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[RP] Prudence n'est que l'euphémisme de peur

Shirine
Comme une envie de tout détruire. Une envie de déchirer le vélin en mille morceaux et de le foutre au feu. Comme une envie d'hurler et de s'arracher le coeur pour ne plus souffrir.
A la place, Shirine serre les dents et suffoque de rage. Ses ongles s'enfoncent dans le bois de la table et elle ferme les paupières jusqu'à en avoir mal. Glover lui manque affreusement, et Vignolles qui aurait pu casser sa solitude refuse juste pour la faire enrager.

Et la petite lueur qui aurait pu combler le trou noir qui git dans sa poitrine, serait-elle en train de disparaître avant même d'avoir pu briller? Juste envie de le trouver et lui demander de ne pas l'abandonner. A-t-il besoin d'elle? S'il ne veut ni se justifier, ni pitié, ni conseils, que veut-il? A quoi pourrait-elle bien servir? Doit-elle peser ses mots quand elle s'exprime? Ce n'est pas lui qui va lui dire ce qu'elle doit ou ne doit pas faire. Devait-elle d'un coup parler d'elle alors que même Glover n'en connait pas le quart à son sujet? N'est-il pas capable de le comprendre? Elle espérait tellement qu'il le puisse...

Il faut qu'elle voie quelqu'un. Pour pleurer, pour crier, pour expulser ces démons qui la torturent.


Lysandre si t'étais pas mort, j'en serais pas là !

Elle tape violemment du poing sur la table et rouvre les yeux. Elle se rue alors sur les étagères qui se fracassent sur le sol, y déversant leur contenu. Puis ses mains cherchent autre chose à détruire, mais la pièce est petite et simple. Les livres, l'encre, les parchemins sont au grenier, le linge est dans la chambre...
Elle cherche, reste là, idiote, à chercher ses victimes.

Dans un grognement de rage elle sort et claque la porte derrière elle.
Sans trop savoir où aller, elle prend la direction de Genève, sans l'intention d'y aller vraiment. Il faut qu'elle marche, qu'elle fasse s'affoler son coeur pour quelque chose. Il faut que sa colère passe...

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--Chimaera
(Petite chimère s'incruste dans un RP dans l'espoir de participer. Si vous n'en voulez pas, un mot de vous et elle disparait! Bon jeu!)





Et moi, petite Chimère, patte pelote et queue bien droite, je vois une Dame, une belle dame Rousse, marcher sur le grand chemin avec un air renfrogné. Irrité, que dis-je, peut-être même excédé!

Alors je sors ma petite langue, je frotte ma fourrure blanche, et je sautille devant elle, sur le chemin, au risque de me prendre un coup de sabot mal placé...

Montrant la truffe, agitant les oreilles, je m'assois bien droite devant elle et la regarde de mes petits yeux ronds et noirs. Et d'un petit sifflement, je m'exprime à son intention:

- Pchouiiiiiiiiiiit!

Ce qui veut dire:

- Bonjour, Jolie Dame, tu as l'air bien en colère! Je peux faire quelque chose pour toi?

Et j'incline la tête, ondulant la queue...

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Shirine
Shirine file entre les arbres. Son allure fait voler ses cheveux.
Elle avance furieuse. A cet instant elle pourrait être une torche humaine et ferait un carnage, mettant à feu et à sang les alentours. Elle voudrait pleurer mais n'y arrive pas. A la place, elle sert les poings et les dents.

Elle s'en veut tellement d'être ce qu'elle est... Elle songe et songe encore. Trop... Quand un éclair blanc la fait sursauter. Par réflexe, elle fait un bon sur le côté pour l'éviter. Son épaule droite s'écrase sur le sol et elle évite de se le prendre en pleine figure en avançant sa main gauche. Sa chevelure rousse s'éparpille devant ses yeux en un rideaux, attrapant au passage quelques feuilles et brindilles mortes.

Des secondes très longues s'écoulent, le temps pour la sicaire de reprendre ses esprits. Elle finit par se redresser sur les coudes pour faire face à la boule de poils.
Elle lève un sourcil. La bestiole se tient devant elle, droite comme un i et lui adresse quelque chose à mi-chemin entre un crachement et un cri...


Qu'est-ce que tu veux?

Puis Shirine lève les yeux au ciel exaspérée. La voilà qui parle à un animal... Serait-elle de nouveau en train de devenir folle?
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--Chimaera




Un peu surprise par la chute de la demoiselle, je m'écartai précipitamment pour ne pas risquer de finir écrasée. Patte pelote toujours, truffe luisante, je m'approche d'elle... Et constate avec désarroi, qu'une fois de plus, j'ai oublié que je ne pouvais pas me faire comprendre de tous les humains...

- Ptchoui...


- Bon, cela m'apprendra,

Me dis-je... Mais enfin, que voulez-vous! Je n'aime pas voir les gens malheureux, et d'habitude, une boule de poils blanche et chaude qui vient se blottir sur votre épaule suffit à calmer les misères de ce bas monde. J'écarquille mes yeux, et fait mine de monter sur son épaule, histoire de parcourir un bout de chemin avec elle...



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Shirine
Shirine finit de se redresser complètement, restant assise sur le sol froid et humide. Dans sa tignasse rousse, un mélange de petites feuilles mortes et de brindilles, sur ses joues, le rose du froid mordant est apparu.
Dans sa précipitation, la rousse n'a rien mis de chaud. Elle a gardé ses braies et sa chemise...

Elle observe l'animal qui la regarde et semble vouloir communiquer. Cela en a quelque chose d'attendrissant et d'apaisant quelque part...

Nouveau petit cri, et la rousse se met à rire doucement.


Désolée, je parle pas ta langue...

De la fumée s'échappe de sa bouche et elle frissonne.
La petite bête à poil s'avance alors soudain pour lui monter dessus.
Par réflexe, Shirine a un mouvemet de recul, puis se reprend.


Ah bah oui... vas-y incruste-toi !

Elle sourit en coin et se permet d'approcher la main pour une caresse, toutefois un peu méfiante.
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Lynn_magdalena


La petite arrivait en courant sur le chemin...

- Chimaera!!! Ou es-tu? Déos tout puissant, si je ne te ramène pas, Papa va être faché!!

Elle cherchait dans les fourrés, et soudain sur le chemin, une tache blanche. Une chevelure rousse...

- Dame Shirine!

Elle éclata de rire...

- Je suis Lynette, la fille d'Andaevinn... C'est ma p'tite bête, la...

Elle s'approcha, un grand sourire aux lèvres, soulagée que la facétieuse bestiole ne se soit pas ENCORE métamorphosée en dieu sait quel volatile et enfuie hors de sa portée.

S'adressant à la chimère:

- Va, si elle est d'accord de te caresser, laisses-toi faire, Chim!

Et elle rit en voyant la petite bête se rouler en boule dans les bras de Shirine en ronronnant comme un gros chat...

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Shirine
[Quelques jours plus tard]

Shirine fait son balluchon.

Sereine, à la fois un peu triste. Elle a besoin de prendre l'air. D'aller réfléchir ailleurs. En haut d'une montagne, où commence le ciel.

Elle n'emporte presque rien, comme d'habitude, elle n'aime pas s'encombrer. Juste une miche de pain pour le voyage, un peu de viande séchée, quelques écus... Puis elle avisera en chemin. Là où ses pieds la porteront.

Loin d'ici, loin d'eux.

Elle fait tourner la grosse clef dans la serrure, a un regard vers le haut de la tour qui lui sert de maison puis tourne les talons et s'éloigne...

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Shirine
La clef tourne une fois de plus dans la serrure, mais dans l'autre sens. La porte s'ouvre dans un grincement, sur une pièce froide, sombre et silencieuse.

Shirine entre en boitant. Elle referme la porte, pose la clef sur la table et s'échoue au sol devant la cheminée, non sans une grimace. Elle étend la jambe blessée et se penche pour attraper quelques bûches qu'elle met dans le foyer. Cela lui prend de longues minutes avant d'arriver à allumer le feu, tellement la douleur la ralenti.

Dans un soupire, elle cale son dos contre le banc derrière elle et reste prostrée ici un moment.

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Shirine
[Des jours plus tard]

    ~ 1er étage. Sa chambre. ~


C'est tard dans la matinée, ou tôt dans l'après-midi, que Shirine se réveille, le soleil lui faisant de l'oeil à travers la fenêtre. Sa jambe ne lui fait presque plus mal, juste une douleur de temps à autre, lorsqu'elle en demande trop à son membre, aujourd'hui barré d'une cicatrice.
Elle cligne des yeux puis se retourne dans un grognement pour se retrouver nez à nez avec Vignolles. Elle s'étonne une demie seconde puis sourit en se souvenant de leur soirée.

Elle avait finalement réussi à le convaincre de dormir avec elle. Sous conditions, cela allait de soi, mais elle ne pouvait pas tout avoir du premier coup. Qu'il se retrouve là dans son lit, était déjà une grande avancée...

Et ils n'avaient fait que parler, et dormir, comme convenu.

Et comme promis, elle l'aurait à l'usure.

Elle le regarde et son sourire s’efface peu à peu. Il était bien tombé. Et il lui avait manqué parce que depuis quelques semaines, elle ne supportait plus d'être seule.
Pendant plusieurs heures Vignolles lui avait fait oublier qu'un autre l'avait meurtrie par son départ et lui avait fait réaliser qu'elle aurait sans doute aimé le voir ici, face à elle, un matin, éveillée aussi par le soleil. Mais une autre était passée avant, et elle ne pouvait lutter...

La rousse repousse une mèche qui lui barre le visage et profite de sa main en mouvement pour toucher la joue du blond endormi.

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--Brunehault


Elle venait de se faire déposer aux abords de Genève par un marchand qui avait gentiment accepté de l'emmener avec lui depuis Annecy. Son fils, Tancrède, l'avait aidé à obtenir cette facilité de voyage, grâce à ses nombreux contacts. Après lui avoir déconseillé du bout des lèvres de faire cette route. Il n'avait pas insisté non. Il connaissait sa mère. Si têtue... Elle lui avait demandé de prendre soin de son chat et avait quitté sa ville natale avec un petit baluchon.

Un peu tremblante, elle arpentait le chemin discret qui menait à la tour de Shirine, agrippée à son bâton. La nuit venait de tomber. Il faisait sombre et le froid s'était abattu soudainement. Brunehault fit une pause, posant sa canne contre un tronc d'arbre qui lui servit ensuite à se maintenir. Elle souffla quelques minutes puis se redressa un peu pour réajuster son châle autour de ses épaules, et le foulard qu'elle avait sur la tête. De nombreuses mèches blanches s'en échappaient, luisantes sous le regard de la lune. Puis elle repris sa route...

Le temps filait, aussi rapide qu'elle était lente. Fatiguée, ses jambes ne la tenaient presque plus lorsqu'elle atteint enfin la porte. Elle haletait. Manquant d'oxygène. Son coeur affolé cognait dans sa poitrine comme pour lui intimer de le libérer de sa cage étouffante.

Tout comme son organe vital, elle cogna aussi. Mais à la vieille porte en bois.
Shirine
[Juste quelqu'un que j'ai connu]

Au moment où la vieille se rend chez elle, Shirine est assise sur un banc, face à la cheminée. Un peu penchée, les coudes sur les genoux, elle observe la pile de vélins brûler. Quelques morceaux calcinés s'envolent pour mieux retomber et disparaître dans les flammes sans pitié.
Comme elle le lui a écrit un instant plus tôt : "J'ai brûlé toutes tes lettres." Comme pour lui dire : "Cette fois c'est fini, j'ai envie de t'oublier." ou serait-ce pour lui dire : "C'est ta dernière chance de me prouver que tu tiens à moi, rattrapes-moi avant qu'il ne soit trop tard..." ? Elle sait bien qu'elle n'a aucune chance, mais l'espoir est du genre tenace parfois...

A-t-il détruit les siennes ? Les gardera-t-il en souvenir de ce qui aurait pu être une belle amitié ? Et qui s'est transformé en désastre avant d'avoir commencé... ? Elle aurait du le sentir depuis le début. Et elle s'en veut de l'avoir laissé aller si loin. Maintenant, elle souffre, encore.

Il faut qu'il devienne juste quelqu'un qu'elle a connu...

Les coups frappés à la porte la tirent de ses pensées. Elle se lève d'un bond, nourrit d'un faux espoir de le voir derrière la porte. Son coeur s'est affolé et elle tente de se raisonner. Comment pourrait-il être là, maintenant ? Alors qu'il n'était jamais venu auparavant.
C'est tout de même d'une main tremblante qu'elle ouvre la porte qui grince.


Brunehault... ? !

La rousse écarquille les yeux et tend les bras pour recevoir la vieille femme qui s'écroule presque contre elle, épuisée.
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--Brunehault


La tête lui tournait terriblement et sa respiration résonnait alentours. Elle essayait de se reprendre, pour pouvoir avaler sa salive, et manquait s’étouffer à chaque fois...

La porte s'ouvrit sur la grande rousse et Brunehault fit un pas, tendant une main tremblante. Elle se sentit partir en avant et ferma les yeux, attendant la chute. Les bras de Shirine la retirent et elle s'y agrippa fortement.


Ah Shi-Shirine...

Elle avait beaucoup de choses à lui dire, mais pour le moment son état ne l'envisageait pas...
Shirine
La vieille femme tremble entre ses bras. Shirine, tout en maintenant Brunehault, passe un bras derrière elle et l'aide à marcher pour entrer dans la pièce. Du pied, elle pousse la porte qui se ferme dans un claquement sonore.
Les deux femmes, cheveux roux et blancs mélangés, traversent la salle circulaire jusqu'à un fauteuil. La rousse fait asseoir sa vieille amie et profite qu'elle ait besoin d'un temps de récupération pour placer un chaudron d'eau dans la cheminée. Elle sort une tasse et un petit sachet de toile dans lequel elle place une pincée de thym séché.

Puis, le temps que l'eau chauffe, elle s'assoit sur le banc, tournée vers la vieille.


Qu'est-ce qui t'a pris de venir jusqu'ici ?
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--Brunehault


Assise. Enfin. Au repos. Sans les cahots de la route. Brunehault se laissa aller dans le fauteuil, comme chez elle. Il ne lui manquait que son chat. Ses mains tremblaient encore un peu. Mais pas de fatigue, de vieillesse.

Avant de répondre à la jolie rousse, elle prit le temps d'observer la pièce. Circulaire, une table, un banc, une cheminée... C'était sommaire, mais elle avait cru comprendre que Shirine avait toujours vécu simplement. Il suffisait d'ailleurs de regarder son accoutrement.

Puis la vieille femme releva ses yeux gris sur la jeune rouquine.


Demain cela fera un an que tu as perdu ton enfant*. J'ai pensé que ce serait difficile pour toi, et que tu aurais peut-être besoin de moi... lui répondit-elle sans la quitter des yeux.


*La date réelle de la fausse couche est le 4 avril 1459. Imaginons donc que nous sommes le 3 avril 1460.
Shirine
Shirine soutient le regard de Brunehault. Elle essaye de ne pas sciller lorsqu'elle lui avoue le but de sa venue. Elle frissonne à la place, mais tient à rester impassible.
Les souvenirs affluent. La douleur, le sang, la folie... Sa folie... Le faux bébé bercé pendant quelques jours sous le regard impuissant de la vieille guérisseuse. Elle s'était emmurée dans son monde, celui où son enfant vivait, gazouillait ou dormait paisiblement contre elle. Pour refuser la triste réalité des choses. Elle n'avait pas été à la hauteur.

La rousse finit par rompre le silence en se levant pour verser l'eau bouillante dans la tasse. Elle tend cette dernière à la vieille femme et retourne s'assoir dans un soupire.


Tu n'peux pas le ramener. Ni me faire retourner en arrière. Donc ça sert à rien, j'ai b'soin de personne.

Sur le coup, elle a envie de pleurer. Elle baisse un peu la tête pour cacher ses yeux brillants.
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