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[RP] La folie des grandeurs

Alzin
[Il était une fois...]


Dans un cimetière, à l'orée des cimes une âme en peine, erre. Embrasse-t-elle la terre nourricière ? Ou est-elle juste au crépuscule de sa vie ? Des volutes blanchâtres émanent de sa bouche par intermittence. La vapeur immaculée s'évade, tournoie et s'évanouit dans l'air. Un peu à l'image du temps qui passe. Une fleur de sa naissance à sa fin, de la beauté à l'instant où elle se fane. Une existence fait de son lot de surprises, d'évènements heureux et malheureux, de ses ires, de ses rires, de ses moments de désirs aussi. Tout en nuance, voici la véritable quintessence de ce cadeau ou ce fardeau que l'on nomme la vie. Dans le cas présent, elle fait acte d'une extrême nonchalance. Puisque l'être presque inerte allongé de tout son long sur ce sol verglacé ne représente pas la flamme dansante et crépitante. Se faisant enchanteresse, contant des légendes chevaleresques. Non, rien de tout cela. C'est juste un homme reposant auprès d'éminents ancêtres enterrés, enveloppés dans leurs couches éternelles. Ces illustres, défunts depuis un jour ou bien des lustres, représentent bien le fatras habituel, celui des fripons, des gueux, des nobles et de leurs politiques.

Quand à lui, qui est-il au juste ? Sans doute une personne perdue, une brebis égarée ayant trop consommé d'alcool et consumé plus que de raisons des substances dites illicites. Même si ce n'est point encore leurs appellations. Des champignons "magiques" séchés et avalés. Des fumées que l'on inhale à s'en déchirer le corné ou la cornée. Et voici le triste résultat, un homme laissait en pâture aux loups et aux chiens errants. Affublé d'un "maquillage" grotesque, d'une perruque de fortune confectionnée avec la chevelure "offerte" par un pendu. Ceci lui donne un aspect inquiétant. Surtout quand la couleur fait des ravages. Une mine blafarde, une tignasse verdâtre teintée de violet. On se demande où est-ce qu'il a bien pu trainer. Et surtout d'où sort-il...? D'un asile pour enfants de nobles dégénérés par un surplus de consanguinité ? Ou alors d'une folie que seuls les bouffons savent mimer à la perfection ? Toujours, est-il là. Songeur, atteint d'une amnésie sélective. Ne pas se souvenir de la raison de sa présence en ce lieu, ni du pourquoi être vêtue d'une manière aussi extravagante, ni même être conscient de ce que l'on fait.

Non loin de là, une large motte. De la terre fraichement retournée, il s'approche dans une posture étrange. Se balançant de droite à gauche, d'avant en arrière tel un funambule glissant sur son fil. Celui d'un espoir, qui sera irrémédiablement gâché. Et le voici, déjà en fin de représentation, le public est amorphe. On ne peut dire que la compagnie d'un cimetière soit des plus vivante. Il s'agenouille devant la tombe. Il s'agit d'une femme, plus précisément d'une noyée. Une aubaine pour notre fou puisque ses prochaines actions vont justifier allégrement ce sobriquet. L'excès d'alcools et d'hallucinogènes ne sont pas prompts à assurer la raison et une bonne cohésion de l'esprit. Il commence a creuser avec acharnement sans outils, juste ses mains. Au bout d'un petit moment, le fossoyeur intérimaire a les doigts en sang. Mais il ne sent rien, l'effet anesthésiant des "produits" sus-cités. Après des efforts, il est enfin récompensé. Un cercueil. Il l'ouvre doucement et ses yeux s'émerveillent du "spectacle". Elle git là comme endormie. Sa beauté est toute relative et par chance le corps est encore intact. Il la sort de sa prison d'outre-tombe et se redresse. Son poids est comparable à une plume. Et dans sa folie, il commence à lui faire la conversation. Nul besoin de retranscrire la teneur de celle-ci, elle n'a pas vraiment d'intérêt. Puisque orpheline de toute forme de répondant et pour cause. Et pour cause...

Il l'observe en détail et croit apercevoir tour à tour ses quatre saisons. Qui file et défile sans raison, au gré des fenaisons et des oraisons. Ce qui semble être de circonstance en ce lieu funèbre.

Hiver, une poussière cristalline. Dame Nature enfile sa pèlerine ivoirine pour un mois glacial, pour une période de vie en blanc. Ailleurs, dans la vallée, l'haleine des chevaux se fait brume. Ce spectre éphémère, témoin du froid se perd au sein de la campagne fumante. Vint alors le temps d'un instant fugace, celui de vaquer au sein de la rudesse hivernal le long de l'Ariejà, la demeure de la trutta fario. La marionnette ou statue cadavérique se fait louve. Alors que la danse macabre continue. Il l'imagine arborant une peau de bête recouvrant sa poitrine et ses hanches. Laissant deviner juste ce qu'il faut pour espérer, pour faire miroiter à quelques phantasmes inavoués.

Printemps, celui de la naissance d'une rose. Épine harmonieuse, effluves ensorceleuses. Douce rosée venant déposer un baiser sur ses exquises pétales. Reflet scintillant dans cette goutte d'eau ruisselant le long de ce corps si angélique. Céleste ne désire plus les étoiles mais la terre nourricière de cette fleur divine. Et là, sa poupée se transforme en une colombe qui prend son envol. A la fois saisissante, ravissante et aussi exténuante. Une tornade qui vient pour tout dévaster sur son passage. Comme l'ange passe, quand l'ombre trépasse, et laisse des désirs inassouvis.

Automne, celui des splendeurs rayonnantes. Feuilles flamboyantes, irisant de tout son éclat, dans un face à face avec nocturne et lumière. Un jeu de cache-cache entre la lune et la terre. Rougeoyante telle une braise incandescente, bouillonnante d'une envie qui ne veut s'éteindre. Peinture étincelante pour ce peintre fou dont le tableau flirte avec les feux du firmament. Et cette fois-ci, le corps sans vie se mue en Belette. Du moins, l'allégorie de cette dernière, il est déjà adepte - avec circonstances atténuantes - de la nécrophilie, n'allons pas pousser le vice dans ses extrêmes. Quand le destin ne laisse que des instants déchus et des passions fardées, ensevelies.

Été, il ne reste plus que cette saison. Celle qu'il partage pour l'instant. Jusqu'à cet éternel recommencement. Il laisse choir sa proie et tombe au sol. A cause d'une sensation vicieuse, celle du tournis. Et il se met à ricaner alors qu'au loin des bruits de pas se font entendre. Et lui, son ouïe hystérique arrive à lui faire chanter les cigales alors que souffle la bise hivernale...

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Alzin
[La lassitude nait dans l'absence de défi...]


Et puis le ciel, encore silencieux, se fait tourment. Secouant sa crinière, des perles glissent des nuages pour se déposer avec délicatesse. Les arbres frémissent et se blottissent les uns contre les autres. Les racines gelées fondent un espoir pour que ce châtiment ne soit que passager et que la neige fonde. Pour l'heure, son heur est de fondre sur sa proie à l'instar de milliers d'aigles. Recouvrant consciencieusement chaque mètre carré afin de s'assurer une victoire éclatante. Un triomphe de diamant. Que les éternels amants, le ciel et la terre s'épousent enfin dans une noce de blanc. Pour une émotion qui rassure, que la jeunesse espère et susurre. Et que la vieillesse exploite jusqu'à l'usure. Un sentiment qui se compose de ce qui s'attire ou s'oppose. Que la folie se fasse raison et dépose des milliers de roses. Que les chansons et les poèmes se font en rimes ou en prose. Quand on admire, on mire une cible se sentant invincible. Écarter d'un revers de la main l'irascible, rendre impossible l'inaccessible, que le cessible devienne incessible. Mettre fin au lunatique ses attitudes et ses vicissitudes. Avec le désir de s'épancher sur le "bon vieil amour" et son étude. Et pour finir se pencher vers la mort et sa solitude. Omettre l'errance dans la splendeur d'une existence. C'est que porte en créance ces modestes stances. Celles d'observer une éclipse passionnelle. Quand s'assemblent la terre et le ciel.


Et lui, fidèle à son poste. Allonger dans ces copeaux blanchâtres, crissant sous ses déplacements de tête. Il se redresse soudain. Une lueur, une reprise de conscience. Un instant fugace puisque les retombées éthyliques reprennent aussitôt le dessus. Sur cette victime docile. La torture devient tellement facile. Il scrute les alentours avec une vision embrumée et éblouie par une absence criante de contrastes. De l'opalin sur du satin, pour des mirettes, il y a de quoi rester coi. Dans une tentative proche d'une aboulie chronique, il se lève. Ses jambes flageolent et son crane tambourine, les dégâts de l'alcool. Il aperçoit ou croit deviner une silhouette à l'horizon. Qui commence déjà à s'obscurcir au passage. Il lui semble difficile d'en donner une meilleure description. A partir de là, cela ne serait que vaines supputations. Alors lui vient l'idée "lumineuse" de se rapprocher. De toute façon, en ce lieu macabre, il ne fera pas de vieux os...



Attends... Attends...


Dit-il dans une prononciation au souffle court. Se lançant à la poursuite de ce qui semble être un mirage dans un désert enneigé. Alors que ses poumons n'apprécient guère la rudesse du climat.

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Astana
[Les fous passent. La Folie reste] Sébastien Brant.

Le bonheur…
Il vous enferme dans ses bras chauds, vous apprivoise, vous enlace, vous efface. Vous murmure les mots que vous voulez entendre, vous rend perméable à tout les sentiments. Vous lui faites l'amour, oubliez le temps avec, en fait, non, vous oubliez tout. Jusqu'au jour où c'est lui qui vous entube, et vous comprenez finalement que le meilleur amant reste le Temps. Ses mensonges deviennent votre vérité, sa fuite vos regrets, ses caresses l'oubli. Vous passez vos journées avec, à regarder la pluie glisser sur votre fenêtre, brûler vos souvenirs, effacer ce qu'il vous reste comme images, et finalement, vous aide à sécher et à rendre l'acidité à vos larmes. Il finit par consoler vos chagrins, apaiser votre colère, endormir votre haine. Sa mélancolie revient se coller à la place du coeur. S'accroche à votre peau, se greffe à votre moelle, chaque cellule, une à une, et devient une partie de vous-même. Vous recommencez à devenir hermétique aux mots. La souffrance est remplacée par un vide, la mélodie devient alors un étrange silence intérieur. Vous placez des océans, des gouffres entre chaque risque de retour d'émotion. Vous finissez vos derniers verres de songes, vous vous saoulez au passé.
Vous raccordez les insomnies de vos nuits, les cordes de votre peine. Et vous vous relevez, une fois de plus.
Ou pas...

Lorsque le feu rencontre la glace.
Sauf qu'ici, en ce cimetière des âmes perdues, il n'y a pas de feu, aucune étincelle. Seulement du blanc, partout. Tout est mort. Un paysage neutre et glacial, en parfaite adéquation avec ce lieu. Seuls les arbres, aux allures de démons aux griffes acérées sortent du lot. L'Enfer, alors ? Peut-être y-a-t-il un lien avec ça. Une sorte de transition habile. Un lieu pour les fous, un asile en plein air clôturé par quelque rambarde inutile, destinée plus à décourager d'éventuels pilleurs qu'à réellement les enfermer. Un endroit pour les fous, parce que tout le monde s'en fout. Et la brume, comme le souffle du Sans Nom, masquant tout ceci à la vue du Monde, des Autres. Ils, Eux, les Autres.

Des volutes d'air chaud s'échappent de sa bouche pâle et tourbillonnent un instant avant de rejoindre le Néant régnant. Seigneur des âmes torturées. Une main tremblante, avancée vers la grille noire de fortune vient alors la pousser, dans un geste dédaigneux. Le grincement qui suit fait écho, résonne dans la sombre vallée, tandis que la neige crisse sous les pas d'un mirage. Insaisissable louve, qui dans un élan de morosité, est venue se perdre ici. Ses mains, bien qu'à moitié paralysées par la morsure du froid, viennent instinctivement resserrer cette cape, abri de fortune, contre son corps encore chaud. Les pas se font imprécis, la démarche instable, entrecoupée de spasmes dus à une quantité non négligeable d'alcool absorbée. Maigre échappatoire, mais issue rassurante. Les prunelles de l'apparition ambulante se drapent d'un bleu froid, dont les étangs s'habillent l'hiver, et se posent sur les rangées qui se succèdent et semblent interminables. Les noms et diverses épitaphes ne sont là que pour attester d'un fait tragique.

La fin n'est jamais une Fin en soit

Les battements de son coeur ralentissent pour ne faire qu'un avec le climat. Jolie petite mort. Délicate maîtresse. Traitresse confidente.

Au loin se dessine une silhouette curieuse, étrange, qui semble l'appeler à Elle. L'envie est tentante. Ce désir d'y aller, de l'enlacer pour une danse macabre. Ne faire qu'UN, corps à corps avec la Mort. Comme une femme enterrée vivante dans son cercueil qui se demande combien d'inspirations avant la Mort, la jeune femme à la crinière indomptable se demande combien de pas avant le Jugement. Mais ses jambes, maigres canes engourdies, ne la portent, hélas, pas suffisamment loin. Dans un moment qui semble interminable, la Belle se sent partir et ferme les yeux. Une chute libre qui se termine dans le duvet neigeux et qui lui coupe le souffle. La rudesse d'un climat, qui lui rappelle tant bien que mal que la Vérité se trouve Ailleurs.

Lorsque son crâne cogne contre une quelconque pierre tombale, un cri étouffé vient brusquer, fracturer un Silence qui jusqu'à présent était d'Or, réglementaire. Le sang se fraye un chemin entre les fils dorés de sa chevelure, et vient effleurer son oreille, puis sa gorge dévoilée. Un battement de cils, un battement de coeur, une brève respiration. Perdue dans le cimetière des fantaisies désolées.

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Alzin
[Erg monde de la joliesse désertée]


- C'est dans ces moments que ma plume, à l'instar des chevaux sauvages, se met à galoper sur ma page. - Quand les mirages offrandes des anges lors de leurs passages. Flirtent avec les nuages, forment un sillage pour donner à la Beauté et sa plage. La félicité et la somptuosité d'un ciel étoilé dans une crinière dorée. Les sirènes magnifiques, délaissent alors leur monde onirique pour fureter après la richesse et la splendeur d'un rivage immaculé. L'ébène et le cristal se dévorent d'un regard embrasé comme le firmament un soir d'été. Et quand la louve majestueuse devient animal blessé. Il n'y a que le recours de la folie pour se porter en sauveur. L'œil captivé par les joyaux brillant de mille feux. A la manière d'un océan scintillant de reflets ambrés portés par la grâce des cieux. Que seuls les marins usés savent contempler dans toute son entièreté et sa nécessité. Jusqu'à être atteint de cécité. Tel Icare, le prix à payer de s'approcher trop près de merveilles. De quoi caresser le Soleil et s'en brûler les ailes. - Et quand on songe à la mer de mes songes. La plage de nos secondes a des airs de mensonges. -


C'est ainsi que nous pourrions porter en introduction, le fait que notre fou observe sa Blondeur reposer telle belle au bois dormant. Et dans cette contemplation angélique, une colombe virevolte au gré du vent. Les souvenirs ne sont que la mouvance de nos mauvais moments. Les sourires s'effacent immuablement avec le temps. Il ne reste que les inamovibles larmes. Ces irascibles armes. D'une âme, d'un cœur en peine. La tristesse n'est que le prélude de la haine. Ne nous soumet pas à la tentation. La vie, en donneuse de leçons. Mielleuse, niaise de bons sentiments. Entraînant ses moutons vers le Néant. Insiste, persiste et accuse. Que s'immisce, résiste et trouvant des excuses. A toutes les vicissitudes de ce ton inconstant, de ces attitudes...


Au loin. Plus précisément, sur les hauteurs, se dressent des dizaines de silhouettes obscures et inquiétantes qui déchirent la ligne d'horizon. Alors que l'astre solaire agonisant lâche un dernier rayon tel un soupir avant de périr. Pour mieux renaître de ses cendres, Phœnix déployant ses ailes à l'aurore pour réchauffer la terre et ses hôtes. La meute grogne, les loups ont les babines retroussées. Et ne vont point tarder à lancer l'assaut sur les deux protagonistes en contre bas. Le fou - Alzin - tente alors de réveiller sa Blondeur en lui assénant quelques gifles bien placées. Il y prend un malin plaisir pour tout dire. De toute façon, il ne désire pas la sortir de ce guêpier pour son bien. Il ne l'a pas encore reconnu. Ses hallucinations continuent de le tourmenter. Il veut juste l'entrainer dans l'église abandonnée afin que sa présente victime, soit à lui entièrement. Disons que le partage de chair fraîche avec des canis lupus - Loups en latin, bande d'incultes - cela ne fait pas parti de ses habitudes.



Crénom de foutue carne ! Vieille morue ! Bouge ta carcasse !


Oui, visiblement, il en profite pour l'injurier mais aussi la tripoter. (Cher lecteur transition !) Voyant qu'elle est encore dans les vapes. Il la saisit par le bras et la traine avec toutes les peines du monde vers l'église. Pas qu'elle est lourde mais elle n'aide pas trop, faut bien avouer.

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[Avatar provisoire pour le RP "la folie des grandeurs"...]
Astana
[La Fuite d'une âme perdue.]


Le Mirage n'est plus. Il n'y a plus rien. Tout est froid, glacial, meurtrier.

Un Univers parallèle, perdu dans un coin de ses sombres pensées. Une hallucination, un dialogue poignant. Cette impression d'étouffer, une pression sur sa poitrine qui se fait plus forte à mesure que les secondes passent. Tout n'est que murmure et douleur vive.

- Hein, ange de l'eau ?
Tu vois la vie sans couleur, ange. La seule parole prononçable est «Adieu». Tu l'espères. Au delà de tes cris d'agonie, tu espères entendre cet unique mot. C'est étrange, c'est le seul que tu puisses dire, et le seul que tu désires qu'on te dise. Tu soutires le meilleur des gens. Non, tes amis, nulle part, ne sont prêts à entendre tes mots, tes ordres, pour qu'ils enferment le meilleur des êtres dans leurs âmes. Mais si tu ouvres la bouche, tu leur diras «Adieu»… Tu as découvert le vide qui se trouvait en toi. Ta faute ? Tu ne lui a pas fait confiance. Tu gardes le vide près de toi, au plus profond de ton âme, ton plus cher trésor. C'est tout ce qu'il te reste de lui. Cette lâcheté, cette peur, est incompréhensible. Protégeant le pardon avec ce qu'il te reste de vous - pas grand chose - tu trahis le crépuscule, et tu te justifies en montrant les ténèbres de l'océan qui t'a créée. Pourtant tu as peur du noir. Mais tu as aussi peur de la pureté. Où est ton âme ?
- Je n'ai rien fait. Non, rien du tout, pour empêcher la disparition de la vie. L'hiver arrive avec la fin de la foi. Ça disparaîtra avec le temps.
- Ça ne disparaîtra pas. Le Temps. Tu ne donneras jamais un sens au mot éternité. Tu étais fatiguée ce jour-là. Se perdre une fois ne suffit pas. Il a fallu que tu deviennes comme lui. Tu n'as jamais été assez forte. Continue de marcher au loin. Continue ta fuite. Fuis. Sans but. Ne cherches pas la vérité, où que ce soit. Tout s'est éteint avec l'arrivée de la marée. Tu te noies dans les eaux qui t'ont engendrée. Il est mort. Tu le sais. Le vide ne se comblera plus. Il s'est crée quand il a reposé les yeux sur toi. Rien ne peut être plus impressionnant à présent que ce gouffre qui s'est crée en toi. Les derniers sentiments que tu ressens pour la personne qui t'a… qui a…
Qui t'as idéalisée. Qui a scellé son existence.
Sois fière. Il a enfermé ton sourire au plus profond de l'éternité.

[…]

Les tableaux se renversent. Et cette figure qui lui semblait jusqu'alors si familière se dévoile. Le choc est rude, brutal, presque assassin. C'est Elle. Un face à face avec soi même. Ses poings rougis par l'effort, se font armes et martèlent une poitrine qui est sienne, et à la fois celle d'un corps sans vie, étendu là. Une Sirène échouée sur une plage, peut-être, mais faite de glace. La chaleur n'Existe pas…. ici. La peau d'albâtre, dure comme le roc, est bientôt teintée de rouge, rouge sang… Rouge sang coule sur leurs mémoires… Mais ce n'est rien, la douleur est éphémère face à l'acharnement. Bientôt, la roche se fissure, éclatant en milles morceaux réfléchissant la lumière d'un soleil absent, masqué par les nuages. L'éblouissement est total, si aveuglant que tout devient Blanc.

Qu'est-ce que ça veut dire ?

Vouloir s'endormir sur le sol, là. Ce sol qui semble s'enfuir sous les respirations. Sous les sursauts. Avant que le mal de crâne ne s'installe et qu'il ne prenne tout son Être, qu'il ne l'assomme de douleur. Et comme cette Blondeur, cette louve à demi-consciente s'estime être trop froide pour être vivante…

L'esquisse d'un cadavre pourtant encore chaud, grossièrement traîné dans la neige, en direction d'une bâtisse abandonnée. D'une église qui s'érige en lieu vengeur, destiné à abriter quelques méfaits pervers quasi indolores ou agréables caresses idylliques. L'espace d'un instant. Qu'est-ce qu'un instant, une minute, dans toute une Vie ? … Mais elle ne sait pas, ne voit pas tout ça. Les azurées sont fixées sur les gouttes de sang qui parsèment leur chemin ; minuscules gouttelettes témoins et passives, donc coupables. Un rictus nerveux s'échappe de sa bouche lorsque la Belle se demande : «Alors c'est ça, la Mort ? Tout ce chemin pour être… On est déjà demain ?».
Poupée de chiffon, qui se laisse emmener ainsi, sans opposer une quelconque résistance, et qui dans un étrange élan de curiosité relève la tête pour rencontrer son ravisseur.


Vous ressemblez à mon ours… et j'suis pas une morue.


Il n'y a plus aucun effort à fournir. C'est bientôt la Fin. Certaine d'être déjà dans l'au delà, ou quelque chose s'en rapprochant, guidée par un Géant Vert ressemblant étrangement à Alzin. Étrange clin d'oeil du Hasard - ou Destin - que voilà… que le Démon de son Abysse mise en Abîme prenne la forme d'un homme qu'elle connait à peine, et qu'elle apprécie tant.
A chacun ses Hallucinations.

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Alzin
[La croix & la bannière...]


Juste devant la porte arrière de l'église en ruine. Celle donnant sur l'habitation abandonnée du maitre des lieux. Un coup brusque, puis un second pour enfoncer cette maigre planche de bois. Ne pouvant trainer davantage sa Blondeur, il la porte sur ses épaules comme un vulgaire sac de jute. Entrant dans la pièce, la poussière porte son enseigne et nous enseigne que le silence resplendit d'une latence qui lui est propre. D'une apathie considérable et d'une manie de la conservation via une certaine forme de fossilisation de l'espace à travers une nuée de poudre blanche et de liens tissés par d'étranges orfèvres, les arachnides. Elles sont hideuses, repoussantes voire effrayantes. A l'origine d'une pléthore de contines copines de l'effroi. Mais elles savent user de leurs "doigts" d'or pour une création admirable. Une toile que n'aurait rechigné aucun artiste et avec un transfert du savoir se passant et dépassant les générations. Un talent inné pour confectionner en moins d'une journée, un piège resserré. Poussant l'inconscient dans ses pattes acérées, pour capturer et lacérer. Quand la torture devient art composant avec la minutie de l'horloger et la perfection du joaillier. Les pièces en argent du mal prennent alors leurs places fatales. Fanal en un navire fantomatique. Lueur de ses heures erratiques. Mirifique orphelin de sa substance. Naquit alors mélancolie en ces stances. Naissance d'une chrysalide livide. Un moissonneur à la semence avide. Du vide, s'engouffre dans ce gouffre. Où on souffle, on souffre. Où l'air à l'odeur du soufre. Les aiguilles de Chronos se font alors messagères de l'atroce. Pour ployer sous les tourments et sévices. L'araignée geôlière en la prison du vice emprisonne la vie qui papillonne dans ses abysses. Il pousse alors le deuxième écueil se présentant à eux, une lourde en chêne massif. A chaque jour suffit sa peine, paraît-il. Mais comme un malheur n'arrive jamais seul. La désolation se mue en un amas et alors vient le temps de subir, de soutenir son fardeau. A la manière d'Atlas portant le monde.


Une destination finale. Une entrée dans l'église avec un panorama en guise de description. A première vue, l'ensemble est de bonne tenue. Euphémisme quand tu nous tiens. Les bancs sont retournés, un peu comme ceux de l'école où on fait le mur, et on s'empêtre dans la notion de "buissonnière". Quelques livres des vertus calcinés gisent sur le sol. L'autel est en piteuse état, les cierges, chandeliers ont été raflés, victime d'une ultime razzia. Le toit laisse passer le jour en son "flanc" droit et donc le vent se fait intrus dans cette bâtisse entièrement vide. Mais n'est-elle qu'un simple abri pour ce qui va suivre ? Et la folie devient ivre. Puisque dans le feu de l'action, un gamin les a suivi. D'où sort-il ? Bonne question. Ils n'avaient juste rien vus jusqu'à présent. Sans doute voulait-il se sauver des loups affamés. Cela serait logique mais il a pas de chance. En effet, notre fou dépose brutalement Astana sur l'autel du sacrifice devant la croix d'un Dieu témoin de l'immonde par sa faute et son nom. La guerre devient une religion. A moins qu'il s'agisse de l'inverse ou de destins "croisés". Un regard inquiétant vers l'enfant. Alzin, n'étant pas dans son état normal, devient fou de rage. S'approchant d'un air menaçant et lame en main, il assène un coup vif et rapide à la gorge désormais ensanglantée d'un innocent ne voulant que préserver sa vie. Dans une agonie étouffée, sa victime s'agenouille portant ses mains à l'antre de sa douleur. Pour répandre le pavé d'un liquide chaud à la couleur agressive. A la droite de cet homme à la folie meurtrière, dont l'hallucination n'aide pas, se trouve un tas de vélin vierge. Il s'en saisit et les dépose à côté de la Blondeur émergeant d'un mauvais rêve. Une dague endossera le rôle de plume et le sang d'encre. Il offre le tout à sa "convive". Et lui ordonne de se mettre à l'ouvrage.



Écris ! "A l'ignoble assemblée des Pairs France & la Reyne..."

Il l'observe un instant juste avant de s'effondrer au sol sans raison...
On l'entendrait presque supplier et appeler sa "môman". Et oui, même les méchants ont une mère !

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Astana
[Des larmes de sang]


«Est-ce qu'il pleut ?»
Le visage de porcelaine est moite, suintant. Nul doute que la fièvre hallucinogène qui la consume y est pour quelque chose. Cette fièvre, oui. La même qui s'est installée contre son gré au creux de ses reins, dans son ventre, qui s'est insinuée dans les moindres recoins. Cette tigresse s'est installée en elle, en griffant l'intérieur de son ventre déjà suffisamment éreinté et fragile.
«Pourquoi j'ai l'impression qu'il pleut ?»
Les apparitions et autres songes se succèdent à vive allure, entrecoupés par quelques brèves reprises de conscience, avant de sombrer de nouveau. L'exquise Blondeur délirante oscille entre rêve éveillé et réalité transformée. Ce qui revient à peu près au même, quand on y pense. Mais, tout se situe dans les détails. Le détail. Celui que personne ne remarque, et qui pourtant est bien là. Une réalité, presque palpable, qui métamorphosée sous les yeux d'une louve devient toute autre. Il n'y a plus de Libre Arbitre, on lui impose tout, et la jeune Danoise se pose alors en simple témoin. Un peu comme si, finalement, le regard porté sur ces scènes n'était qu'extérieur. Pourtant, le ressenti, les émotions sont là. A chaque coup porté son cri, à chaque pression son grognement, à chaque…

Brusquement, tout se fait douleur. Jetée telle une moins que rien, un objet, sur l'autel des sacrifices, dans une église qui prône le massacre d'une population qui ne la suit pas. De nouveau, son crâne blond vient heurter la pierre et ses coudes s'écorcher sur la roche. A croire que cela devient presque une habitude ; quelque chose d'inévitable. Comme retour parmi le monde des vivants, l'on a déjà vu plus agréable. L'esprit, encore embrumé par les vapeurs d'un alcool traître et d'une folie énigmatique, met quelques minutes à sortir de son engourdissement. Assez pour que la Blondeur assiste au massacre d'une âme innocente à quelques mètres de là, une main perdue en sa chevelure teintée de rouge, l'autre plaquée sur ses propres lèvres pour en étouffer la stupeur. La surprise. Cependant, aucun geste ne vient arrêter tout ceci. La loi du dominant, la loi du plus fort qui règne en ce bas monde régit Tout. La chaine alimentaire… Les grands qui se nourrissent, s'abreuvent du sang des plus petites créatures dotées de chair et d'une âme.

Le corps s'effondre presque sans bruit et vient répandre son lot de liquide rougeâtre au sol. Les prunelles d'Astana, attirées par cette flaque suivent consciencieusement son mouvement, avant de se porter pour la première fois sur les mains du meurtrier. Bien sûr, elle pourrait objecter, hurler… mais elle reste muette, préférant s'enfoncer dans un mutisme qui ne la conduira qu'à exploser plus violemment plus tard. Ces mains, donc, dégoulinantes d'un sang qui n'est pas le leur, imposantes et puissantes ; ce torse massif, viril, sur lequel se dessinent des arabesques illusoires ; et pour finir : cette tête, ce visage, cette expression à demi masquée par un maquillage criard. L'échange de regard qui suit est difficile à écrire, car il n'y a pas de mot qui convienne à cela. Trop saisissant, trop abrupte, trop franc. En face d'elle se tient l'incarnation de la Folie : Alzin. Pour la première fois depuis cette sombre rencontre au sein d'une taverne miteuse, la Blondeur le voit. Tel qu'elle aurait dû le voir depuis le début. Mais bien souvent, l'on se laisse aveugler par un quelconque jugement, une image, un mot. Une Faille.

Ces mêmes mains qui arrachaient la vie quelques instants plus tôt lui jettent alors vélins et lame ensanglantée, avant que la voix demeurée inchangée de son Ours ne lui ordonne de se mettre à l'ouvrage. Et quoi ? Obéissant à ses pulsions, la Blondeur lève alors sa main droite, s'apprêtant à lui rappeler qu'elle n'est pas une femme d'ordre qui se plie à la volonté de chacun. Fille du Vent, inconstante. Mais à son tour, l'Alzin s'effondre. Chacun sa chute, chacun son moment de faiblesse. Et dans la précipitation tenter de ralentir ce déclin, empêcher que sa tête ne frappe contre un sol sans pitié de ses deux mains, de tout son corps. Les parchemins restent en suspend dans l'air avant de retomber, éparpillés. Un peu comme nos deux protagonistes.


Ressaisis-toi !


Et comme un malheur n'arrive jamais seul mais qu'il est plutôt constitué de plusieurs embuscades, voilà que de sombres silhouettes se dessinent devant eux. Fumées noires, ébauches de corps vivants, esprits dans la tourmente. Agenouillée sur le sol, la silhouette de la Blondeur se meut avec grâce et vient attraper l'arme du précédent crime afin de l'assigner d'un geste ferme dans les mains de son comparse chauve. Tandis qu'elle, calmement, fait glisser un ruban rouge jusqu'alors attaché à son poignet autour de ses cheveux pour les relever ; ce qui laisse apparaître le triste témoin d'une blessure passée : une cicatrice verticale, partant de sa nuque pour se prolonger jusque sous sa cape, au milieu du dos. De ses ennemis, la louve avait toujours triomphé. La Mort ne semblait pas encline à l'accepter parmi ses victimes. Du moins pas encore...


Bouge toi ! Allez ! Tu crèveras plus tard.


Un coup est donné dans les cotes de son Ours, dans l'expectative d'une réaction. Et voyant que ses paupières restent closes, elle lui assène une gifle magistrale.
Eh ouais ! Même dans l'urgence, les méchants trouvent l'occasion de se frapper mutuellement.

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Alzin
Étendu une nouvelle fois. Tour à tour, ils ont goûté aux joies d'une mise en abîme. Quand on sombre dans de sombres heures vulgaires leurres aux apparats de heurts. On l'apprécie ou on le subit. Et les cauchemars, l'inconscient se drapent d'obscurs desseins. Les Saints deviennent alors suppôts du malin.

[Vous capturer dans son Enfer...]

Dans son monde...

Les roses dépérissent et se fanent. Les couleurs se ternissent et se font diaphane. La peau des animaux n'est que chair, écorchés vifs. A l'instar des êtres ayant trop vécus. Ceux que le poids des années enchainent, foudroient et laissent à l'abandon sur le sentier des ambitions déchues. Les montagnes noires subissent les sanglots d'une rivière de sang sur leurs flancs déjà trop souillés. Les monts et vallées sont agressés, privés de leurs intimités. Le céleste, à la bouche repue, déverse ses restes, ces bribes de mets à la senteur fétide dans les océans du morbide. Brève description pour une rencontre avec soi-même dans l'antre de la bête. Au plus profond de lui pour une conversation égocentrique.

- "Je ne suis qu'un mauvais ''clown''. Sur mes joues le maquillage coule, je ne suis plus là pour faire rire. Étant un être du présent vivant dans des souvenirs... Cette ombre sombre allégorie de la Calandre avec sa faux, tranchant mon élan. J'ai l'impression d'avoir perdu suffisamment mon temps. Mon existence me pousse à vivre à genoux... Se présente ainsi, inlassablement, la perpétuelle question, de savoir si je vais tenir le coup... Hors phase, je consume mes dernières phases, apogée atteinte dans ces phrases : Je suis à l'écoute à la manière d'un sourd qui pleure car ne pouvant lire sur tes lèvres, étant ainsi aveugle, je voudrais crier ce que je ressens, ce que je suis. Hélas, cela est impossible, quand on est muet de toute parole, de tout sentiment..." Chaque homme a eu son lot de bonheur, de malheur, d'amour et de haine. Et quand il se perd dans les méandres de sa peine.

Une voix grave, illusion d'outre-tombe lui répond d'un ton calme et un soupçon d'amusement.

- "Sens-tu ce frisson sillonnant les courbes de ton dos ? Apprivoises-tu cette pulsion canalisant ta force se portant tel un soubresaut ? Aimes-tu ces ires prémisses de l'impulsif enivré par une envie convulsive ? Abreuves-tu de ce désir dans le calice rétif goûté par une vie pensive ? Veux-tu retracer cet enchevêtrement lassé de ne pouvoir délacer ta confusion ? Espères-tu effacer cette haine dont tu es la fusion ?"

- "Autour de moi tout se transforme, je vois qu'un bataillon d'êtres difformes se forme. Je me sens oppressé, les murs sont entrain de se rapprocher comme pour me compresser. Jouir de cette folie meurtrière, une raison coutumière. Que se dresse la herse pour s'évader du Castel de ma détresse. Les scènes de liesse, hier tendres caresses, me délaissent. Rechercher la compassion là où la brique a plus d'empathie. Vivre de ma passion y tenir en enseigne une boucherie. Se délecter de ce qui saigne, de la bouche à la "souris", j'en ris, m'en rassasie, me ressaisis..." Chaos et destruction dans une mer rougeoyante à l'écume baveuse d'une convulsion récente. Le palpitant haletant devant la mesure de l'empressement de pareils évènements. Ceux de substituer l'homme en monstre. Muer l'agneau en loup. Cela commence par un individu et l'épidémie se répand comme la pollinisation à travers l'air de ce temps. Puis un petit groupe est contaminé, ses membres contractent la pire des maladies et la transmettent à leur tour. elle prend alors de l'ampleur à travers un foyer, une ville, un duché, une région et le royaume entier. Attirer en son orbite, à l'instar d'un papillon de nuit qui vient se brûler les ailes auprès de la flamme d'une bougie. Devenir un aimant pour abreuver les bêtes de sang. Who do I catch now ?*


Victime d'une gifle magistrale de quoi faire trembler ses aïeux, il se réveille doucement. Son regard se perd dans celui de sa Blondeur. Ils se tiennent dans une mare empourprée, une liqueur incarnate. Et sa main vient alors caresser délicatement la joue d'une louve à la robe ambrée. L'intimant dans un geste à se rapprocher pour que leurs lèvres se croisent et savourent ce succulent moment. A première vue cette invitation au voyage la laisse de marbre. Aussi, il doit se faire force de persuasion afin que se mêlent leurs langues joueuses. Sous le regard d'un Dieu pleurant ses enfants, ces âmes perdues qui flirtent avec les fruits d'une passion au milieu d'une flaque rubiconde, martyr de la déraison.




*Qui puis-je attraper maintenant ?
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Astana
[Les amants pensent à la mort et s'étreignent. De nous tous qui vivons ce sont les plus vivants] *Peter Viereck.


Les regards s'accrochent et se lisent, l'ambiguïté jusqu'au fond des yeux. Une parenthèse s'ouvre alors, des méandres au creux des reins. Elle plonge dans son regard, s'y perd même ; avant de reculer sa tête de quelques centimètres, infime petite barrière, lorsqu'elle comprend ce qui est en train d'arriver. La suite est trouvée d'avance, si ce n'est qu'elle reste à écrire. Une main assurée et experte la transporte alors, l'invitant à cette dégustation charnelle. Les lèvres se lient et se délient, outrageusement, le souffle court. A en perdre haleine. Un traître frisson parcourt sa peau diaphane tandis que la Blondeur se mord ostensiblement la lippe inférieure ; avant de venir sceller les lèvres amantes des siennes. Un contraste… entre cette peau glaciale et cette langue chaude et savoureuse. Exquise brûlure.

Les doigts laissent une marque invisible sur son épiderme, avec dans leur sillage un lèchement de flammes. A leur tour, les frêles mains de la louve partent à la découverte d'un corps jusqu'alors inconnu, néanmoins deviné, s'aventurant au creux d'un cou, sur un torse aux délicats reliefs. L'intensité se faisant désormais plus grande, une douce chaleur irradie le bas ventre de l'Amante Blondeur ; les griffes acérées se font alors sentir sur la masculine poitrine, réaffirmant une prise de position. "Je mène la danse". Dominante plutôt que dominée. Un jeu, peut-être, sûrement. La brûlure associée n'en sera que plus agréable.

La mare carmin dans laquelle ils baignent n'est qu'un détail. Sacrilège pour certains, Folie pour d'autres. La compagnie est si élégante, si troublante, que la notion même de décor n'existe plus. Après tout, la rivière pourpre dans laquelle gît cet être inerte pour une union de corps chauds… c'est ce que l'on appelle la Vie. Un cycle. Les ongles chavirent, viennent se teinter de liquide rubicond avant de glisser doucement sur les lèvres d'Alzin ; et de venir recueillir quelques gouttes évasives d'un coup de langue se voulant aussi provocateur qu'affectueux. Curieux mélange que voilà, explosion de saveurs.

La Raison ne fait plus partie de ce Monde là.
Une cuisse opaline, peut-être possessive, vient scandaleusement s'enrouler autour de Lui. L'échine se hérisse, dans un léger sursaut, au contact de son dos sur la pierre profanée. Les souffles se font saccadés, coeurs emballés ; et leurs langues ainsi mêlées coupables d'envie, coupables d'un désir ardent, coupables de chercher à s'apprivoiser. Ses iris bleutées fondent sous le regard de l'homme, il lui est impossible de réprimer ce gémissement qui s'échappe de ses lèvres charnues… stridence magnifique, se faisant presque ritournelle de cette union.

Les Ombres se rapprochent néanmoins. Dangereusement. Prêtes à les emprisonner…
Mais les Amants sont aveugles - Il faut être bien aveugles pour ne pas s'apercevoir de pièges aussi grossiers.

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Alzin
[Contemplation, Temple de mes passions]

Noueux serpents se lovent pour former l'essence, la quintessence d'une concupiscence. Leurs corps instruments d'une prestance infinie composent la symphonie d'une jouissance charnelle. A l'exaltante mélodie et où l'harmonie est une mesure angélique. Passionnant débat dont l'amorce des ébats est une ébauche, une esquisse de volupté. Antithèse parfaite du docile. Prométhée de ses mains agiles. Façonne les formes de la femme d'argile. Confectionnant d'un art habile. Œuvre séraphique et gracile. Le Sublime de l'assise à la courbe de ses cils.

Aphrodite prend les rênes du char ignescent d'un Apollon en émoi. Et l'Amour, fleuve au lit d'une extrême langueur affriande l'auditeur avec l'élégie issue des entrailles et du cœur. Le sommeil, petite mort, ouvre alors les portes de son théâtre où le Mystère met en scène des désirs lascifs. Loin des cohortes cauchemardesques et du corrosif. La Déesse tentatrice vogue en laissant une nuée de lis, une myriade de poussière argentée. Qui se font échos et reflets, pour se mirer, avec la magnificence de la voie lactée.

Ils s'enlacent et leurs langues joueuses se cherchent dans une danse étrange. Les doigts volages se joignent aux réjouissances pour affrioler les sens et donner naissance au plus beau des voyages. Notre périple prend vie sur les pentes enneigées, les vallées immaculés menant aux lacs azurés mêlés avec les contrastes d'un Zéphyr à la chevelure grisonnante et filamenteuse comme le Cirrus. En somme une réunion interdite entre le gris et le saphir, au bleu d'un éclat saisissant. Et dont la lumière à la jalousie maladive épie par alternance la beauté de ces échanges. Ayant tantôt pour résultante une brillance voilée, en guise de murmure, tantôt pour s'éclaircir, cantatrice à la voix cristalline messagère d'un lyrisme absolu.

Alors qu'ici, la pèlerine noir comme la nuit s'évanouit en silence sur le pavé écarlate. Et que la crinière dorée souffre de ne pouvoir se mouvoir. Sous le joug d'une sentence injuste dans les geôles fourbes au ruban rouge. Son évasion se déroule précieusement afin qu'elle glisse en délicatesse le long de sa peau. Désormais orpheline de la moindre étoffe, déshéritée par un geste cruellement perfide. Et désormais s'offre aux prunelles, pleines d’admiration, une étendue de perles.

Ailleurs, l'exploration se poursuit avec appétence. Des fjords danois en omettant point la richesse de ses terres et les contrées sauvages. Flore succulente, faune pléiade à la richesse remarquable. Les sillons timides forment les sentiers menant aux superbes sommets. Ligne d'horizon en contre bas d'une gorge aguichante. Douceur et joliesse à l'évocation d'une plage au sable fin complice d'un paysage étincelant. Aux territoires bercés dans un hémisphère regorgeant de joyaux. Et dont la moiteur et la chaleur procurent à l'âme vagabonde des charmes ivres de somptuosité et d'une liqueur aux saveurs de miel.

Devant ces merveilles, la statue de Zeus dans son temple à Olympie n'a plus qu'à pâlir. Et on peut déjà ouïr les fissures creuser la tombe du colosse de Rhodes qui s'étiole et s'érode. Le phare d'Alexandrie s'éteint à petit feu et égare les navires venus à son encontre. Traitrise quand leurs coques, dans un véritable ravage, viennent se briser sur les rivages. Les jardins suspendus de Babylone, alors lieu de fertilité complice de la corne d'abondance, s'abandonnent...

Comment en faire autrement devant pareils ornements ?

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