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[RP] Quand nos peurs font nos forces

Briana.
Rp ayant lieu à la suite d’un évènement IG qui aura eu quelques conséquences sur la petite Briana. Toutes personnes ayant pour souhait d’intervenir en cours de RP est le bienvenu. Bonne lecture et bon jeu !



"La peur... Une arme primitive mais efficace "
Pauline Michel

La peur : sentiment d'angoisse éprouvé en présence ou à la pensée d'un danger, réel ou supposé. Cet état pouvait être considéré comme normal, voir même positif, surtout lorsqu'il conduisait à réagir en évitant ou en surmontant le danger. Mais pour Briana, il n'en était rien. Sa peur omniprésente était devenue source de phobies et d'anxiété.

Plus rien n'était comme avant. Comme avant ce jour où elle avait vu le plat de la main d'un inconnu venir s'abattre sur sa petite joue. Une gifle assénée avec une telle violence qu'elle en avait gardée la marque durant près de deux jours. Les traces laissées et la sensation de brûlure qui l'avait accompagné avait fini par s'amoindrir, finissant même par disparaître définitivement. Mais si la douleur physique n'avait été que superficielle, elle avait laissé toute sa place à l'impact émotionnel. Ce sentiment, cette affection, dont elle était victime, l'avait plongé dans un état émotionnel stressant, la rendant victime, parfois, de tremblements, de maux de ventres douloureux... et pire encore, l'entraînant dans un mutisme profond.

Du haut de ses quatre ans, elle n'avait pu que subir, tant la violence que les propos indécents, méprisants et haineux d'un agresseur sans doute prit de folie. Une manifestation du Sans Nom, disait-on. Et en aucun cas, elle n'avait eu la force de riposter, ni en gestes, ni même en paroles. Seules, des cascades de larmes avait noyées ses yeux et s'étaient déversées sur ses joues avant qu'elle ne se retrouve blottie, tenue à l'abri entre les bras d'une mère protectrice, comme la sienne pouvait l'être.

Jamais elle n'aurait cru avoir à recevoir un tel traitement de la part d'un inconnu. Elle qui se croyait toujours en sécurité avait fini par oublier les dangers qui pouvaient roder autour d'elle. Preuve en était qu'ils étaient bien là et qu'ils pouvaient se présenter n'importe où, n'importe quand. La menace avait était pleinement ressentie et la peur avait désormais prit le dessus sur sa petite vie, gelant ses habitudes et la limitant dans toutes ses activités. Comme clouée dans ses appartements, Briana ne les quittaient pour ainsi dire plus.

Elle avait trop peur pour en bouger et ce, malgré tout les efforts orchestrés par les gens de maison et la proche famille pour la faire sortir de son enfermement devenu quotidien. Les seules réponses qui pouvaient se faire entendre au sortir de la bouche de Briana quant aux invitations qui lui étaient faite de sortir étaient de ce genre
:

    "Z'ai pas envie, c'est cro danzereux dehors."


Ou bien encore


    " Ze veux pas sortir, ze suis bien ici."


C'est qu'elle avait pour idée que restant chez elle, elle ne courait aucun danger.

Nombreux étaient ceux, qui dans son entourage, se montraient inquiet, car tous avaient été mis au courant de ce qui l'avait accablé. Mais cette inquiétude, chacun tâchaient de la balayer du mieux qu'il le pouvait en sa présence, cherchant toujours à trouver les mots pour la rassurer. Et ce jour, Carenza, sa nourrice s'y employait. Celle-ci était une fois de plus venue la retrouver dans le but précis de la réconforter. Et durant de nombreuses minutes, elle avait eu à faire face au silence de l'enfant avant qu'elle ne la prenne délicatement sur ses genoux.
Carenza ne le savait peut-être pas, mais cette attention qu'elle lui offrait, permettait à Briana de se sentir en sécurité. Et ce sentiment, lui donnerait peut-être le courage dont elle avait besoin pour finir par affronter et par surmonter ses peurs...
--Carenza


[Le dialogue : un bon exutoire]

Chaque jours passant se ressemblaient depuis quelques temps. Tous le domaine était plongé dans un climat ponctué d'inquiétude. Personne ici, n'avait compris l'attitude de cet homme qui s'était acharné avec un plaisir certain sur une pauvre petite âme comme Briana, si agréable, si douce qu'elle pouvait être.

A tour de rôle, on s'employait à la visiter dans ses appartements. Les consignes avaient été claire : " ne pas la laisser seule trop longtemps". Il fallait à tout prix se montrer rassurant. Et son tour était venu d'aller lui tenir compagnie. Rare était les fois d'ailleurs où elle avait à s'éloigner, mais elle ne pouvait non plus délaisser Erwan qui avait lui aussi besoin d'attention.

Empruntant le corridor qui menait à la porte de la chambre de l'enfant, elle s'arrêta un instant. Le temps de la contempler. La petite était sise sur son lit, la tête entre les paumes et plongée dans une tristesse que tous auraient pu ressentir. La nourrice ainsi tenue, soupira profondément, marquant un profond regret quant à la situation. Elle déplorait ces moments de joie, les sourires, les éclats de rire qui résonnaient souvent avant l'incident, priant le ciel que tout redevienne vite comme avant.

Reprenant une profonde respiration, elle eut fini par pénétrer dans la chambre. Dans ses mains, un plateau sur lequel était disposé tasses et théière pleine d'un bon lait chaud agrémenté de miel, le tout accompagné de quelques gourmandises. C'était peu de choses mais elle espérait bien que ces petites attentions apporteraient à Briana un peu de réconfort.
Se débarrassant de sa charge qu'elle posa sur une petite table ornant la pièce, elle s'approcha de la couche et s'asseyant en son bord, tendit les bras vers l'enfant. La saisissant délicatement sous les bras, elle l'installa confortablement sur ses genoux et lui adressa un sourire.


"Comment vous sentez-vous jeune demoiselle ? J'espère que mieux. Regardez donc ce que je vous ramène pour vous réconforter... Un peu de bon lait et de délicieux gâteaux encore tout chauds... Me feriez-vous le plaisir de venir en manger un peu ?"

Libérant une de ses mains, elle attrapa la poupée de Briana délaissée un peu plus loin aux pieds du lit.

" Je suis certaine qu'Eléanor à très envie de déguster ceci en votre compagnie. Et peut-être pourrions nous discuter toutes les trois. Qu'en dites vous ? "

Carenza savait qu'il était important de s'asseoir et de discuter. De parler avec elle de ses peurs. Elle avait toute confiance en le pouvoir des mots et sur l'effet qu'ils pourraient avoir sur la petite. Mais encore fallait-il que la langue de Briana se délie...
Briana.
Les petits yeux mirant le sourire de la nourrice s’en étaient rapidement détournés, et ce, sans même esquisser l’ombre d’une réponse. Est-ce qu’elle allait mieux ? Tantôt oui, tantôt non. Pour être plus clair, tant qu’elle avait à rester au domaine, tout allait au mieux, mais lorsque la simple idée lui venait de devoir sortir au dehors, la crainte se faisait de nouveau ressentir. La peur d’avoir à tomber de nouveau sur ce fou furieux manquait à chaque fois la faire défaillir. Aujourd’hui donc, trouvant confort et sécurité, elle pouvait dire qu’elle allait... Parce qu'elle était là... Qu'elle allait bien pour l'instant
Elle aurait pu le dire, mais le dialogue avait peine à être établi et tournant son minois, elle préféra porter de l’intérêt au plateau que cette dernière venait d’apporter. La bonne odeur qui s’en dégageait et qui doucement emplissait la pièce valait de mettre son appétit en éveil. Un appétit qui s’en était allé en diminuant. Une des autres conséquences liées au trouble occasionné par ces crises d’anxiétés.

Acquiesçant d’un signe de tête, acceptant alors l’invitation faite par Carenza d‘aller se rassasier un peu, Briana s’était doucement laissée glisser de sur les genoux de sa nourrice, ses deux petons gagnant le sol. S’étant légèrement retournée, le temps de saisir Éléanor par la main , elle avait ensuite pris la direction, traînant un peu le pas, vers la table où les attendait leur collation. La main tira doucement la chaise situé à senestre. Siège sur lequel elle installa sa poupée. Certaine du confort de sa fidèle amie, elle entreprit de faire de même, tirant la chaise se trouvant sur sa droite. A son tour bien installée, le dos droit contre le dossier de sa chaise, elle scrutait les mets qui se trouvait sous son nez. Elle n’avait pas vraiment faim, mais sa gourmandise finissait toujours par prendre le dessus. Et chose se faisant, elle vint plonger la main dans l’assiette débordante de biscuits.
Avant même d’y goûter, elle l’observe, le savourant tout d’abord de son regard et en prend finalement une première bouchée. Les petites paupières restent closes durant quelques secondes avant que le bleu des yeux de Briana ne viennent se figer sur le visage de Carenza. Celle-ci voulait parler. Mais de quoi ?

Continuant de la percer de son regard interrogateur, point la peine de lui poser la question. Connaissant sa nourrice, elle finirait bien par entâmer la conversation.
Erwan.
J’avais été un peu malade. J’avais surement pris froid, quand nous étions allé à la cérémonie d’hommage à Panou. Manou m’avait obligé à rester au lit quelques jours. Ce qui ne m’avait pas empêché d’entendre toute la maison bruisser de ce qui était arrivé à ma petite sœur.

Apparemment quelqu’un l’avait giflée sans raison.

Je sais bien qu’il y a certains grands qui frappent les enfants, mais en général c’est en guise de punition, s’ils ont fait une bêtise. Encore que… J’avais déjà entendu en taverne quelqu’un dire après avoir giflé son fils : Si moi je ne sais pas pourquoi, je suis sûr que toi, tu le sais.
N'importe quoi.

Manou avait jamais eu besoin de recourir à ce genre de choses. Suffit qu’elle me regarde avec les yeux qui veulent dire « Tu m’as beaucoup déçue Erwan » pour que je culpabilise à mort (mes oreilles tombent jusqu’à terre et je me sens comme un cocker triste). Bon, c’est sûr qu’il faut qu’elle le fasse en silence. Parce que si elle se lance dans les reproches… alors là, allez savoir pourquoi , moi, faut que j’argumente (pas fait essprès, toussa…).

Enfin bref, quelqu’un a frappé Briana. Et personne a le droit de faire ça. C’est MA petite sœur. Et couché dans mon lit, j’avais eu le temps de cogiter. Si j’avais été là, ça se serait pas passé comme ça. Je lui en aurais collé une à l’affreux… Non, après réflexion être obligé de monter sur un banc pour baffer un grand, ça le ferait pas. Mais un bon coup de boule dans le bide ou un coup de pied dans les tibias, ça lui aurait appris à vivre.

Et maintenant toute la maisonnée s’inquiète pour la princesse. Parait qu’elle ne sort plus de sa chambre. C’est vrai qu’avant, elle débarquait toutes les 3 secondes dans ma chambre en jacassant sans discontinuer. Et là plus rien. Elle a peur. Elle répète tout le temps « C’est cro dangereux dehors »

J’avoue que ça m’avait inquiété ça. J’avais presque eu du mal à dormir. Et j’avais cogité encore. Quand tout à coup... l’illumination.

Je m’étais habillé chaudement et j’avais couru partout pour mettre mon plan à exécution. J’avais embauché un certain nombre de personnel du domaine. Et il faut dire qu’ils avaient travaillé fort diligentement. Quand je m’étais levé le lendemain matin, j’avais tout trouvé dans un sac devant la porte de ma chambre. C’était parfait.

J’avais ramassé le sac. Et j’étais allé dans la chambre de ma sœur. J’étais entré en marche arrière en tirant le sac derrière moi.

Briana, j’ai eu une idée !
--Carenza


Un sourire était venu adoucir les traits parfois trop stricts du visage de la nourrice. Preuve de son contentement face à la réaction positive qu'avait eu Briana. Il y avait fort longtemps qu'elle n'avait acquiescer de la sorte à sa demande et même si elle avait pu déceler dans la démarche de l'enfant un soupçon de nonchalance, l'important fut qu'elle se soit levée et qu'elle ait prit la décision de s'installer autour de la table.

Quittant à son tour la place qu'elle avait prise en s'asseyant sur le bord de la couche, elle rejoignit rapidement Briana, s'installant sur la chaise qui lui faisait face. Son regard avait croisé celui de la petite fille. Celui-ci pesait sur elle. Se faisant ressentir en son travers l'interrogation. Sans doute se demandait-elle de quoi il était bon de causer. Carenza ne tarderait pas y venir, mais avant même d'entrer dans le vif du sujet, elle commença par leur servir, à chacune, une tasse de lait bien chaud. La main s'était refermée sur l'anse de la théière déversant un breuvage encore fumant.



"Vous avez retrouvé l'appétit dirait-on... ? Ils sont bons n'est ce pas ? A l'odeur qu'ils dégagent, je n'en doute pas une seule seconde..."



La question était venue appuyer le constat qu'elle faisait. Bonne chose que de ne pas avoir eu à insister pour qu'elle mange ne serait-ce qu'un peu. Elle espérait vivement que se soit un bon signe et que le bon rétablissement de Briana soit sur la bonne voie.
La était une chose de faite. Restait désormais à l'aider à chasser ses tourments. Ceux qui l'assaillaient sans vergogne de jour comme de nuit. Car si les jours étaient occupés de longues heures de silences, les nuits quant à elles, étaient bien plus agitées, accompagnées de rêves angoissants. Le traumatisme subit avait été plus lourd qu'elle n'aurait pu le penser et il devenait urgent d'aider Briana à sortir de cette angoisse majeure qui la rongeait, de lui apprendre à affronter ses craintes et de lui faire accroître sa confiance.


Après avoir bu un peu du lait qu'elle s'était servi, elle reposa sa tasse, posa son regard sur Briana qui peinait à terminer son biscuit.


" Vous savez... Tout le monde ici se fait du souci pour vous. Votre mère, votre père... sans oublier Erwan. Il semblerait qu'il lui manque de vous voir venir l'embêter dans ses occupations... "



A cela, elle laissa s'échapper un léger rire. Erwan avait beau dire que sa petite soeur avait parfois tendance à l'encombrer, mais il aimait sa présence malgré tout.


" Il est grand temps que vous sortiez de votre enfermement. La vie n'est pas un affront. La vie est belle. Il ne faut pas laisser les évènements passés vous empêcher de l'apprécier vraiment... Certes parfois il y a des choses difficile à vivre, mais il faut apprendre à faire avec...C'est ce qui vous fera grandir. Il faut apprendre à vaincre vos peurs. Aujourd'hui, vous craignez de sortir, par peur de faire de nouveau de mauvaises rencontres, mais vous ne pouvez pas vous arrêtez à cela. Oubliez-vous qu'il y a plus de chances que vous ayez à rencontrer de bonnes et braves gens sur votre route ? Pensez donc à notre dernier voyage... Votre rencontre avec la Comtesse du Maine, Messire Bezuto... Paul... et tant d'autres. N'était ce pas merveilleux ? Dites-vous qu'en restant enfermer ici, vous n'aurez plus l'occasion de revivre cela... Et comment comptez-vous rencontrer votre prince charmant en restant confiner entre les murs de votre chambre ?..."


Carenza essayait de se jouer d'un peu d'humour pour la résonner et cela semblait fonctionner puisque Briana semblait écouter attentivement ses conseils.


" Et si l'idée vous ronge que d'avoir à retomber de nouveau sur le bougre qui a osé lever la main sur vous. Sachez qu'il n'en sera rien. Vos parents ayant prévenu la prévoté de la maréchaussé, je suis certaine que celui-ci est dans l'incapacité de se montrer. "


A l'heure qu'il était, celui-ci devait déjà se trouver tapis dans le fond d'une geôle recevant traitement qu'il méritait.


" Ainsi donc, je vous propose que nous sortions prendre un peu l'air. Acceptez-vous venir vous...? "


Briana, j’ai eu une idée !


"promener"... La phrase débutée ne trouva pas sa fin. Un entrée inopinée était venue interrompre la conversation. La tête tournée vers la porte de la chambre, elle afficha de grand yeux ronds, accueillant Erwan avec étonnement.


"Erwan ! Mais que faites-vous donc ? Et qu'y a t-il dans ce sac que vous soyez obligé de traîner jusqu'ici ? "


Une idée semblait l'avoir frappée. Restait à savoir laquelle...
Erwan.
J’étais entré plus avant dans la chambre en trainant mon fardeau et je m’étais retourné en entendant la voix de Carenza.

Erwan ! Mais que faites-vous donc ? Et qu'y a t-il dans ce sac que vous soyez obligé de traîner jusqu'ici ?

Mes yeux avaient effleuré les gâteaux sur la table, en même temps que leur délicieuse odeur parvenait à mes narines. Pourquoi personne m’avait ramené ce genre de choses quand j’étais alité ? Moi j’avais droit qu’au bouillon de légumes. Pfff. Même pas juste.

J’allais répondre et me mettre à déballer le contenu du sac, quand tout à coup, je me souvins que j’avais oublié le principal. Enfin … peut-être pas le principal… le principal c’était le contenu du sac… mais c’était important quand même.


Euh désolé ! J’ai oublié quelque chose. Je reviens tout de suite.

Je lâchais le sac, me retournais et fis trois pas vers la porte.

Enfin peut être pas tout de suite…Dix minutes.

J’allais franchir la porte quand une idée m’effleura.

Et interdiction de toucher au sac hein !
Dame Carenza, vous la surveillez ?
Parce que je la connais. Elle va se jeter dessus.


Je sortis dans le couloir. Et fis demi-tour presqu’immédiatement après avoir trouvé un bout de ficelle dans ma poche. Bonne idée ça.
Je me précipitais sur le sac et le fermais avec la ficelle.


Comme ça au moins, je suis sûr que tu regarderas pas.

Enfin, sûr je l’étais pas trop. Pas un bout de ficelle qui l’arrêterait, si elle était décidée. Mais avec en plus l’aide de Carenza, ça devrait aller. Je jetais à celle-ci le regard qui voulait dire « je compte sur vous », puis je ressortis dans le couloir. Pour rerentrer aussitôt et me précipiter vers la table, prendre une poignée de gâteaux avec un grand sourire à ma sœur (un petit peu sadique, vu que j’étais sûr qu’elle mourrait d’envie de fouiller dans le sac) et ressortir encore une fois.

Tout en grignotant les gâteaux (hum, trop bon après ma cure de bouillon), j’entrais en trombe dans la chapelle du domaine. Il y avait là un peintre qui réalisait des fresques religieuses sur les murs à la demande de Manou. J’avais passé pas mal de temps à le regarder travailler, préparer les couleurs avec des pigments et de l’huile…

Pierre, est ce que vous pouvez me prêter des pinceaux et de la peinture, s’il vous plait ?

Il me regarda avec étonnement.


C’est une surprise pour Briana. Je vous ramènerai tout après. Enfin ce qu’il restera.

Il sourit et me prépara une palette avec plusieurs couleurs du bleu du rouge du jaune et puis du blanc qu’on pourra mélanger pour en avoir des autres, comme il m’avait déjà expliqué.
Il me confia aussi plusieurs pinceaux et des chiffons pour les nettoyer quand on changerait de couleur.
J’avalais prestement le reste des biscuits pendant qu’il préparait tout et je repartis beaucoup plus lentement qu’à l’allée, avec mon nouveau chargement.


J’arrivais devant la porte de la chambre de ma sœur. Je ne pouvais pas m’empêcher de sourire en imaginant la tête de Briana qui devait se demander ce que je faisais. Ca faisait bien un quart d’heure que j’étais parti.
Briana.
Elle écoute, la tête légèrement penchée, attentive, les conseils avisés que lui donne Carenza. De temps en temps, la mâchoire arrache de nouveau un petit morceau du biscuit qu'elle a choisi. Elle sait l'immense inquiétude que provoque son état depuis ses dernières semaines. Elle le voit, le lis... et ce chaque jour sur les visages, dans les yeux de ceux qui viennent la visiter. Maman la première, elle qui se démène corps et âme pour que " la Brute " paie pour avoir osé, affiche un regard soucieux. Mais Briana, du haut de ses quatre printemps ne le fait pas exprès. Elle voudrait aller mieux... Elle essaie du moins. Mais les choses ne sont pas si simple. Une fois encore, il est plus aisé de le dire que de le faire.
Laisser le temps au temps... Lui laisser du temps.

La petite tête hoche doucement, acquiesçant aux dires de la nourrice qui tente de la raisonner.


    " Mais ze veux bien essayer..."


Sortir de son repli sur elle-même. Profiter de nouveau de ce que lui accorde la vie. Elle va essayer. Elle va le faire puisqu'il le faut. Promis juré. Mais seulement lui faudrait-il qu'on l'aide... Qu'on la pousse un peu. Il arrive que parfois elle se sente le courage de se relever avec l'envie de vouloir vaincre ses peurs, avec l'envie d'avancer. Mais toute seule, elle ne se sent pas d'y arriver, elle qui n'a jusqu'alors jamais eu à vivre ça.
Ne serais-ce que pour jouir encore de toutes ces personnes qu'elle aime. Sa famille, Karyaan, Bezuto, Guilllaume... Se nourrir de nouvelles rencontres... Tout simplement grandir... Encore. Et puis il lui faudrait tôt ou tard chasser ses craintes... ou apprendre à vivre avec comme on s'évertuait à lui dire. L'idée qu'elle se faisait de son avenir le lui obligeait. Quels chevaliers se jouaient de tant de couardise, courant se cacher dès que le danger se montrait ? Sans doute aucun.


Il était temps. Carenza avait raison. Temps de prendre son courage à deux mains et d'aller affronter vaillamment ce qui la retenait enfermée. D'autant qu'elle fut un peu soulagée en apprenant que son agresseur, violent et détracteur, était en ce moment même en train de croupir derrière les barreaux d'une prison.
Acceptant l'idée d'échapper à ce mal-être qui la rongeait, attendant que lui soit faite dernière proposition, elle fut surprise de voir Erwan débouler dans sa chambre. Et plus encore en le voyant présenter son arrière tandis qu'il tirait une lourde charge.
Qu'était-ce donc ? Que pouvait bien renfermer ce sac qu'il avait pris la peine de traîner avec lui jusqu'ici ? Et cette idée dont-il parlait ? Voilà qui éveillait soudainement un nouvel attrait chez la petite blondie lui faisant oublier tout ces petits tracas.



    "Erwan ! C'est quoi ça ? C'est pour moi ? "


Sa curiosité lui avait fait quitter sa chaise pour s'approcher, ses azurs rivés sur le paquet, impatiente de découvrir ce qu'il renfermait. Mais une fois encore sa patience serait mise à l'épreuve. Comme il était entré, Erwan s'apprêtait à repartir prétextant un oubli.
Dix minutes qu'il disait. Dix minutes... Elle aimerait bien voir ça. Déjà que dix minutes s'avérait être long, connaissant son frère, il faudrait au moins en rajouter dix de plus. Mais soit, qu'il aille chercher ce qu'il avait omis d'emporter. En attendant, elle aurait tout loisir de déballer le contenu du sac. A peine l'idée lui ayant effleuré l'esprit que déjà l'une de ses petites mains s'avançait. Mais voilà qu'elle fut freiné dans son élan. A croire que son frère avait une paire d'yeux derrière la tête. Faudrait qu'elle aille y voir d'un peu plus près un jour qu'il dormirait. Des fois que...

Soupirant, et portant regard sur Carenza, elle s'éloigna du sac pendant que son frère prenant davantage de sécurité, s'affairait à attacher solidement un lien pour qu'elle ne puisse pas aller y fouiller. Fou comme la confiance elle régnait. Comme si elle avait pour habitude de fouiner dans ses affaires une fois qu'il avait le dos tourné... Bon ! Et quand bien même ! Tsss... C'était la faute à sa trop grande curiosité, c'est tout !
Pis il était marrant lui aussi. Rapporter tout ça, pour filer ensuite. C'était comme lui coller un pot de miel ouvert sous le nez et lui dire de ne pas y plonger les doigts. Il y avait bon nombre de choses qu'elle ne maitrisait pas... Gourmandise et curiosité étaient de ces plus grands défauts à n'en pas douter.


    "Mais qu'est ce qu'il fait Erwan ? Pourquoi que il est si long ? "


Et les minutes de s'écouler. Depuis combien de temps s'en était-il allé ? Dix minutes qu'il avait dis. Ca en faisait déjà au moins bien quinze. Effectuant d'incessantes allées et venues entre la porte de sa chambre et le sac, elle se retourna pour la énième fois tandis qu'elle découvrait enfin la silhouette d'Erwan les bras de nouveau chargés.

    " Tu n'étais passé où ? Ca fais au moins une heure que ze t'attends... "


Certes elle exagérait lourdement là. Mais les minutes chez Briana se transformaient toujours en heure... Si patiente qu'elle était.

    " Et c'est quoi que tu tiens dans tes bras ? Et le sac on l'ouvre quand ? Et tu me dis c'est quoi ton idée maintenant ? "


Sa curiosité ayant atteint son sommum, elle ne savait plus par ou commencer.
Erwan.
J’entrais dans la chambre en faisant bien attention de ne pas renverser les petits pots remplis de couleurs à l’huile que m’avait donné Pierre.
J’avais même pas encore esquissé mon second pas que déjà ma sœur me « tombait » dessus.


Tu n'étais passé où ? Ca fais au moins une heure que ze t'attends...
Et c'est quoi que tu tiens dans tes bras ? Et le sac on l'ouvre quand ? Et tu me dis c'est quoi ton idée maintenant ?


En y réfléchissant bien, le but de l’idée c’était quand même au bout du compte de lui changer les idées et de l’aider à oublier sa trouille. L’objectif était presque déjà atteint là. Elle y pensait déjà à moitié plus à sa peur. Si je partais maintenant en tirant le sac derrière moi, elle y penserait même plus du tout. Elle penserait qu’à me courir derrière, en colère. Suis même presque sûr qu’on l’entendrait crier jusque de l’autre côté du domaine. L’espace d’un battement de cœur je fus très très tenté d’essayer. Une esssspérience scientifique. A partir de quelle dose d’énervement la trouille se change en rage ? Ou à partir de quelle dose de rage la trouille disparait ?

Mais non, j’allais pas lui faire ça. Une autre fois. Parce que de toute façon là l’essspérience elle serait ratée. Pour trouver la dose idéale faut y aller petit bout par petit bout. Comme avec les couleurs de Pierre. Faut mélanger un peu, regarder ce que ça donne, et si c’est pas bon en rajouter encore un peu etc… Pas foutre tout le pot d’un coup.

Bref, je me dirigeais imperturbablement vers la table pour y déposer mon précieux fardeau (et accessoirement faucher encore un peu de ces délicieux biscuits) puis je me tournais vers ma sœur avec un grand sourire.

Va t’asseoir, je t’essplique.

Pendant qu’elle retournait s’asseoir, j’allais chercher le sac et le tirait plus près de la table.
Je défis la ficelle que j’avais nouée pour le fermer et commençait à farfouiller dedans.


TADAAAAAM, voilà le premier cadeau.

Je sortis d’abord une chemise. A la taille de Briana. Mais c’était une chemise spéciale. En fait elle était rembourrée de laine. Elle était super épaisse. Bon elle allait tenir chaud, mais là il faisait super froid ça tombait bien. Mais surtout elle était tellement épaisse qu’elle amortissait les coups. C’était une sorte d’armure mais légère. C’était Marie la couturière du château qui avait passé toute la nuit à rajouter du rembourrage, quand je lui avais expliqué ce que je voulais.
Je posais la chemise sur les genoux de Briana et recommençai à farfouiller.


Re TADAM

Cette fois c’était un espèce de seau on aurait dit, mais en fait c’était un casque en bois. Il y avait 2 trous pour les yeux et une large fente pour passer le nez. L’intérieur aussi était un peu calfeutré avec de la laine pour pas faire mal et éviter les écharde. Et il y avait une mentonnière pour qu’il tienne bien.
Je le déposais aussi sur les genoux de ma sœur.


Si il est trop grand et que t’as pas les yeux en face des trous, Julien a dit qu’il pourra le régler en mettant de la laine dans le fond.

Julien c’est le charpentier du domaine. Je vous l’avais dit que j’avais embauché du monde.
Je regardais ma sœur. Elle avait les yeux tout écarquillés mais pour une fois elle était muette. Je savais bien que ça allait pas durer alors je me dépêchais de finir mon déballage.


Encore TADAM.

Cette fois c’était un bouclier. Juste à la taille de ma sœur aussi. Je le posais sur la table parce que là c’était un peu gros pour ses petits genoux.

ET... un dernier TADAM.

Une épée en bois. Que je déposais aussi sur la table.

Bon faudra faire faire un fourreau mais ça j’ai pas eu le temps.
Voilà Briana. Maintenant tu peux devenir un vrai chevalier. Et pu personne te mettra de claques. Surtout avec le casque, y se feraient mal à la main. Et ça s’rait bien fait. Donc t'as pu de raison de rester enfermée ici.


Je voyais qu’elle avait le regard fixé sur le sac qui était encore à moitié plein.
Je sortis un autre équipement de chevalier mais pour moi celui-là. Ben oui quoi ! Si on doit s’entrainer ensemble faut bien que je sois équipé aussi nan ?


Alors t’en penses quoi de mon idée ?

Et j'enfournais un biscuit dans ma bouche.
Artheos



Dormir était l'évasion propre à tout homme. Rêver demeurait l'exclusivité des malheureux. Arthéos ne rêvait plus. Il ne dormait même que très rarement. Pourtant il était autant empli de misères que n'importe quel autre homme. Voilà quelques mots passés en un battement de cils. D'une mort, on passait à la vie. Et le château de Courcy était loin du silence qui régnait jadis en terre d'Izard. Qu'était-il advenu de Ghost, dont l'ombre sur les murs des couloirs effrayaient encore le jeune homme ; de Bathilde, la cuisinière aux sentiments curieux envers lui ; ils n'étaient plus qu'un voile de tristesse, ample et souple, qui persistait devant les yeux d'Arthéos. Le temps aidait à l'affaire. Et chaque jour, il oubliait un peu plus son ancienne vie. Ce réconfort étrange, il le devait à la baronne, qui l'avait recueilli dans cette auberge funeste.

Ce matin, avant l'aube, Arthéos était réveillé. Les yeux grands ouverts, le sommeil envolé. Parfois dans la nuit, il observait les étoiles. L'une d'elle, récente, brillait de mille feux. C'était Ana.Lise. Bien que contraire aux paroles de l'Eglise, le jeune homme aimait à penser cela, c'était les explications de son précepteur d'autrefois. Lui aussi scintillait là-haut. Il avait toujours dit à Arthéos qu'il serait la première étoile en partant au Sud de la Lune. Qu'il était ravi le domestique, quand il voyait que l'astre brillait ! Oh bien sûr, d'autres personnes chères à son coeur demeuraient dans le ciel. En premier, sa mère, symbole de la douceur dont il avait hérité, de la gentillesse, mais hélas de la maladie aussi. Il la pleurait toujours et à jamais. C'était sa mère pour l'éternité. Ses petites étoiles disparurent alors l'aube naissante. Arthéos n'attendait que cet instant pour se lever. Sa couverture montait jusqu'à son menton. Ses cheveux ébouriffés témoignaient d'une nuit mal passée. Il dormait toujours les volets ouverts, pour que seul le soleil viennent le tirer de ses songes. Et bientôt, au loin, il fit son apparition, extirpant un sourire au jeune homme.

Il quitta son lit, enfila ses vêtements, noua ses chausses et sortit de sa chambre attitrée. Qu'elle était gentille la baronne, de lui avoir offert une petite place pour dormir. Une chose qu'il aimait à faire, était le petit-déjeuner. Oh ! Pas pour lui, non ! Bien que manger un peu ne lui ferait pas de mal : il avait beaucoup maigri suite à tous ces évènements. L'appétit ne lui venait absolument pas, aussi se laissait-il dépérir, sans que personne ne le sache, lui-même d'ailleurs était le premier à l'ignorer. Les cuisines lui fournirent un plateau d'argent où reposaient moultes victuailles. Du lait frais, du pain tout autant et d'autres mets préparés pour la baronne. Oh ! Qu'il revoyait les yeux gourmands et la mine joyeuse d'Ana.Lise, quand elle le voyait entrer dans ses appartements, le plateau entre ses doigts. Cette vision soudaine le perturba. Il s'appuya contre un mur du couloir, destabilisé. Il dut rester quelques instants ici pour se remettre en marche. Direction la chambre de la baronne.

Il n'était pas encore très intégré à la mesnie de Courcy. Aussi Arthéos n'osait pas réveiller Adeline comme il réveillait Ana.Lise jadis. Il entra dans la petite pièce encore endormie et sombre. Grâce à la lumière émanant du couloir, il pouvait se repérer et déposait chaque matin très tôt, le plateau sur la petite table basse près du lui. Il sourit et referma très délicatement la porte derrière lui. Et que faire maintenant ? Oh, un endroit devait bien avoir besoin de lui pour laver le sol ou plier le linge.

Plus tard dans la matinée, Arthéos, attelé à nettoyer le salon, vit passer devant lui Carenza, la nourrice. Il lui glissa un bonjour entouré d'un sourire. Mais devant sa mine grave, il se souvint du problème qui circulait parmi les couloirs. Briana, la jeune fille qu'il voyait parfois, s'était muré dans ses appartements, enfermée dans un mutisme que seules quelques personnes et quelques moyens pouvaient rompre. On racontait qu'un inconnu l'avait frappée. Quelle tristesse. Toucher à la pureté d'un enfant. Arthéos ne le pardonnait pas. Il était triste pour elle. Il n'aimait pas voir souffrir, sinon il souffrait aussi. Il posa le chiffon qu'il utilisait et entreprit de suivre la nourrice. Quelle drôlé d'idée.

Elle entra dans la chambre de la demoiselle. L'aîné, plus âgé, passait et repassait tantôt les mains vides, tantôt les mains chargées. TADAM ! entendit-il plusieurs fois. Arthéos s'approcha et posa son regard à travers l'entrebaillement de la porte. Le frère offrant des cadeaux à la soeur. Une image de rare complicité. Il resta un long moment à regarder la douce scène. Il s'attarda ensuite sur Briana, la pauvre enfant, sans doute tourmentée et émerveillée devant l'attention d'Erwan. Arthéos sourit, attendant sa réaction.

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Briana.
La curiosité de Briana battait son plein, et ses petits azurs parvenaient difficilement à se détacher du sac qui gardait encore, de façon bien mystérieuse, le contenu qu'il cachait. Son esprit, quant à lui, gambergeait ardemment. Le sac, si gros qu'il fut, aurait pu renfermé tout et n'importe quoi. Mais bien que son imaginaire ait été riche d'idées, elle était bien loin de s'attendre à ce qui allait en sortir. Elle avait beau avoir une grande capacité à l'imagination, l'esprit d'Erwan était plus débordant encore d'inventivité.

Ainsi donc, sa curiosité, en plus de l'insistance faite par son frère afin qu'elle vienne se rasseoir, l'avait de nouveau conduite à sa place. Rapidement, elle s'était hissée sur son fauteuil. Bien installée, elle avait prit Eléanor, sa poupée, l'installant sur ses genoux, certaine que son désir d'en savoir plus demandait aussi à être assouvi.
Erwan s'en était retourné chercher le sac et toutes deux attendaient, impatientes, que leur soit dévoilé son contenu. Aux yeux de Briana, il était tel un de ces énormes coffres rapporté du fin fond des océans, et autour duquel on avait grand hâte de pouvoir découvrir les trésors qu'il contenait.

En même temps qu'il avait ouvert le grand sac, le petit cou de Briana s'était doucement tendu, s'étirant, comme si se faisant, elle allait pouvoir avoir un aperçu sur le contenu. Mais le corps de son frère penché par dessus rendait toute visibilité impossible. Il lui fallu donc attendre qu'Erwan se redresse et qu'il dépose le premier "trésor caché" sur ses genoux. Elle regarda l'étoffe qui était venue dissimuler Eléanor. Ôtant alors sa poupée de dessous, elle posa celle-ci sur une autre chaise voisine et s'empressa de détailler plus attentivement ce qui venait de lui être donné. Voila que dans ses mains, elle tenait une chemise. De petite taille, on aurait dit qu'elle était faite pour elle. Son frère se voulait-il de changer sa garde-robe ? Erwan parler chiffon, voilà qui était bien étrange. Il y avait surement une autre raison à cela et sans doute ne tarderait-elle plus à connaître le fond de ses idées.




"TADAM ! TADAM ! TADAM !..."



Briana allait de surprise en surprise. Après la chemise, lui était apparu un sceau dont elle fut étonné qu'il soit percé et agrémenté de quelques accessoires. Sur le coup, elle s'était demandé ce qu'elle pourrait bien en faire, mais les dires qui suivirent, sortant de la bouche de son frère, lui firent un peu mieux comprendre l'utilité qu'elle aurait d'un tel outil. Y fourrer la tête au dedans et s'en servir comme d'un casque. Erwan et ses drôles d'idées... Elle aurait du s'en douter.
Puis était venu s'ajouter à la panoplie du parfait petit chevalier, épée et bouclier.



Maintenant tu peux devenir un vrai chevalier. Et pu personne te mettra de claques. Surtout avec le casque, y se feraient mal à la main. Et ça s’rait bien fait. Donc t'as pu de raison de rester enfermée ici.


Elle, un véritable chevalier. Elle se savait encore bien petite pour se faire et qu'il lui faudrait oeuvrer dur pour devenir celle qu'elle rêvait d'être. Devenir aussi vaillante et brave que Baile, Chevalier des Dames Blanches, pouvait l'être, ou bien encore être de la trempe de sa Marraine de Coeur, Karyaan, appartenant au rang des Licornes...


Alors t’en penses quoi de mon idée ?


L'idée était drôle. Si drôle qu'elle avait eu don de la faire sourire et de l'amusée, mais...

    " Ton idée...? Oh ben... Elle est drôle ton idée. Et ze veux bien zouer au Ssevalier avec toi, mais tu peux pas me demander de sortir comme ça... Pas avec un sceau sur ma tête. Non de non ! "


Vous parlez d'un accoutrement. Hors de question qu'elle arpente les ruelles et les plages de Dieppe vêtue de la sorte.

    " C'est vrai que ze veux n'être Ssevalier mais pluss tard. Pour l'instant, ze suis d'abord une princesse tu sais. Et les Princesses, ça sort zoliement coiffée et habillée... et surement pas avec un sceau sur sa tête ! "


Elle poursuivit portant son intérêt sur l'épée et le bouclier se trouvant sur la table.

    " Et pis ze sais même pas m'en servir de ça moi. Y faudrait que ze m'encraîne avant. Alors ze peux pas sortir... ou alors il me faut une protection. Tu sais un peu comme le Vicomte de Courtalain qui nous à raccompagné ici. Un grand que il faut, pour me protézer. Quelqu'un comme..."


Dans sa réflexion, le minois s'était doucement tourné vers la porte qui donnait sur l'entrée de la chambrée. Mouvement réfléchi, lorsqu'elle avait senti une présence se tenant dissimulé juste derrière la porte restée légèrement entrouverte. Machinalement, elle s'était débarrassée des objets qu'elle avait tenu jusqu'alors sur ses petits genoux sans leur porter davantage d'intérêt, sa curiosité la conduisant vers une toute autre question. Telle était la curiosité enfantine de Briana ; légère, impatiente, ailée, toujours en éveil, mais toujours se jouant des choses qu'elle effleure : et cependant, cet instrument d'étude, si frêle, si mobile, si capricieux, si incapable de suite, de profondeur et de fixité, état le grand ressort de son intelligence.

Qui donc alors se trouvait là... Caché en train de les observer ? Continuant de s'approcher, une silhouette, filiforme, commençait à se dessiner. La main droite venue se poser sur la poignée, Briana avait tiré un peu plus sur la porte qui s'était alors ouverte sur le nouveau page récemment arrivé au domaine.


    " Arthéos... ? "


Sur les lèvres roses de la petite poupée s'était étiré un petit sourire à son attention. Pour lui, elle ressentait de l'empathie. Pourquoi ? Parce que l'observant de temps en temps, aussi discrètement qu'il avait pu le faire à l'instant, elle pouvait percevoir ses émotions, ses souffrances. Lui aussi, tout comme elle, était accablé d'une profonde tristesse. Elle le devinait facilement au travers de ses regards se perdant parfois dans le vague. Il semblait traîner lourde peine tel un fardeau.

Et la petite main restée libre s'avança lorsqu'elle la lui tendit, l'invitant à entrer et à se joindre à eux.


    "Tu veux venir voir qu'est ce que Erwan il m'a rapporté ?"

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Artheos


Le frère était fier, la soeur excitée, surprise, puis enjouée. Les présents ne l'intéressaient pas. Ils l'avaient diverti, un temps, puis, l'instant passé, elle s'en était éloignée. C'était là toute la tristesse des cadeaux. On y accordait de l'importance quelques minutes, quelques jours, mais on trouve vite des défauts, alors on s'en détourne, à la recherche d'autres attentions. Briana désirait jouer les princesses ; la scène était attendrissante, et les lèvres d'Arthéos dessinèrent un sourire sincère. Il reconnaissait en elle toute la joliesse et la coquetterie des dames d'un autre âge. Qui donc oserait se promener un seau sur le visage ! Elle était amusante, et tellement cruelle sans s'en rendre compte. Arthéos attarda ses prunelles bleues sur le garçon qu'il voyait de dos. Il devait être déçu. Mais tellement jeune, était-il possible de ressentir quelque chagrine émotions ? Le domestique était dubitatif. Les grandes passions étaient inconnues des enfants. Ainsi était la vie : quelques joies, aussitôt effacées par d'inoubliables chagrins, mais il n'était pas nécessaire de l'avouer aux enfants. Pourtant Arthéos l'avait compris très tôt. Trop tôt. Les séquelles étaient là, persistantes, usantes, éternellement gravées dans son esprit. Il eut un soupir. Sa main, posée sur la porte, se crispa. Il ferma les yeux, songeur.

Quand il rouvrit les paupières, ses yeux croisèrent ceux de Briana. Son coeur s'accéléra, il fut saisi par une peur grandissante. Mais il était fait, qui sait ce qu'il récolterait comme punition pour avoir espionner les enfants de Courcy ? Il n'osait y songer. Il quitta la chambre des yeux. Toutefois, il voyait une ombre s'approcher à l'intérieur. Il ne bougea pas. Lentement, la porte s'ouvrit, laissant apparaître la petite fille. A côté d'Arthéos, grand et frêle, on eût dit une fleur au chevet d'un arbre. L'image était belle, Arthéos se plut à s'imaginer en saule, pleureur, évidemment. Ses seules larmes pour cacher son visage du malheur qui avait l'habitude de l'accabler.

Briana l'appela par son nom. Cela lui procura une étrange sensation. Les yeux de l'enfant étaient tellement expressifs. Il lisait en elle une souffrance peu commune, qui n'avait pas le droit de la toucher si jeune. Un mal intérieur, qui ne guérirait qu'avec le temps et l'amour. Arthéos esquissa un sourire gêné, surtout vis-à-vis de Carenza, la nourrice, dont il avait une certaine peur.

La petite main de Briana vint vers lui. L'invitation était de taille. L'accepter revenait à briser les frontières qui existaient entre lui, le domestique, et elle, la fille de baronne ! Il n'aimait pas ce genre de situation. Oh non, il ne les aimait ! Il avait franchi les limites avec Adeline, mais les circonstances étaient plus qu'atténuantes. Mais refuser cette main tendue, revenait à froisser le lien que l'enfant désirait tisser avec lui. Il la décevrait certainement et ne l'aiderait en rien à guérir. Il fallait qu'elle guérisse ! Il ne demandait que cela.

Ses doigts longs et fins d'adolescent effleurèrent les petites mains de Briana. Ce contact lui rappelait celui qu'il avait eu avec Elyaelle, la fille d'Ana.Lise. Pauvre enfant, elle s'était envolée vers un ciel plus clément, sans un bruit, du jour au lendemain.

Arthéos pénétra dans la pièce et inclina la tête face à Erwan. Si les convenances avaient été brisées avec la cadette, l'aîné pouvait se montrer plus réticent, car plus âgé, aussi ne fallait-il rien négliger.

- Eh bien jeune maître, qu'avez-vous offert à votre douce soeur ?

Il sourit, restant debout près d'eux.

- Vous avez de la chance, demoiselle, d'avoir un frère si attentif. Nombreux sont les personnes qui vous souhaitent du bien, c'est une chance dont peu peuvent se vanter.

Son regard se voulait réconfortant. Ses perles bleues et tristes s'étaient posées sur celles de Briana. Il lui sourit.

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Briana.
Et le lien de se tisser, doucement, lorsque la frêle main du jeune page vint épouser la minuscule paume de Briana. Les petits doigts s'étaient alors repliés sur le dos de la main qu'elle tenait, créant ainsi précieuse proximité. Plus que les mots, pour Briana, la communication non verbale se voulait essentielle. C'est par le contact, les sourires que le courant passait. Cette proximité, ce temps passé avant même le début de la relation de service permettrait de se découvrir et de tisser doucement un lien qui pourrait s'avérer précieux pour la suite.

Et puis pourquoi vouloir dresser des barrières ? Pour elle, comme pour sa mère, Arthéos, avant toute chose, avait été accueilli ici en tant qu’ami. Elle ne saurait le voir autrement. Par cette main tendue, elle ne faisait donc que lui offrir son amitié faisant en sorte qu’il se sente mieux et qu’un jour peut-être, finisse par disparaître ce sentiment de tristesse qui résidait au plus profond de ses yeux.

Souvent, elle s'était demandé ce qui pouvait le rendre si triste. Un jour ou elle pu profiter de sa mère sans que celle-ci ne soit trop accaparée par ses affaires, elle n'avait pu s'empêcher de lui poser la question.
Pourquoi le regard de l’adolescent aspirait-il à tant de mélancolie ?
A l’issue de leur conversation, Briana avait enfin compris, réalisant ce qui était arrivé à Arthéos avant qu‘il ne vienne vivre en la Baronnie de La Haye du Puits. On aurait pu prétendre que de par son si jeune âge, elle ne pouvait rien y comprendre... Mais elle savait, et pour cause de l'avoir vécue. Elle savait comme la perte d’un être cher était un évènement bouleversant au cours d'une vie. Qui mieux que leur famille ? Elle n’oublierait jamais ce jour où Maman lui avait annoncé que leur petite sœur s’était définitivement envolée pour de plus belles contrées. Et elle n’oubliait pas non plus la peine causée. Une peine qui, si lourde qu’elle put être, pouvait encore se lire dans les yeux de sa mère. Arthéos était donc accablé de la même douleur. Il leur fallait désormais vivre en supportant l’absence de l’être aimé,... tant apprécié.

Entrés dans la pièce, elle l'avait attiré près de la table où était déposé la panoplie offerte par Erwan et sur laquelle elle reporta un peu plus d'attention. Elle avait eut conscience de son soudain manque d'intérêt alors que son frère aîné avait du se donner bien du mal pour trouver un moyen de la réconforter. Et les dires d'Arthéos venaient le confirmer.
Elle avait bien conscience des attentions qui lui étaient portées par son entourage et elle savait la chance qu'elle avait.


    " Ze sais avoir beaucoup de Ssance Arthéos et ze remercie Erwan d'avoir voulu me réconforter par de tels présents. Et Dieu sait à quel point ze l'aime de tout mon coeur..."

Les mots du jeune page se répétant en sa petite tête, résonnait encore, avec en leur travers, une pointe de nostalgie et son regard soutenant le sien avait peine à masquer l'affliction dont il était victime.

    " Ze te sens bien criste en me disant cela... Comme si tu n'avais pas cette Ssance là que l'on fasse attention à toi. Mais nous sommes là nous. N'est ce pas une Ssance que cela ? "

Un doux sourire vint se dessiner sur le petit minois en réponse à celui qu'Arthéos lui avait adressé. Elle aimerait tant qu'il aille mieux, et parce qu’elle avait toujours été là pour redonner le sourire à sa mère lorsque les troubles l’assaillaient, elle se voulait de faire la même chose avec Arthéos. C’était sa manière à elle d'apporter son soutien, de les mener vers la guérison. Tout ! Elle ferait tout pour qu’il se sente réinvestit de nouveaux projets et qu’il redonne un sens à sa vie...

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Erwan.
J’attendais avec impatience sa réponse et voilà que :

Ton idée...? Oh ben... Elle est drôle ton idée. Et ze veux bien zouer au Ssevalier avec toi, mais tu peux pas me demander de sortir comme ça... Pas avec un sceau sur ma tête. Non de non !

Un seau ? Ou c’est qu’elle avait vu un seau ? C’était un casque de chevalier. Bon évidemment, il était en bois. Pour être léger. Julien avait passé des heures à le poncer pour qu’il ne reste pas une écharde qui dépasse. Il était lisse et doux. Et l’intérieur était magnifiquement rembourré avec de la toile de laine toute douce. Elle l’avait à peine regardé. Elle l’avait même pas essayé. Et voilà qu’elle disait non. Comme ça, de suite. Sans l’ombre d’une hésitation.

Un seau ! J’étais même pas fâché, j’étais atterré. A croire qu’elle avait jamais vu un chevalier de sa vie. C’était exactement ça qu’ils avaient sur la tête. Des seaux en fer. Bien sûr eux, c’était pour de vrai.

Et voilà qu’elle continuait.
Et pis ze sais même pas m'en servir de ça moi. Y faudrait que ze m'encraîne avant. Ben oui c'était bien le but du cadeau ça. Mais bon, elle ne voulait pas non plus de l’épée et du bouclier. Forcément. Rien de mon idée ne lui plaisait apparemment.

Je ne voulais même plus la regarder. Je me sentais affreusement malheureux. Je fixais des yeux la table et surtout les couleurs que j’y avais déposées. C’était bien la peine. Moi qui voulais passer la journée à décorer nos nouvelles tenues avec de jolies couleurs et de beaux dessins. Mais elle n’en voulait pas. Et moi je n’en avais plus envie de toute façon.
J’avais arrêté de l’écouter. Mais elle n’avait pas cessé de parler. Elle n’arrêtait jamais de toute façon.


Alors ze peux pas sortir... ou alors il me faut une protection. Tu sais un peu comme le Vicomte de Courtalain qui nous à raccompagné ici. Un grand que il faut, pour me protézer. Quelqu'un comme...

En dépit de mon état d’hébétude le sens de ce qu’elle disait pénétra mon cerveau. Eh ben là, c’était le pompon. Elle ne voulait même pas de moi pour la protéger. Je savais bien que je n’étais pas un chevalier. Mais…
J’étais presque carrément assommé là.

Et voilà qu’elle tirait un inconnu dans la pièce. Enfin, un inconnu. Pour moi. Mais pas pour elle apparemment.

Punaise, j’étais resté une semaine au lit avec une angine. Une simple petite et minuscule semaine… En fait… j’étais peut être encore malade et je délirais. Ou alors j’étais mort. Sans m’en rendre compte. Après tout c’était bien possible et ça expliquerait tout. Et ben l’enfer je vous le dis, c’est pas cool. Je sais pas bien ce que j’ai pu faire pour le mériter mais faut croire que c'était grave.


Bon l’avait pas l’air bien méchant le diable, mais il est sournois, c’est bien connu. Il me parlait même plutôt gentiment par rapport à ma sœur finalement.

La colère commençait à monter.
Je toisais le grand de tout mon haut. Le résultat était pas terrible mais fallait bien faire avec.


Z’êtes qui vous, d’abord ?

Sans attendre la réponse qui faut bien le dire m'interessait très moyennement pour le moment, je saisis le sac avec mon costume à l’intérieur, et sortit précipitamment de la chambre avant d’exploser …ou de pleurer… ou les deux je ne savais pas trop lequel choisir, et me précipitait vers la chapelle. Au moins là, le diable il me fichera la paix.
--Carenza


Comme la franchise chez l'enfant se pouvait de se montrer cruelle. Preuve en était sous ses yeux. D'un côté, Erwan, tête baissée, le coeur terni, et les yeux s'engorgeant d'une profonde tristesse face au comportement d'une soeur qui ne manifestait guère plus de jovialité devant toutes les attentions qu'il s'évertuait à lui donner.
De l'autre, Briana, qui restait sans plus de réactions fasse aux efforts déployés par un frère aimant et attentionné, pour qu'elle puisse enfin mieux se porter.

Seulement, se voulait-elle de le faire exprès ? Même si la nature humaine se voulait ainsi faite, de cela Carenza en doutait. A cette âge, il arrivait souvent que les enfants disent ce qu'il pensent sans jamais songer à l'impact de leur mots. Sans même penser à mal et aux conséquences qui en découleraient.

Il restait tant de choses à apprendre pour Briana qui n'était qu'au tout début de sa vie et qui ne réagissait bien souvent que par pulsions.
Avec l'âge, elle apprendrait à canaliser cette agressivité naturelle qui lui était propre et par la même occasion ce manque d'inhibition dont elle venait de faire preuve. En vieillissant, elle apprendrait que parfois il était des choses qu'il était préférable de ne pas dire pour ne pas blesser les autres... ou que l'on ne pouvait pas dire tout ce qui nous passait par la tête en l'instant même.

Et l'entrée du jeune page vers qui Briana se dirigea, lui offrant alors toute son attention, venait d'achever le jeune Erwan. Comme si soudainement, le voila passant au second plan. Lui qui avait tant fait, alors qu'Arthéos ne faisait que se présenter... les mains vides. Pauvre enfant frappé par la cruauté irréfléchie de sa soeur.

Carenza qui n'avait rien manqué de la scène avait pressenti ce qui allait arriver et ne s'était pas étonné de voir Erwan prendre la fuite. Brièvement, elle s'était tournée vers Briana le temps de lui faire part de ce qu'elle pensait de ses agissements :



" Vous avez manqué de tact Briana ! Voyez un peu la peine que vous avez causé à votre frère ? Lui qui a tout fait pour vous tirer de votre torpeur!... C'est à peine si vous avez porté regard aux attentions qu'il vous a prêtait, et n'avez même pas prit le temps d'émettre le moindre remerciement. Je vous serai donc gré de me suivre immédiatement afin que vous alliez vous excuser auprès de lui d'avoir eu un tel comportement. Le jeune Sire Arthéos s'en va pour l'occasion nous accompagner... N'est ce pas ? "


Plus qu'une question ou qu'un conseil, il s'agissait en fait là d'un ordre. Ni plus ni moins. Avancée, prête à quitter la chambre, la nourrice se retourna sur le pas de la porte, s'assurant que les deux jeunes gens lui avait bien emboité le pas.
Artheos



Une chance ? Océan de douceur, plage de sérénité, mer de tranquillité ! Arthéos sourit à Briana. Si, c'était une chance qu'ils fussent présents, devant lui. Qui sait ce qu'il serait advenu de lui s'il n'avait pas été recueilli par eux. Une vague sensation de calme submergea le valet. Il n'était déjà pas très réactif, surtout quand il était plongé dans ses pensées. Il regarda Briana, entrouvrit les lèvres pour donner sa réponse. Mais ce ne fut pas sa voix qui résonna : c'était une voix plus fluette, plus jeune. Celle du jeune maître Erwan. La douleur du frère blessé par la soeur ! Rien de plus terrible. L'enfant scruta Arthéos qui dut réfléchir à la façon dont il devait le regarder. S'il baissait les yeux, il tombait sur le petit homme. S'il les levait, il manquait de respect. Il décida de détourner simplement la tête. La question fut fulgurante. Qui était-il ? Qui pouvait y répondre. Je suis Arthéos eut été trop fantaisiste. Je suis le valet de madame votre mère trop strict et sévère. Je suis perdu, la trop dure réalité. En fait, Erwan ne désirait pas de réponse, il s'enfuit comme lapin au chasseur, laissant les trois individus dans un lourd silence.

Convaincu que le jeune maître lui en voulait, car il avait trouvé uniquement la force de lui parler, à lui et non à sa soeur, Arthéos laissa échapper un murmure, destiné à Carenza, ou Briana, selon l'audition.

- Je suis désolé...

Voilà qui il était ! Voilà ce qu'il était. Alors Carenza prit la parole. Oh, elle semblait sage la nourrice. Elle avait certainement de l'expérience en la matière, car elle parlait bien et juste. Tout ce qu'avait pensé Arthéos, elle le disait en cet instant. Puis elle soumit une idée. Celle d'aller retrouver le jeune enfant. Pourquoi pas. Arthéos était invité. Il fut surpris quand la nourrice lui donna du "Sire". Outch, il n'était pas chevalier encore moins noble ! D'ailleurs cela sonnait bien mal. Trop de "r". Il ne le releva pas. Il n'avait pas envie de se mettre à dos tout le monde à peine arrivé !

Cette Carenza lui rappelait indéniablement Bathilde, la cuisinière de Chaumont. Il ne put que sourire devant ses intonations. Il avait bien reçu l'ordre. Si Bathilde se montrait plus directe, la nourrice faisait dans la douceur et l'insinuation. Arthéos avait toujours pensé que la cuisinière était amoureux de lui. Jamais il ne pourrait le savoir. Hélas.

- Allons le retrouver, oui.

Alors que la nourrice commençait à se retirer, Arthéos se retourna vers Briana et s'agenouilla près d'elle.

- Vous venez ? Il ne faut pas faire plus de peine à votre frère, lui si fier de vous faire plaisir. Il ne comprend encore pas que la chevalerie n'intéresse point les jolies demoiselles comme vous. Il faut lui pardonner, un jour il saura. Un jour, vous serez une princesse, je vous vois même en sublime reine, et lui il sera votre chevalier et votre garde-du-corps : alors tout prendra un sens. Mais aujourd'hui, il faut juste patienter. L'avenir viendra très rapidement.

Il se releva et rejoignit Carenza.

Et toi, Arthéos, où te places-tu dans cet avenir ? songea-t-il pour lui même. Un vieux chambellan au service de Sa Majesté, qu'on retrouverait un jour, décédé dans un couloir de chagrin et d'éternité. Selon que vous serez, puissant ou misérable...

Selon que vous serez...

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