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[RP] La vie c'est pas d’la barbapapa

Lylla
La vie ce n’est pas d’la barbapapa
C’est pas toujours rose loin de là
La vie ça ne laisse pas pas pas pas
Des fils de sucre au bout des doigts

Elisa Tovati


Il avait fallut des mois, des lettres et un voyage,
Il avait fallu des blessures, au corps et à l'âme,
Il avait fallut des trahisons et des larmes,
Il avait fallu deux enfants et de l'espoir,
Pour que le jour se lève enfin et que l'horizon se révèle porteur de promesses... ou pas.

C'était un de ces matins brumeux, où la nuit ne veut pas lâcher ses proies, où les méandres de la vie, rejoignent les rêves dans un entre deux mondes qui vous laisse un goût amer et un sentiment profond de solitude.

Pour la première fois depuis bien longtemps, Lylla se trouvait enlisé dans ces marécages là, tourbières de sombres sensations qui semblaient vouloir vous anéantir en noircissant le plus aimable des tableaux.

Même Capucine devant l'isolement de sa mère avait pris la poudre d'escampette, cherchant dans les bras du géant le réconfort que les bras maternel ne lui ouvraient pas. Une étrange fièvre collait les mèches blonde au front de jeune femme, sueurs nocturnes que le jour ne parvenait point à dissiper, le froid ruisselant sur la peau claire avec une précision que le feu dans l'âtre n'arrivait pas à atteindre.

Sous les paupières closes les souvenirs revenaient à l'assaut.
Le père de Capucine lui tendant un fouet, la rose qu'il tenait à la main et l'ordre qui claque :
frappe moi !
Le refus, tout d'abord et l'ordre qui s'élève à nouveau, l’incompréhension qui monte au créneau et le regard d'émeraude qui se durci face à elle : Obéis !
Le bras qui se lève et les larmes qui coulent sans que le geste puisse s'achever et le rire moqueur qui la poursuit : Fais donc preuve d'un peu de cran. Frappe je te dis!
Le mouvement qui s'amplifie. Le fouet qui se lève et sa lanière qui claque mollement : Plus fort ! Montre moi que tu sais encore obéir...
La colère qui monte accompagnait d'une immense détresse et le bruit sec du premier coup qui s'abat : Plus haut, n'essaie pas de m'épargner, tu me fais honte.
Le menton qui se redresse, et le cuir qui vient mordre la hanche masculine, une fois... et puis deux.... et encore une troisième avant qu'elle ne s'effondre en larmes.
La rose qui vient rejoindre le fouet sur le sol, un main qui relève son menton, et des doigts qui balaient ses joues.

N'oublie jamais cela, les choses peuvent être trompeuses, aujourd'hui tu tenais le fouet et moi la rose, pourtant c'est toi qui souffre...

Les images s'estompent,le temps pique dans une distorsion qui ne lui est pas étrangère puis de nouveau des images.
Le visage d'une femme apparait, la boiteuse est là, Sorianne et son fichu caractère, Sorianne et son silence, Sorianne et cette façon bien à elle de se venger. Sorianne qui tient une rose en main...
Allégorie fantasmagorique d'un esprit perdu dans la tempête ou vision soudain limpide d'une situation qui lui échappe ?
Pourquoi cette douleur diffuse ? Pourquoi accepter depuis des jours le comportement puéril de la brune ? Pourquoi se sentir coupable d'une situation dans laquelle elle n'a rien à voir ?

Les paupières battent l'air et les prunelles apparaissent à leur tour. Les pupilles dilatées, doucement se rétractent et comme sortant d'un long tunnel Lylla regarde autour d'elle, un peu perdue. Puis lentement les choses reprennent leur place, sa décision est prise.

Cette situation doit cesser, elle ne la supportera guère plus. Il faut toutefois faire les choses dans l'ordre. D'abord une discussion avec Col, si cela n'arrange pas les choses allait trouver la brune et lui faire cracher son venin.

Un homme pour qui elle avait grande estime, celui qui durant de long mois serait un ami précieux, lui donnant des nouvelles du blessé, lui avait dit tout de go :
C'est cela que tu veux montrer à ton enfant ? Est ce les valeurs que tu souhaites lui transmettre ?
Ce jour là, elle ne pouvait l'oublier, puisque quelques heures plus tard, c'était Colhomban qui entrait dans sa vie.

Cet homme était en quelque sorte, le parrain spirituel de sa fille et il avait raison, Lylla ne voulait certes pas offrir à Capucine l'image d'une femme torturée. Non cela avait trop duré, au diable les enfantillages.

Quittant sa couche Lylla se fit monter de l'eau chaude, elle devait se préparer pour un drôle de combat, et elle ne tiendrait plus ni fouet, ni rose. C'est les main vides qu'elle ferait face à celle qui ne la considérait que comme une ennemie, à Colhomban de savoir s'il souhaitait se tenir à ses côtés ou pas.

Et advienne que pourra !

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Sorianne
Quant à la brune, elle en sortait de son baquet d'eau bien chaude. La nuit avait été froide et elle n'avait trouvé que cela pour réussir à se réchauffer. Tellement gelée, que la jeune femme en avait oublié de mettre le prix du bain sur la note de la Baronne qu'elle se refusait à nommer. Tout ce qui lui importait c'était de ne plus grelotter. Maintenant enroulée dans un drap, à sécher dans un lourd fauteuil près de la cheminée où brûlait un feu vif, elle jetait au feu boulettes de vélin sur boulettes de vélin. Elle avait envie d'écrire, de soulager un peu sa conscience et de raconter tous ses malheurs, mais à se relire, elle trouvait chacun de ses mots des plus ridicules. Puis pour les envoyer à qui donc? Au borgne? Pour se faire chambrer? Nulle envie... A la rasée? Pas sûre qu'elle sache lire... Vrai quoi, elle ne le savait pas ça tiens... La Fourmi était partie et elle ne savait trop où la trouver... Le Colosse? Au moins elle n'aurait pas de réponse, ne se ferait pas chambrer, et il n'y aurait plus nulle trace de ce courrier... Mais il n'en aurait rien à faire! En même temps, c'était bien ce qu'elle voulait... Mais il allait la trouver pitoyable... Donc : nouvelle boulette qui trouva sa place au feu.

La petite So ne savait plus que penser... Trop de choses se bousculaient dans son esprit et la mélancolie gagnait du terrain jour après jour. Obligée de nourrir sa fille avec du lait de chèvre acheté au marché, faute de l'avoir délaissé pendant un trop long moment... Nominoée, bien calée maintenant, s'était rendormie... De cela elle s'en voulait. S'en voulait aussi d'avoir accepté la proposition de Col... Les suivre... Elle avait bien dit qu'elle regretterait. Comme si les voir ensemble jours après jours n'était pas blessant... Nouveau courrier au feu tandis qu'un grognement rageux s'échappa de sa gorge. Elle n'y arriverait jamais, aussi laissa-t-elle tout tomber au sol tandis qu'elle s'enfonçait sous les moult couvertures qu'elle avait ramené avec elle, les remontant jusqu'à son nez. Il n'y avait plus guère que sa tignasse corbeau et encore mouillée qui dépassait.

Peut-être que Colhomban passerait voir sa fille dans la journée...? Peut-être qu'elle même aurait droit à un sourire...? C'était le jour des amoureux... C'était le jour de son anniversaire... Quel heureux jour que celui-ci... Elle en laissa échapper un petit rire jaune. Elle avait prit sur elle de ne rien offrir. Juste une petite rose de couleur parme qu'elle avait envoyé à sa petite soeur Lisbelle. Même si elle lui en voulait au possible, les moments où Col venait voir Nominoée étaient les seuls durant lesquels elle s'astreignait à être plus douce, et même a tenter des sourires. Pas forcément des plus réjouis, mais tout de même. Parce qu'elle s'en voulait également, n'étant pas étrangère à cette situation. Sisi, elle en était parfaitement consciente. Tout comme elle était consciente d'être responsable de la mauvaise ambiance qui s'instaurait lors des trajets. Mais de cela, elle s'en moquait éperdument. On lui avait demandé la paix, elle s'exécutait.

Bien au chaud sous la tonne de couverture la recouvrant, elle se serait presque rendormie! Mais elle préférait se replonger dans des souvenirs agréables pour ce jour. La nuit où il était venu la chercher, l'enlevant pour quelques jours loin des soucis... Périgueux, un baiser volé... Le soir où complètement démoralisée, elle était allée trouver le nobliaux dans sa chambre, et où il l'avait consolé de la plus agréable des façons... Périgueux et ses geôles... Et ce rat et ces gardes... Tss. L'orage à Bergerac, dans la cabane du pêcheur... Cette façon qu'il avait eu de la serrer contre lui quand elle le lui avait demandé il y avait à peine quelques jours...

La petite brune ouvrit les yeux... Autant arrêter là les souvenirs... Ils ne seraient plus... Elle était résignée, elle avait abdiqué devant le sort. Et il était hors de question qu'elle revienne à subir ce genre de choses. Elle était là. En amie s'il avait besoin. Il n'y aurait plus rien d'autre... Et même si la So le voulait, elle ne pourrait lui donner tout ce qu'il désirait... C'était mieux ainsi... Et c'était bien cela qui la chagrinait... Le fait qu'il serait bien mieux en compagnie de cette femme plutôt que d'elle...

Lasse, elle se leva, laissant retomber les couches qui la couvraient. Il lui fallait se vêtir... Quoi de mieux pour ce triste jour qu'une robe couleur deuil... Il lui fallait bien le faire... Le blanc cassé ferait ressortir la couleur jais de ses cheveux, et lui allait bien au teint, même un peu pâle en ce moment... Oui, elle allait faire ça... Puis enfermée encore et toujours dans son mutisme, elle irait peut-être prendre un repas léger, n'ayant étrangement pas d'appétit depuis quelques temps. Sans compter sa gorge trop serrée et la boule qui lui restait au creux de l'estomac...

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'ci Crok =)
Lylla
Des volutes de fumées s'élevaient du baquet où la jeune femme se détendait. Dans l'air flottait les fragrance de violette dont l'essence précieuse parfumée l'eau qui caressait la peau d’albâtre de la baigneuse. Dans l'âtre le feu avait été poussé, chassant par la même le moindre courant d'air propice à un refroidissement qui aurait été des plus malvenus.

La longue chevelure blonde fraichement lavée de la veille avait été remonté sur le crane de sa propriétaire, formant un doucereux coussinet d'or entre le bois et la tête qui se reposait langoureusement. L'onde dans laquelle elle s'était immergé avait eu l'effet bénéfique escompté, chassant les souvenirs de ses rêves éveillés, peu à peu Lylla rechargeait ses batteries et se préparait aux événements qui allaient suivre. Le savon courait sur sa peau, et son esprit en faisait autant.

Quand Col lui avait écrit, il était en souffrance et avait besoin d'une amie, une personne qui pourrait comprendre ce qu'il éprouvait, et qui mieux que celle qui avait vécut situation similaire et auprès de qui il pourrait s'ouvrir sans crainte ? Lylla était donc venu vers celui qui l'avait aidé à surmonter une situation des plus délicates, celui qui avait été son amant, son rêve, son rayon de soleil durant les quinze petits jours que la vie leur avait offert.

Où était le mal en cela ? Avaient ils fait souffrir quelqu'un ? Que nenni !
Rescapés d'un naufrage, ils s'étaient tout deux raccrochés l'un à l'autre, offrant ce qu'eux même aurait souhaité recevoir, tentant d'éloigner les masses nuageuses qui stagnaient au dessus de leur tête, se réchauffant l'un l'autre et regardant ensemble durant quelques jours le ciel bleu.

Est ce pour cela que la brune lui en voulait ? Parce qu'elle avait été présente au côté d'un Colhomban qui pleurait ce qu'il pensait être le décès de l'amour de sa vie. Parce qu'elle avait trouvé en lui une personne capable de comprendre la douleur causé par la perte de son fils. Parce ensemble, ils avaient réappris à sourire.

Lylla avait beau retourner le problème dans tout les sens, elle n'arrivait pas à comprendre. Un léger frisson érigea sur sa peau de fines gouttelettes tandis qu'elle se levait. Le ruissellement provoquait emportant avec lui les dernières traces de savon, le feu couvrant le corps dénudé d'une lumière orangée qui semblait transformer la naïade en or. Un soupir souleva la poitrine oppressée, l'ombre de ce galbe allant se refléter sur le mur derrière elle. Sous cette lumière les fines cicatrices qui marquaient son flanc et son épaule prenait une teinte irisé, comme si un artiste avait voulu donner une touche de beauté aux blessures barbares laissaient par la guerre.

Inconsciente de la sensualité enivrante qui émanait de ce tableau, Lylla s'enveloppa dans un drap et acheva de se sécher. Certes en venant rejoindre Col, sa fille et la mère de celle ci, elle avait bien en tête de ne pas dire non à la possibilité de revivre à ses côtés la plénitude des jours passés. D'autant que ses courriers au travers de ce qu'il lui livrait de sa relation avec la mère de Nominoë lui avait permis d'espérer retrouver cette joie simple d'être à ses côtés.

Mais si les choses semblaient claires pour lui, c'était loin d'être le cas de celle qui avait été sa fiancée. Et cela malgré leur dernière discussion il ne semblait pas en avoir conscience. Est ce que la brune elle même s'en rendait compte ? Ca elle en doutait fortement ! Nouveau soupir tandis qu'assise sur le bord de sa couche elle faisait remonter délicatement les bas de coton le long de sa cuisse avant de les fixer à l'aide de jarretière.

Enfiler la chemise, lacer le corset. Un œillet puis un second, tirer et continuer, créer ainsi au fil de ses mouvements, pour chaque globe laiteux, un écrin à sa gloire.

La brune l'avait d'entrée placé dans la couche de Col, lui donnant le titre de maîtresse. Il était temps qu'elle réalise que ce n'était point le cas ! Regard qui se perd un instant dans le vide. Oh certes le désir de sentir contre sa peau nue les mains de l'homme caresser sa peau, ses bras venir l'enserrer et la porter jusqu'à la couche qui connaitrait le paroxysme de leur plaisir n'était pas exempt de présence en son esprit. Mais de cela rien jusqu'à présent. Et quand bien même leurs sentiments, leurs rapprochements n'auraient demandé qu'à refleurir, comment cela aurait il était possible vu le vent glacial que la brune soufflait en permanence.

Un véritable antidote au bonheur la brune ! Bien loin de l'image de la jeune femme gai et plaisante que Col lui avait décrite. Ou elle avait profondément bien changé ou alors il été aveugle ! Ne dit on pas que c'est un des symptômes de l'amour après tout que de rendre aveugle ?
Le doute fit virer ses prunelles à l'obsidienne.

Sagement recouvert par des couches de tissus savamment coupé et assemblé, la blonde finissait de brosser sa chevelure d'un mouvement ample qui se suspendit à cette pensée... Col et Sorianne s'aimaient ils encore ? Se pouvait ils que les courriers lus et relus ne soient en fait que des appels au secours inconscient pour l'aider à sauver ce qui pouvait encore l'être... En l'espace d'une seconde elle revit son arrivée, les quelques mots échangés, les trop rares instants passaient en tête à tête, le silence, les retraits de l'un, le silence, la jalousie de l'autre et elle au milieu. Etrange triangle en vérité...

La brosse rejoignit la commode dans un claquement sec, de pâle les joues avaient repris une certaine couleur, Lylla ne sachant pas trop si elle devait se mettre en colère ou pas. Sa nature repris pourtant le dessus, l'incitant à se calmer avant d'aller retrouver le principal acteur de cette pièce qui oscillait en drame et comédie.

Une chose était toutefois certaine, elle n'admettrait jamais d'être encore une fois le dindon de la farce.

Debout devant la porte de la chambre de Colhomban, heureuse que Lupus est emmené Capucine se promener car elle ne savait absolument pas ce qu'allait donner cette entrevue, Lylla leva la main hésitante.

Une voix revint la hanter un quart de seconde Frappes moi, un peu de cran voyons !
Battement de paupière et profonde inspiration pour chasser, voix, rose et fouet avant de toquer à la porte.

Col ?
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Colhomban
Le plat du Limousin, un tapis blanc qui se déroulait aux pieds des deux cavaliers. Colhomban poussa un court soupir qui s’éleva en un nuage blanc. Son valet hocha la tête de concert, et tous deux talonnèrent leurs hongres, laissant dans le sol des empreintes qui furent vite effacées. Le brun était allé chevaucher une partie de la matinée en compagnie de Bingley. Une sorte de trêve dans le conflit silencieux qui couvait au sein de leur groupe. La campagne eneigée lui semblait un havre de paix en comparaison des derniers jours. Voyageurs bien moroses la plupart du temps, on sentait les non dits bouillir dans toutes les bouches depuis leur départ de Montauban.
 
A l’orée de la forêt qui leur faisait face, le nobliau se redressa sur ses étriers. D’un regard circulaire il embrassa les alentours où pas un son ne perçait. Lorsqu’il démonta pour prendre son cheval par la bride, ses bottes crissèrent dans la neige épaisse. Le bruit lui sembla tout d’un coup assourdissant et il s’arrêta là dans sa marche. Il était dangereux de s’aventurer en terrain inconnu jusque dans les sous bois, surtout à cette époque de l’année, où les animaux sauvages chercher une pitance facile à chasser.  Quoi de mieux qu’un homme fourbu et fatigué ? A regret, il flatta l’encolure gelée de sa monture, remonta en selle et lui fit faire demi tour vers Tulles.
 
Une douleur sourde commençait à poindre au creux de ses tempes. Il avait besoin de se réchauffer, de manger, et surtout de boire… La vie que leur menait Sorianne était infernale et il n’avait de cesse d’y penser. Comment Lylla vivait-elle cela ? Entre le mutisme de la brune, et l’extrême courtoisie de la blonde un feu couvait. Les messes basses échangées entre les hommes de main de la baronne ne calmaient pas l’ambiance, et il se sentait mis à l’écart bien malgré lui.
 
Ses pensées vaquèrent jusqu’à Sorianne. Où était passée la jeune femme si aimable qu’il avait connu ? Ils n’avaient droit qu’à un mur. Il voyait bien qu’avec lui elle s’adoucissait, se laissant tenter à un sourire aussi petit était-il. Mais avec Lylla… Une blizard n’aurait pas pu créer climat plus glacial... Il fronça les sourcils perdu dans ses pensées et fut ramener à la réalité lorsque les fers de son cheval claquèrent sur les pavés inégaux de la cité. Ils étaient arrivés… Sur qui allait-il tomber en premier ? La blonde amie aimante ou la brune éprise blessante ? Instinctivement, il rentra le cou dans ses épaules, rajusta sa capuche pour ne pas être vu des fenêtres de l’auberge et mena son canasson jusqu’à son box. Il étria les flancs de la bête quelques minutes et attendit que son valet les desselle avant de rejoindre la salle principale de l’établissement. Là, nulle trace des deux jeunes femmes. Les meubles étaient encore à leur place et la vaisselle semblait intacte. Rassuré par l’inventaire sommaire qu’il venait de faire il se dit qu’un bain chaud chasserait l’engourdissament qu’il ressentait. Quelques mots furent glissés à Bingley qui s’enquit avec beaucoup de zèle de réaliser les désirs de son maître. Moultes courbettes plus tard Col était débarassé de son –parfois– trop pesant laquais, tout avachi sur un lit bien moelleux il continua de penser.
 
Lorsque Sorianne était venu lui demander pardon à Montauban il avait lu un grand désarroi dans ses yeux ce qui l’avait poussé à lui rendre l’étreinte qu’elle lui demandait. Une façon pour lui de s’excuser, d’accepter son repenti et de finir ce chapitre compliqué. Il savait bien qu’il ne l’avait pas préparé à cette rupture. Et à vrai dire il lui avait fallu beaucoup de courage pour trouver les mots et les prononcer. Mais ils n’étaient plus qu’un reflet de ce qu’ils avaient été, et entre eux il y avait trop de « secrets ». Le brun sentait bien que quelque chose pesait sur le cœur de la jeune femme, mais aucune de ses tentatives pour en discuter n’avaient abouti. Il avait essayé de la pousser à bout, refermant l’huitre qui lui servait alors de compagne.
 
Oui il avait abandonné. Il avait baissé les bras. Il avait failli à une promesse qui lui avait faite de longue date. Mais sans son aide, sans une main tendue de sa part il ne pouvait pas la sauver. Du moins pas éternellement. Il l’aimait, et pour lui c’était normal. Le couple de périgourdins avait vécu bien des années ensemble et on ne pouvait effacer une relation si profonde d’un mouvement de la main comme on chassait les mouches. Cependant, Lylla était bien là, concrète, vivante, désireuse, et proche. Si proche. Un frisson parcourut l’échine de l’homme qui roula sur son flanc.
 
De nature timide Colhomban se sentait téméraire rien qu’en prenant la blanche main de la baronne, pourtant un désir bien plus fort l’aurait emporté le premier soir où il l’avait serré dans ses bras. Etre un gentilhomme se travaillait... Il fit la moue et repensa à ses retrouvailles avec Sorianne : en 8 mois de temps la brune n’avait pas une seule fois ouvert sa couche à son fiancé. Etait-il devenu laid ? Il tâta doucement le bandeau qui lui cachait son œil tuméfié.
 
Court soupir.
 
Non… Il ne devait pas se remettre en question. C’était de sa faute. Uniquement de sa faute à elle. Il grogna et se leva en entendant Bingley revenir avec les bacs d’eau chaude, râlant à son habitude sur l’aubergiste qui pestait contre ses clients trop propres. Son bain fut coulé, et après avoir chassé son valet qui mettait un peu trop de temps à sortir de la pièce Col se glissa dans l’onde brûlante. Un sourire satisfait étira ses traits. Que c’était bon…
 
Lylla… Lylla… Une fleur fragile. Une fleur qui lui ressemblait. Son sourire s’élargit. Il avait toujours pris plaisir à discuter avec elle, et sa retenue vis-à-vis de la situation démontrait bien à quel point elle savait se montrer tempérée. C’était agréable, et cela annulait l’impulsivité dont pouvait faire preuve l’autre demoiselle… La blonde avait souvent occupé ses pensées ces derniers mois. La rupture avec Sorianne était peut-être consommé depuis le jour où il l’avait retrouvée… Il se gratta la tête réfléchissant à cela. Peut-être qu’inconsciemment il avait mené son couple à sa perte pour être auprès de la champenoise qui lui avait ravivé l’âme… Au fond de lui, un picotement s’accrut et finit par venir chatouiller ses entrailles. Le rouge aux joues il ramena ses genoux sous son menton.
 
Le nobliau avait bien et bel l’impression d’être tombé amoureux…
 
Un bruit sourd le tira de sa rêverie.

Col ?
 
Arthur Bingley ne pouvait décidémment pas se passer de sa personne !
 
Entrez ! lâcha-t-il avant de retomber dans l’eau savonneuse jusqu’au cou s’attendant à ce que son domestique vienne lui frotter le dos.
 
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Lylla
Debout devant la porte, la jeune femme ne savait ps ce qu'il se passerait une fois qu'elle l'aurait ouverte. Dans sa poitrine son coeur s'emballait, harcelait par la malédiction qui lui courait après, Lylla avait peur de s'engager sur certains chemins, la vie lui ayant donné de rudes leçons.

Darkfab et leur enfant qui avaient rejoint les étoiles, nombres d'hommes dont elle préférait oublier les noms et qui s'étaient joués d'elle et de sa naïveté. Demetrio parti avec une autre, le père de Capucine retourné dans les bras de son épouse. Un serment au clair de lune qui s'était évaporé au levé du jour et jusqu'à François, qui avez préféré la réclusion chez les moines après l'avoir demandé en mariage.

N'allait elle pas encore commettre une erreur en frappant à cette porte ? Ne ferait elle pas mieux d'attendre encore et de laisser faire les choses ?
Non !
Totalement indépendante, sa main pris elle même la décision, ne lui laissant plus la possibilité de faire marche arrière. Toute sa vie elle avait attendu, c'était pliée au choix des autres, aux convenances, aux devoirs, il était temps de changer.

Les coups portaient à la porte avaient raisonné étrangement à ses oreilles. Il lui fallut ce bruit pour prendre pleinement conscience à quel point elle avait changé ! Oh elle resterait toujours Lylla, ceux qui la connaissait ne pouvait en douter, mais les autres se rendraient compte que l'opinion toute faite qu'ils pouvaient avoir sur elle ne correspondait plus à la réalité.
La jeune fille malléable s'en était allée, laissant place à une jeune femme qui ne demandait qu'à s'épanouir.


Entrez !

Son coeur manqua un battement, un léger vertige vite dissipé l'a pris. Elle y était... C'était le moment de pousser la porte et d'entrer dans cette nouvelle vie qu'elle avait choisi en quittant la Champagne.
Le besoin de se sentir plus sûre d'elle, d'ancrer cette réalité en elle, poussa la blonde à s'emparer d'une des roses présentes dans un joli bouquet sur une console du couloir. Tige coupée d'un coup sec, fleur délicieusement odorante piquée dans ses cheveux au dessus de son oreille, main posée sur la poignée de la porte, Lylla respira un bon coup et comme pour la pousser à entrer au plus vite, le hasard fit apparaître ce cher Bingley en haut des escaliers.

Bonne Mère, si elle n'entrait pas à l'instant, il serait bien capable de lui interdire l'accès, un sourire et un clin d'oeil plus tard et la porte se refermait au nez du valet qui n'avait plus d'autre choix que de monter la garde devant la chambre.

Le petit tour qu'elle venait de jouer au valet lui avait donner le sourire.

Bonjour Col, désolée de te d.... Délaissant la porte, la blonde reprenait son inspiration pour se lancer dans un début d'explication quand en se retournant elle embrassa toute la scène du regard et ce qu'elle vit la stoppa net, la transformant en carpe en l'espace d'une seconde !

La pièce respirait la présence masculine si peu habituelle à la blonde. Sur une chaise les vêtements avaient été soigneusement plié, la température du lieu s'approchant à peu de chose près de celle de sa chambre quelques moments plus tôt, et pour cause !
Devant la cheminée, trônait un grand baquet et dans celui ci, un homme... et pas n'importe lequel non, sut été trop simple ! Pas possible de jeter un Oups excusez moi, il y a erreur.
Nonnn bien au contraire, les cheveux brun qui balayaient le bois humide, le torse nerveux et tout en puissance, et ce visage que la vie avait abimé et qui ne lui en était que plus cher... Col qui dans toute sa virilité levait son regard vers elle.

De carpe la blonde se transforma en poisson rouge !!! La couleur de ses joues d'abord qui passèrent du rose assortie à la fleur plantée dans ses cheveux, pour virer à la tomate en cours d'épanouissement, pour finir aux pétales de cette fleur des champs qu'était le Coquelicot.
Et du Carassius elle n'avait pas que la couleur, non cela aurait été trop facile, non mais voilà qu'elle en avait aussi cette gestuelle bien caractéristique qui consiste à ouvrir et à fermer la bouche sans qu'un seul son ne franchisse ses lèvres !

Une goutte minuscule de sueur qui glissait le long de sa colonne vertébrale, aida la blonde à retrouver ses esprits, malgré l'envol de papillon lâchés dans son ventre qui firent naitre en elle de bien étranges sensations.
Ne pas fuir, surtout pas ! Après tout même si celui ci était particulier, elle n'était pas une oie blanche et avait déjà vu un homme nu. Oui mais alors pourquoi cette tension dans sa poitrine ? Et cette chaleur si douce qui l’envahissait alors qu'elle se dandinait ridiculement d'un pied sur l'autre...

Se pouvait il qu'elle soit vraiment a.... Haaaa ne pas penser à ça ! Ne pas passer pour plus idiote encore !


Excuse moi, je crois que je suis.... que je t.... Oh seigneur comment avait elle pu se mettre dans une telle situation ! Tourner ses yeux qui revenaient sans cesse vers lui, tourner aussi sa langue dans sa bouche, mais non pas la sienne à lui, la sienne à elle ! Pour ne pas dire de bêtise ! Serrer ses mains l'une contre l'autre, et très fort ! Des fois qu'elles recommencent à agir toutes seules !

Je crois que je tombe mal ! Et voilà débitait d'un seul trait certes, mais au moins elle s'était jeté à l'eau. Et pas dans celle du bain hein, enfin pas encore tout du moins...
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Valafein
Pendant que la baronne entrait dans la chambre du messire, son garde du corps et intendant (et bien plus encore) la surveillait adossé à l'angle du couloir. Un léger sourire se dessina sur son visage quand il l'entendit parler. Dans quelle situation sa patronne s'était-elle encore fourré ? Il eut presque envie de la suivre pour accentuer le comique de la situation. Mais il s'abstint, la situation était déjà assez tendu dans le groupe, il n'allait pas la dégrader encore plus. De plus sa patronne semblait capable de se défendre face à une tel situation.

Il tourna donc les talons et entrepris de descendre... quand une petite bouille blonde vint se cogner dans ses jambes.


_ Capucine... S'exclama l'hidalgo. Tu sais à peine marcher et tu veux déjà courir ? Sois plus prudente...

_ Ze Fait c'que zveux... d'abord... Répondit la petite fleur de la baronne, en tirant la langue.

_ Oh vous le prenez comme ça votre grâce... Dit en fronçant les yeux l'espagnol, un sourire carnassier aux lèvres, en s'emparant de la demoiselle.

La soulevant comme une plume, il commença à la chatouiller.


_ Alors ma petite princesse ? On se rend ? Questionna-t-il l'enfant hilare.

_ ha ha Zamais !

_ Ah, tu tiens bien de ta mère, ça y a pas de doute. Dit-il en arrêtant de la chatouiller et en la prenant correctement dans ses bras.

_ Est où maman ?

_ Occupée ma petite. Des histoires de grande personne, tu ne pourrais pas comprendre.

_ Pourtant ze comprends tes histoires... et tu es grand...

Valafein retint son rire, et doctement répondit.

_ Ce n'est pas une histoire de taille... la grandeur peut aussi se mesurer dans la tête, il lui tapota doucement le front, mais aussi dans le coeur... Il posa sa main sur le coeur de la petite.

_ Alors pour le coeur, maman, tonton lupus et toi, z'êtes les plus grand du mooooonde ! S'exclama la petite en faisant de grand geste de ses petits bras.

Valafein explosa de rire, et fut bientôt imité par la petite.


_ Tu as raison Capucine, mais dans ce cas, la plus grande c'est... Il laissa la question en suspens.

_ Maman ! Répondit fièrement la petite.

_ Bonne réponse. Sourit l'hidalgo. Allez viens, on va manger un petit peu.

_ Z'aurait une histoire ensuite ?

_ Bien sûr. C'est quelque chose que je ne puis te refuser.

_ Chouette !

La petite se serra fort contre lui, et Valafein fut heureux de sentir la chaleur de ce petit coeur contre le sien. La vérité sort de la bouche des enfant dit-on. Et c'est vrai... le plus grand coeur que puisse connaître l'hidalgo est celui de sa patronne... de sa dame... Lyla Cardinal d'Eirbal.
Sorianne
La tenue est choisie avec soin. Elle veut bien présenter aujourd'hui. Ne serait-ce que pour ce jour anniversaire. Il lui fallait bien se faire ce petit plaisir après tout. Bas, chaisne fine, robe écrue et surcot à peine plus claire dessus... N'avait-elle pas annoncé cette journée comme étant un jour de deuil? Les lacets furent noués avec soin. Elle prenait son temps, n'ayant rien d'autre à faire de toutes manières, et il lui fallait aussi attendre le réveil de sa fille pour aller se nourrir un peu... La So prit donc son temps pour se coiffer. Une mèche fine à droite, la même à gauche, et elles sont nattées avec un ruban de la même couleur que la robe portée. Les deux tresses finirent par être liées ensemble à l'arrière de la tête et la noiraude s'observa, silencieuse...

Machinalement le pouce vint caresser le poignet opposé, suivant le contour de la marque s'y trouvant... Blasée...? Non... Autre chose... Elle ne savait comment appréhender tout ce qu'il se jouait là. Sans doutes était-ce un cauchemar... Peut-être allait-elle se réveiller? Nominoée se mit à babiller, faisant sortir la brunette de la rêverie dans laquelle elle se trouvait plongée. Les bracelets de cuir furent passés, noués et la mère alla chercher le bébé avant d'entamer la descente vers la pièce commune de l'auberge....

La tête basse, So ne chercha pas à observer la porte de la chambre occupée par celui qui était son fiancé, et elle descendit sans mots dire, la fillette sur la hanche abimée. Arrivée en bas, elle ne manqua pas remarquer la présence d'un des hommes du groupe, en compagnie de la fille de la Baronne. Qu'elle image avait-elle? Comment la voyaient-ils? S'ils savaient... Elle même ne se reconnaissait pas. Plus que l'ombre d'elle même. Mais elle sentait que même en faisant tous les efforts possibles, elle n'arriverait pas à être celle qu'elle était en réalité... Nul mot, la jeune femme alla se servir en pain avant d'aller s'installer, sa fille sur les genoux, tournant le dos à ceux qui se permettaient peut-être de la juger sans savoir...

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'ci Crok =)
Valafein
Occupé à raconter une histoire à la petite Capucine, Valafein entendit et sentit plus la dame descendre les escalier et les rejoindre dans la salle commune. Il n'avait pas encore eut l'occasion de discuter avec elle, et il ne connaissait que son nom. Elle semblait avoir fait un effort vestimentaire, comme pour fêter une grande occasion. Cependant, l'expression de son visage ruinait énormément l'effet escompter.

L'hidalgo, voyant qu'elle avait un enfant avec elle, y vit une opportunité d'engager la conversation. Prenant Capucine dans ses bras, il se dirigea vers elle.


Excusez-moi, dame Sorianne ? J'étais en train de raconter une histoire à Capucine. Voyez-vous, je suis conteur de légende. Peut-être que votre fille et vous même voudriez en profiter ?

Il lui adressa un large sourire, tout en attendant sa réponse et en espérant qu'elle accepterait, ne serait-ce que pour ce changer un peu l'esprit.
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