silence. L’huis s’entrouvrit alors sur son visage sans âge et presque affectueusement elle demanda.


C’est pourquoi ma petite ?
Sorianne
"Bon sang y fait froid."

C'était presque la seule chose à laquelle pensait la noiraude qui détonnait sacrément sur le fond blanc du paysage. Les pommettes rougies à cause de la température peu clémente, elle trépignait sur place, de temps à autre, dans l'espoir de se réchauffer un peu. Avant de souffler et de faire mumuse avec les volutes de vapeur produites et qui s'envolaient en de jolies formes. On s'occupe comme on peut hein! Toujours était-il que le bruit sec du volet de la lucarne, la fit se reconcentrer sur le pourquoi de sa venue. Mais être prise louchant sur la fumée soufflée, bouche ronde pour essayer de faire diverses formes, c'était pas vraiment des plus glorieux.

Joues un peu plus rouges, quelque peu gênée, la So fit un large sourire au moment même où le volet se referma. Pas de chance. Nouveau trépignement, il lui tardait de se mettre à couvert... Du moins au chaud... Près d'une immense cheminée où couvait un bon feu. Pourquoi, elle ne le savait pas, mais elle baissa le nez alors qu'elle entendait les gonds de la lourde porte tourner sur eux même. C'est là qu'elle vit le bas de ses jupes dans un drôle d'état. La neige accrochée aux tissus faisaient d'étranges grappes de petites boules... Bigre, ça allait payé si elle entrait... Du coup elle attira le tissu, ne pouvant trop se baisser pour se faire, et essaya de décrocher les boulettes qui tenaient bon, les sagouines.Et la jeune femme laissa tout tomber quand la Sœur apparut devant elle. Les mains rougies par la neige furent rapidement mises dans son dos, et la petite brune salua humblement avant de commencer, soudain intimidée.


Bonjour Ma Mère... Petit trépignement sur place alors que ses mains finirent par se rejoindre au creux de ses manches. Je m'appelle Sorianne... Hum... Pensez vous qu'il est possible de visiter vos pensionnaires?

Si un homme ne pouvait entrer, une femme passerait sans doutes... A moins que le couvent soit fermé aux visiteurs? Vite vite, il fallait amadouer, c'est qu'elle voulait rentrer, pas venue se perdre au fin fond de la Guyenne pour des prunes. Et du coup, un grand sourire empli d'innocence -non feinte, c'est un ange, mauvaises langues- vint s'afficher sur le museau de la brunette.
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'ci Crok =)
--La_mere_superieure..
Le visage serein qui convient à son âge et à son statut, la mère supérieure se fend d’un sourire discret en voyant la jeune femme hésiter presque à répondre ainsi que les gestes maladroitement esquissés à la va vite pour rectifier sa mise. Comme si cela pouvait avoir la moindre importance en ces lieux.
La réponse que la brunette lui fait par contre, la laisse légèrement plus perplexe. D’ordinaire, on lui disait chercher refuge. Le sourcil légèrement en hausse, la mère supérieure s’interroge en continuant de scruter le visage de Sorianne.

Visiter les pensionnaires, comme le font ces nobliotes qui traversent en courant presque les couloirs des léproseries et autres établissements du genre, avant de lâcher une bourse à la sortie pour pouvoir prétendre avoir œuvré pour les malheureux ?
Visiter les pensionnaires comme si c’étaient des animaux, exposés contre deux piécettes au regard des badauds un jour de grande foire ?
Ou peut-être les visiter pour s’enquérir de leur foi, de leurs âmes, de leur motivation à se tenir là hors du monde ?

Le regard sonde et cherche encore, jusqu’à ce qu’une bourrasque ne vienne lui rappeler en projection poudreuse les rigueurs de l’hiver.


Entrez donc avant de nous faire attraper la mort… Et expliquez moi plus avant votre requête.

On peut être épouse du divin et vouloir s’éviter les engelures et les mauvaises toux.
Sorianne
Glacée jusqu'à l'os à cause de ce maudit vent qui sifflait autour, la So ne se fit pas prier pour entrer se réchauffer. Avant de réaliser et de se retourner pour faire face à la porte maintenant close. Mince. Elle, dans un couvent... Elle ne put s'empêcher de faire une légère moue. Oh non, pas inquiète, elle savait bien que les sœurs ne l'enfermeraient pas contre son gré, juste qu'elle n'avait pas l'habitude d'y venir.

Bon. Au moins elle avait passé le cap supérieur à celui franchi par le chirurgien! Elle, elle était entrée!! Et cela la réjouit. Elle pourrait même s'en vanter si jamais elle le revoyait un jour. (elle était un peu, mais vraiment un peu rancunière). La petite brune tapa des pattes pour se débarrasser de la neige encombrante, et finit par en venir à ce qui l'amenait là. Elle n'avait pas manqué remarquer le regard perplexe et sondeur que lui avait lancé la Mère, aussi quand elle lui posa la question, la noiraude s'empressa de répondre.


En fait on m'a dit qu'une femme de mes connaissances se trouvait ici... Et n'ayant pas du tout de nouvelles et étant à Montauban pour la revoir, entre autre, j'ai fini par me décider à passer...

Une main dans les cheveux pour arranger cette mèche folle qui avait la fâcheuse tendance à lui boucher la vue, une petite pause le temps de profiter du fait que le vent ne soufflait pas ici, de regarder avec curiosité ce qu'il y avait plus loin derrière son hôte, et la brune de reprendre.

Elle s'appelle...

Ah bah non... Elle ne devait sûrement pas s'appeler comme ça... Mais vu qu'elle n'avait aucune idée du vrai nom... Han pourvu qu'elle se soit présentée comme ça en arrivant ici! Pourvu que les encouventée donnent leur nom au moins... Hum... Un petit regard en l'air, petite demande de clémence, l'était pas venue ici pour des prunes...

Elle se présente comme étant Fourmi. Je n'ai pas son vrai nom... Si elle en a un...

Peut-être que la description serait plus parlante? Elle s'empressa donc d'en rajouter une sommaire.

Une femme haute comme moi, fine, des cheveux sombres et en bure.

Oui, voilà... Surtout la bure, c'était forcément LE point qui ferait qu'elle saurait.
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'ci Crok =)
--La_mere_superieure..
La lourde porte est refermée dans un grincement sinistre. Et tandis que la brunette démarre ses explications, la mère supérieure songe qu’il faut qu’elle pense à donner les ordres qui s’imposent. A savoir huiler ces fichus gonds. Pourtant les mots de Sorianne font écho à son oreille.

… j'ai fini par me décider à passer...

Amusant…. Comme si cela demandait… un effort ? Mais soit !

Diantre ! Quelle triste réputation doivent avoir les couvents pour que les gens semblent à se point se faire violence pour en pousser la porte…

La suite rend la mère supérieure de plus en plus songeuse tout en marchant, du pas lent et silencieux qui convient à l’enceinte sacrée. C’était la seconde personne à se présenter pour voir cette pensionnaire particulière. Et la première avait été renvoyée sur la demande expresse de la jeune cloitrée.


Elle est…

Une moue légèrement ennuyée prend forme sur le visage sans âge de la mère supérieure. Comment trouver les mots ? Comment dire qu’elle avait du se résoudre à l’isoler loin des cellules des autres jeunes femmes qui n’en pouvaient plus de l’entendre se réveiller en hurlant ? Qu’elle prenait ses maigres repas dans sa cellule parce que son visage blême et les cernes bleutées sous ses grands yeux effrayaient les pensionnaires.
Sans parler des conditions dans lesquelles elle était arrivée au couvent qui avaient d’emblée attisé rumeurs de toutes sortes parmi les pensionnaires.


Vous la connaissez bien ? Fourmi…

Elle avait vu les lettres de cachet frappées du sceau de l’ancien primat. Comme la bure dont lui parlait à présent la brunette. Beaucoup s’en seraient vantés. Elle s’était contentée de lui présenter et n’en avait plus jamais reparlé. A dire vrai, elle parlait peu, se tenant sur la réserve.

Taciturne et…

La mère supérieure s’interrompt un instant, concentrée pour trouver quelque adjectif à même de définir au mieux la Fourmi. Ce qui la marquait le plus à chacune de leur rencontre, c’était la douceur de son regard et la douleur qu’elle cherchait à dissimuler dès qu’elle se pensait à l’abri des regards.

… marquée.

Quant à savoir par quoi, si l’on pouvait spéculer des heures durant, il restait difficile d’arriver à la vérité sans avoir la moindre information.
Sorianne
Mais que faisait-elle donc là? Lui vint l'idée qu'elle n'arriverait plus à repartir... Pas pour rien qu'elle avait passé une bonne partie de sa vie loin des couvents. N'y enfermait-on pas les jeunes femmes... Filles de bonne famille? Oh la brune ne savait pas ce qu'elles y faisaient et c'était sans doutes cela qui la gênait. Toujours était-il qu'elle aurait aimé ne pas quitter la porte des yeux à défaut de ne pas rester près d'elle. Mais non... La petite jeune femme emboita le pas de la Mère Supérieure et suivit son rythme, lent et reposant pour sa pauvre hanche abîmée.

Toujours sous l'effet du froid qui soufflait au dehors, la noiraude soufflait doucement dans ses mains dans l'espoir de les réchauffer un peu plus vite, tout en observant discrètement la femme qu'elle accompagnait. Elle semblait perplexe? Non ce n'était pas cela qu'elle lisait sur son visage... Quoi que... Le mot lui échappait, mais il lui semblait bien connaître cet état qu'elle aurait traduit en une petite moue sur le visage... Moue qui ne tarda pas à arriver et qui fit hausser légèrement le sourcil de la So. Et un léger rougissement de pommettes.


Non... Je ne la connais pas bien. J'ai fais sa connaissance il y a peu de temps à vrai dire... Mais j'aurai aimé la connaitre davantage, mais elle est venue ici, donc je n'ai pas pu...

Vrai qu'elle ne savait pas grand chose de la Fourmi... Si ce n'était euh.. Rien... Mais elle ne savait trop pourquoi, elle avait envie d'en savoir plus. Oh ce n'était pas de la curiosité, surtout pas de la mal placée. Elle avait cette petite chose qui attirait Sorianne, chez les gens. Quoi donc... Si seulement elle le savait! Même si la cloitrée n'était pas des plus causantes, contrairement à elle, elle se sentait à l'aise. Voilà, c'était peut-être ça la chose qui l'attirait. Elle était à l'aise avec elle, comme avec les mercenaires qui l'accompagnaient. Chose devenue rare avec le temps passant.

La Soeur semblait songeuse en cherchant des mots capables de définir son hôte, et si elle trouva des mots à mettre sur cette dernière, la So en aurait été incapable, à sa grande honte... A dire vrai, elles ne s'étaient vraiment pas vu énormément. Sur la route, elle passait plus son temps à chahuter un borgne qu'à parler, les tavernes, elle essayait d'y retourner sans pour autant se forcer trop la main... Mais le visage de la petite brune s'assombrit un peu en entendant la vieille femme. Elle ne voulait pas chercher. Il était des choses qui ne la regardait pas et la noiraude ne demandait pas à ce que l'on se confie à elle. Si cela devait se faire, elle ne comptait pas sur le fait d'avoir insister, cela devait venir tout seul.


Je ne lui ai rien demandé... Je ne pourrai pas éclairer votre lanterne... A elle de raconter si cela lui chante, même si parfois on aimerait pour pouvoir l'aider...

Oh oui, elle savait bien ce que c'était d'avoir quelques secrets pas tout roses dans sa tête, et demander à se confier ne faisait que refermer l'huitre qu'elle devenait quand les sujets à éviter étaient entamés. Un léger soupire de la petite brune et elle se tourna de nouveau vers la Mère Supérieure.

Vous pensez qu'elle voudra bien me voir? Et comment va-t-elle malgré qu'elle vous semble... "Marquée"?
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'ci Crok =)
--La_mere_superieure..
Le silence de l’enceinte religieuse est à peine perturbé par l’écho de la claudication légère de Sorianne. Au fil des longs couloirs de pierre qui s’enchainent, tout juste quelques silhouettes croisées, affairées, effacées presque absentes.

La mère supérieure reste songeuse. Si elle s’étonne que l’on puisse vouloir visiter quelqu’un que finalement l’on ne connait que bien peu, elle n’en montre rien. A chacun ses raisons de faire les choses. Il ne lui appartenait pas de juger. Au mieux, elle offrait une oreille, parfois une épaule aux jeunes filles perdues qui échouaient entre ces murs, dispensait conseil et amour au travers de sa foi.


Nous verrons bien…

Les mots s’échappent presque au travers de sa pensée, faisant écho à l’interrogation de la brunette. Fourmi accepterait-elle de la voir ? Ou tout simplement la mère supérieure la mettrait-elle devant le fait accompli, profitant de l’une des particularités de la jeune femme.

Résignée… triste aussi lorsque l’on a pris l’habitude de ses traits… mais à la fois sereine… Je ne saurais trop vous dire…

Si elles n’avaient abordé ni les raisons de sa présence, ni le mal qui semblait la tenir, elles avaient échangé sur la chose théologique. Ce qui avait d’autant plus motivé la mère supérieure pour la tenir à l’écart des autres pensionnaires. Son discours étant par trop troublant.
Elle préfère donc poursuivre sur un sujet plus neutre.


Elle était mourante lorsque nous l’avons trouvée devant la porte. Et elle ne semble pas savoir comment elle est arrivée ici…

Chaque pas les a rapprochées un peu plus de la cellule de la Fourmi. Le côté du bâtiment est presque désert. D’ordinaire, personne n’y réside, l’endroit nécessitant quelques travaux. Mais jamais elle ne s’était plainte. Le sinistre et la froideur ne semblaient pas l’atteindre.

La mère supérieure s’arrête, avisant du regard la porte ouverte. La porte toujours ouverte, sauf la nuit où elle était poussée mais jamais verrouillée.


Fourmi… Il y a quelqu’un pour vous…

Non, elle n’avait pas prévenu. Oui, elle lui imposait d’affronter les gens de l’extérieur.
Un léger sourire d’encouragement à l’attention de Sorianne qu’elle jette dans la fosse…
Sorianne
Austère. Voilà c'était le mot qu'elle n'arrivait pas à trouvé. Le couvent était austère et sinistre. Pour la So qui était d'un naturel enjoué et limite frivole sans y être, il était inconcevable de réussir à s'épanouir dans un lieu tel que celui là. Comment faisaient donc les femmes qui s'y trouvaient cloitrées?! Elle passerait son temps à se morfondre. Un regard fut coulé en direction de la Mère supérieure, respect accru.

Un pincement de lèvre vint ponctuer la phrase dite par la Soeur. Mourante... Qu'avait-il bien pu se passer...? La dernière fois qu'elle l'avait vu, elle était sur la table, à être soignée par un chirurgien des plus doué au vue des marques qu'il lui avait laissé et qui se voyait peu, même si présentes.

Son hôte se stoppa, surprenant la brunette qui pensait continuer l'avancée jusqu'à un coin un peu plus peuplé, mais non. Quelque peu inquiète, la So regarda, l'air de rien, tout autour d'elle, afin de trouver une échappatoire si besoin. Jusqu'à ce qu'elle entende son accompagnatrice parler. Rougissante, se demandant comment serait prit sa visite et songeant d'ores et déjà à rebrousser chemin pour ne pas avoir à justifier sa venue, chose qu'elle aurait bien été en peine de faire, la noiraude attendit patiemment, sage dans son bout de cloître.

Le sourire offert ne lui fut pas d'un grand secours, mais elle prit sur elle et finit par se lancer, hésitante, mais essayant de conserver une façade souriante. Si elle se faisait mettre dehors, eh bien... Rhaaa advienne que pourra. Sorianne longea la Mère supérieure qui lui laissait le passage pour la cellule aussi austère que le reste du bâtiment, et fit juste un pas, sans pour autant entrer, en direction de la Fourmi au teint pâle. La petite brune essaya de ne pas se montrer inquiète et finit par pénétrer d'un pas la petite pièce.


Alors Fourmi, tu as su que je venais vous voir et tu as décidé de te cacher pour ne pas que je te trouve c'est ça?

Le sourire s'élargit, histoire qu'elle ne prenne pas cela comme un reproche inexistant, et la jeune femme fouilla la besace qui lui pendait au côté, en extirpant quelques pommes, avant de les tendre devant elle, fière au possible.

J'ai pensé à toi regarde, on ne sait jamais s'ils ne vous nourrissent que de gruau!

Non, elle ne préciserait pas qu'elle avait été aux rapines avant de venir. Cela ne se faisait pas dans un couvent...

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'ci Crok =)
Cymoril
Seule la lumière de ce soleil hivernal hésitant filtre dans la cellule spartiate. Assise sur la couche, le visage tourné vers la minuscule fenêtre sur l’extérieur, le regard dans le vague du gris du ciel, la cloîtrée s’est perdue dans ses pensées depuis que le faucon est sorti de son champ de vision. Machinalement ses doigts fins continuent de caresser la fourrure de Faust qui ronronne sur ses genoux.

Hawk… Faust… la ramenaient à ce qu’elle avait définitivement perdu. A ceux qu’elle avait perdu. De la gazelle à la jouvencelle la liste était si longue. Trop longue.

La mort hantait. Les morts la hantaient constamment. Elle entendait leurs voix dans le silence, qui l’appelaient à venir les rejoindre. Si douces voix, comme la tendre et triste mélopée des engoulevents quand vient le soir. Ne plus avoir mal. Ne plus endurer cette lutte constante contre la douleur lancinante que les simples du carré de la sœur herboriste n’arrivent pas à calmer. Lâcher prise. Pour de bon…

Jennsen, la première, âme sœur de galère, morte d’avoir trop aimé un foutu Doc, lui avait laissé ce fichu faucon baptisé à l’armagnac et une première blessure au cœur.
Amolaric, chasseur émérite de sanglier.. A moins que ce ne fut l’inverse, la mémoire peut jouer des tours quand il s’agit de partie de chasse et de mensonges inventés pour sauver l’honneur d’un ami pris en fâcheuse position, accroché aux branches d’un arbre sous la menace d’une énorme bestiole destinée à l’origine à finir dans la marmite…
Le Desfontaines, jouteur de taverne hors pair, Lion du Périgord et cobaye précurseur de sa technique pour repousser les queutards en tous genres, avait été le seul et unique à déclarer aimer ses torgnoles. Elle avait même conservé précieusement le courrier pour preuve.
Neils, le petit écuyer… ou les premiers émois ; Mort par sa faute et surtout par le bras armé de la Guyenne… sur les ordres d’une sombre crétine incapable d’assumer ses échecs.
Mittys, son quasi frère, dont elle était la seule à connaître l’emplacement de la tombe pour l’avoir creusée de ses mains et qui avait fait d’elle son héritière, pour tout ce qui les liait par delà l’éternité froide de la mort.
Ardath, la pieuse, la très croyante, dont le caractère revêche n’avait d’égal que la sale trogne de son Infortune de canasson.
Liamchaa, le sombre, sa bonne humeur, dont le lancer de Châtaigne au grand Tournoi de Genève avait marqué les esprits, tombé pour avoir suivi un Carmin au Berry.
Ness, la Grande Vilaine, morte sans doute d’avoir sombré trop profondément dans sa folie rageuse contre tout ce qui était différent d’elle.
Constant, un maître parmi ses maîtres, orateur hors pair, instructeur musical de génie et dont les tympans étaient capables de supporter l’Innommable, et qui ne lui avait pas tenu rigueur d’un message dont elle avait été le porteur… Bien qu’une gifle en public le jour de sa nomination en tant qu’archidiacre n’ait pas forcément été ce qu’il espérait comme plébiscite.
Harlem, femme enfant au fonctionnement curieux, esprit pragmatique et calculateur que rien ne semblait pouvoir affecter - exception faite de son Ysengrin de frère-, et avec laquelle elle avait partagé un rêve, un foyer, et dont la disparition resterait à jamais un mystère.
Odoacre, autre maître, connu du grand public pour ses excès et positions controversées sur l’aristotélisme romain, la consomption de l’humain qu’il voulait instaurer en rite sacré, et qui avait fait d’elle son capitaine d’apparat ; plus grande honte de sa vie de Fourmi soit dit en passant.
Eilith, Châtaigne, Quasi Dame, Quasi Sœur, peu importait le nom qu’elle lui donnerait. Gentille fille juchée sur un Gali, parce qu’il fallait qu’un poney de course fasse partie de la bande, celui qui chargeait tout seul sur les armées avant même que la charge ne soit lancée. Eilith et son art de dégager les routes en jouant de l’Innommable justement. Eilith qui avait révolutionné l’art culinaire en massacrant, pardon mitonnant un lapin à la hache. Eilith qu’elle avait senti mourir en dépit de la distance, et le trou béant laissé par son absence.
Même Cérénia, la bohémienne qui tenait absolument à faire d’elle une femme, avait fini par s’éteindre quelque part en chemin.
Simone achevait la liste de tous ceux qui l’avaient connue quand elle était capable de rire de tout et de rien. Elle avait cru l’avoir sauvée pourtant. L’opération s’était bien déroulée, la cruelle jouvencelle aurait du se remettre. Etait ce le visiteur débarqué juste après qui était responsable ? Ou bien n’était elle finalement pas compétente même en chirurgie ?

Il n’en restait quasiment plus de ceux qui avaient connus Cym. Même son Prince, qui avait façonné la Fourmi, n’était plus depuis longtemps. Chacun d’entre eux, à parts inégales, avait emporté dans la mort une partie d’elle. De sa capacité à rire et à aimer.

Que restait-il à présent sous le masque confortable de la Fourmi, sous cette illusion de légèreté idiote qu’elle offrait le plus souvent ? Elle avait essayé de continuer, mais c’était à présent si difficile ;

Chaque nouveau jour qui se levait était d’une obscurité suffocante pour elle.
Elle y avait sincèrement cru l’année précédente, qu’elle arriverait à nouveau à bâtir quelque chose. Pauvre petite idiote rêveuse qui avait tenté d’effacer les horreurs qui avaient jalonné son existence par la seule chose qu’elle savait faire. Mais comme tout le reste, force était de constater que ce château de sable s’était effondré à son tour. Comme tout les autres.

Comment avait elle bien pu se leurrer elle-même à ce point ? Si petite, si fragile, si inutile et impuissante. Si son associé avait été le seul à déjouer la Fourmi pour aller la chercher elle en dessous, comment ne pas comprendre qu’après tout ce temps il ait fini par se lasser de sa stupide fragilité…

L’épisode Eglantine et ses conséquences désastreuses n’était sans aucun doute que la partie émergente de l’iceberg. Elle ne pouvait pas lui imposer sans cesse sa pathétique capacité à se foutre dans un merdier sans nom, sans même le faire exprès. Après tout, en se tenant à l’écart, elle ne faisait que respecter la parole donnée. Elle ne tomberait pas dans leurs mains.

Mais le silence était la pire des choses. Comme un désaveu criant. Avait elle été trop loin lorsqu’elle voulait le pousser à redevenir le Diablo qu’elle avait connu dévastant Labrit, parce qu’elle le voulait aussi grand, fort et implacable meneur qu’elle savait qu’il pouvait être ou l’avait elle tout simplement déçu…

C’est qu’il s’en passe des choses dans cette petite tête, dans le silence de cette cellule grise et froide où règne un ordre spartiate. Il suffirait qu’elle en sorte un instant pour qu’on la pense inoccupée. Ses précieux livres, remisés. Sa garde robe, dans la malle scellée.

Le ronronnement du chat s’interrompt soudain, lorsque la mère supérieure et Sorianne s’avancent. La main se fige dans le pelage puis libère l’animal qu’elle regarde s’enfuir par la porte. Libre d’aller où il veut, de la même façon qu’elle libèrera le faucon bientôt. Une longue inspiration est prise, les yeux à demi clos puis le minois recomposé du masque fourmiesque se tourne enfin vers So, paré d’un sourire léger, l’invitant à entrer d’un geste de la main alors que la seconde reste posée sur le cuir protecteur de l’Aubade.

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Sorianne
A peine avait-elle exprimé sa pensée à haute voix, qu'elle se pinça les lèvres en jetant inquiet en direction de la Mère Supérieure, qui ne pouvait avoir manqué l'excuse offerte pour les pommes. La petite brune allait finir par se retrouver enfermée pour apprendre la vie dans un couvent si ça continuait. Les pommes revenues contre elle, la So remarqua l'invitation à entrer de Cymoril et ne se fit pas prier, n'oubliant pas de repousser la porte après un petit salut et un léger merci timide à leur hôte.

Adossée contre le panneau, la noiraude en profita pour souffler juste l'espace d'un instant et un large sourire se dessina sur son visage rougit par le froid.


Comment vas-tu Fourmi?? Tu es remise de tes blessures?

Pas oublié que la dernière fois qu'elle l'avait vu, la Fourmi était allongée sous une tente, à se remettre difficilement d'une attaque subie, soignée par un chirurgien des meilleurs, et ses pauvres petites mains incompétentes dans ce genre de situation. Rien qu'à penser au médecin, la jeune femme s'empourpra, et effaça directement la chose en s'approchant doucement tout en tendant ses quelques maigres fruits.

C'est tout ce qu'il y avait, d'autres ont déjà dû se servir, suis arrivée trop tard.

Pas trop proche pour ne pas la mettre mal à l'aise, pas trop loin pour ne pas donner l'impression de fuir, juste ce qu'il fallait, attendant une invitation qui viendrait ou non, à voir.

Tu sais que tu es dure à trouver? J'ai dû hum... Maltraiter un chirurgien Maure pour qu'il me dise où tu te cachais.

Nouveau grand sourire, ça c'était de la maltraitance, pour sûr! Si elle savait... Non non, So ne dirait rien.
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'ci Crok =)
Cymoril
Elle suit d’un regard presque amusé les déplacements timides de Sorianne. Sourire léger accroché en façade alors qu’elle élude d’une longue inspiration les élancements qui martèlent son crâne, alors que ses yeux trainent un court instant sur la porte qui a vu disparaitre la mère supérieure…
Et la voilà forcée d’abdiquer devant cette porte close. En silence. Elle qui n’a jamais eu ce réflexe de fermer les portes… au grand dam des rares qui avaient partagé son quotidien.
Une seconde fois, la main se tend pour indiquer cette fois un siège…


Assoyez-vous… Je vous en prie.

Fourmi peut-être… mais néanmoins polie. Presque hésitante alors qu’elle entreprend un début de réponse.

Je… je n’ai pas eu l’occasion de… La pause, s’impose. Courte mais circonstanciée. Mentir peut-être... puisqu’il le faut… Mentir alors… Je n’avais pas eu l’occasion de vous remercier… en Anjou… Alors que la seule pensée qui lui vienne, criant, hurlant à lui vriller les tympans, est qu’il eut sans doute mieux valu qu’elle la laisse sur ce foutu champ de bataille. Elle force même le sourire pour accompagner son discret Merci…

Un sourcil surpris se hausse pourtant… Dure à trouver ? Comme une nonne au couvent pourtant… Et encore aurait-il fallu savoir que quelqu’un la chercherait. Son associé, lui, savait les endroits où elle avait à cœur de trouver refuge.

Je suis là.

Dans le genre taciturne ascendant muette. Pas qu’elle n’apprécie Sorianne. Simplement, elle trouve curieux qu’elle se soit donnée du mal pour la trouver.

Que… puis-je pour vous ?

Parce qu’ils veulent toujours quelque chose au final. Il suffit de trouver quoi et tout s’éclaircit ensuite. Ou pas. Tout n’est qu’une question de point de vue.

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Sorianne
Finalement les fruits finissent posés sur l'un des rares meubles qui encombrent si peu la cellule. Forcément il en fallait bien un qui décide de se faire la malle, et ce n'est qu'après avoir retrouvé le fuyard que la jeune femme se permis de se poser au moins pour un instant sur la chaise désignée, tout en écoutant le discours fourmiesque... Qu'elle éluda d'un geste de la main.

La So n'avait pas manqué remarquer que Fourmi était repassée du Tu au Vous, et cela la fit sourire. Têtue, elle ne lâcherait jamais le morceau, on ne lui donnerait pas du "vous" à longueur de temps. Et elle était patiente! Décidant de faire fi du peu de paroles que son hôte obligée lui adressait, elle décida de prendre les choses en main. Elle parlait pour quatre de toutes manières. Combien en avaient vu leurs mâchoires tomber? Tss.


Déjà pour l'Anjou, c'est à oublier. C'est fait, c'est fait, et nul besoin de remerciement. Ta monture s'en ai déjà chargé en me gniaquant le derrière quand je suis sortie de la tente du médicastre.... J'avais oublié de l'attacher...

Oué, ça elle ne l'avait pas dit, ce n'était pas tous les jours qu'on se faisait mordre par un canasson de la pire espèce. Sale bête. Elle qui ne les approchait plus avait déjà dû laisser de côté son appréhension... Sans même s'en rendre compte. En même temps... La noiraude était sortie toute perturbée de là dessous, et n'avait pas vu la bête juste auprès d'elle. Ceci expliquait peut-être cela aussi.

Et j'ai vu que tu étais là. Ah! Et... Moi je suis juste moi, je ne suis pas plusieurs, je ne suis pas une grande Dame, je suis juste So, qu'on peut tutoyer. Je ne me sens pas l'âme d'une grande bourgeoise... Ou plus.

Ça, elle y tenait. Elle n'aimait pas ce vouvoiement lorsqu'il lui était adressé. Elle même en usait pour causer aux autres, ceux qu'elle ne connaissait pas, même s'ils étaient de condition équivalente, mais sur elle... Nan nan, elle l'avait en horreur.

Et ce que tu peux faire pour moi?

Se redressant un peu dans son siège, les mains sur les genoux, la So réfléchit l'espace d'un instant. Si elle savait pourquoi elle était là, déjà cela pourrait aider... Mais elle était venue comme ça, alors quelle excuse donner...? La brune se pencha pour se saisir d'un des fruits et le coller aux côtés de la Fourmi.

Manger! Tu n'as pas l'air bien en forme!

Ca, c'était fait, quoi d'autre?

Et je suis venue comme ça... Je pensais vous suivre lorsque vous êtes tous partis d'Anjou... Mais on m'en a empêché... Puis les choses ont fait que je me suis retrouvée libérée, j'ai croisé Maleus qui m'a dit que tu étais là avec le géant, et je suis venue.

Grand malheur dans la vie de la brunette : Aucun acte réfléchi. Du moins pas mûri...

Je ne m'attendais pas à arriver en pleine guerre civile entre les Réformés, les Aristotéliciens, les Guyennois et les Toulousains... Ca a mis du temps à se calmer, et je ne vous ai pas trouvé. Pas faute de vous chercher. Par contre j'ai croisé la route de Achim qui m'a dit que tu étais là. Alors...

La So poussa un soupir, accompagné d'une petite moue, nez baissé. Pas entrée dans les détails, mais pas envie non plus de dire qu'elle était seule et qu'elle ne savait pas vraiment où aller... Le peu de temps qu'elle avait passé en compagnie de la Fourmi, du Colosse et de leur groupe, elle l'avait apprécié... Aussi cela avait été tout naturel qu'elle revienne auprès d'eux... Elle releva le museau, la tête légèrement penchée de côté.

Tu vas rester là longtemps? C'est mauvais de rester enfermé. On rumine et tourne et retourne de mauvaises choses au lieu d'en vivre de meilleures...

Parole de quelqu'un qui savait ce qu'elle disait...
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'ci Crok =)
Cymoril
Sourcil qui reste haussé. C’est qu’elle n’est pas ou plus vraiment habituée aux conversations… Et Sorianne n’est pas vraiment en reste. Pour l’une l’habitude de la solitude n’a fait que renforcer son mutisme.. tandis que l’autre semble être un vrai moulin à paroles.
Oh, elle le comprend, très bien même…


Je suis navrée de l’inconduite de cette monture… Savez ce que c’est.. Ces canassons de louage, peu fiables…

Déjà à s’excuser pour les agissements d’un cheval sans nom et oublié depuis longtemps. Pour éluder la question du vouvoiement. Il lui a toujours permis d’instaurer de la distance. Cette fameuse distance qu’elle entendait conserver envers tous. Mettre à bas la distance, c’est se livrer, c’est risquer de souffrir. Et elle n’en avait plus le courage.
Sans doute So s’amuserait elle de savoir que la Fourmi avait mis des mois avant de tutoyer le Colosse… Alors qu’elle donnerait sa vie pour lui sans hésiter une seconde.


Grumpf…. Je n’y peux rien, c’est… comme ça, ça me vient naturellement.

Alors elle se contente d’écouter, plutôt que de risquer d’offusquer sa visiteuse.

Empêchée ? Comment ça ? Racontez…

Ecouter et comprendre, une chose qu’elle sait faire, sans juger. Et même qu’elle essayera de ne pas commenter, ne pas froisser, l’handicapée de la communication.
Comment ça elle a éludé le fruit et tout le reste ? Sans doute… sans doute. Parce que cela n’a pas grand intérêt à ses yeux de parler d’elle-même.

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Sorianne
Mince. En voilà une chose qu’elle n’avait pas prévue… La petite brune resta interdite durant quelques secondes. Raconter… Raconter ses histoires ridicules et sans importance… ? Une main distraite finit par passer dans sa tignasse sombre. Sans importance pour les non concernés… Même si pour elle c’était difficile…

Tu vas t’ennuyer… Ce n’est pas intéressant… Peut-être même que ça va te faire rire…

Oh si cela pouvait réchauffer un peu l’atmosphère, elle pourrait essayer, mais elle n’était pas convaincue pour un sou…Puis après ce que lui avait dit Maleus, elle en aurait presque rougit. Prisonnière… Il n’avait pas forcément tort…

L’homme auquel je suis fiancée est venu me trouver, et ne m’a pas laissé d’autres choix que de le suivre…

Dit comme cela, c’était sans doute bien étrange. Il aurait fallu raconter tout depuis le début, mais cela ne se ferait pas, sauf si vraiment elle insistait. Après tout, se confier pouvait faire du bien.

Il n’a pas compris le fait que je me retrouve en compagnie de vous tous. Il ne l’a pas accepté… Et m’a emmené…

Et voilà le fard piqué. Elle se défendait contre tout, mais était bien faible quand il s’agissait de personnes aimées ou que la tentation était trop forte.

Mais certaines choses ont fait que… Je suis arrivée là, sans lui.

La petite brune était maintenant gênée, mais elle esquissa tout de même un sourire généreux…

Il fallait que je vous dise au moins merci de m’avoir accueilli parmi vous, même si cela n’était que pour un temps bien court… Et je n’avais même pas eu l’occasion de dire au revoir…

Un petit temps de latence, et la jeune femme se releva doucement. Fourmi peu bavarde, elle avait grand peur de l’ennuyer. Sans se départir de son sourire, elle s’approcha un peu.

En tous cas, voilà qui est fait. J’espère te revoir, et que ce soit en meilleure forme que maintenant. Est-ce que tu as un message à donner à un chirurgien qui s’en fait pour toi ? … Est-ce que tu as besoin de quoi que ce soit ?
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'ci Crok =)
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