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Info:
Toujours fous l'un de l'autre mais désormais respectivement mariés à Astaroth da Lua et Clémence de l'Épine, Blanche et Aimbaud restent secrètement liés par missives codées.

[RP-codé] En secret, je suis venue

Blanche_
Citation:
A Monsieur Aimbaud de Josselinière,
Avec mon sincère respect et
Avec mon affection,
Salut.

Tant de choses à dire, et si peu de temps pour le faire... J'aurais aimé énormément de choses, et je
me trouve aujourd'hui bien triste, extrêmement loin de mes enfants, ma chair, mon sang, Ah ! Je
souffre de ne pas les avoir près de moi maintenant... Si vous saviez seulement à quel point vous me
fîtes souffrir avec votre femme en m'invitant loin de Gondomar, de ces amours qui alors m'ont tant
manquez...
Disons que ce fut facile, et je mentirais. Mais l'amour de Clémence m'y a aidée, et j'ai réussi.
C'est souvent une insurmontable souffrance. Il n'est pas de mot pour la décrire. Un foyer ardent d'a-
-pprentissage pour calmer mes émotions et trouver goût à ma situation. Se ranger est difficile.
me voilà, rebelle rangée. C'est vrai que j'étais plus effrontée en cet été, mais je suis toujours dés-
-ormais prête à servir fidèlement et amoureusement mon cher époux. Je suis plus qu'
obéissante en toutes circonstances, en tous lieux, en toute occasion, n'importe laquelle qui me per-
-met de garder mon rang et ma noblesse, ainsi que son affection, comme si à son col je cou-
-drait, avec mon âme... Je vous le promets. C'est même d'ailleurs l'une des plus grandes pro-
-pheties que l'on puisse avouer, j'éprouve pour mon époux l'amour parfait. On fera dire demain une
messe, que je jure sacrée, pour notre union, notre amour. Si ma bouche parlait vite, je dirais que je
vous souhaite à Clémence et à vous, au moins autant d'affection, et qu'ainsi votre femme
vous aime plus que mon mari.
Ne peut-on pas souhaiter autre chose de plus beau ? Des enfants, des petits êtres à partager,
Astaroth souhaite une engeance pour Gondomar, et je serai fort heureuse de tomber enceinte, encore
que la grossesse ne me plaît guère... Transmettez à Clémence mes vœux pour qu'elle porte un enfant
de vous.
Voyons, ai-je oublié quelque chose ? Notre sincère amitié, nos remerciements, nos vœux, notre
Amour...
Surtout rassurez votre femme sur mon amitié, qu'elle ne sois pas inquiète, car, promis, son souvenir
ne me quitte plus.
En suivant sa voix, qu'elle m'avait murmurée à Paris, j'ai changé. J'ai mûri, vieilli, pardonné, et en
plus cette nouvelle force m'aide à devenir adulte, à accepter mes sentiments, à vous oublier dans les
terres de Gondomar et des Isles, à accepter tel qu'il est, pur et simple, le soutien offert par les
bras de Clémence.
Quand je repense à nos crimes, nos erreurs, la Bretagne, cet été, c'était faux. Aussi, de moins en
Moins j'ai envie de ce faste et ces richesses, cette opulence fausse d'amour, ces erreurs d'enfants, et
ces badinages puérils qui ont fait de nous des idiots. Pensez-vous, nous aurions pu compromettre
même le mariage d'avec Astaroth... !
Bénissons Clémence et sa présence d'esprit, heureusement qu'elle a été assez bonne pour dire que
c'était une énorme erreur. Il faut oublier. Et pardonner. Je vous attends, j'attends que vous m'en-
-quérissiez de l'aboutissement parfait de votre mariage, que ce doute de votre bonheur, vous le
leviez.
Très affectueusement, recevez mon ami très cher, l'assurance que Gondomar sera pour
toujours votre. Fidèlement. Simplement. Courageusement.
Astaroth a, voyez-vous, des amitiés qui ne vacillent jamais.

Gwenn,
Marquise de Gondomar, Baronne de Donges, Dame de Valdecorneja.


_________________
Aimbaud
Citation:


    À la marquise de Gondomar,
    Blanche de Walsh Serrant,

    Je suis content des bonnes nouvelles que vous me faites venir d'Espagne. Votre lettre com-
    pense mon ennui en cette période de trêve où il n'est pas de campagnes pour m'occuper.
    Sans bataille et sans occupation, j'attends donc le jour où son altesse Armoria, ô princ-
    cesse de France, daignera vite me rappeler dans les rangs de l'armée qu'elle manoeuvre et
    à laquelle j'appartiens corps et âme. J'ai fait la promesse solennelle à Yolanda Isabel de
    vous passer son bonjour. Elle se porte bien, et fait chaque jour montre de plus de sagesse.

    Je devrai, en tant que frère, tantôt prendre pour elle une décision d'importance car comme
    vous le savez, elle aura dix printemps à la fin de l'année. Assez tôt viendra le temps où l'on
    aime. En somme, il me faut la marier ! La tâche m'est difficile, ce m'est même une corvée
    honnie... Jusqu'à présent je n'avais pas reçu la moindre petite demande en fiançailles qui ne
    soit recevable. Mais récemment l'illustre Pair Actarius d'Euphor a demandé pour son fils
    la main de mon aimée cadette. Une proposition honorable, qui met toutes les autres en dé-
    route et m'interdit de ne pas l'envisager. Peut-être faudra-t'il donc me rendre en Languedoc.
    Qui sait ? Ce Thibert fera peut-être un excellent beau-frère. Et même il se pourrait que nous
    nous entendions à merveille. Tout de même, il faudra bien me faire violence pour que je me
    sépare de cette toute enfant, toute aimée, damoiselle de Molières...

    Il me fait bien plaisir en tous cas, que vous soyez comblée dans vos pénates espagnoles, cela
    me remplit de joie. À ce qu'il semblerait, votre époux est homme de mérite et n'a pas de dé-
    faut. La chose est primordiale qu'il pourvoit à votre bonheur, à votre épanouissement, car
    vous le méritez. Je vous l'avoue, son tempérament espagnol m'a d'abord déplu, mais j'ai du
    revoir mon jugement quant à ses qualités par vous décrites, à la grande noblesse de son nom
    et à sa réputation solide qui fait écho jusqu'en France. Oui, Astaroth da Lua est l'homme qu'il
    vous fallait. Je dois vous exprimer mes plus sincères regrets si j'ai manqué par mes actes de
    faire échouer ce mariage... Mais cette belle union a soufflé nos erreurs comme fétus, et c'est
    encore heureux. J'ai le souhait que votre dévotion envers sa Magnificence votre époux égale
    l'amour que je porte à Clémence.

    Si nous devons nous rencontrer à l'occasion de fêtes ou de tournois ce sera avec enjouement,
    tels des amis sincères, que nous sommes désormais. Évidement, les méprises de la jeunesse
    sont dès lors derrière nous.
    Vos enfants se portent-ils bien ? J'ai cru comprendre que vous aviez fait retirer Johann des
    ordres pour le mener avec vous en Castille. La chose est bonne ainsi, d'après mon avis, car
    je pense qu'un jeune enfant doit vivre auprès de sa mère. L'idée de la religion même ne leur
    traverse pas encore bien l'esprit, à cet âge, aussi le monastère n'est pas encore leur place.
    Demain il sera un homme, et vous verrez que comme ma Yoli-chérie, il sera vite temps de
    le marier... Mais je m'égare. Je parle du futur, quand à cette heure nous ignorons si le
    royaume sera bientôt déchiré par de nouvelles sanglantes batailles... Pour quoi, pour qui,
    pour quel honneur désespéré... Je pose ces questions, mais...
    Trouver une réponse à tout cela m'est impossible. J'attends seulement l'heure du retour de
    la guerre, car je m'y rends utile. Elle m'occupe, elle apporte à mes heures un peu de cette
    chaleur qui fait défaut à une vie trop paisible...
    De vous à moi je ne me plais pas en temps de paix. Mais ces paroles doivent sembler rudes à
    vos oreilles, car je parle de combattre les votres... L'épée va bien en prolongement de mon
    bras, que voulez-vous...

    Écrivez-moi encore si vous le pouvez. Cordialement.

    Aimbaud de Josselinière


Décodé :
"Je pense sans cesse à vous. Je vous aime. Honnie soit la route qui nous sépare. Il me faut vous revoir et vous faire encore l'amour.
Si tels sont vos ordres je traverse demain le royaume pour trouver la chaleur de vos bras."

_________________
Blanche_
Aller et retour...
D'un royaume à un autre, la femme d'Astaroth remplissait les devoirs qu'on lui avait ordonné avec amitié et courage. Amitié, car elle avait commencé à en tisser en Castille, avec quelques unes des plus aimables têtes féminines de la cour, et courage, car il en avait fallu pour revenir en Bretagne et commencer à revoir les têtes d'autrefois, à pardonner leur méfiance, et leur ignorance envers elle.
Elle était revenue dans un climat de perplexe hostilité, avec l'élévation des uns et des autres pour reprendre le trône d'Elfyn, avant qu'elle n'eût entendu parler d'une officielle abdication. Aussi tout de suite elle avait vu que les choses seraient difficiles, et qu'elle n'aurait pas autant de temps que ce qu'elle croyait pour écrire à Aimbaud.

Elle avait repris ses quartiers à Donges, enfin dans sa baronnie, et était principalement installée à Crossac dans ce gros et grand castel de pierre, sous les regards de surveillance des uns et des autres, où il était quasi impossible de correspondre librement avec lui ; ainsi donc, quoique bien loin du marquis, elle était obligée à des subterfuges de codes, à des mensonges, et à quelques trahisons minimes qui auraient pu lui valoir funeste destin... Si on en lisait correctement le contenu.


Matin du 21ème jour de janvier, donc. A Crossac on lui ouvrait les tentures en souriant un Sadorn 21 a viz Genver, et le premier jour où Griet lui fit cette faveur, Blanche crut mourir de joie. Enfin, la Bretagne, le salut, la pause d'avec sa condition d'épouse, et de mère. Elle était plus qu'heureuse, donc, qu'on lui annonce la journée en breton, et pas en espagnol, ni en galicien. Mais ce sentiment ne dura pas longtemps, car à Gondomar son lit était chaud des pieds de son époux, alors qu'à Crossac, il était désespérément vide... Et à Donges, aussi, il avait été chaud fut un temps...
Ces draps-ci sentaient la tristesse et la femme. Elle aurait voulu qu'ils empestent le brun, l'humeur salée, la foutre...
Puisqu'il lui restait du temps, elle congédia ses gens, et entreprit une nouvelle correspondance... scandaleusement illisible.


Citation:
Je, Blanca da Lua, épouse d'Astaroth da Lua, résidant actuellement à Crossac,
vient vous répondre par la présente en vous assurant de notre bonne santé, et
du bon dénouement de notre voyage de retour... J'ai eu très peur, le bateau faisait de
grands mouvements, l'équipage a plusieurs fois été bien affolé, et tout cela continua jusqu'au
pays d'Espagne, où plusieurs délégations étrangères nous ont attendues... Il y avait là des gens
de bien des duchés, j'ai été accueillie avec beaucoup d'amitié, et aussi tout comme
mon Sire, j'ai pu rencontrer une nouvelle fois sa Majesté Carolum. Les rois de mon
enfance n'étaient pas du tout comme celui-là, qui s'est montré très agréable. Même courtois.

Et donc, tout en discutant de choses et d'autres (Astaroth faisait la traduction, car en vérité
je ne parle pas encore très bien le galicien, et le roi Carolum ne parle ni français, ni breton, et
puis la discussion s'éternisant, il m'a présentée au frère de feu sa Majesté Elena Ruth, dont
vous devez forcément vous rappeler puisqu'elle fut amie de feu Béatrice de Castelmaure. Et j'ai
trouvé en cet homme un, je crois, potentiel ami, en tous cas en tous premier lieu il a parié
en mes capacités de traductrice, et il m'a demandé de revenir en France et en Bretagne... Non en
Bourgogne, et j'en ai été très peinée, mais il y avait déjà une personne qui s'en occupait.
Je pense m'y rendre un jour peut être, revoir Clémence, et surtout ma chère Della que je
viens juste de quitter mais qui me manque si fort... Elle est un peu une sœur, nous partageons
cœur et âme, nous avons les mêmes loisirs, les mêmes passe-temps, et être loin l'une de l'autre a
éclaté nos sentiments, déboussolé nos émotions.

Sans elle, je suis toute vide... Vous devez me comprendre, vous qui avez pour Cassian l'amitié de
ma Della. Je suis partie il y a plusieurs semaines, mais étonnamment de toute ma
famille Astaroth est celui qui me manque le plus. Je crois que toute union finit un jour par forcer les
moitiés à s'aimer les unes les autres. Comme j'y suis contrainte par mon serment, en
silence j'aime mon époux, je lui apporte les satisfactions les plus exemplaires... Je fais de ma
moitié l'homme le plus heureux de Castille, et il fait de moi la femme la plus heureuse, la
femme qu'il a présenté à tous ses vassaux, sa compagne, en définitive.
Je suis allée visiter le village de Nantes qu'il m'a offert, et qui est bien loin de celui de Donges qui
dépérit de plus en plus. Il faut avouer, à ma décharge, qu'il est difficile de s'en occuper
sans être sur place... Nantes, donc, tel que je le disais, est une ville fort sympathique et
vous serez étonné d'apprendre qu'en plus de me l'offrir, il m'y fait construire un petit château.
Et quand j'y suis allée, les fondations n'étaient pas encore finies, tout cela ne finira que
quand Johann sera adulte, mais je serai ravie d'offrir à mon fils ce présent à mon tour, s'il
venait à être mon unique héritier.

Le fait qu'Astaroth se soit soucié de moi à ce point a accru mon affection pour lui, et le
soir-même nous nous promettions la fidélité et le soutien notre vie durant selon les rites celtes.
J’avais peur, évidemment, ce sont des rites un peu barbares (ou tout du moins j'ai plutôt la
peur du sang qui finirait par jaillir de ma paume lorsque sa lame s'y glisserait.
Du sang je ne m'en souviens pas du tout, c'est comme si très peu n'avait coulé, mais yeux clos, le
noir autour de moi a accru la douleur, je puis vous dire que ce serment fut douloureux... Souffrance
de cette promesse, de cette chair coupée, mais satisfaction de partager mon sang avec le sien.
Votre ignorance des rites celtes m'impose de vous expliquer. C'est un rituel de mariage. En effet, en
absence d'échange du sang, un mariage n'est pas valide tout à fait, alors j'ai demandé à Astaroth et :
Oh, surprise, il accepta ! Le soir venu, nous nous sommes donné rendez-vous devant sa chambre, et
retrouvés dans ses appartements. Il fut très doux, très patient, et tout cet échange s'est passé tel que
moi je me l'étais imaginé dans mon enfance : beau, simple, idéaliste, mystique.
Et après que nous ayons parlé du rite en lui-même, il a tranché ma main en son centre,
si il eut pu être plus doux qu'un agneau, il l'aurais fait... Il a baisé ma main, m'a dit
« tu » alors qu'il ne l'avait jamais fait avant, l'a coupée puis m'a laissé continuer. Tu veux
veux ? M'a t'il demandé, avec sa voix étrangère qui fait rouler les consonnes, afin d'enfin
savoir si je voulais lui couper la sienne, et définitivement unir nos deux sangs, que le sien
emporte le mien dans son cœur, y soit tracé, marqué, gardé, protégé, et pareil pour
moi, j'ai maintenant dans mon corps son sang qui m'anime...

Si je ferme les yeux, que je me concentre, je peux même sentir ses vibrations, sa voix, ce doux
« tu » à mon oreille... C'est divin ne pensez vous pas ? Je suis très satisfaite en définitive qu'il
m’aime puisqu'il me brandit comme un trophée sur tout son territoire, qu'il me sourit, m'
emmène partout... J'espère que je ne vous ennuie pas à vous en parler autant, mais vous savez,
moi... Lorsque je suis lancée sur ce sujet je ne m'arrête plus du tout, il faut pour que l'on vous
sauve que vous me fassiez taire, que vous brûliez la lettre, que vous m'ordonniez le silence, ou
moi sinon, je continue à vous en parler et vous serez bien navré. Ou peut être que l'on
invente un stratagème pour ôter de mon esprit sa magnificence et sa perfection...

Un soir il faudra que l'on se retrouve tous les quatre, que l'on discute de tout et de rien, sans
mensonge, et que l'on contemple nos mutuelles satisfactions d'être mariés.
Soit chez vous à Nemours, soit chez nous à Gondomar, nous ferons donner un banquet avec des
magiciens, des bardes, des saltimbanques et un menu si délicieux que vous vous en souviendrez.
Je veux revoir Clémence absolument, la serrer dans mes bras, lui parler, lui assurer que je la
suis de loin avec autant d'amitié qu'avant, que je me languis d'elle et de ses conseils, qui sont
pour moi souvent de très atroces manques... Je ne sais plus tellement comme agir sans elle, ou
toi, ou Béatrice, ou toute personne qui avant me disait les choses à faire.

Je veux vous revoir, considérez vous comme invités, et que bientôt l'on se retrouve face à face,
vous et nous, avec quelques poulardes et quelques plats de lentilles à la bonne sauce, que l'on
aime en toutes contrées, et qui remplissent la panse des nobles. Des sauces, du pain, du vin à foison
comme d'habitude, vous rirez entre hommes, et nous femmes en nous retirant dans ma chambre que
je lui indiquerai, nous irons nous parler longuement de tout ce dont nous n'avons pas pu parler, de
vous deux, de votre mariage, de vos vies, des nôtres, et nous serons amies comme avant. J'
aime l'idée que tout soit bien entre nous deux...
Tant Clémence me manque, tant je suis seule, vous recevoir me semble indispensable pour
que je retrouve le sourire. Si vous deviez par la présente répondre par la négative, je serai triste et
j’en perdrai le sommeil. Par pitié, contraignez Clémence à venir, car si elle refusait... J'en
pleurerais.

Blanca da Lua


[Décodé : Je viens du grand pays de mon enfance, et je puis vous trouver en Bourgogne. Je viens cœur éclaté, sans ma famille, moitié silence, moitié femme... Je dépéris sans vous. Et quand venait le soir j'avais peur du noir, de votre absence... Oh ! retrouvez-moi. Et si tu veux savoir, emporte moi... Si tu m'aimes emmène moi, sauve moi... Invente un mensonge, sois magicien... Je suis pour toi.
Je vous aime, comme je vous aime... Tant que j'en pleurerais.]


Paroles adaptées de Marie Laforet.
_________________
Aimbaud
Citation:


    À vous Blanche da Lua, Marquise de Gondomar
    De moi, Aimbaud de Josselinère, Marquis de Nemours,

    Venez en France si vous le voulez, pour ma part, l'idée d'aller jusqu'en Espagne me dit assez
    peu car c'est une contrée bien éloignée où je n'ai jamais mis les pieds. Et quand je voyage il
    m'importe de connaître par coeur la langue des régions que je traverse. Vous imaginez que
    s'il me faut apprendre l'espagnol, ça sans compter que le talent pour les langues me fait dé-
    faut, la visite que ma Clémence et moi-même devons vous rendre ne sera certainement pas
    demain. À dans quelques années, donc ! Je plaisante, bien entendu. Ce serait une grande joie
    que de vous revoir en la cour de France.

    Je ne savais pas que sa Magnificence votre époux autorisait sur ses terres les rites celtiques.
    Vous savez ma répugnance pour ces coutumes, mais ma foi, c'est encore une preuve de l'am-
    pleur de la tolérance d'Astaroth da Lua, et de sa bienveillance envers vous.
    Quand un mari fait montre d'une telle bonté envers sa femme, c'est qu'il l'aime d'amour vrai,
    vous devez en être consciente et lui rendre pareille affection. Vraiment, des rites celtes ! Vous
    m'aurez toujours étonné avec vos coutumes barbares... Mais bon concernant vos hérésies j'ai
    laissé depuis longtemps tomber l'idée de vous en défaire. Je ne sais pourquoi je m'y acharne
    derechef...

    Venez. En france donc. À Paris peut-être. Au Louvre s'il vous dit. Vous y trouverez Clémence.
    Même si elle passe plus de temps en repos à Nemours qu'aux royales festivités de la cour, et
    si elle préfère désormais la tranquilité des occupations de femme mariée... C'est étrange non
    ce syndrome qu'on les femmes à préférer le silence, la broderie et le repos dès que damoiselle
    n'est plus leur titre ! Plus de danse, plus de banquet, plus de copines hystériques ! C'est fou ce
    qu'une bague au doigt peut assagir les jouvencelles... Sacrée Clémence. Il ne se passe pas une
    heure sans qu'elle n'aborde le sujet d'être enceinte... C'est sa nouvelle lubie. Pourtant nous ne
    faisons pas grand cas de l'arrivée d'un héritier dans la famille. Certes cela me procurerait un
    semblant de joie. Mais rien ne presse. Je crains qu'à force de se monter la tête avec ces idées
    de descendance, elle n'en vienne à se tourner les sangs, s'altérer les humeurs, et ne parvenir à
    rien.

    Trouvez s'il vous plait la façon de lui écrire quelque leçon pour la tranquilliser là dessus, car
    moi elle ne m'écoute pas. Si j'ai compris une chose, c'est qu'il est des choses que les femmes,
    en compagnie d'autres femmes, savent seules se dire. Voyez, nous ne sommes pas rustres en
    Bourgogne.

    Je vous écrirai tantôt de Corbigny ou de Decize, car je repars vers ma terre tant aimée où je
    trouverai l'armée d'Armoria et la place qu'on m'y compte. Peut-être y croiserai-je le fer dans
    un combat valeureux, une bataille formidable ! Mais avec cette trêve... Hélas, je n'y crois que
    moyen.

    À tantôt. Cordialement.

    Aimbaud de Josselinière


Décodé :
"Venez. Peu m'importe s'il faut demain que je vous pleure, quand vous m'aurez laissé derechef... Venez. Même si ce n'est qu'une heure. Faisons semblant de rien. Trouvez-moi en Bourgogne. Je trouverai un moyen."

_________________
Blanche_
Citation:
A Aimbaud de Josselinière,
De Blanche de Walsh-Serrant,
Salut.

Mon très cher ami, j'ai reçu aujourd’hui votre lettre et elle m'a ravi : vous êtes en semblant
de bonne forme, vous avez bon ton et bonne figure, et tout cela me contente. J'aime apprendre de
bonnes nouvelles, et savoir votre épouse grosse (ou presque) me plaît. Dites moi si un petit rien
lui ferait plaisir, ou serait à son confort... Peut être une délicieuse surprise... Seulement si Vous
me promettez de garder le secret. Le moins que l'on puisse dire, c'est que tous deux vous êtes
gâtés. Que Clémence pleurait sur son statut de simple célibataire, désormais, est bien drôle...
Ou plutôt rassurant. Si vous me permettez de vous faire une confidence semblable, moi-même je
crois bien que je suis grosse. Je n'en ai encore aucun signe (et se faire de trop grandes idées ne
me sera pas profitable) mais il est quand même sûr que mon ventre est animé, et en moi je sais
qu'il est différent. C'est étrange comme les choses ont changées, elles ne sont absolument pas
pareilles que ce que j'ai ressenti l'autre fois, alors pour être sûre il me faudrait faire
venir le docteur, et je n'ai pas envie. Alors je m'ôte cette idée de la tête, et souvent je fais semblant
d'être normale, afin de ne rendre inquiet aucun membre de mon entourage, sauf bien sûr moi
même... Il est une vérité dans l'adage qui dit, que plus une femme se croit grosse moins elle l'est, et
qu'il ne faut surtout pas penser à son corps dans cette situation... Alors, mon ami, surtout
couvez votre épouse, gardez loin le front et contentez-vous de laisser grandir en son ventre ce que je
ne puis pas, d'ici, protéger moi-même. Rien ne prouve qu'elle se trompe, Clémence suit
les signes que son corps et son âme lui envoient. C'est une âme pieuse. Elle est totalement entourée
de la bienveillance divine pour n'avoir jamais failli à ses taches, et je ne vois aucune raison de
ne pas bénir votre union par une descendance, aussi rapide qu'elle soit. Il est bien des gens,
qui à son âge, enfantent deux fois l'an. Je coupe-ci, pour un autre sujet qui m'importe. J'ai
grande déception à ne pas vous savoir venant à Gondomar, j'imaginais bien vous voir passer une
semaine ou deux sur les terres de mon époux, entourés de sa famille, ses vassaux, son escorte
et mes nombreuses dames de compagnie, avec toute la bonne et haute société du Royaume de
Castille... Puisque vous ne devez pas descendre, je monterai et montrerai à Clémence la dentelle
si merveilleuse que l'on ne fait qu'ici, celle que l'on avait admiré toutes deux un jour, autour
du cou de sa Majesté de Tarstemara-Borja, et qui m'avait rendue à cet instant verte de
jalousie. Je prendrai aussi des soieries, des mets locaux, et j'irai jusqu'à elle à Nemours, moi,
même si elle ne veut pas venir, car je suis femme de parole et d'Amitié. Ne pas se
revoir, c'eût été trop difficile. Non, c'est donc décidé, je viendrai à Paris, à Nemours, voire
en Bourgogne (et donc je pourrai en profiter pour voir Della) et ce voyage sera
si bienheureux que j'en retournerai à Gondomar heureuse. Ravie. Sanctifiée. Ou simplement très
reconnaissante. Donnez moi une date pour que je vienne, que je prépare ce périple (qui est risqué
tout de même, car il faudra prendre la mer) ou alors plus simplement, promettez
de glisser dans votre prochaine lettre une quelconque occasion, à la fin ultime de
se revoir toutes les deux. Concernant votre requête, enfin, il se peut que je ne
sois pas capable de la rassurer entièrement. Quelques mots, seuls, ne peuvent pratiquement rien
face à une angoisse que partagent toutes les femmes. Mais si vous me croyez apte à lui faire
entendre raison, je vous promets de vous contenter. J'ai déjà en tête des phrases douces qui
sauront l'apaiser, la soulager de ses angoisses (car c'en est j'en suis sûre) sans qu'elle ne puisse
saisir que je ne cherche, somme toute, qu'à lui faire attendre le moment. Et à cette fin, causer
avec elle, tel que vous nous le suggérez, est indubitablement pertinent. Aussi, dès notre
future rencontre, je m'attellerai d’arrache-pied à cette tâche, à cette stupide perte
de ses angoisses pour qu'elle vous revienne plus douce et calme. Il ne restera ensuite plus qu' à
attendre que la bénédiction vous touche (même si peut être c'est déjà le cas) et ainsi, tous
ses peurs seront dépassées. En y réfléchissant plus, je me dis que le mieux pour venir, ce sera les
calendes prochaines. Peut être dans un mois, peut être dans deux.
Qu'importe la date à laquelle l'on prédit d'arriver, pourvu que je vienne, n'est ce pas ? J'arriverai
donc probablement au premier du mois de février, ou de mars, ou d'avril, c'est selon, sous
réserve que mon très cher époux ne change pas de programme tel qu'il le fait depuis huitaine.
C'est un fait qu'il est très occupé, et que je le suis aussi. Allons, c'est décidé, puisque j'attends
de savoir votre réponse, je reste sur la date du 1er février et je changerai plus tard, en fonction de vos
instructions.

Bien vôtre,

Blanca da Lua.

_________________
Aimbaud
Citation:


    À la Marquise de Gondomar,
    Mon salut.

    Quitter Nemours ne fut pas aussi aisé que je l'avais pensé. J'avais le coeur gros, jusque dans
    la gorge de laisser ma petite femme solitaire dans son marquisat grisonnant. J'ai maudit la
    route qu'il me fallait parcourir jusqu'en Bourgogne, en voyant Clémence esseulée à la fenêtre
    du Château m'agiter son mouchoir, les yeux brillants de larmes qui durent couler comme un
    fleuve dès mon passage derrière l'enceinte. Les séparations causent toujours bien des peines
    aux âmes sensibles... Même les baisers sincères que je fis voler vers elle, avant de passer les
    portes des remparts, ne purent parvenir à apaiser son désarroi. Hélas, il est de mon devoir
    de partir. Je ne puis atermoyer l'appel de l'armée ! Aussi je vais à grand galop. J'arriverai à
    Decize à temps, je l'espère, tout en ayant pris le temps de saluer mon père à Corbigny, de lui
    emprunter également une armure qu'il me faudra faire ajuster. Saurai-je seulement trouver
    le moment de vous croiser prochainement ? J'en doute... Nous avons pris respectivement un
    chemin bien différent. Vous la diplomatie, moi l'armée. Eh oui ! Nous étions bien plus oisifs
    du temps de l'enfance. Aujourd'hui les devoirs passent avant. Pour la Reine, la Bourgogne, le
    Morvan.

    À peine trouvai-je l'occasion de chasser, depuis mes épousailles. Le croirez vous ?... La vie à
    deux aura radicalement changé mes habitudes. Je n'ai plus une minute à moi. J'étais à mille
    lieues de m'imaginer la place démesurée que prenait une femme (même maigrelette, soit dit
    en passant) dans la vie d'un époux. Ses occupations prennent le pas sur les miennes, et puis
    ces habitudes qui font elle, je les adopte. Ainsi je respire quand elle respire, ris quand elle rit,
    bois quand elle boit, l'aime quand elle m'aime. Ah qu'il est bel et doux le mariage... Comme
    il réjouit les coeurs ! Mais voilà que je parle encore et toujours de Clémence, car son visage
    est à mes pensées tout le jour. Bref, elle me prend du temps. Mais ces épousailles qui étaient
    une obligation, me remplissent finalement d'aise et si c'était à refaire, je courrai de suite à la
    chapelle pour encore marier cette âme tendre. En vérité, je me sens désormais bien seul, là
    où elle n'est pas...
    Vous devez vous ennuyer à lire ces idioties. Je change de discours sinon je devine que vous
    irez croire que cette petite Marquise aurait tous pouvoirs sur moi... Et mon amie, je vais vous
    prier de n'en rien croire, car même amoureux, je reste maître de ma raison et de ma mesnie.

    J'aurai seize ans dans quatre jours, pour aborder un sujet différent. Et puisque cette date
    fait de moi l'objet d'une fête et le destinataire de présents amicaux, comptez sur moi pour
    guetter l'arrivée d'une de ces belles lames de Tolède que vous me ferez venir tout droit de
    votre pays ! Savez-vous qu'elles sont les meilleures de toute l'Europe ? On dit qu'une épée
    venue d'Espagne a forcément trempé dans le sang d'un maure, ce qui en renforce l'alliage
    et donne une couleur belle au métal.
    Vous me ferez bien cette faveur, hein ?
    Y aurait t'il en retour quelque chose de français qui vous plairait ? Soyez assurée que je n'
    attendrai pas pour vous le faire parvenir.

    N'ayez cependant pas à l'esprit de réclamer quelque chose de trop couteux car j'aurais
    crainte que votre époux n'en soit jaloux. Ce qui me confondrait d'embarras.

    L'impatience de reprendre la route ne me quitte pas, aussi je vais cesser là cette missive qui
    me retarde. C'est qu'à force de m'arrêter à toutes les auberges, j'avance aussi vite qu'une tor-
    tue !
    Mon cheval est reposé, harnaché, et je me suis suffisamment épanché sur cette lettre, il faut
    bel et bien que je vous salue maintenant. Je me rends compte en relecture que j'ai eu quelque
    amour propre à ne parler que de moi dans cette missive. Pardon pour cela !

    Portez-vous bien. Cordialement.

    Aimbaud de Josselinière


Décodé :
"Quitter la route du fleuve aux portes de Decize, emprunter le chemin du Morvan. À deux lieues en ces bois, il est une chapelle où vous irez prier. J'aurai fait guetter votre venue et vous y attendrai. N'ayez crainte. L'impatience me tue, mon bel amour."

_________________
Blanche_
Citation:
Au 26 de janvier, Blanca da Lua :

Mon très cher ami, avec affection,

Nous nous verrons, pour votre anniversaire, en tant qu'homme et femme mariés honorablement.
Il n'y a désormais plus le mensonge auquel le hasard pousse, pour pouvoir croire que
Nous nous aimons encore tel qu'il fut avant, en d'autres temps, en d'autres lieux.
Nous prouverons, l'un et l'autre, par notre amitié, notre sincérité, notre force mutuelle, que
Nous aimons nos époux respectifs sincèrement, et durablement.
Et avec cette frappante constatation de nos attachements, il sera évident, le mensonge que
je puisse vous aimer encore un peu.
Il me faudra, par persévérance, vous le faire comprendre, ainsi par des mots fermes, que
Je puisse sans souffrir voir en tant qu'ami simple, et ne pas vous toucher à toute rencontre,
Et la perfidie de l'impensable, alors, sera seule à faire croire à la face des Hommes que
Aimbaud et Blanche s'aiment encore tels qu'ils l'ont déjà fait avant, ils sont tels Iseult et Tristan.
Il faudra, mon ami, que nous réussissions à surmonter cette épreuve que nos fautes ont enchainée.
Parce qu'il existe une vérité inébranlable, une vérité qu'il faudra absolument garder en mémoire :
Clémence est une âme sans défaut qui mérite notre amitié, sans culpabilité aucune, pure,
Nous démontrerons que c'est pur mensonge, pure calomnie, pure perfidie extrême de croire que
Nous pourrions nous retrouver à des fins plus intimes, comme par le passé...
Nous réussirons, preuve de notre droiture, à montrer un visage plus que saint. Et ainsi, parce que
Instaurer cette affection, cette amitié éternelle avec Clémence est mon seul et unique but.
Je n'aurai de cesse d'ôter cette idée stupide, idiote et complètement illusoire qui me martèle que
nous avons passé de beaux instants, l'un près de l'autre, à nos gorger de rêves idiots.
Il faut impérativement arrêter de penser à cet aspect-là. Il n'est pas juste, il est plat, insipide, cruel...
Clémence de l'Epine est votre unique et légitime, seule femme ? Oui, devant la loi.
Malgré cela, malgré nos efforts, il y a des gens assez stupides et avisés, et légitimes pour croire que
je suis encore amoureuse de vous, à la folie, comme une enfant, et je puis vous offrir mon âme.
Lorsque nous paraîtrons tous les deux, à cet endroit dit, je ferai tout pour que vous compreniez que
Astaroth m'aime, moi aussi, et que je le doive rendre maître de moi-même et de ma vie.
Je ne permettrai jamais, croyez moi, que
Clémence de l'Epine soit mise en faute, ou blessée, ou triste.
Nous continuerons nos desseins, jusqu'au bout, toujours, même s'il arrive que
Parfois l'espoir me manque, et la force me quitte... Je garde alors en tête l'idée que

Amis, nous croiserons notre destin.

De Blanca da Lua.


[pour décoder, lire de bas en haut]
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Aimbaud
Citation:

    À Blanche da Lua,
    Dame,

    Soyez fort prudente. Voyagez avec renfort. Vos suivantes, pages, valets. Un brigand peu soucieux de votre discrétion, pourrait... Point d'imprudence ! Ne faites voeu de me soucier... Faire voyage tuée, inintéressant ! Si d'aventure votre cher époux s'en vient aussi à Paris, apprendre vaguement notre langue, jeux, coutumes, je saurais vous accompagner. Désir subit, passionnément ludique !

    À la revoyure,

    Aimbaud de Josselinière


Décodé :
"Soyez prudente avec vos pages. Un peu de discrétion. Point ne veux me faire tuer si votre époux vient à apprendre notre jeu. Je vous désire passionnément !"

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