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[RP] "Se coucher tard nuit."*

Else
Minuit. Tout dort dans la judéenne demeure. Tout ? Non. Car une irréductible bretonne résiste encore aux assauts de Morphée*.

Elisabeth de Kermorial médite au coin du feu. Une mauvaise habitude contractée quelques mois plus tôt : elle lutte pied à pied contre le sommeil, ne cédant qu’après avoir épuisé ses dernières ressources. Sans doute l’épuisement empire-t-il encore l’effet des cauchemars ; je lui aurais bien dit, moi, si elle me demandait. Mais elle ne m’écouterait pas. Puis je n’ai pas le droit de la prévenir, chacun sa place. Voulez-vous me laisser raconter, au lieu de me culpabiliser ? Merci.
Or donc, la blonde songe, le regard vissé sur les carreaux noirs. De l’autre côté, pas un chat ; comment voulez-vous, asteure ? Mais elle n’éprouve guère de scrupule à grignoter la réserve de bois du propriétaire de séant. Une petite rancœur personnelle, ‘voyez. Non pas qu’elle lui en veuille personnellement, du reste : elle ignore jusqu’à son nom ; mais quiconque gagne l’ « amitié » de Marie s’attire, fatalement et simultanément, l’inimitié cordiale de sa jumelle. C’est ainsi. Et je vous prie de croire que Marie plaît.

Elisabeth sombre, lentement, sûrement.
Soudain, derrière la vitre muette, un visage se dessine. Son cœur aussitôt s’arrête de battre, comme saisi dans un poing hostile ; ses doigts se crispent sur le bois des accotoirs ; elle est prête à se relever… mais le reflet s’efface. Mirage.
Un soupir déchire l’atmosphère.

Combien de temps courras-tu après un fantôme ?
Le temps qu’il faudra.

La mâchoire crispée, Elisabeth se détourne du trompeur vitrage. Sur une table, un ouvrage de broderie l’attend : quitte à veiller, autant le faire avec profit. Aussi bien, cela lui évitera de penser. Mais elle n’a pas ajouté dix points à son ouvrage, qu’un craquement se fait entendre à l’entrée de la pièce.


*Raymond Devos
**Ne faites même pas semblant de ne pas avoir reconnu la référence à Astérix


Merci de bien vouloir baliser le sujet.
Bon jeu. {Hermine}
Alix_ann
    Elle remuait de sa droite jusqu'à sa gauche. L'insomnie lui prenait, la punissant, très certainement, d'avoir élargit le temps de la sieste. Ses raisons étaient cependant plus que valable, comme généralement avec la jeune enfant. Ce n'est jamais la faute d'un enfant. C'est la faute à l'Anjou, à ce pays qui n'est pas la Bretagne, et qui l'ennui profondément. Elle doit dormir, tomber dans les bras de Morphée, pour contrer cette patrie étrangère, elle cède à l'appel du sommeil pour son bien. Ayant déjà épuisé ses réserves de sommeil, il était tout naturel qu'elle ne puisse plus ferme l'oeil. Alors elle remuait, pour essayer de trouver la position adéquat, subissant la respiration, lourde, de son frère qui dormait avec elle. Elle tire discrètement les drapes jusqu'à elle, profitant du sommeil du jumeau pour récupérer son du. Alors, la minie Buze, qui avait déjà usé de toutes ses techniques magiques pour trouver le sommeil (l'usage est de se raconter à soi des histoires épique où nous incarnons la princesse à sauver, où de recenser les animaux de la ferme), décida qu'il lui était impossible de stagner plus longtemps.
    Cette demeure lui était insupportable. Lentement elle s'assoit sur le bord du lit, désireuse de produire le moins de bruit possible. Les pieds touchent le sol, il lui est facile, vu sa légèreté de se déplacer sans bruit. Les meubles par contre, c'était la galère. Elle se faufile autour du lit, cherchant péniblement la sortie de cette chambre. Elle attribuait à l'habitat du Bourguignon qui était très ami avec maman une ambiance glauque qu'elle ne pouvait pas démêler.

    La poignée est tourné, la porte entrouverte, Alix déjà, passe de l'autre côté. Les murs du couloirs la scrutent, bizzarement. Les billes bleus vise le sol, évitant ces murs trop pesant, en faisant une obsession telle qu'elle accélère dans le couloir. La jeune bretonne avait peur du noir.
    La cuisine, ici. Les mains, de nouveau, s'affairent à chercher l'endroit désiré, une porte, pour y accéder, les murs sur lesquels s'appuyer. Mais c'est au niveau du salon qu'elle remarque la lumière qui s'échappe, et qu'attirée elle se retrouve à regarder discrètement en poussant la porte qui s'y trouve. Qui a dit que c'était simple, d'aller chopper à grailler le soir? Alors, stupéfaite de reconnaître sa tante, Tatatilla de son petit nom, elle émet un bruit d'effrois, avant de se raviser et de fermer la porte, un peu trop fort d'ailleurs. Oui elle a claqué, mais ça, c'est à cause du vent.


    Gast! »

    Elle s'éloigne, se sauve. La cuisine. Oui, vite, il faut trouver la cuisine, éviter le courroux de cette tante dont elle ne sait quels sentiments elle nourrissait envers elle.
    Try again.

_________________
Else
Les sourcils se froncent. Quelque chose a bougé dans l’ombre, qu’Elisabeth n’a pas eu le temps d’apercevoir : le temps que ses prunelles s’habituent à la luminosité, la porte a été claquée.

Un des gamins ? Un visiteur nocturne ? La blonde n’est pas du genre à tergiverser : elle abandonne là ses fils colorés, et marche sur la porte. Au passage, elle agrippe le tison qui dort accoudé au manteau de cheminée. On n’est jamais trop prudent ; et Lise n’est pas du genre balèze. Ni même du genre fine lame insoupçonnée. Et si vous trouvez qu’elle a l’air robuste comme un lapin rachitique, bonne nouvelle, chers et clairvoyants lecteurs : vous avez raison ! Sa seule force au combat, c’est la témérité ; pour ce que ça lui sert…

Lentement, elle fait glisser la porte sur ses gonds, un peu, encore un peu… jusqu’à pouvoir se glisser dans l’embrasure.

L’intrus a disparu. Elsa baisse alors sa garde, et desserre un peu son emprise sur le tison. Le vestibule ne présente aucun recoin où dissimuler un adulte ; et la lourde porte d’entrée, benoitement endormie dans la pénombre, ne semble pas avoir été dérangée. La blonde s’en assure du bout des doigts : les verrous sont en place, le battant immobile. Bon. L’un des gosses, alors. Peut-être les deux. Pitié, pas les deux. Un, c’est déjà bien trop. Elisabeth lève les yeux au ciel. Supporter l’engeance quand leur mère y est, c’est une chose ; mais les chaperonner seule, elle s’en passerait bien, bon sang…

Pas question de réveiller la maisonnée. Elisabeth retourne allumer un bougeoir dans la grand salle, et munie de ce chétif éclairage, se dirige vers la prochaine pièce : la cuisine.

Regard de droite, de gauche. La bougie atterrit sur une crédence, le tison contre un mur, et Elisabeth agacée s’approche de la table :


- Allons, sors de là, petit monstre, murmure-t-elle.

Ses pas l'arrêtent à bonne distance, cependant, et elle observe le meuble avec un frisson. La dernière fois qu'une gosse a jailli de sous une table, ça s'est mal terminé. Sottises, lui serine la voix piaillante de la raison ; mais le fait est qu'Elisabeth répugne à y regarder.


- Ne m'oblige pas à venir te chercher.

Ça sonne comme une innocente menace qu'on fait aux gamins. Ça veut l'être. Et pourtant... vous n'imaginez pas à quel point c'est sincère.
Alix_ann
    Là, le meuble. Le machin pour stocker toutes les victuailles, les légumes en tout genre, les sucreries aussi, ces sucreries qui sont aussi le but de son escapade. Mais la très jeune Alix, prise de panique, pénètre, affolée, la cuisine, cherchant comment se cacher de sa tante. Alors, d'un geste précipité, elle ouvre les deux portes du meuble, se faufile à l'intérieur, et les rabat, de sorte à ce qu'elle devienne invisible aux yeux de la jumelle de sa mère. Les jumeaux, c'était très tendance chez les de Kermorial. Fière de son petit stratagème, elle va s'asseoir dans un recoin de sa cachette, évitant de justesse de foutre en l'air les aliments.
    Elle a les chocottes, tout naturellement, elle flippe, seule, dans son coin. Alors sa respiration se fait d'autant plus forte qu'elle essaie de la controler, péniblement. Elisabeth l'a déjà rattrapé, les pas se font entendre, se rapprochant de la cuisine, de sa cachette, de elle. La Minie Buze choppe un poirot, qu'elle sert contre sa petite personne, ce petit corps pas encore fait, elle n'était qu'un semi-être, un enfant pas encore prêt à être grand.


    Gast... Gast... Gast »

    Et qui jurait beaucoup. Déjà, la tante s'excite doucement, cherchant l'auteur de cette dérangection qui la poussa a abandonner la couture du soir. Ce n'était pas un mal, après tout. Alix favorisait par son escapade nocturne l'amusement de Elisabeth. Car soyons honnêtes, la couture, c'était franchement pas drôle.

    Gast... Gast... Gast... »

    Le flot d'injure se dissipe, pour moins contraindre sa position de dissimulation envers la tante. Il ne faut pas qu'elle la trouve. Toutes les tortures que celle-ci pourrait lui infliger lui donne a vomir. Alix, n'étant pas très proche de sa tante, a une légère tendance à sur-évaluer les capacités de celle-ci à lui faire la misère. Elle pourrait être privée de sieste, par exemple, encore plus horrible, privée de jardin? Obligée, jour et nuit, à rester dans cet intérieur glauque où Mamm les obligeait à crécher.
    Le français lui parvient. Il n'est rien de plus déprimant, pour la petite Bretonne, que d'entendre ce français, qu'elle ne maîtrise à peine et auquel il va falloir se faire. Surtout quand elle comprend.
    Les pas se rapprochent, encore, et cette petit voix, ces paroles qu'elle ne comprend qu'à moitié. Alors Alix s'y essaie, dans une dernière chance, peut-être, de voir Tatatilla décamper fissa.


    -« Parteeeezzzz! »

    Ou quoi? Ou le fantôme du meuble à bouffe va venir te dépecer? On y croit, mais moyen.

_________________
Else
La blonde s’est penchée, fébrile… pour découvrir que sous la table, il n’y a personne. Pas un rat. A forte raison, pas un gosse. Tantine ne sait pas si elle doit s’en réjouir ou s’irriter. Où donc ce sale mioche peut-il bien se…

-« Parteeeezzzz! »

… planquer.
Voilà voilà voilà.

Le coup du fantôme aurait pu marcher. Allez savoir ce qui a vendu la mèche… La voix de mioche à peine sorti du berceau, peut-être. ‘Faut dire que le fantôme en couches-culottes, tout de suite, c’est beaucoup moins flippant. Elisabeth ferme les yeux, et lâche le onzième soupir de la soirée. Nom de nom de nom, la nuit sera longue.
Elle se releva.


- C’est ça, farfadet. Maintenant sort de là avant de t’y endormir. On risquerait d’te confondre avec un jambon.

Cruelle ? Noooon. La mioche cause un français misérable. Elle pige pas. Si ? En tout cas, les menaces n’ont pas l’effet escompté, car rien ne bouge dans le garde-becquetance.

- Gast.

La politesse, c’est comme la gémellité : c’est de famille. Elisabeth va s’accroupir devant le meuble, pour en extraire le gosse… mais la porte résiste sous ses doigts. Un essai… Un autre… La ferraille grince, le bois gémit. C’est coincé.

- Gast.

‘Faut pas croire. Le breton a beau ne pas être la langue de son enfance, Elisabeth a un tantinet plus de vocabulaire, d’habitude. Démonstration :

- Nebaon* ! Nebaon… T’inquiètes pas, demi-portion, on va te sortir de là.

Les enfants, on s’imagine que c’est l’horreur… eh bien non. C’est pire.

* ne t’inquiètes pas.
Alix_ann
    Sa Tante allait se mettre en colère. Elisabeth allait crier, en réveillant toute la maison. Sa mère, de suite, rappliquerait. En plus d'être sévèrement punie, de risquer son temps de sieste, d'envisager d'être privée de sortie à vie, elle devra subir la colère légendaire de Elisabeth. Privée de sortie à vie, voilà bien le châtiment que craint l'enfant. Elle vivrait au bon vouloir de sa mère, enfermée chez elle. Cela l'inquiétait d'autant plus que le château de Cucé dorénavant déserté la petite famille Kermorial avait prit ses quartiers dans cette demeure Bourguignonne.

    Nebaon* ! Nebaon… T’inquiètes pas, demi-portion, on va te sortir de là. Que Tatatilla clamait.

    Le farfadet si bien nommée, Korrigan d'après les légendes de son pays barbare, était confortablement repliée sur lui-même en un coin sombre du meuble. Calée entre les haricots et quelques céréales, elle a replié ses jambes, qu'elle tient serrées, contre sa poitrine. Ainsi calée, la jeune Montfort espère pouvoir échapper à sa Tante. La jeune Blonde reste dans l'incompréhension la plus total à la suite des paroles de Elisabeth. Pourquoi parlait-elle sur un ton pareil? Elle ne reconnaissait dans ses paroles aucune colère, cependant rien ne laissait à penser qu'elles avaient été prononcées sur un ton calme (et ce n'était d'ailleurs pas le cas). Songeuse, elle comprit quelques secondes plus tard sa fâcheuse position.
    Pire que d'être privée de sortie à vie, être obligée de vivre dans un placard pour le restant de ses jours.


    -« Tintined ! »
    *Tata!

    D'un naturel très peureux, elle prononça son appel comme on cri une plainte. C'était une manière de demander à ce qu'on la sorte de là dans la seconde. Elle l'exigeait, même.
    Les placards n'étaient pas un endroit où il fallait bon vivre pour une enfant de cinq ans, et cela, Alix en été persuadée. Dorénavant loin des soucis obsolètes que lui causait la cohabitation entre elle et cette demeure (parce qu'Alix cohabite avec les habitations) ses peurs consistaient plutôt à ne jamais pouvoir sortir de ce meuble aux attraits discutables.


    -« Sortez je ! »

    Les petites mains pressent contre les portes du meuble, dans le sens inverse du sens de l'arrivée, d'où la notion d'inversement.
    N'ayant pas la chance d'être native de france, elle ne pouvait s'exprimer que par cette langue peu connue. Soucis de communication entre elle et la tante.

_________________
Else
- Oui... Oui Alix. Tout va bien, ma c'halonig*.

Ne vous avisez pas de répéter ça à quiconque, ou Elisabeth vous arrachera les yeux après avoir nié en bloc. Elle ne porte pas les rase-mottes dans son cœur, c'est entendu ; de là à les enfermer dans le placard… L’angoisse dans la voix fluette de sa nièce – car bien sûr, elle l’a reconnue – résonne dans sa poitrine, jusqu’à faire trembler sa voix.

Allons, allons, on ne se disperse pas comme une mégère sentimentale. On se concentre, on fait le point, on analyse la situation, on agit en conséquence. Merci.

Sur le meuble, point de serrure. Les doigts d’Elisabeth tracent soigneusement le pourtour de la porte, cherchant l’endroit où le bois a joué… Là ! A tous les coups, l’enfant a tiré trop fort sur la porte… C’t’idée, aussi, de se planquer ! Elle fait si peur que ça, tantine ?

On ne vous a pas demandé de répondre.


- Je suis là… attends.

Comme rien n’y fait, tantine court chercher le tison resté à l’entrée. Les tisons, c’est comme les pistolets : dès qu’on en introduit un dans une histoire, il faut qu’il serve. Le voici donc, fier et rutilant, qui se coince entre le meuble et la porte, prêt à la faire sortir de ses gonds. Elisabeth appuie de toutes ses forces sur le levier improviser : le métal gémit, le bois craque… Lentement… Mais l'animal est taillé dans un bois solide, et n'a pas l'intention de lâcher sa proie si facilement.

Mais il faut la sortir de là. La sortir avant que... avant que quoi ? Lise n'en sait rien, c'est une idée fixe. Au visage de sa nièce s'en superpose un autre, toujours le même : elle ne peut pas échouer à chaque fois.
Note du narrateur : si nous filons la métaphore, une certaine sorcière Flamande se trouve ici comparée à un meuble plein de bouffe. Elle va pas mieux, Blondine. Mais passons.

Peu à peu, et contrairement à ladite sorcière Flamande, la porte cède : un cri, encore un cri... et crac ! Le bois vole, Else s'effondre, et la mioche, devant qui la paroi a disparu tout d'un coup, lui tombe dessus.

Tout en discrétion. Et n'oubliez pas : motus et bouche-cousue.


*mon petit coeur.
Alix_ann
    Dans la vie, il y a toujours des situations malheureuses. Des petits incidents passagers qui indispose ponctuellement notre personne. Alix, qui n'avait que cinq ans, n'avait pas encore assez de recul pour s'en rendre compte, mais commençait déjà à ressentir le plaisir de ces petites gênes passagères, indivisible du quotidien.

    Très vite, Tatatila percuta le bois pour essayer de libérer la jeune enfant, mais ce n'est qu'à l'aide d'un tison qu'elle parvient à prendre le dessus de ce meuble. La petite blonde écoute, dans ce meuble froid et noir, ou le seul bruit d'une carotte en frottant une autre lui irise les poils (poils désignant ici l'adorable duvet dont son pourvu les enfants). La panique lui vient. La respiration déjà se fait de plus en plus rapide, l'air lui prend la gorge sans parvenir à descendre dans les poumons. L'angoisse est rapidement prise en charge par la de Kermorial, j'ai demandé l'aînée, qui d'un coup sec libéra la Minie Buse de cette antre détestable.
    C'est dans un fracas audible qu'Alix s'écrasa sur sa sauveuse. Sotte était l'idée, pourtant, de penser que cela aurait pu réveiller le reste de la maisonnée. C'était si vaste, ici.


    -« Ma di... diga... »*
    *Excuses-moi

    La petite blonde se ressaisie. Plaquant ses deux mains contre sa bouche, se rappelant, en bonne enfant sage, qu'il ne faut pas parler le bretonnant avec sa Tante. Tout aussi rapidement, elle se hisse debout pour libérer Elisabeth de son poids. Il paraîtrait que ce sont des choses qui se font.

    -« Excusez-moi. »

    Il lui était simple, de vouvoyer sa mère. De cette manière là elle vouvoyait sa tante. Remarquant que le tison, arme de son sauvetage, entravait la mobilité de Beth, elle se mit à le prendre de ses deux mains pour aider, honteuse, sa tante.

    Prise d'un furieux élan de bonne volonté la petite silhouette de cinq ans, mais qui en faisait moins, se dirigea vers le couloir pour replacer, penaude, le tison à sa place. Le tison étant un objet un tantinet lourd pour une enfant peu costaude et fatiguée, il fût trimbalé avec négligence derrière elle.
    C'est sans compter le parquet sur lequel elle marche.

_________________
Else
- Ouch !

Ca lui apprendra à vouloir voler au secours d’un marmouset en détresse… La petiote a beau n’être pas bien lourde : lancée à pleine vitesse contre votre estomac, elle fait son petit effet. Elisabeth, sonnée, distingue à peine les excuses de sa nièce qui lui enfonce un coude dans l’abdomen en se redressant.
Sale gosse.


- « Excusez-moi. »
- Que... Hein ? Ah…


Un grognement. C’est vrai : la demi-portion cause un français misérable. Rien d’étonnant à ce qu’Attila n’ait guère créé de lien avec ses bretonnants neveux : la barrière de la langue, vous comprenez. Ajoutez à cela une réticence naturelle à l’égard des modèles réduits et l’effet répulsif « Montfort », pour obtenir le savant mélange qui tint la blonde à l’écart.

La chute a déclenché de nouveaux maux de tête. Encore. Toujours. Etendue sur le sol, Elisabeth ferme les yeux. Mais c’est sans compter le zèle de Mini Buse, qui se met en devoir de remettre le tison en place : la ferraille raclant le parquet semble lui déchirer directement le crâne, lui arrachant un gémissement.


- Alix… Bon sang d’bonsoir de nom de Dieu d’gamine… Alix, arrête ça.

Mais la mioche, si elle entend le murmure pressant de sa tante, n’y comprend goutte. Elsa se relève, féroce, pour lui barrer le passage. Accroupie dans le vestibule, le regard furibard, elle lui ôte le tison d’un geste sec, et lui brandit son index sous le nez.

- Toi…

Toi… Oui, toi ? Ben quoi ? Comment ça se punit, un gosse, au fait ? Mode d’emploi siouplaît ! Mais Lise a beau regarder alentour, la crédence ni le sac à légumes entreposé là ne lui soufflent de suggestion pertinente. Ils se contentent d’observer dans l’ombre, benoîts et moqueurs, le spectacle d’une migraineuse sermonnant sa nièce allophone. Les fourbes. Les félons.

- La prochaine fois que tu veux te fondre parmi les victuailles, habille-toi avec ça, râle-t-elle en saisissant un coin du sac de lin. Et parle pas. Les légumes, ça a cet avantage sur les gamins que c’est silencieux. Aller, file. Da gousket !*

De ses doigts libres, Elisabeth pousse la gamine vers les chambres, avant de se hâter vers la sienne, tisonnier encore en main. La migraine lui embrouille l’esprit. Sans doute pense-t-elle que son petit discours compte pour des prunes ; comment peut-elle deviner que la mioche n’a pas tout à fait rien compris ?

* Au lit.
Alix_ann
    Cet épisode aurait pu n'avoir qu'un intérêt minime pour la très jeune Bretonne. Cet épisode aurait même pu passer sans trop se faire entendre dans la vie de cette charmante enfant. C'était sans compter qu'elle ne maîtrisait aucunement la langue française, n'étant en dehors du territoire breton que depuis peu, et que quoiqu'on dise sur l'indépendance de l'Anjou on ne pouvait nier qu'on y parlait encore le français.
    Le petit corps de semi-homme (femme, dans ce cas), se stoppa net en entendant Tatatilla se ruer dans le couloir à sa suite.


    Alix, arrête ça.

    La petite tête qui habituellement, de par son âge, charmait les plus grands qu'elle, se retourna, confuse, angoissée, vers cette figure symbole d'autorité. La soeur de sa mère lui ressemblait en tout point, cette gémellité à chaque fois avait le don de surprendre la gamine qui n'était pas habituée à reconnaître le faciès maternel associé à cette image coquette que la Platine Duchesse entretenait sous des allures moins féminines, moins en finesse. La Platine aux allures plus guerrière se plaça devant elle, lui imposant ainsi l'immobilité la plus total.
    Jamais ce tison ne sera remit à sa place. Ce qui est certainement une bonne nouvelle pour le bois du parquet déjà bien massacré.


    Toi...

    La Blonde prit l'air le plus démagogique du monde pour continuer sa réprimande. Ce n'est qu'à son air fâché pourtant, qu'Alix prit conscience qu'elle avait fait quelque chose de travers. Elle ne saura sûrement jamais qu'elle fût sa faute ce soir là, ne pouvant de par son âge reconnaître l'erreur qu'aura été de balader le tison à même le sol.

    Habille-toi avec.

    Les deux yeux s'arrondissent de manière à s'apparenter plus à des flans qu'à deux œils normaux. Son regard va de la jumelle de sa mère, Elisabeth, au sac servant à contenir les légumes. Le Lin, ça gratte. Mais ça, elle ne le savait pas encore.
    Une main dans son dos insiste, lui indiquant de filer dans sa chambre dès qu'elle aura revêtit l'habit. Discrètement, Elisabeth retourne se coucher, laissant Alix seule au milieu du couloir, en face du sac de Lin. Dans un désire de bien faire elle essaya de se repasser en boucle les paroles de la Tante pour en extraire le sens véritable. Il lui semblait qu'il fallait enfiler le sac, oui, mais dans quel but? Elisabeth n'avait pas eut son air autoritaire en lui disant cela, ce qui laissait à penser que cela était davantage un conseil qu'une réprimande.
    Alix Ann, voulant bien faire, amena avec elle dans sa chambre le sac de lin, en extirpa doucement les légumes, un à un, avec précaution, du sac. Chacun eut le droit à l'admiration de l'enfant à son apparition, car l'enfant admira chacun des légumes comme il se devait.
    Et avec un sérieux qui faisait plaisir à constater, elle ôta sa tenue de nuit pour enfiler le sac. Quoique qu'Elisabeth ait voulu dire, la gamine pu avoir le mérite de s'endormir tranquille en se disant qu'elle avait respecter ses paroles.

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