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[RP fermé] Rouge Rage

--Alissandre


(ambiance sonore pour la globalité du RP)
Attention, le contenu de ce texte peut être choquant.


Le claquement sonore de la grande main contre sa joue la sortit de l'inconscience, aussi surement que le goût familier et métallique de son sang explosant dans sa bouche.
Sonnée, elle leva un regard à demi-mort sur son bourreau, sa bouche entrouverte laissant échapper un filet de fluide vital et de salive mêlée, l'esprit hésitant entre les brumes du sommeil et l'hébétude du choc.


"Saleté ! Qui t'as dit d'dormir, hein ? T'es qu'un foutu déchet et tu t'permets de dormir au lieu d'bosser ?"

Un nouveau coup envoya l'enfant valdinguer contre le mur le plus proche dans un bruit sourd. Un nouveau filet de sang vint s'ajouter aux autres, prenant sa source quelque part sur sa tempe, aussitôt bu par sa chevelure de feu détrempée et puante de sang séché. La poigne masculine vint soulever son corps amorphe par ses mèches raidies; ainsi suspendue, son petit corps d’à peine cinq ou six années secoué de convulsions douloureuses, l'enfant fixa son tortionnaire de ses grands yeux écarquillés par la terreur, rendue sourde et aveugle à tout ce qui n'était pas cette main qui s'approchait encore pour la frapper, pour la détruire.
Un cri venu de nulle part éclata à ses oreilles, griffant sa gorge, vrillant ses poumons.

D'une grande claque, son père la réduisit au silence, la plongeant à nouveau dans une bienheureuse inconscience qu'elle rêvait de ne plus quitter.
--Alissandre


Le feu.

Il était partout, en elle, autour d'elle ; il léchait sa peau, brûlait dans ses veines, roussissait encore davantage sa tignasse, la raccourcissant de ses langues de chaleur impitoyables.
Quelque chose de surprenant se déroulait, la fille s'arrêta un instant de respirer pour s'étonner de ce phénomène nouveau, comme étrangère à elle-même.

Elle pleurait.

Le maelström qui agitait son cœur jusqu'alors anesthésié l'étourdissait presque aussi surement que les vapeurs délétères du feu qui consumait tout ce qui avait été sa vie jusqu'à ce jour. Qu'était-ce ? Elle ne connaissait pas ces sensations qui naissaient en elle et se déversaient à travers tout son corps pour s'échouer au coin de ses yeux. C'était si nouveau qu'elle en oubliait presque qu'elle aussi allait mourir bientôt. Plus tard, bien plus tard, elle apprendrait à reconnaître le soulagement, intense, vibrant; la joie aussi, l'exultation puissante de la victoire. Mais l'enfant de presque douze ans ne connaissait rien de tout cela. Elle contemplait, avec une distance qu'elle avait appris à cultiver en elle-même, la folie qui agitait ses sens et son être, éveillé à la vie alors que tout autour d'elle se mourait.

A quelques mètres de là, transpercé de part en part par une poutre qui achevait de se consumer, gisait la masse méconnaissable de son géniteur, son éternel geôlier désormais réduit à néant. Quelque chose s'agita en elle tandis que ses yeux fixaient sans les voir les chairs consumées de celui qui avait été son seul univers. Désormais, ni lui, ni ses mains, ni son entrejambe et le serpent qui y nichait, plus rien ne resterait. Il n'y avait plus qu'elle. Elle allait mourir.

Quelque chose la secoua, du tréfonds de son être quelque chose demandait à éclore, chatouillant ses côtes, taquinant son diaphragme. Alors elle fit la seule chose qu'elle avait appris à faire. La tête penchée en arrière avec abandon, les yeux serrés aussi convulsivement que ses poings, elle expulsa brutalement, totalement, toutes ces choses qu'elle ne pouvait plus contenir en un puissant hurlement.

Au dehors, certains spectateurs de l'incendie crurent entendre une voix, quelque part dans les décombres...Une voix d'enfant. Mais c'était impossible, n'est-ce pas ? Tout le monde était surement mort, là dedans.
Personne ne vit une silhouette se faufiler à travers les flammes.
--Alissandre


L'homme se redressa avec un grognement méprisant et furieux.

"Espèce de sale catin inutile ! T'sers à rien s'tu peux même pas m'vider comme il faut !"

Le coup de pied vint cogner contre les côtes de l'adolescente allongée en position fœtale, immobile, aussi silencieuse qu'un cadavre. La brute fut aussitôt tirée violemment par une main impérieuse qui le vira sans ménagement.

"Pas de coups, on a dit ! Vire de là avant qu'le patron t'crèves !"

Elle était belle et désirable, nombreux étaient ceux qui, malgré son état exécrable, la choisissaient pour se défouler. Elle ne coûtait pas cher ; sa chevelure sanglante, marque du Sans-Nom, et son mutisme maladif lui retiraient une grande partie de la valeur que sa beauté aurait pu lui donner.
Souvent, les paris étaient lancés en début de soirée : c'était à celui qui parviendrait à lui arracher un gémissement, un soupire, ou même un cri. Un son, quelque chose qui prouve qu'elle était encore en vie. Certains étaient tentés de sortir leur couteau, mais le propriétaire intervenait fermement - sa main dans leur gueule et les dagues des trois cerbères au creux des reins - pour y mettre le holà : il y tenait, à sa marchandise. Et voilà trois années que les parieurs repartaient, doublement vidés par la Rousse de leur désir et de leur argent.
Pari perdu.

Le cerbère qui venait de sortir le malotru prit quelques secondes pour se retourner et cracher sur le corps étendu.


"Vois pas pourquoi j'dois défendre une morte... "

Il s'en alla, refermant derrière lui la porte sans verrou : à quoi bon enfermer un cadavre ?
Une demi-heure plus tard, il revint avec sur un plateau un quignon de pain sec et un bol d'eau croupie, qu'il jeta en en reversant la moitié sur elle, puis s'en alla pour ne plus revenir avant le matin.

Une heure plus tard, l'adolescente bougea enfin, étirant son corps en silence avec une vivacité étonnante : elle n'avait plus rien du cadavre qu'elle feignait d'être durant toute la journée. Son regard sombre était illuminé d'une lueur farouche et meurtrière, surprenante chez un être qui aurait dû être mourant depuis longtemps.

Demain... demain, elle serait libre. Le Fou l'avait promis. Demain, elle serait dehors.
Il lui avait fallu du temps et de la patience pour apprivoiser cet homme étrange et acheter son espoir de liberté, mais elle le tenait. Elle ne le lâcherait plus.

D'une main tremblante d'excitation et de fébrilité, elle agrippa le pain et se mit en devoir de le grignoter avec une feinte patience, lentement, savourant chaque morceau de cette nourriture comme pour graver chaque seconde, chaque sensation, chaque perception de ces instants dans son âme.

Elle n'oublierait pas... Elle n'oublierait jamais. L'éclat fiévreux de ses yeux se teinta d'une haine absolue et sauvage. Le regard d'un animal.

Demain, la Fauve serait libérée.
--Alissandre


Il avait tenu sa promesse.

Les corps étendus et endormis de ses geôliers, jonchant le chemin de sa victoire comme un parterre de vaincus, suffisaient à le lui prouver. Un rictus à mi-chemin entre le sourire et la grimace lui étira les lèvres. Ses yeux, habitués à l'obscurité, mirent un peu de temps à s'accoutumer à leur nouvel environnement. Lorsqu'elle y vit assez clair pour se mouvoir sans difficultés, elle fouilla les lieux, cherchant frénétiquement.

Au bout de quelques minutes, elle se releva, le poing serrant le manche d'une dague à en blanchir les jointures de ses doigts.

Le Fou se retourna vers elle, avisa ce qu'elle tenait en main et éclata d'un petit rire sec avant de s'éloigner sans un mot : qu'elle fasse ce qu'elle voulait ! Ses drogues avaient endormi toutes les personnes présentes sur les lieux, sauf eux deux.
Il n'y aurait aucun témoin.

D'une voix rendue éraillée par le silence, la Rousse se mit à rire tout en commençant à égorger méticuleusement chaque personne présente. Employé, client, peu lui importait : ils étaient là, ils mourraient tous. Ses mains s'empoissaient lentement de sang, tandis qu'elle poursuivait son œuvre avec une application pleine d'un calme froid, à l'opposé de la joie sauvage qui coulait dans ses veines. Bientôt... bientôt...

Lorsqu'enfin son œuvre fut achevée, elle passa le seuil de cette porte qu'elle n'avait vue qu'une fois seulement, il y avait déjà trois ans, et se retourna pour observer une dernière fois la bâtisse : isolée du reste de la ville, ce lieu de débauche avait été construit ainsi tel une forteresse pour que nobles et vauriens s'y retrouvent en toute impunité. Même les autorités fermaient les yeux, éblouis par les taxes qu'ils parvenaient à en tirer. Mais la Rousse ignorait tout ça et s'en fichait éperdument.


"Vas-y", ordonna-t-elle à son acolyte.

Quelques instants plus tard, une puissante flambée envahissait le quartier, sous le rire de plus en plus fort, de plus en plus fou, de la Rousse. Rapidement, l'hilarité se mua en un cri de rage, de vengeance. Un cri de victoire qui devait à tout jamais mutiler cette voix quittant si soudainement un silence qui l'avait emmurée pendant trois longues années. Elle se tourna vers le Fou, avec un sourire onctueux et séducteur, ce même sourire tant et tant de fois servi pour le rallier à sa cause. Le sourire que le Fou lui rendit se figea soudain dans un gargouillis étouffé, tandis que la Rousse posait un baiser reconnaissant sur son front, dégageant d'un coup sec la lame.

Il n'y aurait aucun témoin.

Le bruit des curieux s'approchait, la Fauve se fondit alors dans la nuit, un sourire apaisé aux lèvres et le visage baigné de larmes, et disparut.
--Alissandre


Elle était naïve. Malgré l'atrocité de la nuit qu'elle venait de traverser, la jeune femme au sortir de l'adolescence était profondément naïve. Elle ignorait tout de ce qu'était un être humain normal, tout de la nature de ce qu'elle ressentait. Comment pouvait-elle deviner que d'une rage aussi puissante naîtrait un vide aussi immense ?

Comme la flamme d'une fin de chandelle soufflée par un courant d'air, toute la hargne qui avait porté la Rousse au fil des heures, des jours, des années, s'effilocha comme une corde usée. Il ne restait plus rien. Plus personne à haïr, plus personne à envier, plus de monstres à subir. Il n'y avait plus qu'elle, seule sous le ciel si immense qu'il l'écrasait, l'oppressait plus encore que tous les murs et toutes les prisons qu'elle avait connus. Que faire d'une liberté aussi terrible et si chèrement acquise ?
Elle ne connaissait de l'homme que ses pires aspects, et encore n'en avait-elle peut-être pas tout vu. Elle ne savait que survivre, en symbiose avec ses bourreaux. Seule, elle n'était même plus une victime ; elle n'était plus qu'une coquille vide.

Les larmes avaient cessé de couler depuis longtemps, traçant quelques sillons sur ses joues crasseuses. Tassée sur elle-même dans l'ombre rassurante d'une petite ruelle, juste assez étroite pour la sécuriser - inconsciente du piège que pouvait constituer son refuge de la nuit - les bras enlaçant ses jambes, la Rousse tremblait comme un chat mouillé et terrifié par un orage. Un sanglant orage qu'elle avait elle-même provoqué et dont elle gardait les traces sur ses haillons et sa peau. Est-ce que ça allait partir un jour ?
Soudain obnubilée par cette idée, elle se mit à frotter frénétiquement ses mains et ses bras, dans l'espoir vain d'en effacer les traces qu'elle étalait maladroitement. Ses tremblements nerveux se firent de plus en plus violents, la faisant claquer des dents.

Contre son sein, la dague, sa seule compagne, ne quittait pas son poing, éraflant par moment sa peau lorsque ses gestes devenaient un peu trop saccadés, rendus malhabiles par l'angoisse et le froid de la nuit qui commençait à l'envahir.
Les heures s'égrainaient avec la même lenteur qu'avant; en cela rien n'avait changé.

Au petit matin, la jeune femme perdue ne tremblait plus, suspendue entre la vie et la mort, le souffle presque éteint. Une ombre se pencha sur elle...
--Alissandre


Un cri de surprise et de colère retentit soudain dans l'ambiance ouatée et confortable du bâtiment.

"Rattrapez-la ! Ramenez-là moi ! Par les couilles du Très-Haut !"

Ce charmant discours émanait d'une solide femme, toute en chair et en courbes, soufflant de frustration avant de lever les mains et les yeux au plafond.

"Fichue p'tite voleuse ! On aurait jamais dû la garder, j'vous dis. Jamais !"

Quelques mètres plus loin, l'éclat rouge d'une chevelure de feu s'évanouit aussitôt au détour d'une ruelle, dans un gloussement espiègle, presque enfantin.

Il aurait été injuste de dire que le temps n'avait pas eu de prise sur l'étrange animale. Ça et là, quelques signes laissaient voir qu'elle avait en partie quitter son état sauvage pour se parer d'une certaine forme de civilisation.
Son regard auparavant haineux et brut s'ornait désormais d'une lueur joueuse et malicieuse, où l'éclat de folie dansait toujours un peu, comme attendant l'heure de brûler tout à fait. Sa tignasse autrefois hirsute et semi-brûlée, symbole de sa déchéance, était désormais une magnifique et longue crinière flamboyante dont elle tirait une fierté immense. Mais c'était surtout son sourire qui surprenait.
La Fauve avait appris à sourire, à rire même. Et ce rire, de sa voix si rauque, était devenu une nouvelle arme à son arsenal.

Planquée dans l'ombre d'un vieux tonneau, la jeune femme guettait d'une oreille les bruits de la rue. Ici, elle ne craignait rien, elle le savait : c'est pourquoi elle prenait un malin plaisir à provoquer ses gardiennes ; risque calculé puisqu'elle ne commettait jamais rien d'assez grave pour qu'on lui en tienne rigueur longtemps. Elle avait appris, depuis son arrivée ici, à accepter la main qui la nourrissait ; à défaut de faire confiance - c'était là un luxe qu'elle ignorait totalement - du moins ne s'y soustrayait-elle pas systématiquement. Et, à force de patience, le chat sauvage était devenu un somptueux félin de salon.

Personne n'avait encore réussi à la contraindre assez pour la plier aux règles de cet endroit qui l'avait recueillie : elle ne travaillait que lorsqu'elle le voulait, si elle le voulait. Elle était l'animal de compagnie de la Propriétaire ; au fond, elle était presque chez elle. Dans cet antre, les hôtesses de ces murs lui avaient enseigné une autre façon de se battre et de survivre. Entre les mains de ces maîtresses du plaisir, l'enfant sauvage avait achevé sa transformation et découvert une forme de chasse qui comblait tous ses désirs. A l'exception d'un seul : la liberté.
Alors parfois, comme ce matin, elle prenait la clé des champs et filait au nez et à la barbe des hôtesses à demi abruties de fatigue par leur nuit agitée.

Elle ferma les yeux, inspirant longuement l'air vicié et puant de la ruelle avec un sourire de contentement. Elle prit quelques instants pour savourer la miche de pain fraiche qu'elle venait de chaparder dans la cuisine du bordel. Puis elle se redressa souplement, silencieuse, pour se glisser dans une ruelle attenante au petit trot. Quelques instants plus tard, elle avait déjà changé de quartier : avec un sourire carnassier, elle sortit lentement sa dague en entamant sa traque. Quel nouveau gibier tomberait ce jour-là entre ses pattes ?

Le frisson du jeu et du danger lui parcourut l'échine, lui étirant les lèvres d'un sourire de pur bonheur.
--Alissandre


(Ambiance musicale optionnelle)

Les bruits diffus se cognaient contre son crâne comme autant de balles cherchant à faire exploser sa boîte crânienne. Le monde semblait fait d'un mélange improbable de lames et de coton, tantôt vrillant ses nerfs, tantôt la noyant dans une moiteur étouffante, contraignante.
A la limite de sa conscience, quelque chose affleurait. Une image ? Un souvenir... Un visage. Un flot d'émotions confuses la traversa tandis qu'elle croyait le reconnaître, puis reflua en même temps que le nom, furtivement passé sur le bout de sa langue engourdie et asséchée, puis disparu à nouveau dans les limbes de son esprit embrumé.


"Pardon, petite... pas eu le choix... pas... verra."

Le sourire sur l'image disparaissait tandis que l'éclat de la chandelle posée à ses côtés parvenait enfin à s'imposer, vacillant violemment de haut en bas, comme si quelqu'un s'échinait à vouloir la renverser en secouant le sol. Soudain, une chaleur nouvelle et poisseuse s'écoula de son ventre, souilla le haut de se cuisses. Étrangement, c'était comme si son corps s'éveillait par le centre, d'abord conscient de ce liquide étranger qui l’arrimait à la réalité aussi surement qu'une ancre. L'image était d'autant plus juste que le sol avait cessé de trembler et la chandelle de remuer : tout à coup, le monde avait retrouvé sa stabilité tandis que son corps s'éveillait nerfs après nerfs.

Elle ouvrit les yeux, lentement, doucement, encore blessée par la lueur hésitante qui dansait dans la pièce pourtant atténuée par l'ombre qui s'essoufflait sur elle. Un hurlement d'horreur et de douleur mourut dans sa bouche bâillonnée, les dents s’agrippant de toute leur force à leur prison de tissus, tandis que les zébrures pourpres qui sillonnaient son corps, perlant encore parfois de son sang, l'élançaient soudain. Plusieurs rires accueillirent ses gesticulations maladroites. Là, elle venait enfin de retrouver la sensation des ses bras, mais ses mains restaient encore inaccessibles là-haut, au dessus de sa tête : la circulation peinait à se rétablir entre les liens qui l'entravaient si fermement.

Elle fut durement plaquée contre ce qui lui servait de couche, et la chandelle à sa droite se remit à valdinguer au rythme des coups de reins qui venaient déchirer son corps. Ce n'était pas la chandelle, ni même le monde qui bougeait. Ce n'était qu'elle, rien qu'elle, secouée, martelée, écartelée. Les hurlements étouffés se transformèrent en gémissement terrifiés, tandis qu'elle agitait désespérément les jambes en une vaine tentative pour échapper à l'ignoble animal qui fouissait dans son antre intime.

Une douleur vive et serpentine se mit à arpenter l'une de ses cuisses, suivant le tracé sinueux d'une pointe de couteau venue calmer la furie de l'assiégée. Dans un sursaut nerveux, elle se crispa violemment, avec un grognement de douleur : son bourreau grogna en retour d'extase, son plaisir décuplé par l'étau qui s'était d'un coup serré sur lui, et acheva sa besogne d'un dernier coup puissant.

Quelques perles glissèrent sur la peau tendre et miraculeusement épargnée, dévalant les rondeurs inviolées pour mieux s'échouer sur le tissus plissé sous son corps. Sans un bruit, sans plus un geste, la Fauve brisée pleurait, appelant de tout ses vœux une mort qui ne viendrait pas. Une fois de plus.

Quelques heures plus tard, la porte s'ouvrit, laissant passer la Maîtresse des lieux : un cri étouffé lui échappa lorsqu'elle découvrit le tableau hideux du corps zébré et souillé de celle qu'elle avait livrée en pâture à ses clients. Elle se mordilla les lèvres, tâchant de repousser l'accès de culpabilité qui menaçait de la prendre : ils avaient bien payé, elle n'aurait pas pu refuser. Ils étaient armés... Elle n'aurait pas pu. Elle s'approcha, affolée, palpant les poignets et écoutant la poitrine, avant de se redresser avec un sanglot de soulagement.

Elle sortit vivement et revint quelques minutes plus tard avec un tissus et une bassine d'eau claire, imbibant les blessures du corps inerte de gestes presque maternels, murmurant quelques mots d'une voix douce, guettant une lueur quelconque dans le regard ouvert et fixe qui ne quittait plus la chandelle.

A l'abri dans le silence de son esprit, retranchée dans le seul refuge qui lui restait, la Rousse sombrait lentement. Son cœur broyé, plus surement meurtri encore que son corps dont elle ne voulait plus rien sentir, continuait à battre contre son gré.
Trahie... Par la personne qui avait su l'apprivoiser, par l'unique personne qui avait su lui apprendre le sourire, par la seule personne qui lui avait témoigné autre chose que du dégoût ou du désir.

Trahie par la personne qui lui avait appris la confiance.

Une larme solitaire glissa lentement, aussitôt bue par le tissus rosé tendrement posé par la Traitresse.
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