Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
La rencontre entre le Renard et son "reflet"

[RP] L'acte d'un homme

Twa_corby


Le temps du matin avait l'odeur des fruits acides.
Un goût acre dans la bouche qui rendait sa langue pâteuse, comme le reste d'un soir trop arrosé ou d'une mâchoire qui est resté trop longtemps serrée.

Il marchait sur les sentiers, évitant la route pour ne pas croiser de voyageurs.
Un besoin de solitude et de réflexion, et une réponse à trouver de ce que ce monde lui demandait.
Le bruit doux de ses pas qui cassaient les brindilles et soufflaient sur les nombreuses feuilles étaient une mélodie rassurante.
L'odeur changeait doucement, odeur des bois humides, des champignons... La nature s'amusait à le distraire.
Réfléchir... Marcher sans un bruit, sans un mot, pour se souvenir.
"Il n'y a que ce vent léger qui joue avec les branchages."
Des oiseaux surpris s’envolaient dans des bruissements d'ailes, brisant d'un instant le silence et sa réflexion.

De tant à autres, il entendait quelques voix qui provenaient de la route principale.
Elle se trouvait à main courante et le renard pouvait à sa guise observer les rares passages.
Seuls, quelques buissons épais le rendait invisible, ajoutant à sa grâce de renard tout l'élégance de la discrétion.
Des marchands sur une carriole grinçante, une troupe de milicien riant grassement ou un seul voyageur... Isolé, comme lui.
Le bruit des pas de ce dernier accompagnait un bâton qui frappait le sol d'une cadence régulière. C'était là la seule conversation entre le bois et l'homme.

Puis le sentier le dirigea vers une clairière. Des pierres posées maladroitement semblaient désigner une propriété privée. Un champ assez grand et parsemés de pommiers maladroitement rangés.
Comme si la culture appartenait au vent et au hasard.

Il vit au loin quelques fermes et se rassura d'être bientôt arrivé... Arriver, où?
Il ne savait plus trop en fait. Avranches?
Oui... C'était vers Avranches qu'il se dirigeait.
Des craintes encore présentes sur les activités des voisins Bretons et ce besoin de protéger son pays, absolument.
Laissant ainsi l’indifférence de ceux qui préféraient les cérémonies, laissant les tactiques étonnantes des armées qui étaient plus éloignées que rapprochées, laissant maintenant, ses mots de colères ou bien d'appel à l'ignorance.
Il n'avait plus envie de s'investir alors que rien ne venait à son encontre...
La motivation est celle des hommes qui veulent construire un projet, sauf quand les écoutes se font sourdes et aveuglées par l'orgueil des affaires personnelles et... De l'apparat.

Assis sur une pierre, il s'adossa contre un arbre et croisa les mains sur ses genoux.
Le frisson qui passa à ce moment le mis en garde sur la traitrise du temps.
Serait-il en train d'attraper un quelconque mal?
Beaucoup qu'il avait croisé ces derniers temps toussaient affreusement, et l'hiver encourageait la maladie.

Il ferma les yeux un instant... La tête lui tournait.
Il se remémora ces derniers écrits... Inspiration de ces derniers moments.
Puis il sortit ce bout de papier chiffonné. L'encre n'avait pas tout à fait séchée...

    Si tout ce qui pousse commence à s'estomper, commence à faiblir, alors laissez-moi partir.
    Laissez-moi ce vent, laissez-moi ce vide, ne vous souciez plus de moi...
    Que ces renards qui courent aux travers des champs, au travers du calme, au travers du vent, vous apportent le bonheur de mes sourires d’antan...
    Lorsque l’étoile était proche de moi, issue de cette terre, épouse de la mer, au fil de nos années, si riches à mes souvenirs, à nos sourires... Je vivais.

    Et quand les actes de cet homme qu’on appelle renard, parce qu’il a brisé le sol sous ses pieds, efface pour le temps, son regard et efface l’espoir...
    Laissez-moi dans ce vent, laissez-moi dans ce temps, ne vous souciez plus de moi...
    Immense est le bruit de tout ce qui vit, car de tout ce que l'homme peut tenir, j’ai tenu bien plus que cela. J’ai tenu ma vie, mon rêve…
    Lorsque l’étoile s’en va et se déplace loin de moi, loin de tout ça, je pleure ma honte et ses blessures. Je pleure vraiment, son amitié..

    Si tout ce qui pousse commence à s'estomper, commence à faiblir, la vie ne compte plus.
    Oh!, laissez-moi dans mon vent, laissez-moi à l'intérieur de l'ombre, ne vous souciez plus de moi...
    Infini est la lumière de l’homme et de tout ce qu’il peut tenir. Je n’avais qu’un phare, qu’une lune, qu’une muse.
    Je n’ai peur que d’une chose maintenant…
    Ce n’est pas de mourir… C’est de la perdre… Je ne veux pas la perdre. Mon dieu, pardonnez-moi. Aidez-moi.


Le vent se levait...
_________________
--Diable_vauvert


Citation:
Le physiologus, par les bestiaires, tant latins que Français, qui en dérive constitue l’une des principales sources littéraires, permet de faire «la part du diable»
Chapitre du renard et du diable - I

« Le renard est très rusé. Quand il a faim et ne trouve rien à manger, il cherche un endroit où il y ait une terre rouge et, s’y étant roulé, il se couche sur le dos.
Après quoi, retenant son souffle, il s’enfle et le corbeau le croyant mort, descend du ciel pour s’en repaître, mais il s’en saisi alors et le dévore…
…Il en est de même pour le diable, tricheur dans toutes ses œuvres. Quiconque mangera de sa chair mourra »

--


    Bo...Bo...Bordel de fiente, j'ai réussi! Bordel de Grumph!!!

Ce fut les premiers mots qu'il hurla après s'être enfin dégagé du puits dans lequel il était tombé...
Cinq jours! Cinq jours, à essayer de grimper, tantôt râlant, chutant, chantant, pleurant, griffant les parois à s'arracher les ongles.
A force d'avoir avalé de la vase, chacun de ses efforts avait pour effet la libération de bons et gracieux pets qui accompagnaient l'écho, ...Echo...Echooo... du puits.


Il se laissa choir par dessus le parapet en pierre tout en râlant des gargouillis d'où s'échappaient une bave verdâtre et gluante.
Une fois sur le dos, il arrêta de respirer quelques secondes, se figea tel une gargouille, un bras encore crispé et complètement tordu, la bouche en grimace.
Un coup d’œil à droite, un autre à gauche... Les yeux rougis et le teint blafard, il se redressa d'un bon, ramassant au passage un morceau de bois comme gourdin de fortune.
Les toiles d'araignées mélangées aux déchets vaseux épousaient son faciès déformé par la colère. L'apparence de Vauvert offrait à la nature la plus belle toile du diable.


    Rhaaaaaaaaa!!! Ha, ha, ha !!!

En faisant tournoyer son arme au dessus de sa tête, le Vauvert dansait sur place, ce qui semblait être... Heu... Une danse?
Il gigotait violemment, hurlant, pétant, riant, bougeant à s'en démembrer la tête.
Crachant des restes colorés en longs filets de baves, il finissait de reprendre vie, comme s'il venait tout juste de (re)naitre des profondeurs.


    Libre! Je suis libre!

Puis d'un coup, le regard furieux, il se recroquevilla sur ses genoux, guettant le moindre bruit, cherchant le moindre geste...
Il était en territoire ennemi et sa joie risquait "encore" le faire remarquer...
Il essuya le filet de bave qui ne voulait pas partir et donna un coup de pied glauque contre le puits avant de laisser un pet gracieux s'échapper.


Combien de fois était-il tombé dans un puits... Trois, quatre? Cinq fois?
Il ne savait plus.
A chaque fois, le même scénario. Ce besoin absolut de chercher un "je-ne-sais-quoi" dans les profondeurs, de voir s'il existe une porte vers la demeure de ses ancêtres... Voir s'il y a quelques pièces du bon hasard.
Pure folie ou curiosité? L'intérieur du cerveau d'un Vauvert contient le monde des extravagants et il se plaisait à dire que plus mauvais que le mauvais, on obtenait du bon, c'est arithmétique.
Cette attirance qui pouvait être comparée à une sorte de "fétichiste du puits" le menait à des expériences que peut de monde connaissait.

Il se gratta la bosse de plusieurs jours... Celle de la tête, et se remémora la circonstance :

--
Pour le coup, ce fut une toute autre... Circonstance à l’insu du pleins grès de sa personne.
Il était presque minuit et une patrouille de sales Normands avait bien faillit le repérer.
Ces bougres buveur de pommes pourries avaient sentis son odeur alors qu'il s'était caché dans un buisson, avec comme compagnie un énooorme étron encore fumant.
Pas le temps de se refaire une beauté postérieure, il se glissa en arrière alors que les soldats cherchaient à savoir d'où venait l’émanation putride.
Alors que certains hoquetaient d’écœurement, Vauvert se glissa à l'aveuglette parmi les branchages, cherchant à quatre pattes un endroit pour mieux se cacher.


A sa superbe discrétion, la troupe avait sursauté et ils avaient voulu charger.
Mais l'odeur était telle que le premier des hommes s’esclaffa. Il lui était impossible de fouiller le buisson.
Quelle Diablerie y a t-il là avait-il crié avant de vomir.


    Diablerie, diablerie... Héhé!!! C'est qu'un bout de moi que j'offre à la nature Normande!
Chuchota Vauvert alors qu'il glissa derrière un bosquet et le sol se déroba comme par magie...
La suite fut moins rigolote à son goût et son sourire se transforma en soupir tellement la chute était brutale.
A ses facéties et son manque de chance, il eut une nouvelle fois un puits comme demeure...
--
Ainsi donc, il se remit en quête d'envahir la Normandie... Seul, puisqu'il avait perdu sa troupe.


_________________
Twa_corby
Citation:
"La première identité du renard est donc le diable, sous la figure du « malin » Ce goupil si savant est celui qui tourmente la foule des hommes" (Guillaume de Normandie)

--


Le renard marchait depuis plusieurs heures sur le même chemin. Il fredonnait comme à son habitude.
    Je suis aveugle on me plaint, et moi je plains tout le monde.
    Mon esprit cherche son chemin, il n’est fait que de coins sombres.
    Dans un malheur comme le mien, tu t’en tu t’en tu t’en moques.
    La chandelle ne vaut rien…

Puis, abandonnant la piste, il tourna près d’un ruisseau et reprit le long d’un sentier par les champs.
Il longea des haies et une lisière de taillis, et l'obscurité l’enveloppa dans les ténèbres. Sous sa cape sombre, il avait pris la teinte de la terre. Amante sous toutes ses formes, sous ses pas et sa foulée.
Au bout de quelque temps, il passa l'eau au sud d’un petit village, sur un étroit pont de planches.
La rivière n'était guère plus en cet endroit qu'un sinueux ruban noir, bordé d'aulnes penchés.

    Je me lève dès le matin, et jusqu’au soir mes songes te regardent.
    L’un me donne un bout de rêve, l’autre un morceau d’espoir.
    Et quelque fois par hasard, le croisement de ton regard.
    Le sourire ne vaut rien…

A un mille ou deux plus au sud, il rejoignit vivement une grande route et une pancarte recouverte de mousse indiquait « Avranches » Obliquant vers le sud-est, il alla pour la fin de son voyage.
Comme il commençait à en gravir les premières pentes, il jeta un regard en arrière et vit scintiller dans le lointain d’épaisses brumes blanches. Cette vue disparut soudain dans les plis du terrain obscurci, et elle fut suivie près d’un étang gris.
Quand la lumière de la première ferme fut devant lui, perçant parmi les arbres, Corby s’assit près d’un puits au bord d’un sentier et sourit pour la première fois depuis des jours.

    Je me moque de vos manières, et de toutes ces belles prouesses.
    Je ne suis qu’un roturier, le giron de mes faiblesses.
    Mais je continue à marcher, mes deux jambes dans l’allégresse.
    L’apparence ne vaut rien…

Le soir tombait et il prévoyait une nuit claire, fraîche et étoilée, mais des traînées de brume montaient lentement comme de la fumée des ruisseaux et des prés profonds le long des pentes.
Des bouleaux au feuillage ténu, qui se balançaient au-dessus de sa tête dans un vent léger, dessinaient des entrelacs noirs sur le ciel pâle.
Il se pencha vers le puits pour y voir de plus près et ce fut une lumière vive qui éclaira sa vision.

    J’ai ma plume et mon épée, mes deux compagnons fidèles.
    L’un me mène à la raison, l’autre au bout de mes enfers.
    N’aimeriez-vous pas bien mieux, ces deux guides que deux yeux ?
    La violence ne vaut rien…

...
Un violant coup derrière la nuque!!!
...
Le goût du sang envahissait déjà sa bouche alors qu’il se sentait tomber au sol.
Le contact froid de celui-ci, la douleur…
Il chercha en vain à se redresser lorsqu’un second coup, plus fort, le remit à terre.
La nausée d’abord… La brume ensuite.
Une odeur malsaine se rajoutait au sang, et le froid l’envahissait alors qu’il décidait de ne plus bouger.
Des mains maladroites fouillait son mantel, tirant sur la sangle de sa besace.
Celui qui l’avait mis à terre respirait bruyamment, gémissants, geignant… Ou bien était-ce des rires… des ricanements?
A peine une minute passa et il ouvrit un œil…
La silhouette se goinfrait tel un porc, enfournant sa viande, son pain, son vin… Prenant à peine le temps de respirer.

    Si jamais tu me jetais, dans ce monde si parfait
    Je prierais bien le bon dieu, à mes larmes près d’un feu.
    Qu’il me crève les deux yeux, pour ne plus te voir si blanche
    La beauté ne vaut rien…

Sa main cherchait doucement le pommeau de son épée. Elle était là, froide, rassurante…
Il la sentait sous sa cuisse, son agresseur avait prit le risque de se nourrir plutôt que de le désarmer… Aubaine dont il profita avec un de ses fameux sourires.
Si l’obscurité tombait et si ses dents pouvaient briller, alors elles auraient pris l’apparence de crocs.
Doucement, il se redressa. La douleur était encore violente et il s’appuya contre le puits pour se redresser.
La nuit tombant, ses mouvements étaient peu visibles.
Le son de l’acier caressa le cuir de l’étui alors qu’il sorti sa lame. La silhouette se retourna et surgit tel un fauve.
Un plongeon en avant, les bras écartés avec ce qui ressemblait à des griffes au bout des mains.
Il hurla quand il sauta sur la renard.
Il hurla encore quant ce dernier l’esquiva, le laissant chuter dans… Le puits !

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)