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[RP] Demandez le programme !

.mahaut.
- YOUHOUUUUUUUU !

La brune s’agrippa à un poteau et, prise par l’élan, tournoya autour. Elle souleva ensuite le bas de sa robe, faisant apparaître des talons aiguilles noirs (deuil royal oblige) mais avec de jolis reflets irisés roses (résultat des travaux de 15 artisans parisiens et de fournisseurs de pigments en lien avec l’Orient le plus lointain et le plus onéreux). Elle claqua lesdits talons sur les pavés et relâcha ses jupons avant de les relever et de trépigner de nouveau.
Derrière elle, des chausses en cuir tout à fait banales attendaient sans bouger.


- Ça y eeeeeeeeeeest !
- Quoi ?
- Des mois qu’on attendait ! Aristote ce qu’on s’ennuyait ! J’ai failli dépérir vous savez.
- Je sais. Vous me l’avez répété tous les jours des derniers mois.
- Pile quand je commençais à envisager de me taire… Eh ben non ! PAF ! C’est reparti !
- Quand je dis que le ciel m’en veut. Bon mais on fête quoi cette fois ? Une nouvelle robe de Jean Paul Gotte Hier ? Une entrevue avec un Prince célibataire ? L’ouverture d’une nouvelle boutique ?
- Mieux que ça ! Presque mieux, quoi. Vous avez vu une nouvelle boutique ouvrir ?
- Non. C’est quoi alors ? Le printemps ?
- Les électioooooooooooooons !
- Ducales ? Vous vous y intéressez ? Pourtant on n’est pas d’ici alors je pensais que…
- Royales ! La reyne est morte ! Youpiiiii !
- Chuuuuuuuuuuuuuuuuuut !


Paniqué, il posa sa main sur la bouche de la brune en surveillant la rue. Le léger coup pris dans les parties molles lui fit rapidement lâcher prise.

- Hmmm… Ne criez pas youpi en parlant de la mort de la Reyne, ça peut être dangereux.
- Mais personne l’a tuée, celle là !
- Oui mais quand même. Ça fait mauvais esprit.
- Pfffff… Entre nous, ça fait des limousins en moins hein.
- Je ne vois pas en quoi il faut nous réjouir.
- ‘videmment. Vous voyez rien, vous êtes limousin.
- Elle était très bien.
- Vous la connaissiez ?
- Pas personnellement, non, mais elle était notre Souveraine alors… Nous lui devons le respect.
- Holalala… Ecoutez-vous… Genre « elle était si gentille avec les mamies ».
- Nullement. Plutôt « elle savait prendre des décisions dans un contexte difficile ».
- Mes fesses, ouais. Crier « Ah ouais ?? Ah ouaiiiiis ? Ben alors c’est la guerre !» tout le monde peut le faire hein.
- Chuuuuuut enfin ! Vous n’avez aucune idée du contexte de l’époque ! Vous ne vous intéressiez à rien sinon à votre deuil à l’époque.
- Vous noterez que j’ai causé moins de morts, du coup.
- Tsss.


La brune retapa sa coiffure et avança dans la ruelle, regardant les enseignes en plissant les yeux. Le limousin se redressa tant bien que mal et lui courut après.

- Où allez-vous tudieu ?! L’endroit a l’air très mal fréquenté ! Il n’y aura pas d’artisans joaillers dans le coin, mieux vaut retourner vers le centre.
- Moule mouillée.
- Poule !
- Où ça ?
- Nulle part ! Qu’est-ce qu’on fait ici enfin ?
- Je vous l’ai dit ! C’est les élections !
- Oh. Non. Pas ça.
- Siiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
- Non non non non non non.
- SIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ! On va les commenter !
- Nononononononononononononononon.
- Avec des gens du peuple !
- Ohnonohnonohnonohnonohnon.
- Sisisisisisisisi !
- C’est une excuse pour aller boire avec des poivrots, ça !
- Absolument pas ! Il nous faut prendre le pouls de la société. Donc on va dans les endroits vitaux.
- Les tavernes pourries. Génial.
- Comme vous le dites !


Elle poussa une porte crasseuse d’un coup de coude joyeux.

- Messieurs ! Tournée générale !
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.mahaut.
- Bon, qu’est-ce qu’une jolie p’tite dame comme vous vient faire toute seule par ici, dites-moi ?
- Sympa pour moi. Faites comme si j’étais pas là.
- On s’promène ?
- Oh non, je suis ici de façon très sérieuse. J’ai de l’argent à dépenser en achats futiles.
- En quoi ?
- Robes, bijoux, petits trucs chichiteux dans de grandes assiettes et hors de prix, tout ça.
- Et vous pensez trouver ça ici ?
- Hé, sur ça, elle a p’t’être pas tort hein ! Passque le plat de navets à 8 écus à mon sens c’est quand même d’la belle arnaque !
- C’est pas d’ma faute si les prix au marché flambent bon dieu !
- Ouais ouais. Faites pas attention, Gérard et l’patron, y’s prennent toujours le bec.
- NON MOSSIEU !
- Par contre, j’connaissais point, mais j’dois dire qu’le mot chichiteux, ça va bien avec tes portions.
- RET’NEZ MOI LES GARS !


La brune avait regardé attentivement tous les habitués de la taverne tout en écoutant le début de conversation. Parfait, l’endroit était parfait. Elle ôta donc sa cape, la plia soigneusement et la balança moins soigneusement à Anatole qui se la prit en pleine tronche. Tandis que les hommes la regardaient bouche bée s’installer à une table, elle leva la main. Le silence se fit.

-Euh… oui ?
- Messieurs, c’est le ciel qui m’envoie vers vous aujourd’hui.
- Ah bon ?
- Ca doit vous faire du ch’min…
- Tais-toi, Marcellin, laisse parler la dame.
- Figurez-vous que j’étais en grande angoisse et que je cherchais de l’aide.
- Y’a quelqu’un qui vous a piqué un truc ? ça fait 2 jours que les gens s’font piquer des couteaux au marché y paraît.


Anatole s’approcha et s’installa sur un petit tabouret en jetant un regard lourd à la brune. Habillée en vicomtesse ou pas, elle restait une faucheuse compulsive.
Pour l’heure, elle prenait plutôt l’air d’une pintade, yeux grands ouverts, mimant la panique pour centraliser l’attention.


- Mais c’est dangereux ! Je me sens si seule, si fragile… Depuis la mort de mon époux, voyez-vous, je n’ai plus d’homme à qui me confier.
- Sympa pour moi, merci encore.
- Je me sens… démunie, c’est le mot. Comment pourrais-je vivre dans ce monde sans avis éclairé ? On me demande des choses alors que je n’y connais rien !
- C’est pas d’vot’faute, m’dame, vous êtes une femme.
- Exactement ! Tenez, on nous demande de choisir un nouveau Roy ! Mais ciel ! Comment pourrais-je choisir ? Seul un homme saurait trancher et prendre une telle décision.
- Ben déjà faut pouvoir voter. Vous êtes noble ?
- Vicomtesse, oui. Et baronne. Et dame. Et veuve. Mon pauvre époux, mort si jeune…
- Oh, pleurez pas m’dame ! ROGER ! Bon d’là tu vas nous la servir cette tournée ou t’attends qu’Marcellin apprenne à marcher avec les talons d’la dame !
- Hé ! J’les r’garde juste parce qu’ils sont brillants !
- Faites pas attention m’dame. Marcellin, des fois, il perd un peu la tête.
- C’est pas vrai !
- Siiii. Comme à la foire le mois dernier, quand t’as voulu t’déguiser en fille. Sauf que tu voulais plus enl’ver l’déguisement.
- Mais j’vous dis qu’j’retrouvais pas mes affaiiiires !


L’affaire lui échappait. Il fallait qu’elle reprenne le contrôle de la discussion. Elle s’arrima à la chope qu’on déposa devant elle, la souleva pour trinquer et la but d’un coup avant de poser une bourse pleine d’écus brillants sur la table.
Silence général.


- Et… comment qu’on peut l’aider la p’tite dame ?
- Oh, je ne voudrais pas vous embêter…
- Allons allons ! On a l’temps ! Pis on peut pas laisser une p’tite dame comme vous en détresse !
- Pas dans mon établissement !
- Pis t’as vu un peu ses bourses ?


Silence général.

- Non mais celle sur la table, là.
- Marcellin. Ferme-la.


Elle sortit des papiers de son sac à mains à motifs et les posa pêle-mêle sur la table.

- Voyez-vous, je dois choisir parmi tous ces prétendants au trône. Et je ne sais comment faire.
- Ben, connaissez la courte paille ?
- Oh nooooon, mon éducation noblissime m’interdit de faire reposer sur le hasard un choix si important pour le royaume.
- Ben les fléchettes alors.
- Vous en avez ?
- Nan, j’les ai r’tirées, les gars arrêtaient pas de s’viser avec, ça d’venait malsain.


Elle soupira.

- Ben sinon, choisissez le mieux.
- Oui mais comment savoir ? ils parlent mais comment juger s’ils sont honnêtes ? Je n’oserai pas utiliser ma cervelle de femme pour cela.
- Noooooon, z’avez raison, laissez. On va l’faire nous.


Elle sourit intérieurement. L’affaire était lancée. Derrière elle, on entendit un petit soupir.

- Hé, Roger, ferme la porte ou r’fais l’joint, y’a du vent qui passe, j’l’entends siffler !
- Non, c’est moi. Toujours. Ça fait plaisir de voir que vous me prenez en compte.
- Naaaaan mais j’ai commandé une nouvelle porte au menuisier mais tu l’connais, y r’pousse tout l’temps l’ouvrage !
- Ben si c’est qu’ça, on va t’le refaire nous !
- Ouais, avec tes navets !
- Bon d’là, j’t’avais dit d’te taire toi avec ces navets !
- C’est vrai c’est une mauvaise idée. Avec les portions qu’il sert, on boucherait à peine le chambranle.


Et tout en discutant, ils s’installaient autour de la table et s’emparaient des programmes des candidats.
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.mahaut.
- Alooooors… D’abord y’a Eufaias.
- Eusaias.
- C’est un s ? On dirait un f.
- Non non c’est un s. Promis.
- Qui c’est qu’écrit comme un pignouf ?
- C’est moi, merci beaucoup.
- Qui ?
- Hmpff.
- Messieurs, pour l’instant, Eusaias révéré du plus haut des cieux n’a pas l’argent nécessaire. Laissons-le de côté.
- D’accord.
- Vous le connaissez ?
- Qu’est-ce qui vous fait penser ça ?
- Chais pas, j’ai cru. Bon, alors, après y’a… ICIE.
- Mouahahahah.
- Quoi ?
- Ben elle a un nom marrant. Elle est pas là bas, elle est ici.
- Ha ha ha !
- ]Bon, et elle dit quoi ?
- Attends je regarde.
- C’est marqué où ?
- ICIIIIIIE ! Mouahahahahah.
- Merveilleux, merveilleux, c’est important pour un souverain de savoir déclencher l’allégresse chez ses sujets.
- Nan pis c’est pratique, imagine : « Elle est où la Reyne ? »
- ICIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIE !
- Mouahahahahah !
- Alors, je lis. « Notre Royaume est uni dans notre cœur. »
- Où çaaaaa ?
- ICIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIE ! Bon dieu, j’nous r’ssers.
- Donc, l’unité dans notre cœur. Pas gagné.
- Ouais. Ben j’ai pas grand-chose à dire, moi j’le connais pas bien l’royaume, j’ai pas trop bougé.
- Pis vues les dernières guerres, il m’a pas l’air si uni qu’ça, chacun veut s’faire la malle.
- « Nous le voulons puissant, tourné vers le progrès. Nous le voulons en paix pour que son essor soit aussi le votre. »
- Son essor ? Qu’est-ce que c’est ?
- J’imagine que c’est un truc sur le linge. C’est un truc de femme, ça.
- Ah ouaiiiis, ma femme veut qu’j’l’aide des fois, à tordre les draps.
- C’est vrai que pour ça faut être puissant.
- Par contre on peut l’faire en temps d’guerre, j’l’ai déjà fait. Elle s’est plantée, là.
- C’est vrai. Elle est pas au courant des trucs d’ici.
- ICIIIIIIIIIIIIIIIIIIE !
- Mouahahahah !
- « Nous le voulons sage envers tous parce que c'est avec vous tous qu'il se construit. »
- Ah va falloir rester sage.
- On aura des images ?
- Chais pas, on dirait qu’elle a des projets d’aménagement.
- C’est les femmes, ça, faut toujours qu’on abatte un mur pour agrandir la cuisine, un truc dans l’genre.
- « Nous le voulons juste parce que son harmonie ne nait pas dans les ranceurs. »
- Les quoi ?
- Je lis « ranceurs ».
- Ah ouais, comme le goût des navets, des fois. Ils sont pas hyper harmonieux. Rances, quoi.
- Tu sais c’qu’ils te disent, mes navets ?
- « Nous le voulons à l'écoute des différences pour que le progrès naisse d'idées nouvelles. »
- Ah. Faudra écouter et rester sage tout en construisant des trucs progressifs pour agrandir la cuisine.
- En attendant les idées nouvelles.
- Où ça ?
- Iciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie !
- Mouahahahahahahah !
- Qu’est-ce que cela vous inspire ?
- Oh, c’est pas bon, ça. Va falloir faire plein d’trucs, on n’aura pas une minute à nous, et on va s’faire gueuler d’ssus si on parle et on s’ra punis en bouffant des navets. Non, non, c’est pas bon, ça, m’dame, faut pas voter pour elle hein ?
- Bon, je vais sagement vous écouter. Je repose son programme.


Un petit silence.

- Ici.
- MOUAAHAHAHAHAHAHAH ! Allez, tournéééée !

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.mahaut.
Les programmes des candidats commençaient à se gondoler, soumis aux projections de gouttes de bière venues de tous côtés. Le feu de cheminée entretenait une chaleur agréable, et les corps commençaient à s’affaler sur les fauteuils. Il fallait reprendre des forces dans la bataille.

- Messire le tavernier, auriez-vous quelque chose à grignoter ?
- Qui donne pas de ranceurs, si possible.
- Gnagnagna. J’dois avoir des p’tits pains au fromage de chèvre.
- Merveilleux ! Louée soit votre disponibilité !
- Elle vous en prie.
- Bon, hé, on r’garde les autres, là, j’suis lancé, moi !
- ICCCCCCCCIIIIIE !
- Gérard, stop.


Le plat de petits pains posé au centre de la table, chacun se concentra tout en mâchonnant.

- Nous avons maintenant le programme de Princesse Laure.
- Héééé si elle est déjà princesse ça vaut pas ! C’est d’la triche !
- Comment cela ?
- Ben si elle est d’jà d’la famille, elle a d’jà des appuis, voyez, c’comme si j’participais au concours du plus beau bœuf alors que c’est mon beau-père qu’est dans l’jury.
- Quelle magnifique comparaison ! Mais en l’occurrence, je ne crois pas qu’elle soit déjà princesse.
- HAN ! Alors elle ment ! Elle va s’faire défoncer par l’héraudistrerie.
- Comme vous le dites. Enfin, vu le temps de réaction de l’hérauderie en général, elle a encore toutes ses chances. Voyons son programme. Vous êtes prêts ?
- ICIIIIIIIIIE !
- Gérard, bon d’la !
- Merveilleux. Je lis. « J’ai encore rêvé d’elle… »
- JE RÊVE AUSSSIIIIIIIII !
- Heulaaaaa !
- Pardon… C’est v’nu tout seul.
- Elle est amoureuse d’une fille ?
- Je ne sais pas, en tous cas c’est très intriguant. Poursuivons. « Je fais souvent ce rêve étrange en ce moment… »
- Houlaaaaaaaaa, elle rêve d’une fille toutes les nuits, chais pas si m’sieur l’curé appréciera trop la chose.
- Lui chais pas mais moi, ça m’tente bien.
- « Peut –être car je n’ai que cela à faire… »
- Oh. Mince.
- Quoi, mince ?
- Ben elle est dans un bordel, manifestement. Si elle a que ça à faire, hein…
- Ca s’fait d’élire une prostipute ? J’veux dire, reconnue ?
- Hmm. Je l’ignore. « Sans doute car bon nombre de ma famille se sont trouvés en guerre…
Sans aucun doute des vôtres aussi … Nos moitiés… Nos enfants… Un trop grand nombre de proches ! »
- Elle veut qu’on couche avec nos proches ??
- Naaaaan ! Elle dit qu’elle est au bordel parce que sa famille est morte. Et sans doute qu’elle savait pas travailler alors elle a pris ça.
- Ben même au bordel elle a intérêt à savoir travailler, faut avoir du cœur à l’ouvrage dans c’qu’on fait pour ben l’faire, moi j’vous l’dis.
- Point de vue très masculin. « J’ai en horreur la vision qui s’offre à moi au réveil ! »
- Qui, vous ?
- Non, elle. Elle l’écrit, là, voyez ?
- Ah oui. Notez, ceux qui vont au bordel c’est souvent qu’ils ont pas l’choix niveau esthétique alors ouais, ça doit leur faire des visions d’horreur aux pauvres filles.
- « Une France qui se déchire… Une France en deuil… Une France en guerre… Une France meurtrie… »
- C’est une métaphore d’elle, c’est ça ?
- On se demande. « Je fais ce songe étrange et si beau… »
- Ouais, elle veut qu’un noble la sorte du bordel et l’engrosse, elles veulent toutes ça. Mais ça n’arrive jamais.
- Je crois que mon père l’a fait.
- Ah ? Ben bravo à votre maman alors !
- Merci. Je continue ? « D’un Royaume fier et uni… Un Royaume libéré… Un Royaume géré par des institutions fiables… Un Royaume en paix… Usant de la plume plutôt que de l’épée… Un Royaume sage et cependant ambitieux… »
- Royaume outragé ! Royaume brisé ! Royaume martyrisééééé ! Mais Royauuume libérééééééééé !
- Ça va ?
- Pardon, j’m’emporte, j’m’emporte.
- « Je fais ce rêve si flou et si répétitif… »
- Ah ben au moins elle est lucide. C’est pas clair et c’t’un peu gonflant à écouter.
- C’est elle qui fait des pauses ou c’est vous en lisant ?
- C’est elle, regardez, elle met des points de suspension partout.
- Houlaaaaaaa… Et y’en a long comme ça ?
- Encore quelques paragraphes.
- Vous nous faites un résumé ? Ou un accéléré ?
- Soit. Tenez, là, ça devient intéressant. « Ainsi dont… J’ai pris une décision… Je m’agenouille devant vous tous… Vous … Domaine Royal… Vous … Provinces Vassales… Vous … Grands de ce Royaume… Vous… Nobles… Vous… Peuples de notre si puissant Royaume de France… Toi… France… Je ploie le genou devant vous que vous puissiez si vous le désirez… Déposer la puissance sur ma tête et mes épaules… »
-Hé, princesse ou prostipute, je sais pas, mais elle devrait demander à quelqu’un d’écrire à sa place, c’est pénible toutes ces pauses.
- Dites donc, j’ai bien l’impression qu’elle s’en fout un peu d’nous.
- Pourquoi, tu voulais qu’elle mette ton nom ?
- Non mais bon… les nobles, les grands, les provinces, la puissance, gnagnagna… le reste, hein !
- En tous cas elle ploie l’genou devant nous.
- C’est bien c’que j’disais, c’est une prostipute.
- Attendez la suite. « Nous, Laure de Troy ~ d’Orsenac, Duchesse de Souvigny, Vicomtesse de Riom, Baronne d’Ischia & Dame de Chamalières… Habitante du Duché du Bourbonnais & de l’Auvergne… Déposons solennellement notre candidature pour le trône de France… »
- Pfiouuuuu c’t’une noble !
- Ha ben ça explique tout ! C’est super dur pour elle d’être d’venue prostipute, donc elle souffre, d’où les pauses. Et l’fait qu’elle nous cause pas à nous. Elle parle pas aux serviteurs.
- « Soyez assurés de mon envie de servir les intérêts des terres et les peuples de notre pays avant les miens, si la conviction et la confiance me sont données pour mener à bien cette mission ! »
- Donc si on lui donne pas notre confiance, elle fait quoi ?
- Houuuu, les prostiputes c’est vicieux, vaudrait mieux s’méfier…
- Vous savez, je ne pense pas qu’elle soit…
- Nan nan nan c’est limpide ! Votez pas pour ça m’dame ! C’en serait fichu d’votre réputation !
- Pis d’celle du pays !
- Hé, r’marque, pour les négociations avec les roys d’Europe, ça pourrait l’faire… Une nuit et hop ! on annexe l’Autriche !
- Ouais, jusqu’à c’qu’il se réveille avec une chaude pisse l’autrichien… Nan nan nan, pas d’ça sur le trône. Faut l’respect des valeurs quoi, à la fin ! A BOIRE !

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.mahaut.
- Auuuuuuuuuuuuuutre candidaaaaaaaaaaat !
*Schpliiiiing*
- Ah ouais, c’est bien, ça, le couteau sur la chope, ça fait début de la rencontre !
- Merci. Passons donc au candidat suivant. Il s’agit deeee… Voyons voir…
- Strakastre.
- Ah oui, merci.
- Hé mais vous êtes qui, vous ??
- Anatole. Je suis là depuis le début. Ça fait plaisir, vraiment.
- Sérieux ? Il est à vous ?
- Avec ! Je ne suis pas à elle, je suis avec elle.
- Oui, il est à moi.
- Avec.
- C’est bien d’avoir son valet à soi ?
- Ecrivain particulier.
- Oui, esclave, c’est très pratique.
- Ecrivain ! Bon, vous le lisez le programme suivant ou pas ?
- Houlaaaa il s’énerve vite !
- Il est limousin.
- Han ! Vous faites de la résinsertion ethnique ?
- C’est le concept.
- Vous lisez la suite ou pas ?
- C’est qui, lui ?
- C’t’un limousin qu’est à la dame.
- Ecrivain particulier et je suis AVEC la dame ! Et entre nous, elle est loin d’en être une vu son comportement. Elle boit autant que vous !
- Ouais mais elle tient mieux qu’Gérard.
- C’est les navets, j’digère pas les légumineuses chichiteuses.
- BON ON LIT LA SUITE OU PAS ? Si vous êtes là uniquement pour faire des petites blagues entre vous, je ne vois pas l’intérêt de rester !
- Bon, bon… C’est nerveux ces p’tites bêtes là ! C’est qui le candidat ?
- STRAKASTRE !
- Oh !
- ET NON !
- Quoi, non ?
- C’était mieux quand il était pas là.
- J’étais là depuis le début. Et je dis non parce que je sais ce qu’elle va dire.
- Vous êtes devin ?
- Non, mais elle, elle est avinée, et quand elle est avinée, elle fait des jeux de mots pourris.
- Ridicule. J’en fais même à jeun. Chuis vicomtesse quand même.
- Pff.
- Et…
- NON !
- Nan mais si, on veut savoir maintenant !
- Ben ouais, cui qu’a un jeu de mots foireux à dire, y doit l’dire, c’est la règle.
- Quelle règle ?
- La règle des tavernes. Pouvez pas comprendre, z’êtes limousin.
- Hé mais c’est qui, lui ??
- Strakastre !
- Non ! Ça, c’est le candidat ! Moi je suis Anatole !
- Strakastre…
- NON !
- Faites-le taire, bourrez-le de navets. Allez-y, dame.
- HMPFFF !
- Rooh la chochotte ! Y’a qu’une chichiteuse de ration, là !
- F’EST BIEN AFFEZ !
- Ah, sur ça j’le rejoins. T’as toujours eu la main lourde avec l’assaisonnement des navets.
- Il en parle, le candidat, de ça ? Des problèmes du quotidien ?
- Hmm, je regarde… Non, on ne dirait pas.
- Pff…
- Entre nous… ça ne strakastre pas trois pattes à un canard.
- JE VOUS AVAIS DIT DE LA FAIRE TAIRE !

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.mahaut.
Les chandelles avaient été posées sur la table et éclairaient désormais la salle en cette fin d'après-midi. Les restes de navet avait été harmonieusement disposé en forme de bonhomme avec une couronne sur la tête, arborant fièrement une fourchette ébréchée en guise de sceptre.

- Donc.
- Ouais, il dit quoi, le canard ?
- Vous êtes prêts ? C’est parti. « Du sang versé des enjeux partisans et des intérêts particuliers, nos terres de France connaissent une période trouble et incertaine, où la fracture des peuples conduit au repli sur soi et aux divisions, territoriales comme institutionnelles, visant à se détacher peu à peu d'une Couronne qui se fragilise sans cesse sur ses bases. »
- Euh…
- Attendez, attendez, vous pouvez nous la refaire, là, siouplait ?
- « Du sang versé des enjeux partisans et des intérêts particuliers, nos terres de France connaissent une période trouble et incertaine, où la fracture des peuples conduit au repli sur soi et aux divisions, territoriales comme institutionnelles, visant à se détacher peu à peu d'une Couronne qui se fragilise sans cesse sur ses bases. »
- Ouais. J’pige toujours rien. Vous pouvez la découper en p’tits bouts ?
- C’est sans doute plus opportun, vous avez raison. Alors. « Du sang versé des enjeux partisans ».
- Ah ouais. Vous pouvez la redécouper encore un peu alors ? J’pige toujours rien.
- Alors il dit que le sang est versé.
- Ouais. J’me suis arrêté à ça.
- Ça doit être un soldat.
- Mais les enjeux partisans, j’saisis pas bien, là. C’est c’qui fait saigner ?
- Attends y’a la suite après ! C’est quoi déjà m’dame ?
- « Et des intérêts particuliers ».
- C’est p’t’être un banquier alors. Il prête aux particuliers avec un taux d’intérêt qui fait verser du sang aux clients.
- Aaaaaaah ouaiiiiis. Et après alors ?



Elle se racla la gorge et plissa les paupières en tâchant de se concentrer. Déjà que se farcir la lecture des programmes était éprouvant, si en plus ils s'amusaient à jouer avec la salive des gens en pondant des phrases sans fin... Elle but une gorgée et se lança.


- « Nos terres de France connaissent une période trouble et incertaine, où la fracture des peuples conduit au repli sur soi et aux divisions, territoriales comme institutionnelles, visant à se détacher peu à peu d'une Couronne qui se fragilise sans cesse sur ses bases. »
- On peut la redécouper encore un chouïa si ça vous embête pas ?
- Bon les terres de France, toussa, je vois. Mais la fracture des peuples ?
- C’est p’t’être un chirurgien barbier en fait.
- Un chirurgien barbier-banquier à ses heures qui fait saigner et recoud à des tarifs prohibitifs qui font qu’on doit s’endetter pour s’en sortir ?
- Ouais. Les dépassements d’honoraires, c’t’entubage…Pis du coup, une fois pris dans la spirale de l’endettement, on se replie sur soi.
- Et on s’occupe en f’sant des divisions.
- Nan mais si vous voulez mon avis… Il a mis des mots bizarres à la suite, et pis c’est tout.
- Aaaah ‘tendez ! La Couronne se fragilise sans cesse sur ses bases ! C’est p’t’être un orfèvre en fait.
- Ou un maçon.
- Ah ouais, un maçon du cœur. Me regardez pas comme ça. C’est un truc à la mode. Tu dis à tout le monde que ta maison est vieille et moche, et ils débarquent à 40 en beuglant et te rendent un mini castel. Par contre, t’es obligé d’pleurer, c’est dans l’contrat.
- Ça marche si on s’plaint d’sa femme ?
- Messieurs, nous nous égarons !
- Naaaaan, on n’a pas bougé voyons ! C’est la gnôle qui vous tourne la tête ?
- Mon foie, non, c’est sans doute ce début de discours. Je n’y comprends rien.
- Ben faut r’connaître… Y dit quoi ensuite ?


Elle hésita un instant. Devait-elle vraiment s'imposer tout cela ? Après tout, il suffisait de les laisser parler après la première phrase. Quoiqu'ils décident, elle était à peu près sûre qu'aucun des candidats ne trouverait grâce à leurs yeux. Ne serait-ce que parce qu'ils n'étaient pas là, à sentir les navets avec eux.

- Hmm… « Or, même si nous sommes, toutes et tous, natifs ou adoptés d'une province nourricière qui nous grandit de son amour ».
- On est toutes et tous ?
- Ah vous voyez ! Y’a pas qu’moi qu’ai des problèmes de genres ! Lui aussi il aime s’habiller en femme !
- Ouais, mais c’est parce que t’es resté trop longtemps dans les jupes d’une province nourricière qui te grandit de ton amour, toi.
- Tsss.
- J’pige pas. Ca veut dire qu’il refile des échelles aux gars qui s’habillent en femmes ?
- Houuuuuuu, ça sent pas bon, ça. On comprend rien à c’qu’y dit, on sait toujours pas bien quel métier y fait, et maint’nant il refile des échelles aux gars qu’aiment bien les corsets. C’est louche !
- Ça fait une taille plus fine, c’est tout.
- Ouais. Enfin j’suis pas sûr qu’on aura not’ place dans l’concert des nations avec un Roy comme ça. Ou alors j’te dis pas l’concert.
- Il dit quoi ensuite ?
- « de sa fraternité, de son identité et de ses valeurs, nous faisons toutes et tous partie d'une communauté bien plus grande que nous-même, forgée par nos glorieux aînés qui en ont façonné les fondations, avec engagement, passion et dévotion, et dont l'héritage doit nous rendre fiers et riches d'être partie intégrante de cette même fratrie qu'est le Royaume de France. »
- Vaaaaaaaacheuh, ils étaient moins bien payés s’ils mettaient de la ponctuation et des points en fin de phrase ou quoi ?
- Il est vrai que j’ai désormais la gorge sèche. Sans vouloir me plaindre du service, hein.


Le tavernier se leva, pincé au vif, et remplit les verres de ce qui ressemblait vaguement à de la grenadine mais s'avérait tout simplement être de la piquette diluée avec de l'eau. Elle plissa le nez et retendit son verre sans même prononcer un mot. Il finit par sortir de la gnôle. Il y avait des choses contre lesquelles on ne pouvait pas argumenter.

- Nan mais y’a un truc intéressant, là.
- Quoi donc ?
- Ben j’ai clairement entendu « aînés » et « héritage ».
- Ouais enfin y’a « fratrie » aussi.
- Ah ouais, mince. D’où le sang versé aux débuts.
- C’est un notaire alors ?
- Beeeeen…
- En tous cas, il est chiant comme un notaire, hein.
- Il a pas des passages plus expansifs, dites ?
- J’imagine que « Pour s'élever, la France a besoin de perspectives, de grands projets, d'idées nouvelles et ouvertes à tous pour fédérer les énergies dans une même direction : celle du progrès, du rayonnement et de la fierté d'appartenir à une communauté riche de ses différences mais qui s'allie intelligemment pour répondre aux enjeux futurs. » ne répond pas bien à votre définition ?
- Non, bon, c’était pas tout à fait ce que j’attendais mais c’est gentil d’sa part de vouloir participer.
- Ouais. C’est la première fois qu’on a un soldat-chirurgien barbier-maçon-orfèvre-banquier-notaire travesti qui s’présente à l’élection royale. Mais on s’en souviendra hein, du canard.
- Attendez, j’ai là son nom plus complet… « Moi, Charles de la Croix de Bramafan, Lyonnais-Dauphinois de naissance, Armagnaco-Commingeois d'adoption, Angevin par mariage, Chevalier de France au service de la Couronne, et exemple s'il en est du métissage de différentes cultures provinciales, parfois antagonistes ».
- Ah ben voilà. Dès l’départ, on comprend qu’il a eu des problèmes d’identité. Ou des problèmes avec la justice. Pour bouger autant…
- Pis pour épouser une Angevine aussi…
- Pis c’est un métis en plus.
- Il s’est peut-être dit qu’avec autant de tares, les gens se sentiraient gêner de pas voter pour lui. Comme quand on passe à côté d’un handicapé sans l’aider, quoi. Il veut qu’on cède par pitié.
- Ouais enfin j’veux bien, mais faudrait voir à pas abuser non plus. Là ça fait gros. Limite on s’demande s’il s’est pas lui-même coupé une jambe pour avoir plus de sous pendant qu’il fait la manche…
- Ah, je lis ici qu’il veut que nous « Forgions, tous ensemble, un Royaume qui bâtit. »
- Ben voyons. Avec un cul d’jatte sur le trône. Nous v’là bien.
- J’vous l’avais dit qu’il était maçon ! On m’écoute jamais !
- Il dit où on peut trouver des corsets sur mesure à la fin ou pas ?
- Marcellin ?
- Oui ?
- Repose le serre-tête de la dame.
- Maiiiiiiiiiiiiiiiiiiis !

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