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[RP] Sauvez-moi.

Davia_corsu
[Comme une bête traquée]

Il faisait nuit, il faisait froid. Sa chair était entaillée, les bleus marquaient la peau tendre et elle avançait, aussi vite qu'elle pouvait. Les yeux embués de larmes.

Grâce à lui, elle avait fui, grâce à lui, elle était en vie, mais il avait perdu la sienne.

Il faisait nuit, elle avait froid, elle avait peur. Pourquoi marcher ainsi, sans but?

Sans but?

Dans sa tête la douleur martelle et ses lèvres murmurent, à chaque pas, à chaque fois qu'elle défaille.


Montpipeau... je dois y arriver... Montpipeau.

Pourquoi le château du Vicomte? Pourquoi chercher à rejoindre Séverin? Elle aurait pu rentrer à Chavonnière, le domaine était plus près du lieu de leur attaque, mais elle redoutait le regard que son père porterait sur elle, elle redoutait les confidences, elle avait peur de tout.

Pendant deux jours, elle avait marché. Blanche cavalière sans cheval et sans épée, elle gardait nuit et jour la dague des Warenghien contre elle et elle sentait, ultime rempart, que la Vendetta de son père frottait contre la peau de son flanc.

Elle était en piteux état, vidées des larmes qu'elle ne pleurait plus, la jambe droite boitant, entaillée, le sang avait collé les vêtements qui autrefois, avaient été blancs.

Elle n'avait rien mangé depuis deux jours et elle ne réfléchissait plus, arrêtant de ressasser sans cesse ce moment fatal où elle avait vu l'homme qu'elle aimait tomber, sans vie.

Parfois, dans une semi-torpeur, s'assoupissant légèrement, recroquevillée au pied d'un arbre, elle se redressait, les yeux agards.

C'était un cauchemar, bientôt elle se réveillerait et Charles la prendrait dans ses bras.

Mais rien ne se passait, elle avait toujours mal, elle avait toujours froid et chaque pas la rapprochait du Vicomté de Montpipeau.

Comment arriva-t-elle à la porte? Petite loqueteuse, sale et frêle. Elle était loin la guerrière blanche, elle n'avait plus que sa volonté et l'idée que Séverin, en bon ami, l'accueillerait avec tendresse.

Au pied de la muraille, elle s'effondra. Vaguement, elle entendit du bruit autour d'elle. Elle n'avait plus de force, seules ses lèvres murmuraient, tout doucement.


Séverin...

_________________

Blanche un jour, blanche toujours
--Maturin
[ Qu'est ce que c'est que ce bin's?]

Je me trouvais dans l'arrière cour du chateau.
La main en appui sur le mur froid, et entre le mur et moi, la belle Fanchon, la nouvelle bonne.
Je ne regardais que ses levres satinées tout en lui contant fleurette.
Je l'imaginais déja entre mes bras, ses hanches voluptueuses a ma merci et sa poitrine... quelle poitrine!


- Maturin tu d'vrais v'nir voir !

La voix tonitruante m’ôta à la douceur de ma séduction. Et si je n'y ai pas fait attention, ma douce elle sembla plus intéressée que je ne l'était moi même.
Lâchant un juron sourd, je me dirigeait vers le glabre Garde. Il y avait semble t'il quelque chose qui me concernait d'une manière ou d'une autre.
J'attrapais le maigrichon par l'épaule lui parlant à l'abri des oreilles de la Fanchon.


- Oh la vieux faire, qu'y a t'il de si urgent que tu m'arraches a la volupté de la Fanchon ?

Le regard vide de l'homme ne me laissa aucun doute. Il ne comprenait rien de ce que je lui disais. Peu étonnant, je tenais de mes précédents maitres et de Severin une éloquence rare chez les gens de ma condition et je m'en vantais car ma langue au sens propre autant que figuré était un atout majeur pour les faveurs des jeunes filles en fleur.


- Ya quéqu'un qui cherche m'ssire Severin... j'ai cru que ça t'int'ress'rait !

En soupirant je pressais le pas dans la direction indiquée.
La ronde de domestiques me laissa perplexe alors que je me frayais un chemin.
En me reconnaissant ils s'écartèrent. Sur le sol allongé une jeune femme.
Ce n'est qu'en me rapprochant que je reconnus avec surprise la demoiselle Davia Corsu de Villandry, la jeune femme que mon maître affectionnait tant et qui semblait en bien piètre état.


-Bordel de ... Dégagez , faites de l'air et allez chercher de l'aide foutredieu ! Vous voyez pas qu'elle est blessée !!! Un médicastre , nous l'emmenons à l'intérieur !!!

Soulevant doucement sa tête je lui murmurai quelques mots en dégageant une mèche de cheveux.

- Mademoiselle Davia, c'est moi , c'est Maturin... ça va aller, vous êtes en sécurité maintenant, on va s'occuper de vous!

Je la prenais alors a bras le corps le plus délicatement possible.

- Nous l'installerons chez mon maître en attendant ... Fanchon! Cours chercher une des femmes de chambre de la duchesse, des serviettes, de l'eau et grouille !

J'étais inquiet. La demoiselle avait l'air mal en point. Mon maître serait encore plus inquiet. Le long du chemin, je la rassurais afin qu'elle ne s'affole pas en croyant revivre une attaque, car elle avait l'air de sortir tout droit d'un champs de bataille.

Dans les appartements de mon maître, nous installions la blessée. Je me refusais a prévenir mon maître tant que je ne serai pas sur que le nécessaire a été fait et tant que je n'aurai pas eu un minimum d'information.
Avant que la femme de chambre ne soit prête a nettoyer les blessures, je me penchais pour obtenir quelque information qui pourrait expliquer l'état dans lequel Davia était arrivée.


- Mademoiselle Davia... que c'est il passé ? que vous est il arrivé ? ne vous inquiétez pas, mon maitre sera bientôt la...



Davia_corsu
[La blessure vit au fond du coeur*]

La torpeur dans laquelle elle glissait peu à peu, n'empêchait pas la Blanche d'avoir conscience de l'attroupement, du bruit autour d'elle, même si tout semblait nimbé d'un brouillard bienheureux. Parfois, elle entrouvrait les yeux, la douleur de son corps la tirant de ce repos délicieux où elle se réfugiait.

Trop de gens, de bruits. Elle continuait à murmurer le nom du Renart. Un visage s'approcha plus près, elle cru le reconnaître. Il parlait fort, trop fort et lorsqu'il lui souleva la tête, elle fit une grimace et rouvrit les yeux, hébétée., répétant machinalement.


... Maturin?

Il la prit dans ses bras, elle se crispa de douleur. Elle ne voulait qu'une chose: ne plus bouger, oublier, dormir. Elle se recroquevilla dans ses bras et ferma à nouveau les yeux. Le sang dans ses tempes battait si fort et son ventre... depuis combien de temps n'avait-elle pas mangé? Entre la faim et l'enfant en elle qui contestait, elle avait le ventre tout tourneboulé. Et d'ailleurs, le petit être qui était en elle, comment vivait-il tout ça? Elle l'avait bien malmené et alors que son ventre la tiraillait à nouveau, elle sentit une larme rouler sur sa joue.

Elle fut allongée et après s'être crispé à nouveau, elle poussa un soupire, la douleur s'estompait, seul l'envie de vomir ne la lâchait pas.

Maturin lui parlait, elle se concentra, tentant de rassembler ses esprits. Il lui posait des questions.

Elle leva son visage chiffonné vers lui, les yeux brouillés de larmes.


Une attaque... dans les bois... Ils l'ont tué... Ils l'ont tué, Maturin!

Elle avait mis toutes les forces qui lui restaient dans cette dernière phrase, elle y avait mis toute sa rage, toute son impuissance, puis elle se laissa aller, fermant les yeux, l'émotion l'empêchant de parler.

Maturin lui avait dit de ne pas s'inquiéter, Séverin allait arriver. Alors, elle murmura tout doucement, comme un aveu.


J'ai eu peur de rentrer chez mon père.

Peur car elle n'avait plus envie de rien, peur parce qu'elle ne voulait pas lui dire la vérité et que, malgré tout, il s'en rendrait compte bien trop tôt, peur qu'il ne l'aime plus, peur de lire dans le regard de l'homme qu'elle admirait le plus au monde, cette once de déception qu'elle redoutait, plus que tout.


* Virgile, l'Enéide.
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Blanche un jour, blanche toujours
Kasia
[Va toucher Loxias, il te délivrera de tes tourments.*]
*Eschyle, Les Choéphores

Laval devait être la ville la plus ennuyeuse et la plus mortellement calme du Royaume. Ou peut-être bien du monde, en fait.
La preuve, c'est que l'évènement le plus marquant dont elle se souvienne récemment, n'est jamais qu'un départ. D'ailleurs, depuis, elle se morfondait quasiment dans son coin, dans un calme abrutissant. Davia partie, c'est la solitude qui lui était tombée sur le crâne. Bon, il y avait d'autres Blanches, mais pas toutes à Laval. Et puis de toute façon, en pleine trêve.. Elles avaient souvent autre chose à faire, et Kasia, rien.
Et subjectivement, Laval est une ville qu'on quitte, une ville qu'on laisse au loin. Comme le Maine. La seule chose qu'elle aimait bien en Maine, c'était quand elle en sortait.

Néanmoins ce jour là, ce n'était pas que l'ennui qui tenaillait la môme, mais une sorte d'angoisse, comme si elle devinait une catastrophe en puissance.
Ou comme si le ciel lui était déjà tombé sur la tête sans qu'elle s'en rende compte. Bien cinq, ou six jours s'étaient écoulés depuis que son aînée chez les Blanches avait quitté la ville avec son Warenghien, et l'absence de signe de vie donnait des sueurs froides à la plus jeune des deux.

Il faut préciser, l'apprentie n'avait dans son tempérament, aucune prédisposition à la patience, et à la modération, au grand dam de ceux qui l'entourant, faisaient maints efforts pour gommer ces défauts, manifestement gênants quand on espère devenir chevalier. Du coup, elle, elle en avait surtout retenu deux choses : ne jamais faire confiance aux autres pour prendre les choses en main, et surtout ne jamais confier ses déboires à quiconques, même avec l'assurance et la preuve irréfutable d'être dans son droit et d'avoir raison. Par exemple, elle était certaine que si elle s'ouvrait de ses inquiétudes à une autre Blanche, on lui dirait un truc du genre
"Mais laisse les tranquilles, ils sont partis à deux, c'est pas pour que tu ailles tenir la chandelle !".
Du coup, s'il y avait problème à régler, mystère à lever, elle ne pouvait compter que sur elle-même. Pas pour rien que les autres la trouvaient très douée pour accumuler les bourdes et les conneries.

Mais elle, elle savait bien que si il y avait un souci, elle le sentirait. Après tout Davia, c'était sa soeur, et peut-être plus encore, vu qu'elle l'avait choisie, cette soeur là. Pas comme l'autre qui savait pas faire mieux que de se signaler une fois par an. Et elle était persuadée qu'il ne manquait qu'un signe pour confirmer son pressentiment.

Premièrement, il lui faudrait un cheval, parce qu'à pieds, elle n'irait pas loin. Mais pas une bête de guerre, de une parce qu'elle n'allait pas prendre un repère de Ponantais à elle seule, et de deux parce qu'elle avait déjà la trouille des chevaux -défaut à son sens bien plus compromettant pour devenir chevalier, et qu'elle s'essayait tant bien que mal à surmonter-, donc il était hors de question qu'elle se risque sur un destrier.
Deuxièmement, et pour remplir la première condition, il lui fallait de l'argent, condition sine qua non à la location d'une bête, même un tant soit peu placide. Chose qu'elle n'avait pas. Les bourgeois, si. Rien de plus naturel que de les envisager ravis de servir une bonne cause, non ? Les écus, pas les bourgeois. Une occasion rêvée pour refaire jouer ses doigts sur une partition qu'elle n'avait pas jouée depuis les Flandres. C'était pas fameux mais suffisant pour tromper un badaud.
Pour le reste, elle avait ce qu'il fallait. Vivres, une couverture, et même des armes. Pas son épée, mais un dague à la jambe, et un bâton.
Dernier détail, elle laissait sa cape de Blanche et tout insigne à Laval. Disparaître deux à trois jours serait déjà difficilement explicable, alors si elle devait en plus expliquer sa sortie de la ville sur une monture, elle était pas sortie de l'auberge.


___________________

Sortie en plein jour, pour aller au plus simple. Ensuite, mise en application du plan.
Davia devait se rendre en Touraine. Si problème, elle ne l'a pas eu dans les premières lieues passées Laval. Ce qui donne une direction à prendre, et un rayon d'action.
Si problème, de même, c'est qu'on a quitté les chemins les plus fréquentés, ou qu'on a baissé sa garde. Il lui faudrait visiter les bosquets, les fourrés, les chemins de traverse et les sentiers ténébreux. En somme, rien de bien rassurant ni relaxant, mais, ah, elle avait passé l'âge d'avoir peur de son ombre et des.... arbustes qui bougent. On va dire. On va croire. On va s'en persuader. Elle avait aussi prévu de questionner les pécores, les péquenauds et les cul-terreux, voir s'ils n'avaient pas vu passer une Blanche et son prince charmant.
Dans sa tête, ça cadrait bien, tout collait au poil, aucun doute, elle allait trouver quelque chose !

Sauf que.. Sauf qu'on ne s'improvise pas pisteur comme on s'improvise braconnier pour arrondir les repas.
De une, les fameux cul-terreux, ils voient passer tellement de voyageurs à la journée qu'au bout du compte, les rares qui donnent une indications ne le font que pour au choix, te faire plaisir, ou alors se payer ta tête.
De deux, après plusieurs jours, repérer des traces n'a déjà rien d'une mince affaire, alors quand on est sur une piste fréquentée, même si ce n'est pas la grand route, et qu'on ne connait pas le ferrage des chevaux que l'on trace, autant dire que c'est peine perdue.
De trois, elle avait beau y abimer ses yeux, de traces d'altercations, elle n'en voyait aucune, des signes révélateurs pas plus, et d'indices pouvant la mener à sa soeur, encore moins.
Avant même d'avoir chevauché plus d'une journée et passé autant à scruter la verdure, elle perdait son peu de patience pour se perdre en dépit et désespoir, peut-être encore plus angoissée de ne rien voir que si elle avait trouvé quelque chose.
Et sans doute que si elle accumulait les bourdes, c'était parce qu'elle avait bien plus de jambes que d'esprit, quand elle s'enflammait.
--Maturin
[ Montpipeau - Jour étrange...]

Penché au dessus de la blessée qui murmurait quelques mots presque inaudibles, J'observai le visage brisé.
Je n'avais jamais pris le temps de vraiment regarder la demoiselle Corsu. J'avais eu de la méfiance pour elle, et je sentais qu'elle ne devais pas beaucoup m'aimer, du moins l'avais je ressenti lors de notre visite à Chavronniere.

A présent elle me semblait presque aussi fragile que mon maître et au fond je ressentais la même inquiétude.
Elle avait subi une attaque, c'était indéniable et les mots qu'elle réussit a exulter avec rage le confirmaient.


- Là... chuuut du calme, c'est terminé a présent...

Qui avaient il tué ? Je n'osais le demander. Les larmes, ainsi que la rage avec laquelle elle s'était exprimé me donnaient un indice. Parlait elle de cet homme auquel elle voulait se fiancer ?
Je n'en était pas certain. Mais ce qui était sur c'est qu'il y avait eu mort d'homme et cela devait être une expérience hautement traumatisante.

A l'aveu qu'elle fit d'une fois éteinte, je lâchais un soupir attristé en lui saisissant une main pour la rassurer.
Elle avait peur, elle était venue s'échouer sous les murailles de Montpipeau, auprès de Severin de Volvent.

J'osais une main rassurante sur le front et la regardai en la rassurant. Il me fallait trouver mon maître au plus vite.
La femme de chambre était prête. Mais il m'était difficile de laisser la jeune demoiselle seule, mais je ne pouvais en faire autrement.


- Davia, m'entendez vous ? Elise va s'occuper de vous, de vos blessures le temps que le médicastre arrive... Il me faut vous laisser. Je vais chercher Messire Severin... Il sera bientôt la.

Il me manquait encore une information. Ou avait eu lieu l'attaque ?
Mais pour cela, nous aurions le temps, le plus urgent était de soigner la blessée et lui offrir la sécurité dont elle avait besoin a cet instant.

Je donnai encore quelques instructions à Elise que venait aider la jeune Fanchon, que les petites rides inquiètes sur son visage rendaient mignonne a croquer.

Je poussai la porte pour mieux me précipiter dans les couloirs en direction du cabinet de Duc d’Orléans, vicomte de Montpipeau, aka le maitre de mon maitre.

Après de longues minutes à arpenter les couloirs, j'appris enfin que ni le Duc ni mon maître ne se trouvaient pas au château.
Ce n'était pas vraiment la journée idéale.

A cheval, je descendis en direction de la forêt.
Quelle idée avait eue le vicomte d'aller chasser , pire quelle idée avait il eue d'emmener mon maître plutôt que la demi douzaine de nobles qui paieraient pour une chasse avec le duc ?

J'abandonnai la monture auprès du valet de pied qui attendait le retour des chasseurs pour prendre en charge le gibier.
Les aboiements des chiens au loin indiquaient qu'ils étaient loin dans la forêt.
Devais je attendre ou les alerter ?
Las de réfléchir et certain que mon maitre ne me pardonnerait pas de perdre plus de temps, je saisis le cor du valet pour y souffler de toutes mes forces.


Keridil
[Forêt de Bucy, sur la Vicomté de Montpipeau]

Nous aurons ce monstre Séverin, foi de moi !

Et l'Amahir de frapper des deux pour lancer son cheval au galop à travers les bois. Le cor à la ceinture, l'arc au dos, le Duc d'Orléans s'esclaffe aux coups de fouet de vent, et poursuit allègrement renards et sangliers.
La chasse à courre à deux, c'est pas la joie, mais moult chiens aboient çà et là, effrayant, traquant le gibier.

C'est un cerf !

Tintiiiiiiiiiiiin ! Le cor rappelle les canidés à leur maître, et la cravache les disperse à nouveau.
L'action à l'état pur. Enfin, Montpipeau s'arrête, haletant, bride en main.

Allons, mon homme, êtes vous las ?

Et de rire à gorge déployée.

Dieu qu'il est distrayant de chasser. Je ne l'avais point fait depuis des siècles ! Mère serait heureuse.

Naluria d'Amahir, Grand Veneur de France, qui présidait aux chasses royales, aurait sans doute adoré savoir la forêt de Bucy, vaste, aux mains de son fils, mais elle était morte trop tôt.
Alors que Keridil allait repartir tenter d'assassiner un cerf encerclé par ses chiens, un son se fit entendre au loin, à l'ouest.

Bigre ! Qu'est-ce là ? La Duchesse aura encore accroché sa robe. Bah ! Continuons, Séverin, n'ayons cure ! Nous l'avons presque

Et le Vicomte de s’engouffrer encore au loin, où il décochera quatre flèches avant de descendre de sa monture pour approcher le cadavre d'un animal magnifique.

Bravo, Pégase.

Et de caresser la créature canine qui menait la meute, avant de se délasser contre un arbre, et de soulager sa jambe d'un onguent, tout en attendant le page qui aurait à coeur d'aider son maître à mener le roi des bois.
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Cevanne
[ Duc à la Chasse, Renart à la ramasse... ]

Séverin était grave, les mains nerveuses serrant les rennes de la monture qui tentait de ne pas perdre le Duc d'Orleans lancé a l'assaut d'un grand cerf.

Le renart de part sa constitution était peu attiré par les activités physiques. Quand le Duc l'avait embarqué dans une partie de chasse, il n'avait pas pu protester.

Il se trouvait a présent la, le dos brisé par les vibrations de la selle remontant son échine, les cuisses douloureuses de l'effort qu'il faisait a bien resté assis pour ne pas risquer de glisser et le regard bleuté, concentré à suivre les mouvements et du Duc, et des chiens et du gibier qu'ils poursuivaient.

S'il était las ? certes. Le renart n'était pas des hommes qui prenaient plaisir à poursuivre et mettre à mort un innocent animal. Il avait encore en mémoire la toute première chasse qu'il fit avec son père ou celui ci l'avait contraint alors encore jeune et fort croyant, de mettre à mort l'animal.
A cette pensée, Severin de Volvent grimaçait encore une dizaine d'années plus tard.


- Las ? Certainement pas votre grâce... mentit il feignant un sourire fier.

Il n'allait pas laisser entendre au Duc qu'il ne prenait aucun plaisir à être là et sans doute l'Amahir se moquerait de lui comme l'on se moque des hommes si peu versés aux activités du sexe fort.

- Il ya fort longtemps que je ne m'y suis pas exercé également, je remercie votre grâce de l'honneur qu'elle me fait. C'est la une bien bonne idée...

Il ne connaissait pas la mère de l'Amahir, et il détourna le regard peu fier des mensonges qu'il glissait pour ne pas froisser l'orléannais.
Contrairement au duc, l'appel du cor intrigua Severin qui ne put cependant pas s'y attarder, obligé de suivre le Duc.
Il n'eut pas à mettre a mort l'animal et se contenta d'observer le Duc, sans doute fier de sa prise, tout en flattant l'encolure d'un chien, debout tandis que l'Amahir prenait du repos.


- Permettez moi de vous féliciter, c'est là une bien belle prise. J'ai connaissance d'un taxidermiste au village qui pourra encadrer cette magnifique tête. Vous aurez la un bien beau trophée pour décorer une pièce de Montpipeau...

L'on pourrait reprocher à Séverin d’être trop peu sincère lorsqu'il parlait au Duc, mais cela était sans doute préférable à son caractère naturellement austère et taciturne qui sans aucun doute auraient fini d'ennuyer et de déprimer le jovial duc d'Orléans. Aussi usait il d'habiles formules afin de ménager son protecteur et maître .

Tirant les deux montures vers l'arbre ou se reposait le duc, Séverin fur surpris de voir arriver Maturin avec le page qui déjà s'occupait de la bête abattue.

Si le renart était pâle de nature, il blanchit littéralement en entendant le rapport de son valet. Ses yeux semblèrent soudain plus grands et c'est légèrement nerveux qu'il s'inclina devant le Duc.


- Je prie votre grâce de me pardonner, je dois prestement vous laisser, une urgence d'ordre privé réclame ma présence au château...

Comment expliquer à l'Amahir ce qu'il se passait ? Sa main crispée le long de son corps battait d'impatience, il perdait du temps à être là, et il n'avait aucune envie de se lancer dans une discussion à bâtons rompus sur ses motivations.

Maturin tenait la monture prête et Séverin... Séverin crevait d'inquiétude apprenant que là bas au château, se trouvait Davia, blessée dans des circonstances qu'il ignorait et dont il ne souhaitait parler au Duc avant d'en apprendre davantage.

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Davia_corsu
[Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres.
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts!*]


Recroquevillée dans le lit mis à sa disposition, la tourangelle s'était laissé sombrer dans la torpeur d'un sommeil tout aussi troublant que troublé. Les cauchemars la tourmentaient, mais, au moins, elle dormait, en sécurité.

La femme de chambre l'avait aidé à se dévêtir, haillons de poussière qui cachaient son corps glabre. Elle avait pansé ses plaies, lui avait fait une toilette de chat et l'avait, encore une fois, aidé à enfiler une chainse de lin.

Le corps brisé, le coeur au bord des lèvres, elle ne pouvait rien avaler et c'est en boule que la jeune fille s'était laissé faucher par Morphée.

Elle ferma ses yeux. Le visage crispé, de grosses gouttes coulaient sur son front pâle, collant à nouveau les mèches brunes.

Dans l'adversité, toute démunie qu'elle était, la seule personne qu'elle avait pensé capable de l'aider était Séverin. Ses soeurs blanches étaient trop loin, trop occupées, elle aurait eu tellement honte de revenir au campement dans un tel état. Sa famille, à la fois trop divisée et son père trop occupé aussi. Elle se voyait déjà essuyer les railleries de sa mère.

Et toujours ses pensées convergeaient vers Charles, vers son bonheur perdu, vers le néant qui semblait l'entourer et vouloir l'engloutir. Elle n'entendit même pas la porte s'ouvrir...


* Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal.
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Blanche un jour, blanche toujours
Keridil
[Forêt de Bucy, sur la Vicomté de Montpipeau : Planté, quand faute de tirer un cerf, on vous pose un lapin.]


L'Amahir avait fermé les yeux un instant, contre cet arbre, quand, après avoir savouré les maintes flatteries du Renart - dont il n'était absolument pas dupe, dailleurs - il dut entendre ce dernier prendre congé.
Et de déglutir avant d'ouvrir les yeux, les traits métamorphosés par la surprise.

Abadakeu.

Abadakeu : onomatopée Keridilienne, exprimant tout à la fois la surprise, la désapprobation, l'incrédulité, le mutisme soudain.
En bref, le Duc d'Orléans est choqué. Choqué, et pour cause, il vient de se faire planter, un cerf sur les bras, par son laquais, son valet, son secrétaire, son page, son homme à tout faire, son cousin, un peu, mais aussi par le valet du valet, et un autre valet, bref, la te-hon.
Du coup, regardant le blond partir, slalomer entre les arbres, Keri Keri est muet, un filet de bave tentant de s'évader de sa prison buccale, avant d'être aspiré - alors qu'il allait acquérir sa liberté (si si, on parle bien d'un filet de bave) - dans un bruit du genre : fuiittt.
Anatole parti. Pouf.

Ah bah ça !

Là, Keridil d'Amahir a décidé de prendre son chien à parti.

Tu te rends compte, Pégase. Bon bah...comment qu'on fait ?

Tututu. Moment de silence. Momomotus ! Ding !
Tutuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu ! fait le cor de chasse du brun, qui appelle à l'aide.

Espérons qu'ils en tiennent plus compte que je ne l'ai moi-même fait il y a un instant.

Ouais c'est ça, espère, et en attendant, maudissons Séverin Anatole de Volvent, ce lâcheur.

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--Maturin
[Forêt de Bucy, sur la Vicomté de Montpipeau : Obligé d'abandonner mon maitre pour ne pas abandonner le maitre de mon maitre.]

Je venais de prévenir mon maitre. Comme prévu je pus lire l'inquiétude dans son regard, et a peine avait il pu s'excuser auprès du Duc que nous étions déjà partis.
Pourtant lorsque nous atteignions la butte un peu avant de prendre le chemin qui menait au château, je remarquais que le valet censé s'occuper du gibier nous avait suivi.


- Mais que fais tu triple buse !!! Tu devais rester auprès du duc !!! Imbécile ! crois tu qu'il mettra le cerf sur sa tête ???

Aux protestations du valet, ma colère ne faisait qu'augmenter , je sentais mon maitre bouillonner d'impatience.

- L'entend tu souffler du cor ? Gredin ! Sot !

Je me résolus donc a laisser mon maitre.

- Maitre je vous rejoins au plus vite... Le duc...

Le cor se faisait insistant et je préférais ménager a mon maitre d'autres soucis. Il n'aurait pas besoin de moi, du moins pas dans l'immédiat, il ne devait penser qu'a Davia à l'heure actuelle, et ne tarda d'ailleurs pas à poursuivre son chemin.

- Allons noiraud ! retournons y donc ! Tu es jeune et déjà si idiot ! abandonner le duc ainsi quelle honte !

Une vraie honte, car nous nous avions une excuse valable, le sot non.
Je frappais les flancs de l'animal rebroussant chemin vers les bois, toutes mes pensées accompagnant mon maître.


Cevanne
[ Château de Montpipeau - Appartements du Renart
Ainsi que de l'éclair, rien ne reste de l'heure,
Qu'au néant destructeur le temps vient de donner... (*)]


Le renart venait de pousser la porte.
Le cœur battant, le visage pâle, inquiet.
Il avait attendu. Combien de temps ? Trop longtemps.
Suffisamment pour se ronger les sangs mille fois.
On la lavait, la soignait et lui attendait.
Maturin lui avait dit qu'il s'agissait d'une attaque. Il avait pourtant tant prié pour qu'il ne lui arrive rien sur les champs de batailles. Il n'aurait jamais songé qu'elle puisse être attaquée sur les routes.

La chambre était calme, seules les buches crépitaient dans l'âtre.
Séverin ne pensait a rien. Ni au Duc abandonné précipitamment en pleine forêt, ni au cerf , ni a Maturin dont il aurait eu besoin du soutien, ni aux personne qui venaient de soigner Davia, ni a Dieu, seulement à elle.

Doucement il s'approchait de la forme sous les draps. Les pas hésitants, il avait l'air extrêmement grave. La situation semblait surréelle.
Ce n'est que lorsqu'il aperçut la chevelure et le nuque fine qu'il réalisa sa présence.

Il ouvrit la bouche. Aucun son n'en sortit.
Il se rapprocha encore un peu.
Elle lui tournait le dos, il pouvait à présent entendre sa respiration.
Les mains crispées le long de son corps s'avancèrent vers la couverture qu'il toucha nerveusement. Il s'assit, toujours silencieux.

Dormait elle ?
Il ne le savait pas, il ignorait tout de l'agitation qu'elle vivait, il eut un instant l'illusion qu'elle se reposait paisiblement.


- Davia... osa t'il enfin.

(*) de Nerval.
_________________
Davia_corsu
[Appartements du Renart.
La satisfaction qu'on tire de la vengeance ne dure qu'un moment : celle que nous donne la clémence est éternelle.*]


Seule face à sa torpeur, seule dans la brume de ses cauchemars, face à ses fantômes. Elle luttait, contre elle-même. Fièvreuse, elle se retourna, l'envie de vomir l'avait assaillie de nouveau et au moment même où elle se retourna, une voix amie la fit tressaillir.

Ses yeux s'ouvrirent, fixant le visage de Séverin. Il lui fallut un instant pour retrouver ses esprits, se remémorer tout ce qui s'était passé.

Autant les évènements lui revinrent comme une claque en pleine face, autant la présence de Séverin adoucit ses maux et d'une voix douce, elle lui sourit, lui tendant la main.


Séverin...

Sa main moite, froide, espérait retrouver le contact ami, la douceur de l'ami.

Oh, Séverin... pardonnez-moi de vous donner du souci...

Sa gorge se noua. Elle allait devoir lui parler, lui expliquer, ce qu'elle faisait là, se souvenir... elle allait devoir tout lui dire, même son secret.

Elle le regarda, droit dans les yeux. Serait-il clément?


* Henri IV
_________________

Blanche un jour, blanche toujours
Cevanne
[Appartements du Renart.
Quand je vois un ciel pâle, une rose flétrie
En rêvant je m'assieds.
Et je me sens moins triste et ma main les ramasse *]


Enfin il vit son visage.
Elle souriait. C'était rassurant.
Il attrapa la main qu'elle lui tendait en susurrant son prénom.
Il eut l'impression de respirer enfin après avoir retenu son souffle un long moment.
Il serra doucement la main, acceptant le contact autant qu'il tentait de la rassurer par sa présence.


- Allons... taisez vous. Je suis si soulagé de vous savoir sauve...

Il ne lâcha pas sa main comme il eut pu le faire en temps normal.
Il l'observait, comme s'il voulait vérifier qu'elle allait bien, scrutant ses expressions, les égratignures qui lui tachaient le visage, ses yeux légèrement rougis, et la main, tiède dans la sienne.


- J'étais si inquiet... Maturin m'a raconté... vous avez été attaquée...

Il se sentit idiot. Il ne savait rien.
Était elle prête à parler ? Revivre son agression ?
Il ne voulait pas risquer de la blesser davantage.
Il prit une pause, calma le ton de sa voix.


- Je... Je vous en prie dites moi comment vous allez...

Peu importe qu'elle lui raconte maintenant ou après.
A cet instant, il la sentit proche de lui dans la souffrance qu'elle cachait derrière ses mirettes. Tous les drames se valent quand ils atteignent le cœur et l'âme. Il était prêt à entendre le sien.


* De nerval
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Davia_corsu
[Appartements du Renart.
Laisse donc, ô ma douce muse, sans le regretter un seul jour,
Ce que le destin te refuse pour ce que te donne l'amour!*]


Elle l'écoutait, sereinement. Sa voix l'apaisait. Elle ferma les yeux un instant. Elle aurait pu l'écouter des heures, il aurait pu dire ce qu'il voulait, elle aurait voulu qu'il parle encore, mais à ses mots, ses yeux clairs se voilèrent. Sa main serra un peu plus fort celle de son ami. Elle détourna les yeux pourtant.

Attaquée... oui. Ils l'ont tué, Séverin... Ils... Charles... pour ma vie...

Elle n'était pas claire, les idées confuses, la tête lui faisait mal. Elle ferma les yeux et abandonna la main amie, se tournant à moitié. Elle pensait avoir pleuré toutes les larmes de son corps, mais visiblement, ça n'était pas le cas. Elle pleurait mais cette fois, ce n'était pas des larmes silencieuses.

Les sanglots sortaient, la secouant de soubresauts. Et à chaque sanglot, elle avait la douce sensation de se libérer d'un lourd poids, de toute cette douleur enfermée en elle.


* Victor Hugo. Toute la lyre.
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Blanche un jour, blanche toujours
Cevanne
[Appartements du Renart.
Parle, je t'écoute
Souffre et fais moi souffrir...]


Le calme avant la tempête.
Il avait été l'éclair, à présent le tonnerre grondait dans les méandres de ses sanglots et il était comme le capitaine d'un triste navire qui ne sait quoi faire.

Des quelques mots qu'elle avait soufflé il avait compris l'ampleur du drame.
Elle avait été attaquée, de cela elle aurait aisément pu se remettre. Elle si brave, si intrépide, elle la guerrière. Le vrai drame n'était pas l'atteinte a son intégrité physique. Loin de la. Le vrai drame était la perte de l'homme.
A cet instant le renart sentit le picotement de ses propres blessures.
Cette douleur il la connaissait, vivait avec constamment, elle faisait partie de son être.

Elle pleurait, il se sentait impuissant. La main avait quitté la sienne. Il aurait voulu pourtant pouvoir la consoler.
Il la regardait fasciné par le spectacle de la détresse . Charles était mort pour lui sauver la vie. Il ne connaissait pas Charles, il savait juste ce qu'elle lui en avait dit. Il savait juste qu'elle l'aimait, assez pour souffrir mille morts a cet instant. Il sourit , d'un sourire triste.

Il ne savait que dire. Aucun mot ne la soulagerait jamais assez.
La ou il eut semblé si naturel de la prendre dans ses bras, le renart restait crispé dans sa réserve, sans rien oser, pas même un regard, conservant une pudeur solennelle.
Soudain en colère contre lui même il attrapa vivement la main abandonnée plus tôt.


- Vous êtes en sécurité à présent... Je vous promets qu'il ne vous arrivera rien... plus rien ...

Il se pencha doucement, sans jamais aller au delà. Ses mots lui semblaient creux. Il tentait de la rassurer, elle ne pensait pas à elle même, et lui serait bien incapable de refaire l'histoire.
Au bout des lèvres, une seule question. Pourquoi ? pourquoi était elle là, à Montpipeau, auprès de lui.

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