Afficher le menu
Information and comments (8)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Faucher n'est pas jouer !

[RP] Pas de pitié pour les croi... enfants !

Clotaire.
Quelques jours plus tôt, dans la campagne tourangelle en Berry

Concentré comme pas deux de son age ne seraient capable de le faire... Si concentré qu'un bout de langue dépasse sur le côté alors qu'il gratte malhabilement un parchemin en lambeaux. Les mots sont à peine reconnaissables, mais le message reste lisible avec un peu de bonne volonté.

    Chèr Madame la Prévau de la Tourène,

    je doi rentré dans ma maison. vou savé je suis trè fatigué de voyagé. j'aime pas trop en plus. et puis y'a toujour des gra *rature* méchant pour piqué toutes mes affaires alors en plus j'ai faim...

    mé les gens y m'ont di que y'avez des méchants encor plus méchants avec de l'armée et tout chez vous. J'ai déjà vu une armée, et bah de prè j'aime pas beaucou ça fé plein de bruit...

    Est-ce que je peux avoir un laisse-t-on passer s'il vous plé ? il parait que si on en a un et bah les armé elles viennent pas trop prè ...

    ce seré très très gentil que je puisse rentrer dans ma maison, en plus que je ferai pas des bétise en Tourène c'est promis !

    Merci d'avance beaucoup !
    Clotaire


Il a du passer deux heures à rédiger ce brave message adressé à Slonge Curnonsky ... qui ne rend pas hommage aux efforts fournis. Mais le jeune garçon, alors sur la route de Chateauroux, pas même arrivé en vue de la Touraine qu'il ne souhaite que traverser le plus rapidement possible en direction de Saumur puis de l'ouest, est plein d'espoir. Si pour une fois, il pouvait faire un bout de route sans se faire piller, et sans se faire poutrer...

Trois jours plus tard, entre Loches et Chinon

Il en a ras le bol. De sa manche déchirée, il essuie avec énervement un peu de morve qui goutte de son nez poussiéreux. C'est tout pourri de voyager, il commence à vraiment saturer. Heureusement qu'il est bientot arrivé. Enfin bientot, c'est tout relatif, on lui a dit qu'il ne restait plus que deux jours de marche, mais deux jours ça lui parait comme une petite éternité et il ne sait pas s'il va tenir jusque là.

Seule la promesse de retrouver la maison le fait tenir. Et puis même si personne ne peut le voir, il évite de trop chougner, parce qu'il est un garçon, et que les garçons c'est pas des filles. Elandra se moquerait bien de lui si elle savait qu'il pleurniche pour un peu de marche à pieds... Même si franchement, y'a plus sympa comme ballade que celle qu'il vient de se farcir depuis quoi ? un bon mois ? deux ? P'têtre même trois. Autant dire une décennie dans la petite caboche du mioche.

Et puis soudain résonnent à ses oreilles des bruits oubliés mais qu'il connait pour les avoir fréquentés il y a quelques temps, alors juché sur l'énorme cheval du Grand Ecuyer de France, aux pieds des remparts de Saumur. Il entretient une drole de relation avec les chocs de métal et les craquements d'un campement armé.

L'enfant d'à peu près 5 ans a l'impression qu'ils sont 100 000 au moins. En fait, une fois qu'il se sera approché, il réalisera qu'ils sont 4. Quatre pauvres gars dont Clotaire n'aura pas peur. Déjà parce qu'il a fait une demande au Prévot, ensuite parce qu'il a la confiance des fils de haut-nobles, enfin parce qu'ils ne sont que quatre et que ce sont des adultes. Des adultes ne frappent pas des enfants. Au pire ils les grondent, comme Maman fait quand il arrive dans le salon couvert de miettes de brioche piquée à la cuisine.

Sauf qu'il doit paraitre bien menaçant, ce mioche de 5 ans tout débraillé et dépouillé par déjà 3 brigands dans les deux dernières semaines. Oh qu'il doit faire flipper ce gamin pour que les quatre soldats se sentent obligés de s'armer et de le transpercer, l'un après l'autre, l'un d'entre eux croyant même nécessaire d'ajouter un deuxième coup d'épée, s'assurant certainement de la non résistance du petit corps déjà recroquevillé dans sa peur et son sang. Clotaire ne comprend plus rien, ne sent plus rien, ne voit plus rien...




24-02-2012 04:04 : Vever vous a porté un coup d'épée. Vous êtes mort au combat.
24-02-2012 04:04 : Vever vous a porté un coup d'épée. Vous êtes mort au combat.
24-02-2012 04:04 : Marcello. vous a porté un coup d'épée. Vous êtes mort au combat.
24-02-2012 04:04 : Joachim_ vous a porté un coup d'épée. Vous êtes mort au combat.


Et pour plus de sécurité, ils éclatent la hache de bois que sa mère lui avait offerte au berceau, comme il se doit pour un héritier.



24-02-2012 04:04 : Votre arme a été détruite.


Ci-gît, sur le bord d'un chemin, laissant derrière lui une trainée de sang et de poussière mêlés, Clotaire de Mauléon-Chandos-Penthièvre, cinq ans, qui voulait juste rentrer chez lui, et qui poliment, avait même demandé un laissez-passer au Prévot qui n'en a rien eu à foutre.
_________________
Fils de la Duchesse angevine préférée des Français et du Comte poitevin préféré des Angevins.
Hans
[La Touraine vous malmène, Ligueil vous accueille!]


Depuis un moment déjà Hans vit plus ou moins reclus. Un voyage jusqu'à Chinon et son port l'a temporairement tiré de sa semi-hibernation, et il a bien quelques projets de traversées commerciales en tête, mais pour l'essentiel, il reste désormais largement coupé du monde qui l'entoure. Une existence qui lui convient, loin des mondanités, des tracas politiques, et de la cohorte de briseurs de noix qui ont toujours quelque chose à demander.

En cette belle journée, sans doute ragaillardi par un temps devenu presque printanier, ou mue par un destin farceur, le baron de Ligueil a décidé de rompre avec la routine et de s'accorder une petite sortie équestre. Avec le but de dégourdir un peu les pattes de sa monture par la même occasion.

Cheminant sans destination précise, s'égarant dans la campagne entourant son village d'adoption, le vieux guerrier finit par tomber sur ce qui ressemble fort à des traces de sang non loin de la route principale menant à Chinon. Peut-être est-ce simplement un animal blessé, qui est parti crever un peu plus loin, mais les marques sur le sol lui paraissent étranges. De plus, le duché étant régulièrement secoué par les combats et les incursions de nuisibles divers, il convient de vérifier ce qui a pu se produire ici.

Le germain met pied à terre, et mène lentement son destrier par la bride en suivant la piste funeste, jusqu'à tomber sur une pauvre petite chose souffreteuse, plus morte que vive. Une légère moue apparait sur son visage tandis qu'il se penche au dessus du petit corps meurtri. La vue des blessures ne l'émeut guère, mais il se demande ce qu'un si jeune gamin fait ici, et dans cet état. Une trouvaille qui a de quoi flinguer une paisible journée.

L'enfant semble respirer faiblement. Plusieurs sillons écarlates décorent le petit être, mais aucun coup porté n'a été directement mortel. D'après son apparence, sa mise devait être des plus usées, même avant sa mésaventure. Peut-être un très jeune vagabond courant les chemins, ou un mioche de rien du tout habitant dans le coin et ayant fait une mauvaise rencontre.


Petit, on dirait que t'as salement morflé...

Avant de s'occuper plus avant de son cas, le baron se redresse et laisse son regard bleuté balayer les environs. A la recherche d'éventuels signes d'accompagnateurs, ou de ses parents. Afin de vérifier aussi que la zone est sans danger. Ou peut-être en espérant apercevoir une bonne âme volontaire pour se charger du blessé.

Parce que lorsque les prunelles grises se reposent sur la carcasse maigrelette, bien qu'elles soient dans une certaine mesure compatissantes envers son malheur, elles voient surtout un joli petit tas d'emmerdements...

Hans pousse un léger soupire. Il est lui même père après tout, il ne peut pas laisser un oisillon à peine tombé du nid se faire dévorer au fond d'un fossé. Il se penche alors pour récupérer le jeune Clotaire, en essayant de ne pas aggraver son état durant l'opération. Entre ses grosses paluches marquées par une vie de guerres et de voyages, il ne pèse pas plus lourd qu'une plume, et semble pouvoir se casser comme une brindille.

Il ne reste plus qu'à le ramener au domaine pour le moment. Le caser dans une petite chambre inoccupée et faire venir un guérisseur compétent. S'il se remet, il aura une histoire à conter à son sauveur, pour lui expliquer d'où il vient et ce qui a pu lui arriver. Au moins la Touraine est une terre de guerrier depuis des années, et si on peut toujours finir six pieds sous terre à cause d'un mauvais rhume, les médicastres et chirurgiens de la province ont acquis une expérience et un savoir-faire appréciables quand il s'agit de préserver les chances de survie et de réparer les dommages corporels lors des conflits.


Bien sur à cet instant, le germain qui a décidément bien choisi son jour pour se promener, est totalement ignorant de la filiation de son nouveau protégé. Sinon il aurait peut-être déjà cherché à féliciter les soudards qui se sont chargés de l'intercepter avec une certaine vigueur. Car il n'y a pas d'âge requis pour qu'un angevin se fasse malmener, surtout pas un résidu de Penthièvre...
Clotaire.
Balloté, transporté, chahuté dans le repos quasi-mortel dans lequel les hommes armés par la Touraine l'ont plongé, effrayés qu'ils étaient par l'Horrible Enfant mi angevin mi poitevin -même si effectivement, cette alliance peut faire peur-, il n'en sent pas un mouvement. Fétu de paille entre les paluches d'un géant aguerri, il se laisse emmener, n'ayant d'autre sensation que celle éthérée de la presque mort.

Certes, les soldats tourangeaux ont raté leur but avoué, mais comment attendre l'efficacité et le talent de la part de gens si dénués de conscience, de droiture, de courage et discernement qu'ils fauchent sans aucune distinction femmes, enfants et vagabonds, laissant leurs villes se faire piller par les vraies menaces, ceux qui savent éviter une armée, ou du moins un groupe de crétins armés ?

Clotaire est donc toujours vivant. Faiblement vivant. Mais comme tout angevin, et pire, comme tout Penthièvre, il est génétiquement dur au mal, tel le lierre dont on ne se débarrasse jamais complètement. Et la Touraine a bien raté son coup d'ailleurs, puisqu'elle va se coltiner le môme pendant un bon moment désormais : il n'est pas prêt de pouvoir courir les chemins avant longtemps.




25-02-2012 21:45 : Vous avez déménagé.


Clotaire est toujours vivant, et comme tout poitevin il compte bien le rester. Ses petits poumons inspirent doucement mais surement, faisant suinter les plaies, dégueulassant au passage les fringues du bon samaritain. Mais pas de bonne action sans conséquence n'est ce pas ? Et encore, il est tombé sur le bon jumeau...

Le cocon construit autour de la conscience du môme ne s'effrite ni avec le voyage ni avec l'installation chez le baron. A peine si la chaleur dont il avait eu le temps d'oublier les bienfaits pendant son périple lui arrache un frémissement. La paupière frissonne cependant, sans doute que maintenant que le choc de l'attaque s'estompe, la douleur reprend petit à petit sa place dans le corps minuscule. Et il souffre de plus en plus le garçonnet, gémissant dans son inconscience.


”Maman....”
_________________
Fils de la Duchesse angevine préférée des Français et du Comte poitevin préféré des Angevins.
Hans
Domaine de Ligueil, demeure du baron.


Le pièce qui accueille le jeune Clotaire est plutôt petite. Une paillasse correcte, des draps propres, un bureau collé sous une fenêtre apportant un peu de clarté, mais rien d'ostentatoire ou de luxueux. Pas grand chose ne l'est d'ailleurs dans cette bâtisse, à l'image du maître des lieux longtemps habitué au mode de vie spartiate. Sauf peut-être son propre lit, modèle king size et très confortable, pour accueillir les fins de soirées mouvementées avec sa chère et tendre épouse...

Sitôt rentré, Hans a installé le gosse amoché et a fait quérir un médecin confirmé. Puis il s'est temporairement désintéressé de son sort, préférant aller retirer ses vêtements tachés et vaquer à d'autres occupations. Il n'a ni la patience ni l'envie de jouer les infirmières attentionnées de toute façon, et a préféré laisser le spécialiste opérer tranquillement.
D'après le praticien, les blessures ont bien été infligé par une lame d'épée. Peut-être le forfait d'un brigand extrêmement méchant, ou carrément l'oeuvre des armées de Touraine. Bien que passablement retiré des affaires, le germain a entendu parlé des méthodes musclées actuellement employées pour décourager toute tentative de passage sans invitation. Ce qui mène parfois à de l'éparpillement d'innocents dans la mêlée. Enfin, tout ceci reste à tirer au clair, mais lui n'a jamais été très favorable à ce genre de procédé, qui trouve une utilité dans des circonstances bien précises et dont il ne convient pas d'abuser.

Ce n'est que quelques heures après leur retour, ou même peut-être seulement le lendemain, que le baron revient voir le patient à moitié momifié, et sans doute suturé et pansé sous les bandages. Sur le trajet du retour, il l'a entendu murmurer, réclamant sa maman. Il ne demande pas mieux que de le renvoyer chez sa mère, ou au moins la faire prévenir, puisque le rejeton ne doit pas encore être en état de voyager, mais il n'a aucune idée de son identité, ni même si elle est encore en vie. Personne dans les proches environs ne s'est plaint d'avoir égaré un p'tit gosse visiblement, qui sait d'où il peut venir celui la. Quoique, certaines bonnes femmes en pondent tellement qu'elles ne doivent plus faire gaffe quand il en manque un ou deux à l'appel...

Le baron de Ligueil reste assez intrigué par la présence singulièrement et solitaire du môme sur une route de Touraine. Il tire une chaise près du lit, et s'y installe, guettant son réveil. Assez admiratif dans un sens de la volonté de vivre dont fait preuve l'enfant, comme si une minuscule et vacillante flammèche parvenait à résister au souffle d'une tempête. Sur la table de chevet, un bol de bouillon est en train de tiédir, prêt à redonner un peu de forces au grand blessé.

Le temps s'écoule.

Hans se racle la gorge.

Il ne se passe pas grand chose.

Et comme l'homme n'est pas réputé pour sa patience excessive, il décide de donner de la voix.


Hep gamin! Tu te réveilles oui!

Premier visage "amical" offert au miraculé: la trogne impassible d'un teuton grognon prêt à la questionner.
Marcello.
[ la nuit du "drame", sous un ciel sans étoile...]

Une nuit comme les autres à l'entrée de Chinon.
Comme toutes les nuits, au rythme lent des pas de son cheval, Marcello longe les remparts de l'aile Nord, là où les vieilles pierres décorées de mousses et sertis de lierres avaient une vue directe sur un long sentier de terre brune. Ce même sentier qui chariait chaque jour marchands, tourangeaux ou voyageurs, et chaque nuit autant de brigands que d'assassins.

A quelques pas, la campagne et ses champs de blé qui s'étendaient à perte de vue. A droite, les cimes épaisses et serrées d'une forêt où couraient lièvres, faisans et sangliers.
Et plus loin, Loches, ses forges qu'on entendait presque travailler, et ses moulins, qu'on imaginait tournant au rythme des grains que leurs meules écrasaient.
Et derrière les remparts, Chinon, paisiblement assoupie dans la chaleur rassurante de leur foyer.
Un regard circulaire aux alentours. La nuit était calme. Tranquille. Aucun contre ordre n'est parvenu de la prévôté. Aucun passage, aucune autorisation ne devait être accordé.
C'est une nuit de garde comme les autres, aux portes d'une cité qui a confié sa vie à son armée.

Et puis soudain, un bruit dans les fourrés, à quelques lieues des portes de la ville. Des feuilles qu'on agitent, des brindilles qui craquent...Quelqu'un approche, et essaye de le faire sans être vu...
Un coup d'oeil vers ses frères d'armes, un autre vers le sergent. Marcello stoppe net la course de son cheval et pose la main sur son épée. Il n'est pas le seul à avoir entendu.
A cet instant le silence devient lourd, pesant, tous les regards convergent vers le même point, vers le même bouquet de buis qui depuis une poignée de secondes, semble être agité par des tremblements frénétiques et incontrôlables.
Attentifs au moindre son, au moindre mouvement les soldats sont en alerte, et prêts à obéir aux ordres d'interdire la traversée des frontières à quiconque aurait souhaité les enjamber.

Et puis finalement, à la faveur de la lune une silhouette se découpe dans la pénombre.
Un homme, accroupi pour passer inaperçu sans doute, un animal qui s'enfuyait. Un intru de toute façon, de quoi d'autre pouvait-il sagir?
Depuis des lustres, les informations avaient été relayées. Des décrêts et des libelles avaient été rédigés. Personne n'était censé l'ignorer.
Les ordres étaient formels, et intransigeables.

Les femmes savaient ce qu'était la guerre, la restriction et les dangers qu'elle comportait. Pour la plupart elle la craignaient, s'assuraient que leurs enfants ne soient pas seuls sur les chemins, et ne prenaient pas de risques inutiles en tentant un passage impossible.
Parce qu'un soldat, qui plus est en temps de guerre, ne décide pas. Il obéit. Protége. Respecte. Accomplit.

Alors dans le silence de la nuit l'acier des épées qui sortent de leurs fourreaux se mit à résonner. Un premier coup frappa l'intru sous la hanche, un autre le fit s'affaisser, tomber à genoux sur le sol.
Ayant mis pied à terre en même temps que les autres, Marcello s'accroupit derrière lui et l'instant suivant, sentit couler le long de son bras le sang de sa victime, la gorge ouverte en un sillon effilé d'où giclaient des gerbes fumantes et écarlates.
L'estocade vint ensuite du capitaine, et la minute suivante,dans la boue du sentier ne restait plus qu'une forme inerte baignant dans son sang.
L'armée avait fait ce pour quoi elle était en place.

Car de tout temps, la guerre était ainsi faite. Et qui avait l'imprudence de la défier en payait fatalement le prix...
_________________
Clotaire.
Il a cinq ans, il a été transpercé par pas moins de quatre coups d'épée octroyés par des grands soldats armés et effrayés par l'Horrible Enfant Voyageur, qui avait demandé un laissez passer dont il attendait toujours une réponse... Qui ne dit mot consent, dit-on, alors puisqu'après plus de trois jours la Prévot n'a toujours rien écrit, et que l'Enfant n'avait que l'envie de rentrer chez lui, il avait pris la route. S'il avait été omniscient, il aurait su que depuis un mois, pas moins d'une quinzaine d'innocents, et pas un seul brigand ni meurtrier, avaient été assassinés par ces mêmes hommes. Mais Clotaire n'a que 5 ans, et lui, tout ce qu'il sait, c'est que sa maison n'est pas bien loin. C'est que sa maman aussi se bat avec des armes, tout comme son père, et que ni l'un ni l'autre ne tue d'enfant. Les Angevins ont beau être cons, ils ne l'ont pour l'instant jamais été assez pour faucher. Car comme chacun le sait, faucher n'est pas jouer.

Clotaire récupère petit à petit sa conscience, et avec elle toute la souffrance et la douleur occasionnées par les plaies qui n'ont arrêté de saigner que pour mieux le démanger et faire mal. Il est paniqué par ce qu'il aperçoit entre ses paupières encore tuméfiées, par les instruments barbares d'un inconnu, par ses mouvements timidement esquissés et aussitot entravés par la souffrance physique et... et... des tas de tissus qui l'entourent.

PUTAIN !

Après avoir raté leur coup avec leurs épées, voilà qu'ils essaient de l'étouffer ! de le momifier vivant ! Le médicastre veut sa mort, Clotaire est terrorisé, il se débat tout ce qu'il peut - c'est à dire pas beaucoup, à vrai dire. Quand son soigneur termine un bandage, le gamin se tortille pour le défaire. Le résultat n'est pas flagrant, mais il parvient à exaspérer celui qui doit le panser. L'opération prend du temps, et toute l'énergie du mini Mauléon-Penthièvre, qui finit par s'endormir, lassé, épuisé, presque crevé.


Tout cela n'était qu'un cauchemar... Clotaire se trouve dans le Comté de Papa. Ils sont en Poitou, Maman n'est pas loin, elle a mis une de ses jolies robes, une de celles où ils peuvent se perdre, Phelippe et lui, où ils aiment jouer et s'emmêler, pour la plus grande jo...le plus grand agacement de leur mère. Il porte encore à sa ceinture sa petite hache en bois avec laquelle il combattra son jumeau dans quelques instants, l'un défendant bien sur l'Anjou, l'autre le Poitou. Petit sang mêlé n'a pas été oublié à Toulouse, ses parents ne sont pas partis sans lui, il n'a pas pris la route tout seul à son âge. Il n'a pas rencontré de brigand, pas un seul, protégé, heureux et encore insouciant, il a encore moins croisé d'armée. Il n'est pas blessé et profite de son enfance avec son frère, ses parents, des vêtements propres et entiers, des jeux et des rires...

Sauf qu'il a mal. Alors que le rêve le fuit, chassé par une interpellation pressée, une voix qu'il ne connait pas, qui n'a rien de la douceur éraillée par le calva de celle de sa mère, qui se fait impatiente... Le temps que la pupille attrape les parcelles de lumière suffisantes pour faire le point et voir ce qui se dresse devant lui, et il sait qu'il n'a pas fait de cauchemar, qu'il n'est pas chez lui, qu'il a mal...

"Burp !"

Bien élevé ce gamin. Il salue. Il tousse, il gémit, ça fait mal de tousser.

"T'es qui ? t'es pas maman... tu fais peur... t'as une épée comme les autres ? "

Il demanderait bien pourquoi il est saucissonné comme un roti, mais il ne trouve pas les mots. Et puis il veut éviter de donner de mauvaises idées à son sauveur qui ne respire pourtant pas la bienveillance...
_________________
Fils de la Duchesse angevine préférée des Français et du Comte poitevin préféré des Angevins.
Hans
T'es qui? T'es qui?! Balancé comme ça... Non mais en voilà une entrée en matière! Ce serait plutôt à lui de demander ce genre de chose. Enfin au moins le sens de l'observation de la demi-portion esquintée n'est pas totalement défaillant. Non, effectivement, c'est pas sa mère qui se tient à son chevet, bonne constatation...

Le teuton bougonne et approche son faciès austère et peu amène de quelques centimètres en se penchant légèrement en avant.


Comment ça je fais peur? Je suis celui qui t'a ramassé sur le bord de la route alors que tu baignais dans ton jus mon garçon. Tu es chez moi ici, tu peux t'y reposer.

Pour tout ça... Il désigne le corps recouvert de bandages, pansements, emplâtres divers, ou que sais-je encore. N'y touche pas, tu risquerais de rouvrir tes blessures. Quelqu'un viendra s'en occuper.

Et cesse tes questions pour le moment, réponds d'abord aux miennes. Je voudrais savoir d'où tu viens bonhomme, et surtout ce qui a bien pu t'arriver exactement, que je sache si une menace rode toujours sur les chemins alentours.

Accessoirement tu peux aussi m'en dire plus sur ton identité et la localisation de ta famille. Tu sembles souvent réclamer ta mère, tu voyageais avec elle?


Le baron se rend compte qu'à son tour il se montre pressant, et laisse donc au garçonnet quelques instants pour rassembler ses pensées et tenter de les exprimer intelligiblement. C'est vrai que ce n'est qu'un pauvre gosse qui doit se sentir complètement perdu après tout. Mais il va tout de même éviter de se forcer à sourire pour le rassurer, le rendu pourrait être pire, et il risquerait de lui filait la pétoche pour de bon...
Clotaire.
Comment ça il fait peur ? Il s'est vu récemment dans une glace le teuton ? Parce que pour tout enfant normalement constitué il est déjà impressionnant et pas très amène, le baron, mais alors pour un petit angevin esseulé, momifié, blessé et terrifié, il a tout du Grand Croquemainois ! (on a les croquemitaines qu'on mérite, même si les mainois font plus rire que peur, m'enfin passons)

Bref, Clo est bien entendu apeuré, mais comme il est aussi poitevin pour partie, il reste attentif à la conversation, tout en évitant de regarder Hans dans les yeux. En plus, comme tout angevin, il est déjà en train de faire l'inventaire des possessions de la pièce et de la bourse du baron du coin de l'oeil. Pas très concluant, c'est manifestement discret, un tourangeau.


"Non, Maman elle voyage avec Papa et ils m'ont oublié à Toulouse.. Tu sais où c'est Toulouse ? Si tu sais pas, c'est très loin. Loin, loin...et encore loin."

Il grimace. Affreusement. Même tout enfoui sous ses bandages, et peut-être justement parce que ses blessures et leurs démangeaisons sont enfouies sous ses bandages, il grimace... Mais le germain et son visage avenant stoppent le tout jeune noble dans l'éventualité d'envisager la possibilité de se gratter... Il se met ça sous le coude pour plus tard, quand son hôte charmant et accueillant sera hors de la pièce.

"Maman c'est Kilia. Tu la connais ? Elle est belle et elle sent bon le calva."

Il n'a pas croisé assez de monde encore, le petit Mauléon-Penthièvre, mis à part les brigands et les Couards de Touraine effrayés par les Enfants Voyageurs, pour savoir que parfois, être le fils de sa mère, c'est pas la meilleure des cartes de visite.
_________________
Fils de la Duchesse angevine préférée des Français et du Comte poitevin préféré des Angevins.
Hans
Après un léger flottement, le gamin semble enfin bien vouloir se montrer conciliant. Hans tend l'oreille, prêt à noter tout renseignement utile... qui bien sur tarde à venir, perdu dans les commentaires du jeune Clotaire.

Oui je sais où se trouve Toulouse, j'y suis passé il y a quelques années lors d'un voyage dans le sud. C'est effectivement assez loin, surtout si tu as fait tout ce chemin tout seul.

Intérieurement, le germain tique un peu. Oublié? Pour oublier son môme si loin et ne pas retourner le chercher, faut quand même un peu le vouloir. Là on n'est sans doute pas loin de se trouver face à un cas d'abandon caractérisé. C'est bien sa veine, à qui il pourrait le refourguer maintenant si les parents restent introuvables?

Mais la suite apporte rapidement un indice important. Kilia... presque instinctivement le visage du baron se crispe et se ferme un peu -déjà qu'il était vachement souriant hein... En plus il ne dit pas "maman s'appelle Kilia", ce qui pourrait laisser une chance à une coïncidence bienvenue, se référant à une Kilia parmi d'autres. Non il affirme bien "c'est Kilia", sous-entendu la seule et l'unique. Sans être un intime de la bougresse, Hans pense bien évidemment immédiatement à celle dont la notoriété est la plus affirmée. Kilia, qui pille qui trahit, qui prend son duché pour un pays, Kilia... qui d'après son rejeton sent bon le calva. Ouais la vieille avinée quoi, on doit bien parler de la même.

Le regard métallique scrute le petit blessé avec une insistance nouvelle. Les paupières se plissent et les sourcils se froncent imperceptiblement. Ce visage fuyant, ces yeux traitres, cette trombine un peu de travers qui vous donne cette envie inavouable de l’assaisonner à coups de salades de phalanges, cette voix agaçante... il a bien tout de l'angevin. Même le lieu de sa découverte tend à démontrer qu'il tentait de rejoindre cette province sinistrée.

Avec ce nouvel élément, l'abandon ne serait d'ailleurs même plus une surprise, tant la cellule familiale doit être aussi tordue que le reste de leurs coutumes déviantes par là bas.

Avec le bol qu'il a généralement, il n'y a plus guère d'espoir, mais dans un soupir las, le baron de Ligueil demande tout de même confirmation. Afin aussi de savoir avec certitude qui prévenir de sa "fabuleuse" trouvaille.


Tu serais donc le fils de Kilia de Penthièvre? La duchesse angevine? Je connais oui... enfin je vois de qui il s'agit...

La prochaine fois, Kilia et Papa, ne vous contentez pas de le perdre dans le sud, noyez le carrément dans un ruisseau, ça évitera formalités et complications...
Clotaire.
L'enfant lève un regard sans équivoque à Hans, l'air de dire "Bah oui, Kilia de Penthièvre, qui tu croyais ? Comme s'il y en avait des tonnes des mamans qui s'appellent Kilia... moi j'en connais qu'une de maman qui s'appelle comme ça hein..." avec toute la morgue dont peut se rendre capable un gamin de cet age.

"Et moi c'est Clotaire."

Vu que ça a grave l'air de l'intéresser le teuton, le môme se permet de préciser. D'autant qu'il a l'habitude. Etant donné qu'ils sont sortis en double exemplaire du ventre de leur mère, Phelippe et lui passaient une partie de leurs journées à se distinguer de l'autre.

"Faudra qu'elle viende hein, parce que Maman elle sait trop bien soigner les bobos... t'as du calva ?"

Chut, pas de remarque sur les principes d'éducation de la duchesse angevine. La pauvre, elle fait bien ce qu'elle peut. Chasser les trésors enfouis dans les poches des riches passants, conduire des bateaux en Espagne, retrouver son poitevin de mari à la bougeotte amnésique, se pochtronner au calva, toutes ces activités lui prennent beaucoup de temps ! L'éducation des enfants se fait très bien par elle-même. La preuve, Clo a pris de grandes leçons de géographie dernièrement.

"Tu fais de la drôle de tête... tu l'aimes pas Maman ? t'es poitevin au fond de toi-même ? parce qu'elle aime bien les poitevins finalement tu sais... "

Léger sursaut, dans la mesure du possible compte tenu des différents bandages annihilant tout espoir de réel mouvement...

" T'es pas mainois ou franc-comtois quand même ? hein ?"

A la réflexion, sa famille a quand même semé des ennemis dans pas mal de coins...
_________________
Fils de la Duchesse angevine préférée des Français et du Comte poitevin préféré des Angevins.
Hans
Ca y est il l'énerve. Ouh qu'il l'énerve!
A multiplier les questions et les remarques. Et les récentes révélations sur sa généalogie n'arrangent certainement pas la chose.
Pourtant, avec ses propres enfants, Hans déborde de patience et de tendresse. Enfin... il sait se montrer relativement patient, et sans être le parfait papa poule, passe plutôt pour un père aimant et attentif.

Mais là il y a un petit je ne sais quoi qui le met facilement de travers. Ou plutôt un élément parfaitement identifié finalement : ce gosse est chiant, option pénible. En plus il est angevin.

Le germain grogne, marmonne, soupire parfois, entre deux réponses apportées aux interrogations du morveux bien volubile.


Clotaire donc. Bien.

Il pourrait rajouter enchanté, mais c'est pas beau de mentir aux enfants. En plus il raconte n'importe quoi ce petit. Non mais franchement, est-ce que son hôte a une tête de mainois? Ou pourrait être poitevin au fond de lui? Tssss... n'importe quoi!

Moi je m'appelle Hans Hoggendaffen, je viens du Wurtemberg, à côté de la Franche-Comté que tu sembles connaitre. Mais je vis en Touraine depuis de très nombreuses années maintenant.

Pour ta mère, j'crois que ça va pas l'faire...


Quoique, en étant sûr qu'elle n'arrive jamais à destination, une invitation serait possible. Mais on en revient toujours au même point hein, quand la poisse vous tient, mieux vaut ne pas tenter le Sans-Nom, et encore moins la génitrice angevine. C'est comme ça qu'on se retrouve envahi chez soi après. D'un autre côté c'est toujours l'hiver, il n'a pas le droit d'expulser le gêneur en culottes courtes avant la belle saison.

Il pourrait lui arriver les mêmes problèmes qu'à toi si elle essayait de venir. Mais je vais lui écrire, à ta mère, pour la prévenir.

La mâchoire a un peu de mal à se desserrer et les lèvres sont déformées par un léger rictus.

Ca va être super de correspondre avec elle. Il ne me manquait plus que ça pour remplir mes journées. Sûr que je l'adore, ta mère, comme tous ses congénères.

Sans plus faire trop attention à Clotaire, le germain se lève et s'éloigne en soliloquant. Alors qu'il se dirige vers le couloir, seuls quelques mots et brides de phrases demeurent audibles.

Pffff... bande de buses... tas de dégénérés... saleté de consanguins... bachi-bouzouks...

Avant de s'en aller pour de bon, afin de s'acquitter de sa tâche, le baron de Ligueil réapparait subitement dans l'encadrement de la porte et désigne du doigt le jeune estropié d'la vie.

Toi mange ta soupe, et dors!



Un peu plus tard. Bureau du baron.

Tandis que l'encre sèche, les prunelles grises s'attardent quelques instants sur le vélin fraichement noirci.



A sa Grâce Kilia Chandos de Penthièvre

Salutations,

Par la présente, je vous informe que je me trouve inopinément en possession de quelque chose vous appartenant. J'ai en effet trouvé votre fils, le dénommé Clotaire, agonisant sur le bord d'un chemin de Touraine.

Je ne connais pas suffisamment en détails les mœurs angevines, et probablement qu'à l'instar de certaines espèces du règne animal, les femelles de chez vous se détournent de leur progéniture dès qu'elle se trouve expulsée de leurs entrailles, mais comme le petit semble lui tenir à sa mère, j'ai accepté de me fendre d'une courte missive pour vous informer.

Votre enfant a été sérieusement touché. Il demeure alité, et sa convalescence devrait se prolonger sur plusieurs semaines, avant qu'il soit en état de voyager à nouveau. Cela dit, si la gangrène l'épargne, il pourrait se remettre complètement de sa mésaventure et ne conserver aucune séquelle durable. Il a même déjà récupéré le plein usage de la parole.

Je manque de détails, mais d'après le contexte actuel, il est probable qu'il se soit montré imprudent en voulant vous rejoindre, et soit tombé sur une patrouille de l'armée. Une bonne chose si l'on y songe. Autant s'habituer dès son plus jeune âge à se faire rosser par ses voisins tourangeaux lorsque l'on est angevin. Il fait ainsi honneur à l'héritage culturel de sa province, et il sera rodé quand des faits similaires se reproduiront.

En vertu des règles élémentaires de charité et d'hospitalité, Clotaire sera correctement logé et nourri, et bénéficiera des soins appropriés afin d'assurer sa guérison. Pour le reste, rassurez-vous, il recevra aussi peu d'amour et d'attention que s'il demeurait auprès des siens. C'est que je ne voudrais pas trop le dépayser ce petit, ni bouleverser sa perception du monde qui l'entoure en lui montrant ce que peut être une véritable famille. Imaginez qu'il s'en trouve traumatisé le pauvre, ou pire, qu'il ne veuille plus me quitter!

Dès qu'il sera sur pieds, je vous le renvoie. En attendant, il séjournera non loin de Loches, en ma demeure. Si vous souhaitez échanger directement avec lui, je lui transmettrais vos écrits.


Aussi cordialement que possible. Moyennement donc.

Hans Hoggendaffen
Baron de Ligueil


Voilà, parfait.

Il ne pourra pas faire plus mesuré et courtois de toute façon. Plus qu'à faire parvenir l'information à l'intéressée. Le vieux guerrier hèle son assistant à tout faire, pour le charger de cette nouvelle mission.

Benoit! Benoit!
Une lettre à porter à Saumur. Ne t'arrête pas pour courir la gueuse une fois là-bas, tu choperais des maladies. Et ne fricote pas d'avantage avec les filles de bonne famille, elles sont encore plus infectées.

File, fais vite, et reviens immédiatement.
Clotaire.
Quelques jours plus tard...

Il a mangé sa soupe. Non seulement le premier après-midi, mais également les jours suivants. Parce qu'Hans est super flippant comme hote, et surtout parce qu'il adore ça, la soupe. Son papa lui a bien expliqué comment ça faisait grandir, d'abord, et pis c'est plein de légumes et c'est vachement bon les légumes.

Il a tellement bien mangé sa soupe qu'il va un peu mieux. Les sutures suintent toujours et le démangent terriblement, mais c'en est fini de la momie Clotaire, il peut désormais bouger, dans les limites fixées par le médicastre.

La douleur s'effaçant petit à petit, l'enfant peut désormais s'appesantir sur des questions existentielles :

Les cicatrices, classe ou pas classe ?

Clo a bien entendu le médecin parler au baron comme s'il n'avait pas été présent, il sait qu'il a été transpercé à plusieurs reprises - des fois qu'un enfant soit encore capable de se battre et de mettre en déroute quatre soldats de Touraine après un coup d'épée, fallait assurer le coup, on les comprend - et il sait que ça le gratte, mais il n'a pas pu regarder encore ce que ça donnait...

Intrigué, s'il bassine Hans de son babillage à chaque passage du tourangeau dans sa chambre, il n'en suit pas moins scrupuleusement les consignes du soignant, espérant que rapidement il pourra se lever et enfin observer le résultat de sa Grande bataille, dont il omettra de raconter plus tard qu'il l'a passée roulé en boule au bord d'un chemin pendant que les soldats couards de Touraine s'en donnaient à coeur joie.

Enfin se lève LE jour où il va pouvoir assouvir sa curiosité. Celui de la décision. Après mûre réflexion, il a choisi de penser que oui, les cicatrices, c'est classe. C'est un truc de guerrier quoi, d'adulte, de vrai mec... sa mère ne pourra plus le gronder pour un peu de crasse sous les ongles ou un genou déchiré... Comment il sera méga jaloux Phel ! Ah ah, Clotaire savoure d'avance la grimace de son jumeau quand il lui apprendra la nouvelle, et lui montrera ses blessures de guerre !

Ah Ah...

Ou pas.


"Haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaans ! Haaaaaaaaaaaaaaaaaaans !

C'est HORRIBLE ! Affreux ! Mais comment va-t-il pouvoir vivre avec ça ? comment ne s'en est-il pas rendu compte plus tot !

"Mais... mais... mais c'est sur les fesses ?! Aaaaaaaaaaaaaaaaaaah c'est trop nuuuuuuuuul !"

Il a beau ne savoir quasiment pas lire, il a beau n'avoir que très très peu de connaissances sur le monde et encore moins sur la guerre, il a beau n'avoir que 5 ans, il sait, sans l'ombre d'un doute, il sait qu'une cicatrice sur les fesses n'est dans aucune circonstance "classe". Jamais.

Et le pire est à venir.


"Hans..? Hans, pourquoi..."

Pourquoi ne peut-il pas se lever ? Pourquoi ce regard du médecin ? pourquoi sa jambe droite ne bouge-t-elle pas ?
_________________
Fils de la Duchesse angevine préférée des Français et du Comte poitevin préféré des Angevins.
Hans
Il était déjà bavard, le voilà carrément braillard.

Le germain goûte peu le fait qu'on hurle son nom comme s'il était un domestique devant accourir, et finit par arriver passablement échaudé jusqu'à la source des vocalises. Jusqu'à ce qu'il comprenne le pourquoi de ces cris d'effroi...

Un brin moqueur peut-être, Hans se retient de pouffer de rire.


Ah ça, il y a deux endroits à éviter absolument quand on se fait taillader la couenne, le visage et les fesses. Sinon lorsque la blessure est "mal située", comme la tienne, c'est le meilleur moyen de se faire chambrer par ses compagnons ou de faire rire les dames.
Mais on ne choisit pas toujours, et tu ne vas pas faire tout un plat d'un souci esthétique un tantinet humiliant hein?
Faut savoir encaisser, peu importe où on est touché. C'est ça aussi la fierté.


Mais après le comique, la suite vire au tragique. Moment de flottement, silence gêné. Le regard métallique empreint d'une lueur d'inquiétude glisse vers le praticien. L'attention consacrée aux rapports médicaux est restée limitée, le maître des lieux cherchant simplement à s'assurer que son invité survivrait. Et voyant le gamin reprendre des forces, il n'a plus songé à d'éventuelles complications et problèmes plus localisés. Là il comprend vite que quelque chose cloche, et note la détresse dans les yeux de l'enfant.

Les sales coups, le vieux guerrier connait. Il a failli laisser un poumon sur un champ de bataille, et l'usage de son bras droit lui est resté interdit des mois durant.
Quand c'est un môme qui est concerné, c'est encore pire. Même si c'est de la graine de vaurien, et d'angevin, on ne mérite sans doute pas de souffrir autant lorsque l'on a seulement cinq ans.

Pour la première fois, Hans ressent une réelle empathie pour le petit blessé. Ses traits s'adoucissent un peu, son visage se veut plus rassurant, et il lui offre même un timide sourire avant de s'adresser à lui d'une voix calme et posée. Inutile d'envisager le pire, contrairement à ses habitudes pessimistes ou désespérément réalistes, le baron de Ligueil se veut foncièrement optimiste pour le coup.


Ne t'inquiète pas Clotaire. Ton corps a été durement meurtri, et tu as du rester allongé longtemps sans bouger. Je suis sûr que ça ne va pas durer.

Par contre, comme tu sembles avoir récupéré un peu, fini de se la couler douce aux frais du baron. Tu vas devoir entamer une phase de rééducation. Si tu n'as pas suffisamment de force pour remuer ta jambe, on le fera pour toi, afin qu'elle retrouve un peu de vigueur. Il faudra que tu essayes chaque jour de faire gigoter tes orteils, et progressivement, de remarcher un peu.


Intérieurement, le tourangeau souhaite vraiment que cette apparente paralysie ne soit que temporaire, et que le gosse retrouve rapidement sa mobilité. Même s'il doit rester un poil bancal et trainer la patte.
Ca ne doit pas être la joie de se retrouver boiteux à son âge, mais qu'on moins il puisse se lever et vivre sans être constamment assisté...
Clotaire.
Clotaire a peur... Sa jambe droite ne répond pas. Du tout. Quoiqu'il tente, y'a pas un orteil qui gigote, pas de genou qui plie, absolument pas de réaction... Certes la fesse le démange, et il peut en se tortillant apercevoir sur icelle une magnifique signature d'épée tourangelle, mais il semblerait qu'à la cuisse tout s'arrête.

Mais ce qui rend vraiment la scène TRES effrayante, bien plus encore que ce terrible constat de paralysie, c'est la tête du baron. Clo écarquille les yeux. S'il n'avait pas réalisé encore que la situation, si elle n'est pas grave, est au moins préoccupante, c'est désormais chose faite. Faut voir qu'Hans tente un... sourire ! un sourire bordel !

Et là, ça devient réellement flippant.

Que son hôte se montre... compatissant, voilà qui démontre à l'enfant que non, ce n'est pas normal cette jambe inactive, que y'a de quoi s'inquiéter. Le gamin est à deux doigts de paniquer complètement, voire même de tourner de l'oeil, et pourquoi pas de fondre en larmes.

Heureusement, Hans, dont on sent qu'il est plusieurs fois père, et attentionné en plus de ça, recadre rapidement les choses. Reprenant un ton moins attendri et la parole volontaire, le tourangeau remet les idées de Clotaire en place.


"De la réé... quoi ? "

Il sait pas pourquoi, mais il sent que ce mot qu'il n'a pas bien saisi recèle un sous-entendu qu'il entend quant à lui très clairement et qui n'est pas pour lui plaire : des efforts.

C'est un peu injuste quand même... D'abord ses parents l'oublient, ensuite il n'a pas pu faire trois noeuds sans se faire brigander, il finit carrément par se faire embrocher par une armée de peureux Chinonais, et alors qu'il se croit sauvé, qu'on s'occupe de lui, qu'il pense pouvoir souffler en attendant que sa maman arrive, et bien même pas.


"Faut pas que maman elle me voit comme ça hein.... Hans faut tu m'aides hein... je veux ma jambe elle bouge encore !"

Et tant pis pour les efforts. Mais pour sa maman, faut qu'il soit parfait. Et s'il court pas, c'est son jumeau qui va se foutre de sa gueule. Voyons le côté positif, l'intérêt avec la paralysie, c'est qu'au moins, il n'a pas mal.
_________________
Fils de la Duchesse angevine préférée des Français et du Comte poitevin préféré des Angevins.
Hans
Le baron opine du chef et s'approche pour s'installer au chevet du petit handicapé.

Elle bougera.

Y a intérêt d'ailleurs. Hans trouve peut-être son patient squatteur un tantinet moins méprisable sur le coup, mais il est hors de question de le garder à demeure ad vitam aeternam. Faut bien qu'il tienne sur ses deux cannes pour pouvoir décamper vite fait. Et puis, quelle tristesse ce serait de devoir passer son enfance sans pouvoir grimper, cavaler, et crapahuter partout... mais ailleurs qu'ici bien entendu hein.

Mais en attendant de devoir travailler dur, de serrer les dents, surpasser la douleur, et remettre ton corps de loque en état de marche, j'ai une surprise pour toi.

Juste avant que tes cris stridents fassent résonner la maisonnée, j'ai reçu un message de ta mère. On dirait qu'elle ne t'a pas complètement oublié finalement.


Hans déplie alors la missve et s’éclaircit légèrement la voix avant d'entamer la lecture du paragraphe destiné à Clotaire.




A, Vous Hans Hoggendaffen
Baron de Ligueil

Surement que de m'écrire vous fut difficile et d'avoir mon fils l'est tout autant. Mais rassurez vous, coucher ces mots sur le vélin me demande également de mettre ce que je suis de coté.
Des jours, que je suis à la recherche de mon fils, mais je ne m'étendrais point sur des sentiments, puisque pour vous, nous en sommes dépourvus.

Vous avez toute ma gratitude pour avoir sauver mon enfant d'une mort certaine, malgré votre appartenance à cette population qui se croit l'élut du Très-Haut, assez folle pour dicter les lois aux autres et donner la mort sans regarder s'il y a innocent, pauvres voyageurs, où juste enfants perdus. Prêt à découper même les siens sans se poser de question. Je sais cependant ce que je vous dois et je vous en suis redevable.

Sa Grâce Kilia de Mauléon Penthièvre


Les mots suivant sont pour mon fils et s'il vous est trop pénible de lui les lire, un serviteur le fera surement avec moins de dégout.

" Clotaire.
Maman t'aime plus que tout, bientôt je serai près de toi et te serrerai très fort dans mes bras.
Clotaire, t'es un merveilleux petit garçon et maman est fière de toi. Tu étais presque arrivé tout seul à la maison et pour un petit bonhomme de ton âge c'est une très grande prouesse.
Je t'ai cherché des jours durant, avec papa on a retourné Toulouse, fait toutes les routes allant en Espagne. Phelippe lui a prit la route du sud et il est maintenant en Espagne avec papa.
Sans nouvelle de toi je suis remontée, prenant toutes les routes de traverse demandant partout si on t'avait vu, en vain. Je suis rentrée en Anjou, gardant en tête la seule chose qui nous ferait nous retrouver, qu'un angevin revient toujours en Anjou. J'avais presque raison, si ce n'est que la Touraine est le pire fléau de ce monde.

C'est toi qui a gagné la dernière partie de cache-cache, tu es le plus fort, mais plus jamais vous n'aurez le droit d'y jouer.

Petite buse guéris vite.
Maman qui t'aime."



Il prend le temps d'articuler correctement, n'avance pas trop vite afin que le gamin puisse s'imprégner de chaque mot de réconfort, et après en avoir terminé, repose le pli sur la petite table jouxtant le lit du blessé.

A ton âge tu as encore sans doute du mal à bien déchiffrer, mais je te laisse sa lettre, si tu veux la regarder plus tard.
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)