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[RP] Rose VS Bleu : liaison dangereuse

--Augustin
[Fourberie d'un valet mal luné]

Augustin se disait qu'il faisait bien et, qu'après tout, il ne s'agissait pas réellement d'un vol.
Il le faisait pour le bien de sa jeune patronne qui se compromettait sans même s'en rendre compte. Il est vrai qu'il avait, pour l'occasion, emprunté la plume blonde, l'encre rose et le vélin parfum d'Ygerne mais il était évident que le fiancé de la Donzelle se précipiterait sur une lettre de sa futur épousée... alors qu'une lettre venant d'un parfait inconnu risquerait de tomber dans l'oubli.
L'imposture était donc utile pour ramener la rouquine sur le droit chemin.




A vous Cassian de Blanc Combaz, futur époux de ma très chère patronne Ygerne,

Je devine le froncement de vos sourcils en constatant qu'il ne s'agit point d'un écrit de votre douce et tendre future femme.
Il est vrai que, malgré mes remarques, elle ne prend point souvent le temps de vous envoyer pli pour vous rappeler son amour profond ainsi que vous conter les nombreuses fois où vous venez hanter ses rêves... Il faut bien avouer qu'elle n'est que peu habituée à ce type de démonstration mais je peux vous garantir qu'il ne se passe pas un jour où votre prénom n'est point cité dans un doux murmure....

Toujours est-il qu'il était de mon devoir de vous informer qu'un bellâtre s'amuse à passer son temps avec votre jeune fiancée. Je ne doute point de l'innocence d'Ygerne mais je redoute les plans diaboliques élaborés par ce fils de Penthièvre...!
Je puis vous garantir que je veille jour et nuit qu'il ne commette pas l'irréparable mais je me suis fait une priorité que de vous avertir afin que vous puissiez réagir et, je vous le conseille, faire surveiller l'innocente Ygerne.

Elle nomme cet homme Théo. Je l'ai eu retrouvé sous le pseudonyme de T..o et la rumeur m'a informé qu'il s'agirait d'un Penthièvre, je n'ai malheureusement que peu d'information à son sujet.

Votre fiancée prétend qu'il l'aide en la conseillant pour gérer son domaine ainsi que sur son poste de conseillères.. Or entre hommes, nous savons que bien souvent cela n'est que les prémices pour tenter de voler autre chose.

J'espère que vous verrez l'urgence de la situation et ferez ce qu'il est nécessaire pour protéger votre, sans aucun doute, aimée.

Avec tout mon respect, je vous transmets, cher Cassian, mes salutations les meilleures.

Augustin
Valet d'Ygerne

PS : puis-je espérer, une fois l'union officialisée et consommée, entrer à votre service?


Lettre cachetée avec le sceau rose de la ponette et envoyée sur les routes bourguignonnes avec l'espoir qu'elle tombera entre de bonnes mains.
Isaure.beaumont
Inutile de préciser qu’Isaure, victime de son triste ennui, s’occupait à soudoyer quelques hommes de Digoine et Corcelles pour récupérer avant le jeune Paon, sa correspondance privée. Inutile de dire qu’Isaure voyait d’un très mauvais œil les noces futures de Cassian avec une greluche nommée Ygerne et qu’elle ferait tout pour que ces idioties cessent enfin ! Pas la peine non plus de vous conter la colère qui s’empara d’elle quand on lui remit cette missive trop rose à son goût. Elle décacheta soigneusement la lettre pour pouvoir la sceller de nouveau et la faire porter à Cassian une fois son investigation terminée. Pourtant, ce furent des yeux pétillants de joie qui parcoururent la lettre. Ygerne courrait à sa perte, quoi de plus réjouissant ?! Ne disait-on pas « Sois proche des tes amis, et encore plus proche de tes ennemis » ? Voilà qui lui donnait des idées, de lumineuses idées ! Et s’emparant d’un vélin encore vierge et d’une plume d’oie parfaitement taillée, elle entreprit de mettre son plan ingénieux à exécution.



Cher Ami,

Nous ne nous connaissons pas et pourtant je connais tout de vous, tout ou presque. Combien de fois n’ai-je pas entendu votre prénom… J’ai cessé de compter il y a bien longtemps. Mais quel réel plaisir de voir l’émotion qu’il provoque chaque fois qu’elle le prononce ! A croire que seul vous existez et que tout le reste n’a pas d’importance.

Vous devez vous demander qui est cette illuminée qui ose vous écrire et vous conter ces choses absurdes ? Je ne suis qu’une femme qui œuvre pour le cœur de sa douce amie. Oui, Ygerne n’osera jamais vous avouer son Amour, et je sais qu’elle souffre de cet hymenée qui la menace telle l’épée de Damoclès et l’éloigne de vous, irrémédiablement. Combien de fois ne m’a-t-elle pas suppliée de lui venir en aide, de l’empêcher de succomber à la tentation de vous voir. Mais qui aurais-je été pour séparer deux cœurs amants, deux cœurs promis ? Qui aurais-je été pour la donner en pâture à cet avorton d’homme dont on veut faire son époux ?

Certainement pas une amie. C’est pourquoi je vous écris aujourd’hui, dans son intérêt. Mais ne lui en soufflez pas mot, elle serait bien fâchée de savoir que je me suis mise dans une situation délicate pour elle. Je préfère qu’elle croie à la divine intervention plutôt qu’à ma folie pour elle. Il est vrai qu’en vous écrivant, je me mets ma vie en danger. Mais que ne ferais-je pas pour la voir sourire de nouveau !

Alors, n’attendez plus. Allez vite la retrouver, emmenez-la loin de toutes ces folies, faites d’elle votre aimée, votre amante. Et oubliez de prononcer mon nom pour ne pas obscurcir le merveilleux tableau de vos retrouvailles. Un jour, elle saura quel fut mon rôle dans vos Amours, et ce jour, elle sera prête à me pardonner de lui avoir désobéi, car elle comprendra enfin que je n’agissais que pour son bien.

Je pourrai vous aider à planifier votre fuite et financer vos noces. Je veux que tout soit parfait pour vous, pour elle. J’aspire tellement à ce qu’elle soit heureuse. Elle est la sœur que je n’ai jamais eue.

Que le Très-Haut veille sur vous, et sur vos amours

Isaure Wagner,
Damoiselle de Morvilliers et de Miramont


La brune scella sa missive et fit appeler un messager à qui elle donna ses consignes avant de lui confier la précieuse lettre. Quant à celle qui était adressé à Cassian, elle décida qu’elle ne lui remettrait pas. Il fallait qu’il ignore tout ce de Théo. Sans quoi, elle ne parviendrait pas à ses fins. Et l’intrigante se laissa tomber sur sa couche dans un soupire de satisfaction.
_________________
T..o
    Erection Matinale.


La rosée du matin avait apporté pour Théophraste, en plus des habituelles gouttes d'eau qui avaient le don de le faire chier, une trique plutôt gênante. Il se frotta quelques temps les yeux, relevant le drap pour découvrir l'outil qui semblait s'être remémoré dans la nuit des bonnes grâces que lui avaient accordées certaines femmes aux cavités buccales délicieuses. Sapristi ! Le bonhomme dépassait de son étui de bien quelques centimètres ! Et croyez moi, ça allait pas être une sinécure que de le satisfaire. C'est qu'il avait des gouts raffinés le zoziot. Oh pas dans le raffinement commun, non. Celui-là aimait un raffinement particulier presque ineffable, mais pas pour autant indicible car il lui arrivait bien des fois de lâcher l’entièreté de l'exprimable pulsion qui l'habitait à des femmes dont la vertu fort heureusement ne pesait pas trop lourd.
C'est alors dans une longue toilette qu'il tenta, quelque peu en vain, d'effacer l'inavouabilité de ses élans. Mais ceux-ci étaient comme inaliénables - oui oui, pour lui ces désirs faisaient office d'une loi immuable inscrit dans son être à la pointe de cette épée qui en ce matin pointait. Il savait que pour s'extraire de ses désirs, il lui faudrait les assouvir pleinement. Et là, en ce moment même, il n'avait pas le coeur à aller taquiner de la belette dégottée au matin.
Il abandonna ce vain travail en se disant que peut-être il pourrait oublier la vigueur du matin par un long et laborieux travail : celui de répondre et d'écrire des missives diverses, parlant de choses bien communes, sans le moindre rapport avec l'élevation de ses vices.

Après tout ce long, laborieux, inutile et totalement insensé passage sur le membre du personnage principal, je me résigne enfin, moi, Narrateur, à vous emmener enfin sur le sujet qui nous fait notre intérêt : L'un des quelques courriers qu'on lui avait porté ce matin-là. Et oui, car dans la myriade de courriers qui avaient envahis le plancher se trouvant devant la porte d'entrée, il en était un qui l'eut surpris avec plus de violence que les autres. Oui oui oui, vous dis-je, on entendit - parait-il - l'homme lâcher quelques mots bien sentis à sa lecture; si bien qu'une première lecture ne suffit pas. Une seconde vint de suite après avant qu'il ne se décide délaisser le courrier, bien trop farfelu pour cette heure matinale.


Revenant au courrier qui nous intéresse quelques heures plus tard, il le relut encore une fois et fut étonné dans son étonnement que d'être encore à la troisième lecture étonné par la teneur du courrier.
    Y en a qui ont vraiment de sacrés problèmes au ciboulot ...

Ainsi, il rapprocha de lui de quoi écrire, saisit sa plume qu'il trempa et relut une dernière fois le courrier reçu, minutieusement. Comme s'en imprégnant pour répondre de la manière la plus adéquate possible. "Cher Ami .." Quelle idée déjà que de l'appeler "Cher Ami". Bref, prenant une bonne résolution, bien décidé à ne pas y passer toute la journée, il décida d'écrire tout le courrier d'une traite. Il était prosateur après tout, non ? Ca devrait être aussi simple que de se purger le moignon!

Citation:

De Théophraste Aurélien de Reikrigen, dict Le Bouc, Prince d'Anjou s'il en est.
A Isaure Wagner, Demoiselle d'un bled perdu en Bourgogne, très certainement.


Ma Dame,
Sachez pour introduire cette missive que votre courrier m'a surpris au plus au point. Mais réellement! Plus que vous ne pourrez je crois l'imaginer. Car, et je vais pour changer un peu commencer par la fin, vous dites surement sans le penser "Que le Très-Haut veille sur vous, et sur vos amours". Sachez donc pour commencer que le Très-Haut a bien d'autres chats à fouetter que moi et mes élans passionnés, et que de plus, je ne lui ai jamais permis de venir s'immiscer dans mes amourettes passées. Si bien que je vois mal comment je pourrais tolérer qu'un être du beau sexe, n'ayant pas même la perfection pour soi, vienne tenter de se joindre à ma quête de la femme idéale. Si encore je vous avais à portée de main, nous aurions pu supposé que, moyennant certaines grâces de votre part, j'accepte cette ingérence qui fait que vous croyez bon de me conseiller. Mais là ! Rien ! Nada ! Je ne sais même pas quel allure ont vos charmes et avec quelle harmonie ils s'agencent que vous jugez déjà bon de me conseiller sur l'orientation que doit choisir ma vigueur !

Le courrier étant introduit de manière correcte - à défaut de votre personne. Je devine en vous quelques défauts ma chère. Dont un de taille ma dame. Je dirais à vue de nez, que quelques vingtaine de centimètres iraient à combler ce manque qui vous hante surement chaque soirée que vous passez en l'absence de cette dague salvatrice. Je vous conseille ainsi ma chère, si du moins vous me permettez d'inverser quelques temps les rôles de conseiller et conseillé, de vous dégourdir les jambes dans une taverne peu réputée de votre bled natal et de vous amuser à les lever encore et encore sous les hurlements de quelques soudards venus profiter de cette occasion trop rare où une dame oublierait les mœurs pour son propre plaisir.

Mais revenons plutôt au sujet qui a suscité votre première lettre : La Dame de Vedrelle ! Car vous semblez emprunter bien des raccourcis à son sujet et je me dois de vous corriger pour ne plus que vous commettiez cette triste erreur qui vous pousse à croire mon coeur hanté par son sein et le sien par mon esprit. S'il est vrai que je la conseille assez souvent quant à la gestion de ses terres et quant à son rôle de conseillère, il ne faut pas y voir plus que ce que l'oeil humain nous donne à voir. Allons allons, mon enfant, je n'ai pas comme le Très-Haut le don d'inspirer au commun des mortels des preuves flagrantes de ma présence au-delà du visible. Il convient dès lors de me ramener à ma simple condition humaine, quand bien même tout concorderait à voir en moi plus que cela. C'est ainsi qu'à l'avenir je vous conseillerai tout simplement de supputer sur la base d'indices réellement tangibles.

Si vous me le permettez, je vais m'arrêter là dans cette missive que je vous envoie. J'espère avoir correctement clarifié l'erreur qui vous habitait.


Dans l'attente de votre réponse,
Théophraste Aurélien de Reikrigen, dict Le Bouc.

_________________
Isaure.beaumont
Si les couloirs de Decize connaissaient l’agitation, dans les appartements de la Morvilliers, c’était l’oisiveté qui régnait. Allongée sur le grand lit, Isaure, encore en chemise alors que la matinée était bien avancée, jouait avec une boucle venue lui chatouiller la joue. Occupée à résoudre une question plus qu’existentielle, à savoir quelle robe porterait-elle aujourd’hui, elle fut interrompue par une servante qui vint lui remettre une missive reçue à l’instant.

Se relevant pour s’en saisir, elle congédia sèchement la domestique sans un remerciement et décacheta sans attendre le pli. Les yeux parcoururent le papier aussi vite qu’ils en étaient capable et à mesure qu’elle avançait dans sa lecture, la fine bouche se crispait toujours plus. Dire alors que la Wagner était fâchée serait un euphémisme. Elle froissa de rage le vélin et s’installa à sa table pour prendre la plume et répondre à cet arrogant qui osait penser qu’elle était aussi laide qu’Ygerne ! N’était-ce pas là ce qui était sous-entendu ?





De l’Exquise Isaure Wagner, Damoiselle de Morvilliers et de Miramont
A Théophraste Aurélien de Reikrigen, l’effronté d’anjou bien plus que prince

Si j’ai dit que je vous connaissais, j’ignorais cependant que vous étiez si déplaisant, et si votre personne est aussi peu agréable que votre plume, je gage que vous devez être bien seul. Réjouissez-vous donc de l’amour que vous porte Ygerne.

Ensuite, vous semblez croire que je suis une vilaine personne et que c’est pour cette raison que je ne vous ai pas porté cette missive moi-même. Sachez donc que si je ne me suis moi-même déplacée, c’est que d’une part, vous vous trouvez bien loin et que d’urgentes affaires me retiennent, et que d’autre part, en me voyant, vous auriez vous aussi, comme beaucoup d’autres, succombé à ma beauté et en bonne amie que je suis, je ne voudrais pas être la cause du chagrin d’Ygerne.

Contentez-vous donc de me lire et de faire ce que je veux que vous fassiez. Cessez de jouer l’homme pudique, incapable d’avouer ses sentiments. Ils vous rongent, vous brûlez d’amour pour cette jeune, belle et Ô combien rousse damoiselle. Faites d’elle votre amante, votre femme. Rendez la heureuse, comblez la, et tout ira bien dans le plus parfait des mondes.

Enfin, parce qu’il faut bien finir, sachez que votre géographie laisse à désirer. Je ne suis aucunement bourguignonne. Apprenez donc que Morvilliers se situe en Champagne, ma chère Champagne et que Miramont me permet de voyager jusqu’en Béarn.

Bref, je vous recontacterai sous peu pour vous donnez mes directives pour que votre fuite amoureuse se passe sans encombre. Ne me remerciez pas. Que ne ferait-on pas par amitié !

Que le Très-Haut veille sur vous, bien que vous ne le méritiez pas tout à fait

Isaure Wagner


Elle plia le parchemin et s’empressa de le sceller. Après quoi elle entreprit d’écrire une nouvelle lettre. Tirant une nouvelle feuille, elle plongea sa plume dans l’encre et la posa sur le papier sans savoir encore ce qu’elle pourrait bien écrire, ni comment. Que dirait Cassian ? Comment formulerait-il ses phrases ? Ce n’était pas la première fois qu’Isaure s’adonnait à l’usurpation d’identité. En effet, quelques mois auparavant, bien avant que la nouvelle du mariage d’Ygerne et Cassian ne soit rendue publique, elle avait envoyé à celle-ci une lettre prétendument écrite par la main de Cassian, ce que ce dernier ignorait encore à ce jour. Pour vous donner une petite idée, voici ce qu’Ygerne avait pu lire quelques lunes plus tôt :



A Ygerne Corleone,
A la vulgaire petite chambrière qui se prend pour une dame,
Le mal bonjour !

Cessez donc d’espérer que je m’intéresse à vous. Qu’importe le vélin rosâtre, l’odeur écœurante qui s’en dégage ou vos petits cœurs biscornus! Restez sur vos terres barbares. Moins je vous vois, mieux je me porte. Je n’ai pas besoin de m’encombrer de votre petite personne, vous me dégoûtez. Alors oubliez-moi ! Je ne veux rien avoir à faire avec vous !

Alors rassurez-vous, je ne guette pas votre hideuse chevelure couleur des Enfers, j’ai bien mieux à faire et bien d’autres chevelures plus divines et agréables à admirer !

Si je vous ai un jour dit des choses ou fait des choses, sachez que vous n’étiez pour moi qu’un pantin, et que tout cela ne signifiait rien, puisque j’ai dû dire ou faire les mêmes choses à toutes les chambrières croisées ! Vous ne signifiez rien, puisque vous n’êtes rien ! D’ailleurs, j’ai oublié, tout oublié de ce que j’ai pu faire ou dire. Vous n’étiez qu’un divertissement, une passade. Et si je ne me rappelle de rien vous concernant qu’ils s’agissent de mots doux ou de gestes tendres, je me remémore cependant sans difficulté aucune votre extrême laideur repoussante !

Pour ce qui est du fer, je me débrouillerai seul, sans avoir besoin de faire appel à vous. Je m’entretiendrai donc directement avec votre CAC.

Et pour que vous voyez bien à quel point je vous méprise, je ne ferai ici qu’un vulgaire –comme vous – gribouillis en guise de signature et je ne gâcherai aucune goutte de cire pour y apposer mon sceau ! Vous ne le méritez pas. J’ai déjà bien trop gâché d’encre pour vous. Je la facturerai donc au Maine, ainsi que le vélin et la plume.

Pour moi, vous resterez toujours une petite chambrière sans éclat, quand bien même vous voilà porte-parole. Prions pour que le Maine ne coule pas avec vous à son bord ! Noyez-vous seule !

Allez, je laisse là mes derniers mots, vous me fatiguez et penser à vous me donne la nausée.

Et dans un dernier élan aristotélicien, je prierai pour que le Très-Haut veille sur vous.

Cassian de Blanc Combaz
Intrépide Petit Paon Burgonde



Mais aujourd’hui, ce n’était pas à Ygerne que la faussaire écrivait, mais au valet de cette dernière : Augustin.




Au plus parfait des valets, Augustin le loyal.
Mon bon Augustin,
Cessez de vous tourmenter. Vous avez fait là du bon travail et m’avez prouvé que je pouvais vous faire confiance. C’est pourquoi je vous nomme d’ores et déjà valet officiel du plus intrépide petit paon burgonde.

Rassurez-vous, je connais cet individu dont vous me parlez, et j’ai toute confiance en lui. Il lui prodiguera les meilleurs conseils, laissez les donc travailler en empêchant quiconque de les distraire. Il faut qu’Ygerne apprenne la dure tâche qui lui incombe désormais. Elle n’est plus une chambrière à présent, mais une dame qui se doit de représenter sa famille du mieux qu’elle le peut. Louez donc la bonté de ce Théo. Quel parfait ami fait-il pour ma noble dame !

Cependant, contez-moi, chaque jour que le Très-Haut fait, tout ce que vous pourrez sur les activités et les paroles d’Ygerne. Dites-moi qui elle voit, de quoi elle parle. Dites-moi tout ! Non pas que je n’ai pas confiance en elle, bien au contraire. Je la suivrai les yeux fermés. Mais comprenez-vous. Pour la combler une fois que nous serons mariés, il me faut la connaître totalement. Je veux que sa vie à mes côtés soit un conte de fée, mais comment le serait-ce si je ne peux la satisfaire pleinement ?
Oui Auguste, vous me serez d’une précieuse aide ! Je compte sur vous pour me faire parvenir chaque jour un pli sur ce qu’a été sa journée. Pour que la surprise demeure intacte, faites la porter à l’auberge de Decize et confier la à un dénommé François.

Ne vous étonnez pas que je n’appose ici mes sceaux, je ne voudrais pas que votre si parfaite maîtresse découvre que nous correspondons et que je lui prépare la plus magnifique des surprises. D’ailleurs, dès à présent, vous m’appellerez François dans les missives que vous me ferez parvenir. Cela est-il bien compris ? N’utilisez plus mon nom, mais simplement François.

Que le Très Haut veille sur vous Augustin,

François

_________________
T..o
    « Voici mon cul. Léchez. »
Citation:
A Isaure Wagner, ou n'importe quelle autre fieffée catin de Bourgogne, de Champagne ou bien encore de Vanves.
De Théophraste Aurélien de Reikrigen, dict le Bouc.

Ma chère, excusez pour commencer l'aprêté de mes propos. J'ai pour habitude de vanter une certaine franchise et ma plume a dans son encre la même aigreur que la Vérité. Pardonnez moi si cette saveur ne convient pas à votre palais plus habitué surement à la mielleur de quelques flatteurs qui sont parvenus jusqu'à vous faire croire que vos charmes avaient plus d'intérêt que ceux d'une autre.

Sachez donc pour commencer qu'une femme est une femme. Ni plus ni moins, et que votre corsage ne cache, je le crains, aucun trésor. Toutefois, je peux me tromper, vous pouvez être une Vénus que mes yeux n'ont pas encore eu le loisir d'admirer. M'enfin, soyons honnêtes : Pourquoi diantre Dieu aurait-il choisi de vous garnir d'un trait si fin qu'il détonnerait des autres ? Non, la seule beauté ma chère qui peut être votre, c'est encore cette beauté qui fait que le caractère d'une personne modifie légèrement son physique. Et c'est cette légèreté qui fait la beauté d'une personne. Toutefois cette beauté a quelque chose d'exquis, c'est qu'elle se ressent dans les écrits. Cette beauté, si elle est présente, marque et touche tout ce qu'un intellect traverse. Et pour l'instant, désolé de vous le dire aussi crument, mais je n'ai été charmé par vos écrits. Oh, vous allez peut-être me rétorquer que vous n'avez que faire de mon avis. Et vous auriez raison, mais ce ne serait qu'une vaine tentative de cacher la vérité. Et oui, car le temps a fait de moi une métaphore de l’œil masculin et j'en suis venu à déceler ce qui fait la beauté d'une femme, même lorsque celle-ci ne me touche pas personnellement.

Ainsi, donc, puisque vous aviez peur que je ne sois trop pudique, laissez moi faire étalage de toute mon impudeur en vous disant que je me suis mal fait comprendre dans mon premier courrier. Je n'aurais pas souhaité que vous apportiez le premier en courrier en personne, je me doutais bien de l'impossibilité de la chose. Je vous informais simplement que pour qu'une femme ne se permette de juger de mes inclinaisons, il faut encore que celle-ci les ait bien senti pénétrer les tréfonds de son être. C'est ainsi un privilège que j'accorde, bon an mal an, à quelques unes des femmes qui m'ont défait d'une envie subite. Et ce, parce qu'il est difficile de ne pas les estimer concernée. Ainsi donc, je vous témoignais du fait que pour vous permettre d'interférer dans mes élans amoureux, il vous eut fallu soit être une exception parmi mon entourage, soit avoir - au minimum - accueilli en votre bouche toute la vigueur de ma masculinité.

Cela suffit-il à vous convaincre que la pudeur ne fait pas partie des compagnes de ma plume ?

Je l'espère, au moins car à partir de maintenant, vous allez devoir faire très attention ma chère quand vous vous adresserez à moi. Je n'ai pas la possibilité d'effectuer l’œuvre de votre géniteur en vous fessant encore et encore pour chacune des fautes que vous commettez, toutefois je romprais nos échanges dès que j'estimerai que vous ne mériterez plus mon attention. Je ressens en vous, comme le besoin de louer mes services. Je ne sais ce qui se trame, ce que vous ourdissez en secret mais rien que le fait qu'une personne aussi excécrable que vous ait décidé de prendre la plume pour venir à moi m'indique que vous avez réellement besoin de moi. Sachez que je suis tout disposé à aider la chienne que je caresse, tant que celle-ci sait qu'elle ne doit pas mordre la main qui la nourrit. Vos plans étranges trouveront écho dans ma folle caboche. Si toutefois vous trouvez les mots justes pour vous adresser à mon auguste personne. Comme on dit plus vulgairement :

« Voici mon cul. Léchez. »



En l'attente de votre prochain courrier.
Le Bouc.


Un sourire aux lèvres alors qu'il cachette ce courrier. Il a hâte de recevoir sa réponse. Il tenait peut-être la jeune femme qui lui avait écrit. Peut-être. Après tout peut-être qu'elle lui avait écrit juste par amitié envers Ygerne, m'enfin pourquoi tout ce secret, toute cette rage qu'il ressentait dans un tel courrier. Il avait surement raison, et si c'était le cas ... Cela promettait d'être plutôt amusant. Ainsi, pour le moment, il décida de ne rien dire de cette correspondance à la jeune Rousse qu'il devait d'ailleurs voir dans l'après-midi. Et puis, il fallait qu'il se l'avoue, malgré ce qu'il écrivait, elle était plutôt plaisante la jeune femme qui lui écrivait sans pourtant l'avoir jamais vu. Il attendrait donc d'en savoir plus sur elle et sur l'amicale relation qui la liait à Ygerne avant de passer du rôle de spectateur critique à celui d'acteur.

_________________
Ygerne
Quand le chat n’est pas là, les souris dansent, du moins les intrigues foisonnent.
La chasse au mari idéal, notons ici les qualités requises pour prétendre à ce titre : riche et titré, était un sport demandant agilité, pouvoir de manipulation et un certain charme.
Il n’était donc point rare d’apercevoir jeune femme lisant la presse people, les pages divorces et décès afin d’y dénicher le nom d’un titré, d’un éternel célibataire à la recherche de tendresse ou encore un veuf ayant besoin d’une épaule pour pleurer.
Une fois le graal trouvé, le combat devenait rude. En effet, tant que contrat de mariage n’était point signé, contresigné voir même gravé dans la pierre avec si possible les clauses testamentaires déjà précisées, tous coups les plus vils étaient encore permis entre les différentes donzelles pour voler le bien précieux à sa sœur, meilleure amie - pire ennemie.
Entre les jeunes femmes du royaume, l’hypocrisie, les crises de jalousie, morsures ou perruques arrachées se multipliaient ainsi au gré des saisons… or sur ces terres certaines femmes étaient devenues experte en la matière et gardaient toujours tête haute et une classe à rendre jalouse les intrigantes de bas étages… J’ai nommé les Poneys roses !
Leur réputation n’était plus à faire, les rumeurs étaient nombreuses à leur sujet car à travers le royaume chacun savait qu’une fois la proie repérée par une Poney Rose, celle-ci n’avait que peu de chance de s’en sortir… vivante.

Ainsi, pendant qu’une gamine au nom d’Isaure, tentait depuis sa Bourgogne, de se brûler les ailes en brisant une alliance scellée avec force et vigueur, une rouquine : Ygerne, Poney Rose, vivait de jours paisibles en Maine.

En apparence, innocente et gentille, la rouquine n’avait pas moins quelques cordes à son arc. Elle avait d’ailleurs gardé en travers de sa gorge la lettre reçue par Cassian. Ainsi elle avait jubilé à l’annonce de leurs fiançailles et était bien décidée à lui faire payer cher les mots qu’il avait lancés sur le vélin.
La vengeance était un plat qui se mangeait froid et elle avait déjà les ingrédients en main.
Or le vil sacripant en sus de ses premiers écrits amplis de haine, s’amusait à fricoter avec une certaine Isaure, jeune femme qui apparemment portait déjà en elle le fruit de ses erreurs.

Débutante… si elle croit que c’est comme ça qu’on garde un homme.

Et c’est avec un sourire narquois aux lèvres qu’elle relut les preuves de ce fautage, preuves amenées par la main innocente de Griotte, amie d’Ygerne et sœur de Cassian.




OYEZ ! OYEZ ! Noble rouquine - ahem - Corleone flamboyante,

Tu es cordialement invitée à venir assister à mes épousailles avec tu sais qui et bien évidement, devant témoins il ne faudra pas évoquer tu sais quoi, qui s'est passé tu sais où, tu sais quand, sinon tu sais ce qu'il t'attend !

Sinon, j'espère quand même un peu que tu vas bien et que tu as laissé tomber tes rêves chimériques que tu te figurais à l'égard de mon frère. Sais-tu qu'il va épouser la Morvillier ? Du moins, il m'a dit qu'ils étaient fiancés, mais la fiancée en question n'avait pas tout à fait l'air d'accord avec lui. Je me demande s'il n'y a pas anguille sous roche, ou peut-être avorton sous nombril, ce qui expliquerait le pourquoi des rechignements de la belle - Ou peut-être juste qu'elle a pris conscience un peu trop tard de la nature profonde de mon frère.

Bref !

Lynette m'a dit qu'elle assistera au mariage. T'as intérêt à te pointer toi aussi !
Et puis, ce serait bien qu'on trouve un moment pour causer un peu toutes les deux. On parlera chiffons, ou seigneurie, tiens ! On peut ce le permettre maintenant.

A très bientôt !

Griotte

PS : AH OUI ! J'oubliais l'essentiel : le mariage se déroulera le Quatrième jour du mois de ce mois, en la cathédrale de Notre-Dame de Paris.


La Morvillier, Isaure de son prénom, Ygerne ne la connaissait pas. Elle avait vaguement tenté de se remémorer les traits de l’intrigante débutante mais les souvenirs lui échappaient. La donzelle devait sûrement porter du bleu ce qui la classait directement dans la catégorie : fille inintéressante qui ira pas bien loin.
Mais l’Ygerne, ayant tout de même été à bonne école, se devait de tuer toute rumeur dans l’œuf et en tout cas tous les rêves chimériques de sa jeune rivale et pour cela, elle avait une arme de rêve : l’amour de son futur beau papounet de elle.




A mon futur beau papapounet adoré de moi et Roy,
Salut !

J’espère que votre santé se porte à merveille et que votre formidable personne va bien. Vous savez que je vous aime infiniment beaucoup et que mon être entier vous est dévoué et est prêt à défendre bec et ongle votre cause, tant que celle-ci n’abime pas trop ma manucure.

Ainsi je me permets de prendre ma plume blonde et mon encre rose pour vous soumettre mes inquiétudes.
Ne vous inquiétez pas, je ne parlerai point de votre arrogant de fils qui dédaigne me donner de ses nouvelles… mais dont j’apprends, par voie détournée, qu’il prétend épousailler autre que moi, le malotru ! Car il est évident que je l’aime d’un amour profond et sincère du moins son statut qui fera de moi une princesse presque entière !
Non, il est évident que ce qui m’inquiète au plus au point c’est l’influence que peu avoir cette Isaure sur votre Cassian. Tout comme moi, vous savez que votre fils est un doux rêveur et qu’il a besoin de quelqu’un de fort pour guider ses pas. Or qui mieux qu’une Poney Rose pour mener à bien la vie de votre chaire et votre sang… Ainsi je vous conseillerai d’éloigner quelques peu la donzelle avant que la pauvrette ne s’imagine déjà ses rêves comme étant réalité et il serait même conseillé d’envoyer la pauvrette dans un couvent car certains bruits sont venus à mes oreilles me laissant croire que le pire avait déjà été commis…

Enfin, j’avoue dépasser quelques peu mes droits en couchant sur ce papier des conseils à la merveilleuse personne que vous êtes car je sais, au combien vous trouverez solution adéquate à ce léger soucis.
Je me permets de profiter de vous rappeler simplement mon éternelle soutien ainsi que la confiance que ma mère à mis en vous et je réitère mon invitation pour… jouer cette partie de pelote promise, il y a peu.

Avec tout l’amour profond qu’une belle fille puisse donner à son beau papounet
Je vous salue.
Ygerne Corleone, Dame de Verdelles

PS : j’ajoute que je retarderai ma venue en Bourgogne de quelques temps. En effet, je pense encore rester deux mois, le temps d’un nouveau mandat comtal…


Les ingrédients avaient été lancés avec finesse, le mélange serait exquis et le souci bien vite réglé.
La jeune femme laissa retentir un petit rire machiavélique et arrêta Augustin son fidèle valet :

- Théo est-il là ?
_________________
Isaure.beaumont
Par un bel après-midi ensoleillé, la jeune Morvilliers, toujours prisonnière de son ennui, végétait dans un coin du petit parc de Decize. Allongée sur une couverture qu’elle avait fait étendre sur la pelouse, elle se contentait de briser l’harmonie des chants d’oiseaux en poussant de profonds soupirs dès que l’envie lui en prenait – inutile de préciser que c’était récurrent.

Toujours est-il que ses plaintes trouvèrent écho auprès du Très-Haut puisqu’il lui amena une distraction de taille : une missive venait d’arriver, et pas n’import laquelle. D’abord, ses yeux parcoururent avidement les premières lignes, mais bientôt, les lèvres se pincèrent tandis que les phalanges, enserrant le vélin, se mettait à blanchir sous la pression exercée. Oui, la brune n’appréciait que peu les mots qu’elle venait de découvrir. Pour qui se prenait cet ingrat personnage ?

Poursuivant la lecture, Isaure pâlit pour mieux s’empourprer. Elle n’était pas tout à fait certaine de comprendre, mais si ce qu’elle venait de lire faisait référence à ce qu’elle pensait – merci les ouvrages instructifs et parfois imagés trouvés dans la bibliothèque de la Saint-Just – alors elle l’exécrait un peu plus et se demandait comment cette stupide Ygerne pouvait lui trouver un quelconque charme. C’était un odieux personnage et même Cassian faisait figure d’enfant de chœur à ses côtés. Elle aurait dû laisser là toute l’histoire et retourner à son ennui. Oui, elle aurait pu tout abandonner et par là même se sauver. Mais une Wagner n’abandonnait jamais.

Aussi, elle se rendit à ses appartement, tira sa plume et entreprit de répondre à cet inconnu dont au final, elle ne connaissait que le nom et son inexistante amabilité. Et tandis qu’elle penchait les premiers mots sur le papier, elle se maudit d’avoir eut la bêtise de se présenter sous son vrai nom et pas un pseudonyme quelconque.


Citation:

De la merveilleuse et si Exquise Isaure Wagner
A Théophraste machin de rien du tout, pourceau impuissant d’Anjou

Vous parlez, ou plutôt vous écrivez, mais vous ne devez faire que cela. Agissez, cessez de palabrer. A vrai dire, vous m’ennuyez autant que je vous ennuie.

Vous croyez me connaître, mais vous ne détenez qu’un nom et cela ne vous rend pas maître de la situation. Sachez que de nous deux j’ai un avantage certain. Je sais qui vous êtes et ce que vous faites.
Cependant, le bonheur de ma tendre Ygerne m’importe bien plus que votre bêtise. Je fermerai donc les yeux sur votre imbécilité et votre manque certain de confiance. Vous dites ne pas l’aimer ? Soit, je peux le comprendre. Mais si vous avez un tant soit peu d’humanité, soustrayez la à cet hymen dont elle ne veut pas. Faites-lui croire que cette idée vient tout droit de son esprit. Je vous paierai pour votre enchaînement. Vous recevrez une rente mensuelle de 1000 écus en sus de la dot que nous parviendrons bien à vous remettre. Une fois le mariage consommé, rien ni personne n’y pourra plus rien et Verdelles sera alors vôtre.

Enfin, inutile donc de vous dire que vous vous méprenez totalement. Enfin pourquoi m’étonne-je encore ? Si vous n’entendez rien à l’Amour, pourquoi seriez-vous meilleur en Amitié ? Sachez qu’il vaut mieux m’avoir en amie qu’en ennemie, je vais donc vous donner un précieux conseil. Après tout, il ne s’agit là que d’un échange de bons procédés. Notez donc que si vous veniez à me décevoir, je serai obligée de devenir sévère, et bien entendu, vous ne sortiriez pas vainqueur de toute cette histoire. Alors si vous voulez qu’on vous lèche le cul, pour reprendre vos mots, léchez-le vous-même !

Sur ce, et parce que cela paraît vous agacer, que le Très-Haut veille sur vous et vous guide sur la voie de la sagesse.

Isaure Wagner

_________________
--Augustin
[Mon précieux…]

Une flamme vacillait légèrement dans la nuit laissant parfois deviner les contours d’un visage au sourire figé. Sur la pointe des pieds, l’homme parcourait la chambre de sa jeune maîtresse à la recherche d’indice.
La belle et flamboyante Ygerne dormait seule, son visage semblait reposé et serein. Augustin resta là, au pied du lit, à détailler la jeune damoiselle, laissant ses yeux parcourir une épaule dénudée, admirant le galbe d’un mollet découvert de son drap, devinant une jeune poitrine qui soulevait le drap à chacune de ses respirations.
La main du valet s’approcha, frôla la peau blanche du cou. Il tressaillit, elle se retourna. L’homme pris peur et recula rapidement en soufflant la bougie. Dans un murmure échappé des lèvres de la jeune fille à moitié endormie, il entendit distinctement appeler Théo
Puis plus rien, il regagna sa propre chambre et prit la plume.





Cher François,
J’ai su dès le premier instant que vous seriez un homme bon et loyal et que vous sauriez garder en sécurité la douce Ygerne.
Il est vrai que je suis fort attaché à ma jeune maîtresse et que je veille sur elle comme sur un précieux joyau.
Son innocence si pure et sa crédulité qui fait son charme risqueraient de la faire tomber dans un piège tendu par un vil sacripant qui tenterait d’abuser des charmes de la belle… Mais n’ayez aucune crainte, aucun homme ne posera jamais la main sur cette peau si douce.

Concernant le dénommé Théo, je suis rassuré par vos propos. Je dois tout de même vous avouer avoir vu votre promise quelque peu troublée à la suite de la dernière visite du jeune homme. Ses joues semblaient rougies et malgré le retour du froid, elle a fait ouvrir toutes les fenêtres. Il ne serait pas improbable que le Sieur en question l’ait remis à sa place comme tout homme se doit de recadrer femme.

Mais en dehors de ce léger trouble dont il ne fait aucun doute qu’il est issu d’un énervement exagéré de la belle. Je dois vous avouer qu’elle semble heureuse et rayonnante. Afin de faciliter les rencontres entre l’élève et son maître nous nous sommes rendus à Laval où le dénommé Théo réside.

En dehors de ces chastes rendez-vous, votre fiancée s’adonne à une activité bien peu féminine à mon gout et qui s’appelle la politique. Je n’aurais pas l’outrecuidance de vous conseiller mais je vous recommanderai vivement de sortir ces idées saugrenues de cette jolie tête rousse.

J’espère ainsi avoir pu apporter pierre à l’édifice et je vous fais la promesse solennelle de vous rapporter le moindre fait et geste de cette douce rêveuse qu’est Ygerne.

Votre dévoué et éternel serviteur.
Augustin


La lettre cachetée fut envoyé au dénommé François.
Augustin avait exulté de joie en lisant la réponse à son courrier. Car oui, il l’aimait la douce enfant et il se devait de protéger cette belle créature.
Il avait pourtant été quelque peu étonné par la crédulité du fiancé mais il ne voulait ni insulté ni alarmé le Messire en question.
IL veillerait lui-même sur son précieux…
--Augustin
Urgence... il devait l'avertir!
Ah ces bonnes femmes sont changeantes comme la météo!




Cher François,

Je vous gribouille rapidement ces quelques mots avant de devoir reprendre la route avec ma jeune maîtresse.

En effet, je ne sais ce qui s'est passé hier, mais Ygerne est rentrée en larme, a refusé d'avaler une seule goutte d'alcool et n'a rien voulu me confier. J'avoue être réellement inquiet de la voir dans cet état.

Je sais qu'elle se rendait chez le dénommé Théo, peut-être a-t-il osé dépasser les limites que tous gentils hommes devraient garder en présence d'une femme?

Toujours est-il que la seule chose qu'elle a accepté de dire, c'est m'ordonner de refaire ses valises et que l'on rentrait à Montmirail le plus rapidement possible.

Je pense qu'il serait de bon ton que vous envoyiez une missive à votre douce afin de calmer ses humeurs.

Éternellement votre
Augustin


- Augustin! Mais dépêchez-vous! Nous devons partir tôt, je ne souhaite pas croiser des gens sur la route.
Alycianne
[Quelque part entre le Rose et le Bleu... squatte l'innocent vermillon]

Au risque de faire des jalouses, la jeune fille présentement en compagnie du blond Cassian n'est ni Bleue ni Rose, mais Rouge. Cette dernière minette est loin d'imaginer qu'elle risque de sombrer dans une intrigue bleue pailletée de rose. Non, c'est qu'elle en demande même : la mioche se sent inutile.
Et reprenant ses vieilles habitudes, la voici qui s'attelle à la rédaction d'une lettre.


Citation:
D'Alycianne de Blanc-Combaz,
A Isaure, mon amie

Le bon jour à vous !

Comment allez vous ? Votre voyage se passe-t-il bien ? J'espère qu'Aimbaud est agréable, ou plutot pas trop désagréable.
Aussi je m'en veux beaucoup, savez-le, de ne pas avoir pu avancer votre affaire à bien. C'est qu'Aimbaud est très suce pet, par fois. Maintenant que vous êtes loin, c'est plus difficile, mais si je peux faire coixe soit, disez, surtout !

Les choses sont pour nous et pour moi un peu compliquées ici. Vous devez vous en douter, mais je le dis quand même. Et ça me tue, oui je crois que j'en meurs, de me rendre compte que je ne peux véritablement aider mon père, mon roy ! Si seulement j'avais quelques années de plus, ou si j'avais été un mâle, j'aurais pu prendre les armes et grossir son armée légitimemement rebelle. Ou faire de la chose utile, je ne sais pas...

Au moins la famille est réunie : j'ai fait la connaissance de mon adorable petit frère Lionel. J'espérais que Cassian passerait de moi à lui pour tenir le rôle de grand frère très (trop) protecteur, mais je crois qu'il ne l'apprécie pas tout à fait encore. Cela viendra (assez vite j'espère!). Il faut pas se méprendre sur ce que j'écris, j'adore Cassian et j'aimerais passer presque toute ma vie je pense à ses côté, mais s'il était un peu moins aux aguets sur moi tout le temps, j'apprécierais plus mieux.

J'espère qu'Aimbaud et Aymon vont bien, *rature* salez lez de ma part,
Que le Très-Haut veille sur vous tous,

A bien tôt !

Alycianne.
Isaure.beaumont
Confortablement assise dans la chaise de l’auberge, Isaure s’appliquait à la rédaction d’une lettre. Elle était alors loin d’imaginer que cette lettre, cette idée stupide et puérile, la conduirait vers de mauvais chemins et la détournait de son idée fixe plus qu’elle ne l’y guidait. A trop vouloir gagner, elle oubliait le danger qui la guettait : Eusaias.

Citation:
D’une exquise bleue, Isaure Wagner
A une merveilleuse rouge, Alycianne de Blanc-Combaz

Quel bonheur Alycianne de recevoir une lettre de vous et quelle étrange coïncidence ! Figurez-vous que sur mon écritoire gît une lettre inachevée qui vous est destinée.

J’ai pour vous quelques nouvelles affligeantes, mais nous y viendrons plus tard. Notre voyage est compromis actuellement. Mon cher et tant aimé cousin a préféré tomber malade plutôt que de rejoindre la Castille au plus vite. Voilà des jours, si ce n’est des semaines, que nous sommes coincés à Aurillac, où je m’ennuie désespérément. Môssieur le Marquis, sa petite Magnificience de rien du tout, n’a rien trouvé de mieux que d’attraper la vérole. A moins que ce ne soit la virole ? Peut-être la variole ! Que sais-je ! Il est malade et je l’en déteste un peu plus pour cela !

Pour notre petite mission secrète, je ne vous en veux pas. Nous aurons bien le temps de la poursuivre ensemble quand nous serons de retour. Peut-être nous verrons nous aux obsèques d’Aimbaud s’il devait passer l’arme à gauche. J’espère cependant qu’il guérira, car nous n’avons toujours pas choisi ma nouvelle monture et Clémence m’avait promis qu’il m’aiderait à la choisir. Je prie donc chaque jour pour sa guérison. Faites-en de même.

Comme vous avez de la chance d’avoir pu voir le petit Lionel. Je ne l’ai toujours pas vu, si ce n’est quand il n’était qu’un gros ventre déformé de Saint-Just. J’espère simplement que le Très-Haut l’aura fait plus beau que sa sœur Griotte.

Venons-en aux choses qui fâchent. Voyez comme ma plume tremble *écriture tremblotante exagérée* alors que je vous écris ces mots. Comme vous devez le savoir, ma très chère amie, Cassian est fiancé à cette Ygerne Cornemachin, une ancienne chambrière ! La mère de cette dernière a dû ensorceler votre père pour qu’il accepte pareille alliance ! Vous rendez-vous compte de la honte qui s’abattra sur votre famille quand cette union aura été sacrée ? C’est l’hyménée le plus sale qui nous aura été donné de voir. Votre père, si sage, si stratège, si intelligent ! Tomber dans ce piège, les larmes m’en viennent !

Vous parliez tout à l’heure de votre impuissance à agir pour votre père. C’est maintenant que vous devez le secourir. Oui, c’est aujourd’hui que votre famille a le plus besoin de vous. Vous devez ramener les vôtres sur le droit chemin et l’honneur des Blanc-Combaz sera sauf. Ne les laissez pas tomber dans la déchéance !

Je serai là pour vous aider Alycianne. J’estime bien trop votre famille pour la laisser chuter sans lui tendre une main amie et secourable. Je vais donc m’employer à vous aider dans votre nouvelle tâche. Je prierai chaque jour pour les vôtres et pour le succès de notre nouvelle mission !
Je vous dis tout cela parce que certaines choses me sont venues aux oreilles. Un certain François, un des hommes de mon adorée cousine, a reçu une lettre d’un valet de cette chambrière grossièrement habillée de rose – couleur hideuse qui ne va pas du tout avec son teint d’ailleurs – et figurez-vous qu’il y est dit des choses effrayantes ! J’ai pu lire la lettre et je vous laisse imaginer la fureur dans laquelle je me suis trouvée en lisant ses quelques lignes.

La vilaine s’acoquine avec un certain Théophrate de rien du tout ! A la veille de ses noces ! N’est-ce pas scandaleux ? En plus de lier votre famille à cette chose insignifiante, il poussera des cornes à votre frère ! Sauvez-le de cet hymen ! Je m’emploie à vous aider du mieux que je le peux. J’ai réfléchi toute la nuit à comment je pourrai me rendre utile. Et le Très-Haut m’a envoyé la solution. N’en parlez surtout pas à votre père, ensorcelé comme il est, il vous enfermerait. Et je gage que l’idée vous fera plaisir.

Voilà le plan que je vous propose. Je dois avouer qu’il ne va pas dans mon intérêt, mais que ne ferait-on pas pour une bonne amie ? A mon retour de Castille – si j’y vais un jour puisque vous le savez déjà je suis bloquée à Aurillac et Aimbaud est peut-être sur son lit de mort – vous viendrez me rejoindre tous deux à Morvilliers, en cachette. Ne dites à personne où vous irez. Faites un détour pour que personne ne soupçonne que vous vous rendez en fait en Champagne. Bref. Nous organiserons des noces pour Cassian et moi-même. Ainsi, il n’aura pas à épouser cette greluche et je deviendrai votre sœur ! N’est-ce pas une idée merveilleuse ?
Ainsi, nous pourrons ramener votre père à la raison. Cette sorcière de mère de chambrière ne pourra plus rien faire de lui et votre père ne nous en aimera que plus, tous les trois !

Que le Très-Haut veille sur les Blanc-Combaz et sur vous, tout particulièrement
A bientôt mon amie,

Isaure

_________________
Alycianne
- Ah mais je veux redevenir inutile, moi !
Fut sa première réaction à la lecture de la lettre.
- Pôvre Aimbaud !
Fut la seconde.
- La trompeuse d'Ygerne ! Vite, dire oui à cette chère Isaure ! Elle sera ma soeur, et ce sera merveilleux ! Peut-être même qu'elle se mettra au rouge ?
Puis :
- Papa ensorcelé ? Non je ne peux le croire, il est... Le Légendaire, voyons ! Et Cassian ? Et Isaure et Aymon ? Et cette Ygerne -mon amie aussi, oui, finalement ? Che guaio !*
Enfin :
- Aaaaaaah.

Après quelques jours de torture intellectuelle, la minette réussit enfin à pondre une réponse à la Bleue, qui risquait fort à sa réception de virer rouge.

Citation:
D'Alycianne de Blanc-Combaz,
A Isaure Wagner,

Chère amie,

Que je vous le dis tout de suite : votre lettre était de la pure surprise qui m'a fait pas mal du neud au cerveau. J'ai crin pour la santé d'Aimbaud (va-t-il mieux ?), et puis aussi pour le mariage de Cassian, mais surtout pour votre santé mentale.
Votre projet est tout simplement fou !

Je n'ose croire que vous vous refusez votre mariage parfait pour épouser Cassian, et toutes vos aspirations (pensez à cette chère mission dont vous m'avez fait part !). Enfin, vous et Cassian, imaginez un peu ! Alors qu'il existe des Aymon, pensez !
Vous vous permettez d'insulter la roussie Ygerne, qui, peut-être ne le savez-vous pas, est une de mes amies. Et si elle fricote avec de l'autre... Je ne sais pas. Peut-être est-ce noble à vous d'essayer, par amitié pour mon frère, de le sauver d'épousayes faussées, c'est bien généreux. Je devrait sans doute en parler directement à mon père ? Il saurait faire ce qui est bon.
Vous me demandez enfin de trahir ma famille, mon père, qui est aussi mon roy. J'ai du mal à croire qu'il est encorselé. Je l'ai bien observé ces dernier jour et il m'a paru normal, je vous assure.
Je vous aime beaucoup, vous êtes même je pense une de mes amies les plus proches que je vous aurais adoré comme belle-soeur. Notre amitié m'est extraimement importante et je crois que je pense que je *rature* mais je me dois de vous demander (au casout) :

la maladie d'Aimbaud n'est-elle pas contagieuse ?

J'en ai très peur. Vous devriez consulter.

J'espère vous revoir au plus vite pour que nous puissevions discuter de sa,

Alycianne.


*= Quel malheur /c'est embêtant
Cassian_darlezac
Loin de toutes ses intrigues typiquement féminines, au château de Corcelles,, celui qui se disait être prince menait un train de roi. Ainsi était-il installé dans le petit salon dégustant des œufs de cailles baignant dans l’huile d’olive. Notons que Cette dernière n’avaitt pas d’autre intérêt que d’être chère puisqu’à Corcelles le faste prévalait maintenant sur toutes autres choses. Face à lui se trouvait installé dans un large fauteuil un individu rachitique que le l’on pouvait voir sourire benoitement tout en se frottant les mains. Son regard fourbe en disait long sur les qualités morales de l’homme.

« Ainsi Votre Altesse ne désire que dix mille ? Même quand je pourrai lui en fournir cinquante ? »

« Cinquante écus, pardieu l’ami que ferai-je avec ça ?! Il y a là à peine de quoi se payer une vérole ! »
« Cinquante mille écus Votre Resplendissance cinquante mille… »

Le front de la dite Resplendissance se plissa en signe d’intense réflexion. Et c’est cette lettre écrie la veille à sa promise qui fini de le décider. Certes il avait déjà emprunté une fortune et ne comptait pas moins de cinq créanciers depuis que son Père s'était nommé roi. Mais le prince n'avait jamais su dire non à l'argent et se voulait être à l’image de la France : riche, puissant et majestueux. Son trésor put donc se voir grandit de soixante dix mille écus une fois l'entretient erminé. Une partie rejoindrait sa promise, sous forme de mandat, accompagnant la lettre qu’il lui avait écrite.

Citation:
A Ygerne de la Mirandole,
Madame notre promise.

Bien le bonjour.

Nous tenions à nous excuser de vous avoir délaissée tant de temps. Mais vous savez ce que c’est, la charge d’un royaume, un Prince n’a point le temps pour s’occuper des futilités relatives à des épousailles que d’autres ont déjà prises en main.
Cependant, puisqu’il nous faut tout de même vous accorder quelques attentions d’usage, nous tenions à nous assurer que dorénavant vous vous comporterez non seulement comme la future princesse que vous deviendrez mais aussi comme la future femme que nous voulons que vous soyez.


Voilà donc nos dix exigences principales, lisez bien et agissez vite :

1 : Il ne nous plait guère de vous voir vous enliser dans un Comté sans avenir, dans un délai d’un moi ou deux vous quitterez la médiocrité de vos terres pour rejoindre la civilisation et vous installer chez vous, en Bourgogne.

2 : Affublez vous correctement et non comme un sac à marron. Portez du rose s’il vous sied mais faites vous confectionner des tenues gracieuses, à DTC de préférence. Ne négligez pas les parures et changez donc de parfum. Nous avons l’odieux souvenir du jour de votre anoblissement où il vint à notre rencontre pour nous picoter désagréablement les nasaux.

3 : Cessez de vous présentez avec cette affreux nom que porte également notre sœur et qui est si méchamment entaché que le plus intrépide d‘entre nous -c’est-à-dire nous même- en frissonnons rien que d‘y penser. Quel bel effet cela serait que de voir un Prince épouser une traitre à la couronne quand le nom de Mirandole, lui, sonne si délicatement !

4 : Prenez contact avec Isaure de Beaumont-Wagner, cette gentille pucelle sait plaire et se tenir. Etant de nos amies les plus proches -malgré un caractère exécrable- elle saura vous conseiller quand à nos goûts, aspirations et espérances en ce qui concerne les bonnes femmes.

5 : Dorénavant vous ne servirez plus de piètre pitance à votre table. Nous avons confectionné un menu riche et orgueilleux, afin que tous puissent s’extasier devant les mets que vous leur proposerez. Vous devrez vous y tenir scrupuleusement. Au diable les œufs meurettes, terrine de lapins, coqs en sauce, potages et autres insipidités !
Bien qu’il ne soit pas trop dur d’impressionner vos mainois, nous tenons à ce que vous ayez toutes les cartes en main. Ainsi chaque soir dinerez-vous avec une personnalité différente, noble ou politique, de cette triste province. Vous y vanterez les mérites de notre seul et unique roy et la nourriture proposée témoignera de sa grandeur. Le vin sera burgonde, cela va de soit.

6 : Vous ne direz plus une seule grossièreté, si ce n’est un élégant flute, un spontané tudieu ou un vilain sapristi de temps à autre.

7 : Vous laisserez nos hommes vous enfiler gentiment cette merveilleuse ceinture de chasteté dont-ils vous vêtiront, avant de repartir avec la clef.

8 : Trouvez-vous une charmante amie donc vous pourrez vendre les charmes si nécessaire afin de rallier des voix à mon père.

9 : A partir d’aujourd’hui vous nous ferez le plaisir de troquer votre vilaine mule contre un carrosse frappé au couleur de notre auguste famille. Celui-ci sera tiré non point par votre bourricot mais par un destrier digne de ce nom.

10 : Prenez grand cas de l’image que vous donnez de vous, c’est d’ors et déjà toute la vraie royauté et donc la France que votre petite personne représente. Oubliez vos origines modestes de maraude décadente et soyez tel vous devez être, ainsi tout se passera bien et vous vivrez en harmonie avec un époux charmant et attentionné. Osez le contraire Madame et notre trique sera de sorti pour rougir vigoureusement votre vilain derrière blanchâtre.


Vous trouverez ci-joint un mandat qui vous permettra de disposer de tout l’argent que vous désirez, si vous veniez à en manquer faites le moi savoir. Une Princesse n’étant pas une rombière courant après les écus, prenez grand soin , comme nous-mêmes, de dépenser sans compter. Ce dont vous nous ôtez, le trésor royal nous le rendra quand chutera à nos pieds la tête de l’usurpateur.

Puissiez vous recevoir mes chastes embrassades, Hubert s’en chargera,
Portez-vous bien douce promise, que le très haut vous guide et vous protège des sbires de l’odieux,

Son Altesse Royale Cassian d’Arlezac de Blanc Combaz,
Intrépide, Resplendissant et Merveilleux Seigneur de Corcelles.


Une autre lettre parti également ce jour là, il lui fallait vérifier que Morvilliers se ferait une raison et compliquerait pas les choses. La peste de soit de son roy qui ,sans doute abusé par l’infâme Madame de Saint-Fargeaux, avait conclu une si pitoyable alliance ! Qu’à cela ne tienne, en désespoir de cause, il comptait bien obéir et éviter Isaure jusqu’au jour de ses noces. Mais que valent les bonnes résolutions face la puissance incontestable de l’amour qui comme un ouragan passant sur nous est susceptible de tout emporter, de dévaster nos vie à coup de vagues en furie qu’on ne plus arrêter* ?


Citation:
A Isaure Beaumont-Wagner,
Ma très chère amie.

Je tiens tout d’abord à m’excuser de ne pas vous avoir donné davantage de nouvelles ces derniers temps. Mais avec ces fiançailles qui me prennent à la gorge je pense qu’il est plus judicieux de limiter nos rencontres et nos échanges pendant un moment.

Vous comprendrez, je l’espère, que si promesses furent faites elles tiennent du passé et n’ont plus aucune raison d’être à présent. Mon père à fait un choix, critiquable sans doute, mais c’est très bien ainsi. Tous les jours ma promise ne ménage pas ses efforts pour devenir la princesse que la France implore et désir.

Certes le chemin sera long mais on me comptait encore tout à l’heure les progrès extraordinaires qu’elle avait fait en matière de danse et je l’en félicitais aussitôt par missive. Son élégance est également loué par tous, aussi suis-je contre toute attente comblé. L’on ne pouvait attendre mieux d’une bonne femme qui il y a peu torchait encore le fessiez d’une simple baronne.

Vous-même, qui serviez notre reine, pouvez comprendre toute la difficulté pour une femme de sa condition de se hisser à la hauteur du plus grand Prince d’Occident, les fils de feue Béatrice mis à part. Ne vous inquiétez donc pas pour moi et mon union, ma future épouse saura me satisfaire comme il se doit. Je vous souhaite par ailleurs de trouver vous aussi un époux brillant et charismatique pour vous porter aux nues.

Vous resterez Isaure toujours dans mon cœur,
Portez vous bien et que la vie vous soit généreuse.

SAR Cassian d’Arlezac de Blanc Combaz.



[*Comme un ouragan, Stéphanie de Monaco. Même pas honte, enfin si, un peu... ]
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Isaure.beaumont
Coincée dans une auberge, quelque part entre la Bourgogne et la Castille, Isaure trompa son ennui en préparant son plan. Résolue à évincer Ygerne, elle cherchait à retarder son arrivée en Bourgogne. Il ne fallait pas qu’elle ne passe les frontières avant qu’elle-même ne soit rentrée de Castille.

Citation:
Cher Augustin,
Votre dernière lettre me laisse songeur. Avez-vous réussi à en savoir plus sur la cause de ses larmes ? Interrogez-la, espionnez-la, mais découvrez vite ce qui a pu troubler ainsi votre jeune maîtresse. Mieux je serai informé, mieux je serai armé. Pour la défendre j’entends.

Racontez-moi Augustin, ses rêves. Racontez-moi ses lectures. Comment vit-elle, qu’aime-t-elle ? Et surtout, contez-moi ses peurs. Que donc peut craindre cette jolie tête rougeoyante ? Je veux tout connaître d’elle. Tout. Vous qui la connaissez si bien, vous êtes le mieux placer pour me renseigner. A qu’il me tarde de l’épouser pour avoir la chance de vous compter parmi mes hommes.

Pour ce qui est de la politique. Laissez-la donc s’amuser. Certes, cela la retiendra plus longtemps loin de moi, mais quel petit sacrifice ne ferai-je pas pour la voir heureuse. Deux mois de plus ou de moins, je saurai patienter. L’attente ne rend-elle pas les choses meilleures ? J’attendrai Ygerne, même si elle ne devait venir que dans six mois. Encouragez-la donc dans cette voie, qu’elle me revienne heureuse. Cette activité forgera son caractère. Elle deviendra une femme brillante si elle peut enchaîner deux ou trois mandats. Ne seriez-vous pas fier d’avoir pour maîtresse la plus excellentissime des duchesses que le Maine ait connu ? Allons, aidez-la, encouragez-la. Poussez-la vers la gloire.

N’avons-nous pas tous les deux envie de la voir épanouie ? Et si le Maine peut faire d’elle l’épouse parfaite que je mérite, alors laissez-la se bonifier sur ces charmantes terres encore quelques mois.

J’attends avec impatience votre nouvelle lettre où je pourrai en savoir plus sur votre jeune maîtresse qui bientôt sera mienne.

Cassian de Blanc Combaz

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Isaure.beaumont
Trop sûre d’elle, Isaure n’avait à aucun moment envisagé qu’Alycianne puisse refuser son plan. Jamais elle ne s’était dit que la Vermillon pouvait devenir une menace dans sa quête du Blond. Il fallait rectifier le tir. Elle avait déjà trop fait d’erreur. La première avait été de donner son nom à celui qui faisait rosir dangereusement les joues de sa rivale. La seconde avait été de croire qu’Alycianne était son alliée. Elle se retrouvait seule, seule face à l’adversité. Mais qu’importe, Cassian, lui, verrait les choses telles qu’elles étaient vraiment et refuserait cet hymen qui ne le servait pas et qui l’éloignerait d’elle, irrémédiablement. Elle était alors loin de se douter qu’une autre lettre, écrite de la main de son bien-aimé, était en route et allait tout ébranler.

- Foy de Wagner, je serai une Blanc-Combaz !

Citation:
A une adorable petite tête de linotte
A Alycianne de Blanc-Combaz

Si vous craignez pour ma santé mentale, sachez que je crains encore plus pour la vôtre. Pourquoi donc me parlez-vous d’Aymon quand je vous parle de Cassian ? Que vient donc-t-il faire dans ce courrier quand il n’en est nullement question !

Mais revenons à cette idée que je vous soumettais. Oubliez-la. Vous êtes peut-être encore trop jeune pour entendre ces choses qui vous dépassent. La preuve en est, votre père vous apparaît comme il a toujours été. Enfin oubliez comme je l’oublie. N’en reparlons plus, voulez-vous ? Effaçons toute cette histoire de nos jolies petites têtes. Et n’embêtons pas le Roi, votre père, avec cette histoire sans importance, n’est-ce pas ?
Quant à Ygerne, et votre amitié pour elle, je préfère ne pas la commenter mais je n’en pense pas moins. Vous êtes si jeune et encore si naïve, soyez prudente. Il me chagrinerait de savoir que l’on vous a blessée de quelque manière que ce soit.

Aimbaud, lui, se porte de nouveau comme un charme. Nous sommes rentrés en Bourgogne où le brillant médicastre que JE lui ai trouvé l’a remis sur pied. Heureusement que j’ai du discernement et que j’ai su trouver l’homme de la situation dans une ville fourmillante. Ah que je suis brillante moi aussi. Le Marquis pourra se vanter de m’avoir pour cousine. En épousant ma chère Clémence, il a gagné un marquisat et une exquise cousine. N’est-il pas chanceux ?

Enfin, tout cela pour dire que la Castille, c’est fini, je ne crois pas que j’y retournerai un jour.* Je m’en vais rejoindre bientôt ma suzeraine, votre nouvelle mère, et votre père. Peut-être nous recroiserons-nous à leurs côtés. Vous savez bien que jamais je ne pourrai trahir votre famille, et je suis vexée que vous ayez utilisé ces mots dans votre lettre. J’œuvre simplement pour elle, parce que je l’aime et que je lui suis dévouée. Si vous saviez comme je vous envie ce Père. C’est un homme exceptionnel et si brillant. Mon père l’était aussi, mais il n’est plus là pour veiller sur moi et m’aimer comme le vôtre le fait. Comment avez-vous pu imaginer que je vous poussais à la trahir ! Tout ce que je fais, c’est pour Lui, pour sa gloire et pour Agnès. Sachez donc que je ne ferai rien qui leur déplaise ou qui leur nuise. Je ferai simplement ce qui est juste et ce qui les sert.
Et rassurez-vous, si la maladie d’Aimbaud était contagieuse, ma robustesse m’en a préservée.

Je vous embrasse tendrement, comme la petite sœur que vous ne serez jamais.

Que le Très-Haut veille sur vous et vous guide sur les bons chemins.
Votre dévouée amie,

Isaure Wagner

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