Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Orgueil et déchéance : le vent les portera.

Enzo.blackney
[Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage. ]
Joachim du Bellay

    « Les pires exils sont intérieurs. »
    de Anne Dandurand


    - Dax – Taverne – Nuit


Ennui : Lassitude due à un manque d'intérêt ou à une activité monotone.* Les pieds dans les étriers qui vont cogner contre les flancs du cheval pour le renvoyer au galop, c'est ce que ressent le Blackney en ce moment même. Ses yeux verts se jettent dans l'infini de la route, le cœur sautant quelques coups, exprimant de légères souffrances qui viennent s'y loger comme des parasites. Les mains sur les rennes, il n'y fait pas attention. Cette sensation d’oppression, il la connait de plus en plus. Tellement, qu'il s'y habitue à force, son souffle reste quelque peu saccadé sur sa monture, mais il suit la cadence. Sans mot dire. Le voyage n'était pas réellement fastidieux, mais relativement ennuyant. Ses pensées divaguaient en quelques voluptés, mais se trahissaient aussi en voyageant vers des pistes plus sombres. Il ne déprimait pas, mais n’était pas non plus très heureux. Il suivait sa légère escorte, alors que d’habitude il était du genre à prendre les rennes. Des questions à savoir ce qui l’attendrait, là-bas, en exil, mais aussi autre chose. Ce voyage s’annonçait être tumultueux pour le Blackney qui n’appréciait pas particulièrement de se retrouver seul. Ce même s'il ne l'était pas vraiment. Un soupir vint caresser les lèvres d'Enzo, asséchées par le vent, alors qu’il levait les yeux au ciel . Un instant. Décidément, il n'était pas d'humeur à faire de la route.

- « Quel ennui ! Nortimer ! Divertissez-moi ! »
- « … »
- « Splendide ce silence. Je n’en demandais pas tant de vous. »
- « Je ne crois pas… »
- « Oseriez-vous dire quelque chose, Garde ? »
- « C’est que…»
- « Ah ! Pis fermez-là. Audoin est beaucoup plus sympathique que vous. »
- « … »
- « Véritablement…»
- « Quoi ? »
- « Rien ! Dax s’éveille à nos yeux. Regardez avant de devenir aveugle. »
- « Aveugle, mais pourquoi ? »
- « À cause de vos inepties ! Sot ! »
- « … »
- « Rha ! »


Les humeurs d’Enzo étaient relativement fluctuantes, ce qui ne rendait pas la vie facile aux gens qui l’entouraient. Encore moins à Nortimer qui ne l'accompagnait que pour une partie du voyage. Enzo le prenait véritablement pour une cruche comparé à Audoin qu'il respectait un minimum, même s'il lui criait dessus, souvent.Mais il n’en n’avait cure, le brun, dans sa vie de tous les jours, il n’y avait souvent que sa personne qui l’intéressait, ce même si certaines personnes sortaient de ce lot, personnes avec qui il se permettait de ne point être égoïste. Ou pas totalement. Dax. Sa ville. Son marché, ses rues vides.

Gabrielle était d’humeur sombre. Elle avait quitté Orthez sans joie, dans la nuit, comme une voleuse, sans dire au revoir à quiconque. Ce qu’elle avait dit à son cousin de Duc résonnait encore dans sa tête. « Faites de moi ce que vous voulez. J'obéirai. Puisque telle est votre volonté, je me soumets à elle. ». Elle n’en revenait pas que ces mots soient sortis de sa bouche. Mais avait-elle eu seulement le choix ? Et la voilà, chevauchant sur la route. Pas seule, évidemment, ça aurait été trop beau. Alcalnn lui avait collé un chaperon, une sorte de chevalier, un de ses vassaux peut-être, Gabrielle n’en savait rien. Elle savait juste qu’il était là pour la surveiller, qu’il avait une épée qu’il maniait fort bien et qu’il lui collait aux basques. Elle l’avait surnommé Shadow Man mais l’appelait « Messire » quand elle devait lui adresser la parole. Rarement pour l’instant.Trouver un bateau en partance pour le nord s’était avéré plus compliqué que prévu. Mais elle avait réussi, grâce à la bonne rencontre dans la bonne taverne. Elle avait donc repris la route en direction de Bayonne - où le bateau l’attendait – Shadow Man sur les talons.Pour l’heure, elle était à Dax, ville morte s’il en était. L’humeur sombre donc. Elle avait planté son chaperon qui finissait toujours par s’endormir suffisamment profondément pour lui accorder quelques heures de liberté, et ruminait dans la taverne municipale, déserte en cette heure avancée de la nuit. .

- « J'vais en taverne ! »
- « Mais ! ... »
- « Ah ! Arrêtez ! Je vais en taverne j'ai dit. Vous suivez ou vous restez là, mais vous ne m’embêtez pas ! Et il est où Audoin d'abord han !? Ventre-Dieu ! »


Et de descendre de sa monture, claquer ses bottes contre le sol, faire tourner un pan de son mantel pour finalement relever le menton. Fier comme un paon. Impétueux comme un cerf. Enzo Blackney, simplement. Son regard s'était assombrit en regardant le jeune garde. Il n'était pas tout à fait rattaché à la famille comme Audoin, servant surtout aux escortes en cas de besoin, et payé aux commissions. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il n'allait pas faire tout le voyage avec eux. Ce qui était forcément une bonne nouvelle. Une grande inspiration, le regard qui se pose ici et là pour s'adapter à ce nouvel environnement. Sur la route, il avait un peu réfléchit et le voyage ne faisait que commencer. La discussion avec sa sœur restait au creux de sa mémoire. Intensément. Par moment, il pensait aussi à Elizabelle, mais la lettre de Susy suivie de celle d’Axel l’avait refroidit par rapport à sa relation, et plus le temps passait, et plus il lui semblait qu’il avait aimé penser aimer. Il lui devait beaucoup, à la jeune fille, dans un sens, ainsi, il s’était amouraché, un retour sur ses sentiments de jeunesse, seulement, il avait grandit. Et de plus, les humeurs de son ancienne promise, avait le don de venir lui chercher ses émotions obscures, ayant même osé, une fois, lever la main sur elle. Ainsi, cet amour éphémère s’était crispé, et Enzo avait appris à se complaire dans la sensation d’aimer, pour se sentir sans doute moins seul. Ce même s’il ne l’avouerait jamais. C'est donc énervé, le corps parsemé d'ennui, et avec le goût d'aller se calmer les nerfs sur quelques chopes qu'il attacha sa monture, et prit la direction de la première taverne de la ville. Celle de la mairie, bien entendu. Toujours à côté, c'est la plus simple à trouver dans une nouvelle ville. Puis vint la surprise. En taverne...

    Gabrielle...


Elle sursaute quand la porte s’ouvre. Enzo. Sublime comme à son habitude, le port altier, un peu poussiéreux – signe d’une chevauchée sur les chemins - son éternel sourire sur le visage et ses putains de yeux verts. Et elle est là. D'abord surpris, Enzo reste sur le bord de la porte un instant avant de s'engouffrer dans la taverne.

What the hell are you doing here?**
- « Surprise ! »

Ce même s'il est autant surpris qu'elle. Faut bien dire quelque chose.Elle lui jette un regard sombre et boit une gorgée de bière. Lui, sourit narquoisement, la regarde faire, et jette un œil derrière lui. Elle n'est pas supposée avoir un chaperon, elle ?

- « Heureux de voir que je te mets de bonne humeur »
- Ironie quand tu nous tiens !

Gabrielle le regarde et avec l’élégance qui la caractérise, elle lui envoie une chaise avec le pied. Il secoue légèrement la tête dans un signe qui dit qu'elle ne changera jamais. Définitivement.

Bois avec moi puisque que tu es là!
- « Ehm ! »


Enzo s’assoit, la regardant de son éternel regard pédant.Elle le regarde aussi et soupire, et finalement lui sourit.Et lui de passer une main dans ses cheveux pour se donner une contenance. Une habitude. Éternellement. Que faisait-elle à Dax au juste ? Il apprit alors qu’elle allait à Bayonne. Comme lui. Et qu’elle avait trouvé un bateau. Ainsi, il ne pouvait passé à côté de cette opportunité, et le jeune homme avait proposé de faire une partie du voyage ensemble. Enzo ne propose pas. Enzo impose et Gabrielle n'avait guère eu le choix. Sans doute que son père n’en serait pas heureux, mais les routes étaient dangereuses, les frontières fermées, et il valait mieux qu’elle ne soit pas seule en plein océan ? Non ? Enfin, peu importe l’excuse, ils allaient faire le voyage ensemble, jusqu’à Saint-Brieuc. Impossible de faire la route par les chemins. C’est ce qu’avait décidé le jeune homme. Et rares étaient les choses qui lui échappait quand il en décidait. Opiniâtre, elle aurait beau eu crier, le gifler, l'injurier, et même lui offrir ses faveurs - quoique ça... Enfin, passons ! - qu'il l'aurait suivit tout de même. Par chance - ou pas - Gabrielle n'était pas mécontente de l'avoir à ses côtés. Pas mécontente, même si elle pressentait déjà que c'était une mauvaise idée. Enzo, son sale caractère, son arrogance, son sourire narquois et son regard vert profond, bad idea***. Mais Gabrielle avait passé suffisamment de temps sur les routes pour savoir qu'un compagnon de voyage est toujours le bienvenue. Même si celui-ci la mettait plus en danger qu'un autre.. Le Blackney, lui, considérait l'option d'une différente façon. Vrai qu'en quelque sorte, elle était sa Folie, Gabrielle, mais il n'avait aucune envie de devoir s'ennuyer tout le voyage, alors que la mer, lui, ça lui plait. De plus, la différence était qu'elle avait trouvé un bateau, et lui pas du tout. Faut être un peu opportuniste dans la vie. Et lui, au moins, n'avait pas vraiment de chaperon pour le tenir à carreau. Il allait assez vite se replacer droit avec son patronage, valait mieux qu'il profite un peu. Non ? Alors il boit. Il la regarde, il oublie.

Gabrielle se dit que le voyage prenait un tour qu’elle n’attendait pas. Enzo. Elle pensait ne jamais le revoir et il se pointait en conquérant, s’invitant dans sa taverne, dans son bateau, dans sa vie, une fois de plus. Il avait déjà fait beaucoup de dégâts. Qu’allait-il trouver cette fois-ci ? Elle verrait bien. En attendant, elle boit, elle le regarde et elle oublie.



•Définition : http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/ennui/
**« Que diable fais-tu là ? »
*** Mauvaise idée


RP fait à 4 mains avec LJD Gabrielle.

_________________
Audoin
Une ombre. Une masse. Audoin.

D'aussi loin qu'il se souvienne, Audoin est au service de la famille. D'aussi loin qu'il se souvienne, il est assigné à la protection de ce fils turbulent, ce cadet projeté à la place de l’aîné sans préavis.
D'aussi loin qu'il se souvienne, Audoin est là. Audoin veille.
Protecteur, soldat, garde du corps ou garde-fou, l'on peut parfois ce demander. Mais il est là.
Dans le dos de son maître, toujours, pour le protéger des attaques viles. Ou pour empêcher ce dernier de reculer, une fois son méfait accompli. Allez savoir.

De tous temps, Audoin a veillé, Audoin veille. Et il veillera, même en terre barbare, surtout en terre barbare où ils se rendent. Dans la joie comme dans la peine, dans la maladie comme dans... Hum ? Quoi, c'est le mauvais texte ? Ah, oui, peut être.
En tous cas, Audoin veille.

Même en exil. Même sur les chemins poussiéreux. Même a Dax. Où visiblement il ne se passe pas grand chose, mais où l'on va avoir de belles surprises.
Il n'y a qu'à voir celle qui prend forme dans la taverne municipale. Gironde, la forme. Et connue.
La cousine.

Impassible, Audoin la salue, et prend sa place. Dans le dos de son jeune maître.

Et maintenant ?

Advienne que pourra. De toutes façons, il suivra. Visiblement, il suivra en bateau, et ils suivront la cat... la cousine. Dire qu'il était dépité ? Doux euphémisme.
Mais comme toujours, il n'en montra rien. Être impassible en toutes circonstances, c'était une compétence capitale quand on veillait sur Enzo.

Voyager avec elle... L'on pouvait craindre le pire venant des deux cotés. Il n'y avait qu'à remonter le temps de quelques semaines pour découvrir qui était l'instigatrice de la chute de son maître. Elle. La Gabrielle. Elle l'avait séduit, pris dans ses rets, et... Et l'arrogance du jeune homme avait fait le reste. Mais sans elle... Sans elle, rien ne serait arrivé, et son maître serait marié. Il ne savait pas encore s'il devait la remercier pour ça. De toutes façons il ne le ferait jamais. Jamais.

S'il la détestait ? Oui, c'est un fait.

_________________
--Yvane


La porte claque et aussitôt, Yvane repousse sa couverture. Mais quelle naïve petite sotte. On la lui fait pas à lui. Bon, il en a le coeur net maintenant : elle va essayer la petite, elle va s'échapper le plus souvent possible pour aller le Très-Haut seul sait où! Il se releve et enfile sa paire de bottes. Il s'est couché tout habillé. Ne dormant que d'un seul oeil, il se réveille au premier froissement de tissu dans l'anti-chambre où il dort. Il entend la petite traverser et sortir.

Combien de fois le Duc lui a-t-il confié ce genre de missions? L'escorte, la protection d'un paquet ou d'un pli secret de l'Amirauté, l'enquête...la torture... D'habitude, Yvane les fait disparaitre, ou les amène au point voulu... Il arrache les informations s'il le faut. Il est chevalier du Duc, mais jamais on ne l'a vu dans une bataille rangée se battre sous les couleurs ducales. Yvane, on lui confie les missions qui doivent rester plus discrète. C'est un acteur, un pisteur...

Jamais il n'a échoué à une mission, sauf une fois. Le bougre dont il avait la charge, il devait lui faire cracher une information d'importance... tout en l'amenant en Espagne où il serait vendu comme esclave. Malgré les soirées passées à essayer de le faire parler, il se tut... et trouva même l'énergie de s'enfuir. La traque pour le récupérer avait durer trois jours. Et au final, un faux mouvement de l'épée mit fin aux jours du prisonnier. mais c'était il y a longtemps, l'une des premières missions.

Passé trouble, présent mystérieux, avenir inconnu... Ses apparitions au château ducal sont rares. Il connait les bruits qui circulent parmi les domestiques, qui l'oublient, mais se souviennent de son existence à chaque séjour. Il joue de cette aura, restant froid et distant, sans dire un mot. Il s'amuse des réactions des femmes de chambre, qui l'admirent mais le craignent.

Assez parlé d'Yvane. Pour l'heure, il est installé dans la taverne, surveillant la table de la pauvre petite sotte de cousine du Duc. Malgré son capuchon sur la tête, il se fond dans la masse. Dans n'importe quel milieu, il s'adapte... Le traqueur ne s'arrête pas hors des campagnes, il continue dans les faubourg malfamés ou les cours les plus en vue. Sauf que cette fois, le gibier, il faut le protéger. L'homme aux cheveux blancs et long à installé sa cape sur son épée de façon à ce qu'on n'en devine pas l'existence.

Soudain, il ouvre de grands yeux. Bougre de nom de nom! Mais...mais... C'est le fils du Duc, ça! Oulà, mais c'est pas bon du tout! Il connaissait pas l'histoire, mais il se rend bien compte d'une chose : si le Duc apprend ça... Allez, intervention! Il se lève, s'avance vers la table et abaisse la capuche, jetant son regard perçant et sans émotion de rapace sur la jeune femme.


-Damoiselle, je doute que Sa grâce votre cousin apprécie de vous savoir ici...

Yvane sourit intérieurement : Et oui, surprise! Tu ne peux pas t'échapper, que crois-tu?
Gabrielle_blackney
[Laisse-moi devenir
L'ombre de ton ombre*]


Audoin a rejoint Enzo. Toujours égal, en retrait, discret. Il salue Gabrielle. Elle lui fait un signe de tête. Enzo aussi a son ombre, mais lui, il peut la congédier, il est le maître et Audoin le serviteur. Présent. Fidèle. Toujours. Gabrielle s'en méfie. Elle ne sait pas ce qu'il pense. Elle va devoir apprendre à être comme Enzo, ne pas voir les gueux, les petites gens et oublier leur présence. Mais pour l'instant, elle ne sait pas faire.
Elle s'apprête à reprendre une gorgée de bière en soupirant, profitant du calme relatif de la taverne. Mais il était dit que ça ne serait pas une nuit calme.


Damoiselle, je doute que Sa grâce votre cousin apprécie de vous savoir ici...


Shadow Man! Elle ne l'avait pas vu. D'où sort-il? Gabrielle a envie de lui jeter sa chope à la tête. Ah il va être long ce voyage, trés long. Elle aurait presque hâte d'être enfermée dans son couvent.
Elle jette un regard sombre à Yvane. Gagner du temps, trouver une excuse, n'importe quoi mais qu'il la laisse terminer sa chope et discuter un peu avec Enzo. Il est son cousin après tout, elle peut bien passer un peu de temps avec lui. A parler, de choses et d'autres. Pour le reste... Qu'il s'installe dans un coin, qu'il boive, qu'il prenne Audoin avec lui d'ailleurs, qu'ils s'étouffent tous les deux avec leur bière! Mais qu'on la laisse respirer!
Elle le regarde. Il la fixe toujours de son regard froid. Un rapace, un loup, voilà ce qu'il est, et elle est sa proie. Il ne la mangera pas, pire, il veut la tenir en cage.
Gabrielle soupire et lui sourit.


Je... Vous dormiez et j'avais soif. Je n'allais pas vous déranger, Messire. Et que pourrait-il bien m'arriver de fâcheux dans cette taverne? Avec mon cousin de surcroît, Enzo, que vous connaissez trés certainement, et qui va nous faire l'heureuse surprise de voyager avec nous jusqu'à Saint-Brieuc. Nous devisions et réglions quelques détails du voyage.

Pas mal Gabrielle, pas mal. Elle le regarde, elle se doute qu'elle ne va pas l'avoir si facilement mais au moins pourra-t-elle terminer sa chope, ce qui serait déjà une bonne chose. Et s'il pouvait éviter de prévenir le Duc, ça serait pas mal aussi. Elle veut bien le suivre à l'auberge, mais s'il pouvait la fermer, oui, ça serait bien. En fille prudente, Gabrielle s'enfile cul sec le fond de sa bière. On ne peut pas tout sauver, mais ne gâchons pas plus qu'il n'est nécessaire.

*Jacques Brel
_________________
IN NOMINE PATER

--Yvane


Toujours aussi impassible qu'à son habitude et pas dupe, Yvane tourne les yeux vers le fils du Duc. Il incline à peine la tête, mais il le salue avec le respect dû tout de même. Son regard revient à la petite, sans même que sa tête ne bouge. Il l'écoute, attendant patiemment qu'elle finisse. Il lui répond alors, pendant qu'elle vide sa chope telle un bûcheron rentrant du travail... Enfin non, elle a plus de distinction que le bûcheron, quand même... et elle pue moins.

Vous auriez du me réveiller. Et dorénavant, il y aura une coupe d'eau dans votre chambre chaque nuit, j'y veillerai. Quand aux dangers de cette taverne...

Il lui indique du menton une fenêtre au fond, où trois hommes se retournent vite quand la jeune fille y jette un regard. Leurs souffles ont laissés des ronds de buée sur le verre.

C'est trois là vous ont suivi dans la rue après avoir bien observé vos... attributs, lorsque vous leur êtes passée devant. Ils sont venus s'installer ici quand ils vous ont vue rentrer et attendent sûrement que vous sortiez...

Yvane a l'habitude de voir ce genre de comportement et de les repérer. Cela fait parti de sa vie et ses missions. Il faut avouer qu'il trouve cela très pratique.

Vous ne devriez pas vous balader seule. Vous pourrez vous habiller comme vous le souhaitez et vider autant de chope que vous le voudrez, ça se voit : vous n'êtes pas une simple paysanne... Et rien que ceci peut éveiller les convoitises.

Ah, ce ton! Seul Yvane peut le réussir. Il est respectueux, si bien que rien ne peut lui être reproché. Cependant, il y insuffle une dose de cassant et d'autorité qui indique tout de suite qui fixe les limites. Il n'est pas dupe : elle sera peut-être impressionnée, mais pas bien longtemps.

Quand au cousin, il n'est pas sûr que la surprise soit bonne, ça non! Travail en plus pour lui, tentation supplémentaire de plus pour la petite... Et tout part de ce drôle de couple. Qu'est-ce qui a bien pu se passer? Il faudra penser à demander quelques explications au Duc dans sa prochaine lettre.


Si vous êtes prévenue, ce n'est plus une surprise... Mais je suis heureux de faire la route avec vous, Messire Enzo.

C'est pas beau de mentir... Mais on appelle ça de la flatterie... Il parait que son égo est pas des plus petit, au "mini-Duc" comme disent les domestiques. En tout cas, là n'est pas la question. POur le moment, faut ramener la petite.

Damoiselle, je vous prierai de me suivre.

Il a beau prier, il n'y a aucune supplique dans son ton. Ah ça non, pas son genre. Scrutant la jeune femme, il ajoute :

Pour ma part, j'écrirai à votre cousin pour lui faire un rapport détaillé de notre avancée.

Et voilà! Maintenant, si tu veux savoir ce qu'il y aura dans ce rapport, tu es obligée de me suivre!
Gabrielle_blackney
[Elle a les yeux revolver,
elle a le regard qui tue*]


Si seulement! Elle le tuerait sur place en lui jetant un regard noir à Shadow Man. Ah qu'est-ce qu'il l'agace! Jusque là, ça passait, il l'avait bien déjà récupérée quelquefois en taverne entre Orthez et Mimizan, mais jusque là, elle n'avait pas d'autres raisons de s'échapper que le besoin d'un alcool fort et une envie de liberté.
Alors que maintenant. Elle jette un oeil sur Enzo en soupirant. Enzo, pourquoi a-t-il fallu que tu ramènes tes fesses par ici? Non qu'elle ne fut contente d'avoir les fesses de son cousin sous les yeux, c'était toujours un spectacle plaisant, mais ça allait bien lui compliquer les choses. Gabrielle n’est pas très raisonnable quand il s'agit du jeune homme. Et le temps se réduit pour eux deux, Enzo lui accorde un extra inattendu, mais il sera court. Et Gabrielle compte bien en profiter. Au moins, avec lui, elle s’amuse et elle oublie le reste.

Un soupir, un regard à Yvane pour lui signifier qu’elle est prête à le suivre. Elle inspire un grand coup pour éviter de lui balancer ces quatre vérités à celui-là !
Une coupe d’eau ! Sérieusement ? Il veut sa mort ? Dans les veines de Gabrielle, c’est de l’alcool qui coule, n’importe lequel mais fort de préférence… de l’eau ! Elle croit rêver. Elle écoute son petit laïus. Il la prend vraiment pour une idiote, une gamine, ou – pire – une de ces petites nobles capricieuses et insupportables. Elle sait se débrouiller, elle a survécu jusque là et sans lui, attributs ou pas – quels attributs d’ailleurs ? C’est qu’elle n’est pas très gironde ni voluptueuse Gabrielle, un petit gabarit, athlétique, bien faite, mais pas de quoi faire tourner la tête lui semble-t-il, et pas vraiment de quoi remplir pleinement la main d’un honnête homme.

Elle regarde Enzo pendant qu'elle se lève pour suivre Shadow Man. Qu’est-ce qu’il est beau ce petit con. Et arrogant. Toujours. Elle lui sourit. Elle imagine qu’il va bien pouvoir se moquer d’elle de la voir surveillée et coincée comme ça. Ca pourrait le faire rire Enzo. Il est tellement odieux, à s’amuser des petits malheurs des autres. Un coup d’œil à Yvane qui ne la quitte pas des yeux. Oh et puis zut, Enzo est son cousin, elle peut bien lui souhaiter une bonne nuit. Elle se penche vers Enzo et l’embrasse sur la joue, une main négligemment posée sur son épaule. Un baiser chaste et rapide et un murmure :


Je suis vraiment contente de te revoir...


Chaste et rapide mais elle n’a pas été aussi prêt de lui depuis des jours. Elle ferme les yeux un instant, juste le temps de se croire seule avec lui, comme avant. Pourquoi la vie doit-elle être aussi compliquée ? Pourquoi faut-il que ce soit lui qui lui fasse cet effet, le seul avec qui c’est impossible, interdit ? Le Très Haut doit avoir ses raisons. Il faudra qu’elle pose la question au Père Brennach ou à un autre prélat.
Elle se redresse, abandonnant à regret l’épaule d’Enzo et fixe son regard sur Yvane. Elle va lui parler à Shadow Man, elle ne va pas lui laisser lui gâcher le peu de temps qu’elle a. Qu’il la surveille, d’accord, mais il y a peut être moyen de coopérer. Et puis elle a un service à lui demander. Un service que lui seul pourra lui rendre. Elle y pense depuis quelques jours déjà. Mais ça n’est pas encore le moment pour ça.
En attendant, va falloir lui parler et le convaincre de ne pas mettre n’importe quoi dans son rapport. La dernière chose dont Gabrielle a envie c’est de traverser une autre colère magistrale du Duc. Elle ne le supporterait pas.



- Dax – Extérieur taverne – Nuit


Gabrielle sort, Shadow Man à sa suite. Enervée elle est. Enervée, fatiguée et lasse. Elle soupire et balance un coup de pied dans un caillou avant de se diriger à grande enjambée vers l’auberge sans accorder un regard à Yvane. Elle s’arrête net au bout de quelques mètres et se retourne vers lui et le fixe de ses yeux bleus sombres. Elle l’observe et se calme avant de prendre la parole

Ne le dites pas à Alcalnn. Que je sors la nuit. S’il vous plait. Je fais ça depuis toujours, je suis faite comme ça. Ca rendait folle ma mère. Je ne crains rien, et je vous promets de ne pas m’enfuir, de ne rien faire qui me mette en danger. Mais laissez-moi ça, c’est tout ce qui me reste. Juste quelques heures la nuit… S’il vous plait ?

Faut-il qu’elle soit désespérée pour le supplier ainsi. Mais elle n’a rien à perdre. Elle n’a déjà plus grand chose. Tout ce qu’elle peut sauver c’est un semblant de liberté, ses errances nocturnes, quelques gorgées d’alcool au fond d’une taverne et… Enzo. Ils n’ont pas fini d’apprendre à se connaître, ils ont encore des choses à se dire. Mais si peu de temps. Oui, Gabrielle n’a plus rien à perdre alors elle ose. Elle regarde le chevalier, son ombre, Shadow Man, et elle lui envoie sa supplique. Juste un peu de liberté pendant que c’est encore possible. S’il vous plait.

*Marc Lavoine (et pourquoi pas?)
_________________
IN NOMINE PATER

--Yvane


Planté là tel un piquet, Yvane ne cille pas d'un fil. Il regarde le mur, attendant qu'elle ne finisse ses mondanités. Mais qu'elle est lente! Il faut pas trois heures pour dire "Au revoir, cousin." Si? Bah non! Mais bon, il prend sur lui le chevalier. La patience est reine dans ce genre de situation.

C'est toujours aussi silencieux que l'homme suit la petite dehors. Bien sûr, il n'a pas oublié la traditionnelle semi-révérance en inclinant la tête pour saluer le mini-duc. D'autant plus que la tournure des événements semble indiquer qu'ils se reverront bientôt. Une fois dehors, Yvane suis la jeune femme en silence, se calant à son rythme. Qu'elle rumine, qu'elle rumine : ce n'est pas son problème. Il ne veut pas s'en faire une ennemie, mais son travail est de l'amener à bon port en un morceau et sans scandale pour le Duc. Si elle veut pester, insulter, et même mordre, ça ne rendra que la tâche un peu plus prenante.

Dès qu'elle se retourne, il s'arrête. Il plante ses yeux de rapaces dans ceux du petit bout de femme qui lui fait face. Il ne détourne pas les yeux. Ce faire dominer par le col... par l'escortée, c'est la laisser prendre des libertés, trop de libertés. Il écoute la supplique. Il réprime un sourire d'amusement. Finalement, elle est rigolote cette petite. Pas la première fois qu'il se le dit, mais jusqu'ici, elle n'avait jamais été aussi loin. A la limite, il lui demanderait de le supplier à genoux qu'elle le ferait.

Quand elle a finit, le silence s'installe lourd et pesant... Il y a mille-et-une façons de torturer un être... le silence et l'attente en sont deux. Il combine les deux et ne répond rien. Il reprend simplement la route, détournant son regard droit devant lui. Il la dépasse, sans un mot, sans une réaction. Une fois la petite dans son dos, il continue, sans se retourner, sans un geste ou une parole vers elle. La laisser dans son jus, mariner un peu, tel est le secret! Elle est à point, et plus il fera durer, plus le message s'imprimera en elle. Celui qui donne le rythme, c'est lui!

Au bout de quelques pas, il finit quand même par s'arrêter. Il sourit, franchement amusé de son petit jeu. Tournant à peine la tête de côté, il s'adresse à elle, sans un regard :


Et bien alors, vous venez?

Il reprend sa marche dès qu'il entend les pas de la jeune femme derrière lui. Il ne dit plus rien jusqu'à l'auberge, se contentant de la laisser à ses pensées. Arrivé dans leur suite... Si on peut appeler ça une suite : une chambre pour elle et une anti-chambre toute bête pour lui, très petite. Mais elle a un avantage certain : pour sortir, la petite à la choix entre la porte et la petite fenêtre de sa chambre. Pour sortir par la porte, elle doit lui passer devant. Et pour la fenêtre, elle donne sur un mur manquant cruellement d'accroches et donnant sur une ruelle le long de l'auberge, obligeant la jeune femme escortée à passer sous la vitre d'Yvane. Oui, oui, il a surtout pris cette chambre pour l'intimité qu'elle permettait d'offrir à la petite, mais il a été jusqu'à vérifier ce genre de détail. Toujours est-il qu'une fois arrivé, il s'installe à sa table, prend sa plume et un parchemin et commence à écrire.

Derrière lui, la petite semble s'attarder dans l'antichambre. Probablement attend-elle une réponse, ou un geste de lui. Il attend d'entendre qu'elle cesse de tourner derrière et qu'elle se résigne à entrer dans sa chambre pour prendre la parole.


Je ne parlerai pas de vos petites sorties à votre cousin. Du moins, pas pour le moment. J'accepte de vous y accompagner, quelques heures, sans plus. Mais évidemment, c'est donnant-donnant. Au moindre danger pour vous ou pour l'honneur des Blackney, faites moi confiance : le sort du jument de trait dans une ferme vous paraitra enviable.

Yvane sourit devant sa feuille, s'amusant de la situation. Mais bien sûr, son ton est resté aussi froid et impersonnel que toujours. Sa voix est régulière, mais autoritaire. Il n'hésitera pas, si besoin est, à enchainer la jeune femme à lui-même. Ce ne sera pas le premier colis qu'il garde près de lui, ainsi relié à lui, pour empêcher qu'il ne s'envole dans la nature. Il se lève.

Je vais vous chercher le verre d'eau promis.

Il n'a pas prévu d'écrire au Duc ce soir. Aussi, pendant toute sa tirade, il n'a écrit que quelques mots sur son parchemin. Ce qu'il faut pour donner le change, sans plus : ça ajoute un aspect théâtral et une négligence pleine d'assurance à ses propos. Aimant jouer avec sa proie -qui à dit sadique?! - Yvane sourit en sortant. Soit elle ne lit pas, et ce n'est pas très grave. Soit elle le fait, par curiosité ou par peur des foudres du Duc. Si elle l'espionne ou essaye, Yvane lui a adressé une simple phrase, la seule écrite sur le parchemin :

"J'espère que c'est la dernière fois que vous lirez mes missives."
Audoin
[Taverne – Intérieur, nuit]

Vous ne devriez pas, monsieur.

Il s'était permis. Il se permettait, parfois. Il savait qu'il serait très probablement vertement réprimandé, mais pour tout dire, il s'en moquait. Le gamin, bien que déjà rompu au maniement des armes, ne saurait jamais défaire son garde personnel en combat à la loyale. Et surtout, ne s'abaisserait pas à tenter de le défaire. L'ambivalence de sa position lui donnait donc quelques libertés. Inférieur dans la hiérarchie, mais présent depuis toujours. Presque sa nounou en fait.

Et puis la cousine, il savait très bien ce qu'elle lui voulait. Et ce que lui lui voulait. Précisément ce pour quoi ils avaient tous deux été chassés par Sa Grâce.
Le soldat retint une grimace. L'hérésie de ce qui avait pu se produire le hérissait. Parce qu'ils était cousins ? Peut être. Parce qu'il n'aimait pas la cousine ? Peut être. Parce qu'il pensait que monsieur valait mieux que ça ? Peut être.

Le regard sombre glissa distraitement sur les traits fins et délicats de son maître, à la recherche d'une trace d'agacement. Il ne se permettrait pas un commentaire de plus, il avait usé de son quota du jour. A moins que monsieur ne l'interroge directement, bien sur.
Il se contenta de rester, stoïque, mutique. A sa place.
Il attendit la réplique cinglante... ou le geste lui indiquant qu'il était temps pour eux d'en aller vers leurs chambres d'auberge. Il se demandait ce qui serait prévu cette fois. Chambres communicantes ? Paillasse au coin du feu du maître ? Écuries pour toute la garde ?
Qu'importait, puisque de toutes façons, il dormirait d'un seul œil, et d'une seule oreille, à la porte, comme un chien de garde. Dedans, si le jeune homme n'était pas trop fâché. Dans le couloir, s'il l'était.

Audoin n'avait jamais failli. Il ne faillirait jamais. Il en était convaincu. Sa vie entière reposait sur le service. Sur l'honneur de la tâche qui lui avait été confiée. Veiller sur le fils du Duc. Il l'avait vu grandir, de l'enfant turbulent à l'adulte... turbulent. Des facéties aux frasques. Bien normal qu'il s'attache... Non?

_________________
Enzo.blackney
    Taverne vide - Intérieur - Toujours la nuit.


Son regard vert se pose sur Audoin, d'abord incrédule, et ensuite agacé. N'avait-il pas eu assez de Nortimer durant le voyage jusqu'ici, et de ce Yvane qui se veux poli, tout ça tout ça, mais en fait ment ouvertement au fils. Mais cette main qu'il a eu un instant sur son épaule, ses lèvres déposés sur sa joue, et se murmure juste pour lui, ça l'a apaisé. Juste assez pour éviter qu'il engueule ouvertement le commentaire de son garde. Il ne réprima toutefois pas un soupir d'agacement, se retrouvant abandonné dans la taverne alors qu'il avait l'intention de partagé un peu d'Armagnac - Le Bearn, c'est bien pour ça, on est pas loin des bons alcools - ce même si le Blackney à une préférence pour les alcools Normands. La surprise de revoir sa cousine venait de lui être retiré, et ça ne lui plaisait pas, mais pas du tout. Vrai que le chevalier de son père avait autorité sur Gabrielle, mais il s'en retrouvait pas moins de mauvaise humeur du fait qu'il l'avait obligé alors que lui et Audoin étaient là. De surcroit, il était impoli d'obligé d'avoir provoqué un au revoir aussi précipité, parce que Monsieur à plein pouvoir sur Gabrielle. Non, il n'aimait pas Yvane. Ses méthodes, ses flatteries qui sont que des mensonges, des détournements d'attention qui cache une pointe d'arrogance. Le pire était qu'il ne pouvait pratiquement rien faire, car il était sous les ordres de son père, mais aussi, parce qu'il ne pouvait prendre le risque que les rapports parlent de lui. Le Padre étant assez en colère contre son cadet comme ça. Alors, il le fixe toujours, son garde. Les sourcils qui se fronce, une main qui s'agite sous l'énervement.

- « Que dites-vous ! Je ne devrais pas quoi ? Vos prises de libertés m'agacent fortement Audoin. Si vous savez mieux ce qui est le mieux à faire, allez-y. Je vous écoute !


C'était méprisant. Simplement. Il n'attendait pas de réponse le Blackney, mais il n'était pas non plus d'humeur à être cinglant. Désagréable et hautain, soit, mais pas plus que d'habitude. La fatigue sans doute, car oui, voyager c'est éreintant, et ni lui, ni Audoin sont des hommes surpuissant qui n'ont pas besoin de sommeil. Sachant qu'ils doivent se levé tôt pour partir vers Bayonne et ne pas raté le bateau qui allait partir dans les prochains jours. Une main se glisse dans ses cheveux bruns, ses lèvres allant finalisé la seule chope qu'il allait avoir bu ce soir. Triste constatation, ou pas. Sachant qu'il ne tenait pas bien l'alcool il était sans doute mieux pour toute personne qui l'accompagnait qu'il n'est pas bu plus que de raisons. Il se lève. Fixe son garde et secoue la tête. Il y a des moments où il ne le comprends pas, mais est-il obligé de le comprendre ? L'important n'est-il pas le fait qu'il soit là, toujours, constamment, mais sachant aussi gardé quelques distances quand il le faut. Il n'est pas chaperon après tout. Il n'a jamais tenu la chandelle entre lui et Elizabelle. Quoiqu'il n'avait pas grand chandelle à tenir, surtout comparé à Gabrielle, où, là, effectivement, chaperon il pourrait avoir besoin. Il avance presque avec nonchalance vers la porte et se tourne légèrement pour regarder Audoin.

- « Rentrons ! »


Il n'y a rien à faire d'intéressant dans cette taverne puisque sa cousine est partie. Et il est fatigué, ce même s'il ne le dira pas. Il ouvre donc la porte, et se glisse dans le froid de la nuit. Son ombre, aura droit à un lit de camp dans la chambre qu'il a demandé qu'on loue à sa place. L'humeur reste ce soir, malgré tout. Elle l'apaise autant qu'elle le trouble. Une main dans ses cheveux bruns, un soupir d'exaspération quitte ses lèvres. Demain, oui, demain sera mieux.

    Le lendemain - Le matin.


Il avait mal dormit le Blackney, torturé par quelques cauchemars qui envahissent sont esprits quelques nuits. Il n'avait pas crier, mais le drap qui se froisse lorsque le corps se crispe, les mouvements agités, puis les réveils en sursauts, fréquents, ne démentaient pas. Morphée ne lui avait pas laissé le droit d'être serein cet nuit, comme il l'était souvent, et ça le mettais un peu de mauvaise humeur. Il s'était levé, oubliant son garde un instant, passant à la salle d'eau de quoi faire une légère toilette pour se remettre les idées clairs. Puis, il s'était habillé, mettant de côtés ses « beaux habits » pour mettre quelque chose de plus adapté au voyage à cheval. Et c'est là, que le regard vert croisa Audoin. Le jeune homme resta un moment silencieux, un peu troublé du fait qu'il s'était changé devant lui. Il avait toujours été là, mais tout de même, souvent, le Blackney se laissait un peu d'intimité. D'ailleurs, il se demanda un instant, s'il était resté derrière la porte de la chambre de Gabrielle à l'auberge d'Orthez. Ne l'ayant jamais vu auprès du feu quand il était retourné dans la sienne dans la nuit. Silence. Encore et toujours. Une ombre, une masse, une nounou, un confident, un garde, un homme. Audoin.Enzoresta dubitatif, passant finalement devant la masse qui était aussi grand que lui.

- « On part pour Bayonne. »


Simple, efficace, mais l’intonation sec n'y était pas. Il le brun d'ouvrir la porte de la chambre, y sortir sans un mot de plus, sans même se retourner. Il allait rejoindre sa cousine en bas, dehors, où normalement le reste de l'escorte avait déjà scellé les chevaux.
_________________
Gabrielle_blackney
[And I can't wait to get on the road again.
Goin' places that I've never been.
Seein' things that I may never see again*.]


Gabrielle avait dormi comme à son habitude, peu et d’un sommeil profond, sans rêves ni cauchemars. Elle s’était réveillée comme à son habitude, vite et bien. A peine les yeux ouverts, elle sauta de son lit, se lava rapidement et s’habilla, pressée de chevaucher vers Bayonne.
De bonne humeur en repensant à son cousin, elle fut plus aimable avec Yvane qu’à l’accoutumée, le gratifiant même d’un vrai sourire franc en guise de bonjour. Elle n'avait pas lu le rapport qu'il avait laissé trainé - volontairement évidemment -, il pouvait bien raconter ce qu'il voulait après tout, elle ne pourrait rien y faire.
Elle allait à Bayonne avec Enzo, ce qui était une pensée plutôt plaisante et elle n'avait pas envie de se parasiter l'esprit avec autre chose.

Evidemment, Enzo se faisait attendre. Gabrielle soupira d’exaspération en regardant l’escorte de son cousin. Certes il était fils de Duc mais avait-il vraiment besoin de toutes ces malles ? La jeune femme se promit de lui faire avouer où il avait planqué ses alcools, certaine que des bouteilles d’Armagnac et de Calvados se cachaient dans tout ce fatras.

Enfin, Audoin dans son sillage, Enzo fit son apparition. Gabrielle le regarda enfourcher sa monture avant de lancer son propre cheval au petit trot, pressée de quitter la ville et de se retrouver sur les chemins.
Mais elle avait une question à poser à Shadow Man. Elle dirigea sa monture vers celui-ci, accordant son trot sur celui d’Yvane.

Messire ? M’apprendriez-vous à me servir d’une épée ? Je compte m’en procurer une à Bayonne avant d’embarquer, mais je vais avoir besoin d’un professeur et puisque vous êtes là…

Laissant sa phrase en suspend, elle lui sourit et lança son cheval au petit galop sans attendre la réponse. La nuit dernière, il lui avait montré qu’il aimait faire mariner les gens avant de leur répondre, qu’il la laisse attendre si ça l’amusait, elle n’était pas pressée.
Elle contourna l’escorte et s’installa en queue de cortège, se laissant volontairement distancer légèrement afin d’être seule. Elle n’avait nulle envie de subir tous ces gens, seule une personne trouvait grâce à ses yeux et il saurait bien la rejoindre s’il était dans la même disposition d’esprit qu’elle.
Gabrielle laissa ses pensées s’égarer. Elle repensa à ces dernières semaines. A son arrivée à Orthez, à Cooky, à Glen, à Rowena, à sa rencontre avec Enzo, à son orgueil imbécile qui l’avait conduit à écrire cette lettre, à la colère d’Alcalnn. Elle pensa aussi aux yeux d’Enzo posés sur elle, à sa main dans la sienne, à ses mains sur elle, à… La jeune femme rougit légèrement et secoua la tête. Elle repensa aux paroles du Duc et à celles, si différentes du Père Brennach. Et à celles d’Enzo, après la lettre, dans la taverne. Gabrielle ne savait plus que penser.
Gabrielle soupira. Après tout quelle importance ? Elle irait au prieuré, elle subirait, se tairait et accepterait sa sentence. Elle allait devoir se faire docile et soumise dans l’espoir de raccourcir sa peine. Mais elle s’en remettrait, et finirait bien par sortir. Si elle n’avait aucune idée du sort qui l’attendait là bas, elle savait déjà que ça serait difficile. Tout ceci en valait-il la peine ? Gabrielle sourit intérieurement. Oui… Elle ne regrettait rien. La vie vaut-elle d’être vécue si elle est fade et sans risque ? Gabrielle ne le pensait pas. Elle était jeune encore et il serait bien temps de dépérir dans la couche et la maison d’un mari qu’on lui imposerait un jour ou l’autre, un mari dont elle ne voudra pas, qu’elle méprisera et pour lequel elle ne vibrera jamais.
Mais au moins aura-t-elle connu les égarements fugaces et violents que procure la passion, la haine et l’amour mélés dans un sentiment trouble, et le désir intense pour un autre qui laisse le corps tremblant et l’esprit chamboulé.

Enzo. Son opium, son alcool violent, sa déraison.

Gabrielle secoua la tête pour chasser cette idée. Elle jeta un œil autour d’elle, l’air d’hiver était frais mais sec et ensoleillé, la nature était belle, elle flatta l’encolure de son cheval, elle sentit les muscles de l’animal, son souffle chaud. C’était une belle journée, vraiment, et l’idée de naviguer de nouveau la remplissait de bonheur. Son avenir était sombre mais son immédiat était clair. Carpe Diem. Profite du jour présent. Elle était douée pour ça. Elle n’allait pas se gâcher les quelques jours à venir.
Elle regarda autour d’elle. Enzo, où était-il donc ?


* Et je ne peux plus attendre d'être à nouveau sur la route
Aller dans des lieux où je ne suis jamais allée
Voir des choses que je ne reverrais peut-être jamais
(Willie Nelson)

_________________
IN NOMINE PATER

Audoin
[Soirée]

Il ne réplique pas. Il a déjà de la chance que le jeune maître ne le vilipende pas plus.
Il se contente de hocher la tête, et de le suivre jusqu'à l'auberge.
Un sourire relève un coin de sa bouche. Il aura droit à un lit de camp dans la chambre. Il s'y reposera mieux que dehors à faire le planton devant la porte, c'est certain.

La nuit fut assez mauvaise.
De toutes les créatures femelles peuplant le royaume, il avait fallu qu'ils tombent sur ELLE. Et qu'il prenne au jeune maitre l'envie de voyager avec elle. Et probablement pas que de voyager avec, d'ailleurs.
Quelle odieuse idée.
Peut être pourrait-il discrètement négocier avec le chaperon de la donzelle pour que celle ci reste enfermée dans sa cabine. Après tout les femmes à bord, ça porte malheur, les marins n'auraient pas forcément envie de la voir se promener sous leur nez.

Il dut dormir quelques heures, assez pour être en forme au matin. Aux premières lueurs de l'aube, quand la lumière est encore grise et poudrée, il était déjà éveillé, même s'il ne quitta pas son lit de camp. Un peu de repos supplémentaire ne lui ferait pas de mal, même sans dormir.
Il fut n peu surpris, mais pas vraiment dérangé, quand le jeune homme se leva et se débarbouilla devant lui. Les hommes d'armes sont habitués à la promiscuité, et la présence de corps masculins autour de lui n'avait jamais dérangé Audoin.
Son jeune protégé par contre faisait habituellement montre de plus de réserves.
Le regard clair détailla le corps fin, à la dérobée. L'adolescent était bien fait. Long, élancé, la musculature délicate se découpait sous la fine peau aristocratique. Racé, aurait-on pu dire.

Audoin posa rapidement ses yeux ailleurs. Il ne voulait pas mettre son maître mal à l'aise. Il enfila rapidement gambison et gilet de cuir par dessus sa chainse et sa chemise, noua ses chausses et enfila ses bottes, avant de boucler le baudrier de ses épées dans son dos.


- « On part pour Bayonne. »

Oui, monsieur.


Rien de plus. Le garde du corps n'avait jamais été très loquace. Il se contentait de suivre et de protéger.
Aussi la masse se mit-elle en branle pour emboîter le pas au jeune homme.
Ils récupérèrent leurs chevaux aux écuries. L'alezanne piaffa, mais une tape sur l'épaule et un quignon de pain sec entre les dents eurent raison de sa mauvaise humeur matinale. Peut être s'était-elle levé du sabot gauche, elle aussi. Allez savoir.
Dans la cour, Audoin l'enfourcha. La seule pouliche qu'il montait toujours avec plaisir, et surtout la seule à qui il pardonnait ses sautes d'humeur.

Il se mit en route au rythme de son maître, restant botte à botte avec lui, tant que ce dernier le lui permettait.
Il lui importait fort peu que la donzelle traîne à l'arrière et s'y fasse égorger ou violer. Le jeune duc lui ne subirait pas ce genre de sort. Pas tant qu'Audoin respirait. C'était comme ça.

Son ombre.

_________________
Isleen
[A la place qu'ils occupaient, l’instant d’après leur départ]

Allez demander à une cleptomane ce qui la motive sur le choix de ce qu’elle dérobe, sur le choix de sa victime, elle vous répondra qu’elle ne le sait pas elle même. Non juste le besoin de prendre, dérober, voler, ce besoin plus fort qu’elle même, qui lui fait prendre du mouchoir en dentelle, à une chope brisée, en passant par un poignard élimé. Des choses bien inutiles le plus souvent, qu’elle jette ou conserve selon l’humeur. Et puis parfois, une bourse, un joli médaillon, oui parfois dans le lot des emprunts, quelques jolies choses qu’elle conserve pour rendre peut être plus tard ou tout simplement utiliser.

Mais là notre irlandaise cleptomane est frustrée, l’objet de ses désirs vient de prendre la poudre d’escampette à dos de cheval avec son ombre dans son dos, oui il vient de se dérober à ses mains et elle n’aime pas cela la rouquine, mieux elle déteste cela, plus proche de la réalité de ses sentiments. Vous rendez-vous compte, c'est elle qui devrait dérober et l'objet de ses désirs se dérobe à elle, le monde à l'envers. Elle déteste.

Frustration alors qu’elle repense à la veille au soir, à ce moment ou dans la taverne, elle l’avait vu attablé, et ou ce désir violent de prendre, de lui prendre quelque chose, c’était manifesté soudainement. Une autre qu’elle serait peut être tombée en amour pour l’homme mais pas Isleen. Non que l’homme ne soit bien fait de sa personne, plutôt l’inverse, plaisant à regarder, un certain soin dans la tenue, un petit air supérieur, ce qu’il faut pour plaire, mais l’irlandaise ne ressent pas ce genre de sentiment, ne sait pas encore ce que s’est, le seul qu’elle connaisse et qui a toujours diriger sa vie pour le moment, c’est celui violent et jouissif de dérober, d’"emprunter". Combien il lui avait été dur, sur le moment, de détourner le regard, de ne pas s’approcher, d'éviter de se faire remarquer, l’homme n’était pas seul, elle aurait couru droit à la catastrophe. Par expérience, Isleen sait qu’il ne faut trop longtemps porter son regard sur l’objet de son désir, sous peine d’attirer alors son attention, et avec sa carnation naturelle, elle agite déjà un foulard rouge aux regards. Toute la soirée, elle avait espérer un moment, "le moment" ou elle aurait pu, elle aurait su qu’elle pouvait agir, mais non jamais, il ne s’était retrouvé seul,moment ou elle aurait pu l'aborder, tenter une approche, une manœuvre pour glisser ses mains dans ses endroits cachés, non toujours accompagné, et suivi comme une ombre pas sa propre ombre, irritant, frustrant !

Jusque là au moment de leur départ ce matin, il l’avait suivi comme une ombre, même là il était encore une ombre à le suivre, et elle, elle se tient là, à l’endroit qu’ils occupaient l’instant d’avant, elle les regarde partir, avec cette frustration au creux du ventre. Enfer, elle déteste ressentir cela, cette sensation non assouvie, c’est rageant, mais elle ne peut rien y faire, elle ne va pas les poursuivre, elle ne le fait jamais et ne commencera pas maintenant. Non elle va partir dans la direction opposée, partir vers le nord, et peut être retourner en Bretagne, revoir les plages ou elle s’est échouée, sur sa route elle assouvira ce besoin de prendre, peut être cela comblera ce sentiment de frustration qu’elle ressent, et si un jour elle le recroise...
Enzo.blackney
    « Le voyage apprend la tolérance. »
    de Benjamin Disraeli


    [ Sur les routes - Et on s’ennuie, encore ! ]


Audoin. Il ne parle pas, il suit. Il pense peut-être, mais ça, le Blackney s'en fiche quelque peu. Et il aime ça. Son ombre, toujours là, toujours présente. À l'affût. Il n'a même pas besoin de surveiller ses arrières, ont le fait à ça place. Alors ils quittent l'auberge, Enzo ayant préalablement payer le tout. Chose qu'il préférait faire lui-même. Non qu'il portait une grande attention aux écus, mais ça raisonnait souvent, dans sa tête, comme un certain pouvoir. C'est-à-dire, que celui qui avait l'argent, était le maitre de ceux qui recevait. Comme si tout échange, était une forme de créance. Et il aimait ça le brun. Puis, tous deux - Audoin, pas l'Aubergiste ! - se dirigea finalement vers les écuries. Enzo n'avait toujours pas de cheval à lui. Il en empruntait un, ou bien en achetait un pas trop cher, souvent à caractère docile. Cette fois, il avait simplement pris l'étalon à l'encolure foncé, presque noir, qu'il avait acheté lors de ses déplacements vers Rome. Jolie bête, bien musclé, parfaite pour les voyages tout comme la guerre, mais pas trop imposante. Ce n'était pas un étalon de cavalerie lourde, mais il avait la musculature pour tenir une barde au besoin, mais pour le voyage, un caparaçon suffirait. Enzo tira donc doucement sur les rennes pour faire avancer sa monture, puis glissant le pied gauche dans l'étrier y monta d'un coup, habitué par ce genre de procédé. Un jour, peut-être, que le Blackney aura sa propre monture, qu'il trouvera une cheval qui lui conviendrait parfaitement, mais pour ce jour, il allait rester avec celui-là. Il était difficile question chevaux, même s'il n'y connaissait que ce qu'il avait appris, dans son enfance, au Collège Saint-Louis de France.

- « Prêt ? »


Question rhétorique, le regard qui se pose sur son garde. Un instant. La nuit agité semble donner des airs d'attentions au Blackney. Tellement, que juste avant de sortir pour les écuries, il lui semblait avoir reconnaître une chevelure flamboyante vu quelques heures plus tôt, avant qu’il ne parte se reposer. Et pourtant, tous savent comme les gens lui sont souvent transparent quand ils ne leurs trouvent rien d’intéressant, et la condition de la rousse n’avait rien qui disait qu’elle était noble. Les humeurs du Blackney lui jouaient des tours, si cela continuait, il allait devoir voir un médicastre. Dans un soupire, il claqua ses talons contre les flancs de l’animal passant devant Gabrielle allant en tête de ligne. Il ne la salua presque pas. Il aurait le temps du voyage jusqu’à Bayonne pour lui parler. Pour l’instant, il devait montrer qu’ils partaient tous. Normalement, il aurait fait monté le Gonfanon, mais pas cette fois. Il n’avait même pas revêtu le tabard, c’est pour dire. Non. Ils se feront discret jusqu’au bateau. C’est le mieux. Il aura assez de temps pour narguer les Bretons avec les armoiries Normandes, quand ils arriveront en Bretagne. Cette pensée le fit sourire, et se mit doucement au trot. Pour l’instant, il ne pensait à rien, jetant un œil à Audoin.

Le seul qui restera avec lui lors de cet exil. Comme toujours. Il sera là. Dire qu’avant, du haut de ses douze année, il se souvint d’avoir regarder le garde d’en bas, avec l’air ahuri d’un gamin fier et à la fois étonné de l’imposante masse qu’il avait été, et était toujours. Les temps avait changé, et il avait grandit le Blackney. Même quand il avait fui les funérailles de sa mère, Audoin avait suivit. Jusqu’en Franche-Comté, à courir après un maitre d’une quinzaine d’année, fougueux et impulsif qui ne voulait plus rien savoir de sa famille et encore moins de son garde. Le jour où l’adolescent avait dû faire face à la réalité de l’existence. Le jour, où Nennya était décédé à l’Hostel Dieu de Paris et que le choque de la nouvelle avait fait flancher les genoux du jeune homme qui s’était effondré. Le seul et unique moment où on a vu le Blackney hurler et pleurer. Comme un gamin. Comme un enfant qui a trop aimé. Comme l’amoureux de sa mère qu’il avait été. Car il l’avait aimé. Trop. À en avoir encore des séquelles, des souvenirs, des odeurs. Audoin avait toujours été là.

Enzo secoua la tête, et instinctivement claqua de nouveaux ses talons sur les flancs de l’animal, mais tira sur les rennes avant de partir littéralement au galop. Il devait se calmer. Penser à ça ne servirait à rien. Un autre soupire, une main relâche les rennes, et il la passe dans ses cheveux. Inéluctablement.


- « Audoin ! Il me semble que nous avons une femme en queue de cortège. Ne vous as t-on pas appris qu’il est peu recommandable de laisser seule ainsi, une jeune femme ? »

Il sourit avec arrogance. Même le Blackney n’est pas du genre à écouter ce genre de recommandation. Il n’est pas spécialement attentif aux réclamations d’attention, ni même aux besoins que pourraient avoir une femme. C’était d’ailleurs sont plus gros problème avec Elizabelle. Il l’écoutait peu, et souvent ne remarquait pas les signes qu’elle lui envoyait. Il lui arrivait d’être doux, et lui-même, c’est-à-dire sans toujours ce masque d’arrogance, mais c’était rare, et pour cause, ils se disputaient souvent. C’est lorsqu’il la voyait quitter la taverne ou la rue en pleurant, ou au bord des larmes qu’il comprenait sa bourde. Quoiqu’il ne comprenait pas toujours, mais allait la revoir, car après tout, c’était sa future à ce moment là. Bref. Il avait besoin d’évacué la mauvaise humeur qui le prenait du fait qu’il venait de penser à sa mère. Et de surcroit à Elizabelle, qu’il ne verrai plus. Il tira donc les rennes pour contourner l’escorte, et se commença doucement a aller au trot vers Gabrielle, mais pas trop vite, pour laisser le temps à la masse de répondre, et le brun d'ajouter :

- « Restez-donc un peu avec Yvane…»

Autrement : Je ne cours aucun danger, laissez-moi un peu en paix, mais le ton n’étant pas impératif pouvait aussi laisser place à ce dernier de le suivre. Il devait aussi lui reparler de ce qu’il avait dit dans la taverne, la veille. À voyager avec autant de gens, on apprend la tolérance…, mais pas trop. C'est Enzo quoi ! *

*Référence à la citation.

_________________
--Yvane


Grognement du chevalier. Mais quelle petite peste inconstante qui sait pas ce qu'elle veut! Bon d'accord, c'est pour la forme plus qu'autre chose qu’il râle intérieurement. Elle l'amuse bien, avec son impertinence qui sort dès qu'elle le peut. Le coup de l'épée, et puis quoi encore? Non mais elle veut pas qu'il joue de la flûte tout le trajet, non plus? Bon, en fait... Il râle à nouveau par habitude, mais l'idée l'amuse. Pour une fois, le paquet pourra être causant et plus qu'un simple prisonnier à livrer à la bonne adresse! Ce qui ne change rien au fait qu’il est le chef et que c’est lui qui fixe les limites.

Perdu dans ses pensées, Yvane ne fait pas attention à la petite, enfin pas trop. Elle est partie à la tête du convoi, mais quand il relève la tête : pas de trace de la gamine. Un juron à faire pâlir d'horreur un démon sort de sa bouche. Il cherche la petite dans l'escorte, puis se retourne et la voit, à quelques mètres. Bien sûr, il va la laisser là, sans protection. Il tient à sa tête, le chevalier! Elle risque juste de se faire trucider à tout instant!

Il n'a pas le temps de réagir, qu'Enzo file déjà la rejoindre. Rester avec lui? Sûrement pas! Il fait ses missions seul, ce n'est pas pour se coltiner un groupe de bons à rien à part servir leur maître, et encore.


Audoin, tu fais ce que tu veux, mais moi, je ne les laisse pas seul ! Si le mini Duc veut se faire tuer, c’est lui que ça regarde : j’ai une cousine ducale à escorter, moi !

Il talonne sa monture et jette derrière lui, par dessus son épaule :

Sinon, c’est toujours tout droit ! Tu peux pas te tromper !!

Oui, il le tutoie, et alors ? Yvane est chevalier du Duc, lui ! Il a une petite maison et quelques terres offertes par Sa Grâce. Enfin des terres… il est marrant le duc. Il lui a donné un bout de forêt. Comme ça, Yvane a le titre de chevalier, mais rien ni personne à gérer. La belle vie, en somme. Futé comme il est, le Duc, avec cette fausse seigneurie, il se fait un vassal qui lui laisse plein droit d’usage de la forêt.

Il arrête sa monture à mi-chemin entre Gabrielle et le groupe. Il la laisse passer devant avec Enzo. C'est seulement à ce moment-là qu'il repart et les suit, tranquillement. Il est à une distance toute à fait raisonnable. Plus proche, il entendrait tout. Plus loin, elle est hors de portée et il risque de mourir de honte s'il lui arrive quelque chose.

Le voyage va être long. Les deux-là, quel lien étrange les unie? Il ne le sais pas. Il va falloir enquêter. Yvane est sûr d'une chose : le garde du corps d'Enzo sera un très bon informateur.
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)