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[RP] Boire et...déboires.

Aymon
Schplouf.

C'était le bruit qu'aurait pu entendre un passant noctambule qui se serait égaré du côté d'une taverne Tonnerroise, quelques heures avant le petit jour, suivi immédiatement de "haaaaaaah..." puis, ce passant hypothétique aurait entendu un nouveau schplouf, puis bleblebleble, puis re-haaaaaaah.

Cette douce sérénade était produite par un gringalet boutonneux et passablement éméché dénommé Aymon. Ce dernier venait de se faire expulser assez énergiquement d'une taverne, et tentait vainement d'éclaircir ses idées dans le premier tonneau d'eau glacée venu.
Enfin, le premier...pas tout à fait. Disons le troisième. Le premier, il avait dégobillé dedans. Le deuxième étant complètement gelé, Aymon avait réussi à ajouter une bosse à sa future gueule de bois en tentant d'y plonger la tête.

Mais où que j'vas dormir, moué ?

S'interrogea ingénument notre jeune ivrogne en se frottant le front.

Snirf, reprit-il. Si j'retrouve ce foirard de chiard de noble d'mes couailles, je t' l'assaisonne proprement à la sauce aux châtaignes. Mais qu'est-ce qui m'a pris de quitter Conflans ?

Un moment, je vois que vous ne suivez pas très bien les pensées de notre jeune...protagoniste (héros serait, je crois, déplacé). Bien. Il faut dire qu'il règne dans son esprit une brume assez épaisse, pour l'instant. Non qu'elle se dissipe vraiment en temps de sobriété, mais...passons. Revenons donc quelques semaines en arrière.

Après une longue errance sur les chemins, une vie d'aumône, de braconnage, où notre bon à rien faisait comme l'oiseau, il avait fini par s'installer dans un village pas trop mal, où coulaient la bonne bière et foisonnaient les jolies filles.
Son interrogation est donc légitime : pourquoi ce jeune blanc-bec avait-il quitté ce petit paradis, pourquoi n'était-il pas resté tranquillement à regarder pousser les produits de son champ ?

Parce que c'était un éternel insatisfait et que son cerveau limité ne lui permettait pas d'entrevoir que c'était là la seule carrière qu'il fût apte à embrasser. Quant aux filles du village, il était bien en peine d'en embrasser une, alors, il ne fallait même pas songer à celles d'ailleurs.

Mais voilà, Aymon, du haut de ses quinze ans fraîchement révolus, avait la bougeotte, et trois jours plus tôt, il avait fait son balluchon pour "s'installer en ville". Il s'était mis en route en sifflotant, avait dilapidé la plupart de ses économies en jouant aux dés avec des inconnus qui l'arnaquèrent aimablement, et finit par arriver à Tonnerre, où il avait commencé par "aller reconnaître le terrain" en visitant les diverses tavernes.
Tavernes dans lesquelles il avait fait l'encontre de l'individu précédemment (et copieusement) invectivé. Ce dernier avait offert des verres et distribué des coups. Sur l'instant, Aymon l'avait apprécié pour le vin gratuit et pour son rire communicatif, maintenant, son bras à moitié disloqué et une douleur au ventre le portaient plutôt du côté de la haine.


'T'en ficherais, du vouvoiement...sale danzelon d'mes fesses...

...
Hé !
...


Ah, regardez-le ! Ses yeux s'écarquillent, son acné reluit, son visage se fend d'un rictus idiot : Aymon vient d'avoir une idée, phénomène assez rare et en général catastrophique.
En réalité, notre vilain a soudain réalisé que le damoiseau aux gros biscottos lui a parlé d'une armée. Il y a une armée en ville !
Les éléments s'assemblaient avec lenteur dans l'esprit épais du jeune paysan : qui dit armée dit chevaux et provisions, qui dit chevaux et provision dit retour à la maison !

Eh oui, on a dit qu'il avait une idée, pas qu'elle était bonne. Voilà donc Aymon, rond comme une queue de pelle, s'approchant d'un campement au dessus duquel flottent quelques étendards. Des ronflements émanent de toutes parts, troublés ça et là par quelques éclats de rire avinés et une chanson paillarde en braillement majeur. Fort heureusement pour Aymon, les sentinelles sont à peu près aussi fatiguées que lui, voire aussi ivres.

Avisant un petit groupe de tentes où la symphonie des ronflements est jouée fortissimo, il se coule adroitement (enfin, ça, c'est ce qu'il se dit. En vrai, il rampe d'une manière assez lamentable) jusqu'aux paisibles équidés attachés en rang d'oignons non loin.


Ohh là, tout beau, cheval, murmure-t-il a l'un d'eux.
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Avoir la classe, c'est beaucoup trop "courant principal". Je suis un vaurien doublé d'un pleutre, avec un surcroit de fainéantise : ça, c'est "souterrain".
Aimbaud
Quelques heures plus tôt, Aimbaud de Josselinière avait regagné ses quartiers au campement de l'armée, en se prenant les pieds dans les piquets de tente, fin titubant. Dans son monceau de pièces d'armure encrassées et bruyantes, il s'était avachit sur sa paillasse. L'effort surhumain qu'il avait du déployer pour ôter sa cuirasse l'avait finalement achevé. Il se trouvait donc dès lors en phase de sommeil paradoxal, un bras encore engoncé dans une aiguillette de fer rouillée, sa capuche en cotte de maille de travers, laissant entendre un léger ronflement. Un nuage de vapeur aux parfums avinés s'échappait de son bec, dans l'air froid qui passait dans la tente et qui faisait crépiter une bougie au chevet du lit.

Cela faisait un mois que le jeune bourguignon s'en était revenu sur les terres de son père. Il avait très vite délaissé sa nouvelle demeure, Nemours, où son impossible marquise de femme lui rendait la vie glaciale... L'emploi du temps marital lui déplaisait souverainement. Le château était trop immense, les terres constamment pluvieuses et grises, les serviteurs inhospitaliers, les gens laids, le vin mauvais, l'ambiance suicidaire ! Ou peut-être était-ce lui qui se faisait un film... Très probablement. Toutefois il avait mis les bouts sans tarder, prétextant une mobilisation en Bourgogne sur ordre spécial de son altesse Armoria. Une bise sur la joue plate de Clémence avait conclu leur aurevoir...

Il avait l'espoir mal placé que la guerre ne tarde pas à reprendre, afin d'être retenu plus longtemps loin de ses terres. Loin de ce titre lourd qu'il avait du mal à porter, de cette couronne trop large qui lui tombait sur les oreilles, de cette presque inconnue qui devait partager ses jours. En attendant il avait retrouvé au sein de l'armée une place qui lui convenait... Exercice, cheval, vidage de tonneaux. Quel excellent programme !

Le sommeil commençait à le gagner, il sombrait... Quand soudainement, un pan de la tente, contre lequel était appuyée sa paillasse, s'enfonça mollement comme si une fesse de cheval reculait contre la paroi. Une fesse de cheval visiblement dirigée par un débutant en matière de pilotage équin. Secoué sur les pieds de son lit d'appoint, le jeune Josselinière se hissa brusquement sur les coudes et observa la proéminence de la tente. Il mis trois bonnes minutes à retrouver l'usage de ses neurones. Les trois minutes passées, tout était retourné à la normale... Le brave soldat fut donc tenté de se laisser retomber comme une loque pour repiquer un somme. Toutefois, il usa d'un courage insoupçonné, se leva et fit voler l'ouverture de sa tente.

Tête de déterré... Il avise la silhouette d'un bouseux qui prend fuite avec Lugh Visage Pâle au bout des brides. Il cligne. Action. Réaction.


Qu... HOLÀ ! Toi !
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Aymon
Bon. Renâclement paisible de la part du canasson, Aymon lui passe une main maladroite mais bien intentionnée sur les naseaux. Pour l'instant, il ne s'en tire pas trop mal, le bougre.

Haaa...Pourquoi j'ai pas de carottes !
Alors...je tire ici...je passe la boucle là...Chh ! Tiens-toi tranquille, cheval.


Quelques jurons plus tard, le godelureau aviné a réussi a dénouer la bride de l'équidé qui se demande bien pourquoi on le dérange à cette heure tardive, et esquisse un mouvement de recul.

Shhh ! Pas dans les teeentes, idiot !


Le crotteux accompagne cette admonestation d'une série de tractions sur la bride. Au début, le cheval ne moufte point. Puis, se ravisant, il avance à petits pas sans broncher. Soulagement du côté du bipède. Le couple à six pattes s'apprête à s'éloigner sans bruit, quand...


Qu... HOLÀ ! Toi !

Le sang d'Aymon ne fait qu'un tour, et celui-ci se fige. Quelques idées lui passent par la tête (nous sommes en temps de crise, plusieurs idées à la fois, mon dieu, voilà qui n'arrive qu'une fois par lustre !) dont : tout lâcher et partir en courant (dommage !), se retourner et faire face (imprudent), sauter sur le cheval et partir au galop (risqué, mais idéal en cas de réussite.)

L'esprit affolé de l'adolescent choisit la troisième option, le corps tente de suivre : Mains sur le garrot, il s'efforce de se hisser, saute, soulève une jambe énergique et...
s'écrase pathétiquement.


OUILLE OUILLE OUUUUILLE


S'écrie le maladroit, avant de s'aviser qu'à s'égosiller de la sorte, il risque de réveiller tout le campement. Voilà déjà un homme, là, probablement celui qui a crié, et d'aill--

Oh non....oh non non...pas lui !

Et de s'enfuir à toutes jambes.
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Avoir la classe, c'est beaucoup trop "courant principal". Je suis un vaurien doublé d'un pleutre, avec un surcroit de fainéantise : ça, c'est "souterrain".
--Lulu_la_nantaise


La Lulu se trimballait nuitamment dans l'campement...
Là où y'a d'la soldatesque qui traine ses bottes y'a d'l'argent facile à gagner...
Et effectivement en sortant de la tente du gradé qu'elle avait...à qui elle avait donnée le réconfort dont les hommes ont généralement besoin, elle faisait tinter dans sa main une bonne grosse bourse pleine d'écus !

Le gaillard avait eu son content de bibine, elle y avait veillée, et s'en était montré fort généreux, elle y avait veillée aussi !

c'est à ce moment précis qu'un jeune godelureau courant comme s'il avait l'diable au cul lui rentra dans l'bide sans prév'nir !
Quelque peu estomaquée la belle Lulu !
Pis c'était le cas d'le dire là !

Elle r'garda l' god'lureau...

Ben tu m'as l'air d'être préssé toi !
T'aurais point commis quelque forfait ?


Elle se mit à rire bruyamment à en réveiller tout le campement !
Le jeunot était pas spécialement terrifiant !

Bon amènes toi, et tu m'a l'air d'en tenir une bonne !
C'est parfait pour passer innaperçu en ma compagnie !
Pis tien j'me présente mon choux : Lulu la Nantaise !
J'sens qu'on va bien s'entendre tous les deux : viens donc boire un coup d'gbôle en ma compagnie : ma taverne est juste au d'ssus !


Pas mécontente d'elle la Lulu...
La nuit avait bien rapportée et si elle pouvait rammener l'jeunot, ca ferait touner la boutique.
Y'a pas d'mal à gagner sa vie...
Aymon
Foutredieu de bran ! --hhh--- Coilles de bouc et con de géline ! --hhh-- Sur --hh-- toute l'armée, fallait que je tombe sur c't'abruti...

Tout en s'efforçant de mettre le plus de distance possible entre le costaud à coupe au bol et lui, Aymon proférait force jurons et halètements. Tout à ses injures et à sa course, il ne se préoccupait pas vraiment d'où il allait -- ni d'ailleurs, de ce qui se passait devant lui. Dans ces conditions, difficile d'éviter une collision. Effectivement, quelques instants plus tard, Aymon percuta violemment une...paire de seins assez volumineuse.

Ben tu m'as l'air d'être pressé toi !
T'aurais point commis quelque forfait ?


La paire de miches était prolongée par une plantureuse demoiselle. En la voyant, Aymon oublia complètement la situation périlleuse dans laquelle il se trouvait, et se mit à bégayer :

Que...qui, moi ? Je...euh...m'z'esscuzes, mam'zelle...euh...

La donzelle s'esbaudit bruyamment, ce qui eut un effet similaire au baquet d'eau froide dans lequel notre jeune homme s'était précédemment plongé. Tout revint subitement : cheval-course-grand type très très fort à tes trousses.

chhht mais taisez-vous voyons ! Voyez pas que j'suis dans l'pétrin ?

Bon amènes toi, et tu m'a l'air d'en tenir une bonne !
C'est parfait pour passer inaperçu en ma compagnie !
Pis tiens j'me présente mon chou : Lulu la Nantaise !
J'sens qu'on va bien s'entendre tous les deux : viens donc boire un coup d'gnôle en ma compagnie : ma taverne est juste au d'ssus !


J'ai pas l'temps, chérie, s'apprêtait à répondre le boutonneux, puis tout à coup, il se ravisa. Elle avait raison, la greluche, il n'avait qu'à disparaître avec elle au bras, ni vu ni connu, l'autre agité allait lui courir après toute la nuit, et lui serait tranquille avec la dame, à finir la soirée en beauté. Parfait, parfait.

Mais, m'dame, rien n'sauroit m'faire plus plaisir ! Laissez moi vous compagner, permettez...

Un baise-main maladroit, puis une main glissée autour de la taille, les oreilles écarlates et les boutons en feu, voilà notre blanc-bec qui s'éloigne tranquillement, bras dessus bras dessous avec la fille de joie...



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Avoir la classe, c'est beaucoup trop "courant principal". Je suis un vaurien doublé d'un pleutre, avec un surcroit de fainéantise : ça, c'est "souterrain".
--Lulu_la_nantaise


Ben ça !
Là la Lulu, elle était positiv'ment sul cul !

V'là t'y pas qu'on lui f'sait le baise-main comme à une Dame de la haute !
C'tait bien la première fois...d'habitude c'était plutôt la main aux miches en tout bien tout honneur...
C'est y pas qu'il aurait d'l'éducation, l'godelureau ?

Ben mon mignon !
t'sait qu'tes un vrai gantleman toi !
Mais tus'rais pas un nobliau des fois ?
Passque pour tout d'ire, j'les aime point trop ces gens là avec leur manières de chochottes !
Moi j'préfère les homme, les vrais !
ceux qu'en ont dans les braies au lieu de c'te bande de parfumés !
Et puis, faut qu'che te dise hein !
Ch't'ammène chez moi pour t'sauver la mise hein !
Mais bon c'est pas précisément l'grand luxe !
Mais y'a tout c'qui faut pour satisfaire son homme !
D'la bière, du brutal fait maison, pis Lulu la nantaise ! C'est qu'je dis pas non à la galipettec de temps en temps, pis tu m' plait bien p'tit blondin.

Par contre comme voleur t'as l'air moyennement doué...
Tu d'vrais arrêter ou prendre des cours... tu tombes bien mon choux t'as à faire à une spécialisse !
M'fallait bien des espèces pour monter mon établissement pis ça s'trouve point sous l'cul d'un ch'val !
Mais chuis honnête : j'ai jamais occis personne !
C'est qu'elle a un grand coeur la Lulu !


Sur ce elle lui fout une main au cul, ca a jamais tué son homme, pis quand ça vient d'une accorte dame, ça a l'don d'les mettre en joie les bonhommes !
La Lulu elle connaissait sn affaire foutredieu !
Aimbaud
La capuche de cottes de mailles bringuebalant de droite et de gauche, clopin-clopant, les genoux écartés à cause d'une longue journée à cheval, Aimbaud s'était élancé à la poursuite du voleur dans les allées de tentes. Il avait le pas lourd et fatigué, quand sa proie elle, bondissait agilement sur ses grandes cannes comme si la mort était à ses trousses... La mort peut-être pas. Un passage à tabac et quelques jours au piloris, sûrement. Soufflant, râlant, jurant, le jeune marquis déboucha entre deux auvents à piquets pour rattraper l'objet du larcin : un grand shire en pantoufles blanches, au museau poilu, qui braqua sur lui des yeux d'une beauté fascinante, relativement écarquillés. Oui, Lugh n'aimait pas qu'on le secoue quand il dormait debout pépère, et qu'un paquet de loques puant de fromage essaye de lui sauter dessus brutalement, pour finalement l'abandonner comme une vieille poulaine au détour d'une tente.

En voyant la mine déconfite de son cheval — ces grands yeux mouillants, ces oreilles secouées d'avant en arrière comme des girouettes par temps de mistral, cette babine poilue tremblotante de stress — le visage d'Aimbaud se froissa d'une colère nouvelle. QUI N'EN VOULAIT À SON DADÂ D'AMÛR ?! Dada de course, bichonné, débridé, customisé par SES soins. QUI ?! Une escalade de vengeance anima ses poings serrés, tandis qu'il nouait prestement les brides de Lugh à un poteau, pour s'assurer que son bolide n'allait pas changer de place de parking.


Papa revient. Tapotement du museau. RAAAAAHHH ! Reprise de la course poursuite.

Il s'élança entre les piquets et les cordes tendues. Il se prit les bottes dans celles d'un garde assoupi quelques pas plus loin, ce qui lui fit brailler un juron fleurit en patois angevin, sur le thème de la prostitution, de la matière fécale et de l'Être Divin. Et sans prendre le temps d'écouter les excuses de l'homme réveillé en sursaut, il lui arracha l'arbalète qu'il tenait et continua son sprint, fraîchement armé.

Reviens, PENDARD ! Viens tâter de cela ! SCÉLÉRAT !

Il s'arrêta en bordure des tentes, côté remparts, pour reprendre son souffle et s'apercevoir qu'il avait complètement perdu le garçon de vue. Tendant l'oreille, il ouït — entre autres bruits de râlements de soldats pionceurs provenant des tentes — quelques voix lointaines vers lesquelles il se dirigea à pas de loup en chaussons de danseuse...

Un pas de plus et vous êtes brochette.

Fit-il en brandissant son arme, à vingt pas d'un couple qui se carapatait vers les portes de la ville. Le geste fut accompagné de ce petit son significatif que produit une arme chargée, quand on retire le cran de sécurité.
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--Lulu_la_nantaise


Ne te retournes point et pas un mot ! Je me charge de berner cette brute, tel un goupil avec une vulgaire poule !
j'essaye d'le distraire, bouge pas surtout... pis si ça marche pas mon gars...j'aurais essayée !


Lulu la nantaise se retourna tout sourire, se penchant afin que le soudard profite de son large décolleté et s'avança sans crainte apparente, passque mine de rien elle s'était foutu dans un sacré guêpier et nom de dieu, à part ses charmes, elle ne voyait guère comment en sortir !

Tout doux beau sire !
Pourriez-vous baisser votre arbalète ?
c'est qu'des fois ça pars tout seul ces machins là !
et pis vous voudriez point transpercer une pauv' femme ?


Sur ce elle s'mis à onduler des hanches, ça fait toujours son p'tit effet sur les coeurs les plus endurcis, pis ça durcit le reste !
Enfin bref, l'heure n'était point à la gaudriole, fallait s'sortir de là !
Le laisser-passer du gradé de haut-rang d'vrait faire son p'tit effet...
c'est qu'ces couillons d'militaires c'est respectueux des chefs pis tout l'toutim !
Et çui là l'a ben l'air de faire partie d'la piétaille, quoique ce fût un régiment d'caval'rie..
Elle ne tarda pas à arriver au niveau d'la brute, s'mettant d'côté afin d'éviter toute prise de carreaux intempestive dans l'bide, vu ça aurait fait mauvais genre d'foute d'la tripaille partout, surtout qu'c'était la sienne et qu'mine de rien elle y t'nait !

Hé bien beau militaire ? qu'est ce qu'y m'vaut vot' courroux ?
V'là t'y pas qu'y fallait causer comme une duchesse maint'nant...

c'est qu'chuis qu'une faible femme !
Tu parles...

Et chuis juste allée donner du réconf...boire un verre avec vot' Colonel !
Un ben brave homme ma fois, pis distingué et ben poli !
Voyez, y m' fait escorter par un d'ces soldats, c'est pas choux ça ?


Pis la Lulu d'se pencher encore un peu en fouillant dans son corsage à la r'cherche du laisser-passer.
Tiens mon gars, prends en plein les mirettes !
Après avoir laissée l'temps au soudard de ben s'rincer l'oeil dans son opulent poitrail bien à son aise, elle sorti l' papelard.

Regard' moi ça beau soldat : c'est qu'chuis en règle !

règle numéro un : lui faire oublier l' pov gars qui l'accompagnait...mine de rien l'avait l'air d"l'avoir mauvaise l'soudard...
Mais dis moi mon mignon ,c'est quoi ton p'tit nom ?
Moi mon blaze c'est Lulu la nantaise, mais pour toi Lulu ça ira...

Et d'lui décocher son sourire qui les f'sait fondre les bonhommes...
Aymon
"Nobliau ? Non mais, la drôlesse, tu m'as ben r'gardé ?" Voilà ce qu'Aymon voulut répondre à la gourgandine. Deux choses le réduisirent au silence :

1- Une main bien placée de la part de la demoiselle. Passage au feu rouge pour Aymon, qui manque de s'étouffer.
2- L'autre excité qui débarque avec une arbalète chargée, un visage menaçant, une réplique à vous faire mouiller vos cottes, et un ton à vous faire faire une attaque.

Ceci dit, la donzelle semblait avoir la situation bien en main. Lorsqu'elle chuchota quelques conseils à Aymon, celui ci prit pour une fois la bonne décision, les suivit à la lettre et se tint coi. De toutes façons, ses cordes vocales l'avaient momentanément abandonné.

Providentielle. Cette fille était pro-vi-den-tielle.

Aymon l'observa avec fascination improviser une diversion aux armes de ditraction massive, avec Ondulement Lascif des Hanches, Ostentation du Décolleté, Roucoulade Suave et autres. Une maîtresse de son art, vraiment. Tout y était, le style, le doigté, la chorégraphie experte. C'était un spectacle plutôt troublant pour son jeune coeur sensible. Heureusement pour lui, il était trop terrorrisé pour que quoi que ce soit réagisse au niveau de ses chausses.
Déglutissant péniblement, il se dit que peut-être, avec une telle alliée, il allait parvenir à s'en sortir. L'idée d'être embroché par un carreau d'arbalète ne lui semblait que moyennement attirante.

"Vas-y, c'est l'moment", suggéra quelque part dans son cerveau une vilaine petite voix grêle, celle de la lâcheté et de la veulerie. "Il est occupé avec la bougresse ! Recule touuuut doucement, et disparaît sur l'heure ! Elle se débrouille très bien toute seule..."

Le jeune homme recule d'un pas, mais voilà qu'une autre voix prend la parole, ou plutôt se met à le gourmander sévèrement.

"Quoi ! Ca va pas bien, chez toi ? Une fille comme ça qui t'prend sous son aile, t'offre le gîte, le couvert, et plus si affinités, prend le risque de s'aller prendre un projectile dans la bidoche pour sauver tes fesses des bottes de cette brute, et toi tu veux l'abandonner à son sort ? Poltron ! Minable ! Chapon-maubec !"
Eh oui, des appâts bien placés et voilà notre couard qui se sent le courage d'un lion. Sa voix intérieure continue à l'enguirlander, d'ailleurs. Alors il serre les poings et la mâchoire, gonfle son torse et son orgueil, prêt à défendre la courageuse ribaude si l'autre se révélait insensible à ses charmes.

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Avoir la classe, c'est beaucoup trop "courant principal". Je suis un vaurien doublé d'un pleutre, avec un surcroit de fainéantise : ça, c'est "souterrain".
Aimbaud
En voyant les appâts charnus de la catin sinuer dans sa direction, à la lumière de quelque torche en bordure du campement, Aimbaud abaissa légèrement la pointe de son carreau en tiquant. Dans ces vêtements de peau de chat, la poitrine et les chevilles nues apparaissaient toutes claires et toutes grivoises... Le soldat donc, tel chien de chasse, garda automatiquement son attention braquée sur la perdrix roucoulante qui sortait des fourrés. Rrrrou rrrou fit-elle, à quelques mots près, en s'approchant à petits pas de poule pour lui permettre de zoomer en gros plan sur sa paire... d'yeux ? Ah ça par exemple, se disait le jeune marquis, c'était autre chose que sa toute maigre Clémence de femme, spécimen dont il avait bien sentit l'emplacement de chaque côte durant la nuit de noces, et pas une once de sein pour amortir le câlin... Bref, comme il était bon public, il fut un instant captivé par la parade mammaire.

Un laissez-passé brandit près de son nez rompit le charme.


Là, là ! Je ne suis pas ton mignon. Circule, la putain, c'est un autre que je cherche.

Il la chassa d'une main lasse, l'arbalète abaissée... Puis tournant déjà les épaules pour rentrer se coucher, il jeta un coup d'oeil blasé au troufion boutonneux qui raccompagnait la fille de joie. Boutonneux aux oreilles décollées... Hé mais...

Hé mais... Je te connais, toi.

Un bouseux de taverne, mal élevé, fouineur, au rire désespérant. Dans la cervelle du jeune marquis, cela fit tilt, mais cela fit aussi "Ding dong : Bonjour, on essaye de vous entuber.".

Soldat ? VOLEUR OUAIS.

Ribaude poussée de l'épaule. Arbalète tendue. Cran de sécurité abaissé. Tir.
Bienvenue dans l'ouest ! De l'Europe.

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--Lulu_la_nantaise


V'là t'y pas qu'l'aut brute s'met à canarder l'pov monde maint'nant !

Bon ça a foiré ton truc la Lulu.
T'as du faire qu'êque chose en trop, ou pas assez, enfin bref...
L'avait pourtat l'air sous l'charme au début l'soudard !
pis l' gars vl'a t'y pas qu'y la traite de putain maint'nant !
Une honnête commerçante qu'essaye d'gagner sa crôute !
Pis y qui m'bouscule c'te brute !
Y la connait pas la Lulu lui , pas l'genre à s'laisser faire par un bonhomme !


L'sang d'la lulu fait qu'un tour !
Délurée, fille de joie...ça passait, mais putain...
Jamais qu'on l'avait traitée d'la sorte sans s'en souv'nir !
La baffe à lui dévisser la tête partit magistrale à peu près au moment oussque le zigue appuyait sur la gâchette !
Pis pour faire bonne mesure prends y donc mon g'noux dans les roustons !
Y'a pu d' pov femme là mon gars, t'as affaire à la Lulu, pis la Lulu l'a trainée sa bosse et des gars dans ton genre elle sait les mater !

Ceci dit valait mieux pas trop trainer dans l'coin l'air d"venait malsain !
Pis là pu de déhanch"ment du popotin !
Plutôt prend' ses jambes à son cou en priant l'bon dieu qu'l'aut' ai point l'temps d'recharger avant de reprendre son souffle !
Armoria
Il y avait une chose - UNE chose - à laquelle Armoria ne dérogeait jamais - sauf bien évidemment quand elle en était empêchée pour cause de trépas ou encore de marauds angevins qui la balançaient sur un cheval, cagoule sur la tête.

Une chose, donc, et ce, qu'elle se trouve à Paris, à Ménessaire, à Dijon, ou sur un campement d'armée. Le bain. Vespéral. Chaud. Après quoi, se faire asperger d'eau glacée - c'est souverain pour la fermeté de la peau.

Rituel immuable, et dont la moindre perturbation avait pour effet de faire entrer la blonde altesse dans une colère qu'il valait alors mieux ne pas affronter.

Or, là, précisément, nous nous trouvons à ce moment de la soirée où elle a reçu bain et aspersion et où, rhabillée, elle profitait d'un moment de calme avant d'aller patrouiller.

Autant dire que si le pire avait été évité - le bruit et le remue-ménage pendant son précieux bain - ce n'était pas anodin pour autant, puisque ces moments de sérénité post-ablutions faisaient partie du rituel susdit. De quoi surgir de sa tente, arme en main, visage fermé.


QU'EST-CE C'EST QUE CE BORDEL ?
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Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique
Aymon
Juste le temps de se raidir, de quoi gagner un millimètre d'espace -- le bruit d'une claque (clong ?) et surtout, celui d'un carreau d'arbalète sifflant à deux millimètres de sa joue droite. Providentielle, disions-nous. Effectivement, avec sa droite bien placée, Lulu la Nantaise vient de sauver la mise à notre gringalet.

Pas le temps de dire "pfiou !", Tout ce qu'il voit, c'est que la fille de joie s'apprête à mettre les bouts. Il tend une main désespérée vers elle, avec dans la gorge le miaulement déçu d'un jeune homme venant de vivre une expérience de mort imminente à l'issue de laquelle son ange gardien (et dépuceleuse potentielle) décide de se faire la malle.

C'est alors que retentit un coup de tonnerre vocal, qui le fait se recroqueviller comme un lapin sous les crocs d'un loup.


Oh, foutrecul, quoi encore ?! gémit-il en se laissant glisser à terre. Seule un léger arrière goût de son courage de tout à l'heure l'empêche de fondre en larmes...
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Avoir la classe, c'est beaucoup trop "courant principal". Je suis un vaurien doublé d'un pleutre, avec un surcroit de fainéantise : ça, c'est "souterrain".
--Lulu_la_nantaise


Nom de dieu !
Vl'a t'y pas qu'y a une hystérique qui s'met à faire du boucan et à gueuler comme un putois maintnant !
Cest ben l'moment d'réveiller tout l'camp !

Sur ce v'là la Lulu qui's' carapate le plus vite possib' quand la vl'a t'y pas qu' est manque de s'étaler en donnant du pied cont'un truc en ferraille genre bouclier ou machin dan'l'style !
Fallait y ben qu'y ai une saloperie qui s'traine sul'chemin juste à c'tinstant là !
Pis la nuit y'a pas à tortiller du cul, on voit moins ben qu'le jour !
Sauf les chats parait, mais là c'pas trop l' moment d'faire d'la philosophie.

Nom de dieu de foutre !


Là pardon, mais ça lui a échappé !
Bon, l'arrive quand même au niveau d'son petit protégé qu'a l'air de trainer les emmerdes avec lui pis d't'en faire profiter l' pov monde par la même occas !

GROUILLE TOI, ON SE TIRE !!!

Pis d'le choper par la main c' pas dégourdit pass que les guiboles ça suivait point trop, pis apparement l'bon dieu avait oublié d'lui filer des esgourdes !!
Une vrai mère poule la Lulu, on aura tout vu !
Aymon
Ô Aristote, sois mille fois béni pour cette main ferme et courageuse, se saisissant du petit tas rabougri que formait à présent un Aymon désespéré et dépassé par les événements. Diantre ! Elle n'a pas l'air comme ça, la drôlesse, mais elle a une sacrée poigne. Et c'est un jeune homme un peu secoué qu'elle relève brusquement sur ses jambes.

Si elle a de la poigne, notre libertine n'est pas non plus dépourvue de voix. Son injection impérieuse ne se refuse pas, les jambes de l'asperge boutonneuse se mettent donc à courir avant même qu'il ait repris ses esprits. Tout à fait dégrisé par les événements, il vole, bondit par dessus les piquets de tentes et les soldats endormis, suivant des yeux la jeune femme qui l'a pris sous son aile. Ha! le père d'Aymon disait toujours : "quand on a pas de tête, on a des jambes." Cet adage ne s'est jamais autant vérifié qu'à présent. Grandes Guibolles se révèle aussi efficace contre Tas de Ferraille que toutes les Grosses Caboches du monde, qu'on se le dise ! Enfin, pour peu que les guibolles en question soient aidées par Une Fille Dégourdie. Mais l'heure n'est point aux réflexions : il le fallait bien, tout ce tapage a secoué du monde. Les ronflements dans les tentes sont remplacés par des grognements mécontents, des borborygmes contrariés, des râles et des protestations du genre "c'est pas bientôt fini, ce boucan ?!"

Vite, viiiite ! Elle est par où, la sortie du campement ?

Au...fait, Lulu, tu sais... qui c'était, la blonde ?

glisse-t-il entre deux halètements. Ses poumons ne vont pas tarder à lâcher, si ça continue. D'ailleurs, une idée terriblement désagréable s'insinue traîtreusement dans son esprit...la blonde en question avait l'air de quelqu'un du beau monde, pour le peu qu'il en a pu voir. On ne va certainement pas cesser de les poursuivre à la sortie du campement...si ? Peut-être même qu'ils vont lâcher des chiens !

Grandes Guibolles redouble d'efforts...
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Avoir la classe, c'est beaucoup trop "courant principal". Je suis un vaurien doublé d'un pleutre, avec un surcroit de fainéantise : ça, c'est "souterrain".
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