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[Rp] Cimetière de Tréguier

Zakarine


Le silence s'était installé lorsqu'ils étaient encore dans la salle, un silence lourd et oppressant...
La musique ne reprit que quand il s'étaient enfin éloignés du Domaine. On pouvait l'entendre au loin, mais Zakarine n'y prêtait pas attention. Elle était déjà loin de tout ça. Seul le chagrin l'habitait à présent...

Le petit groupe arriva à la crypte qui collait au cimetière de Tréguier. Elle était composée de travées à voûtes d’arêtes. Une douce lumière alimentée par des cierges éclairait faiblement l'endroit. L'autel qui allait recevoir le corps du défunt se situait contre un mur.

Les deux hommes le déposèrent et Zakarine s'assit sur un siège qui se trouvait là. Celui qui paraissait être le chef ôta son chapeau pour lui parler et lui dit d'une voix grave.


Nous allons nous occuper de la tombe M'Dame...

Oui, mon ami... Faites donc ! Je reste ici pour me recueillir en attendant que vous ayez fini...


Les deux bougres sortirent de la crypte. Ils prirent des pelles et commencèrent à creuser un grand trou dans une allée du cimetière. Les premières lueurs du jour apparaissaient dans le ciel breton.
Zakarine restait là, interdite, assise à l'intérieur. Elle dévisageait Lord. Il semblait dormir. C'était sans doute dû aux flammes des bougies qui vacillaient en jouant avec les ombres mais Zakarine avait l'impression qu'il respirait.
Il avait été si important dans sa vie... Et maintenant qu'ils s'étaient enfin retrouvés, au moment qui aurait été le plus beau de leur vie, le voilà allongé là.. mort...

Sur une table trainait des livres de prière. La rousse se leva et en prit un un avant de retourner s'asseoir à sa place. Elle feuilletait le Livre des Vertus quand elle tomba sur un texte qui se prêtait parfaitement à la situation.. Elle le lut à mi-voix. C'était un extrait de l’Éclipse, récit de Sypous, croyant défunt à qui le Très-Haut a laissé la mémoire après sa résurrection afin qu'il transmette son témoignage aux hommes



> Livre des Vertus, Tome 1 - Le mythe Aristotélicien, L’Éclipse : Chapitre VII - Le paradis

[...] Nous nous approchâmes si près de l’astre divin que des flammes de plusieurs lieues de long nous frôlèrent. Je me demandai si je n’allais pas partager avec les sept Archanges une bien funeste fin. Mais Michel, sur lequel j’étais toujours juché, me dit: “N’aie crainte et regarde.”. Je vis alors les flammes qui couvraient le soleil s’ouvrir, pour laisser place à un magnifique spectacle. Sous cette couche brûlante se trouvait ce dont j’avais entendu parler depuis ma plus tendre enfance, sans jamais savoir ce en quoi cela consistait : le Paradis!

Nous atterrîmes dans un lieu magique. Tout était baigné d’une douce lumière. Où que je regardais, je ne trouvais pas la moindre obscurité. A perte de vue, il n’y avait ni habitation, ni la moindre construction. Ceux qui avaient faim se servaient sur les arbres fruitiers. Ceux qui appréciaient les plaisirs de la détente s’allongeaient dans l’herbe. Des enfants jouaient innocemment, riant et courant à travers les hautes herbes. Les sept Archanges me prévinrent qu’ils devaient me laisser, leur mission étant terminée. Je les remerciai grandement et leur dis au revoir.

Je décidai de visiter ces lieux enchanteurs. Tous ceux que je rencontrais me souhaitèrent la bienvenue en me souriant. Je leur rendais leur sourire et les remerciais. Tout respirait le bonheur, la bonté et la joie. Alors que je m’approchai d’une petite fontaine où l’eau semblait si claire que je ne résistais pas à l’envie de m’y désaltérer, je vis deux hommes discuter. Ils me remarquèrent et me firent signe de venir. J’eus alors en face de moi rien de moins qu’Aristote et Christos. Ils m’accueillirent avec la plus grande gentillesse. Ils me demandèrent si les lieux me plaisaient et si j’avais fait un bon voyage. J’étais si ému que je ne savais pas quoi répondre. Je bafouillai quelque vague parole, alors que j’essayai encore de réaliser qui se trouvait devant moi. [...]


Zakarine leva les yeux de la page qu'elle venait de lire et regarda Lord. Elle pensait qu'il n'était pas baptisé et que, de toute façon, le Diacre n'était pas présent car il faisait son Tro Breizh.
Elle n'aurait jamais accepté qu'il fut inhumé sans prière.. Elle enchaina avec le credo qu'elle connaissait par cœur.
Elle croisa ses deux mains, ferma les yeux et elle récita doucement.


Je crois en Dieu, le Très-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète
Le fils de Nicomaque et de Phaetis,
Envoyé pour enseigner la sagesse
Et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis.
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyr pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Très-Haut.

Je crois en l'Action Divine;
En la Sainte Église Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés;
En la Vie Éternelle.

AMEN


Un bruit de pas la tira de sa méditation. Ils avait terminé leur tâche. Les deux hommes entrèrent de nouveau dans la crypte avec le brancard. Toujours le même lui dit d'un ton solennel.

Si vous le voulez bien M'Dame.. Il est l'heure...

Zakarine lui fit un petit sourire en hochant la tête.

Oui.. Allons-y, mon brave...

Et un .. et deux et... trois! Ils prirent Lord l'un par ses deux mains et l'autre par ses deux pieds et le balancèrent pour le coucher sur la civière. La situation auraient pu être comique si elle n'avait pas été aussi triste.




Tous trois se dirigèrent vers le cimetière où reposaient déjà de très nombreux Trégorrois. Zakarine regarda les tombes de ses amis trop tôt disparus, vieillies par le temps.
Ici reposait sa chère amie Nabou, là gisait le corps de Ced. Ah voilà les tombes de ses meilleurs amis Titif et Kyril... La rousse soupira. Tant de morts autour d'elle.. tant d'amis perdus à tout jamais. Elle pensa à Ninnoz qui n'était pas enterré à Tréguier. C'était son plus grand regret. Les moines s'étaient chargés eux-même de sa sépulture à la Rochelle. Et sa filleule Esmeira qu'elle chérissait tant?! Zakarine espérait qu'elle reposait en paix avec son petit garçon.. Robin ne s'était vraiment remis de leur mort..

Le soleil projetait ses premiers rayons sur la ville. Une grand silence régnait sur place. Sans un mot, les deux hommes déposèrent Lord dans le trou qu'ils avaient creusé plus tôt. Ils attendirent un peu avant de le recouvrir que Zakarine ait fait ses adieux à l'homme de sa vie..

Elle le regarda allongé là.. Sa gorge se serra soudain. Le chagrin la submergea. C'était vraiment fini. Leur histoire d'amour et de passion se terminait dans ce carré de terre. Ses yeux se remplirent de larmes qui coulèrent aussitôt sur ses joues blêmes. Elle se voulait rester digne mais ses poings serrés marquaient un grand désespoir qu'elle se refusait d'étaler devant ces deux êtres plein de compréhension.


Vous pouvez y aller...

Oui, M'Dame.. A vos ordres...

Le silence était de plus en plus pesant.. Seuls les bruit des pelles recouvrant le corps du défunt de terre se faisaient entendre. Zakarine sentait une forte douleur dans la poitrine, comme si on lui arrachait le cœur. Elle regardait les deux hommes à l’œuvre qui terminaient leur mission. Elle prépara deux bourses avec cent écus à l'intérieur et en donna une à chacun..


Tenez.. C'est pour vous. Je vous remercie.. Vous pouvez rentrer à la maison.

A vot'service M'Dame! Si vous vous avez besoin.. à l'avenir.. n'hésitez pas...


Zakarine leur répondit d'un sourire triste. La nuit avait été longue et tout le monde était fatigué. Les deux hommes prirent le chemin du retour et Zakarine resta là encore un petit moment. Elle contempla le tas de terre devant elle. Elle ne savait pas pourquoi mais elle se demanda si c'était un lit assez confortable pour eux d'eux. Ses mains se posèrent sur son ventre et chassa aussitôt cette idée. La vie devait continuer malgré tout, la preuve en était qu'elle la portait en elle au plus profond de ses entrailles..
Elle respira un bon coup et se décida enfin à aller jusque chez elle. Marcher lui ferait le plus grand bien.. Arrivée à la grille du cimetière, elle se retourna une dernière fois puis reprit sa marche sans plus s'arrêter, cette fois..

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