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[RP] Arcanes Macabres

Anaon

    *

    Paris, ses crimes et ses folies. Sa fine pellicule de givre qui couvre les toits des chaumières et drape le dépravé des routes. C’est le silence, glacé dans le manteau d’hiver et les quelques paroles qui fusent se meurent dans des paquets de bué. C’est calme aujourd’hui. On la croirait morte, la belle Paris et sa cours de damné. C’est l’inertie au Miracle. La cours est endormie. La froidure a gelée les plus enhardis.

    Paris, mes crimes et mes folies. Et mes lubies aussi…

    Au cimetière des Miracles, l’air glacé semble s’être figé et seule quelques lambeaux de brume se meuvent avec langueur, tels des fantômes lancinant qui dansent entre les tombe et baisent leurs épitaphes de leurs bouches brumeuses. Et dans la fosse aux macchabées, c’est un sacrilège qui se joue. Parmi les morts, il y a la vie.

    Une main gantée fouille, retournent, dénudent sans pudeur les quelques chanceux qui ont eu droit au blanc linceul. Un piquet est planté dans la terre gelée, retenant une corde qui plonge dans les entrailles béantes du cimetière. Pont ténu qui retient la scandaleuse au monde du dessus. Une main y est fermement accrochée, l’autre continue sa fouille macabre. Elle sait ce qu’elle veut, la silhouette. Elle s’est parée de noire, gantée et nez caché d’une étoffe, elle ne laisse apercevoir de son visage que ses yeux d’un bleu sombre surmonté de quelque mèche brune.

    Troquer avec les fossoyeurs, c’est plus simple. Avec les geôliers aussi, on arrive parfois à se dégoter une main ou un bras et on est un peu mieux fixer sur la qualité du cadavre à venir. Aujourd’hui pourtant, c’est free-style total, on vient directement pioché dans l’entrepôt du dernier repos. Au petit bonheur la chance, avec le risque de se faire courser pas le guet à tout moment et au grand jour. Il faut bien son grain d’adrénaline pour doper la vie.

    Sérieuse et méticuleuse, la main ganté évite de toucher les corps à la peau d’une teinte suspecte. Pas de chair putride pour elle, non plus. Du beau, du frais, du sain. D’un geste sec elle balaye quelque grains de terre et son lot de ver avant d’attraper le col d’un pauvre hère qu’elle soulève de sa dernière demeure. Pendue par les guenilles le corps est encore souple. Un frais du jour. Mais la tête semble n’être retenue que par la peau du cou aux muscles émaciés. Ah… En voilà un qui a due mourir connement, la nuque éclatée sur la marche d’un perron à cause du verglas. Les azurites inspectent avec sérieux puis satisfaite, la silhouette quitte la fosse aux morts.

    Le corps est lâché sur la terre ferme, déchirant dans sa chute le voile des fantômes et leur ronde morne et silencieuse. A l’outrageuse de s’extraire de la gueule aux immondices, comme une morte sort de sa tombe. De sa hauteur de femme, elle toise un instant son jouet du jour, avant de logé une main dans la chevelure sombre et de le soulever par la tignasse. Les doigts gantés viennent forcer les masticateurs déjà crisper, pour s’assurer que le bleus des lèvres n’est due qu’au froid et à la mort, et non à une substance qui n’aurait pas manqué de lui ronger l’intérieur de la bouche. Elle toise le mâle, de son âge probablement, prés à reposer dans la fange dans laquelle il est né. Pourtant, il ne dormira pas encore… pas tout de suite.

    Attrapant de nouveau la dépouille par le colback, elle se plait à le secouer nonchalamment. Et la tête suit avec son retard flasque. Au milieu des spectres de brume, un craquement met le cerf aux abois. Le regard s’aiguise, l’oreille se tend. Statue parmi les statues, immobile, la brume lui léchant les chevilles, elle guète.

    Une autre vie parmi les morts?


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Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo III ----[Clik]
Enguerranddevaisneau
[Présent, Cimetière des Miracles]

Une botte de cuire vient piétiner une motte de terre, la rendant plus compacte, assourdissant légèrement le son des pas de l’individu qui se faufile comme une ombre parmi les tombes. Pelisse sombre, capuchon, rien n’est reconnaissable chez l’homme dont le visage est partiellement caché de noir. Seul apparait, sous la lumière blafarde du petit jour, une lippe outrageusement relevée, ornée d’une cicatrice laiteuse. Ainsi donc la mort elle-même rôde parmi les damnés, insolente à souhait, elle qui née de la brume, s’apparente en cette journée à l’homme, dont elle à la consistance.

Tout fonctionnait comme il le désirait, son plan, sa décadence elle-même, prenaient formes.


[La veille. Fontainebleau]

L’on disait qu’il existait en la fastueuse Parisienne, une femme, sorcière, dont la cruauté surpassait de loin celle du De Vaisneau. Tueuse d’enfant, magicienne hors paire, elle faisait fuir le bon peuple et servait de prétexte aux parents pour qui les rejetons ne voulaient pas dormir, ainsi, nombreux étaient les marmots ayant entendu dans leur tendre enfance que si ils ne dormaient pas fissa, ils serviraient de repart à l’horrible Ardégonde.
Enguerrand en était, et avait l’heur de connaitre l’emplacement de la tanière de la bête. Foret de Fontainebleau.

Nous le retrouvons ici donc face à l’acariâtre ancêtre, qui malmène d’une main tremblante les entrailles d’un lapereau dans le but de prédire au baron d’Ittre comment soigner son mal.
En effet, les médecins le disaient condamné, et aucun ne savait comment guérir la maladie qui lentement le rongeait.


« Il vous faut tuer, seigneur…De votre main…Un homme fort, de bonne composition… »

Ainsi soit –il, si son salut passait par la mort d’un individu, il s’en donnerait à cœur joie, et peu importe que son interlocutrice du jour soit une charlatane.

« Et une fois mort, il vous faudra vous nourrir de… »

[Six heures plus tôt. Cour des Miracles]

Sa victime avait été trouvée, petite frappe de la cour des Miracles, de bonne composition à la chevelure aussi sombre que le jais. La mission de l’éphèbe dés lors était simple, son aboutissement, vital.
Le tuer, d’un coup net, tenter de faire passer cela pour un accident, et récupérer sa dépouille une fois retrouvée et enterrée par la maréchaussée au cimetière. Dans l’embrasure d’une porte, le chasseur guette, manche épais de bois en main. En effet, il ne pouvait courir le risque d’être vu en train de tuer un homme en pleine rue, même si cela était monnaie courante au miracle. En sus, ce qu’il devait être fait du corps ensuite ne devait en aucun cas être compris ni vu par personne, où il serait alors jeté sans sommation en prison, brulé certainement.

L’homme se déplace, le de Vaisneau en fait de même, marchant seul dans son ombre, bousculant les vieilles catins qui osent se mettre sur son chemin. Il passe inaperçus en ces ruelles mal famées, recouvert d’habits miteux.
Bientôt une venelle, sombre, vide de gens, l’homme s’y engage, le baron également.
Le silence est alors simplement ponctué de bruit des bottes des deux hommes, l’un qui s’accélère d’ailleurs.
La masse se lève et s’abat, sur la nuque du pauvret qui s’écroule telle une poupée de chiffon. Un autre coup, plus brutal, pour s’assurer de sa mort.

Hyaline qui vient éponger le front moite du meurtrier, tandis qu’il s’abime à trainer le corps de sa victime à la vue de tous.


[Présent, Cimetière des Miracles]

Tout avait fonctionné, et l’homme avait été retrouvé, enterré, comme prévu. Ainsi il venait se saisir du corps du pauvre homme, ainsi, il venait ice-lieu accomplir les pires méfaits qui soient.

La carcasse dépasse la brume pour venir se planter au devant de la fosse commune. Mais il n’est pas seul, là bas rôde une ombre aux courbes féminine, qui supplante de surcroit le cadavre reconnaissable à sa chevelure. Ainsi donc, il avait concurrence.
Sa dague quitte le fourreau qui ceint sa ceinture, éclatante d’acier en cette morne lumière tandis que sa voix éraillée déchire l’air.


-Recule malpeste, ce cadavre est à moi !!!
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« Le mal porte le repentir en queue. »
Anaon
    *

    Ainsi le charognard se dévoile, emmitouflé de noir et il lui crache sans vergogne sa verve saugrenue. Un sourcil se gausse, perché sur le front blanc. La mercenaire s’est déjà faite menacée, un nombre incalculable de fois et pour mille et une raison. Là, pourtant c’est une première. On ne lui en avait jamais sortit une pareille!

    Les azurites placides glissent sur la lame mise au claire et une imperceptible tension vient bander le corps féminin. Sous la capuche, le visage n’est pas visible et la voix ne lui dit rien, seuls les contours de la silhouette laisse présager un homme mince. Un gringalet.

    Une main gantée se porte calmement à son visage et la lenteur avec laquelle elle abaisse l’étoffe qui lui voile le nez est un affront-même à la menace persiflée. Elle prend son temps, l’Anaon. Le tissu noir s’affaisse sur son cou, dévoilant son visage sans âge et les joues martyrisées, gravées d’un rictus figé qui lui fait un sourire éternel. Un sourire d’ange.

    La mercenaire toise, celui qui veut lui ravir sa charogne. Elle n’ose quitter des yeux l’être armé, mais les oreilles se tendent au loin. Elle ne voudrait pas entendre le guet rappliquer. Voler des cadavres est punissable et côté torture l’hérétique a déjà assez donné. L’entreprise devait être rapide, mais ce gringalet est un accroc dans son plan qui pourrait lui couter cher.

    _ Des cadavres, y’en plein la fosse. Tu n’as plus qu’à aller te servir…

    Voix imperturbable, mais glaciale. La main gauche toujours agrippée au colback du macchabé, la droite vient chercher la dague, sanglée contre sa cuisse. Et l’acier voit la lueur jour. Les doigts se resserrent dans un crissement d‘étoffe.

    _ Alors ne viens pas trop me souffler dans les bronches, ou je te garantis que je vais t’y envoyer dans la fosse, la tête la première…

    Se battre pour une dépouille alors qu’ils sont au milieu d’un cimetière. La connerie de l’année. Mais sans être particulièrement contrariante, l’Anaon n’aime pas qu’on cherche à lui ravir son butin… encore moins qu’on la menace. Loin d’elle l’idée de lui céder son cadavre, elle n’est pas de bonne grâces et quand elle a décidé d’assouvir ses lubies rien ne peut enrailler ses desseins. Que l’impertinent revoit ses ambition à la baisse ou la balafrée se fera un plaisir de lui donner son dû. A sa manière.

    L’inébranlable attend, la réaction de son adversaire ou bien l’erreur qui pourrait être sa dernière. Elle ne fera pas dans la dentelle. L’Anaon est pressée.

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Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo III ----[Clik]
Enguerranddevaisneau
Il n’est que rire, hystérique, grossier, virulent. Ce cri de joie n’est que menace, tandis qu’il détaille de son œil lubrique, la femme qui lui fait face.
Ainsi c’était elle, la mercenaire, qui souffrait du même mal que lui, celui de voir sa chair enlaidie, entaillée, à même le faciès. Ainsi elle était celle qu’il avait déjà payée à moult reprises, dans l’espoir que de la voir accomplir pour lui salissant travail.

Anaon, épée tarifée, femme de la mort.

Sa dague rejoint l’étoffe du fourreau avec hardiesse, tandis que lui déclame sa verve :


-Me menacer de mort, vraiment ?

Il ne rit plus, il ne respire plus, il n’est que glace face à la menace. Hyalines senestre et dextre qui viennent découvrir son visage impavide, pâle comme la charogne qui empuantie l’air, immuable comme la mort. Il toise avec défi l’hérétique, la jauge, la pèse de l’acier de ses prunelles.

-Il serait mal avisé que de vous débarrasser de votre source de revenues la plus sûre, Anaon.


Lippe qui se hausse d’amusement, déjà il s’affaire à extraire de sa cape la hache à main qui lui permettra sans trop de difficulté de briser les os du macchabé, de l’entailler jusqu’au cœur. Il la savait parfaitement aiguisée et à même de découper un tronçon de bois tel du papier. Une fois cette dernière bien en main, son attention se fixe de nouveau sur son interlocutrice.

-Dépouillez le de ses derniers deniers comme le font les charognards, et disparaissez, j’ai fort à faire et le jour est suffisamment clair pour que badaud se perde au cimetière.

C’était un ordre, et il escomptait bien le voir exaucé, le temps lui manquait suffisamment pour qu’en sus une guerrière vienne se perdre dans ses jambes.
Toux sèche, il couvre ses lèvres d’un fin mouchoir de soie qui viendra recueillir quelques larmes de sang.
Il devait faire vite.

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« Le mal porte le repentir en queue. »
Anaon
    Le rire de damné la laisse de glace, mais dans la caboche la méfiance s’accroit. Il faut bien être possédé pour rire ainsi devant la menace et les timbrés sont les plus imprévisibles. Et le voilà qui doute de sa parole! Malheureux tu apprendras que les mot de l’hérétique sont d’or quand il s’agit de menace! L’Anaon s’apprête à la réplique, mais le visage de l’inconnu se révèle alors à sa vue. Les deux sourcils s’arquent au-dessus des azurites. Peau diaphane, perles d’azur et les cheveux blond comme l’or qu’elle lui aime tant.

    _ De Vaisneau….

    Le nom est soufflé dans un murmure de buée. Si l’Anaon avait le sourire facile, pour sûr qu’elle s’illuminerait à cet instant. Le baron d’Ittre, sa mine, son gagne-pain, ses aubaines. S’il y avait bien un commanditaire que la balafrée avait toujours tenu à satisfaire, c’était bien lui. Un premier contrat, suivit d’un autre et la voilà collé aux bottes de sa promise à accomplir quelque tâches officieuses. Décidément, le couple Vaisneau - Blanc-Combaz aura été pour elle le plus fructueux.

    La dague s’abaisse doucement, mais la vigilance ne faiblit pas. C’est le De Vaisneau, mais c’est tout de même une hache qu’il vient de sortir. Lentement l’Anaon s’accroupie, l’œil alerte, mais la prunelle brillant du sourire que ses lèvres boude.

    _ Piller un cadavre? Mon seigneur vous me blessez… Vous savez bien que je ne suis pas de cette trempe-ci….

    L’acier retrouve la chaleur du fourreau et les mains viennent attraper un large sac de cuir reposant sur le sol pour en extraire une longue corde. Se faisant, la mercenaire ne lâche pas le blond du regard. Azur à azur. Il est pâlichon, le bourguignon et la toux qui suit confirme qu’il n’est pas dans sa meilleur forme. Il faut dire que l’Anaon l’a bien plus connu mal en point qu’en pleine forme , mais son teint livide l’interpelle. On l’annoncerait mourant qu’elle ne s’en surprendrait pas. Quand l’étoffe de soie se retire des lèvres masculines, elle la voit, la balafre. Ah? Nouvelle trace qui scie la joue droite. Les azurites s’y accrochent avant de la délaisser. Les regards, bien qu’elle les moque désormais, elle les a connu aussi, gênant et insultant.

    Les mains viennent forcer les membres du macchabé pour le ligoter en positon fœtal, dédaignant l’ordre du baron. L’attention se rive un instant sur l’éclat de la hache avant de s‘en détourner. Réellement anxieuse, la balafrée jette un regard au alentour prête à se carapater à la moindre présence suspecte.

    _ Je ne sais pas ce que vous voulez faire avec cette hache baron, mais malgré tout l’attachement que je vous offre, je ne vous céderais pas ce corps.

    La mercenaire vide en vitesse le sac des boules d’étoffes grossières dont il est bourré. Ca fausse les courbes du corps et çà rend le sac moins suspect.

    _ A la limite je vous laisse la tête, mais si on se fait voir par le guet, on est marron tout les deux, baron. Et je penses que vous et moi, nous ne voulons pas d’un séjour dans les geôles avant de passer sur le bucher. Ma chambrée sera un meilleur endroit pour " discuter" .

    Alors qu'elle entreprend de fourrer corps et étoffes dans le sac, les prunelles féminines luisent soudainement d’un éclat de malice. Brillant, comme l’halo doré d’un écu clinquant . Avec l’Anaon, toute discussion à un prix. Et le ton suave de sa voix laisse transparaitre tous les sous entendus de sa cupidité.

    _ Vous le savez. Un mot de vous baron et j’irais vous repeindre la lune….

    Un mot qui tinte d’or.

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Enguerranddevaisneau
[Hôtel Ataraxie, quelques heures plus tard]


Il avait refusé tout net. Jamais il ne gagnerait les pénates de la mercenaire. Si discussion il devait y avoir, elle se déroulerait en son hôtel Parisien, qui se trouvait juché à l’extrême frontière de la cour des Miracles. Ainsi, il avait à portée de main les plus beaux quartiers Parisiens comme les plus sombres venelles. Ainsi, il se complaisait à passer de l’ombre à la lumière, de la misère à la richesse, avec une facilité qui le déconcertait lui-même.

Evidemment, quand l’or tinta dans la bourse apparente du baron d’Ittre, l’Anaon n’opposa aucune résistance quant à suivre l’éphèbe à la balafre en ses appartements.

Simple, sans fioriture, l’hôtel particulier n’avait rien de particulier, hormis le valet d’arme à la mine patibulaire qui couvait du regard chaque manant s’approchant un peu trop de l’entrée de la demeure. Outre une vesture de qualité qui s’accommodait difficilement à la panse du cerbère, il avait à la main une hachette à découper les os. Son ancienne profession, boucher, et pour sûr qu’il se complairait à découper qui viendrait à vouloir discutailler avec l’Ittre sans son autorisation.

Ainsi, c’est difficilement qu’il déplace sa robuste carcasse pour faire place au maître et à son amie, sans néanmoins oublier de lâcher un regard haineux pour cette dernière. Une fois dans le couloir sombre, l’Ittre s’engage dans un escalier qui descend
.

-Par ici.

C’est pour l’Anaon, tout est calme, le marmiton dans sa cuisine n’ose émettre le moindre son en la présence du baron et les quelques valets se sont réfugiés bien loin de l’entrée quand l’arrivée imminente du baron fut annoncée. Ainsi, c’est dans un silence angoissant que les deux protagonistes rejoignent la cave.

Celle-ci est simple, deux pièces, l’une pour stocker vin et nourriture, l’autre pour torturer tout détracteur que pourrait rencontrer le gentilhomme à Paris. De fait, cette salle, éclairée de quelques torches, et garnie à souhait d’objets de tortures en tout genre à faire pâlir d’envi la princesse Armoria.

Au centre, une simple table de bois, où d’un geste vague, Enguerrand somme la jeune femme de déposer son butin.
Il devait la convaincre, et de fait, se montrer suffisamment alléchant pour qu’elle accepte de lui céder son corps. Ainsi, il ne perdrait pas une épée fidèle, et elle une rente plus que profitable. Satisfaire les deux partis, négocier, tel était son crédo
.

-Je vais être bref, concis. Je suis mourant.

Le tout déclamé d’une voix neutre, où l’on dénote néanmoins une légère pointe d’angoisse.

-En soit, ce n’est pas ce qui me dérange, ce qui me gêne, c’est de n’avoir guère put accomplir tout ce que je souhaite.

Rien à voir avec le corps, mais il y venait.

-Cet homme

Désigne le cadavre qui repose maintenant sur la table.

-Est mort par ce que je l’ai tué.

Là encore, aucune culpabilité dans le timbre du Vaisneau, il se fiche de la vie d’autrui, pourvu qu’elle ne trouble pas la sienne.

-J’ai besoin de son cœur. Vous en saurez la raison bien assez tôt, mais j’en ai besoin intacte. C’est ici que vous intervenez.

Il y avait réfléchit tout du long du trajet, il était prêt à rendre la jeune femme riche si elle l’aidait à gagner ne serait-ce qu’une année de vie. Et pour cela une seule chose à faire. Se salir les mains, avec lui.

-Vous allez le dépecer, avec mon aide, et me fournir ce dont j’ai besoin. Le reste est à vous.

A lui de ne pas dissimuler le rictus qui orne présentement son faciès, machiavélique, pâle, il lève une senestre ferme dans laquelle il enserre une bourse garnie d’écus.

-Et vous serez riche, Anaon, très riche, si vous faites comme je le souhaite.

Il avait soutenu la dernière note de sa phrase, presque menaçant, car si elle n’obtempérait pas, il avait dans l’idée que de faire en sorte qu’elle ne travaille jamais plus pour personne.
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« Le mal porte le repentir en queue. »
Anaon
" La science - toute science - est sans conscience ni limites. "
      - André Comte-Sponville -

    Comment dire non au De Vaisneau? Comment refuser quand il fait tinter l'écus entre deux mots bien placés? Impossible, malgré son caractère et ses intransigeances, l'Anaon savait quand se montrer souple dans ses lubies. Et elle a suivit le baron, faisant fi de sa réticence, jusque dans son hôtel, craignant tout de même qu'il n'aie pas à proposer à son esprit perfectionniste tout ce dont elle aurait besoin.

    Un bref regard est lancé en réponse à l'œillade haineuse du cerbère, réplique muette sans grande intensité et la balafrée s'engage à la suite du blondin. Les azurites balayent méticuleusement chaque couloir qu'ils empruntent, cherchant à graver chaque pierres, chaque aspérité dans les tréfonds de son crâne. La poigne se réaffirme sur le sac de toile. Le macchabée a beau ne pas être une armoire à glace, il pèse tout de même son poids. Et alors la cave se dévoile, avec ses denrées et son enfer...

    _ De Vaisneau, vous êtes de loin l'homme le plus surprenant que je connaisse...

    Dans cette partie de la cave c'est tout le bonheur des geôles que l'on retrouve. Les prunelles féminines s'animent d'un éclat neuf. Malsain. Comme une gamine dans une boutique de jouet, elle s'émerveille sans aucun remord devant les outils de la mort. Le Baron, elle l'a comprit, il n'est pas un enfant de chœur, mais elle ne l'aurait pas cru possesseur d'un tel attirail. Jusqu'à quelle folie s'est il livré?

    Un geste du jeune et la mercenaire s'exécute non sans soulagement, sortant le cadavre et se battant avec la rigidité de ses muscles pour l'allonger convenablement. Se faisant, le nobliau s'explique enfin. Mourant? Ah. Voilà qui en explique des choses. Le regard de la femme vient se river dans celui du blondin, se faisant des plus attentives. La curiosité est piquée, l'intérêt attisé. Attristée l'Anaon? Un brin peut être. Elle l'aime bien le Vaisneau, bien que son or y soit très certainement pour quelque chose... Mais la balafrée se fou de bien trop de chose pour être réellement marquée par la nouvelle. Quoi que l'éventuel perte d'un si bon gagne pain... Il peut y avoir de quoi pleurer.

    Elle pense or, il en montre l'éclat. La silhouette musculeuse se redresse doucement et les doigts agiles s'évertuent à dénouer sa cape. Et le timbre de sa voix se nimbe de velours. Sans doute n'est elle jamais aussi suave que lorsque qu'il s'agit d'argent.

    _ Baron, vous savez si bien parler aux femmes... Un peu plus et je vous épouse.

    Ombre d'un sourire à celui dont elle doit avoir deux fois l'âge. La mercenaire déjà s'éloigne pour aller inspecter de plus près les possessions du baron, abandonnant sa cape sur le premier meuble qui passe.

    _ Avez-vous déjà ouvert un corps baron?

    L'index ganté vient frôler la courbe d'un scalpel. Tranchant. Comment oublier ce baiser incisif qui lui a scié les joues? Les azurites s'en décrochent vivement alors que la senestre s'en saisit, puis fouille du regard les râteliers qui fourmillent de trésor.

    _ On prétend vouloir guérir sans savoir même comment çà fonctionne. Je gage que les plus grands érudits seraient surpris de voir à quel point l'humain peut ressembler au cochon...

    Quelques enjambées et l'Anaon rejoint la table déposant sur le meuble derrière elle couteaux, pinces, scie. Les azurites se braquent alors dans les prunelles masculines.

    _ Après tout l'homme, n'est-il rien d'autre qu'une bête?

    Secondes de silence bien vite brisés pas le crissement des guenilles que la femme réduit en charpie.

    _ Vous voulez le cœur... Soit, vous l'aurez, mais vous devez me laisser faire à mon allure. Et je ne vous demande qu'un peu d'encre et de vélin. Dans une pièce pareille vous devez bien avoir de quoi noter les aveux?

    L'Anaon, artiste de l'interdit, scribe des arcanes maudites. Ce que les médicastres n'apprennent pas sur le banc des écoles, elle, elle l'expérimente, le découvre, l'illustre. Dieux que les cadavres sont bavards. Sacrilège? J'en suis la Reyne!

    Les cheveux sont noués, le corps inspecté. Une fois rassuré sur le fait qu'il n'ait pas de maladie apparente, les mains gantées viennent craquer les braies du malheureux ne lui laissant que le plaisir de la pudeur de ce qui le rend mâle. La dextre vient chercher le scalpel et le fer se pose sur la gorge blafarde. Regard au blondin.

    _ Prêt Baron?

    Dans le timbre d'ordinaire calme, une lueur d'excitation. Un fois encore, elle ouvrira ce livre organique feuille après feuille, couche après couche. Quand se termine la soif de connaissance et quand commence la folie?

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