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[RP] Dur est le retour à la bergerie.

Sorianne
Oh oui, des plus ardus même. Début de l'été. La folle brebis a échappé aux crocs du loup confesseur... Le jour se levait et la brune n'avait pas cessé d'avancer, serrant contre elle sa besace et essayant de ne pas trébucher à ne pas lever suffisamment ses jambes fatiguées. Le pas était plus claudiquant qu'à l'accoutumée, las du trajet. Le dos encore raide, la route fut difficile. Aucun regard en arrière, elle ne voulait surtout pas s'apercevoir qu'il la suivait, bien qu'elle sache que ce n'était pas le cas. Les yeux secs, les mâchoires serrées, la brune s'était contentée d'avancer, faisant fi de la nuit, des bruits, aucune idée ne lui était venue en tête, et pour cause! Elle se refusait de penser à quoi que ce soit, se refusait de s'accorder une pause sous peine de ne plus repartir.

La flèche de l'église qui s'élevait dans le ciel face à elle, lui arracha un soupire de soulagement, et elle accéléra le pas. Bientôt elle serait en sécurité et quand elle passa les portes de la ville, la jeune femme ne regarda même pas en direction des auberges. Il lui fallait se baigner. Effacer les traces d'une soirée qu'elle n'arriverait pas à oublier de sitôt. Sans même un regard pour les gens qu'elle croisait, quoi qu'il lui sembla apercevoir un crâne nu qui lui fit battre le cœur un peu plus vite, c'est tout naturellement qu'elle prit le chemin du lavoir. Cela serait plus simple, sachant qu'elle n'arriverait probablement pas à desserrer les lèvres pour demander un bain qui n'arriverait que bien trop tard à son goût.

Le bruit du cours d'eau où les lavandières se réuniraient plus tard pour laver les linges se faisait déjà entendre, et la noiraude lâcha sa besace non loin sans cesser d'avancer. Les doigts gourds, elle cherchait à démêler les lacets de ce bustier qui l'enserrait et qui l'étouffait. Il finit par tomber en un bruit sourd sur le sol poussiéreux, rejoint par les ceintures qui lui ceignaient la taille et les chausses qu'elle portait. Personne devant elle, et c'était tant mieux. Les jupes rejoignirent le reste tandis qu'elle n'arrivait pas à se défaire de la chemise ample qui l'habillait en plus de la chaisne fine. Qu'à cela ne tienne, les quelques boutons qui restaient sautèrent alors qu'elle tirait violemment dessus, et que le pied nu se posa dans l'eau froide en ce matin de Juillet. Le vêtement abîmé fut jeter sans un égard pour lui, et elle entra tout à fait dans l'eau, n'hésitant pas à s'y plonger jusqu'à la taille, laissant ses cheveux lâchés s'éparpiller autour d'elle.

Elle ne voulait pas voir les marques qui la maculaient, aussi ne baissa-t-elle pas le museau. Tout ce qu'elle voulait, c'était se laver de la souillure imposée. Elle n'était pas catin, elle n'était pas sorcière, elle n'était pas envoyée du Sans Nom, ce n'était pas une brebis galeuse dans le troupeau. Les frissons qui la prenaient lui firent croiser les bras contre elle. Mira... C'était sa faute... La faute de la rasée si tout cela était arrivé... Est-ce qu'elle savait ce qui l'attendait? Est-ce qu'elle lui avait conseillé ce prêtre en connaissance de cause? La So se retourna pour observer la berge, le regard vide... Est-ce que c'était volontaire?
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~~~~~~~Rien de tel que les originaux. C'est naze de pomper.~~~~~~~
Miramaz
Profitant des premiers rayons de soleil de la journée, Mira était installée sur un muret face à sa taverne habituelle, une chope déjà moitié vide en main. Il était pourtant bien tôt pour qu'elle soit déjà debout mais ces dernières nuits les bras de Morphée lui semblait plus étouffants qu'apaisants, son sommeil était troublé par des bribes de cauchemars. Un cou tatoué d'une corde, une soutane mise à mal pour libérer l'arme de la rédemption, des démons ricanants..farandole effrayante qui tournoyait sous les paupières closes. Pour y échapper elle se levait aux aurores, quittant la charrette qui lui offrait abri la nuit sans un bruit pour ne pas réveiller celui qui partageait sa couche, pour ne pas avoir à mentir sur ses affreux songes.

Les lèvres plongées dans sa bière si fraîche qu'elle en frissonna, la Rasée observait le village qui s'éveillait, hommes partant aux champs, artisans ouvrant leurs échoppes pour y préparer le labeur de la journée, femmes houspillant des nuées de bambins.. Paisible vie où elle n'avait sa place que ponctuellement, comme en ces moments de repos. Sa chope bue elle s'apprêtait à se rendre en place de la mairie pour voir si ses bras pouvaient être utiles à quelqu'un quand une silhouette attira son regard. Elle traversait les rues sans paraître remarquer les gens qui s'écartaient pour la laisser passer, sans entendre les exclamations et autres interjections bon enfant. Ce n'est que quand elle passa aux abords de son ilôt de sérénité que Mira la reconnut, l'autre soiffarde, la brunette rafraîchissante.

D'retour So? J't'offre un verre?
Eeeeh m'enfin.. humpf.. où-s'qu'elle va comme ça au point d'm'ignorer..
M'a p'tête pas entendu..ya du bruit r'marque et l'avait l'air perdue dans ses pensées..

La sans-cheveu haussa les épaules et rentra dans la taverne réclamant qu'on lui remplisse sa gourde de bière de première qualité et achetant même un peu de pain et de jambon au passage. Sur la grand place elle ne trouva guère d'offres et récolta d'un tas de linge à laver pour remplacer une servante qui avait des fièvres. Laver les fringues des autres c'était vraiment la pire corvée dont elle pouvait hériter mais au moins elle serait au frais et ce n'était pas négligeable en cette journée d'été. Direction le lavoir où elle se rendit sans faire attention à la besace traînant sur le chemin ni aux divers vêtements abandonnés trop concentrée pour ne pas faire tomber son fardeau et le salir un peu plus, ce n'est donc qu'une fois au bord de l'eau, agenouillée et les bras plongés à mi coude qu'elle se rendit compte qu'elle n'était pas seule.

Oh r'bonjour So.. t'bien matinale pour un bain..moi j'préfère l'soir quand on poisse d'sueur.. T'm'as pas entendu tout à l'heure? J'voulais t'offrir une chope.. Ah et euh..c'tait bien ton voyage?

Et les yeux de machinalement venir reluquer les formes de la brunette, non par envie mais simplement parce qu'elles lui étaient -presque- offertes.
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Sorianne
Mira... Elle arrivait justement. Et quand la So la vit, elle se retourna de nouveau, dos au lavoir. Frissonnante, elle ne savait trop si c'était dû à la fraîcheur de l'eau ou aux évènements de la veille... Il fallait dire que la fine chemise de lin n'était pas vraiment prévu pour protéger des bains. Elle se frictionnait doucement quand elle entendit la voix connue et qu'elle voulait penser amie derrière elle. Son premier réflexe fut de l'ignorer. Il allait lui falloir quelques instants pour réussir à desserrer les mâchoires. Sans compter qu'elle avait l'impression d'avoir une énorme cloche dans la tête qui tintait violemment à chaque mouvement. Souffler... C'était la rasée... Peut-être n'en savait-elle rien... Et la jeune femme finit par se tourner un peu vers la lavandière improvisée, un sourire sans joie accroché au visage.

Je n'ai pas eu l'occasion hier soir... J'ai été... Occupée.

Et quelle occupation! La noiraude serra de nouveau les dents, consciente de ne pas présenter au mieux, mais ne faisant même pas attention au regard déviant de la mercenaire. Et à dire vrai, elle n'était pas à cela prêt! Il faisait froid... Et les tremblements bien que légers, ne se calmaient pas vraiment.

Je ne t'ai pas entendu, tout à l'heure... Je... J'étais dans mes pensées..

Toute à ses pensées même. Un bain, une fixette sur un bain, de l'eau pour se nettoyer, de l'eau dans laquelle se plonger. Et une soiffarde traitresse. De blanc, le visage de la brune vira au rouge, mais non, elle ne devait pas être au courant... Il risquait de lui coûter cher... Sisi elle savait... Et la So reprit son observation du coin de l’œil. La marque à son cou était caché par ses cheveux, le reste en parti par la liquette mouillée et parce qu'elle lui tournait le dos... Et le regard se perdit l'espace d'une seconde...

Mon voyage... Il s'est passé. J'ai eu ce que je voulais...

Les bras croisés contre elle, la petite noiraude, éteinte, se retourna complétement, parcourant les quelques pas qui la séparaient de la berge, retenue par l'eau et prenant garde de ne pas glisser sur les pierres, elle ne se serait pas relevée! Raide comme un piquet, mais non par choix, elle passa aux côtés de sa compagne de beuverie sans la regarder, et se pencha douloureusement pour attraper jupe et jupons qui trainaient au sol... Oui, elle avait bien eu ce qu'elle voulait...

Et tu avais bien raison... Bien trop cher....

La brune n'avait même pas daigné lever le nez pour parler, essayant de se concentrer sur les lacets de ses jupes qu'elle n'arrivait pas à faire, ses nerfs à fleurs de peau l’empêchant de contrôler le moindre de ses mouvements. Quoi qu'elle était encore calme là...
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~~~~~~~Rien de tel que les originaux. C'est naze de pomper.~~~~~~~
Miramaz
Ah.

… Trop occupée pour prendre un bain, la Rasée trouve ça étrange mais ne pose pas de questions devant l'air peu détendue de So.

C'pas grave..c'vrai qu't'avais l'air ailleurs.

… Elle ne dira pas qu'elle avait été presque vexée, déçue d'être ignorée par la seule donzelle qu'elle appréciait dans le coin.

Les lèvres pincées elle détaille la brunette qui sort de l'eau et se rhabille aussitôt, d'un air hâtif trop louche pour être ignoré. Tout comme les paroles qui suivent et qui assombrissent l'atmosphère, replongeant Mira dans sa culpabilité.

T'vois j'te l'avais dit qu'il pourrait t'aider.. m'enfin j't'avais prév'nue qu'ça coutait..cher, qu'fallait pas y aller pour rien..

Et un sourire qui se veut amical se peint sur sa trogne alors qu'elle se force à jouer l'innocente, après tout elle n'y était pas dans l'église, elle ne sait pas le prix de la confession de la brune, peut être qu'elle s'en était mieux tirée qu'elle. Peut être que son air frigorifiée et raide n'est vraiment du qu'à la froideur de l'eau du lavoir, que sa voix tendue et son air hagard ne viennent que de la fatigue du voyage.. C'est ça, surtout fait comme si tu ne devinait pas, comme si tu ne comprenais pas, on ne sait jamais peut être que les coups d'épées ça ne fait pas mal ou que la peste guérit en deux jours aussi..

C'tait quoi ta pénitence? Tous tes écus pour sa paroisse? Des centaines d'prières pour expier tes petits péchés? La promesse d'un pél'rinage pour montrer ton regret? Moi c'est c'qu'il m'a proposé et comme t'as sûr'ment moins d'fautes à t'faire pardonner..ç'doit pas être pire..

Elle ne ment pas Mira, non elle omet juste de dire que le père Scopolie lui avait proposé autre chose, un moyen plus rapide d'accéder au pardon divin. Et que comme tout être humain elle avait préféré la voie de la facilité même si chaque nuit le prix lui semble trop élevé. Mais elle préfère ne pas y penser car ce serait s'avouer qu'elle a envoyé Sorianne subir la même chose en toute connaissance de cause..

Et tu d'vrais pas t'rhabiller par d'ssus ta chainse trempée..t'vas attraper la mort en restant humide comme ça.. r'garde tu trembles d'jà d'froid là..

Dans un nouveau haussement d'épaules les mains se tendent vers la taille de la soiffarde dans le simple but de l'aider à lacer sa jupe..
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Sorianne
Y était-elle allée pour rien? Ce qu'elle avait raconté ne valait pas le prix qu'il y avait eu à payer. Du moins c'était ce qu'elle pensait. Peut-être après tout que ce qu'elle pensait péchés pardonnables ne l'étaient pas tant que ça... A tirer ainsi sur le lacet, il allait sans doutes se retrouver entre les doigts nerveux de la brune. Mais elle n'arrivait pas à calmer les tremblements de ses mains. Oui, Mira l'avait prévenue... Elle lui avait dit... Avait omis de préciser qu'il s'agissait d'un vil pêcheur lui aussi, caché sous un masque doux et une bure.

La So finit par lever le nez, soufflant pour essayer de s'exhorter au calme. La rasée n'y était pour rien, elle ne le savait sans doutes pas, il n'était nul besoin de s'emporter, même si elle tenait bon pour l'instant. Le sourire offert par Mira ne la fit pourtant pas réagir, et la demande formulée ne fit que renforcer le blanc qui lui montait au visage. Les lacets, revenir aux lacets... Viendrait ensuite la chemise et tous ses boutons de bois manquant, faute d'avoir été arrachés. Elle ne pouvait avoir fait plus que la mercenaire... Elle n'avait jamais tué elle... Un mercenaire, ça tue, ça combat, un mercenaire, c'est un monceau de péchés à lui tout seul, elle ne pouvait pas avoir fait plus, non non...

C'est d'un violent geste de la main, qu'elle repoussa l'aide que Miramaz voulait lui apporter, et un mouvement de recul pour échapper au moindre contact. Elle s'en surprit elle même, et se trouva bien bête sur ce coup. Celle qu'elle voulait son amie faisait montre de bonté à son égard, et tout ce qu'elle trouvait à faire, c'était la repousser. Elle ne semblait pas savoir, il ne fallait pas... La So laissa tomber les lacets de ses jupes, elle n'y arriverait pas. Le regard fuyant, elle chercha plutôt la chemise qu'elle alla ramasser un peu plus loin... A la limite, elle ne lui servait plus à rien...

Ma... Pénitence... C'est tout ce qu'il t'a proposé?

Elle en laissa tomber ses bras, soudain vidée... Pourquoi avait-elle payé le prix fort alors que Miramaz non? Elle aurait aimé avoir le choix elle. Les centaines de prières auraient été dites sans fautes, ses écus, elle les avait proposé, un pèlerinage, elle y serait allée... Les boutons... Il fallait croire que les boutonnières n'allaient pas, avaient-elles rétrécie??

Pardon... De t'avoir poussé...

Elle n'y était pour rien... La brune se rapprocha donc de son amie, la mine basse, elle ne s'en sortirait pas toute seule... Il fallait bien se l'avouer. Puis la jeune femme n'y était pour rien, il ne fallait pas non plus lui mettre cela sur le dos. Elle avait été suffisamment prévenante en voulant l'aider... C'était elle même, qui avait cherché à soulager sa conscience, personne ne l'avait forcé...

Tu peux? M'aider...

S'il te plait petite Mira? Il fallait qu'elle se calme, et ce n'était forcément pas en s'énervant après des choses qu'elle n'arrivait pas à faire qu'elle le pourrait. C'était quoi ta pénitence... Elle sentait encore les mains du prélat lui enserrant la tête tandis qu'il lui faisait abjurer ses fautes...

Il m'a fait demander Pardon...

Un rire jaune, sans joie, et la main de la So vint se perdre dans sa tignasse corbeau emmêlée. La question lui échappa, consciente que la réponse serait forcément négative. Du moins dans sa tête.

Tu le savais?...

Bien sûr que non, elle ne savait pas ce qui l'attendait en allant le trouver... La brune secoua la tête... Voulant chasser ses appréhensions quant à la réponse. Pourtant la jeune femme releva les yeux sur le visage de la rasée, elle escomptait bien y lire de l'incompréhension... Il lui fallait y lire ça...

Non, non tu ne savais pas... Le coût du Pardon... Il a augmenté il faut croire...

Hein que tu ne savais pas...
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~~~~~~~Rien de tel que les originaux. C'est naze de pomper.~~~~~~~
Miramaz
Et paf, ton offre d'aide est violemment repoussée, à voir la tête de la brunette impossible de croire qu'il ne lui a pas coûté aussi cher qu'à toi son Pardon. C'est bien beau de faire semblant, mais ça crève les yeux qu'elle a a payé autant et par ta faute...
Car toi la Rasée tu y es allée toute seule te mettre dans les pattes de ce curé vicieux mais au lieu de jeter un voile sur cet évènement il a fallu que tu le gardes en tête. Et tout ça pour quoi? Non pas pour te venger en lui faisant du mal à lui, trop risqué d'attaquer un homme d'Eglise, mais faire subir la même chose à une "amie" c'est tellement mieux.. Ne pas être la seule prête à payer n'importe quel prix pour l'absolution..

So tente de s'habiller seule, elle insiste sur ta propre pénitence, elle s'agite et s'agace avant de te demander pardon. Haussement de sourcil le temps que tu comprennes et tu te sens mal, tu fuis son regard, elle s'excuse de t'avoir repoussé et toi vas-tu t'excuser? Elle s'approche de toi et te demande de l'aide, agis Mira. Sauve ce qui peut encore l'être..
Les doigts lentement s'approchent des boutons, pas de tremblement tout va bien, tu aides seulement ton amie à s'habiller après un bain, rien d'autre. Un bouton après l'autre la chemise est refermée comme un rempart contre ton regard, la protégeant autant qu'elle te protège toi, t'évitant de voir ce que tu as provoqué.

Il m'a fait demander Pardon...
Son rire jaune, sans joie agresse tes oreilles.
Tu le savais?...
Ses yeux levés vers ton visage cherche à lire au fond de ton âme.
Non, non tu ne savais pas... Le coût du Pardon... Il a augmenté il faut croire...

Tes yeux se détournent et fixent l'eau du lavoir alors que tu cherches tes mots. Mentir pour ne pas la perdre? Essayer de te justifier? Choisis mais ne garde pas le silence il est bien trop tard pour ça, il fallait y penser avant de l'envoyer là bas.

Moi aussi j'ai du d'mander pardon.. écus, prières et pélerinages c'tait pas assez cher payé pour tous mes péchés..

Tu grimaces et lui jettes un coup d'oeil, devine-t-elle?

Ma pénitence à été à l'aune de mes actions.. j'ai du m'offrir au Très-Haut.. Un péché contre tous les autres.. Laver mes souillures par une onction extrême..

Aveu à demi-mots, ton regard vient se planter dans celui qui te fait face. Je savais oui..
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Sorianne
La brune se laisse faire. Elle n'y arrivait pas de toutes manières, il fallait s'y résoudre. Et pendant que la mercenaire amie prenait de son temps pour attacher les boutons qui avaient tenus jusque là, la So cherchait ce qu'elle pourrait faire pour calmer ces nerfs à fleur de peau. Elle ne manqua pas voir la façon dont Mira détourna les yeux à son interrogation et elle se sentit rougir. Un élan de colère et d'injustice qu'elle tenta de réprimer. Non, non, elle ne savait pas, ne lui avait été demandé qu'argent, prières et pèlerinage. Nul excès de débauche. Elle ne savait pas ce que ce prêtre était. La noiraude fronça les sourcils... Une corde tatouée autour du cou... Elle même ne l'avait pas vu... La rougeur s’accrut et la rasée finit par répondre.

Si nez et pommettes n'avaient pas pris une teinte coquelicot, nul doute que le teint de la mate aurait paru des plus cireux. Mais malgré la grimace et ce que son amie venait de dire, elle ne pouvait s'y résoudre. Elle ne se serait pas permise de l'envoyer à l'abattoir en toute connaissance de cause. Personne ne pouvait faire ça. Si elle devine? Oui. Au coup d’œil lancé à la dérobée, en plus des sous entendus. Elle ne veut juste pas y croire. Hélas elle ne peut plus douter, ne serait-ce qu'un peu, malgré tous ses efforts, quand le regard de Miramaz vient se planter dans le sien.

Une gifle aurait eu un effet plus doux sur la noiraude. Sur le coup, elle qui se sentait si bien parmis eux, eu à remettre tout en question en plus du "pourquoi". Le choc fut tel qu'elle en oubliait de respirer, le souffle coupé sous la colère qui l'envahissait.

La rasée savait.
Elle savait ce que la brune risquait en allant trouver ce curé maudit.
Elle savait ce qu'elle allait devoir débourser.
Elle le savait mais l'y avait tout de même envoyé.

La So s'écarta. Un pas en arrière. Elle faisait trop rapidement confiance. Elle se sentait à l'aise bien trop vite.

Tu savais.

Même pas une question, une affirmation. Elle ne savait que penser, alors elle qui cherchait un exutoire à la soirée qui avait eu lieu et à l'injustice ressentie avait trouvé sa cible.

Tu savais mais tu me l'as conseillé? Tu savais mais tu m'as laissé y aller?!

Une main pointait en direction de "là bas", mais la girouette désaxée ne savait même plus vraiment d'où elle venait. En attendant, elle hésitait entre sauter à la gorge de la mercenaire quitte à se faire réduire en miettes, ou... A sauter à la gorge de la rasée. Sur le coup elle n'avait pas prit en compte le fait que Mira l'avait su de la même manière qu'elle.

Tu savais!! Mais Tu m'y as envoyé!

La brune échevelée le fut un peu plus quand ses mains vinrent agripper les mèches folles qui faisaient ce que bon leur semblaient dans la tignasse sombre. Sa tête était douloureuse de l'alcool ingéré et des mésaventures de la veille en plus de la fatigue qui se faisait ressentir. Et de s'énerver ainsi n'arrangeait pas les choses. Le cœur cognait dans la poitrine et le souffle était emballé, il lui fallut un instant pour se retenir de défaillir, trop d'émotions!

Pourquoi Mira!!? Pourquoi t'as fait ça!!

Tu savais ce que c'était, tu sais ce que ça fait, alors pourquoi??
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Miramaz
So s'écarte de toi, d'un pas en arrière qui t'arrache une grimace, elle va te fuir et tu l'auras mérité.
Mais apparemment tout n'est pas perdu pour toi, elle s'est immobilisée et la rougeur qui colore sa peau trahit sa colère.
Les phrases claquent une à une, se répètent et te heurtent plus violentes que toutes les gifles qu'elle pourrait t'assener. Oui tu savais.. Oui tu lui as conseillé, tu l'as laissée y aller, tu l'as envoyée là-bas dans ce que tu considères maintenant comme l'antichambre du Sans-nom.

Machinalement ta main indique la bonne direction quand celle de la brunette s'égare, bras bien vite rabaissé quand tu la vois hésiter et s'agiter légèrement. Frappe-moi, c'est tout ce que tu peux penser à cet instant, frappe-moi, blesse-moi, venge-toi et va-t-en mais arrête avec tes mots.
Toi tu n'as jamais été douée avec eux: peu loquace ou idiotement volubile jamais de juste milieu, mais aujourd'hui un haussement d'épaules couplé à un soupir ne suffira pas, une pitrerie quelconque non plus, Sorianne attend plus que ça, elle mérite mieux que tes mascarades habituelles.

Son souffle haletant amplifie la portée de sa dernière réplique alors que tu hésites sur la conduite à tenir: te laisser tomber à genou et t'excuser lâchement de ton erreur ou rester debout et te soumettre à son ire?
Souviens-toi d'autres situations où tu défiais pour ne pas avoir honte de toi, rappelle-toi de ce que tu crois être petite mercenaire et agis sans avoir à le regretter ensuite. Reste-debout et répond-lui!

Je savais.. oui j'savais vu qu'j'y suis passé avant toi..

Tes yeux ne quittent pas son visage, tu veux t'expliquer sans tromperie, sans fuite.

Pourquoi? J'pourrais t'dire qu'c'est pasque j't'apprécie pas, qu'j'espèrais m'débarasser d'toi, j'pourrais m'justifier par la jalousie, qu't'étais trop proche du borgne.. tu comprendrais sans doute et j'pourrai passer à aut'chose..

Tes épaules se haussent, tes lèvres exhalent ce soupir inutile avant que tu ne les mordes pour t'empêcher de divaguer, la vérité c'est ce que tu veux lui donner non?

Pourquoi? Pourquoi pas? J'sais pas So.. j'ai rien cont' toi.. t'as d'mandé un curé, j't'ai donné l'nom d'çui-là.. c'tait l'seul qu'j'avais en tête..j'aurai pu m'taire mais j'l'ai pas fait.

P'tête qu'j'pensais qu'tout irait bien pour toi, qu't'es un gentil bout d'femme et qu'il t'f'rait rien..

P'tête qu'j'pensais qu's'il t'arrivait la même chose, s'rait moins grave pour moi, qu'j'aurai moins honte, qu'j'aurai pas b'soin d'me venger..

Tu secoues la tête te sentant totalement idiote, envoyer quelqu'un à l'abattoir sans raison juste comme ça, parce qu'elle était au mauvais endroit au mauvais moment, est-ce possible d'être plus pitoyable? Ne sachant quoi dire de plus tu fais ce que tu sais faire de mieux, ta gourde est portée à tes lèvres et tu avales quelques gorgées du liquide salvateur.
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Sorianne
Quand la rasée finit par parler, la So rouvrit les yeux. Elle voulait voir le visage, le regard de Miramaz quand elle lui dirait pourquoi elle l'avait envoyé là bas sciemment. Qu'avait-elle donc fait pour mériter cela? Qu'est-ce qui aurait valu qu'elle soit envoyée auprès de ce curé débauché? Doucement elle finit par lâcher ses cheveux qu'elle aurait pu s'arracher tellement elle trouvait grande l'injustice dont elle était victime, et son regard restait accroché à celui de la petite mercenaire qui lui faisait face.

Enfin son esprit se rend compte que si Mira savait c'était que son tribu avait été aussi lourd que le sien. Mais cela ne fit que renforcer la sensation d'injustice que la noiraude ressentait. Les nerfs à fleur de peau, la So tentait tant bien que mal de rester en place, de garder ses mains tremblantes dans ses jupes, à défaut de chercher à ne plus paraitre débraillée. Ses pommettes rougissaient à mesure que le discours s'enchainait. Elle pourrait... Oui, elle pourrait prétexter la jalousie, sans doutes que la brune le comprendrait... Sans doutes serait-ce plus aisé à vivre... Les poings de la jeune femme se serrèrent dans le tissu de ses jupons. Qu'elle en finisse là, qu'elle ne dise plus rien, qu'elle sache à quoi s'en tenir... Mais non...

La rasée n'en avait pas fini, et de ce qu'elle continua à dire, il n'y a que la dernière réplique que la So retint. Parce que comment penser qu'un homme s'en prenant à l'une ne s'en prendrait pas à l'autre? Comment pouvait-on parler d'un homme tel que celui qu'elles avaient rencontré, à une autre alors qu'il ne méritait rien de tel... La tête duveteuse se secoua et la gourde fut portée à ses lèvres. Et la brune sentit une bouffée de colère la prendre alors qu'elle n'arrivait pas à détacher les yeux de celle qui lui faisait face. Les jupes furent lâchées et elle porta un violent coup dans l'outre de la mercenaire.

Et c'est moins grave pour toi maintenant?!

La noyer? Elle voulait boire, la So pourrait lui faire goûter l'eau de la petite rivière qui passait là, juste en dessous. Peut-être que cela lui remettrait les idées en place, à la rasée, en plus de lui faire du bien à elle. Elles n'en étaient pas bien loin en plus. Malgré son dos raide, la noiraude ne chercha pas à se retenir, elle se prit à vouloir la pousser brusquement,

Tu as moins honte maintenant que tu n'es plus toute seule?! Tu croyais que je te vengerai? Tu es soulagée??

Chaque fois y aller un peu plus fort, parce qu'elle lui en veut, parce qu'elle veut vraiment lui faire boire cette tasse, la noyer dans ce ruisseau. Finit de retenir les coups, elle n'y pensait même plus, hors d'elle.

Mais on va aller toutes les deux sur la Lune Mira! Toutes les deux!

Oh oui, elles iraient! Comme cela elles ne seraient pas seules, chacune de leur côtés, elles subiraient chacune les conséquences de cette rencontre avec Lui, elle en était persuadée. Mais la Rasée irait avant elle! Dès maintenant!
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~~~~~~~Rien de tel que les originaux. C'est naze de pomper.~~~~~~~
Miramaz
L’outre fut violemment écartée par le coup de la noiraude, gaspillant le précieux liquide en le répandant sur le sol et la chemise de la buveuse. Un grognement lui échappa, gaspiller l’alcool c’est mal, surtout quand il a été acheté exprès pour être partagé. Aucun mot ne s’ajouta au grondement, un semblant d’esprit de survie clouait le bec de la mercenaire, lui évitant d’aggraver la situation par un reproche inapproprié.

Elle secoua tout simplement la tête à chaque question de la brunette, reculant sous les coups mérités et attendus. La douleur était insignifiante, pas comme si c’était la première fois qu’elle se faisait frapper la Rasée, sans riposter elle laissa So se défouler n’ayant aucune réponse apaisante à apporter. La sécurité du lavoir fut abandonnée petit à petit, les deux femmes se rapprochant dangereusement du ruisseau.

Pas un mot, elle resta muette encaissant silencieusement jusqu’à la phrase traîtresse, celle qui insinua le doute dans son esprit déjà bien ravagé. Les bras se redressèrent brusquement pour repousser l’assaillante sans aucune douceur, essayant de lui bloquer les mains, de lui serrer les poignets jusqu’à la douleur.

Tais-toi ! Pas la Lune ! On n’a payé cher pour l’éviter..

C’tait pas inutile.. t’peux pas dire ça !

Se laisser frapper pour expier le mal provoqué : elle l’acceptait, qu’on la menace de nouveau des tourments éternels malgré le sacrifice fait pour l’éviter : ça n’était pas acceptable. La colère fit brusquement surface, effaçant toute retenue, oubliées les excuses à faire, oublié que c'est par sa faute qu'elles en sont là, elle ne vit plus que la menace proférée et ne se retint plus. Elle s'agita, tenta de secouer la brunette pour lui faire reconnaître son erreur, avançant, reculant, la repoussant ou l'attirant vers elle en grondant:

Pas la Lune! C't'impossible!
T'es p'tête damnée mais plus moi!
J'ai fait c'qu'il fallait.. n'importe quoi mais pas la Lune!

Affolée et terrorisée, la sans-cheveux ne maîtrisait plus grand chose, ni la brunette ni ses propres gestes, ayant même occulté le danger aqueux duquel elles s'approchaient à grand pas...
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Sorianne
Un coup pour un souvenir douloureux. Un coup pour chaque geste qu'avait eu le prélat à son encontre. Un coup pour une douleur cuisante. Un coup pour une brûlure. Un cri de rage et de souffrance retentit quand elle sentit ses poignets se faire enserrer et repousser par la sans cheveux qui réagissait enfin, tout aussi brutalement qu'elle même. Allait-elle répondre? Allait-elle chercher à faire pardonner ce qu'elle avait osé faire? Expie Mira!

Rien, rien de ce que la brune aurait au moins voulu entendre après cette soirée passée à subir les punitions d'un curé trop zélé, trouvé parce que la mercenaire amie le lui avait indiqué, rien, pas un mot signifiant qu'elle aurait voulu se faire pardonner. Secouée comme elle l'était, la So réussit à se dégager, repoussant la rasée sans ménagement avant d'y revenir de bon cœur.

C'est ta faute si j'ai payé aussi cher!

Oui sa faute! Et oui pour rien, elle l'était toujours, n'ayant pas manqué prendre ce qu'il lui avait dit pour une nouvelle malédiction, elle qui n'attendait que d'en être débarrassée, il n'avait fait qu'en rajouter. Sorcière, elle ne méritait pas ce titre... Brebis galeuse parmi le troupeau, elle ne l'était pas, non, elle ne l'était pas, il lui avait pardonné avant de revenir sur ses mots, pourquoi Mira serait pardonnée elle?

Ta faute!!

Aveuglée par la colère ressentit envers celle qui l'avait menée au Loup, la noiraude avait omis cette rivière au dessus de laquelle elles se trouvaient. Mains en avant, une seule chose lui occupait l'esprit, étrangler celle qui lui faisait face... Mais il ne suffit pas de grands choses, et Miramaz disparut de son champ de vision, incompréhension... Avant que rapidement elle ne se sente chuter à son tour, glissant sur la courte pente qui servait de berge. Le choc lorsque son séant toucha le sol lui arracha une grimace, le coup résonnant jusque dans sa hanche abîmée, en passant par son dos sans doutes bleui par sa chute de la veille, dans les escaliers de la masure qu'elle avait voulu fuir. Vint l'eau froide dans laquelle elle finit tête la première à la suite de la mercenaire. Si elle avait voulu faire boire une bonne tasse à son adversaire, elle ne manqua pas en prendre une belle également.

Empêtrée dans le tissu de ses jupes flottant autour d'elle, dans sa tignasse emmêlée, la jeune femme eu bien du mal à retrouver la surface, et quand ce fut fait, c'est une Sorianne crachotant l'eau de la rivière, cachée derrière un rideau corbeau et finissant par craquer littéralement. Il lui fallait la tuer, c'était dit, elle le voulait, elle devait lui payer. Entre deux sanglots, la brune rejeta les mèches sombres qui lui cachaient la vue, elle ne cherchait qu'une chose : Mira. Et quand elle l'eut trouvé, c'est sous l'eau qu'elle tenta de la mettre et de la garder.

Pourquoi toi tu n'irais pas alors que moi Oui! Pourquoi! Il m'a forcé pour son Pardon! Il me l'a donné et me l'a reprit! Pourquoi toi tu n'irais pas! Pourquoi toi ce s'rait moins inutile que moi! Hein pourquoi Mira!

Noies moi plutôt que me laisser entendre ça, ce n'est pas juste... Les oreilles bourdonnantes, la tête lui tournant, la So ne savait plus grand chose de ce qu'elle faisait là... Juste qu'elle voulait réparer une injustice... Même si elle sentait ses forces s'amenuir, faute de nuit blanche et autres mésaventures...
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~~~~~~~Rien de tel que les originaux. C'est naze de pomper.~~~~~~~
Miramaz
Elle crut avoir le dessus mais cela ne dura pas longtemps, bien vite la So réussit à se dégager, la repoussant sans ménagement pour mieux reprendre sa pluie de coups. Elle ne fit pas attention aux paroles de la noiraude lorsqu'elle sentit le sol se dérober sous ses pieds, l'élan la précipitant sur la pente glissante, les quatre fers en l'air.
La tête plongea d'abord emportée au fond par le poids de corps, passa un moment de panique pendant lequel la Rasée ne distingua plus le haut du bas, luttant pour ne pas remplir d'eau ses poumons affolés. Finalement l'air libre fut retrouvé juste le temps d'une quinte de toux et d'une brève inspiration avant qu'elle ne replonge maintenue de force sous la surface.
Elle se débattit autant que possible, les pieds prenant appui sur le sol vaseux, remerciant le Très-haut de porter une fois de plus ses braies si peu féminines mais au combien pratique dans ce genre de situation, nager en jupons n'étant pas ce qu'elle maîtrisait le mieux. Le crâne sortit suffisamment longtemps de l'eau pour qu'elle puisse entendre et comprendre les cris de son agresseuse.

Pourquoi? Pourquoi Mira s'en sortirait mieux que Sorianne? Pourquoi l'une irait sur l'astre solaire et l'autre sur son opposé? Pourquoi la méchante mercenaire avait obtenu et gardé le Pardon alors que la gentille voyageuse non? Mais parce qu'elle l'avait acheté son pardon, elle ne s'était pas contenté de le demander elle s'était vendue pour l'obtenir..
Réponse qu'elle ne pouvait même pas laisser se former dans son esprit au risque de s'avouer que son absolution n'avait guère de valeur et de se rendre ainsi compte qu'elle n'avait rien changé à sa destination post-mortem. S'imaginer sauvée rendait la vie plus facile jusqu'à la prochaine crise de foi, en attendant elle allait finir noyée si elle ne trouvait pas une réponse satisfaisante..

Pasque j'ai fait tout c'qu'il a dit sans protester...

Nouvelle tasse avalée et bien vite recrachée.

Pasque j'ai sans doute été plus gentille avec lui qu'toi...

Peu à peu tandis que la noyeuse perd ses forces, la noyée retrouve assez des siennes pour s'arracher à sa poigne et garder la tête hors de l'onde.

J'sais pas c'que t'lui as fait à c'curé pour qu'il t'reprenne son Pardon..
j'y suis pour rien si à moi il m'l'a laissé..j'suis d'solée mais c'ta faute sûr'ment!
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Sorianne
Peu à peu la pression se faisait moindre, et la mercenaire se permettait des goulées d'air malgré la brune qui tentait de la noyer. C'était injuste. C'était le monde à l'envers. La So ferma les yeux. Non, elle n'avait pu entendre ce que lui avait dit la rasée, non ce n'était pas vrai. Comment quelqu'un partant batailler sans cesse pouvait se laisser faire par un homme de Foi trop zélé? Redoublant d'ardeur à la couler, la jeune femme appuya de nouveau. Non, elle n'avait rien entendu! Mais les forces commençaient sérieusement à lui manquer...

Si elle avait été plus gentille qu'elle? Comment aurait-elle pu se montrer gentille? En s'offrant de bon cœur? La coulée réussit à se dégager et la noiraude ne sut plus que faire. A quoi bon chercher à se venger de Mira? Elle tombait des nues. Une mèche mouillée lui tomba devant le nez, et elle prit son temps pour la repousser d'une main tremblante. Il le lui avait dit, trop fière, trop orgueilleuse... La sans cheveux était-elle aveugle?

Tu... N'as rien dit? Tu as trouvé ça normal?

La petite brune était dépitée à cette idée. Jamais il ne lui serait venu à l'esprit de se laisser faire, quand bien même l'homme aurait été haut dans la hiérarchie de l'église. Mais elle ne pouvait avoir subi tout ça pour rien... Désappointée, la jeune femme resta un instant sans bouger, hésitant sur la conduite à tenir... Peut-être devrait-elle se noyer elle même? Elle ne se sentait pas bien, la nausée revenait à grand pas. So porta une main tremblante à sa tête douloureuse. Encore sous le choc, elle avait bien du mal à émerger de ce cauchemar. Elle n'était que douleurs, la nouvelle chute n'ayant rien arrangé... Et... Ce n'était pas juste...

Les larmes aux yeux, la noiraude n'osa pas accorder un regard à son souffre douleur du moment, et chercha plutôt à remonter sur la berge qu'elles avaient quitté plutôt violemment, grimaçante, pour au final atterrir assise sur la pente, raide et en larmes de surcroit! C'était injuste, alcool, peur, fatigue, douleur, Mira qui l'avait conduit à tout ça... Il lui fallait juste un petit instant... Pleurer faisait du bien, soulageait et permettait d'évacuer ce qui n'allait pas. Elle ne mit pas longtemps à se rendre compte qu'elle n'avait même plus le courage de se remettre sur pied... La rasée allait la prendre pour une folle... Mais So trouva le moyen de rire entre deux sanglots. Un rire nerveux, sans joie aucune, mais il fallait que ça sorte. Elle se moquait d'elle même, à faire trop confiance...

Je n'arrive pas... A me lever...

Pas de repos, elle n'avait pas eu le temps de cuver le vin qu'il lui avait fait boire. Sans compter qu'elle commençait à geler malgré le beau temps de ce début de Juillet. La petite brune tendit une main vers son amie, hésitante toutefois, et sans la regarder, piteuse et honteuse. Allait-elle l'aider alors qu'elle avait voulu s'en débarrasser à peine quelques instants auparavant? Le rire ne dura pas... Et une plainte le remplaça...

J'ai mal partout Mira...
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Miramaz
Méfiante, elle reprenait son souffle légèrement à l'écart et observait So qui ne semblait plus être menaçante. Et encore une question qui attendait réponse, une autre interrogation qui provoquait des remous sous le crâne lisse. Est-ce qu'elle avait trouvé cela normal? Est-ce que tout ce qu'un homme d’Église disait lui paraissait digne de foi? Était-elle à ce point romainement aristotélicienne? Naïve au point de croire que le Pardon Divin pouvait se gagner ainsi?

La réflexion se prolongeait tandis que la noiraude remontait sur la berge et s'y affalait en pleurs, laissant Mira perplexe. Le rire étrange ajouta à sa confusion, et quand elle vit la main se tendre vers elle, il s'écoula un long moment avant qu'elle ne réagisse, s'extirpant à son tour de l'eau pour se retrouver frissonnante sur la berge. Le regard fixe elle se demandait si cette demande n'était pas un piège, une nouvelle tentative de vengeance?

Humpf..

Expression habituelle du doute chez la rasée.

C'tait un cauch'mar là avant? T'viens pas d'me frapper et d'essayer d'me noyer?

Tout ceci en se rapprochant de la seule que dans son entourage elle pouvait peut-être nommer «amie».

D'solée?

Les doigts de la mercenaire se refermèrent sur ceux de l'éplorée, et la poigne développée depuis des années au contact des armes servit à la relever sans trop de brutalité.

T'veux qu'j'te ramène à l'auberge?

Bref silence puis reprise sans lâcher la brunette mais en détournant le regard.

Et oui j'ai trouvé ça normal.., C't'un curé... ils font t'jours payer l'Pardon non? Si c'pas en écus c't'en corvée ou... comme ça.. J'avais d'jà entendu des histoires sur ça.. ç'm'a pas étonnée..puis ça m'arrangeait sans doute..

Et maintenant petite noiraude? Tu vas la détester celle qui s'est offerte par facilité alors que toi tu t'es débattue? Celle qui n'a pas eu ton courage?
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Sorianne
Une brune détrempée, les longs cheveux corbeaux emmêlés et collés en mèches dégoulinantes, les tissus gorgés d'eau de ses vêtements couverts de terre, une main tendue, en direction de la rasée, l'autre agrippée à la boue de la berge, dans le vain espoir de calmer la douleur lancinante qui irradiait dans le bas de son dos, geignante... Beau tableau que celui ci... La jeune femme ne relevait pas le nez tandis que la mercenaire s'extirpait de l'onde dans laquelle So avait voulu la noyer.

Pas la moindre rougeur n'apparut sur le nez de la noiraude en rappel de ce qu'elle s'était mit en tête de faire quelques instants auparavant. Parce que non, elle n'était pas désolée. Mira le méritait, et plus encore. Mais elle l'aimait bien la mercenaire, c'est peut-être ce qui lui avait valu se voir enfin lâchée, en partie...

En grimaçant, elle se laissa remettre presque droite et essuya ses joues de sa main libre, y laissant par la même, de belles trainées brunes, tout en hochant la tête pour ce qui était de l'auberge. Le retournement de tête avait commencé. Que penser? Ce que dit la rasée la laissa désorientée. Elle n'avait connu que des prélats amis, et aucun ne s'étaient permis de gestes déplacés, aucun ne lui avaient rien demandé en échange d'un Pardon. N'étaient-ils pas valables, tels qu'Il le lui avait fait comprendre? Les sanglots se calmaient et la jeune femme, après un temps de latence, finit par attirer la mercenaire à elle tout en s'approchant.

Fâcheuse tendance à prendre les gens contre elle quand ça n'allait pas bien, la petite So, mais là elle en avait besoin. Bien sûr qu'elle ne pourrait pas la détester, elle ne semblait pas penser à mal, avait-elle seulement réalisé?

Non pas désolée.... Tu l'as mérité... Et tu en mériterais plus encore...

Des mots glissés à l'oreille, la voix chevrotante. La faute de Mira si elle avait vu sa fierté mise à mal. La faute à Mira si elle sentait encore les mains du curé sur elle. La faute à Mira si elle se considérait davantage maudite. Mais c'était sa propre faute si elle était belle et bien condamnée à l'Enfer... L'étreinte se serra un peu plus.

Tu mériterais bien plus...

Plus calme maintenant. Les larmes tarissaient, les pleurs s'éteignaient, seuls les tremblements persistaient. Elle n'était pas seule dans cette galère, au moins elle aurait une bonne âme avec qui partager, et rien que ça, c'était réconfortant. Finalement, la jeune femme se décida à lâcher la traitresse, avant de regretter en grimaçant.

On n'a pas rencontré les mêmes curés... Ceux que je connais ne font pas boire... Parce que là, elle sentait bien ce qu'elle avait ingurgité... Un souffle... Comment ça pouvait t'arranger...? Ça ne peut pas arranger... C'est pécher pour un péché Mira... Des choses lui échappaient... Où est l'auberge? Un bain... Un bain et un gant de crin pour frotter cette peau qui avait été en contact avec lui, pour effacer la moindre petite trace qu'il aurait pu laisser. Une paillasse, un lit. Mais elle n'arrivait même pas à rassembler ses esprits suffisamment pour réussir à s'orienter comme il le fallait.
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