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[RP] Retour et vie en Orléans

Keridil
Keridil n'aima pas le rictus avec lequel Della le reçut. Oh certes, il ne s'attendait pas à un accueil cordial et enthousiaste. Toutefois, il n'avait pas pensé au cynisme. Un peu choqué, il se laissa aller lui aussi au rire sardonique lorsqu'elle l'invita à la chasser. Ainsi, elle ne partirait pas d'elle-même ? Bon point.
Le soupir fut l'indice d'une issue heureuse ou presque. Le Duc connaissait sa Duchesse, et il savait qu'un souffle quittant ses lèvres la signifiait trop lasse pour se battre.
Il se radoucit, lui aussi, et écouta sa complainte, le coeur noué, et une moue sur les lèvres, moue qui avait tant pris l'habitude d'apparaître depuis qu'il régnait qu'il lui serait difficile de s'en défaire ensuite.

Le laïus de la blonde révéla son malaise. Il fut un peu décontenancé, et déçu aussi. Il pensait ne pas avoir sa confiance : il ne savait rien de ces états d'âme, et l'Amahir fut peiné d'être tenu loin du secret de cet esprit bourguignon.

Della...Que l'aurais-je refusée cette Couronne, si c'était pour vous voir malheureuse. Mais parlez-moi. Ne gardez pas cette rage en vous. Ne vous noyez pas dans le mutisme, je veux savoir votre malheur. Comment pourrais-je y pallier si j'en suis tenu étranger ?

A son tour de soupirer.

Je vous ai voulue, et je vous veux encore ici. Vous devez m'être un soutien, et si j'ai agi ainsi, et abusivement j'en conviens aisément, c'est qu'aujourd'hui, vous avez été le soutien d'un autre alors même que j'avais besoin de vous.
Dois-je vous expliquer ce qu'est le devoir ? Non point. Alors...
Sachez que l'on peut être en désaccord avec ses propres choix. Méditez cela. Je ne suis pas le fou que vous croyez.

Et de s'écarter du mur, pour la rejoindre à sa fenêtre, après un regard sur Augusta, dans sa posture de chien effrayé. Si la situation s'était prêtée au rire, il lui aurait lancé un : "Bouh !"

Mon père...ne vous hait pas. L'avez-vous vu traiter quiconque d'une manière autre que celle dont il vous traite ? D'aucuns le disent ronchon. C'est un Valrose, il est parfois taciturne et désagréable, mais il vous aime, et sans cela, il n'aurait que faire de contredire vos opinions. Il m'est difficile de savoir que vous ne vous entendez pas.
Mais...est-ce pour lui plaire que vous êtes ici ? Non. Et à moi, vous me plaisez, et je vous aime, et vous faites ma fierté...

Un silence.

...la plupart du temps.
Si l'un de mes sujets devait un jour vous manquer de respect, si vous vous sentiez injustement traitée par même le plus noble de mes vassaux, alors c'est pour vous que je prendrais cause et fait, car notre lien passe par le Très Haut, et que j'en fais aussi un devoir.

Et le jeune homme de la prendre dans ses bras.

Demain, nous irons à confesse, car je crois Dieu mécontent de cette conduite que nous avons eue.
Mais s'il vous plait. Restez.

_________________
Et si tu veux la liberté, l'égalité et la fraternité, va jouer à Tribalistan.
Della
Pourquoi ne résista-t-elle pas lorsqu'il l'enlaça ?
Parce qu'un frisson lui parcourut l'échine avant qu'une immense chaleur se fraye un chemin à travers ses veines, pour venir battre à ses tempes. Comme derrière le Duc, l'époux était, derrière la tête de mule, la jeune femme amoureuse était aussi, avec les mêmes sentiments que ce jour où il l'avait demandée en mariage.
Si parfois, des chemins de traverse avaient eu l'heur de l'attirer, jamais, elle ne s'y était perdue, si parfois la colère lui faisait penser à fuir, jamais, elle n'abandonnerait son foyer.

Alors, elle s'abandonna dans les bras qui apportaient le réconfort.
Sa tête se posa sur l'épaule de Kéridil, ses bras l'enlacèrent de même.
Parlerons-nous de victoire du Duc ? De défaite de la Duchesse ? Non, il ne s'agit pas là d'un combat qui demande un vainqueur. Il s'agit d'une lutte que les deux doivent tenir, parfois de front, parfois en division, juste ce qu'il faut, quand il le faut, pour qu'un couple dure.

Della releva la tête, posa un baiser au coin des lèvres de son époux.

Oui, nous irons à confesse. Davia nous entendra.
Et je resterai...autant que vous pourrez encore me supporter.

Le rire, cette fois, fut plus léger, taquin même et les doigts qui se posèrent sur la joue du Duc n'étaient en rien menaçants, juste délicats et caressants.

Ai-je le droit de quitter la Tour Est, mon époux ?
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Cevanne
Le renart attendait a l'extérieur de la tour.
Il était préoccupé.
Il avait déjà prédit a Davia la perspective de batailles en Orléans.
Le départ des armées en avaient éloigné la possibilité.
La surprise du renart quand a elle fut tout autre.
Celle d'apprendre au détour des couloirs du château d'Orléans la nouvelle de l'enfermement de Della dans la tour Est.

Il n'avait osé demander des explications au duc, conscient de son rang, de sa position de secrétaire et non de cousin, et surtout parce que connaissant Kéridil celui ci devait avoir des raisons d'agir ainsi.

Il se montra cependant grave jusqu'à ce qu'il eut appris le fond de l'affaire.
Cela le fit réfléchir.
S'il trouvait la mesure excessive, il compris la position de Duc qui avait un honneur à préserver, un serment et des prérogatives vis a vis de la royauté. Pourtant en essayant de se mettre à la place du Ducal couple, il pensa qu'il lui serait impossible d'agir jamais ainsi envers Davia.

Il était loin cependant d'avoir les responsabilités et les charges de Kéridil, et si Della était entière et menée par ses sentiments, il trouva qu'elle aurait pu faire preuve d'une réserve neutre afin de ne point mettre son époux dans l'embarras.

Au final, comme à son habitude d'ailleurs, le renart ne pris position pour personne, se contentant de méditer sur les actes de tout un chacun et des conséquences que cela pourrait avoir sur leurs vies et surtout comme un bon théologien qu'il n'était pas, les enseignements qu'il pourrait en tirer.

Il soupira, imaginant que les deux Amahir s'expliquaient.
Plus tard, il trouverait bien un peu de temps afin de s'assurer que Della allait bien, et surtout écrire a Davia, la rassurer sur ce qu'il advenait de lui. Cela lui tira un sourire reconnaissant.
Il aimait savoir qu'il comptait.

_________________
Della
[Plus tard, quelques jours]

Décidément, il ne lui serait rien épargné à la Bourguignonne émigrée !
On venait de lui porter une lettre officielle venant de la Hérauderie et portant le sceau de BôPapa. Celui-ci "l'invitait" à prêter allégeance, par écrit, au petit duc des 4 jours, celui qu'autrefois elle avait considéré comme un ami, celui qui, déchu, avait pillé les caisses du duché en s'enfuyant, celui que Vonafreux avait pris sous son aile protectrice et qui sans doute finirait donc Marquis ! Delamark...

    Quelques années plus tôt.

    François Delamark, j'ai toute confiance en vous, vous êtes une personne bien, responsable, vous tenez vos affaires à la perfection, je désire vous nommer Vice-Chambellan.

    François avait paru étonné de cette nouvelle, mais comme tout un chacun lorsqu'il reçoit une nouvelle fonction, plus haute dans la hiérarchie, il avait accepté après avoir un peu minauder, la place que Della lui proposait.

    Allez, François, laissez-vous faire, venez ! Vous avez votre place en politique, je le sais, vous irez loin, je le sens. Faites-moi confiance, vous savez que je ne me trompe que rarement. Venez nous rejoindre chez BOUM.

    A nouveau, François avait paru surpris, il avait ensuite été flatté mais avait demandé à réfléchir. Chaque jour, Della allait frapper à son bureau et elle tentait de le convaincre. Avec les capacités qu'il avait, il ferait un excellent Conseiller.
    Mais François avait refusé. Il avait trouvé des prétextes plus ou moins bancals. Et Della avait fini par apprendre qu'il se laissait entraîner par une autre mouvance politique, celle de Lenada, celle qui sonna le glas de la Bourgogne la première.


    Quelques mois plus tôt.

    Ah ! Enfin, vous en venez à une bonne décision ! Vous me faites plaisir, François, vraiment. BOUM vous attend.

    Oui, sans doute déçu de ne pas avoir reçu ailleurs ce que Della lui promettait depuis longtemps, François était venu sous les couleurs du célèbre parti bourguignon, celui que la mère de Della dirigeait de main de maître et dont Della était conseillère, dans l'ombre, refusant tout poste au sein du Conseil afin de pouvoir rester neutre si cela devenait nécessaire.
    François resta pas.
    Non, cet homme était finalement avide de pouvoir et chez BOUM, du pouvoir, on en obtenait qu'à force de travail et d'implication.
    C'est ainsi qu'il se trouva dans les pattes de ceux qui lui ressemblaient.

    Etait-ce elle, qui le sollicitant, avait mis en marche cette machine qui allait déchirer la Bourgogne ?


Et ce soir-là, Della alla frapper à la porte de son beau-père.
Elle lui demanda des explications.
Pourquoi les nobles devaient-ils prêter allégeance à un duc déchu alors qu'un régent venait d'être nommé ? Où était l'honneur, la grandeur de la Noblesse, où se cachaient les gens courageux ?

Lexhor répondit, vertement d'abord, s'énervant par la suite, remettant Della à sa place à coup de : "Je ne tolère pas que tu me parles sur ce ton !" auquel elle répondait qu'elle refusait de se taire, que face à des gens sans honneur, elle dirait ce qu'elle pense !
Bien sûr, Lexhor laissa sous-entendre les éventuelles retombées que la Bourguignonne pourrait essuyer, elle s'en ficha et lança que de toute façon, maintenant que le pleutre de roi avait gracié Edwen, bientôt, elle-même serait jugée coupable pour cette plainte qu'Edwen avait déposé à la Hérauderie Royale contre Angélyque, Della et Maud, sa vassale !
Effectivement Della se montra indisciplinée face à Lexhor, elle frôla le manque de respect, tout en restant persuadée qu'elle ne franchissait pas les limites. Mais était-ce le cas ?
Une parole fut plus assassine que les autres. La bru lança à son beau-père qu'elle l'avait admiré, autrefois.
Autrefois...tout était dit.

Le matin suivant, elle écrivit encore.
Une lettre à sa Mère, dans laquelle elle lui racontait les événements de la veille, la querelle avec Lexhor, ses réponses, honteuses selon elle.
Une autre à Lexhor.


Citation:
A vous, Lexhor d'Amahir,

Le bonjour.


Votre Grâce,

Il convient que je vous présente mes excuses et que je vous demande de les accepter.
Je n'ai pas à quitter ma place et avoir envers vous, certaines paroles qu'il serait plus sage que j'avale.
Pour cela donc, je vous demande pardon.

Pour le fond de notre discussion, je ne peux me résoudre à baisser la culotte devant autant d'injustice.
Pourtant, mon honneur me défend de mettre ma famille à mal.
Le souci étant que ma famille est tout autant orléanaise que bourguignonne et ces jours, j'ai la désagréable sensation d'être ignoble autant avec l'une qu'avec l'autre.
Je voudrais connaître donc les conditions de passation de titres et terres, mes titres et terres de Bourgogne. Puis-je le faire, étant baronne ? Je l'ignore et j'ai besoin de vos conseils.
Voyez-vous, j'aime votre fils.
Les récents événements m'ont montré que je le préférais à ce que jusque là, je pensais le plus fort, la Bourgogne.
J'ignore s'il vous a conté notre dispute et les mesures qu'il dut prendre à mon égard pour notre sécurité à tous. Il a eu raison. Je ne peux continuer à servir deux terres de la sorte, je suis trop entière, trop sensible, trop...bourguignonne que pour être fidèle à deux causes.
Si je n'avais vassales, il serait facile de résoudre le problème. Mais je ne peux punir ces dames qui ne sont pas responsables des états de conscience de leur suzeraine.
Si je n'avais Clement, si je n'avais Keridil, je rentrerais purement et simplement en Bourgogne et je la défendrais contre les avides de pouvoir, contre ceux qui la veulent royale.
Mais j'ai un foyer. Ici. Ce foyer étant ceux pour qui mon coeur bat le plus, pour qui je me sacrifierai.

Voici mes requêtes, puissiez-vous accepter la première et m'aider pour la seconde.

Que le Très Haut vous garde, cher BôPapa.

Della.

_________________
Della
Le calme semblait de retour.
Il était temps onc pour Della de reprendre le cours de ses affaires, quelques unes étant restées en souffrance depuis tous les événements survenus ses dernières semaines.

Parmi ces affaires, une traînait depuis longtemps, trop longtemps...l'avenir de sa vassale, la demoiselle du Ried, Dame de Cheny.
Le temps passant à allure folle, la pauvre enfant finirait par coiffer sainte Catherine si on ne lui trouvait pas un parti.
Et cela ne pouvait être puisque Della avait assuré au père Pair de la jeune fille qu'elle serait de bons conseils concernant une alliance visant à asseoir Cheny dans une situation honnête mais aussi confortable.

Avant que Aranelle ne tombe malade, le vassal de Kéri Kéri Chéri semblait fort attiré par la jeune fille. Bien sûr, Della avait encore en mémoire cette soirée plus ou moins ratée à laquelle Aranelle ne vint jamais...et la déconvenue du jeune homme - que l'on comprend aisément. Mais personne ne pouvait deviner que la maladie avait cloué Cheny au lit.

Dès lors, n'était-il pas temps de sceller enfin ces fiançailles ?
Della en sourit d'avance, réjouie qu'elle était de classer cette affaire une fois pour toute.

Elle écrivit.


Citation:
A vous, Sindbad, Seigneur d'Epieds.

Le bonjour vous va !

Cher vassal, permettez que je vienne par cette missive m'enquérir de votre santé et de votre état.
En effet, j'ai appris que vous serviez sous les oriflammes de la Couronne et connaissant les récents événements, je prie pour que vous soyez sain et sauf.
Vous savez notre estime pour vous, nous vous considérons comme un membre de notre famille.

Ainsi, je vous prie d'accepter l'invitation que je vous fais de venir me visiter, à Montpipeau. Il me sera agréable de passer un moment à bavarder avec vous.
Vous pourrez aussi déposer les registres d'Epieds afin que nous y jetions un regard nous permettant d'évaluer les rentrées envisageables de nos terres.

Venez donc demain, vers none, nous prendrons une collation ensemble tout en bavardant.

Que le Très Haut vous bénisse.




Lecteur attentif, vous avez sans doute remarquer que nulle indication de la sauce à laquelle va être mangé le seigneur d'Epieds n'est indiquée dans la missive de la suzeraine...Héhé, il vaut mieux être prudent, n'est-ce pas, ne pas effrayer le poisson.
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Sindbad
Campement de l'Armée "Ne crains que Dieu et ton Roy!"

Par cette chaude journée de fin de printemps, présage d'un été encore plus chaud, l'homme de Constantinople s'était installé devant sa tente, essayant du mieux qu'il pouvait d'affûter le tranchant de son épée.

Lorsqu'il avait répondu présent pour rejoindre l'armée royale, Sindbad ne se doutait pas vraiment de ce qui l'attendait : les nuits de marche, sur le qui-vive, les journées d'attente...Il savait, avant d'accepter, qu'il n'avait pas l'étoffe d'un soldat de métier, cette expédition le confirmait dans ses certitudes.

Heureusement, il y avait les soirées en tête-à-tête avec la Duchesse de Cany. Cette relation, qui avait commencé comme une complicité entre collègues officiers, prenait désormais un tour plus sérieux. Très sérieux, même...

Dès lors, l'invitation de la Duchesse consort tombait à pic pour annoncer à son suzerain et son épouse la merveilleuse nouvelle.

Il prit une plume, un vélin et écrivit :


Citation:
A vous, Vicomtesse de Montpipeau,

Fort honoré de votre invitation, c'est avec enthousiasme que je m'y rends sur le champ. La présente missive fera fonction d'éclaireur.

En espérant que mon ton ne vous paraitra point trop cavalier. Si par infortune cela s'avérait être le cas, je vous prie d'excuser un transport résultant d'une bonne fortune dont j'ai hâte de partager avec vous la joie.

Respectueusement,



Sindbad, Seigneur d'Epieds en Beauce


De sa tente, l'homme de Constantinople sortit une bouteille de champagne achetée à Troyes. Il enfourcha son cheval et se dirigea vers Montpipeau.
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Délégué Territorial orléanais auprès des Comtés d'Angleterre | Seigneur d'Epieds en Beauce
Della
[ Le lendemain, none. ]

Merci, Augusta. Laissez ainsi, prenez donc quelques heures pour vous.

Augusta s'en étant allée, Della vérifia que le plateau supportant la collation était bien garni. Vin, hypocras, eau fraîche, les premières fraises des bois, galettes, pain d'épices et dattes du sud...

Elle avait plusieurs fois déjà imaginé dans sa tête, le discours qu'elle allait tenir à Sindbad, absolument persuadée qu'il serait ravi de se voir ainsi fiancé non pas de force mais de plein gré - un peu poussé quand même - à une charmante damoiselle de très bonne famille à l'héritage assuré.
Déjà, elle avait prévu le mariage, à Montpipeau, il va de soi, mariage qui serait célébré par sa cousine Davia, en charge de la chapelle de Montpipeau...cela se ferait à l'été, on dresserait des tables dehors, à l'ombre des grands arbres du jardin. On danserait les farandoles autour de la fontaine, on lancerait des centaines de pétales de roses, on chanterait jusqu'au matin...Oui, un merveilleux mariage, vraiment.

Della s'était installée sur le coussiège, guettant l'arrivée d'Epieds...Tiens, mais le voici justement...

Le temps de quitter le poste d'observation, de remettre quelques plis de sa robe d'intérieur en place, de repositionner une ou deux mèches...

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Sindbad
Le Domaine de Montpipeau était en vue, après quelques heures passées à galoper à travers le Duché d'Orléans. En cette fin d'après midi, le soleil de cette fin de printemps jouait à cache-cache avec les feuillages, désormais fournis, des arbres qui bordaient la route.

Dans les champs, les paysans travaillaient la terre. Sindbad savait trop combien était dur et parfois ingrat ce travail pour le mépriser. La terre pouvait être nourricière, mais une chute de grêle ou une sécheresse pouvaient tout aussi bien ruiner des jours et des jours d'intense labeur.

Bientôt, les murailles fortifiées de Montpipeau furent en vue, alors que les rayons du soleil dardaient entre les tours du Domaine du Vicomte et de son épouse. Sindbad ralentit sa monture afin de profiter de l'instant et du lieu. La forteresse était carrée, massive, avec ses tours qui dressaient vers le ciel leur pointe acéré, comme pour le défier.

L'homme de Constantinople posa pied à terre et s'annonça au garde qui se trouvait de faction devant la lourde porte. Et tandis qu'il attendait, ces vers de François Villon lui revirent en mémoire :




Mes clercs près prenant comme glus,
Se vous allez à Montpipeau
Ou à Ruel, gardez la peau


A priori, il ne risquait pas la sienne, puisqu'invitation lui avait été transmise. Quelqu'un viendrait soit le chercher, soit l'amener à la maîtresse des lieux.
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Délégué Territorial orléanais auprès des Comtés d'Angleterre | Seigneur d'Epieds en Beauce
Della
En effet, il ne fallut pas longtemps pour qu'un valet se présente à l'Ambassadeur et qu'il le conduise, après les salutations d'usage, jusqu'aux appartements de la Duchesse.
Le valet frappa à la porte.
Une voix répondit.
La porte fut ouverte sur le passage du seigneur d'Epieds.

Votre Excellence, le bonjour.
Je vous en prie...
D'un geste Della invita le visiteur à entrer.

Merci d'avoir accepté mon invitation, Sindbad.

Avez-vous fait bonne route ?


Son oeil inquisiteur se promenait sur le sieur, appréciant son élégance et son maintien. Assurément, l'avoir pour vassal par mariage serait une très bonne chose dont elle se félicitait déjà.
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Sindbad
Un valet conduisit Sindbad jusqu'au salon où la Vicomtesse avait choisi de le recevoir. L'homme de Constantinople entra sur le passage que lui laissa le valet après avoir frappé.

L'endroit était décoré avec goût, les couleurs vives mais non tapageuses. Il régnait en cet endroit un parfum doux et délicat, mais qu'il ne put identifier. Son odorat était moins développé que son palais. Et celui ci allait être à la fête, à la vue des mets délicats qu'il vit sur le plateau.

Quant à la Vicomtesse, elle était simplement vêtue, mais non sans goût. Le salut était respectueux, bien que le diplomate nota le passage de
"Votre Excellence" à "Sindbad". Quel allait être le ton de l'entretien ?

Il répondit néanmoins sobrement :


La route fut d'autant moins longue que je me trouvais à Blois à la réception de votre missive. Le hasard des mouvements de troupes...Et aucun incident n'est venu émailler mon trajet.

Ignorant quel sujet la Duchesse consort souhaitait aborder avec lui, Sindbad attendit donc qu'elle reprenne la parole.
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Délégué Territorial orléanais auprès des Comtés d'Angleterre | Seigneur d'Epieds en Beauce
Della
Servez-nous, voulez-vous ?
Pour moi, de l'hypocras.

D'un geste, Della indiqua les hanaps et les carafes, voisines immédiates des gourmandises.
Elle laissa le jeune homme les servir, non sans encore l'observer, avec un petit sourire.
Lorsque ce fut fait, elle saisit son verre et le levant légèrement :
A Montpipeau et à ses gens.
Ses lèvres trempèrent dans le liquide vermeil que la Duchesse savoura sans cacher son plaisir.
Cet hypocras est absolument délicieux. Je l'achète à Paris, aux Halles Lafayotte, à un artisan venant de Toulouse. J'ai bien tenté de lui arracher le secret de ses épices mais...il résiste, le bougre ! Un rire léger s'échappa de la gorge de la jeune femme, elle reposa le hanap et se cala sur son siège.
Il était temps d'entrer dans le vif du sujet.
Plantant son regard bleu dans celui de son vassal, elle parla d'une voix posée, calmement afin que chaque mot soit bien pesé.


Seigneur Sindbad, je suis heureuse de deviser avec vous, j'espère que vous partagez ce sentiment.
Toutefois...il est un sujet que je désire aborder avec vous et qui est une des raisons pour lesquelles je vous ai invité.

Elle fit une pause...puis reprit, pareillement :
Il y a de cela quelques mois, à présent, vous sembliez très attaché à ma filleule et vassale Aranelle, ce qui me réjouit. La pauvre enfant a été bien mal mais grâce à Dieu, elle est à présent en excellente santé, ce qui me permet de pouvoir vous annoncer que avez ma bénédiction quant à vos épousailles. Peut-être Sindbad afficha-t-il un air surpris, ce que Della dut mettre sur...la surprise de ses paroles...Elle continua donc : Ainsi je souhaite que la noce ait lieu à Montpipeau, cet été afin que d'ici la saint Noël, vous puissiez m'annoncer la nouvelle d'une naissance à venir. Della affichait un sourire satisfait et tout à fait amical, heureuse qu'elle était du délicieux dénouement de cette affaire.

Elle reprit son verre et en but une autre gorgée.

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Sindbad, incarné par Della


Sindbad prit le verre d'hypocras qui lui était tendu. A l'évocation des difficultés rencontrées par la Vicomtesse pour obtenir la liste exacte des ingrédients, il fit tourner le liquide dans son verre et en huma les effluves :

A vue de nez, Vicomtesse, il me semble que ce breuvage contient de la cannelle... Il marqua un temps d'arrêt pour humer de nouveau le liquide : ...et peut-être du gingembre. Mais je suis moins sûr. Il s'accorda quelques secondes de réflexion avant de poursuivre : De tels épices ne peuvent être obtenues qu'au contact de marchands navigant en des contrées lointaines. Je vous suggère de parler de voyages à votre fournisseur toulousain. Peut-être laissera t-il échapper quelque chose qui vous aiguillera ?

C'est au moment de goûter le contenu de son verre, tout en découvrant l'objet de l'invitation de son interlocutrice, que l'homme de Constantinople entendit les mots : Aranelle...épousailles...naissance...De surprise, il en avala de travers.

Sa gorge semblait bloquée, en dépit des quintes de toux qui le secouaient. Il ne pouvait plus inspirer ni expirer, comme si une main vigoureuse l'avait saisi à la gorge et la lui serrait.

Etait-ce donc ainsi qu'il allait finir ?


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Della
Il fallut quelques secondes à la Duchesse pour comprendre que son invité était en train de...mourir étouffer sous ses yeux !!!

Lâchant son verre qui en profita pour se renverser sur le superbe tapis de laine acheté à prix d'or à un marchand vénitien, elle sauta sur ses pieds et s'en alla tapoter le dos de Sindbad. Comme l'action restait sans suite, elle frappa plus fort et encore un peu plus fort...jusqu'à ce que l'homme reprenne un peu de couleurs et donne l'espoir d'avoir recouvrer une respiration à peu près normale.


Sindbad...allons, ne vous mettez pas dans des états pareils, mon ami...
Et que je tape encore un petit peu...Voilà...ça va aller...respirez bien fort...Si j'avais su que cette nouvelle allait tant vous surprendre, je n'aurais pas été aussi directe...Pardonnez-moi...Della abandonna un instant son vassal pour lui verser un autre verre, histoire qu'il reprenne forces et couleurs normales...
Tenez. Buvez. Mais très lentement.

Elle se rassit, heureuse de voir qu'il allait mieux.
Je suis heureuse que cela vous fasse autant plaisir. Vraiment.
Mains croisées sur ses genoux, sourire béat, la marraine de la future mariée rayonnait.
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Sindbad, incarné par Della


La foudre l'aurait frappé qu'il n'en n'aurait pas été autrement secoué. Son esprit était vide, et son corps s'agitait au rythme des tapes vigoureuses que lui prodigait la Vicomtesse. L'énergique médecine produisit néanmoins son effet. Sa respiration revenait peu à peu.

Mais...mais...mais...mais...

Le diplomate éloquent qu'il était ne trouvait plus ses mots. Comme si une créature du Sans-Nom l'avait privé de l'usage de la parole. Mais son esprit se trouvait plongé dans le trouble le plus total. De ses yeux noirs dilatés par un mélange indéfinissable, il regarda la Vicomtesse, les premiers mots qui sortirent de sa bouche furent :

Aranelle...épousailles...Mais c'est de l'inceste !!!

Ses jambes se dérobèrent sous lui, et il ne dut qu'à la présence providentielle d'un fauteuil aux broderies criardes de ne pas choir sur le sol, tel un pantin désarticulé.

Della
Finalement, peut-être aurait-il mieux valu que le vassal ne s'en remette pas car cette fois, ce fut au tour de sa suzeraine (par alliance) de manquer d'air.
Le sourire se perdit, le visage devint pâle, les mâchoires se crispèrent et que dire des poings dont les jointures devinrent blanchâtres...


Comment ça, de l'inceste ?!?!
Cria la Duchesse.
Aranelle et vous n'êtes en rien parents, il me semble !
Est-ce là une façon de me remercier ?


Della se leva et marcha de long en large, dans la pièce.
J'exige des explications.
Claires !
Maintenant !

Lança-t-elle encore avant de saisir une dague servant normalement à la décoration.
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