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[RP] A toi la Truie

Nicolas.df
Nicolas faisait son petit bonhomme de chemin entre la Bourgogne et le Bourbonnais, pestant contre toutes ces provinces indépendantistes qui l'obligeaient à faire des détours improbables pour regagner son chez-lui. Il allait devoir remonter sur Moulins, passer par Nevers, Cosne et Tonnerre en direction de la Champagne pour bifurquer à Conflans et... minute, Nevers ? Nevers... il y avait quelque chose, à Nevers, le borgne en était certain. Quelque chose d'important.

Une innocente discussion en taverne mit un terme à ses interrogations quelques temps plus tard. A Nevers, il y avait la crypte abritant le corps raidi depuis longtemps, Très-Haut merci, de feue Sa Majesté la Truie impériale, puisse-t-elle geler à jamais dans l'enfer lunaire. L'occasion ne pouvait décemment être manquée : en effet, le Florentin n'avait pu lui exprimer son mépris en face qu'à une seule et unique occasion, ce qui l'avait laissé sur sa faim.

Il prit donc aussitôt ses dispositions auprès d'un tailleur de pierre, qui l'assura être en mesure de finir ses deux travaux dans les temps en exploitant un peu son apprenti. Puis il s'assura la complicité de son beau-frère Dante, qui malgré l'absence de griefs personnels à l'encontre de Béatrice, s'avoua tenté par l'expérience. Enfin, il alla se recueillir quelques temps dans l'église locale, pour expliquer son acte au Très-Haut entre quatre yeux. Tout de même, il s'agissait de profaner une sépulture.

Le soir venu, il repassa chez le tailleur de pierre et le paya grassement pour la rapidité et la qualité de son ouvrage. Oh, il n'y avait pas à dire, ces deux... ajouts seraient du meilleur effet sur le gisant. Il les glissa dans un sac en toile en ricanant avant de passer à l'auberge chercher son complice.


Dante ? J'ai tout ce qu'il faut. Prêt pour la balade au clair de lune ?
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Dante.tommaso
D’ordinaire, les adultes se montraient bien rigides avec les enfants lorsqu’ils commettaient des bêtises, leur faisant la leçon pour expliquer le mal du bien. Mais ce soir, voilà que les esprits s’étaient échauffés à la pensée de jouer aux sales gosses et adieu la rigidité, adieu l’incompréhension, adieu le bien du mal. Dante était accouru lorsque son futur beau frère avait suggéré d’aller profaner une tombe. Il n’était plus à ça près de toute manière l’Italien. Quand on se délectait tous les jours de l’outrage, on n’était plus à un blasphème près. Et ce genre d’expédition ne lui faisait pas peur aux yeux.

La nuit était tombée et Dante attendait à l’auberge de voir s’amener la silhouette grande et sèche de Niccolo. Ce dernier était parti chercher le matériel dont ils auraient besoin pour passer à l’action. Un sourire presque malsain flottait sur les lèvres de l’Italien. Il s’était attendu à beaucoup de choses de la part de son futur beau-frère mais il était loin d’imaginer qu’il serait capable de profaner une sépulture. A croire que la personne devait avoir bien des choses à se reprocher. Pas très au fait de ce qu’il se passait dans le royaume de France, Dante faisait ça plus part ennui que par profonde conviction. Et Nicolas fut là, passant la tête par l’embrasure de la porte de l’auberge. Dante lui fit signe qu’il arrivait.


- toujours prêt quand il s’agit de faire quelque chose qui sorte de l’ordinaire….

Sourire en coin, Dante suivit Nicolas à l’extérieur. La nuit était sans lune ce soir Il n’y avait plus qu’à se rendre sur les lieux et tout serait parfait pour commettre leur forfaiture.

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Nicolas.df
Ça, c'était un beau frère. Un vrai, un dur. Du genre qui vous accompagnait lorsque vous manifestiez l'envie d'aller marquer votre mépris sur la tombe d'une souveraine décédée. Le borgne eut presque envie d'exécuter la petite tape virile sur l'épaule ou dans le haut du dos qui servait habituellement à célébrer la camaraderie masculine lorsqu'il n'y avait pas d'alcool à portée de main, mais il se fit la réflexion qu'elle serait plus adaptée une fois leur forfait perpétré.

Ce qui, d'ailleurs, n'allait pas tarder. La cathédrale et sa crypte étaient en vue. A cette heure, il n'était guère difficile de s'y faufiler discrètement, la piété des paroissiens semblant chuter drastiquement à partir d'une certaine température en soirée. Ce qui n'était pas plus mal, car Nicolas aurait eu du mal à expliquer ce qu'il transportait d'aussi manifestement pesant dans son sac en toile. Avant de s'engager dans l'escalier qui descendait sous terre, il prit un cierge et fit signe à Dante de l'imiter.

En bas des marches, cette précaution se révéla superflue. Apparemment il était de bon ton de garder des torches allumées près des gisants des gens importants. Les compères n'eurent ainsi aucun mal à déchiffrer la gravure qui déclamait l'identité de la défunte, et précisait que seul son cœur embaumé était conservé icelieu. Il allait falloir s'en contenter : la crypte de Saint Denis était sans aucun doute mieux gardée.


Son cœur embaumé... elle se prenait pour une sainte, en plus ? Comme si elle méritait qu'on conserve des reliques d'elle...

Secouant la tête devant tant de vanité, le Florentin posa son fardeau et sortit les deux plaques commémoratives qu'il avait fait exécuter. Elles portaient au dos ses vraies initiales, NMdP, en guise de signature. Sur le devant, on pouvait y lire respectivement :

Citation:
Ci-gît feue la Truie impériale,
Qui a vendu la France au Ponant
Et s'est exhibée dans des bals
Au lieu de régner dignement.

Que plus jamais la Couronne
Ne coiffe tête aussi c...
Et puissent les futurs souverains
Se garder de suivre le même chemin.

Et :

Citation:
A la mémoire de Sadnezz Corleone, qui débarrassa la France d'une Reyne indigne et compensa ainsi, aux yeux des mortels sinon du Très-Haut, une vie passée du mauvais côté de la loi. Un œil était un faible prix...

Même avec cette dernière précision, les gens capables de remonter jusqu'à l'auteur de ces plaques se comptaient sur les doigts d'une main. Non pas qu'il eût particulièrement honte de son acte, d'ailleurs... il relut les deux textes, puis se tourna vers Dante.

Une bonne chose de faite en ce qui me concerne...
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