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[RP] Une Comtesse, une Proc', tout là-haut...

Aldraien
Limoges, nuit du 9 au 10 février

Les deux femmes avaient discuté longuement. L’une jeune et Comtesse, l’autre un peu plus âgée, Procureur et Vice-chancelière, entre autres. De quoi peuvent parler deux femmes travaillant pour le Comté ? Du Comté, bien sûr. De la justice en celui-ci, de sa sécurité, des énergumènes qu’on pouvait parfois y trouver. Il y avait matière à disserter durant de longues heures, c’était une certitude, et la communication ne faisait jamais défaut aux deux femmes qui ne voyaient pas cela comme une corvée, du moins c’était ce que pensait la Malemort, Procureur de son état.
Finalement, le sujet avait dévié sur l’armée et la pseudo-croisade que le Capitaine avait décidé de mener contre elle. S’il souhaitait la mener au bout de ses forces, il s’y prenait rudement bien ; et la Comtesse s’en était rendue compte, le teint pâle et fatigué de la rousse en témoignait : Il lui fallait du repos, au risque que sa maladie reprenne le dessus sur elle. Mais ça, allez le faire comprendre à un homme qui faisait son possible pour la desservir.

Cinquième nuit qu’elle passerait sur les remparts de Limoges, à faire des rondes. Elle avait bien entendu parfois que la marche était une bonne chose pour les femmes enceintes, mais là ça faisait un peu trop, d’autant qu’il faisait froid. Très froid. Trop froid.
Finalement, elle s’était confiée à Seleina. Elle lui avait parlé de sa crainte de devoir quitter Limoges pour aller à Guéret, seule, sur les insistances de Wolfloner. Elle lui avait parlé de sa peur de se retrouver loin de sa famille, amoindrie puisque pas encore remise de sa maladie, et enceinte de surcroit. Là-bas, personne ne pourrait l’aider si elle venait à avoir un soucis avec l’enfant qui grandissait en son sein. Là-bas, personne ne veillerait sur elle ; et loin de Limoges elle ne pourrait elle-même pas s’occuper de ses enfants, de son époux, ou de son filleul.
Elle lui avait parlé de son ressenti vis-à-vis du Capitaine de la Compagnie d’Ordonnance, et de l’impression qu’elle avait quant à sa façon de la traiter ; de l’épuisement qui était le sien à la suite de cinq jours de défense.

Compréhensive, la Comtesse s’était montrée maternelle, avant de lui promettre de parler au dit Capitaine, et de lui proposer de passer cette prochaine ronde à ses côtés, puisqu’elle aussi défendait la Capitale. Tant qu’à devoir marcher dans le froid, autant le faire en bonne compagnie, n’est-ce pas ? Aussi la Malemort avait elle accepté.
Vêtue de la cape azurée propre à son statut d’Errante de la Licorne, l’épée bâtarde qu’elle avait reçue lors de son intronisation fièrement portée à son côté gauche, elle avait suivi la Comtesse jusque sur les rempart de la ville. Une Licorne, défense efficace, brave ; mais ça perdait de son allure tout de suite, avec sous le ventre un enfant qui vivait là depuis six mois à présent. Serait-elle vraiment utile, en cas d’attaque sur Limoges ? Pas sûre…Mais puisque le Capitaine y tenait.

Toutes les deux au dessus des remparts, face aux chemins qui menaient à Limoges, la rousse avait finalement posé la question qui lui brûlait les lèvres depuis que la Comtesse avait eu ce geste d’affection envers elle, en dégageant une mèche de cheveux de son visage. Les deux mains soutenant son ventre, elle avait demandé d’une voix douce, pour ne pas troubler la quiétude du moment, les sinoples venant chercher les prunelles de celle qui menait le Limousin & la Marche depuis bientôt deux mois. Question tout à fait pertinente, si l’on s’en référait aux circonstances. Une garde, des remparts, une nuit glaciale et la voix comme seule arme contre le froid.


- Dites moi…Vous n’avez pas d’enfant ?
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Seleina
Une entrevue d'avecque la rousse procureur avait amenée Seleina à rassurer cette dernière sur les intentions du capitaine, homme peut être bourru, peut être un peu abrupt, mais qui avait cela pour lui d'être profondément humain.

Elle avait ajouté qu'elle parlerait à Wolfloner, que ce dernier ne serait pas insensible à ces arguments de taille. Il allait de soi que la jeune femme ne saurait supporter une chevauchée, sortant à peine d'un état léthargique qui désormais l'avait quittée, du moins l'espérait sincèrement la brune, et que de surcroît occupant des fonctions nécessitant sa présence au château, il serait fâcheux que la justice se dépare d'elle.

C'est, toute à ces pensées, que la comtesse se laissa cueillir par cette question qui la remua bien plus sûrement que la plus triste des histoires qu'on aurait pu lui raconter en cet instant. La petite marchande d'allumettes pouvait aller se rhabiller...

Ses ambres se brouillèrent légèrement, pour s'assécher quelques instants plus tard au prix d'un certain effort, fixer les magnifiques iris émeraudes :



Et bien j'ai Atalante qui m'apporte bien des joies...

Un fin sourire vint s'afficher sur ses lèvres pleines, pensée ô combien réconfortante, le visage de la rousse venant s'imposer à elle.

Et puis il y a ces gamins paumés du cloître majorés des enfants que nous ont confié nos serfs... Le "nos" impliquant Zeinar.

Mais enfin non, je n'ai pas d'enfant né de ma propre chair. Je crois que le Très-Haut a omis de me rendre fertile...

Conclut-elle Philosophe.

Un silence gêné accueillit son aveu. Elle poursuivit :

Et vous Aldraien ? Est-ce votre premier enfant ? Il me semble avoir croisé une fort jolie fillette il y a peu en salle du trône. Mais n'était ce pas cette petite qui voyageait en compagnie de Prudence de Champlecy ?
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Aldraien
Peut-être n’aurait elle pas dû poser cette question finalement. Il fallait bien dire que la rousse avait ce don de réussir à mettre constamment les pieds dans le plat, et qu’elle le faisait bien. Elle écouta la Comtesse se confier, et ses joues se colorèrent de honte ; elle n’aurait définitivement pas dû poser cette question à la jeune femme qui, de toute évidence, souffrait de ne pas avoir donné naissance à un enfant de son sang.
Lorsqu’elle lui retourna la question, la Malemort baissa légèrement la tête. Pouvait-elle parler avec fierté de sa descendance à une femme qui n’avait jamais eu la chance de connaître les joies de l’enfantement ? Elle était mère aussi après tout, mais était-ce pareil ? Elle-même considérait Marie-Amelya comme sa propre fille, mais toutes les femmes agissaient-elles de la même manière avec les enfants adoptés ? Ceux-ci remplaçaient ils un héritier de sang ? Tant de questions qui se bousculaient dans l’esprit de la trentenaire alors qu’elle s’apprêtait à répondre, vaille que vaille, à sa jeune interlocutrice.


- J’ai déjà vécu bien longtemps vous savez…Avant d’être mariée à Hannibal, j’ai connu une première union avec un Dauphinois. De ce premier mariage, j’ai eu deux beaux garçons, âgés de huit et cinq ans, Kylian et Arthan Deschenaux. Avant cela j’ai…enfin, j’ai eu une relation avec un homme qui a conduit à la naissance de ma fille ainée, Indy Carsenac…Celle-ci est malheureusement décédée…

Une ombre passa alors sur le visage de la Malemort. S’il était dur de ne pas avoir d’enfant de son sang, il était encore plus dur de voir la chair de sa chair dans un cercueil sans n’avoir rien pu faire. Elle avait eu tant de regrets de cette époque, et quelle mère lamentable elle avait été ! Ses enfants, les plus grandes joies qu’elle avait pu avoir, mais également les plus grandes souffrances. Comme elle s’en voulait de n’avoir pas été là pour eux, à l’époque. Les traces laissées par les flammes sur son visage n’étaient qu’une marque infime du remord qui pouvait la ronger.
Enfin, elle reprit la parole, d’une voix nouée.


- Elle aurait eu dix huit ans cette année. J’ai de nombreux regrets…Le plus étouffant étant de n’avoir pu être là pour mes enfants. La naissance des garçons correspond à la période où j’étais constamment sur les routes avec la Licorne. Plusieurs années de missions, sans discontinuer, sans pause aucune. Je ne les ai pas vu grandir ; et cette période correspond à la mort de ma fille…Vous comprendrez donc mon envie de rattraper le temps perdu, et de rester auprès des miens à présent, même si la Licorne aura toujours la priorité dans le cas d’un appel.

Légère pause, elle se rend compte que, peut-être, elle parlait trop. Elle n’était pas du genre à s’épancher ainsi sur sa vie et d’ailleurs, bien peu étaient au courant de ces détails qu’elle dévoilait devant une femme qu’elle connaissait bien peu en définitive.
Son regard se fait doux alors qu’elle parle de Marie-Amelya, même si l’idée de la voir rattachée à Prudence ne lui plait guère ; mais il faut bien dire ce qui est : la jeune rouquine a été sous la tutelle de la berrichonne durant un temps, avant de la rencontrer et avant que cette dernière n’abandonne tout ce qui ressemblait de près ou de loin à une progéniture.


- Marie-Amelya…Oui, Prudence s’occupait d’elle avant de sombrer dans la folie. Hannibal et moi l’avons adopté…Je…

La main vient rejoindre la pierre froide et dure des remparts alors qu’elle s’apprêtait à avouer l’amour qu’elle portait à l’enfant. La tête lui tourne soudain et elle s’accroche in extremis pour ne pas tomber. Il faut croire que la fatigue l’aura finalement rattrapé.
Toutes ces nuits de garde auront eu raison de la santé vacillante de la femme alors qu’elle ferme les yeux en glissant contre la paroi, jusqu’au sol glacé. La nausée la prend, implacable, ce genre de nausée qui vous tord les entrailles, mais sans vous permettre de vider cette bile dérangeante. Et la respiration s’accélère, pour redescendre ensuite, et reprendre de plus belle.
On s’improvise médicastre, Comtesse ?

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Seleina
Bouche bée, la brune regarda choir la jolie rousse, puis, prit le même chemin en s'agenouillant à ses côtés, reflexe inné chez elle.

Elle la scruta, posa une main fine sur son front qui lui sembla brûlant, maugréa...


Bordel... On n'a pas idée... J'ai bien l'impression que la fièvre vous ronge Aldraien...
Ca fait longtemps que vous n'avez rien boulotté ?


Chassez le naturel et il revient au galop, c'est dans ce genre de moments où l'adrénaline vous vrille les cervicales que votre nature reprend ses droits. Et notre brune comtesse avait beau surveiller son langage chaque jour, il n'empêche que ce genre de situation avait comme effet sur elle de lui faire énoncer la plupart du temps un chapelet de jurons, parce que je ne sais pas vous, mais elle, ça la soulageait. Cependant, elle réussit tant bien que mal à maintenir le cap.

Sortant un quignon de pain de sa besace, elle en rompit un morceau et le tendit à la jeune femme, imposant d'une voix ferme :


Contre ce genre de mal, y a rien de tel que d'avaler quelque chose... Je n'l'ai pas inventé... Il m'a suffit d'écouter les cuisinières à la confrérie pour en être convaincue... Ca marche à tous les coups, ça va vous faire du bien... Mangez.
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Aldraien
Depuis combien de temps n’as-tu rien mangé de consistant, Princesse ? Depuis trop longtemps, bien trop longtemps. L’appétit était rare chez la trentenaire, et le peu qu’elle mangeait lui tenait rarement au ventre. Pas très en forme la Malemort…Doux euphémisme. Elle était censée manger pour deux, pour nourrir l’enfant qu’elle portait et elle-même ; au lieu de ça elle ne mangeait même pas assez pour une seule, autant dire que donner de l’énergie à son enfant était bien plus important que s’en donner à elle-même.
Il lui faut quelques instants avant que tout cesse de tourner autour d’elle et qu’elle prenne conscience de la question posée par la Comtesse, elle cligne des yeux lorsque la main se pose sur son front, se sentant repartir subitement une trentaine d’années en arrière, lorsqu’elle avait encore des parents pour s’occuper d’elle. Car la Malemort était orpheline depuis l’âge de huit ans, sa mère morte en couche alors qu’elle était âgée de deux ans à peine, son père assassiné six ans plus tard. Une vie mouvementée pour cette enfant qui n’avait que rarement connu la tendresse maternelle.


- Depuis hier, je crois…

Une journée entière qu’elle n’avait pas mangé, vous ne rêvez pas. Elle avait tant à faire, qu’elle en oubliait l’essentiel. La fièvre la rongeait, effectivement, signe qu’elle n’était définitivement pas remise, mais qu’y pouvait elle ? Il faudrait l’enchainer à son lit pour l’empêcher de bouger.
Tremblante, elle prend le morceau de pain. Elle n’a pas faim, mais le ton de la voix est impérieux, il ne laisse la place à aucun refus.
Fou ce que la brune pouvait lui ressembler lorsqu’elle voulait quelque chose. Comme une enfant, la Malemort prend le morceau de pain et l’ampute d’une bouchée sans appétit. Pourtant au bout de quelques minutes, les étoiles devant ses yeux disparaissent pour la laisser y voir plus clair. Un bon début, malgré les tremblements qui l’assaillent encore. Froid et chaud se disputaient la préséance dans le corps affaibli.
Pourtant elle se redresse, pour donner le change, elle s’accroche à la pierre glacée pour remonter.


- Merci…Ca devrait aller.

Menteuuuuuse ! Et en plus tu espères qu’elle n’y voit que du feu, alors que tu tiens à peine sur tes jambes, toi et ton gros ventre. Une buse, rouquine, voilà ce que tu es.
Il ne lui faut pas longtemps pour se rendre compte qu’elle n’a pas la force de tenir debout sans aide. Chose rarissime chez elle : elle va devoir admettre qu’elle n’est pas infaillible, qu’elle n’est pas immortelle ; si ce n’est pour elle, au moins pour sa progéniture. Sa fierté ne doit pas empiéter sur la santé de ce tout petit qui grandissait en elle, son tout petit.
Alors à contrecœur, à voix basse, presque honteuse, elle s’exprime faiblement ; bien loin de la femme sûre d’elle qu’elle peut être habituellement.


- Je…je crois que je vais avoir besoin d’aide.
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Seleina
C'est alors que l'impensable se produisit.

Oui... Des années que la brune s'entraînait à siffler et rien, pas même les deux doigts d'Atalante enfoncés dans sa bouche pour lui montrer la position n'y avait fait.
Un de ses plus grands regrets.

Mais cette nuit là, l'urgence de la situation, le fait qu'indubitablement la rousse procureur était par trop faible pour rester sur les remparts et qu"elle même ne pouvait décemment quitter son poste firent que :

Seleina réussit à siffler.

Pas le petit sifflement rikiki hein ? Non non, un vrai, un long sifflement aussi viril que celui qu'un Infirmier ou un Balzac auraient pu sortir de leur cage thoracique.

Un court silence s'en suivit, le temps d'encaisser la surprise d'avoir réussi là où elle avait maintes fois échoué... Et d'aboyer un ordre du haut des remparts des fois que quelques gardes, grands et musclés passent par là pour venir cueillir la Carsenac afin de l'emmener se reposer vers des lieux plus cléments, tandis que sa main glissait dans la sienne, en guise de réconfort.


A moi la garde !


(allez hop, il nous faut un ou deux soldats, ou milicien ou maréchaux par ici )
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Argawaen


De faction dans les parages le Dehuit de Malemort était presque en train de s'endormir lorsque l'on appela la garde.
D'un sursaut il se réveilla puis fila en courant en direction de la voix.
Il se demandait bien ce qu'il se passait, à vrai dire il s'en fichait, quelqu'un avait besoin d'aide et c'était son devoir de soldat d'intervenir.
Mais... Si ça se trouve c'était un piège ? Ne se posant plus la question il couru aussi vite que possible, sauf qu'avec son âge avancé il avait un peu plus de mal qu'avant le Arga. M'enfin il y parvenait quand même...

Lorsqu'il arriva à destination il vit sa cousine et la Comtesse, c'était une pièce de théâtre ?
Haussant les épaules il s'approcha puis inclina le visage.
Sa main, par réflexe était prête à dégainer son arme, regardant d'un coup oeil rapide la pièce il ne voyait personne de néfaste pour elles. Ca c'était déjà une bonne chose. Maintenant il fallait savoir le pourquoi du comment de cet appel...


Que se passe-t-il ?!

S'approchant de sa cousine on pouvait voir un regard inquiet de la part de l'homme. Bien qu'il n'avait pas d'affinité particulière pour elle cette femme faisait partie de la famille, alors elle avait droit à son attention.

VOUS ALLEZ M'DIRE OUI ?!

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Seleina
Soulagée, la comtesse ne se formalisa pas du ton péremptoire du vieux grigou ^^.


Vous tombez bien Argawaen...

Aldraien est trop faible pour assurer sa garde, elle vient de faire un malaise... J'aimerais que vous l'emmeniez avec vous. Les remparts ne sont pas un lieu pour elle. Peut être serait-il bon de faire prévenir son époux...


Se tournant vers la proc, elle ajouta :

Je crois qu'il serait préférable que vous vous laissiez faire et que vous réchauffiez vos membres et preniez soin de vous. Vos mains sont glacées.

Un sourire empli de sollicitude éclaira le visage de la brune.
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Aldraien
Il y a de ces privilèges dont on peut user voir abuser lorsqu’on porte la couronne de Comtesse. Parmi ceux-ci, le droit de faire rappliquer des gardes en deux-deux pour obéir à la moindre de ses demandes. Vous me direz, la Malemort également possédait une jolie garde qui lui obéissait au doigt et à l’œil, seulement elle ne la sortait que pour les grandes occasions et une garde sur les remparts n’en faisaient pas partie. Autant dire que pour le coup, elle était impressionnée par le sifflement de Seleina. Elle était bien incapable d’en faire autant. Fallait bien dire qu’elle avait la voix portante, et qu’il lui était rarement nécessaire d’avoir besoin de siffler pour se faire entendre.
La future maman commençait vraiment à avoir froid, si bien que les tremblements redoublaient tandis qu’elle était à nouveau au sol, incapable de tenir sur ses pattes. Il fallait bien qu’elle se raisonne : Il fallait qu’elle quitte son poste pour se reposer, ou elle ne passerait pas la nuit.

Et le cousin de débarquer sur son cheval blanc….enfin, non, mais presque.
Elle avait permis à cet homme de revenir à la Compagnie d’Ordonnance lorsqu’il en avait fait la demande, voulant se racheter de ses mauvaises actions passées. Il a voulu repartir de zéro, et c’est avec joie que la Malemort lui avait accordé ce droit. Il était parfois un peu cavalier dans ses paroles, parfois un peu bourru dans ses réactions, mais c’était un homme de bien, et sa présence à cet instant sur ce rempart le prouvait.
Il aurait très bien pu faire le sourd et ne pas venir, rester simplement à son poste sans rien demander à personne ; pourtant ce n’est pas ce qu’il a fait, alors on lui pardonnera son ton peu diplomatique et son côté ours.

Elle laissa Seleina expliquer la situation au Dehuit, lui serrant légèrement la main tant qu’elle le pouvait encore, elle angoissait légèrement de se retrouver seule et aspirait uniquement à retrouver la chaleur réconfortante de son foyer, les bras de son époux et ses soins expérimentés. Oui, la Malemort enceinte n’avait plus envie de champ de bataille, de sang, de bruits de ferrailles qui s’entrechoquent. Elle avait vécu assez d’événements sanglants dans sa vie pour souhaiter un peu de repos, au moins le temps de mettre son enfant au monde, et d’être une mère pour lui ; afin qu’il sache au moins qu’il n’est pas orphelin. Elle avait fait l’erreur avec sa fille ainée en Lyonnais-Dauphiné, ça ne se reproduirait plus.
Alors lorsque la Comtesse lui donna quelques conseils, elle acquiesça légèrement, toujours aussi peu habituée à tant de sollicitude de la part d’une personne dont elle n’était pourtant pas si proche que ça, et répondit d’une voix encore faible.


- Je crois mon cousin que je n’ai guère le choix…Aussi si vous vouliez bien me raccompagner…Je vous en serai reconnaissante, vraiment. Seleina…Merci.

Vous ne rêvez pas. La Malemort a appelé la Comtesse par son prénom ; chose rare au possible pour une Princesse plus qu’attachée au protocole. Mais après tout, qui irait le répéter en haut d’un rempart, en plein milieu de la nuit ? Cela resterait un secret pour tous, sauf pour le vent glaciale, la lune, et les trois personnes ici présentes. Autant dire qu’elle ne risquait pas de voir ce léger égarement divulgué. Tant mieux, elle n’en serait que plus sereine. C’est qu’il n’aurait pas été bon pour sa réputation que trop de personnes soient au courant que la trentenaire était en réalité une grande sensible.
L’Edenteuse devait rester aux yeux de tous une femme hautaine, froide, et sans aucun sentiment ; ça lui éviterait sans doute bien des problèmes à l’avenir.
Fallait bien être réaliste, plus on est méchant, moins y avait de soucis. Même si la méchanceté n’est qu’une façade, elle suffit à en arrêter plus d’un.

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