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Info:
Arrivée d'une Saurèla (blondinette) en ville, rencontre impromptue, l'aventure commence.

[RP ouvert] Saurèla

Mhayri
Elle était blonde. Elle était jeune. Elle était paumée.

Laissant ses yeux verts parcourir le village, elle ne cessait de s'interroger sur ce qu'elle pouvait bien faire là, et surtout, sur ce qui l'attendait. Un frisson lui parcourut l'échine en ce frais matin, tandis qu'elle hêlait les passants, cherchant une bonne âme qui accepterait de lui indiquer la route de la maison du tribun.

Voilà une chose fort épatante, d'ailleurs : sitôt eut-elle approché les portes de la ville qu'un milicien lui avait remis d'autorité un pli, avec le sourire peu engageant du gars qui se gèle doucement les orteils (entre autres) pour quelques sous durement gagnés, là où il aurait très certainement préféré se réchauffer au coin d'un gentil petit feu crépitant.


"Mais... c'est que...
- Passe ton chemin, ma petite. Tout ce que tu dois savoir est dans ce pli, tu n'auras qu'à le lire."


Elle se mordilla les lèvres en une petite moue contrariée, inspira profondément et reprit, d'une voix posée, un sourire charmant aux lèvres.

"Messer Soldat, c'est que je ne sais pas lire ! Auriez-vous l'amabilité de me faire la lecture de ce pli ?"

Le soldat la dévisagea rapidement, comme pour jauger de l'intérêt de la chose. Le sourire de la blonde se fit plus onctueux, déclanchant une petite toux gênée chez le soldat.

"C'est que... je dois faire le guet.
- Et vous guettez fort bien, c'est certain. Mais voyez, personne ne vient, vous avez un peu de temps. Et je saurais vanter votre merveilleuse assistance, messer...?
- Aulus, je m'appelle Aulus.
- Enchantée, Aulus. Je vous écoute."


Le soldat ne remarqua même pas qu'elle n'avait pas donné son nom et lui fit la lecture du pli, qui s'avéra être une lettre de bienvenue de la part du Tribun de Nîmes, un certain Eliwood_de_pherae. Jouant pensivement avec une mèche de ses longs cheveux dorés, la paysanne écouta attentivement et prit mentalement note des conseils qui lui étaient donnés.

Lorsque la lecture fut finie, le soldat lui tendit le pli sans toutefois le lacher.


"Et voilà, Saurèla*, fit-il en lui donnant spontanément le surnom qui l'avait suivie toute sa vie, bienvenue à Nîmes. Tu comptes rester longtemps ?
- Et bien... peut-être, pourquoi pas ? S'il y a du travail pour moi, je resterai. Ou peut-être que j'irai me promener ailleurs, qui sait ?"


Son sourire malicieux fit briller une lueur de convoitise dans le regard du soldat.

"Si tu ne sais pas où aller, je connais une bonne auberge dans le coin. Je pourrais t'y emmener si tu veux.
- Euh... Et bien... C'est très gentil de votre part, Aulus. On verra. Pour l'instant, je dois déjà aller rendre une visite à ce tribun si accueillant, ne croyez-vous pas ?"


Sans attendre de réponse, elle tira d'un petit coup sec sur le pli pour le récupérer et s'éloigna en trottinant, non sans le taquiner d'un dernier signe de la main.

Et maintenant, où diantre était donc cette maison du tribun ?


*Saurèla : blondine/blondinette
Mhayri
Quelques heures plus tard, alors que le soleil tirait sa révérence, la blonde s'installa sur un petit muret de pierres, refroidies par l'approche de la nuit, et observa les étoiles naissantes dans le ciel.

Le nez en l'air, elle se mit à entonner une mélodie sans paroles, simple et calme comme une berceuse puis de plus en plus allant. Sans réfléchir, elle se leva et se mit à tournoyer au son de sa propre voix, les yeux fermés, la tête renversée en arrière, comme recueillie dans cette danse étrange.

Enfin, sa voix s'éteignit et l'étole de ses cheveux blonds retomba, éparse, sur ses épaules. Son souffle un peu chaud s'élevait dans l'air du soir, tandis qu'elle rouvrait les yeux. L'éclat vert de ses pupilles luisait d'une lueur mêlant effronterie et terreur.


"Bonsèr, Estelas. Soi Mhayri. Soi desliura*", fit-elle à l'adresse de l'étoile du Berger.

Un soupire acheva de chasser sa mélancolie, un frisson de froid lui parcourut le dos tandis qu'elle s'en retournait en ville, d'un pas pressé.


*Bonsoir, Etoiles. Je suis Mhayri. Je suis libre.
Enjoy
    Devise éphémère pour une envie incandescente. Sillonner les terres avec pour seule direction, celle de l'astre solaire quand il vient céder sa place à la lune. Quand il fait sa couche, souriant à la vieille dame de la nuit, la crépusculaire. Solitude et mélancolie sont deux compagnes de route. Elles se connaissent mieux que quiconque et arbore quelques fois l'étendard de leur amie, la lassitude. Jusqu'à quand la retiendront-elles prisonnière ? Vaste question.

    Suivant un sentier, elle se fait témoin d'une chose à la fois si futile et rafraîchissante. Une jeune femme, en ligne d'horizon, aux cheveux dorées. Les joyaux brillent toujours d'un ton majestueux. Enjoy se fait furtive et continue son approche, l'œil amusé. La jeune fille est là, tournoyante à l'instar de la tornade en furie. La crinière ambrée dansant avec Zéphyr. S'adressant à un poussiéreux firmament, qui ne compte plus les pépites ni les diamants qui ornent son collier. Un univers de contes et de légendes faisant mourir de jalousie les moindres voleurs, les chercheurs d'or.


    "Bonsèr, Estelas. Soi Mhayri. Soi desliura"


    Les torrents ne coulent pas tous au sein des belles rivières. Mais parfois dans l'accent chantant d'une voix de langue d'oc. Enjoy frissonne aussi, elle tremble même et reste tapis. Telle une enfant sauvage admirant une noble dame. A qui, plus tard, elle aimerait tant tenir la comparaison. Tout d'abord la regardant filer sans rien dire. Puis estimant que le manège a assez duré, elle se lève et tente de rattraper, l'étoile filante.

    Hey ! Attends !


    Quelques mots qui semblent bien vains pour attirer l'attention d'une personne, qui paraissait lui ressembler. Et c'était sans doute là, la raison de cette contemplation aux allures de voyeurisme mal placé. Enjoy ne désirait qu'une chose, ne plus être seule...
Mhayri
Dans une volute dorée, la blonde se retourna, interdite et inquiète. Elle se sentait comme prise au piège, pour une raison qu'elle ignorait. Puis son regard se posa sur une silhouette féminine que le clair obscur soulignait sans vraiment la lui dévoiler.

Une femme. Un soupire de soulagement lui échappa, sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle se redressa et se tourna vers l'inconnue : depuis quand était-elle là ? Avait-elle aperçu son manège ? Une brève rougeur parcourut les hautes pommettes de la blonde tandis qu'elle écartait ses inquiétudes.


"Bonsèr. Que fasètz aici tant tard ?*"

Spontanément, elle avait parlé à voix basse, comme de peur de briser la nuit par une voix trop vive. Ou peut-être d'effrayer l'inconnue. Idée somme toute saugrenue, quand c'était elle-même la plus effrayée des deux. Elle lui fit un sourire chaleureux et apaisant, comme elle l'aurait fait pour approcher un chat sauvage, tandis que son cœur battait encore à tout rompre, sous le coup de la surprise qui peinait à se dissiper. Étrange approche, en vérité.

*Bonsoir, que faites-vous ici si tard ? (en occitan approximatif :p)
Enjoy
    Le jeu du chat et de la souris avec des rôles qui s'entremêlent. L'allure pressée s'évanouit dans une poursuite où la destination est un arrêt brutal. Interloquées l'une comme l'autre par des réactions inattendues. Celle d'apprendre à être tour à tour, proie et prédateur. Réciprocité dans l'échange. Et le silence se pose telle une perle ivoirine provenant des nuages enneigées. L'étoile filante se fait hélianthe au clair de lune. Elles se jaugent, s'apprivoisent. Animales sauvages chassant dans la plaine où terre et ciel se cherchent dans un miroir d'obscurité. Au loin, la fumée blanchâtre des chaumières endormies offre un léger contraste. Un présent sur cette toile grandeur nature venant d'un peintre au pinceau habile. Son regard se fond dans le sien alors qu'elle lui demande le motif de sa présence en ce lieu.

    Bonsèr...

    Ne parlant point couramment la langue d'oc mais ayant quelques vagues notions. Elle esquisse un sourire et se remémore l'éprouvante éducation qu'elle eut reçu. Même si son existence fut celle d'enfant de fille de joie. Évoluant au sein et dans la couche d'une maison close. Coupée du monde comme un peuple en totale autarcie.


    Je...


    Les mots perdent le chemin d'une pensée raisonnée. La raison de sa présence ici est d'être irraisonnée, logique quand elle cultive le jardin du déraisonnable. Aussi, elle en omet volontairement la question pour se présenter souriante, ne voulant pas que la féline file...

    Je me présente Enjoy et vous..?

Mhayri
La blonde observait l'inconnue, intriguée, tandis que sa frayeur se dissipait. Le clair de lune, pas si clair que cela, jouait à lui dévoiler deci delà une silhouette aux courbes gracieuses.

"Bonsèr... ", fit l'inconnue, sucitant un sourire chaleureux chez la blonde en réponse.
"Je..."

Hésitations, silences... L'inconnue était-elle effrayée à son tour ? Ou peut-être se disait-elle, à juste titre, qu'elle aurait tout aussi bien pu poser cette question à la blonde. C'est vrai quoi, que faisait-elle là à cette heure à danser sous les étoiles comme une sorcière ? Miséricorde... Un frisson lui parcourut le dos à l'idée que l'inconnue ait pu, peut-être, se méprendre sur ses intentions. Elle allait ouvrir la bouche lorsqu'elle fut coupée dans son élan.

"Je me présente Enjoy et vous..?"

La Langue d'Oïl. La blonde papillonna un instant, surprise. Une étrangère ? Elle n'avait guère eu l'occasion d'en croiser jusqu'alors, et la curiosité lui brûla soudain la langue, bousculant tout un tas de questions au portillon de ses lèvres, la réduisant de ce fait momentanément au silence.

Finalement, avec un petit rire soulagé et malicieux, elle répondit d'une voix chantante pleine de l'accent d'Oc.


"Je m'appelle Mhayri. Vous n'êtes pas du pays d'Oc, n'est-ce pas ?

Et voilà, oubliées les bonnes manières dont, de toute façon, elle n'avait pas assez pour contrebalancer sa curiosité et sa malice naturelle. Elle s'approcha d'un pas sautillant pour jauger de plus près la femme qui l'avait interpellée.

"D'où venez-vous ? Ca fait longtemps que vous êtes à Nîmes ? Je viens d'arriver ce matin ! Voyagez-vous seule ? C'est plutôt dangereux, surtout la nuit ! On m'a toujours dit de ne pas voyager de nuit. Vous logez dans une auberge ?"

Bon, là, ça commençait à faire beaucoup. La blonde finit par réaliser qu'elle avait épuisé tout l'air de ses poumons et s'interrompit pour inspirer, laissant une chance à son interlocutrice de s'enfuir ... ou de répondre.
Enjoy
    Clair de lune avec un zeste de nuages. Après les torrents chantants aux allures de belles rivières. Un flot de questions qui viennent s'évanouir dans un océan paroles. Archipel de fiel, îles paradisiaques d'émotions et de belles promesses. Des mots choisis, des mots cramoisis, des ires, des maux aussi.

    Hélas non, je ne suis point d'ici...


    Son silence n'a d'égale que les vagues de ses propos si vagues. Plutôt que d'en faire, de la conversation elle divague. On l'a compris, elle ne dira rien de plus sur ses origines. Il est vrai que la présence commune des deux femmes était sujette aux diverses spéculations. Mais l'importance n'est point dans le détail. C'est comme s'émerveiller devant du sable et ne pas voir la pépite, qui joue à cache à cache avec le chercheur d'or. Et quand on prospecte...


    A vrai dire, je furetais le long d'un sentier non loin de là. Et je vous ai vue, seule, parlant aux étoiles... Votre originalité, que d'autres pourrait nommer "démence", m'a séduite. Aussi, je voulais faire votre connaissance même si l'approche est...

    ...Discutable ? N'est pas la plus appropriée ? Pense-t-elle songeuse.


    Je vous prie de m'excuser de vous avoir fait peur. Je devrais peut être y aller...?

    La question n'est qu'une permission implicite de continuer la conversation en un autre lieu. Après tout les chaumières ne sont qu'à quelques lieues.
Mhayri
"Hélas non, je ne suis point d'ici... "

Quelle intrigante réponse ! "Hélas", disait-elle ... Était-elle tombée sous le charme du Pays d'Oc ? Naturellement, la blonde ne concevait pas ce que pouvait être le reste du monde en dehors du Pays d'Oc, en dehors même du petit bout de campagne qui avait été son foyer jusqu'il y avait quelque jours encore. Elle se l'imaginait comme dans les contes, plein de Chevaliers charmants, de Damoiselles en détresse, de dragons multicolores et de vilains terrifiants.
Rêveuse, elle joua quelques secondes à imaginer le rôle d'Enjoy dans sa fantaisie. Elle la voyait assez bien en maîtresse de cortège, à la tête d'une foule bigarrée de lutins. Elle chassa bien vite l'image de cette troupe imaginaire et saugrenue pour écouter.


"A vrai dire, je furetais le long d'un sentier non loin de là. Et je vous ai vue, seule, parlant aux étoiles... Votre originalité, que d'autres pourrait nommer "démence", m'a séduite. Aussi, je voulais faire votre connaissance même si l'approche est... "

Cette fois, la blonde grimaça légèrement : Enjoy avait donc vu tout son manège. Heureusement, elle semblait plus attirée qu'atterrée par le spectacle.
Mais voilà que l'impromptue s'excusait, donnant à Mhayri toute latitude pour faire comme si elle n'avait rien fait d'autre que d'ordinaire, ce qui l'arrangeait tout de même sacrément bien, il fallait l'avouer.


"Allons donc, ne vous excusez pas ! La rue est à tout le monde. Je ne m'attendais simplement pas à croiser quelqu'un à cette heure, dans cet endroit. M'enfin, j'y suis tout aussi étrangère que vous, voyez-vous ?
N'ayez crainte, je ne vous chasse pas - d'ailleurs qui serais-je pour le faire ?

Mieux que cela, même, peut-être devrions-nous retourner en ville ensemble et nous réchauffer autour d'une ou deux chopines de bière. Ou une tisane, si c'est ce que vous buvez."


Avec un sourire tranquille, elle fit un petit signe de la main pour inviter Enjoy à marcher à ses côtés en direction de la chaleur des foyers de la cité, dont les vapeurs décoraient le ciel nocturne d'un drap de petits nuages denses et bas.

"Les gens d'ici sont plutôt accueillants. Êtes-vous ici depuis longtemps ?"
Enjoy
    Oui...

    La réponse était brève. Pourtant bavarde en taverne, elle se fait avare de paroles en dehors. A croire que la blonde à ses côtés avait une fâcheuse tendance à figer son élan à la manière d'une antique basilique. La marche se fait précieuse sur cette route aux pavés humides. Et dont l'herbe se fait assaillante tel un funeste destin. C'est aux abords de la ville, que les nuages versent des larmes froides, des perles de pluies. La cadence s'accélère, la saison n'offre point les bontés des nuits d'été. Aussi, il ne faudrait pas qu'elles prennent froid à trop trainer. Les gouttières déversent un flot ininterrompu allant jusqu'à inonder une partie de la chaussée. L'agitation nait dans un vent de panique quand quelques rats fuient la légère montée des eaux. Par-ci, par-là des ivrognes aux mains mendiantes d'écus et de pains ne se dressent plus pour l'aumône. Mais servent à réchauffer les êtres. Bien que pour quelques-uns, la morsure glaciale a déjà injecté son venin. Et ne laisse transparaître que des corps inertes. Il est amusant, dirons-nous, de constater la différence entre l'innocence sous un ciel bienveillant saupoudré de poussières d'étoiles. Et un instant après, celui d'une nature vengeresse et sans pitié. Dans ce décor, les échoppes ne prêtent plus d'attention aux passants. Elles sont closes et leurs portes font la sourde oreille. Au détour d'une ruelle, on croise de temps à autre une chaumière aux feux allumés. Et la brune se prête à imaginer, ce qui en son intérieur, peut bien s'y trouver. Un plat chaud, un lit douillé ? Ou une masure délabrée, terne comme une vie fatiguée de subir l'éternité ?


    [Une taverne parmi tant d'autres.]


    Poussant la porte, suiveuse et attentive à sa compagne d'une soirée, elles entrent à ce lieu. Un courant d'air fait valser ses cheveux, puis la lourde sonne le glas en se refermant en un lourd fracas. Un silence. Les badauds présents ne portent que peu d'intérêts aux nouvelles arrivantes. A croire que la boisson enivrante a bien plus de charmes que deux jeunes femmes. Parmi cette "engeance", opprobre populaire nous puisons toute la teneur de la faune locale. Un tavernier à l'œil lubrique et dont les moustaches dissimulent bien maladroitement un sourire pervers. Des piliers de comptoir typiques discutant de tout mais surtout de rien. Un couple d'adolescents au printemps de leur amour. Quand les roses ont encore leurs senteurs exquises et l'éclat rubicond de la passion. Avant qu'elle ne se fane irrémédiablement . Dans le coin, caché par le jeu d'ombre et de lumière, un homme à l'allure d'inquiétant vagabond. Elle se met à frissonner d'anxiété au regard de la scène. Ses pas forment, sur le plancher, des traces détrempées alors que ses haillons dégoulinent du déluge passé. La voix chevrotante.

    Je...


    Elle indique de la main son envie. Celle d'une cervoise, boisson bien plus "saine" que l'eau en ces temps troublés. Elle observe longuement sa compagne d'infortune. Ne sachant quoi dire, ni faire. Si ce n'est avoir la décence de se taire. Ou presque.

    Et vous...? Vous êtes...ici depuis...longtemps ? Question idiote puisque votre accent vous trahit, j'en conviens...

    La conversation la perd quelques fois. Surtout quand elle est impressionnée. A raison ou à tort.
    Puis ses prunelles se perdent devant la danse se jouant au sein de l'âtre de la cheminée. La simple contemplation des flammes rougeoyantes revigore les entrailles de la jeune femme. Les silhouettes, se mirant au sein de ses yeux ébènes, s'envolent puis s'évanouissent sur un lit de braise crépitant en rythme. Elle rêvasse jusqu'à ce que sa commande, glissant le long du comptoir, vienne claquer sur sa main. Laissant échapper quelques gouttes suite au petit "impact". Sa cervoise peu ragoûtante lui tend désormais les bras...
Mhayri
Ce n'était certainement pas la taverne où Mhayri avait pris ses habitudes depuis quelques jours... Probablement parce qu'elle n'était pas sur sa route habituelle ? Qui sait, tout ce soir avait des airs de conte étrange et elle était décidée à se laisser porter par les évènements et les rencontres. La Curieuse laissait le hasard la combler de ses bienfaits et s'en régalait d'avance.

Alors qu'elles recevaient leurs cervesas commandées à leur entrée, Mhayri eut une petite grimace de dégoût. Allons bon ! Elle n'avait jamais bu un truc pareil depuis son arrivée en ville ! Etait-ce une mauvais farce ? Ses sourcils froncés, elle allait invectiver le tenancier lorsque sa compagne de route prit la parole.


Je...
Silence, à nouveau. La Saurèla apprenait vite, elle savait qu'elle devait se taire et attendre que la Timide se dévoile. Elle l'encouragea d'un doux sourire tandis que les deux jeunes femmes commençaient à attirer les regards.

Et vous...? Vous êtes...ici depuis...longtemps ? Question idiote puisque votre accent vous trahit, j'en conviens...

Le sourire de la blonde s'élargit, tandis que quelque chose au fond de son esprit faisait tilt. Fera, fera pas ? Chiche ? Allez !
Elle gloussa d'anticipation en répondant.


"Je suis arrivée en ville il n'y a que quelques jours. Je vivais avant dans les campagnes du Nord du Languedoc. Et si vous voulez savoir ce qui m'est arrivé, c'est fort simple."

Cette fois, les fossettes sur ses joues criaient qu'elle mijotait quelque chose. En se levant, elle héla le tavernier.

"Hey ! Servez-nous donc quelque chose de potable et je fais l'animation pour vous, mon brave homme."

Le brave homme en question répondit d'un petit grognement qui pouvait passer tant pour de l'approbation que du mépris le plus profond. Sans y prêter attention, la blonde se leva et se choisit un endroit un peu dégagé. Avec un clin d’œil à l'attention d'Enjoy, elle se mit à taper des mains en rythme, tout en ondulant de gauche et de droite avec un mélange détonnant de grâce et de légereté féline. Enfin, sa voix chaleureuse et rieuse s'éleva par dessus le brouhaha des mécontents.

"J'ai erré dans les rues de Nîmes,
Seulement portée par les vents,
J'ai suivi le chant qui m'anime
Et il m'a menée ci-devant.

J'en ai vu les sept collines
Danser dans leur robe de ciel,
Immobiles et éternelles."


Frappant toujours des mains, elle effectua quelques tours sur elle-même, marquant le temps du pied, avec un sourire malicieux. Autour d'elle, un silence intrigué s'était fait. Ceux que la musique n'inspirait pas se laissaient capter par ses mouvements hypnotiques.

"J'ai frappé à la porte en bois
D'un tribun charmant et aimable
Qui tout sourire me conseilla
Et m'invita même à sa table !

J'en ai vu la générosité
Briller de milliers de beaux feux,
Et à leur lueur j'ai fait un vœu.


Dans une taverne de Nîmes,
L'ambiance était fort rieuse,
Le tribun y chantait ses rimes,
La bière coulait, généreuse,

J'en ai vu la belle gaieté
Rassembler les cœurs et les voix,
Faire vibrer de rire les toits.
"


Dans le même élan, elle fit quelques mouvements sinueux, se déplaçant de gauche et de droite en donnant de petits coups de hanches pour marquer les temps et ses déplacements. Certains lui lançaient des invitations grivoises tandis que d'autres se contentaient d'observer en silence. Pour le moment, aucune insulte ni aucun morceau de pain : c'était bon signe. Elle poursuivit.

"Puis j'en ai croisé la mairesse
Et le responsable des mines.
Ils m'ont fait cette promesse :
'Jamais ne sera seule à Nîmes'.

J'en ai vu la solidarité,
Et mon cœur s'est mit à vibrer
D'amour pour mon nouveau foyer.


Et je suis allée me coucher,
Rêvant encore de découvrir
Ses collines et ses cœurs gais,
Ses espoirs et ses sourires.

J'ai erré dans les rues de Nîmes,
Et Nîmes a fait ma conquête.
C'est pourquoi je lui fais la fête !
"


Elle fit une belle pirouette sur elle-même, ses cheveux se déployant comme un oriflamme d'or, tandis qu'elle achevait sa prestation d'un dernier pas de danse, avant de s'incliner devant son public étonné et silencieux. Quelques pauvres applaudissements endormis accueillirent la fin de la prestation tandis qu'elle rejoignait sa table. Cette fois, inutile de compter sur la discrétion.
Elle s'installa à nouveau en face d'Enjoy avec un sourire éminamment satisfait.


"Et voilà toute l'histoire !"

Entre temps, deux chopes débordantes d'un breuvage à l'odeur bien plus attrayante étaient venues les rejoindre.
Mhayri
La soirée s'était déroulée dans une ambiance festive et complice, les deux jeunes femmes se réjouissant de n'être plus seules.
Puis, chacune était retournée à sa vie, en se promettant de se revoir si leur destin le leur permettait.

La Saurèla, elle, était retournée à sa nouvelle vie sédentaire, construisant petit à petit un patrimoine qui devait lui permettre de réclamer bientôt son propre champ auprès de la mairie.

Fierté ? Peut-être. Pas vraiment. Elle se demandait souvent quelle folie l'avait poussée à faire cela. N'avait-elle pas fait toute cette route, tous ces efforts, pour échapper à cette même vie ?
Mais ici, entourée de ceux qu'elle apprenait à connaitre, la vie semblait différente. Plus douce aussi.

Pourtant, il manquait quelque chose. Quelque chose qu'elle ne parvenait pas à définir mais qu'elle continuait à chercher, inlassablement chaque soir, sur le petit muret du bord de la ville.
Puis, chaque soir, comme un rituel, elle rebroussait chemin et terminait la soirée dans l'une des tavernes de Nîmes. Quand plus tard venait l'ivresse, l'ennui ou la fatigue, elle regagnait sa masure en fixant les étoiles qui clignotaient, comme pour les prendre à témoins de son échec. Encore, et encore.


LJD Enjoy semble avoir disparu, mais tous ceux qui veulent intéragir avec une paysanne en goguette la nuit tombée autour d'une ville ou dans une taverne peuvent entrer dans la danse

_________________
Mhayri
Peur.

Cette nuit avait un goût métallique de peur et de solitude.
Solitude... Auparavant si chaleureuse, tellement synonyme de liberté qu'elle n'en avait pas vu le piège.
Et maintenant ?

Comme une roue dont la course emballée faisait dévaler une pente, la vie de la Saurèla avait pris un tournant radical. Tellement radical, d'ailleurs, qu'elle n'avait encore pas eu le temps de l'observer. De vraiment l'observer.

Un frisson lui parcourut la nuque.
Vagabonde sans le sous, puis paysanne, propriétaire, et maintenant conseillère municipale, bientôt, peut-être, intendante (si elle ne se faisait pas manger toute crue par le Maître). Dieu... Mila Dieu... Comment en était-elle arrivée là ?
Était-elle faite pour ça ? Quelque chose en elle remuait, et se révoltait contre la chape de responsabilité qui menaçait de l'ensevelir un peu plus chaque jour. Mais une autre partie d'elle trouvait un malsain réconfort dans cette situation impromptue qui lui interdisait de réfléchir et la forçait à agir au gré des évènements. Agir, avancer, accepter pour ne pas trébucher hors du chemin et manquer sa chance.

Elle fixa les étoiles, ses émeraudes assombries par l'obscurité et l'inquiétude. Après tout, elle n'était personne, et personne ne lui en voudrait si elle disparaissait. Personne ne le remarquerait, sans doute.
Cette pensée eut un effet étrangement apaisant. La buée de son souffle s'éleva en un léger nuage avant de s'éparpiller dans l'air froid du soir.

A pas de loup, la blonde retourna enfin en ville, quittant son petit muret de pierre pour rentrer chez elle, priant pour que son employée du jour ait terminé d'égorger son cochon.
Elle salua le silence qui l'accueillit d'un sourire mi-figue mi-raisin : adieu, gorrinet.
Elle s'allongea sur sa paillasse et s'endormit sans mal.

Demain, une fois encore, elle irait poser ses questions aux étoiles. Peut-être lui répondraient-elles enfin ?

Ou pas.

_________________
--Asemar


La nuit, le silence, le froid.
Seul réconfort, la Luna Plena qui de sa douce lumière guidait ses pas.
Asemar, vieil homme fatigué, un Vielhet parmi les anonymes du comtat, se traînait avec peine.
Une pèlerine usée, un bâton courbé, un air épuisé...

Il était de ceux qui autrefois vivaient au Puy; de ceux qui ne possédaient plus rien; de ceux qui avaient vu leur misère s'aggraver quand la ville avait sombré. Depuis la vie n'était qu'errance, aumône et tristesse.

Il avait tant marché, il avait tant divagué. Sans envie, sans avis, il vivait car il le devait, pas parce qu'il le voulait. Il savait pourtant s'égayer des petits plaisirs de la vie. Le chant des vagues, le tableaux des saisons, les souvenirs qui réchauffaient les nuits quand la honte ou la peur le prenaient.

Car oui, il avait honte parfois. Vivre de la charité, vivre de quelques rapines; être le sujet de la pitié des grands de ce monde. Honte de quémander une pièce, une miche. Honte de ne plus fréquenter les églises que pour la sécurité qu'offraient leurs murs la nuit.

Il n'était plus capable que de se souvenir et ça ne nourrissait pas un homme. Alors parfois quand il arrivait à distraire une taverne en échange d'un repas, il passait une belle journée.

Mais ce soir, il savait qu'il n'aurait le droit qu'à un refus. Le garde aux portes de la ville le rejetterait. Il devrait dormir dehors et ne pourrait franchir les portes de la ville qu'une fois le solelh levé...

Un soupire fatigué caressa ses lèvres sèches et fendues. Il ne tenterait pas sa chance. Il s'adosserait à ce petit muret là bas et s'y reposerait.
Demain, soir, il s'adossera au mur d'une taverne et se laissera bercer par les chants qui y résonneraient.

Peut-être même pourra-t-il y rentrer, ne serait-ce que pour une heure, une heure de chaleur dans son coeur. Ça lui suffirait pour être bien.
Mhayri
Une nouvelle nuit s'annonçait, sombre et solitaire pour la Saurèla. Elle marcha d'un pas rêveur vers son petit muret, songeant aux multiples rencontres d'une fois qu'elle faisait en taverne, tant de sourires et de cervesa échangées pour se dissoudre ensuite dans le quotidien.

Elle soupira puis sourit : elle aimait cette vie presqu'autant qu'elle la craignait. Pourquoi se voiler la face ?

Soudain, quelque chose l'interpella. Ce n'était presque rien, une ombre peut-être, ou le crissement d'un caillou. Peut-être simplement l'instinct.
Elle s'arrêta, à deux pas de son petit bout de muret froid, pour y découvrir le corps allongé d'un vieil homme, endormi. La vision lui parut presque belle lorsqu'elle eut un sursaut : avec ce froid, le vieux allait mourir !

Elle se précipita sur la silhouette pour la secouer doucement.


"Messer... Messer ! Vous m'entendez ? Vous allez attraper le mal, par ce froid ! Messer !"
_________________
--Asemar



Le repos.
Il s'était laissé aller à la fatigue et à l'ennui. Les yeux clos depuis trop longtemps il avait glissé dans le sommeil sans même pouvoir se l'empêcher.
Après tout, que pouvait il lui arriver?

Il n'aurait jamais pensé à ce réveil en tout cas.
La secousse était légère, mais lorsque l'on vit sur les chemins, la douceur nous devient inconnue.
Tout ce qu'il retint sur le moment c'est que quelqu'un était bien trop près de lui.

La main serrée par habitude sur son vieux bâton, il l'agita en une défense maladroite, inutile, fatiguée...


Escarrants !!! Partissètz!!! Escarrants !!!*

Le cri était faible. Un sursaut de peur, de lassitude. On ne pouvait rien lui voler, alors il s'attendait à être rossé encore une fois.
Les yeux clos, il craignait déjà le premier coup quand il se rendit compte de la voix presque timide, inquiète qui s'adressait à lui...
Cela l'apaisa un instant; suffisamment pour qu'il entrouvre ses lourdes paupières ridées.


Un àngel... Un saure àngel...**

Il bredouilla ensuite quelques mots pendant qu'il essayait de se relever.

Je... je... suis mort?

Ses yeux usés balayèrent l'endroit.

Non, je suis vivant... Juste vivant...

Perdon donaisèla***... Je ne suis qu'un vieil homme usé... Je ne voulais pas crier, j'ai eu peur...


Il sourit, rassuré, apaisé.



* Brigands !!! Partez!!! Brigands !!!
** Un ange... Un ange blond...
*** Pardon damoiselle

Le tout en occitan vraiment très très approximatif.
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