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[RP Totalement Ouvert ] Voie sur berge

Cerdanne
En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, la suave tranquillité qui l’enveloppait éclata.
Finit l’entre deux mondes ou elle se complaisait.

Sa résistance s’organisait.
Facile en ce début de printemps.
Mais pas assez.
De blondes en blonds, les esquives s’allongeaient et elle avait, sombre crétine, cru avoir passé le plus dur

Quand Elle entra dans la taverne, elle ne broncha pas.
C’était sans compter sur les curieuses qui se trouvaient là.
De mots durs en mots doux, Cerdanne ne trouva qu’une seule porte de sortie.

Celle de la lutte, celle qui te ramène là ou tu as soigneusement évité d’aller pendant des lustres.
Des jours durant, elle avait observé les fuites, les faux semblants, les tourments des uns, des autres.
Les siens elle les avait tué avant même qu’ils ne prennent de l’importance.

Pas ce soir.

Comme pour bien entériner son choix, elle laissa choir ses épines et respira l’air du soir avec avidité.

L’Anaon, invitée surprise, marchait à ses côtés.

La Provençale, habituellement prudente au-delà de tout, ne chercha pas à savoir si curieux, curieuses ou tout simplement désireux de participer à la balade suivaient.

Ce serait marche au clair de lune, crève sous la lune... Mais relève toi!

De toute évidence, il fallait que de ce pas consenti vers les mots qui font mal, il faudrait aller vers les mots qui donnent envie.


Alto
Autres lieux, autres gens...
Les pavés de la rue princpale résonnent des pas d'Alto.
Malgré l'heure déjà bien avancée, le tribun ne parvenait pas à trouver le sommeil, ni même le léger repos qui aurait pu calmer sa migraine.

Que se passait-i?

Depuis quelques temps, les choses s'embrouillaient en son esprit, il ne parvenait plus à faire le point.
En temps normal chez l'Alto, les choses étaient simpls: définition de l'objectif et des moyens d'y parvenir, hiérarchisation des priorités, mise en place du calendrier, et application du planing...Et pourtant...

Et pourtant depuis quelques temps, une lente et douce torpeur l'envahissait. Etait-ce le fait de la venue du printemps, et de toutes ces bonnes odeurs qui courraient dans l'air, ou la chaleur du soleil qui peu à peu ramollissait son esprit?

Il ne savait guère, il n'en avait cure, le résultat, ou plutôt le manque de résultat était là...

Alors pour se changer les idées, il avait décidé de faire un tour, petit tour dans Saumur, qui devait se solder par une promenade sur le bord des berges...
Marchant sans but, il prenait soin d'envoyer voler d'un coup de pied chaques cailloux qui passaient à porté de semelle.
Les mains dans les poches, et l'heure aidant, le tribun avait l'impression d'être seul au monde, et de pouvoir jouir d'une éternité de tranquillité...
Le paradis...
A moins que ca ne soit l'enfer, justement...

Arrivé sur les berges, il entendit des bruits de pas...
Ne souhaitant pas particulièrement rencontrer du monde ce soir, il alla trouver refuge sous un arbre, la nuit le rendant quasiment invisible:
Alto fit silence, mais ouvrit quand même bien grand les oreilles pour tenter de savoir qui avait décidé -à part lui même- de se balader à cette heure...
Naelys
« Ma pensée est couleur de lumières lointaines,
Du fond de quelque crypte aux vagues profondeurs.
Elle a l'éclat parfois des subtiles verdeurs
D'un golfe où le soleil abaisse ses antennes. »

- Clair de lune intellectuel, Emile Nelligan -


    Et j'erre à Saumur, seule dans ma peur.

    Oui, Naelys a quitté la chambre d'Eliane, alors que la lune présente son minois dans le ciel assombrit. Elle ne sait pas pourquoi elle est partie. Peut-être l'a t-elle entendu sortir, elle n'en sais rien. Puis peu lui importait. Nae glissa légèrement une main dans ses cheveux bruns qui tombaient sur ses épaules recouverte d'une simple cape. En dessous, quelques légers vêtements, sans plus de frivolité. Les yeux embués par le réveil brusque et le corps en réaction au froid qui vient se lover tout contre, la jeune servante avait marché. Simplement. Malgré le cœur qui se propulsait dans sa poitrine et faisait giclé maintes réactions insensées de panique.

    La nuit est dangereuse. Mais pas ce soir. Ce soir, Naelys affrontait. En solitude. Du moins pensait-elle. Comment pouvait-elle savoir que certains ne trouvaient pas le sommeil ? Elle qui avait apprit à se connaître à travers le sillage d'une autre éprouvait un drôle de sentiment de marché avec elle-même. Ses pâles sinoples regardèrent derrière elle, mais rien. N'étant toutefois pas à l'aise à reste dans les rues de Saumur, la jeune fille prit la direction des berges. Elle n'y passait guère souvent, n'ayant pas spécialement envie, ou simplement parce qu'elle n'avait pas prit le temps.

    Elle ne prenait que très peu de temps pour elle-même, la servante. Eliane devait passer avant Naelys. Ainsi était son travail et sa dévotion. Toutefois, devant ce clair de lune, c'était tout autre. Les pensées embrumées, un soupir comme seule explication, Nae avait envie de liberté. Pas celle égoïste et arrogante qu'elle avait déjà voulu avoir dans le passé. Non. La liberté d'exister par soi-même, et d'arriver à passer outre ses angoisses qui lui gâchent encore quelques unes de ses nuits et la rend si fragile, par instant. Alors que les berges se dessinent à ses yeux, peut-être est-ce seulement un rêve de tranquillité.

    Vivre avec Eliane n'est pas toujours facile. Même si certains jours, cela est bien. Il y a des moments où elle est fière, Nae , d'avoir sa Maitresse. La chance, disent certains. La jeune fille inspira doucement, rejoignant les berges. Nostalgique ne serait pas le mot pour décrire l'état de la servante. Car de quoi pourrait-elle l'être ? Des coups reçu pour son impudence ? De son viol ? Des souvenirs limites de son enfance ? De sa vie dans la famille Piccolini à être plus ou moins bien traité ? La triste évidence était que la vie de la jeune fille n'était pas des plus rose, et même si elle ne s'en plaignait pas il y avait de ces soirs comme celui-ci où des états d'âmes diverses se manifestaient.

    C'est donc les cheveux dégagés de toute attachent, libre de danser avec le vent et de tomber sur ses épaules que Naelys se retrouva sur les berges. Le corps restait toutefois en alerte, incapable de calmer les angoisses qui s'y accrochait férocement. Des bruits de pas signifièrent la présence de gens. Le nombre ? Aucune idée. Par souci de sécurité, la jeune fille scruta les alentours avant de s'asseoir, ses sinoples pâles fixant cette lune si haute, si belle et si silencieuse.


    - « Humf…»

    Le monde et sa nuit sont énigmatiques.

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Anaon
    Ironie. Si les Dieux l'avaient bénis durant les précédents jours c'était pour mieux la faire souffrir. Ils lui ont fait passé trois faucheuses, affronté un brigand et l'Anaon en avait réchappé sans aucune égratignure. Oui, s'ils ont veillé sur elles ces derniers jours c'est pour mieux rire de son angoisse qui lui vrille les tripes actuellement. Car sur le groupe de sept personnes qui avait tenté de franchir les frontières de Touraine, il ne restait qu'elle, seule pommée et sans nouvelles des autres. Ironie. Et oui, si les Dieux sont avec elle c'est pour mieux s'payer sa tronche. Saumur, çà foisonne de connaissance, mais il a fallut qu'ils la mettent sur le chemin de l'une d'elle et pas des moindres: Cerdanne. LA Cerdanne, L'unique, Le Chardon, Le poison - choisissez la bonne mention - Ironie. Mais la cocasserie ne s'arrêtait pas là, car dans tout Saumur la seule qui lui a proposé le gîte c'était bien elle et pas une autre.

    Ironie, j'vous dis. Ou foutage de gueule divin, au choix.

    Elle avait hésiter l'Anaon. Quand on connait sa paranoïa excessive et l'événement tragique qui a réunit il y a quelque temps les deux femmes, on ne s'en surprendrait de son hésitation. Et pourtant la balafrée avait accepté, mue par une certaine curiosité... mais aussi par une certaine galère. Mise à part le boxe loué dans lequel elle avait casé son cheval, elle n'avait nul part où crécher la balafrée. Remarquez, çà n'aurait pas été la première nuit que la mercenaire passe dans la paille, roulée en boule entre quatre sabots. C'est toujours mieux que sous un buisson, prit en sandwich par deux armés.

    C'est quatre bouteilles sous le bras -innocemment "empruntées" à la taverne – que la mercenaire suit le sillage de sa comparse. Les cernes font aux azurs un jolie piédestal et au manque de sommeil cumulé depuis une semaine s'ajoute des nerf sciés à vif. Rajoutez deux bouteilles qui lui ont déjà rincé le gosier et vous commencerez à avoir une belle image de l'Anaon actuelle. Bien défraichie, bien éméchée.

    Un regard vague parcoure le paysage mainte fois parcouru. C'est qu'avant de rejoindre Paris, elle s'y était enterrée pendant longtemps dans la capricieuse Saumur. S'il y en a qui peuvent se vanter de rivaliser avec les bretons question carafon, c'est bien les Angevins. Durant sa contemplation silencieuse, ses pas s'évertuent de rester constamment en retrait de leurs voisin. La paranoïaque préfère se savoir dans le dos de Cerdanne plutôt que l'inverse. Le regard retourne alors se poser loin devant elle et les lèvres stigmatisée daigne enfin s'ouvrir pour briser le silence.

    _ Que me vaut cet acte de générosité inexpliqué? Je te fais autant de peine que çà? Ou tu compte me dégommer durant mon éventuel sommeil?

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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III ----[Clik]
Cerdanne
Alors elle marche.
Encore et encore. Ça, elle sait faire.

Allonger la foulée, jusqu’à en oublier les contours du chemin qui défile. Mais en principe, elle taille la route en solo.
Les paires, les trios et tout ce qui s’en suit, elle a essayé. La solitude, y a que ça de vrai.

Sentir, ressentir l’ombre de celle qui a tranché, effacer sans sourciller un pan de sa propre mémoire, l’amuse.
L’amuse et l’agace.
Fragile, elle l’est tout autant qu’elle la belle bretonne.
C’est ça qui lui a éclaté à la figure quand elle l’a vu franchir la porte de la taverne.
Comme un miroir qui lui renvoyait sa propre rage, sa propre angoisse…

Et ce soir, la lune est confidente.
Le visage se relève vers le ciel étoilé avant de retrouver les ombres chuintantes des arbres.
Les yeux se plissent, attentifs et s’immobilisent. Une masse sombre là... et …là une tache trop claire.

L’Anaon parle...
Marrant comme les voix résonnent au clair de l’eau.



La peine ?? C’est un mot qui grince entre tes jolies lèvres …


La démarche souple et tranquille a stoppé net sa course.
La Provençale, est déjà tout contre elle, le bleu givré de ses pupilles dans le ciel de celles de l’Anaon.


J’hésite en fait…
Mais une chose est sure.
Tu me vexes. Ma générosité est un acte gratuit et totalement désintéressé.
Solidarité Féminine et Professionnelle surement.

Par contre, je n’exclue pas de marquer ta chair d’une patte d’ours. Histoire que tu n’oublies jamais.
Histoire de nous lier, toujours.
Pendant ton sommeil bien sur.
Je m’en voudrais de te priver de tes rêves.


Le regard s’étire et la bouche s’ouvre sur un sourire carnassier…
Les doigts s’agitent et parlent un autre langage.
Désignent les arbres, les herbes tendres non loin d’elles.
Miment une lame qui danse sur un cou, s’agitent encore et se posent sur les lèvres de l’Anaon…


Le programme te plait ?
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Anaon
    Le caractère exécrable de l'Anaon n'est plus à prouver depuis longtemps, mais en matière de sarcasme, la balafrée a trouvé son Maistre. Et il marche actuellement à sa droite. Elle sert les dents l'ainée, il faut dire qu'elle a l'humour sensible ces derniers jours. Si l'être aimé avait la fâcheuse manie de mettre les doigts là où sa faisait mal, Cerdanne, elle, était du genre à farfouiller dans les plaies avec un malin plaisir. La saloperie!

    Le regard se ballade vaguement autours d'elles, feignant la désinvolture, mais bien vite le pas s'arrête forçant la balafrée à l'immobilité. Le regard se plisse, le menton se rehausse imperceptiblement et un sourcil se gausse sur le front blanc. Solidarité féminine? J'ai achevé ton homme et t'as voulut te taper le mien. C't'un bon argument pour justifier un tel élan de générosité... C'est ce que l'Anaon lui aurait sortit si elle avait eu le temps de la réplique. A défaut elle écoute, la méfiance lui suintant par tous les pores. Et les azurites se baladent sur les lèvres qui se meuvent et sur les doigts qui désignent ce que dans l'ombre de la nuit elle n'avait pas vu. Et ainsi elle ne voilait pas lui gâcher ses rêves. Un coin de sa bouche se rehausse, narquois.

    _ Quel délic...

    … cate attention. Mouvement de recul alors qu'elle lorgne d'un drôle d'air cette main qui la fait taire. Croisement des azurs. Œillade à la mercenaire, œillade aux ombres qui se découpent à la faveur de la lune. Puis les perles bleus retournent se loger dans leurs homologues, un peu septique. Que veut-elle leurs faire à ces pauvres badauds? Non l'Anaon n'était pas brigande de grand chemin, ni même une amatrice de larcin. Pour les écus clinquant d'un noble généreux, elle tuerait bien un homme ou deux, mais voler pour son compte pas dans ses lubies. Il fallait aussi l'avouer que sans crouler dessous, l'Anaon n'était pas en grand manque d'argent. Du moins, le plus souvent...Le regard roule alors que ses narines soupirent bruyamment. Comme face à une gamine à qui l'on cèderait à un caprice, la mercenaire abdique. Elle se demande bien pourquoi d'ailleurs. A croire qu'elle n'a plus les idées très claires. Espérons que la fatigue et l'alcool auront épargnés un peu son agilité à défaut d'avoir déjà bien entamer son bon sens.

    Les lèvres passent au dessus des doigts de Cerdanne et éclosent sur un murmure.

    _ Mène la danse, je te suis. Mais je rejette toute responsabilité d'un potentiel échec.

    Que cela soit jadis, ce n'est jamais de la faute de l'Anaon. Un regard contrarié vient couvrir les bouteilles qu'elle porte sous le bras avant d'essayer de les fourrer convenablement dans sa besace. Autant les garder sur elle. Si elle doit perdre le Chardon en route autant gardé sur elle de quoi bien finir sa nuit.

    Nuit qui risque d'être courte aux cotés de la Brune. Qu'elle idée qu'elle a pas eu de suivre les lubies d'un pareil sac d'embrouille...

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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III ----[Clik]
Cerdanne
Ce qu’elle lit ou ne lit pas dans les yeux bleus d’Anaon ne lui plait pas du tout, mais alors pas du tout.

Partagée entre l’envie réelle de l’étrangler sur place après passage au fer rouge et celle de l’embrasser à pleine bouche pour lui faire cracher son venin une bonne fois pour toute, elle préfère la laisser finir de donner son avis. D’enfoncer un peu plus la haine qui les unie..

Il faudrait bien qu’un jour les assassins reviennent sur le lieu de leur crime. Elle en tant que commanditaire involontaire, la Roide en tant qu’exécutante désignée d’office.




Je rejette….Potentiel échec…

Non mais tu t’imagines quoi !.
Lâche pas tes bouteilles hein surtout.
Et prépare toi à être généreuse Anaon la roide !

T’imaginais quoi déjà dans ta petite caboche.
Que j’allais la jouer comme toi ??
Armer mon bras et tuer tout ce qui bouge ?


Les mains, nerveuses et mauvaises enserrent les bras de la mercenaire…

Deuxième fois que je te surprends désarmée ma jolie.
Déjà à Bolchen. Là bas tu avais une excuse, tu jouais l’odalisque…
Mais ici… tu es devenue l’esclave d’une vulgaire bouteille ?

Je te préférais accro à notre beau Judas…tu rayonnais en ce temps là.

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Anaon
    Place faite dans la besace, la mercenaire s'apprête à boucler le tout pour suivre les lubies de sa comparse, mais c'était sans compter sur le coup de sang qu'elle lui prend subitement. La voix qui claque la fait sursauter. Les azurites s'écarquillent, sidérées par cette élan de fougue qu'elle trouve injustifiée. Qu'a t-elle fait? Qu'a t-elle dit? Ou qu'a t-elle donc omit de dire? C'est qu'elle a la verve acide la donzelle!

    Elle ne comprend rien la balafrée et çà lui cloue le bec. Dans l'esprit embrumé de quelque lambeau d'alcool çà s'embrouille, mais çà ne percute pas. La bouche s'entrouvre pour rétorquer, mais les mains s'agrippent à ses bras et c'est la décharge. Contact. La crispation est brutal. Elle tique la mercenaire, y'a des mots qui font mouche. Y'a des termes qui ne plaisent pas. La mâchoire s'affirment des muscles qui s'y crispent.

    La réponse arrive comme une claque. La poigne implacable de la balafrée s'accroche au col du chardon qu'elle ramène d'un coup sec au plus près d'elle. La dextre se fait alerte et en un instant elle a délogé de son corsage le stylet qui sommeil toujours contre sa poitrine et la pointe vient titiller la peau tendre du menton de la donzelle.

    _ Trop de fiel dans tes lèvres ma belle... Prends-garde, j'ai peut être bu, mais j'ai pas encore la main qui tremble. Je ne suis jamais désarmée, sache-le...

    Plutôt que sanguine, l'Anaon a le sang-froid. Mais Cerdanne joue avec les mot qu'il ne faut pas. Comme toute alcoolique elle n'aime pas qu'on lui jette son travers en plein tête. Mais pire que cela, elle pince le talon d'Achille et çà lui serre dans la poitrine. Bolchen, Judas. Le souvenir de cette nuit de drame la laisse amer, ce n'est pas un pan de sa mémoire qu'elle se plait à brasser de trop, bien que Cerdanne doit l'avoir plus mauvaise encore. Ce qu'elle a faillit y voir ne lui a pas plut.

    Aujourd'hui elle fait vibrer la corde sensible, la brune. Aujourd'hui, Judas n'est pas là, Judas n'est peut être plus... Elle a les nerfs à vifs l'Anaon et Cerdanne vient gratter les plaies ouvertes qui la ronge d'angoisse. La mercenaire continue de toiser son homologue avec véhémence. Dieux qu'elle gnaquerait cette bouche insolente pour la faire taire.

    _ Je vais rajouter une petite condition à ton programme. Le nom de Judas ne franchit plus la barrière de tes lèvres pour la soirée.

    Arrête de remuer le couteau dans la plaie. J'suis droguée çà se voit pas? J'ai plus ma dose, elle est plus là. Ne joue pas avec çà. Dopée au Judas, c'est ma plus belle tare.

    La main défait lentement son étau sur l'amas d'étoffe et la main armée se détache avec précaution du visage qu'elle tenait en son joug. Méfiante, elle se prépare à la riposte. Le visage se détend pourtant, la voix se fait plus enjouée. Désamorcer le conflit naissant avant qu'il ne s'envenime de trop.

    _ Et donc? On va rester passer le reste de la soirée à se regarder dans le blanc des yeux ou bien tu vas m'emmener valser?

    Au stylet de tourner entre le doigts gracile. Au regard de se faire presque taquin. Cerdanne et Anaon, c'est une belle histoire d'amour qui commence... ?


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Cerdanne
Plus près encore, plus près encore belle Anaon.
Le chardon jubile, toutes épines dehors.
Diable, que t’es belle la Roide lorsque t’as mal…
Mais pas assez, non pas assez...

La poigne qui l’enserre et la plaque contre elle, elle ne veut que ça. Toucher, coller, étouffer celle qui le temps d’une flèche a détaché un pan de sa vie.
S’immiscer encore et encore dans sa mémoire et s’y figer à jamais…
Le stylet ne piquera jamais assez.
Cerdanne n’a qu’une envie, s’y suspendre et se répandre.

Encore !...Encore !...
Elle n’attend que ça, la Provençale que son sang lave le sang…
La bouche s’entrouvre sur un sourire carnassier, mais, le regard perd de sa lumière lorsque l’étreinte d’Anaon s’adoucit.
Maudite pochtronne qui renonce trop vite.

Fixées sur le visage crispé de la mercenaire amoureuse, les pupilles bleues s’accrochent à la lumière blafarde qui renvoie les ombres d’une balafre.
Le corps, volontairement reste lourd contre celle qui la tenait à portée de main il y a quelques secondes.

D’une main diaphane, légère et rapide, le chardon effleure, suit le sillon jusqu’aux lèvres qu’elle redessine.

Il faudra me raconter…çà... Un doigt fin s’appuie plus précisément sur la cicatrice.
La tête se penche un peu, regard perdu sur la peau déchirée, meurtrie.
Sa voix se perd comme un murmure.

Il ne voulait que ça…mourir. Alors je ne peux pas t’en vouloir d’avoir exaucé son vœu.

Mais je t’en veux quand même…

Le rire éclate, dément, brutal avant de disparaitre aussi vite.

Judas, Judas, Judas…Ou te caches tu mon beau Judas…

Le rire revient brièvement fauché par un baiser violent.
Ses deux mains pressent le visage de l’Anaon et les lèvres violent ses lèvres d’un baiser brutal, sanglant.
Puis d’un geste sec, Cerdanne la repousse, déchirant une dernière fois les lèvres de l’Anaon..

Bras ballants, elle la regarde, quelques perles de sang chatouillent sa bouche et d’une langue gourmande, la brune les fait disparaitre.


On est quitte. Pour l’ours.

La main machinalement se pose sur le ceinturon qui sous sa chemise griffe sa peau.
Et moi…quand serais je quitte de t’avoir envoyé à la mort, vieil ours. Tout à coup, elle est fatiguée, elle a soif, elle a froid.
Le regard éteint, elle toise l’Anaon et laisse tomber d’un ton morne.


Judas, lui, me doit un chargement complet de drogues.
Son nom restera donc sur mes lèvres encore et encore.
Tu sais danser toi ? Tu m’apprends ?

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Anaon
    Elle a la main légère, la Cerdanne. Le doigté délicat et insultant quand du bout de l'index elle redessine la balafre qui lui a éventré les joues. Une caresse épineuse. Le Chardon a le contact facile, tout ce que l'Anaon répugne le plus. Si la peau n'est plus aussi farouche au contact de ses semblables, elle n'en reste pas moins des plus susceptibles.

    Quand une tête se penche, c'est l'autre qui se redresse imperceptiblement, presque défiante. Ainsi tu veux savoir. Fascination de la douleur et curiosité perverse. Une indiscrétion mainte fois exprimée, peu de fois assouvie et quand elle l'était, la mercenaire se contentait de répondre du minimum syndical.

    Et vient le murmure qui les ramène une fois de plus à cette nuit de Petit Bolchen. Instants marquants qui a laissé des balafres dans les âmes ou bien les cœurs. Elle revoit le corps de l'homme et ce carreaux qu'elle a fiché dans sa poitrine. Elle lui a offert l'achèvement et le dernier soupir. Si elle avait de la compassion pour le corps à l'agonie elle n'en avait eu aucune pour la femme penchée sur lui. Pourtant, la scène avait été comme une claque. Le coup sec qui fait sauter les sutures d'une plaie qui ne sait jamais refermé. Un retour en arrière. Après quinze ans de deuil, le souvenir était toujours vivace, et cette nuit là, c'est elle-même qu'elle avait crut revoir penché sur le corps de l'aimé perforé de carreaux...

    Je sais Cerdanne, tu m'en voudras toujours. Se serais te mentir de dire que j'en ai cure. J'ai troqué depuis bien longtemps la compassion pour l'égoïsme sans faille, mais laisse moi m'enorgueillir d'être un sillon dans ton âme. Une petite écorchure que tu n'oublieras pas.

    Le rire qui s'exauce éclate ses tympans et la brune lui offre de quoi grincer des dents. Gast! C'est qu'elle se paye ouvertement sa gueule. Impertinente! Les narines de l'Anaon frémissent, la répartie se prépare, cinglante, mais Cerdanne lui cloue le bec de la manière la plus surprenante qui soit.

    Les mains se font étau, elle: sursaut. Et quand la bouche s'accroche à la sienne la mercenaire en reste des plus cons. Incapable de réagir le regard s'écarquille quand elle lui laisse le goût sanglant de ses lèvres. Les nacres accrochent, perforent, arrachent et la séparation est brutale. Une légère plainte s'extirpe des lèvres malmenées, surprise mêlée à une douleur piquante.

    _ Lousken!
    Sal*pe

    Juron a moitié voilé par la main collée contre sa bouche. La garce n'a pas fait semblant! Un regard se pose sur son doigt taché d'une goutte de carmin et les azurites retournent se braquer sur le visage qu'elle écorcherait bien. On est quitte? Pas des plus convaincue l'Anaon.

    Judas, judas, judas! Bretgane, Bourgogne, Paris, Anjou. Quand il n'est pas là, on l'entend encore! Et bien qu'elle ne soit pas d'un naturel jaloux, il y a quelque chose de frustrant à la longue de ne l'entendre que dans la voix des femmes.

    _J'vais te les couturer tes jolies lèvres y'aura plus grand chose qui pourra en sortir.

    Nouvelle grimace alors qu'elle vient frotter sa bouche. D'une main elle extrait une bouteille fraichement ranger et vient inaugurer le goulot d'une gorgée avide. Elle reprend sa marche, passant raide à côté du chardon, retenant sa dextre de lui en coller une au passage.

    _ Danser? Hors de question de te toucher, j'ose pas imaginer ou t'es aller fourrer tes sales pattes. Et je suis pas encore assez imbibé pour me frotter la panse contre la tienne.

    On est bretonne ou on ne l'est pas, on danse breton ou on ne danse pas. Parait-t-il que certaine danse de Breizh sont impudiques. Les curetons ne savent plus quoi inventer pour emmerder leur monde. Continuant doucement son chemin le long des berges, la mercenaire se tourne brièvement pour accrocher l'attention du chardon sur le stylet qu'elle fait tourner dans sa main.

    _ Bouges-toi le gras des miches "gamine" avant que je viennes te le décoller d'un coup de pompe dans le fion!

    Oui "gamine", puisqu'en taverne elle la traite de vieille. Ce qui n'est pas très loin de la vérité au final. L'Anaon a de la bouteille et ce, dans tout les sens du terme!

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