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[RP] Etre bonne fut ton divin crime

Larouchka
Citation légèrement modifiée, empruntée à Lord Byron.


[En passant par Marmande, avec mes sabots*]

Certaines rencontres avaient eues leur importance dans ma vie. Ainsi, si j'avais beaucoup d'amants, je n'avais cependant que très peu d'amis. Et parmi eux, il y avait une religieuse, âme pure, emplie d'Aristote et de ses préceptes. Elle était devenue ma marraine et avait tenté, à maintes reprises, de me montrer le chemin du Prophète et de l'amitié Aristotélicienne.

Mais... chassez le naturel, il revient au galop.

Véritable girouette, j'avais décidé, avant d'être trop grosse, de prendre la route de la Guyenne pour y retrouver mon amie. Elle était belle, elle était merveilleuse, elle était ma marraine et grâce à elle, je rachetais toutes mes années de luxure avérée. Je savais qu'elle avait mis bas son enfant depuis peu et je désirais être à ses côtés.

C'est donc la joie au coeur et le sourire aux lèvres que je l'avais retrouvée dans la taverne où je lui avais donné rendez-vous. S'annonçait, une douce soirée de beuveries, de rires et de bonne humeur. La joie, quoi!

Assise à la meilleure table, j'avais ôté mes bottes pour me mettre à l'aise. Faire Genève-Marmande à patte, ça fait mal aux doigts de pieds! J'attendais donc sagement ma soeurette, ayant grand hâte de la serrer dans mes bras.


Puteborgne l'aubergiste! Tu la ramènes ta choppe? J'ai soif! Tiens et pour la peine, tu m'en mets deux!

Oui, j'étais une alcoolique pas vraiment anonyme et me prélasser dans les bras de Bacchus faisait partie de ses plaisirs que je ne me refusais jamais, même enceinte. Et d'abord pourquoi aurais-je arrêté de boire parce que j'étais enceinte?

Ma gorge était sèche, et mon coeur battait à tout rompre: l'idée des retrouvailles me rendait l'âme gaie et me donnait du coffre aussi.


Mortecouille! Magne tes fesses, foutu blaireau!


* Chanson populaire.

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Ellya
[En vivant à Marmande, avec les dévôts]

Autour dire carrément qu'elle était bien seule, la sacristine du village. Malgré ses efforts acharnés, ses messes improvisées et ses soirées en taverne, la foy n'avait que peu grandi en l'âme des villageois. Loin d'abandonner, elle persistait, vaillante -d'aucuns diront naïve- et une majeure partie de ses journées consistait à prier pour eux. Prier pour tout. Encore et encore.

Une ère nouvelle venait de commencer. La descendance Watelse avait vu le jour. Si seulement l'Oblate s'était rappelée les paroles de son quinquagénaire d'époux, elle lui aurait souri avant de claquer la porte pour prononcer ses vœux. Car tel était l'ultime marché, n'est-ce pas? Un enfant contre la liberté. Mais le Très-Haut avait voulu qu'elle l'aimât bien et il le lui rendait au centuple. Bijoux, robes et délicieuses douceurs s'empilaient. Mieux, il lisait Aristote et récitait chaque soir son Credo pour les yeux délicats de son aimée. Autant dire que leur mariage était la perfection même. Oubliés les mensonges, la haine, la rancoeur... Mais pas disparus. Serpents vigilants, ils demeuraient non loin, à portée de main, pour le jour promis. Le jour où l'idylle cesserait et redeviendrait cauchemar. Mais pas encore.

La jeune Prieuse, ce début de soir-là, avait revêtu un des cadeaux de l'orfèvre. A peine les relevailles achevées, elle avait retrouvé ce corps svelte, presque fragile, qui la caractérisait. Heureuse à l'idée de pouvoir mettre un corset sans avoir l'impression d'étouffer l'héritier, elle s'était donc parée d'une robe digne de sa condition de bourgeoise, ne laissant contre son cœur que le dernier présent du Gascon: une merveilleuse chaîne au pendant aristotélicien. C'est ainsi qu'elle rejoignit la taverne, l'âme emplie de joie à l'idée de revoir sa filleule. Son amie?

Ah, la terrible question de l'amitié, trop rapidement balayée de la main. N'avait-elle pas comme amie que cette D inconnue à qui elle n'avait pourtant parlé qu'à mots voilés? Mhm.

... fesses, foutu blaireau!

Par tous les saints...

Sous le regard hagard de la nonnette, fronçait les yeux le tavernier rubicond. Et à la veine qui palpitait sur sa tempe, quiconque pouvait aisément deviner qu'il ne se laisserait pas insulter ainsi par la première boueuse venue. S'avançant vers l'homme en pieuse attendrie, elle lui tendit quelque pièces sorties d'une bourse bien dissimulée.

Que le Créateur vous bénisse, Jean! Vos yeux brillent sous l'effet de la foy, je le vois bien. Mais soyez aimable, voulez-vous, et apportez-nous de quoi nous rafraîchir avant d'aller prier.

Le tout assorti d'un sourire adorable.

Lara! Que Deos me tape sur l'oreille, j'ai cru un instant que vous ne reviendriez plus!


Et la Duranxie de s'attabler à ses côtés, de bonheur inondée.


J'espère que rien de grave n'est arrivé. Je me suis inquiétée, tout d'abord, vous savez! Et puis, j'ai été tellement ravie à l'idée de vous parler à nouveau, de visu, que j'en ai oublié mes craintes! Comme c'est amusant!

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Larouchka
[Et glou et glou, petit patapon]

La tête dans sa chope, j'étais en plein ravissement bieresque. Je n'avais fait cas de l'humeur morose du tavernier et je voyais des bulles un peu partout. Il manquait cependant un petit quelque chose à cette bière fraîche. Je sortit de mon escarcelle, une petite fiole en terre cuite et en versait quelques gouttes dans le breuvage. Vous ne connaissez pas le "Bisky'? Une bière très moyenne avec une soupçon de Wiskhy bien corsé et le tour est joué! Je vous assure, c'est délicieux, enfin moi, j'adore!

Donc j'extirpais péniblement ma tête de ma choppe et là, je vis... Une apparition céleste. Enfin presque. Ellya, dans toute sa splendeur, fort bien vêtue de surcroît et intérieurement, je me dis que son mariage avec Jojo Wawa était sûrement pour quelque chose dans ce manque d'austérité qu'elle exhibait ce soir, ça me faisait plaisir de voir ça.

Je me levais et dans un geste fraternel, lui claquais deux belles bises sonores sur ses deux joues pâles.


Ma soeurette! Quelle joie de vous voir! Vous êtes splendide! La maternité vous réussit, vindiou! Votre époux doit être ravi d'avoir pareille précieuse épouse!

Il m'était difficile de parler sans jurer comme un charretier, mais parfois, j'y arrivais, tant bien que mal. Et pour l'amour de ma marraine, que n'aurais-je fait!

Ah mais j'avais bien dis que je reviendrais vous voir! Et puis, vous n'êtes pas une de mes rares amies pour rien!

J'étais ravie, le sourire jusqu'aux oreilles et je ne pus m'empêcher d'éructer assez bruyamment.

Hum... Allez, pour fêter ça! Mettez m'en encore deux, tavernier!

Ma soeurette je vais vous faire goûter ma spécialité, c'est du Bisky!


Je m'attelais à réaliser le plus délicieux mélange qui soit et je lui tendis la choppe.

Allez, vous pouvez bien boire cul sec! ça détend le... les nerfs! Et je sais qu'avec votre tâche de sacristine, vous ne chômez pas!

Je lui tendis sa choppe pour trinquer.

Allez, à nos retrouvailles!!

Humm comme c'était bon, ma gorge chauffait, mais c'était très agréable.

Et vous, félicitation pour l'héritier Watelse! décidément votre cher époux doit être comble!!

Souriante, je sifflais ma choppe avec avidité.

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Ellya
Je..
Oui, ravi et...
Certes mais...
Deux vraiment?
Le quoi?
Cul... Non je ne pense pas que...
Mon époux est...


Après avoir essayé tant bien que mal d'en placer une dans le flot de paroles de la fille du nord, la sacristine finit par éclater d'un joli rire. Était-ce le lot des femmes de joie d'enchaîner les phrases et l'alcool sans pause salutaire?

Emportée par la bonne humeur et la vivacité de son amie, la Prieuse leva haut sa chope pour trinquer avant de la porter à ses lèvres, non sans perplexité. Elle était loin de passer ses journées à boire de l'eau croupie et, comme tout un chacun, vin et bière étaient coutume pour elle. Toutefois, elle était toujours réticente au trop boire -punition passée peu éveiller souvenir bien ancré- et était amie de la mesure.

Oui, à nos retrouvailles!

Mais peut-on rivaliser avec le bonheur et se montrer rabat-joie quand, de nouveau, la filleule interpelle le tavernier pour une Xième tournée? Alors avec un peu de bonne volonté, la nonnette réussit donc à finir sa chope en quelques gorgées, avec une once de fierté.

Hum.. Oui.. Fameux.. Mhm.. Mais cela ne vaut pas une bonne soupe, non?

La nouvelle chope qui se retrouva devant son nez comme par magie semblait croire le contraire, elle.
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Larouchka
[Elle est des nôtres, elle a bu son verre comme les autres.*]

Combien avons-nous bu de bières et de whisky ce soir là? Je n'en ai aucune idée. On était bien, il faisait chaud, l'alcool réchauffait nos sens. Nous parlions de tout, de rien. Ellya se choquait quand je lui parlais de mes amants, je l'écoutais parler de ses ouailles, pensant que si nous nous associons, son église ne désemplirait pas et, peut-être, alliant un savant mélange de luxure et de prières, les âmes de ces gens ne seraient pas damnées! Nous parlions de son enfant, de ma grossesse, de nos maris. De tout ce qui fait le quotidien d'une femme. Nous étions heureuses, tout simplement.

L'alcool coulait vraiment à flot, heureusement, je le supportais plutôt bien, étant coutumière des cuites, mais il me rendait encore plus joviale qu'à l’accoutumée. Donc tout en parlant, j'avais fini par poser le plus naturellement du monde, ma main sur sa cuisse.


Et votre époux est donc maître dans la manipulation des bijoux!....
Mais moi aussi je m'y connais en bijoux!
D'ailleurs, si vous saviez... Gabriel en a... hmmm


Tout en parlant, ma main avait une fâcheuse tendance à remonter le long de sa cuisse, nous rions, nous chantions. Les joues rosies de ma nonnette étaient tout à fait charmante et parfois, je plongeais légèrement le visage dans son décolleté. Elle n'était pas bien grasse, mais tout à fait appétissante.

Quoiqu'il en soit j'adore les caresser!...
Si, si!! je vous assure!!


Une furieuse envie de lui toucher les seins m'avait prise, dans le genre désinhibée, mais je retenais cette tentation funeste en invoquant le tavernier.

Heeey, l'aubergiste! Nos choppes sont vides!


* Chanson à boire

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Ellya
Oh Lara! Depuis quand n'ai-je pas tant ri?

Le regard empli d'étoiles, elle scrutait la fille de joie avec une admiration sincère. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander si son quotidien se rythmait au son des éclats de rire sur fond de bonheur profond. Les prières et la contemplation lui procuraient une paix profonde. Était-ce comparable?

Devant elles, plusieurs cadavres s'alignaient. La nonnette n'en avait cure et trouvait même que l'alcool lui seyait plutôt bien. Ses inquiétudes s'étaient envolées à la troisième chope. Ses peurs à la cinquième. Et ses envies s'étaient réveillées à la huitième.


Oh oui, doué, si doué! Vous n'imaginez pas ce qu'il en fait. Ses yeux brillent quand il en parle et... Oh, vous voulez le voir?

L'Oblate n'avait pas manqué de croiser le regard de la fille du nord sur sa gorge et imaginait tout naturellement qu'elle se demandait ce qui s'y cachait. Aussitôt, elle y plongea deux doigts et en sortit un médaillon d'une rare beauté.

Tenez, regardez!

Elle s'approcha un peu plus de son amie, riant et tirant sur l'ancienne chainette.

Vous ne voudriez pas manquer de voir une telle œuvre de la nature, Lara! Vous ne voudriez pas...
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Larouchka
Mon rire se mêlait à celui de ma nonnette, elle était belle quand elle riait, ce petit air triste qu'elle avait souvent s'envolait pour laisser place à des relans d'enfance. Je déposais mes lèvres sur sa joue, avant d'enfiler une nouvelle chope, à ma grande joie.

Oh mais oui! Je veux le voir!! Montrez-moi donc!

Mon visage plongea, direction la jolie poitrine qui s'offrait à moi et, tandis qu'elle en tirait le médaillon, mon nez frôlait la peau moite et ma langue caressait délicatement le velouté de cette chaire qui m'attirait. Mes désirs étaient exacerbés, mon envie devenait folie. Comme elle sentait bon ma nonnette, comme elle avait bon goût, je ris à nouveau, dégageant mon visage de ces monts attractifs. Mes yeux brillaient et mes joues étaient rougies, tant par la chaleur du lieu que par celle du désir.

Comme il est joli! C'est un très beau bijou! Votre mari vous gâte ma soeurette!

Ma main s'était resserrée sur sa cuisse et je me penchais doucement à son oreille, lui susurrant langoureusement.

P'têtre vous en avez d'autres à m'montrer? On pourrait aller voir chez vous?

Je frissonnais en sentant son cou si proche et la fragrance qui s'en dégageait m’enivrait légèrement. Je finis une dernière chope, espérant qu'elle répondrait favorablement à ma demande qui n'était pas du tout innocente.

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Ellya
Son visage s'empourpra subitement tandis que ses yeux ne cessaient de jouer des feux d'artifice. Ces derniers, sous l'effet de l'alcool et du bonheur. Ces premiers hé bien... non, pas sous l'effet du compliment mais de la caresse, délicate, volatile. Probablement due au hasard, imaginait-elle bien pensante. Et pourtant, cela avait suffit à faire s'envoler le rythme de son palpitant comme une jeune vierge s’émeut au moindre frôlement d'aile de papillon. Elle n'avait probablement jamais connu d'effleurement aussi subtil, aussi grisant.

Et la Joie se baissa à son oreille. Une effluve irrésistible de cannelle vint chatouiller les narines de la Duranxie tandis qu'elle partait d'un rire joyeux, tous les sens enivrés.


Oh mais quelle chlarma..charmante idée, Lara! Par Dieu, Georges est absent.


Et de rire, de plus belle,

S'il me voyait ainsi!

La douce Oblate finit à son tour sa chope, presque pleine, à une vitesse d'ailleurs impressionnante comparée à son ingurgitation normale. Enfin, elle attrapa sa filleule par le bras avant de l'attirer près d'elle, pour mieux la diriger vers la sortie, et se soutenir par la même occasion.

La nuit était fraiche mais pas suffisamment pour éclaircir les idées de la jeune femme. Au contraire, les ténèbres exacerbaient sa bonne humeur, alimentaient sa conversation, accéléraient son pas. Enfin, elles parvinrent au seuil d'une grande demeure. D'un mouvement, la sacristine poussa le battant et lâcha enfin son amie.


Aaaprès vous! Les chandeliers sont sur votre droite... ou gauche?

Et de rire, de nouveau, toujours plus.
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Larouchka
Nous étions toutes les deux presque aussi éméchées l'une que l'autre, nous étions tout aussi guillerettes, et je sentais que, malgré mes élans d'affection physique pour ma nonnette, la culpabilité pointait légèrement son nez. Alors que, bras dessus, bras dessous, nous nous rendions chez elle, mon imagination fertile se mêlait à ma conscience douloureuse.

Finalement, l'alcool et la bonne humeur prirent le dessus et c'est en riant que nous traversâmes la ville pour rejoindre la belle demeure Watelse. Pas manqué, alors que je tâtais de la main pour trouver un chandelier, j'en fis tomber deux au sol et me mit à jurer en riant.


Mortecouille, vos chandeliers font un de ses bruits!!! chuuuuuuuut!!

Et en riant j'attirais ma nonnette à l'intérieur, dans l'obscurité, mes mains caressant ses hanches. La porte fut fermée, un silence s'installa, et mes lèvres cherchant les joues de ma marraine, se trouvèrent irrésistiblement attirées par leurs consoeurs.

Le premier baiser a quelque chose d'inoubliable, et même si j'étais éméchée, même si les souvenirs du lendemain seraient teintés de brumes alcooliques. Ce baiser là eut un goût unique. Mes lèvres se posèrent donc sur les siennes, toutes douces, elles avaient un goût sucré, un goût de délice, ma langue aventureuse, s’immisça doucement dans sa délicate bouche pour s'y abreuver et je sus à cet instant précis que je faisais mal, mais que ce mal faisait un bien fou.

Je la serrais contre moi, de peur qu'elle ne s'échappe et alors que nos bouches ne faisaient plus qu'une, je ne pus retenir le gémissement de plaisir qui franchit mes lèvres apposées aux siennes. J'aurais voulu que ce baiser dure des heures, une éternité, mais toutes les bonnes choses ont une fin et sans lâcher son corps fin, pressé contre le mien, je la regardais, les yeux brillants, la pénombre la rendait féerique, terriblement désirable, et je pouvais discerner aisément ses pupilles tout aussi brillantes que les miennes. J'étais un peu étourdie par l'alcool et par ce baiser fou qui m'avait embrasé. Dieu que ce péché était bon.

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Ellya
Chuuuuuut, prononça-t-elle en cœur, plus amusée qu'autre chose, tandis qu'elle enjambait les deux chandeliers. Avait-elle déjà été aussi insouciante depuis l'âge tendre? Lorsque la nuit fut, une fois la porte fermée, elle tenta tant bien que mal de trouver ses repères.

Son seul repère, loin des murs qu'elle imaginait trouver, fut le corps de la fille du nord qui l'enlaçait. Toujours elle riait, encore elle riait... jusqu'à ce que son rire fut étouffé par le baiser improbable, le baiser interdit. Muette, son cœur criait Liberté tandis que son esprit embrumé, alcoolisé, avait cédé prise. Elle sentait l'odeur de la Joie, en goûtait l'essence, perdue dans les bras féminins. Aurait-elle voulu se dégager que son corps n'aurait pas réagi, anesthésié par les lèvres de son amie.

Peut-être aurait-ce été plus simple si le péché jamais n'avait cessé? Que pouvait-il advenir après? Doucement, presque tendrement, la fille de plaisirs se dégagea sous le regard encore étonné de la Duranxie, empli d'étoiles malgré ce que cela pouvait impliquer.

Jamais. Jamais, réalisa-t-elle. Jamais on ne l'avait embrassée avant cette nuit-là.

Le pieux esprit toujours tapi derrière le palpitant fou, la jeune femme ne quittait pas le regard de sa filleule.


Lara... Je... Je... Je...
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Larouchka
Comme elle était jolie ma nonnette. Son émoi la rendait encore plus adorable et alors qu'elle tentait de s'exprimer, je posais un doigt sur ses lèvres.

Il n'y avait rien à dire.

Qu'allait-elle m'annoncer? Qu'elle culpabilisait? Qu'elle avait aimé le baiser? Qu'elle avait peur que son mari débarque? Qu'elle en voulait plus? Que c'était mal? Oh, oui, c'était très mal.
Je lui souris avec tendresse.

Il n'y avait rien à dire.

Je glissais ma main dans la sienne et sans lui laisser le temps de réagir, je l'entraînais dans la maison, découvrant les pièces en tâtonnant, ma main droite en avant, poussant ce que je pouvais rencontrer, ma main gauche serrant fort la main de ma compagne.

Par trois fois, je trébuchais. Par trois fois, je me retrouvais tout contre elle, je la respirais encore, m'enivrant d'elle, mes lèvres cueillaient le cou gracile, ma langue frôlait la peau tendre et chaude.

Enfin, je trouvais sa chambre, du moins, je supposais que ça l'était. Etait-ce son lit? Le lit conjugal? Je n'en savais rien et je m'en fichais totalement. Vivement je poussais la porte et à nouveau je l'attirais contre moi.

La chaleur de son corps, la douceur de sa peau, j'avais envie d'elle, de ses lèvres, de sa tendresse et puis, j'avais aussi terriblement envie de lui donner du plaisir, quand bien même ce plaisir était interdit. Alors, à nouveau mes lèvres cherchèrent les siennes, les trouvèrent et cette fois, je prolongeais le baiser.

Langoureuse torpeur qui nous envahissait, qu'il était bon de si abandonner. Qu'elle était bonne ma soeurette, c'était un divin crime.


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Ellya
Un baiser légal ne vaut jamais un baiser volé. Maupassant


Le cœur embrumé, l'esprit embrouillé, le corps désarticulé, la nonnette suivait tant bien que mal Lara. Quand bien même aurait-elle voulu songer à ce qui venait de se passer, ses idées n'arrivaient jamais à terme et elle recommençait constamment au point de départ. Sans fin. Comme un bulot abandonné s'accroche à sa bouée, elle serrait la main amie plus fort que jamais. Que le contact se rompe et tout s'écroulerait. Elle le sentait.

Souvent, elle ouvrait la bouche dans un son muet. Mais que fait-elle dans la cuisine? Chuuuut. Toujours, elle se rappelait à l'ordre, intérieurement. Elle se cognait, aussi, parfois. Le bureau de Georges? Elle ne va tout de même pas... Chuuuuuuut. Pantin fragile, poupée sans conviction, elle suivait, suivait. Chuuuuu... Mes appartements? Mais que? Uuuuuutttt...

Elles se retrouvèrent dans cette pièce où seule une faible lueur nocturne filtrait, chandelier discret pour amours interdites. Elle s'abandonna aux bras de la Joie, incapable de la moindre résistance, de la moindre décision. Elle commençait à songer au Créateur... oubliait. Pensait un instant à Georges, à ses caresses, toujours rudes... oubliait. Elle tendait le cou pour que son amie y cueille de nouveaux baisers.
Elle songeait à son triste fiancé. L'oubliait.


Ivre des caresses nouvelles, ivre de torpeur et de vin, ivre, elle se laissait faire, nimbée de cette pâle lueur qui filtrait. Ses yeux restaient ouverts mais ne regardaient rien de précis. Un sourire fantôme flottait sur ses lèvres ingénues.

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Larouchka
Des amours saphiques, peuvent naître une tendresse infinie que les hommes ne peuvent connaître.

L'homme fait la guerre avec violence.
Le plus souvent, il fait l'amour avec violence.
L'homme domine, il est prédateur.
Mais la femme?

Ma soeurette était douceur, elle était volupté, son corps était un havre de paix et de tranquillité.

Comment sommes-nous arrivées sur ce lit? Je ne m'en souviens plus. Je me souviens de l'avoir enlacée, d'avoir glissé mes mains dans son corsage et, tandis que l'une ouvrait pour délivrer sa ravissante poitrine, l'autre massait, palpait, caressait avec délice. Ma bouche, après s'être délectée de sa jumelle, découvrait le cou, les cheveux libérés de leur entrave me chatouillaient, me donnant la chair de poule.

Elle était allongée, les cheveux épars, le corsage à moitié défait, offerte. Elle me faisait l'effet d'une déesse antique, aussi païenne que je la savais pieuse.

Une fois le corsage défait, mes mains se perdirent sur les deux jolis monts qui s'offraient à moi, ma bouche à nouveau se penchait sur la gorge à la peau diaphane, ma langue dégustait monts et vallées, jusqu'à venir titiller un petit bouton de chair qui, mécaniquement, se dressa sous ma langue.

Dieu, qu'elle était bonne.

Ses soupirs d'aise m'arrachaient des gémissements de plaisir, la regardant, je défis ma chemise rouge et vint me coller contre elle. Douce chaleur, il est béni l'instant où les poitrines se touchent, où les peaux se marient et les fragrances se mélangent.

Entre deux gémissement, alors que mes mains s'aventuraient sur ses hanches, que mes jambes se mêlaient aux siennes malgré le tissu froissé de nos jupes, je murmurais, comme une prière.


Oh... Ellya...

Dieu, bénissez moi, parce que je pèche et que c'est délicieux.

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Watelse
Watelse tapait le sol de sa canne. La journée avait été dure, et son passage chez le médicastre lui avait apporté des nouvelles alarmantes : Watelse perdait l'usage d'un de ces doigts de pied. C'était le plus beau d'entre tous! Le plus finement osseux. Celui qui n'avait pas d'ongle incarné. Ca lui mettait la grise mine à notre Grand Watelse. Ses pas se faisaient traînant vers son foyer, où Ellya lui masserait généreusement les neuf doigts encore valides.

Il rentrait à l’approche de l’aube de chez son ami Kronembourg qui le réconforta au mieux de la perte de son peton. Sa vue dans la clarté du jour n'était pas à son meilleur. Alors que dire de sa vue nocturne? Plus que mauvaise. Aussi, ce ne fut qu'aux derniers pas vers la porte d'entrée qu'il s'apperçut que celle-ci n'était pas fermée. Entrebâillée, elle laissait craindre un cambriolage, une effraction violente ou une étourderie de sa sotte épouse.

Il poussa de sa canne la porte pour l'ouvrir totalement. Jeta un coup d'oeil précautionneux sur les côtés. Dans le couloir en face, des éléments à terre se dessinaient dans la pénombre. Ellya Watelse était étourdie mais maniaque du rangement. Il fallait rayer l'étourderie de la liste des supposition.

Son poing enfermait fermement le bois qui lui servait d'arme. L'oreille droite aux aguets (la gauche n'entendaient que les sermons de son épouse). Le coeur battant comme celui d'un soldat avant l'attaque. Le Paon avait toutes plumes dehors, bec prêt à fondre sur l'ennemi.

Il pénétrait chacune des pièces de sa maison. Il en observait les recoins comme s'il n'en avait jamais vu les murs. Chaque objet lui paraissait étranger maintenant qu'un opportun en avait violé la propriété. Un opportun? Ou plusieurs? Watelse avançait en silence.

Les pièces du bas furent balayée. Sa crainte se portait sur sa femme et leur nouveau né. S'ils leur étaient arrivé malheur? Combien d'années perdues à espérer un héritier et à chouchouter une femme pour qu'elle veuille bien lui ouvrir sa couche? Watelse n'avait pas le courage de se remarier une troisième fois. Il espérait sincèrement qu'Ellya soit sauve.

Une marche, puis deux. Et son fils, Juste, tout frêle encore. Trop frêle à en croire les médicastres qu'il avait sollicité. Il rechignait à prendre en bouche le sein de sa mère. Ca, il comprenait, car elle n'avait pas une poitrine très accueillante, trop plate. Mais un mâle devait prendre pitance en bouche.

Trois, quatre, cinq.... six, sept... un bruit venant du fond du couloir. Huit, neuf, dix.... La marche craque et son bruit résonne dans le quasi silence de la maisonnée. Onze, douze, treize,... Tiens il n'y a que treize marche à ces escaliers? Supersticieux, Watelse frémit et enjambe la dernière marche. Son poids pèse sur sa jambe ce qui lui arrache à un grognement de douleur.

Plus le temps de rester silencieux, il marche à grand pas vers la chambre d'Ellya où il espère encore prendre de panique les prétendus voleurs.

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création de jipelecriket
Ellya
Après que le vin eut coulé, que ce liquide dionysiaque l'eut emportée dans une douce folie, que, Ménade, elle devint autre, gémissant à l'oreille amie, Morphée la captura, soudainement. Le pire allait commencer: réveil tourmenté, souvenirs atterrants, honte suprême, dégoût profond. Il fallait bien l'avouer: la nonnette ne pourrait vivre avec le poids de ce péché. Sans doute se livrerait-elle même à l'Inquisition.

Le Très-Haut la sauva.

Lorsqu'elle ouvrit-difficilement- les yeux, elle mit un temps conséquent avant de réaliser non seulement où elle était mais aussi quand il était. Matin? Soir? Matin, probablement. Agressive lumière qui lui perçait les paupières.
Elle voulut se relever, renonça. Un burin tapageait ses tempes au moindre mouvement.


Par A...

Elle ne termina pas son juron, les mots étant trop difficiles à arracher de sa bouche pâteuse.
Effrayant instant que celui où l'on réalise que l'on ne sait pas. Que l'on ne sait plus. Que faisait-elle là, dans cet état? Que s'était-il passé? Angoisse qui tente d'être apaisée. Tout va bien Ellya. Tu es chez toi. Dans ta couche. Hier... Hier... Lara!


Lara?!

Elle aurait crié si sa gorge l'avait permis. Elle couina à la place. Oui, Lara, elle l'avait retrouvée dans une taverne. Elles avaient parlé, bu, encore parlé. Puis elles étaient parties et... Rien.

Le Très-Haut l'avait sauvée en étreignant sa mémoire avec le Néant.

Mais la jeune femme était toujours près d'elle, d'où son couinement. Pourquoi gisait-elle à ses côtés, son bras autour de sa taille, à elle? Et pourquoi ... La nonnette s'empourpra. Presque nue? Ce constat la réveilla instinctivement malgré le tambour qui avait pris la place du burin dans son crâne.


Mon Dieu... Que s'est-il...

Son corsage avait échoué au milieu de la place et sa poitrine demeurait nue.
Elle aurait aimé penser, calculer, forcer sa mémoire à se souvenir. Un bruit. Plusieurs. Des portes qui s'ouvrent. Un pas pesant. De plus en plus rapide. Georges.

Elle paniqua, sans comprendre pourquoi. Et secoua, secoua la dunquerkoise, qui ne réagissait pas. Georges ne devait pas voir cela. Quoi qu'il se fut passé -sans doute pas grand chose, pensait-elle, mais tout de même!


Lara!

La candide main s'envola et gifla la fille de joie. Vestige de ce qui aurait dû suivre après le premier baiser. Acte manqué, assurément.

Il faut vous réveiller. Et partir. Tout de suite.

Tant bien que mal, elle se releva, courut vers la fenêtre, l'ouvrit. Oui. Elle pourrait sauter, sa filleule. Elle devrait le faire. Demi-tour, la douce Duranxie ramassa les vêtements qui ne lui appartenaient pas, ignorant l'autre jeune femme, et les jeta par dessus bord.

A peine lui adressa-t-elle un regard. Ne comptait pour Ellya que son époux. Que Georges. Son Georges qu'elle commençait à tant aimer...

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