Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] - Hymen en or massif. Neuf, prix à débattre.

Yolanda_isabel
    Paradoxe, n.m.
    Figure de style qui, sans énoncer nécessairement un véritable jugement, présente les autres traits du paradoxe: alliance de mots apparemment incompatibles mais qui, à l'examen, éclaire la réalité d'une façon inattendue. Ex : Mon chien se roule dans la boue pour se nettoyer..


Un éclat de rire carillonne dans la campagne languedocienne à voir Ankou, cette espèce de grand dadais de dogue entrain de se vautrer et de se retourner dans la boue pour se nettoyer des bestioles qu’il a récolté en la suivant dans les bois. Paradoxe animal, se salir pour mieux être propre. Les humains ont leurs propres paradoxes, et les femmes plus encore. Se marier pour être plus libre, voilà bien l’exemple le plus probant du caractère paradoxal féminin. Se marier pour quitter le joug paternel ou fraternel pour mieux se couler dans le moule matrimonial. Et c’est vers cela qu’elle se dirige en sautillant, en souriant. Le long voyage de Corbigny au Tournel n’a su en aucune façon atteindre la joie de vivre de la fillette de maintenant onze ans. Rien ne saurait y arriver, pas même son Pair plus absent que jamais, ni même le soudain regain de piété de sa belle-sœur, la jolie Marquise aux coquelicots qui a préféré les chemins de Rome à la route du Pays d’Oc. Pas même le manque d’enthousiasme d’Aimbaud. Les missives sont parties de Bourgogne, qui pour le Tournel pour prévenir le vicomte de leur arrivée imminente, et pour prévenir son fils où qu’il soit pour qu’ils les rejoignent, l’affaire le concernant puisqu’il est question de leurs fiançailles à tous deux.

L’azur hérité de sa mère fixe avec assiduité chacun des détails qu’elle croise, déformation de peintre qui voudrait capter chacune des couleurs, chacun des effets du soleil pour le retranscrire sur la toile. C’est la première fois qu’elle voit le Languedoc et immédiatement son esprit s’envole vers sa Linèta, son amie qui lui en avait parlé une fois. Elle vivra en Languedoc certainement quand elle sera mariée à Thibert. L’idée lui fait-elle mal, elle ne saurait le dire, c’est étonnant comme on peut être paradoxal dans sa façon de penser, ce sont les mêmes sentiments qui l’étreignent que lorsqu’elle a quitté Corbigny et s’est arrêtée près de la cage de Ségur pour la prévenir qu’elle partait pour mieux revenir. Reviendra-t-elle vraiment ou faudra-t-il faire venir le grand léopard ? Impatiente de partir, de vivre cette aventure, et pourtant, peinée à l’idée de se séparer d’un repère dans sa vie. Ségur. La petite main gantée se resserre sur les rênes de Madone, énorme shire sur laquelle il faut la hisser à chaque nouvelle étape et de laquelle, il faut la faire descendre à chaque halte, autrement dit, encore un caprice de Yolanda, désireuse d’impressionner qui son futur fiancé, qui le père de celui-ci en arrivant juchée sur le mastodonte de noble lignée puisqu’issu des haras royaux.


-« Aimbaud si j’épouse Thibert, pourra-t-on faire venir Ségur au Tournel ou devrai-je la laisser à Corbigny ? »

La séparer de Ségur serait bien la pire des punitions qui puisse lui être infligée. Offerte à sa marraine par la Reine de Castille et Leon, puis reçue en héritage à la mort de Béatrice de Castelmaure, Ségur avait vécu avec elle les belles années du Louvre, l’exil et la vie trop paisible de Bourgogne. La séparer de son léopard, ça serait comme effacer des souvenirs. Si j’épouse Thibert.. Un coup d’œil jeté en coin au dit Thibert justement alors même qu’au loin commence à apparaître la demeure du Phénix de ces bois.

-« On y est ! Nous allons revoir Actarius ! Nous allons revoir votre père, Thibert ! »

Mais devant le vicomte, en sa présence, il conviendra de dire Sa Seigneurie. Un sourire aux lèvres d’apparaître tandis qu’elle talonne la jument sous elle, au risque d’en glisser. Les bonnes manières lui manquaient, l'Euphor aussi ! Sus au Phénix !
_________________

« Mas perqué as trabucat ? Es pas subressabent e aquò servís pas-res ! »
Actarius
Et ce Phénix des bois se tenait justement perché dans son nid... d'aigle. Lorsqu'on évoquait l'imprenable Castel du Tournel, l'expression n'avait rien d'usurpée. Les remparts s'élevaient sur un éperon rocheux qui s'avançait dans la vallée jusqu'à toucher les rives du Lot. On y accédait difficilement tant les deux chemins arpentant le versant de la montagne dont jaillissait cette impromptue falaise étaient pentus et étroits. Beaucoup abandonnaient leur monture et poursuivaient le voyage à pied. Ils finissaient invariablement, qu'ils fussent montés d'un côté ou de l'autre, par se succéder comme un cortège des pèlerins sur la seule voie d'accès à la forteresse, voie qui débouchait sur une succession d'ouvrages défensifs. A l'évidence, on entrait pas au Tournel comme dans un moulin.

Au-delà de ces défenses, au-delà de la cour, s'élevait le logis seigneurial. Quiconque connaissait le Mendois pouvait se douter qu'on y trouvait pas de chichis et de fioritures. Un intérieur décoré avec goût, mais aussi et surtout avec sobriété. Ce n'était certainement pas au Magnifique qu'on aurait reproché cette fameuse et fâcheuse tapisserie de trop, plus communément connue sous le sigle FFTT. Et dans une pièce, qui aurait pu être estampillée avec un FFTT barré d'une croix et qui accessoirement lui servait de cabinet de travail, se languissait le Vicomte sur un certain nombre de parchemins. Il y en avait notamment un qui semblait retenir toute son attention et sur lequel un importun placé au-dessus du colosse languedocien aurait pu lire "Cher Actarius", le reste demeurant masqué par la tête dudit languedocien. L'écriture venait sans doute possible d'une plume tenue par une dame ou une demoiselle. Le ton de l'accroche trahissait une certaine familiarité que ne se serait vraisemblablement permise qu'une proche.

Si l'importun s'était alors glissé sur le profil du feudataire, il aurait pu deviner un sourcil froncé, un visage fermé que seul un rictus de désapprobation altéré et dévié de sa marmoréenne contenance. Avec attention, il aurait même pu déceler une crispation du poignet et déduire alors que la lecture de cette missive provoquait comme du désagrément, comme de la colère. Si enfin, dans le cas hautement improbable où l'importun aurait eu des capacités de velinomorphe et serait devenu le parchemin en question, il aurait été confronté à un regard teinté d'une sourde douleur et d'une profonde déception.

Mais il n'existait dans cette pièce nul importun, il n'y avait qu'un homme désemparé face à un message qui l'avait bouleversé. Un homme vêtu simplement qui ne se doutait pas un instant qu'à quelques lieues de là se dessinaient les contours d'un convoi d'importance.

_________________
Thibert
Le Johny Sasaki des coeurs comme des convenances faisait route vers le pays. Aaaaah le pays ! Qu'est-ce qu'il avait pu lui manquer, la demeure de son enfance, dans laquelle il avait vécu cloîtrer jusqu'à peu de temps de cela, lorsqu'il était partit pour vagabonder sur les routes. Dans le but de se battre, mais il n'y avait pas eu de combat, et beaucoup de vagabondage. De long moment de solitude, de recueillements, de prières qui l'avait rendu rêveur, distant, avare en parole comme en réaction émotionnel, Thibert était en quelques sorte devenu un genre de mec mystérieux, un phylécastrope de poète maudit qui se complait dans ses pensée et son silence, mais vu qu'on était au Moyen-âge, nombres de gens qu'il avait pu croiser lors de son périple en venait simplement à se demander si il n'était pas juste idiot.

De toute manière, il n'avait pas beaucoup parlé du voyage, entre les molosses et la belle famille, et le ton de réjouissance et le château dans lequel il allait retourner vide de sa chère mère. Non, Thibert s'était tu, avait limité ses échanges verbaux à leurs essences les plus rares, out en essayant, quand même, de faire transparaître la joie dont il se sentait habité à l'idée de convoler en juste noce. A terme. Quand ils arriveraient, déjà. Quelques lieux encore, qu'il estima en plissant les yeux, pour mieux voir le chemin qui se dessinait encore devant eux, arborant toujours son sourire, gratifiant cette fois sa promise d'un tendre regard en coin.

_________________
Aimbaud
Mais je vous en prie, ma vie. Prenez vos cliques et vos Ségurs sous le coude... Mes valets de chiens n'ont jamais su y faire avec cette bête, après tout ! AH ah.

Dans le rire forcé du jeune Josselinière et ses tonalités amères, on sentait comme une sourde rancoeur, une aigreur à l'estomac, une sorte d'ulcère qui frôlait l'éruption ! Ces symptômes rendaient son humour douteux voire imbuvable... Et nous ne parlerons pas des crises de colère qu'il avait éructé en route, ci-contre un palefrenier qui aurait mal sanglé sa monture, ci-contre leur guide qui leur faisait prendre détour, ci-contre la météo déplorable, le paysage déprimant à s'en tirer un carreau d'arbalète, le Languedoc tout entier qui était selon lui...

... caillouteux et séché ! Regardez-moi cette terre. Qu'y peut-on faire pousser ? Des arbustes morts ? AH AH.

Et il agitait un gant de cuir roux à la figure d'un écuyer près de lui, en désignant l'horizon d'un arc du bras. Il faut dire que ce chemin de pierres sonnait sur leurs sabots comme autant de craies sur des ardoises... Le voyage, aussi, avait été long et éprouvant. La voiture chargée de paquets qui les suivait avait dérapé dans des ornières et s'était souvent embourbée. Mais tout ceci n'eut été que vétille si l'humeur d'Aimbaud s'était trouvée au beau fixe ! Seulement, il n'en était rien. Le frère était contrarié. La rencontre qui s'annonçait allait probablement signer l'abandon de son aimée cadette à un opportuniste... Un héritier de province, un pauvre bougre mal dégrossi par son éducation sudiste ! Un ABRUTI qu'il regardait en coin sans lui adresser mot, préférant le juger tout d'un bloc et darder sur lui de bons gros stéréotypes "duchéistes" (au XVème siècle, on ne pouvait pas encore vraiment parler de "racisme").

Bref, il méprisait Thibert. D'ailleurs il ne lui avait presque pas même adressé un regard depuis son arrivée dans le cortège, le reléguant au rôle d'un simple accompagnateur jusqu'en les terres d'Actarius. C'était avec l'Euphor paternel qu'il souhaitait traiter, pas avec un sous-fifre à la gueule belle qui avait trop bien su jouer de son regard ténébreux pour embobiner sa soeur. Aimbaud, jaloux ? Taratata...

Alors qu'ils empruntaient la dernière ligne droite en direction de la citadelle, le marquis de Nemours marmonna d'un ton grave, presque dans un soupir.


Levez haut nos bannières.
_________________
Yolanda_isabel
L’aime-t-elle ce frère ? A en mourir. A le laisser dire ses ignominies.. Car ô combien elle aurait voulu être homme et lui faire ravaler ce sourire infect et ces sarcasmes méprisables. Ô comme elle aurait voulu être Clémence et posséder la force de lui faire déglutir ses piques avec difficulté. Aîné chéri, frère aimé, je te maudis quand tu es comme cela. Mais en allant au devant de cette union, ne perdait-elle pas tous les hommes qu’elle chérissait ? Arutha la détestait, l’évêque de Nevers avait déclaré la fin de son apprentissage, Minouche était parti sur un sourire, son Pair, son Pair avait appris la chose le temps d’un instant de lucidité, et voilà qu’Aimbaud, maintenant, lui offrait pour seul réconfort, son cynisme. Et plutôt que de taire sa fureur, plutôt que de garder par devers elle sa rage, voilà qu’à l’aube d’une nouvelle vie, d’une nouvelle ère. La petite buse de Château-Gontier montre les serres au sanglier de Corbigny.

-« Peut-être parce que tes valets sont des incapables. Quand on ne sait pas y faire, on ne fait pas. Ankou comme Ségur sont bien mieux dressés que l’entièreté de ta chiennerie, ‘Baud. »

Comme le réconfort aurait été préférable à ses vilenies, comme le soutien d’un frère à une sœur aurait été plus délectable que cette méchanceté soudaine. Elle part vers l’inconnu et au lieu de l’épauler, il l’y jette d’un revers d’orgueil mal placé. Et comme leur mère avait fait front portant haut la couronne ducale de l’Anjou, la petite tête blonde se redresse fièrement, elle ne va pas défier les armées ennemies, elle va conquérir un castel ami et son maître. Plus haut que les bannières, ce sont les voiles sombres d’azur et de sable qui forment sa coiffe qui viennent claquer dans l’air chaud de la Haute-Vallée du Lot. Son frère peut bien lever haut les bannières, elle porte les siennes et ne se soumet à l’autorité fraternelle que par amour, mais cet amour ne le foule-t-il pas aux pieds de lui-même ? Bast ! L’allure de la jument est ralentie tandis qu’ils approchent de la porte principale, et c’est tout de même un regard tendre et suppliant qu’elle lui verse en coin alors même qu’ils rejoignent le corps de garde où elle attend que quelques grouillots prennent la parole pour annoncer à qui de droit l’arrivée du fils prodigue, Thibert d’Euphor, et de la délégation du Marquis de Nemours et de sa sœur.

-« Tu n’as jamais remarqué qu’amour en lengua d’Oc, ça se disait « Amor », c’est « Roma » à l’envers.. » Un temps qui s’écoule, un temps certain qu’elle occupe à détailler la deuxième porte qui s’ouvrira alors si les gardes jugent de bon aloi de laisser passer les visiteurs. « Je serai bien ici, je pense. »

Pourquoi ? Parce que l’occitan se prête à des jeux amusants quant au respect dû à Rome ou parce que la croix évidée et pommetée du Lenguadoc est le symbole de ralliement d’un dogme autre que celui imposé et qu'elle rejette en bloc ? Parce que tout simplement, la vallée où coule le Lot lui semble être un terrain parfait pour courir la campagne, pour découvrir la nature, pour vivre. Oui, le Tournel semble être le refuge dont elle a souvent rêvé, et s’il faut pour cela, épouser Thibert, alors elle le fera. Tant qu’à être prisonnière de barreaux en or, autant les choisir soit même.
_________________

« Mas perqué as trabucat ? Es pas subressabent e aquò servís pas-res ! »
Actarius
Le Mendois avait quitté son attitude prostrée, il faisait désormais les cent pas les bras croisés dans le dos tout en se remémorant le contenu de cette missive. Cela durant un certain temps, cela dura précisément jusqu'au moment où un serviteur entra et lui annonça l'arrivée de son fils aîné accompagné du Marquis de Nemours et de sa soeur... le Vicomte ne fut pas long à comprendre de quoi il en retournait, d'autant plus qu'il avait été prévenu, il donna les ordres pour que trois chambres fussent préparées dans les plus brefs délais et qu'un bon repas fût servi point trop tardivement. Tandis que les effets de ces ordres se faisaient sentir par l'agitation qui avait envahi le logis, il descendit et sortit débouchant sur la cour tout sourire.

Légère inclinaison de la tête à l'adresse du jeune marquis. Votre Magnificence... enchanté. Son regard de Sienne bascula vers la jeune fille, qui fut gratifiée d'un petit clin d'oeil. Donaisèla, benvenguts en Lengadòc !* Les Siennes se posèrent enfin sur son aîné. Thibert, qual plaser de te revéser !* Enthousiaste le père ? Bien évidemment. Il n'avait plus vu son fils depuis des mois et des mois. Il le savait non loin du théâtre de la guerre contre le Ponant et s'en était naturellement inquiété. Je vous en prie, venez, ajouta-t-il après avoir fait comprendre en une oeillade sans équivoque qu'il convenait pour sa progéniture d'aider sa possible future promise à descendre de sa monture.

Peu après, ils furent introduit par le Pair en personne dans la grande salle, là où se déroulaient les cérémonies, mais aussi là où étaient entendues les doléances de ses sujets. Un petit trône s'élevait au fond de la pièce, dans laquelle les tréteaux étaient entrain d'être posés. C'était là à l'évidence que le repas serait dégusté par la suite. Mais la question de la boustifaille attendrait un peu, quoique..
.

Désirez-vous manger ou préférez-vous que nous nous entretenions d'abord ? Ces mots furent adressés au Marquis, son hôte au rang le plus élevé, celui qui allait être son interlocuteur et celui qu'il fallait donc ménager en premier lieu.


*Demoiselle, bienvenue en Languedoc !
* Thibert, quel plaisir de te revoir !

_________________
Aimbaud
Trop pas. N'importe quoi... Grmbl...

Rumina le jeune Bourguignon, quant à la remarque désagréable sur sa meute de chiens. Il détourna le regard de sa cadette, tiquant de la paupière (car sûrement une poussière venait de lui piquer l'oeil), et fit mine de ne plus prêter attention à ce qu'elle racontait. Ainsi passèrent-ils sous la herse du château dont l'ombre couvrit les couleurs des étendards. Aimbaud mit pied à terre pour enrober le blanc museau de son cheval dans une brève cajolerie, puis se tourna vers le maître des lieux. Il le reconnu sans peine car il avait, à la dernière guerre, observé sa figure sur le champ de bataille de Limoges.

De même, votre Seigneurie.

Il le salua puis suivit d'un oeil calme les retrouvailles. Et c'est sciemment qu'il tendit les mains vers la taille de Yolanda pour l'aider à descendre de sa monture, ceignant fraternellement ces poignées d'amour, protecteur comme pas deux. Quand les escarpins eurent touché terre, il les obligea à marcher dans ses pas bottés, gardant à son bras la main potelée de la fillette. Eut-il été équipé de menottes qu'il les lui aurait passés...

Il fit aussi signe à un valet de le suivre, un drôle décoiffé qui avait pour nom Aymon. Conduit dans la demeure, il suivit le Pair de France à pas vifs et lui répondit du tic au tac.


Les deux sont combinables.

Boire ! D'abord. Une coupe de vin, de grâce. Non pas que la soif le taraudait, mais il avait bien besoin d'une petite flaque pour se détendre de la jaque. N'oublions pas les politesses.

Si vous voulez.
_________________
Aymon
Et voilà.

Une fois de plus, le valet dégingandé se retrouvait aux basques de son maître, tel un mâtin certes bâtard et efflanqué, mais d'une fidélité à toute épreuve. Et cette fois-ci, c'est jusqu'en languedoc qu'il avait traîné ses grands pieds, non sans un soupir d'exaspération, et, il faut bien le dire, un léger pincement au coeur. C'est qu'il n'était jamais allé aussi loin, le bougre. Le voyage avait été d'un ennui mortel : le petit porcelet blond qui servait de soeur à Aimbaud roucoulait des inepties de gamine, son dadais de promis s'enfermait dans un mutisme lyrique et Aimbaud...mieux valait s'abstenir de lui parler si on ne souhaitait pas obtenir une réponse aussi cinglante qu'un coup de cravache.

Il n'avait pas vraiment compris pourquoi il était supposé suivre le marquis fulminant jusque dans les salutations officielles, et autres salamalecs de nobles - peu lui importaient ces formalités, il n'y entendait rien, aussi lorgnait-il déjà autour de lui pour repérer les écuries locales où il se chargerait d'approvisionner un Lugh encore fumant du voyage en eau fraîche et en avoine, pendant que lui-même sympathiserait avec les palfreniers du cru et parviendrait peut-être à se faire offrir quelque breuvage. Un signe du marquis réduisit ces espoirs à néant.

En même temps, il s'en doutait. Josselinière n'était pas loin de la rupture d'anévrisme, il bouillait littéralement de jalousie et d'exaspération - non qu'elles ne fussent habilement dissimulées face au futur beau-père de Yolanda, mais l'écuyer, mine de rien, commençait à connaître ses signes extérieurs de rage. Aymon, résigné, se prépara mentalement à assumer la tâche de soutien psychologique qui lui incombait.



_________________
Actarius
Un "bien" vint ponctuer la réponse du Marquis, preuve s'il en était besoin que le Pair se trouvait plutôt en de bonnes dispositions. Quelques consignes furent lancées et bientôt la grande table fut totalement prête. Cela ne dura à vrai dire que quelques instants, ce qui évita tout silence gênant de s'installer. Une main tendue vers les places désormais disponible, le Vicomte invita ses hôtes à prendre place. Dès lors qu'ils eurent fait, il les imita, se plaçant face au Josselinière. Un jeune homme dont il avait entendu le plus grand bien, mais dont il se doutait, pour l'avoir lu dans sa dernière missive, de l'attachement pour sa soeur. L'affaire n'était de loin par encore conclue. Les possibles futurs promis, plus particulièrement la dame de Molière, étaient jeunes et il n'était pas inscrit dans le marbre que le fils Euphor serait à l'image de son père. Il hériterait assurément, deviendrait ainsi puissant, mais n'avait encore rien accompli de grand par lui-même.

A peine convives eurent-ils pris place que la valetaille s'empressa d'amener les premiers pichets de vin. Et celui-ci n'avait rien d'un vinaigre de mauvaise vie, il provenait des riches coteaux de Saint-Dionisy et garnissait les caves royales. Cela relevait du privilège d'être à la table d'un des plus puissants Seigneurs du Languedoc, par la richesse d'une part et sa mainmise sur une des zones très stratégiques du nord du Languedoc. Et puis - n'ayons pas peur de l'affirmer - son profond goût pour la sobriété avait été nuancé par ses fonctions parisiennes. Ce détail se devinait à la vaisselle utilisée. Le vin était servi dans de magnifiques verres de Venise sur lesquels trônait un Phénix magnifiquement ouvragé.


A votre santé, osa le Mendois. Vous avez fait bonne route j'espère ? Sur ces mots accompagnés d'un regard interrogatif apparurent les premières assiettes, garnies de pâtés en tout genre et de charcuterie. On y était, la discussion commençait. Soucieux de ne pas initier les choses sérieuses de suite, sans savoir si le Marquis préférait s'entretenir de cela en privé, l'Euphor avait opté pour une entrée en matière sympathique et quelque peu détachée.
_________________
Yolanda_isabel
Un Aimbaud qui boude, ce sont de folles heures en perspective et pour le coup, toute sale gosse qu’elle est, elle offre à son écuyer un regard plein de compassion. Il faut bien que quelqu’un trinque, et ce ne sera pas nécessairement elle, sinon à quoi servirait la valetaille, je vous le demande. Mais déjà voilà que quelque chose d’autre qui attire son attention, quelque chose ou quelqu’un plutôt, car avant d’entendre la voix, elle voit la carrure impressionnante qui s’avance, et d’être juchée haut sur le shire imposant qui lui sert de monture, l’empêche de trépigner sur place. C’est un sourire qui gravit des monts de bonheur que celui qui s’étale sur le visage de Yolanda Isabel de Josselinière, Actarius présent, le Languedoc est presque complet, est presque parfait. La langue d’Oc la fait frémir, enfant à l’imagination débordante qui y voit chaque fois un chant délicieux, et le Phénix chante alors elle sourit de plus belle si tant est que ce puisse être possible. Le clin d’œil lui est un baume au cœur qui efface le peu d’angoisses qui lui reste. Elle ne sera pas seule en Languedoc affublée d’un fiancé rêveur, il y aura son Pair.

-« Adieussiatz vescomte ! »

Elle s’est retenue à temps de le complimenter puérilement sur son Languedoc dont il est si fier et qu’elle aime déjà. Elle s’est retenue et elle n’en a plus le temps puisqu’Aimbaud la soulève de sa selle pour mieux la soutenir à terre. Les lèvres sont pincées mille fois encore, de ce soudain élan d’affection qui n’échappe pas à la perspicacité de la fillette : De la jalousie. Elle soupire un temps avant de replacer une mèche de cheveux qui se serait sauvée de sous sa coiffe extraordinaire et de suivre bon an mal an son aîné jusqu’au logis vicomtal où une tablée les attend. Elle prend place sans mot dire, du moins pas tout de suite, bien consciente que son rôle à présent se limite à être polie et souriante, et pourtant.. Pourtant, il y a ce vin qu’elle connaît et qui lui fait couler un frisson glacé dans le dos, la première fois qu’elle y a goûté, il faisait beau dans les jardins du Louvre, et elle suivait Marraine parmi les fournisseurs royaux, et il y avait ce vin qu’elles avaient aimé. Les verres sont considérés un instant, le Phénix qui étend ses ailes dans le brasier, c’est un rappel. Une gorgée de plus est avalée avec trop d’empressement peut être et le menton se relève pour fixer leur hôte.

-« Oc, vous ne m’avez pas menti. C’est bien joli par chez vous. »

Et cette phrase est une mise en garde à l’égard de son frère. Il faut être poli Aimbaud même si tu préfères bouder. Et de retourner dans son mutisme bienséant, regardez comme elle sourit bien même si discrètement sous la table, elle tend un doigt trempé dans le vin au dogue noir couché au pied de sa chaise.
_________________

« Mas perqué as trabucat ? Es pas subressabent e aquò servís pas-res ! »
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)