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[RP] Si le loup y était...

Sorianne
Nul besoin de préciser que c'est ouvert à qui veut bien sûr :p



Première, première... Seconde certes... Mais première en campagne. Étonnamment, la noiraude s'attendait à ce que cette journée de repos soit des plus difficiles. Les nuits étaient déjà dures à supporter, ne serait-ce que par le froid ambiant et la température hivernale, mais rester une journée sans bouger, en pleine campagne... Cela semblait au dessus de ses forces! La mine éteinte, assise au rebord de la charrette qui les avait charrié toute la nuit, la So regardait les gens monter les tentes qui leurs serviraient d'abri pour ce jour. Forcément, il était hors de question qu'elle prenne part à tout ceci et qu'elle aide un tant soit peu.

Sa fille sur les genoux, elle en profitait pour détailler les personnes avec qui elle se trouvait, à défaut d'avoir envie de faire connaissance plus amplement. Un géant... Il était amusant de noter les différences d'avec le Colosse... Dès qu'il lançait un regard vers elle, c'est un air de défi qui prenait place sur la mine contrariée de la brune. Elle s'était interposée entre un voleur et le Diable en personne, à Paris, ce n'était pas lui qui allait l'effrayer. Le visage de Sorianne s'adoucit, se fit même triste en posant les yeux sur Colhomban... Tant de gâchis... Elle n'avait même pas eu l'occasion de le revoir avant qu'il ne perde l'un de ses yeux... Elle même les ferma et les souvenirs affluèrent. C'était trop.

Placée dans l'écharpe de Gaelante, Nominoée fut recouverte par les pans de la cape que portait la So. Au chaud toutes les deux, et la jeune femme descendit de son siège improvisé. Il lui fallait aller faire un tour. Elle avait toujours visiter les coins où ils allaient, découvert tant de petites choses, elle n'avait pas changer. Col s'en douterait, aussi ne prit-elle pas la peine de prévenir qui que ce soit. Et la petite boiteuse s'éloigna, bien décidée à ne pas les voir s'agiter tous ensemble, et à faire le tour du campement improvisé.

Les bois n'étaient pas loin, et la jeune femme s'y dirigea. L'accident ne lui avait pas servi de leçons, mais il lui fallait du calme. Elle n'eut même pas besoin de s'enfoncer trop profondément, qu'une flèche pointant vers le ciel lui attira l’œil. Remontant le long du terrain peu plat, elle finit par surplomber une petite chapelle à l'abandon. Attirée par tout ceci depuis qu'elle était gamine, c'est tout naturellement que la noiraude s'y dirigea, prenant soin d'éviter les embûches qui se trouvaient sur son chemin. Ce n'était pas le moment de tomber alors qu'elle avait sa fille contre elle. Dieu que la sorcière avait eu une bonne idée avec cette écharpe!

Doucement, elle y arrivait. Le coin n'était même pas sinistre, si ce n'était le grincement de la grille rouillée que la jeune femme poussa pour pouvoir entrer sur le parvis du petit édifice.


Tu vas voir Nominoée, on sera tranquille ici.

Point de petite fille à éviter, point d'Angloys avec qui se disputer, point de baronne à jalouser, point d'ancien fiancé à pleurer, point de géant à défier, juste elle et sa petite fille. Enfin peut-être... Arrivée à la porte, la noiraude poussa sans discrétion et avec force, la lourde planche qui lui barrait l'accès. Ceci fait, elle se frotta les mains qu'elle avait glacée, et pénétra la petite chapelle dans un nuage de volutes blanches. Il y faisait presque plus froid qu'au dehors... Des bancs de pierre, un autel brisé, des racines et des herbes mortes plein le sol et qui pendaient le long des murs... Le toit ajouré, les vieux vitraux en morceaux... Les semelles de la jeune femme crissaient sur tout ce qui avait trouvé sa place au sol... Premier rang, et au devant, une vieille croix Aristotélicienne mangée par la rouille... La So se laissa choir sur la pierre froide.

Oui, on sera tranquille...
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'ci Crok =)
--Scopolie
Première étape, seconde rencontre. Le Très-Haut fait bien les choses, sous le nom de Hasard.

Mon départ de la Cour des Miracles fut le premier pas vers la fortune, à moins que ce ne soit le meurtre de ce brigand qui a planqué son magot quelque part en Limousin. Contraste surprenant entre cette petite église abandonnée, sur des terres qui ont l'air tout autant abandonnées, et un prêtre qui sera bientôt plus riche qu'il ne l'a espéré. Si je trouve le trésor, le voleur ayant eu l'idée d'aller se faire juger par Lui avant de me dire où était exactement sa planque. Du coup, me voilà réduis à devoir boire jusqu'à l'ivresse tous les soirs pour réussir à m'endormir malgré les picotements du froid hivernal qui rentre par toutes les ouvertures du lieu : vitraux brisés, porte dégondée et pan de mur ébranlé. Et comme si cela ne suffisait pas, je me nourris avec des soupes de lapereaux aux orties et je ne peux même plus me gratter le visage sans avoir l'impression de ressembler à un blaireau décharné tant le poil de ma barbe est dur, sale et puant. Voilà ce qu'il en coûte d'écouter son avarice ; mais qu'importe, je me consolerai avec les pièces d'or que je ne tarderai pas à trouver, cela fait quand même pas loin d'un mois que je ratisse cette forêt, de la mousse sur le sol aux nids d'oiseau dans les arbres. Transformé en ermite, je regretterais presque les bas-fonds de Paris : au moins là-bas, j'avais un peu de compagnie. Ici, le seul lien qu'il me reste avec l'humanité est un enfant des rues qui travaille pour moi en échange de quelques cours d'écriture. Il fouine un peu partout en ville à la recherche d'informations sur ce brigand et son magot, mais il semble qu'il n'avait pas d'amis à qui il se confiait.

Cette journée là était comme les autres : perdue et froide. Las de courir après un trésor fantôme, de sentir mon ventre creux comme la tête de la plupart des gens, d'avoir le nez bouché comme le fondement d'une pucelle, je suis rentré plus tôt à l'église, les mains pleines de plantes pleines de terre et grouillantes d'insecte, pour aller préparer le dîner dans la petite arrière-salle. Concentré à enlever la terre des racines, je n'avais pas entendu quelqu'un entrer. Les plantes ainsi préparées étaient aussitôt jetées dans une marmite pleine d'eau froide provenant d'une rivière non loin. Le reste de la terre et les insectes formeront la sauce, ça donnera un peu de goût. Et tandis que j’empoignais mon bâton de marche qui faisait office de cuillère en bois pour mélanger, j'entendis du bruit dans la salle principale. Pensant que c'était mon larbin, je me lève sans me poser de question. Je ne l'aperçois pas encore mais, tellement impatient de connaitre les nouvelles, ma voix résonne déjà dans l'église.


Alors ? Quelles sont les nouvelles ?

Je finis par arriver face aux bancs. Là, je vois l'improbable, l’œuvre de Sa main : elle. La jeune brune. Je la reconnais du premier coup d’œil. Ne m'y attendant pas, je reste quelques instants ébahis, immobile, avant de me reprendre et de dire, sur un ton calme et posé :

Bonjour, ma Fille.

Et c'est là que je l'aperçus. Cette enfant, protégée dans un bout de tissu, comme un péché qu'on dissimule aux yeux de tous. Elle a sûrement nourri un désir de vengeance, et rien n'aurait pu l'empêcher d'exprimer sa colère, si ce n'est ce petit être qui renverse toute la situation, qui la met en position de pécheresse, la place qu'elle me réservait sûrement avant de m'éclater le crâne contre la pierre d'un des bancs. Poursuivant sur un ton aussi froid que le vent qui souffle, je lui demande :

Quel nom as-tu donné au fruit de tes péchés ?

Cette fois, elle n'est pas venue pour se confesser, ni pour se repentir ; mais je ne lui demande pas son avis. Elle le sera de force.

Sorianne
A peine s'était-elle installée et avait-elle commencé à libérer son bébé de son carcan qu'une voix résonna dans la petite bâtisse... La So sentit soudain une chape glacée lui tomber sur les épaules, et les frissons l'envahir. C'était impossible... Le cœur battant et le teint encore plus pâle que ces derniers jours, lui conférant un air des plus maladifs, la jeune femme leva le museau avec appréhension pour malheureusement voir apparaitre son bourreau confesseur, plus sale et semblant plus décharné qu'en ce début d'été où leurs chemins s'étaient croisés. A jeun, mais la nausée la prit tout de même, et elle la réprima à grand peine. Instinctivement, la noiraude cacha de nouveau le bébé qu'elle tenait contre elle, et chercha à se lever, doucement, voulant échapper à sa présence sans pour autant éveiller le prédateur en s'enfuyant rapidement...

Nulle réponse à son salut, elle avait déjà baissé les yeux, ne pouvant le regarder en face, lui qui en savait plus sur sa personne que bien d'autres en ce bas monde. Avait-il conservé cette dague oubliée sur le sol de la chambre qu'il lui avait proposé? La So l'observait à la dérobée, sans pour autant se fixer sur lui, n'arrivant pas à s'y résoudre. La dernière question lui fit monter le feu aux joues, et elle finit par se lever, sans plus se poser de question, voulant mettre bonne distance entre eux, entre lui et son bébé...


Il porte le nom de son père.

Même si ce n'était pas encore le cas, elle espérait au fond d'elle que cela ne saurait tarder, malgré la situation précaire dans laquelle ils se trouvaient. Un mensonge à un curé pêcheur, ce ne pouvait pas être mal perçu par le Trés Haut... L'air soumise, mais elle enrageait. C'était à lui qu'elle devait sa situation actuelle. A lui qu'elle devait le fait d'avoir dû fuir les attentions de son fiancé retrouvé. A lui qu'elle devait le fait de se retrouver seule pendant qu'elle observait son fiancé heureux en compagnie d'une baronne. A lui qu'elle devait le fait d'avoir peur d'être approchée de trop près. A lui qu'elle devait le fait d'avoir fuit de la chambre le soir où elle avait voulu donné ce qu'il voulait à Col... A lui qu'elle devait le fait que Colhomban la compare à une catin vendant son corps pour un rien...

Vos attributs se portent mieux que la fois où nous nous sommes vus?

Référence au coup qu'elle lui avait porté en traître juste avant qu'elle ne réussisse à commencer à s'échapper... Enfant dans les bras, à l'abri de sa cape et de l'écharpe dans laquelle il était placé, la So allait à reculons vers la sortie, les pieds tâtonnant avant de se poser au sol, afin d'éviter quoi que ce soit qui aurait pu la faire trébucher. Elle se voulait l'air assuré, toutefois sa voix vibrante ne pouvait pas confirmer l'apparence. Elle avait voulu s'échapper d'une situation douloureuse et faisait maintenant face à celui qui était la cause de tout cela...

La vieille femme vous a donc jeté dehors, elle a enfin vu qui vous étiez?

Le talon heurta une racine qui galopait sur les pavés inégaux et elle se rattrapa au dossier de pierre du banc qui se trouvait à portée.
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'ci Crok =)
--Scopolie
La tension est palpable malgré nos efforts de l'un et l'autre de paraitre serein. Quoi que j'y arrive mieux qu'elle, le mensonge est mon métier, mon arme, ma vie. Je garde mes mains cachées dans les larges manches de ma bure, tandis que je bouge légèrement le buste pour sentir le manche de ma dague dans le bas de mon dos. Bien sûr que je l'ai gardé. Je la porte à ma ceinture depuis ce jour. Chat échaudé craint l'eau froide. Ce dicton est valable pour nous deux à en juger le ton de sa voix, la longueur de ses réponses, ce besoin de se moquer de moi pour altérer la terreur que je lui inspire... Cette manière de resserrer l'enfant contre elle, ses petits pas qui l'amène vers la sortie en espérant ne pas éveiller mon appétit de prédateur. Je lui réponds calmement, d'une voix grave qui résonne dans toute la chapelle. Elle est sur mon territoire, elle doit le sentir jusqu'au bout de ses ongles. Elle est faible, elle le sait. Je la connais.

Mes attributs vont toujours mieux que ton âme : eux ne sont pas gangrenés par le Mal, ils n'ont pas à porter le poids de leur péché. Quel est le nom du tien ?

Je baisse les yeux sur la couverture mouvante. Elle n'osera rien faire contre moi, pas si c'est dangereux pour sa progéniture. Je me demande si elle serait prête à se donner pour épargner la vie de son enfant. Jusqu'où l'amour pour la chair de sa chair la pousserait à aller ? Loin. Très loin. Peut-être plus loin encore que la peur de finir sur la Lune. J’esquisse un sourire mielleux et aussi touffu que mon visage.

La vieille femme est morte.

La nouvelle tombe un couperet, tandis que je la regarde dans les yeux. Elle se souvient de cette gentille petite vieille, un peu sourde, complètement amadouée par le preux curé qui récitait des prières sous son toit, et si attentive au bien-être de sa jeune invitée. Elle a vu qui j'étais, ce fut d'ailleurs la dernière chose qu'elle aperçut avant de fermer les yeux définitivement : mes mains autour de son cou ridé, la corde de pendu tatouée autour du mien. Ce village ne m'apportait plus rien, j'avais fait cocu tous les hommes mariés ou fiancés, j'ai payé toutes les catins et forcé toutes les pucelles dans le foin ou le presbytère. Les rumeurs commençaient à courir, les langues auraient fini par se délier. Alors je l'ai tué pour célébrer une dernière messe, où tout le monde avait les larmes aux yeux en écoutant les louanges que j'ai fait de cette brave femme qui travailla bravement toute sa vie. Et je suis parti, en emportant les objets de valeur et les économies.

Peu de temps après ton départ brutal. La pauvre a eu le cœur lourd de se retrouver de nouveau seule, sans présence féminine. Jusqu'au dernier jour, elle a continué la cape en laine qu'elle avait commencé. Pour toi.

Elle est si naïve, si pleine de bonté et d'amour. C'est si facile de renverser la situation, de la rendre coupable de tous les maux, de sembler être un agneau à côté d'elle. Lentement, elle va oublier sa peur pour laisser place à la culpabilité. Et moi, je ne serai plus que la voix des remords.

Mon cœur se fend lorsque je revois ses yeux larmoyants qui m'interrogeaient pour savoir pourquoi tu es partie. J'avais beau lui expliquer que tu n'étais que de passage, elle s'est entêtée à croire que c'était sa faute, qu'elle n'avait pas assez bien cuisiné, que la chambre d'ami n'était pas assez décorée. Un jour, elle s'est endormie en pleurant, et ne s'est jamais réveillé.

Je l'observe trébucher, comme sous le poids des fautes. J'aurais pu en profiter pour saisir ma dague et me jeter sur elle pour l'égorger, mais je ne tiens pas à découvrir à mes dépends qu'elle a elle aussi une arme cachée. Le combat n'est pas un de mes points forts, alors je continue d'user de mon charisme pour arriver à mes fins.


Tu me fuis comme si j'étais un démon, mais ne vois-tus pas qu'en faisant cela, tu ne fais qu'obéir aux volontés du Sans-Nom ? Ce n'est pas ma faute si tu t'es perdue dans la luxure, que tu as mis au monde un petit être destiné à pourrir en Enfer, que ton âme est noire comme des cendres. J'ai essayé de te sauver en t'accordant une confession, et une pénitence que j'estime efficace puisqu'elle a déjà fait ses preuves.

Crois-tu que cela m'a fait plaisir de te voir souffrir, comme cela me fait plaisir d'être coincé ici ? Ce fut un mal nécessaire, comme celui de rester là depuis plusieurs semaines déjà. Pour sauver ton âme, j'ai dû faire ce que j'ai fait, tout comme je fais ce que je fais pour sauver ma vie.


Je mima une forte toux, à peine forcée puisque j'étais réellement malade à force de dormir sur de la pierre froide, à la merci des courants d'air et de la froideur de la nuit. Plié en deux, je reprenais mon souffle difficilement, en exagérant toujours, avant de lâcher, par ma gorge enrouée :

Une troupe de brigands rôdent en Limousin. Ils tuent les voyageurs. Ils ont décimé le convoi dans lequel j'étais. Ne sors pas, ou tu mourras, toi et ton enfant...

Par amour pour lui, serais-tu prête à rester coincée dans une chapelle abandonnée avec moi ?

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Sorianne
Ne pas le quitter des yeux, c'était quelque chose que la noiraude conservait bien en tête. Elle ne lui tournerait pas le dos, elle guetterait avec appréhension le moindre de ses gestes. Bien malgré elle, la jeune femme se retrouva prise au dépourvu par la répartie du prélat et en serra les mâchoires. Elle aurait dû restée muette, elle n'aurait pas été ainsi décontenancée par ses paroles. Et cette insistance à connaitre le nom de sa fille. Mais non. Non elle ne le lui donnerait pas. Peut-être parce qu'elle voulait la tenir en sécurité, loin de lui, et si jamais il voulait la retrouver?

A mesure qu'il parlait, la So pâlissait et sentait son cœur cogner violemment dans sa poitrine, à tel point que la tête lui tournait. La vieille femme était morte... Elle ne put s'empêcher d'avoir un doute sur l'histoire bien trop rose qu'il lui décrivait, elle s'était déjà faite avoir une première fois, il allait être difficile de lui faire de nouveau avaler des couleuvres. Toutefois, elle ne put s'empêcher de se sentir coupable... Coupable d'avoir laissé une si gentille femme à la merci d'un homme tel que lui. C'était sa faute si elle était maintenant auprès du Très Haut...

Son équilibre rétablit, la brune jeta un rapide coup d’œil en direction de la sortie qui n'était plus très loin. Bientôt elles seraient hors de danger, loin de cet homme qu'elle avait tant de difficultés à oublier, lui qu'elle revoyait dès qu'on l'approchait d'un peu trop près, dès qu'elle pensait à sa vie gâchée. Elle le fuyait comme s'il était un démon... Les paroles prononcées la firent se stopper... Avait-elle subit ce à quoi il faisait allusion, pour rien? Non, il en était hors de question, même s'il le lui faisait bien sentir.


Elle n'est pas vouée à l'Enfer, vous m'avez pardonné cette faute, vous avez tout pardonné. Vous avez prit ce que vous avez voulu pour m'accorder le Pardon. Elle a été pardonnée...

Les mots furent plus crachés qu'autre chose. Comment osait-il sous entendre que leur dernière rencontre n'avait servit à rien? Comment osait-il le prétendre?! S'il savait la vie qu'elle menait depuis ce jour? S'il savait comme elle pouvait se sentir seule en plus de l'être réellement! S'il savait les dégâts qu'il avait pu causer... S'il savait comme elle lui en voulait... Sa dernière phrase... Une menace? Inquiète comme jamais, la noiraude déglutit doucement en observant la porte dégondée. Et s'il n'était pas seul lui non plus, et si elle n'avait qu'à sortir pour le regretter? un mot de lui et cela pouvait en être fini d'elle et de Nominoée... Il était hors de question qu'elle mette son bébé en danger. Et elle le maudissait pour oser la menacer. Qui peut faire ça à un enfant d'à peine une année? Doucement elle défit l'écharpe qui maintenait l'enfant, et elle posa cette dernière derrière l'un des derniers bancs de la petite chapelle, couverte dans le tissu et à l'abri des regard de son bourreau. Et Col, qui était au dehors? Un frisson glacé courut le long de son dos.

Quand Sorianne se releva, c'était toujours nez bas. Malgré toute la haine que cet homme lui inspirait, elle n'arrivait pas à le regarder en face, c'était au dessus de ses forces, même si les oeillades qu'elle lui lançait pouvait déjà en dire long sur son ressenti. Il fallait qu'elle se méfie. Qu'elle ne se laisse pas approcher, ni surprendre.


Si ça vous a fait plaisir... Dieu comme elle était en colère! Vous saviez que c'était mal!! Sinon vous ne m'auriez pas fait boire pour arriver à vos fins plus facilement! Je vous maudis vous et vos méthodes! Vous êtes un lâche qui abusez de la confiance des fidèles...

Et des fidèles tout court... Ayé, elle réussit tout de même à porter le regard sur Lui, même s'il avait tendance à se faire fuyant. Elle sentait le danger à lui dire tout ceci. Elle sentait les frissons la parcourir alors qu'elle fixait ce regard si faux. Elle n'arrangeait pas son cas en parlant de la sorte. Elle effaçait les bénéfices acquit lors de cette soirée qu'elle voudrait oublier, elle se mettait à dos un homme de foi, l'homme qui pouvait la juger, permettre à son âme de s'en aller loin de la Lune... Mais pour éviter qu'il n'avance en direction de la petite fille qu'elle avait posé, c'est elle qui prit les devants, s'avançant de quelques pas. Il ne la toucherait pas, pas plus que les brigands dont il avait parlé.

Si vous êtes ici, et malade, c'est parce que le Très haut vous punit pour vos fautes. Et qui va vous pardonner?

La tête de la jeune femme se tourna de nouveau en direction de la sortie. Si proche mais pourtant si loin. Peut-être qu'il lui suffirait d'appeler? S'il approchait c'est ce qu'elle ferait. Elle se doutait bien qu'elle ne serait pas suffisamment rapide pour l'éviter. Il allait falloir donner de la voix si elle voulait de l'aide. Si tant est qu'on l'entende... En attendant, le menton fut relevé, malgré la lèvre peu assurée et légèrement tremblante. Bien sûr qu'elle était prête à rester là par amour de son enfant.
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'ci Crok =)
--Scopolie
Le doute. Ce poison. Cette arme. Ça coule au bord de ses fines lèvres. Ça se répand sur le sol tandis qu'elle parle du pardon de sa fille. Sa fille ? Ainsi le bébé est de sexe féminin. Intéressant. J'ai trouvé son point faible, moi qui commençais à croire que la carapace qu'elle avait érigé autour d'elle était trop épaisse pour mes paroles empoisonnées. J'arrête de sourire, je m'appuie sur un banc en pierre et je l'observe, l'air grave de celui qui était poussé à donner une vérité pas bonne à dire.

Il t'a pardonné, dans Sa divine miséricorde, de L'avoir oublier en te plongeant corps et âme dans la luxure. Il t'a permis de prendre un nouveau départ. Un nouveau départ qui ne concerne que toi, pas cette créature issue du péché : un papillon peut revenir dans la lumière après s'être perdu dans la nuit, mais une mite née et reste mite, condamnée à ne pouvoir vivre que dans l'obscurité...

Qu'est ce que ça fait de savoir que l'âme de ta fille est condamnée ? Tu te doutes bien que j'ai la solution, mais qu'il y a un prix lourd à payer. Sûrement le plus grand que tu n'auras jamais payé. Une partie de toi.

Comment pourrait-Il pardonner un être qui n'a rien fait ? Son seul crime est d'être ce qu'elle est, par ta faute. Une confession ou une pénitence n'y changeront rien. Le seul moyen de la sauver serait de...

Je laisse ma phrase en suspend, comme un vendeur de chevaux qui vante les mérites de sa monture en omettant de donner son prix. On ne donne pas un appât au poisson en lui disant que pour mordre dedans, il faut se faire prendre au hameçon. Ainsi je ne poursuis pas ma phrase et je l'observe, tout d'abord silencieux. Ces joues rouges, ce souffle court, cette colère... Nous voilà revenus dans la chambre où je l'ai prise de force. Les forces semblent s'être inversés, mais il n'en est rien. Je l'ai sous mon contrôle, moi qui suis tempéré, tandis qu'elle s'énerve.

Le Prince-démon de la colère, Léviathan, parle à travers toi, j'entends sa voix résonner dans ton âme. Tu es aveuglée par la colère, tu renies ta pénitence. Il te pousse à me voir comme mauvais pour mieux te séduire par le péché.

Ah, comme le péché est plus agréable, n'est-ce pas ? C'est beaucoup plus plaisant de se retrouver au creux des bras d'un amant, après avoir bien bu et bien manger, plutôt que de prier et d'offrir une partie de son repas aux pauvres, n'est-ce pas ? Cela apporte plus de plaisir, mais où est le Très-Haut dans tout cela ? Où est la Vertu ? Nul part. L'amour que tu devrais Lui porter est remplacé par ton plaisir. Tu en oublies le sens de la vie, tu répètes l'erreur de la Bête.


Je ne la quitte pas des yeux, je lui explique, je la juge, je prends mon temps ; tandis qu'elle regarde partout pour trouver un échappatoire, qu'elle crie, qu'elle maudit, qu'elle s'énerve. Comment ne pourrait-on pas croire que c'est elle la méchante de l'histoire ? Et c'est là mon plus beau mensonge, lui faire croire que c'est elle la fautive. Le doute qu'elle ressent est autant de fissures dans sa certitude que je suis mauvais ; et ce qui suinte de ces fissures, c'est sa force. Plus elle doute, plus elle est faible.

Mes méthodes peuvent paraitre brutales, mais c'est un mal nécessaire ; car alors, que dire de Lui qui détruisit toute la cité d'Oanylone ? Que dire de Lui qui condamne pour l'éternité les pécheurs à une souffrir par là où ils ont fauté ? Ce que je vous ai donné, c'est un aperçu de ce qui vous attend si vous persistez à croire que je suis un ennemi ; mais ma méthode ne marche-t-elle pas ?

Pour avoir fini dans une chapelle abandonnée, loin de tout, sans homme, avec une enfant, je peux affirmer que ma méthode a marché. Elle n'a plus pris d'amant depuis ce fameux jour tant le traumatisme est grand. Qu'importe les moyens utilisés, le résultat est là. Je la sens troublé, j'en profite pour m'approcher de quelques pas. Cette fois, je me fais autoritaire, pour la rabaisser, l'achever. Sortir le poisson de l'eau après qu'il ait mordu à l'appât.

Quelle prétention de deviner Ses desseins alors que tu n'es qu'une simple fidèle, pas si fidèle que cela qui plus est. Et naïve, comme si cela ne suffisait pas. Pour toi, être cloitré dans un endroit isolé, sans confort et sans richesse est une de Ses punitions ? Non. C'est le choix d'hommes et de femmes, dévoués à Lui corps et âme, dans des monastères. C'est la vie de Christos, toujours vêtu d'une simple toge et ne mangeant et ne buvant que ce que la charité des gens voulait bien lui offrir. Ceux qu'Il punira sont ceux qui mangent et boivent plus que de raison, qui vivent au-dessus de leurs moyens et égoïstement. Moi, je ne suis pas de ceux là. Toi, c'est ce à quoi tu sembles inspirer.

Je me tais. Je la laisse méditer ces mots. Je laisse le doute se distiller dans ses veines. Et lorsque je la jugerai prête, je lui prendrai sa fille.
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Sorianne
A mesure qu'il parlait, Sorianne se décomposait. Colhomban et le groupe avec lequel elle partageait la route, furent oubliés le temps durant lequel le prélat parla. Si elle faisait la bravache, elle n'en menait pas large. Elle était bien consciente de faire son jeu, mais ses mots étaient si bien choisis, il savait pincer les bonnes cordes... Elle le fixait à présent, le regard accroché à lui, bien malgré elle, la noiraude buvait ses paroles, sentant des frissons glacés la parcourir à chaque fois que sa voix grave lui parvenait, chaque fois que les accusations étaient énoncées, chaque fois que les jugements étaient rendus.

Toutefois, il lui fallait du temps pour assimiler ce qu'il disait. Sa fille n'était donc pas pardonnée? Elle voulut répondre, c'était impossible, elle n'était pour rien dans les péchés de sa mère. Mais comme hypnotisée par le regard sombre, la So ne put rien dire. Il savait qu'elle allait poser la question. Il savait très bien qu'elle allait vouloir savoir que faire. C'était volontairement qu'il avait éludé la fin de sa phrase. Exprès qu'il n'avait rien dit de plus. Elle l'avait lu sur le visage haï. Il était sûr qu'elle le demanderait pour sauver l'âme de sa fille. Et elle le ferait... Sachant qu'elle le regretterait.

Il lui fait croire qu'elle est coupable. Et elle le croit. Elle le sait. La colère la ronge, et ce depuis qu'il a prit plus que de raison pour payer un Pardon que d'autres auraient offert. La colère envers lui avait prit de l'ampleur quand elle comprit qu'elle ne pourrait plus donner à son fiancé ce qu'il attendait, et qu'elle l'avait vu s'éloigner, ne comprenant pas ce qu'elle se refusait à raconter. Les poings de la jeune femme se serrèrent, les ongles pénétrant la chair, mais peu lui importait. Il n'écoutait pas... Il la tançait, et cela fonctionnait. Elle s'en voulait. Elle lui en voulait. Elle en voulait au monde entier pour ces malheurs qui lui arrivaient. Si elle était seule c'était sa faute. En plus de celle du Père Scopolie.

...ma méthode ne marche-t-elle pas ?

Une claque. Les mots la firent avoir un léger recul. Elle aurait juré voir un air satisfait sur ce visage râpeux. Et si la brune avait failli ouvrir le bec, c'est l'air pincé qui gagna en plus d'un détournement de regard. La pointe de ses bottes dépassant de sous les jupes avait soudain un attrait tout particuliers. Il était horrible. Mais les souvenirs du soir où elle avait voulu faire plaisir à son fiancé... La façon dont elle avait reculé au moindre toucher, une autre soirée lui revenant en tête... La façon dont elle avait littéralement fui cette chambre où elle étouffait. Elle se mordit cette lèvre qui tremblait avant de relever le nez pour le voir s'approcher. La So se força à ne pas bouger, même si maintenant il était à portée de main. Il n'avait qu'à tendre le bras.

Le silence se fait pesant quand il retombe. Et la brunette digère ce qu'il lui a dit tout en détaillant cet homme qui l'effraie et la répugne. Ces yeux sombres qui ont vu plus que ce qu'ils n'auraient jamais du voir... Cette barbe qui lui mangeait le visage et qu'elle sentait encore râper sur sa peau. Cette bouche qui avait dévoré plus que goûté. Les yeux se baissent. Elle devine les mains sous la bure... Il fallait qu'elle parle... Qu'elle arrive à desserrer les mâchoires. Et par quoi commencer? Tout est si confus!! Comment pouvait-on aussi bien retourner une tête. Elle avait pourtant réussi à y mettre de l'ordre il y avait peu. Elle avait réussi à se calmer et à ne plus chercher, et il venait de détruire tout ces efforts et de réduire à néant sa paix de l'esprit. Au prix de gros effort, elle inspira doucement, le nez baissé.


J'ai tout perdu à cause de votre méthode.

Oh oui, tout! Et le pire dans tout ça... Avec quelques difficultés elle releva le museau, pour le dévisager, haineuse. Elle n'arrivait même pas à dissimuler la colère qu'elle avait. Et de toutes manières cela aurait été bien impossible. La distance qui les séparait fut abolie, et la So agrippa la soutane, petite, elle n'avait pas grandes chances de lui faire un quelconque mal, mais il lui fallait s'accrocher, il fallait qu'il sente à quel point elle lui en voulait, les poings serrés elle martelait.

J'ai toujours donné en allant à l'église, j'ai toujours partagé, j'ai toujours prié même si je ne suis pas assidue aux messes. Je donne aux mendiants! Je ne juge jamais alors que vous vous me jugez sans savoir! J'ai toujours essayé de suivre le chemin de la Vertu, malgré que oui, ce soit plaisant de se retrouver serrée contre un amant, oui, un amant qui vous aime et qui ne veut rien d'autre! Mais à cause de vous, je n'ai même plus ça! Je ne suis pas une putain passée même sous les chevaux de tous les soudards du Royaume! Vous m'avez tout enlevé! Je n'ai plus rien!! Pourquoi ce serait mal?! Pourquoi! Je vous hais! Oui je vous hais! Léviathan peut parler, vous m'avez condamné à la Lune de toutes manières, à cause de vous mon chemin est tout tracé, vous m'avez forcé à pécher avec un homme du Très Haut! Vous m'avez obligé! Vous m'avez transformé en catin pour un Pardon et vous me condamnez à la Lune et au bûcher alors que vous m'avez pardonné, vous qui méritez la potence! ... Il n'y avait rien de mal... Rien... Ça ne valait pas tout ça...

Elle sentit sa gorge se serrer, la tension retomber. Non, elle n'avait même plus ça. Ces bras aimés allaient à une autre à présent, las du rejet constant qu'elle leur imposait. Elle n'avait plus que ses yeux pour pleurer la petite noiraude. Et si elle avait eu l'épée qu'elle avait acheté sur elle, et non dans la malle, pour sûr qu'elle n'aurait pas hésité. Quitte à aller sur la Lune autant que ce soit pour une bonne raison. Au lieu de cela, elle ne pouvait que l'observer, et l'écouter, impuissante à lutter contre son venin. Elle manquait d'assurance, manquait de répartie et en était bien consciente. Et sa fille... Elle ne pouvait pas payer pour des erreurs qu'elle n'avait pas commise. Un soupir, et elle ferma les yeux un instant. Les regrets allaient arriver, elle le sentait.

Quel est ce moyen de la sauver...? Elle n'a rien fait. Elle est innocente.

Quel prix allez vous demander, quand d'autres l'auraient offert généreusement? A quel point vais-je me faire avoir?
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'ci Crok =)
--Scopolie
Comme seule réponse à sa diatribe enflammée, une toux sèche, et mon corps sec qui se plie en deux sous la douleur de mon poitrail. Peu importe ses mots, peu importe l’ardeur avec laquelle elle se défend d'avoir fauter, car au fond, elle est persuadée que j'ai raison. Ses cris de colère ne sont que les aboiements d'une bête apeurée qui veut qu'on fasse attention à elle pour se rassurer. Un jet de sang et de salive se mélange avec la poussière du sol. Foutue toux. Je me redresse lentement, je l'observe, je dois paraitre fort malgré que ma main tremble sur le banc de pierre froide.

Il y a bien longtemps que tu as tout perdu. Bien avant notre rencontre. Dès le moment où tu L'as oublié dans les bras d'un amant. Son amour est tout, et tout le reste n'est que poussière. Je t'ai offert l'occasion de retrouver ce tout, mais tu m'as donné un coup bas en retour, et maintenant tu persistes dans ton erreur... Tu es une cause perdue. Une brebis égarée beaucoup trop loin pour quiconque. Il n'y a que Lui qui pourrait te ramener dans le troupeau, mais tu l'as renié lorsque tu as décidé de partir...

Un long silence se posa, comme un oiseau de mauvaise augure. Elle est naïve et gentille, mais trop têtue. Je n'arrive plus à la contenir, juste à la mener dans la direction que je désire. Tant pis pour elle, j'aurais pu être bon et aimant, la prendre sous mon aile, la prendre sous ses jupons... J'aurais pu faire d'elle ma suivante, elle aurait profité de toutes mes arnaques et de mes mensonges. A force de voyager sans compagnie, on se sent seul. Heureusement, elle a amené avec elle une alternative enveloppée dans sa couverture.

Elle est le fruit de tes péchés, son existence elle-même est un péché. Si tu ne L'avais pas oublié, elle n'existerait pas, alors pourquoi penserait-Il à elle ? Car telle est la triste réalité... Elle a été condamnée à la Lune dès la naissance. Elle pourrait bien donner à l'église, prier, aider les mendiants, rien n'y ferait...

Je m'approche d'elle, de nouveau. Sa fille, je la veux. Si je n'avais pas besoin de tuer sa mère pour cela, se serait préférable, mais j'y suis préparé : mes longs doigts maigres s'agitent nerveusement à l'idée de saisir mon couteau. Je m'approche, j'arrive à sa hauteur. Elle a peur, ça se voit. L'air grave de mon visage lui fait cet effet.

Confie la moi, j'en ferai une de Ses servantes les plus dévouées, et ainsi elle aura sa place au Paradis, sur le Soleil. Si tu l'aimes, tu accepteras de la laisser partir, pour son bien. Je suis sûr que tu ne veux pas qu'elle souffre pour l'éternité, n'est-ce pas ?...

Le prix est celui du fruit de tes entrailles. Le prix du sang de ton sang. C'est le choix le plus difficile qu'on puisse donner à une mère : choisir entre le bien de son enfant et le garder avec elle.

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