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[RP] Ur wech e oa *

Alix_ann
* Il était une fois...

    Tout enfant, dans sa vie d'enfant, se doit, comme ses congénères, de hisser les stéréotypes les plus en vogue sur le sujet. Les petits êtres, dans la culture commune, étaient embêtants, d'humeur souvent changeante, d'une attitude à peine convenable, sujets à d'étranges réflexions, excités par moment, incapables par d'autres, mais surtout, ils étaient lourds, et réellement collants. Alors, comme toute enfant, Alix se soumettait à cette vérité universel -bien que l'univers se réduisait à peu à ce moment de l'histoire- et se comportait comme ses camarades nains autour du monde (qui se réduisait à peu, rappelons-le). Depuis quelques jours, elle s'était trouvé une camarade, quelqu'un sur qui exercer ses vices d'enfant, une bretonne prénommée Anaon qui essayait tant bien que mal de se défaire de l'enfant. Mais l'enfant, aussi, est obstiné.

    Cet après midi là, la mioche suivait la brune dans les environs de Saumur. Les deux bottes dont Alix est chaussée avancent le long des pas de Anaon, elle s'applique à aller vite, à étendre les jambes comme celle-ci le fait, pour aller aussi loin à chaque pas. Elle la suit depuis deux jours déjà, plus ou moins en finesse, dès qu'elle la croise en taverne ou dans la rue, la lâchant seulement quand il le fallait vraiment. Alix l'a rencontré dans la soirée de vendredi, elle était entrée en taverne et avait vu ce visage nouveau. La taverne, depuis qu'elle était en Anjou, était devenu une sorte de centre aéré qui lui prenait la majeure partie de son temps.
    Anaon, c'était la brune, la bretonne, qui était arrivée à Saumur par la Touraine. Elle était jolie, mais avait beaucoup de balafres. Alix a retenue qu'elle connaissait la blonde, Eliane, qui prenait soin de lui faire la misère à chaque fois qu'elle mettait un orteil en taverne, mais pas cette fois. Cette fois, Anaon craignait pour Judas, qui était son amoureux. Judas, c'était l'ami de maman, chez qui toute la famille Kermonfort dormait en ce moment, puisque Judas avait prêter son logement. Mais voilà, Judas, qui devait revenir pour voir maman (puisque c'était son ami, et que maman avait beaucoup d'amis, depuis que Papa et elle s'étaient disputés) s'était fait enlevé par des méchants. Voilà tout ce que pouvait comprendre Alix Ann du haut de ses cinq années.


    -« Anaon! »

    Elle en profite pour rattraper sa nouvelle meilleure amie (et ce, parce qu'elle l'a décidé) pour la prendre par le bras, pour l’empêcher de s'en aller. Oui, parce que tous les autres, eux, s'en sont allés.
    Et si jamais, pour d'obscures raisons, la bretonne avait l'idée incongrue de fuir la plus jeune bretonne en manque d'affection tel que même le plus barbare des guerriers tomberaient en pitié devant elle, la jeune bretonne devrait user de ce qui lui restait, de ces preuves concernant Judas.

    Elle tire doucement sur la manche de l’aînée. Alix est plutôt confiante, innocente comme se doit l’être une enfant, elle aime bien, cette grande personne. Elle avait perdu son amoureux, qui était loin, elle était triste, et Alix aussi. C'était donc tout naturel pour la mioche de la suivre partout. Entre gens tristes.


    -« Da belec'h e fell deoc'h mont? »
    Où veux tu aller?

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Anaon
    Il était une fois, une brune bretonne qui avait depuis longtemps perdu les attraits connue aux belles princesses. Elle n'était pas enfermée dans la plus haute salle de la plus haute tour, mais elle se morfondait sur les comptoirs des tavernes Saumuroises. Car oui, la belle avait perdu son prince charmant. A défaut d'une marraine la bonne-fée pour sécher ses larmes au goût de bière, c'est un pot de glu ambulant que la divine providence a décidé de lui coller entre les pattes. Et une coriace qui plus est. De la vrai graine Bretonne.

    L'esprit préoccupé par les noires pensées qui la taraudent depuis plus d'une semaine, la mercenaire divague dans les ruelles Saumuroises à la recherche d'un indice désespéré. Quand ce n'était pas dans les faubourgs, c'est dans les tavernes que la balafrée harcelait le moindre client pour savoir s'ils avaient entendu parler d'un groupe décimé aux portes de Touraine. Fol espoir de tomber sur quelqu'un qui saurait lui dire où ils sont. Lui dire s'ils sont en vie... ou non. L'ironie avait fait naître l'espoir dans la bouche d'une gamine.

    _ Amzer gaoc'h...
    Temps de m*rde

    Une main vient remonter le col de son mantel sur son cou dénudé. Il n'y a rien de plus insupportables que ses temps mi-figue, mi-raisin, l'Anaon l'accuse d'une bonne crève qui n'arrange en rien sa mauvaise humeur. Lèvres pincées, les azurites, elles, divaguent aux alentours tandis que l'ouïe s'accroche sur les petits pas qui ne cessent de la suivre. Anaon et les enfants. Une longue histoire bien tortueuse. Sans doute n'a-t-on jamais sut si elle en avait une Sainte horreur ou bien si elle les aimait trop. Entre l'amour et la haine, il n'y a bien souvent qu'un pas des plus infimes. Toujours est-il que la balafrée avait bien essayé de se dépêtrer des mains de la blonde sans jamais avoir eu le courage de la renvoyer à sa meyre indigne d'un coup de pompe dans le train. Frapper une enfant, c'était encore une chose qu'elle était incapable de faire.

    Bon gré, mal gré, la mercenaire se coltinait donc la blondinette qui l'avait prise en affection. Et le destin avait de l'humour, car c'est bien de cette petite chose haute comme trois pommes que l'Anaon puisait son unique espoir. Ou plutôt de celle qui l'avait engendré. Oui, si la bouche innocente n'a pas mentit, c'est la Kermorial qui pourra faire taire ses angoisses. Lui offrant le souffle qu'elle retenait depuis des jours. Ou bien l'achevant dans un cri qui lui fendra l'âme. Celui d'un cœur qui fait son deuil. Oui il faudrait prendre la plume, il faudra....

    Anaon!

    Aux azurites de se poser sur la mini-blonde qui s'est agrippée à sa manche.

    _ Raah! Alix Ann, koac'h!

    A sa question les azurites roulent au ciel et les lèvres s'ébranlent d'un soupire. Ça lui rappelle d'ailleurs que si d'ordinaire elle peu jurer en breton en toute impunité, la gamine, elle, est parfaitement capable de comprendre la moindre de ses grossièreté. La langue de l'Anaon n'aura qu'à bien se tenir! Prestement la mercenaire vient s'accroupir à hauteur de la gamine.

    _Alix, je t'ai déjà expliqué que je n'ai pas le temps de m'occuper de toi! Il faut que je retrouve Judas, je te l'ai déjà dit, c'est important! Il faudrait que je vois ta mère d'ailleurs... Et elle où en fait? Et ton gardien il est passé où?

    Vif regard autour d'elles pour tenter d'apercevoir le soit-disant chaperon de la petite Monfort. Il n'y a a pas un nègre à des rues à la ronde. Gast! Ces hommes! On peut jamais compter sur eux!


*Breton:
Koac'h: m*rde
gast: putain

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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III ----[Clik]
Alix_ann
    Jurer en breton, ça lui faisait penser à sa marraine. Elle aimait entendre cet accent qui est si peu rependu de ce coté. Alix sourit bêtement, en comprenant les insultes. Elle sourit bêtement, ça la rassure.
    Pourtant, elle se sent mal. Elle se sent mal face à cette grande personne, qui souffre, elle se sent mal aussi, de ne pas être avec sa mère, elle se sent mal surtout, que la grande personne qui souffre souhaiterait voir sa mère. Sa mère, elle y pensa vaguement. Une part d'elle, très enfouit, aurait tendance à souffrir de cette figure plutôt absente de sa vie pour la bonne et simple raison du peu de relation qu'elle arrivait à nouer, l'autre part, plutôt importante, niait cette vérité, l'étouffait de sorte à ce qu'elle ne puisse le ressentir comme un nouveau rejet, pas tout de suite. Pas encore.


    -« Maure est... avec... avec... elle peine à s'exprimer avec tous ces mots nouveau Alesius »

    Et Alix, elle est avec Anaon. Maure ne pouvait pas être partout, et de rester avec son frère devenait pour elle une corvée en ce moment. Et sa mère, où était-elle, sa mère? Marie, la Marquise de Cessons, celle qui venait de débarquer en Anjou après avoir quitté le père de ses enfants. C'était du temps ou papa et maman se disputaient beaucoup, à la maison, parce que maman en avait marre de Breizh, qu'elle voulait plus de liberté, et aussi parce qu'elle allait s'endormir dans le lit d'autres hommes. Papa qui n'était pas content, décida que chacun vivra de son coté, et comme chacun avait besoin d'un trèèèès grand espace pour ne plus se revoir, maman emmena toute la fratrie Kermonfort chez d'autres amis à elle. Parce que maman avait beaucoup d'amis, bien sur, elle ne s'endormait pas non plus avec tous!

    -« Mamm voit amis de elle. »

    La gamine se montra sincèrement triste, devant la souffrance de Anaon. Les maux du coeur (c'est aussi une histoire d'amitié) n'était pas un sujet que maîtrisait encore la jeune Alix, mais elle savait qu'avoir mal dedans, n'était pas simple. Et elle plaignait l'Anaon de s'afficher dans cet état de tristesse aussi avancée, elle n'avait pas l'air au point, et cela chagrinait davantage Alix. Tu es vraiment triste? Dis Anaon, un ami, c'est comme un amoureux? Les idées se mélange dans la tête encore toute fraîche de la minie Buze. Elle ne sait plus bien quoi penser au sujet de la Buze supérieure. Alors elle se contente de l'aimer très fort, car c'était sa mère, et que rien ne ferait que cela changerait un jour.

    -« Anaon? Je peux t'aider, moi. »

    Fallait-il vraiment le lui dire? Etait-ce vraiment nécessaire? La mioche avait-elle réellement conscience qu'une fois qu'elle lui aura donner ce qu'elle désirait le plus, à cet instant, elle allait partir en poussière, et s'en aller, comme tous les autres le font plus ou moins. La main, par réflexe, glisse jusqu'aux grandes poches de sa cape. Le temps n'était pas au beau fixe, mais elle avait préservée la lettre de ces conditions défavorables. Toute naïve, comme se doit de l’être un enfant, elle secoue la tête, mettant en branle ses boucles blondes, pudique encore, à l'idée de dénoncer son délit.
    Ce drôle de mouvement d'angoisse qui secoua Alix ne dura qu'un temps, elle fixa ses bottes, les bords de sa robe finement brodée tachés, ici et là, se concentrant sur autre chose que la scène qu'elle vivait.

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Anaon
    Qui oserait cracher sur le minois aux vagues blondes à l'instant ou il s'essaye tant bien que mal à un français correct? Pas Anaon en tout cas. L'ainé se fait patiente face à la gamine qui patouille et ses deux premières phrases viennent contrarier la balafrée qui s'évertue à ne rien montrer. Les lèvres tailladées se pincent imperceptiblement. D'après ce qu'elle a crut comprendre lors de ses soirées en taverne, la Monfort n'est plus que Kermorial, divorcée ou en phase de l'être et toute la famille bretonne avait élu domicile dans l'appartement Angevin de Judas. Logement dans lequel, vraisemblablement, ils ne sont plus. Pourquoi? Parce que Marie a des "amis". Entre la bouche innocente de l'enfant et les sous-entendues fort explicite de la Piccolini, ce mot avait prit toute son envergure aux oreilles de l'Anaon.

    Marie de Monfort. Visage croisé lors de soirée en taverne à l'époque ou Judas était venu fouler le sol rude de sa Bretagne. Une femme parmi d'autre qui n'avait jamais éveillé son intérêt. Pas avant aujourd'hui du moins. D'après la mini-blonde, c'est eux que Judas était venu voir, justifiant l'itinéraire emprunté pour rejoindre le Maine. Ainsi le Von Frayner voulait voir son "Amie". La mercenaire ne s'était pas trop attardée sur les questionnement qui lui était venue en tête lors de cette révélation. Sans doute parce que les hypothèses l'auraient mises doublement de travers. Avoir risquer sa vie pour les beaux yeux d'une blonde? Impardonnable. Impardonnable si Judas, Nyam ou Iris y ont laissé leur dernier soupir. Qu'importe pour l'heure, qu'importe la Kermorial et ce qui a put la lier au Seigneur, ce qui les lie peut être encore aujourd'hui. Si Judas est vivant, elle aura bien toute la vie pour l'étrangler comme il se doit.

    Les azurites balayent le ciel et le crachin qui vient de temps à autre emperler leur cheveux d'une poussière liquide. Si les temps pluvieux lui vont à ravir, elle a bien du mal à apprécié aujourd'hui son atmosphère brumeuse. Un éternuement violent vient briser sa contemplation silencieuse et les perles azurs retournent trouver l'éclat de leurs jeunes homologues. La tristesse qui déborde des orbes céruléennes la laisse pantoise. Presque émut. Ainsi toutes les gamines blondes de France se sont mise d'accord pour lui retourner le cœur?

    En réponse à la phrase sincère de la gamine, un soupir discret. Alix en est touchante et même la mauvaise humeur de la mercenaire ne peut rien contre sa trogne qui vous mettrait à un genoux le Roy de France. Néanmoins, la brune vient observer les alentours une fois encore. Pas de Meyre, pas de Maure. Un bon taquet dans leur pomme ne leur ferait pas de mal à ces deux-là. Que peut elle faire l'Anaon avec la mioche sur les bras? La semer dans les ruelles? Décemment, non...

    _ Ac'hanta....
    Et bien...

    L'attention de la balafrée retourne à la gamine qui semble trouver ses pieds fort intéressant. Un sourcil se rehausse imperceptiblement sur le visage fatigué de l'insomniaque. La tête se penche sur le côté. Troublée la minie-bonde? Pour sûr, ce n'est pas à la balafrée qu'on apprendra à décrypter les enfants. S'il sont si sincères, c'est avant tout par-ce qu'ils ne savent pas mentir.

    _ Je doute que tu puisses m'aider Alix... A moins de te transformer en pigeon pour survoler les frontières Tourangelles et aller voir ce qui se passe du côté du Berry.

    La mercenaire soupir encore. Il y a fort à parier que la gamine ne comprenne pas la moitié de ces phrases. Peut être que çà vaut mieux, elle lui trouverait sans doute l'humour douteux. Le visage de la balafrée s'abaisse, septique, cherchant à capter ce regard qui se dérobe. Le ton est doux, mais à double tranchant. La voix suinte la suspicion.

    _ Alix? Mat ar bed?
    Çà va?

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Alix_ann
    Minie Buze ne savait plus très bien. Il y avait les derniers doutes, ceux qui viennent, qui semblent persister, car trop impatient à l'idée d'effectuer l'action tant attendu, on en oublie la patience. Il n'était pourtant pas dans ses habitudes de faillir sur ce point, elle présentait, pour son age, une soumission exemplaire aux principes qu'on inculquait aux enfants. Il était effrayant, au combien effrayant, de constater qu'Alix était une enfant sage, et trop pour son age. Jamais il ne lui serait venu, ou plus tôt jamais il ne lui était encore venu à l'esprit d'idées comme celles qui l'avait pousser à commettre son délit bas de gamme. C'était pourtant une grande première pour la mioche qui commençait seulement à sortir des petits sentiers battus, celle qui s'appliquait tant à rester aussi sage que l'est une image, pour ne pas faire comme son frère, non.
    Elle se comportait, dans ses gestes brusques, du à ses tremblements, comme au moment où elle était allé voler son du.

    Sa petit main se détache de la poche, laissant enfin paraître à l'air libre ce pli volé des mains d'Alix, dans la petite sacoche en cuir très "in" avec laquelle Mamm se baladait partout sans exception aucune. C'est pour dire la dangerosité du vol. Le pli est en mauvaise forme, il ne se tient plus très bien, dans la main de la petite bretonne aux boucles blonde, qui l'offre à la balafrée. Le temps l'a rendu humide. C'est le Graal, qu'elle sort. C'est le Graal, surtout pour Anaon, elle qui tend tant à retrouver son amant. Il est bien étrange que le hasard est assez bien fait les choses pour que Marie, l'amante de son amant, se trouve avec ses mioches dans la même ville que Anaon lorsque celle-ci à besoin de retrouver celui, qui, visiblement, ne laissait insensible personne.


    Gââst! »

    C'était une goutte, qui venait de tomber sur le bout de la lettre. Elle la tendit avec précipitation vers son interlocutrice. Cela la calma instantanément. Il ne lui en fallait pas beaucoup, pour se tendre et se mettre dans des états pas possible.

    -« Je trouve ça hier dans le bagage à ma mère. »

    L'expression bancale, cette hésitation dans la voix, le tout appuyé d'un accent breton sous forme enfantile, Alix avait pour faire fondre. Personne ne résiste à un gamin, ou du moins, pas grand monde, c'était encore un avantage qu'avait ces petits êtres face aux grands. Mais on sentait cette volonté de bien faire, et c'est en effet tout ce que l'enfant blonde désirait : bien faire. Il lui fallait participer aux retrouvailles de la brune et de son amoureux, pour ne plus qu'elle soit triste. Depuis qu'elle lui avait demandé, en taverne, le pourquoi de cette mine blafarde, et qu'elle lui avait répondu que son homme s'était fait enlevé, qu'elle avait formulé avec des mots compréhensibles que Judas s'était fait attaqué par une armée, et qu'elle lui avait fait cracher, à la gamine, que sa mère était l'ami de son amoureux, Alix avait su qu'il fallait résoudre tout ce mal.
    Le monde serait plus joli, si il n'y avait que des princesses et des Charmants! Et puisque dans ce cas là, il n'y avait plus Charmant, tout était permit pour le retrouver au plus vite. Mamm lui excuserait donc d'avoir fouillé dans sa sacoche et d'avoir foutu en bouillie sa lettre.


    -« Moi je peux pas lire encore. »

    Mais toi, tu peux.

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Anaon
    Le regard de la mercenaire se fait plus insistant au silence résolue de la minie-blonde. Loin d'elle l'idée de s'acharner sur la pauvrette, la balafrée aurait bien vite abandonnée l'affaire si la timide n'avait pas esquissé ce geste. L'attention de l'ainé se braque brutalement sur la petite main tendue... et le plis ceint par ses maigres doigts. Les azurites retournent au visage de la gamine, puis au plis, puis au visage... Les lèvres s'entrouvrent, mais les mots ne franchissent pas la barrière d'émaux.

    Elle en reste con l'Anaon et aux mots de la gamine, le cœur s'arrête de battre. Montée d'espoir. Le souffle se retient. Cette lettre... La lettre? La balafrée se fait violence pour ne pas sauter comme une furie sur le pli, comme une affamée sur un quignon de pain. "Doucement Anaon, ce n'est qu'une enfant" avait dit Eliane. La balafrée voue une affection véhémente à Judas, au point d'en effrayer les gosses. Si elle est connu pour son sang-froid glaciale, c'est pourtant une femme rongé par l'angoisse que la petite Kermorial a rencontré. L'Amour l'a toujours rendu fragile cette beste là.

    C'est une main fébrile et tremblante qui s'approche du pli tendu et elle s'en saisit avec la douceur et le respect qu'on voue aux saintes reliques. Elle se recroqueville, couvrant la lettre de son visage penché au-dessus d'elle, faisant rempart au crachin qui suinte sur leurs têtes. Les perles azurs se perdent sur le petit bout de vélin replié entre ses mains. Et si... Et si c'était la lettre qui signait la fin de tout? Peu être que ces mots seront son épitaphe. C'est peu être les prémices d'un deuil qu'elle porte à bout de doigt. Elle a commencé à creuser sa tombe l'Anaon le jour ou elle a rencontrer le seigneur. Et la fosse se fait de plus en plus profond au fil des jours, au fil de cet attachement qui se fait plus insistant. Supportera t-elle une nouvelle perte? C'est ce qu'elle saurait quand, elle aura défait le pli...

    Les doigts s'activent avec une précaution infime à ouvrir la lettre qui menace de se dissoudre entre ses mains. Le cœur s'accroche. Les yeux parcourent.... C'est la montée d'adrénaline... Puis la bouffée d'euphorie. Une main vient presser sa bouche alors que le soulagement se repend dans ses veines à chaque mot parcourut. Judas est en vie. Cette lettre est de sa main. C'est le sourire qui s'élargit sous la paume qui le voile, c'est le soupir qui se libère, c'est les larmes qui couleraient si elle en était capable. Le plis est relut, une fois, deux fois, plus, suffisamment pour qu'elle réalise, pour que la peur s'efface bien que l'inquiétude demeure, tenace. Il ne fait pas état de Nyam... Mais lui est en vie...

    La minie-Monfort doit trouver le temps long avant que la mercenaire ne relève enfin la tête. C'est une main encore tremblante qui se détache de son visage pour révéler un sourire radieux. Heureux comme il ne l'a pas été depuis longtemps. La main se rapproche de la joue de la gamine qu'elle vient couvrir en coupe de sa paume et les lèvres tailladées s'en vont embrasser le front couvert de boucle blonde, pareil à un "merci" qu'elle ne prononcera pas. Pourtant dans ce geste, elle lui dit tout.

    C'est un poids en moins sur la poitrine que la silhouette se déplie. La lettre est soigneusement rangé sous le rempart de son mantel. Elle sera rendu, mais pas tout de suite. Le visage se tend au ciel savourant presque les gouttelette fines qui ruissellent sur sa peau. Dieux, que le monde lui paraît soudainement beau!

    _ Il va falloir se mettre au sec. Si on reste on va finir par se prendre une sacrée radée.

    Reniflement. Une pensée pour Cerdanne qui la loge de bonne grâce depuis son arrivé à Saumur. Avec un peu de chance elle traînera en taverne et elle ne viendra pas l'invectiver pour avoir ramené une demi portion dans sa chambrée. Au pire elle se boufferont le bec, une fois n'est pas coutume. C'est un joli vieux couple que nous avons là.

    Un éternuement sonore et l'attention se reporte sur Alix. Cette lettre, ce petit vol, çà vaut bien une journée à jouer les nounous improvisées.

    _ Aller! On va aller se prendre un truc de chaud. Passes devant Mini-pouce, que j'te vois, parce que sinon je vais vraiment finir par te perdre dans une flaque d'eau ...

    A la main de la mercenaire de tapoter affectueusement les boucles blondes pour lui donner de l'élan. Aller, en route mauvaise troupe!

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Alix_ann
    Elle aime bien la pluie. Même si cela alourdissait considérablement l'ambiance. La pluie, c'est Breizh, mais ici, c'est pas Breizh. Le visage de Anaon changea du tout au tout. Disparues! Les larmes qui se cachaient dans les yeux. Envolé! Ce soupir fébrile en dépliant la lettre. La lecture, d'un coup, avait eut ce pouvoir magique qu'elle ne saurait décrire, d'apaiser l’aînée.

    -« Je sais nager. »

    C'était pas vrai, elle ne savait pas nager, mais elle fut quelque peu troublée par l'idée d’être engloutit par les flaques d'eaux qui poussaient au sol comme des champignons. Elle réhaussa sa capuche, se réfugiant entièrement dans sa cape, de peur de sortir les mains. On sait jamais, avec la pluie. La pluie, c'était la Breizh. Mais celle d'Anjou, elle lui était inconnue, et la petite héritière bretonne craignait qu'elle puisse être néfaste ou porteuse d'un mauvais sort. Recluse sous les lourds vêtements elle suit Anaon, il faut retourner vers la ville, plus personne n'a de raisons de pleurer dès lors. Alix avance d'un pas prudent, prenant soin d'éviter les petites taches de boue qui pourraient avoir l'idée saugrenue de venir se piger sur ses habits. La Marquise risquerait de ne pas être enchantée à l'idée que sa fille se soit promenée à l'improviste.
    Si Anaon était heureuse, montrant un visage qu'Alix qui ne la connaissait que depuis peu ne connaissait pas, c'est que Judas était en vie. Elle ne se découragea donc plus, en voyant combien cette lettre avait pu l'aider à retrouver le sourire, en face de Anaon. Déjà la ville refaisait surface et les arbres se faisaient moins présent. La gamine en profita, d'Anaon qu'elle collait aux basques mais qui cette fois, changea en étant de bonne humeur.


    -« C'est quoi différence entre un ami et un amoureux, Anaon? »

    La question lui trottait dans l'esprit depuis quelques temps. Pourquoi sa mère avait tant d'amis, qu'Eliane défendait que le principe de l'amoureux était qu'il dormait dans le même lui que son amante, mais que c'était aussi le principe de l'ami, mais qu'enfaite dormir dans le lit de quelqu'un d'autre était un péché. L'amour, c'était un truc concept que Mamm aimait pas des masses, un peu comme sa dernière paire de bottes (Mamm, de toutes façons, déprimait sur tout), un truc qu'on officialisait avec un mariage qui punissait le fait d'avoir des amis?
    Alix, comme tout enfant, aime poser une bonne dose de questions existentielles qui semblaient futiles aux yeux des grands, mais elle les posait à eux, car les grands avaient un savoir sur-puissant dépassant grandement le sien. C'est comme cette idée ultra répandu dans l'esprit des 0 - 10 ans que les grands sont tous riches, non enfaite, oubliez, Alix ne croyait à ça que parce qu'elle ne manquait absolument de rien (pour ce qui était du plan financier, surtout).

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Anaon
    La phrase anodine de la gamine lui tire un sourire. Cela faisait un moment quelle n'avait pas été confronté à l'innocence d'une enfant. Ou disons qu'elle n'était pas en état d'y être réceptive. Un regard en coin à la minie-pouce et l'image du capuchon en train de barboter dans une flaque rehausse d'avantage le sourire visser sur ses lèvres.

    Les pas retrouvent calmement le chemin des tavernes et si l'esprit s'égare vers cette lettre salvatrice qui sommeille contre son sein, le regard, lui, reste non loin du lutin qui chemine devant elle. Deux doigts viennent pincer le haut de la capuche de la blondinette pour la tirer dans la bonne direction. Et c'est THE question qui tombe. Un bug dans la pensée et un sourcil qui se rehausse sur le front de la mercenaire. Les gosses et leurs questions. Voilà une chose qu'elle avait aussi oublié... Un pan du passé égarée dans sa mémoire.

    _ Euh... Comme dire...

    Oui, comment dire. Il y a des choses qui ne s'explique pas à une gamine haute de cinq printemps, mais ne rien dire serait tout aussi criminel. Il n'y a jamais de question indiscrète, que des réponse délicates. L'Art de répondre aux enfants, c'est celle de satisfaire leur curiosité sans leur donner le loisir de surenchérir. Ça commence toujours par: "comment tu t'appelles?" et çà finit par "comment on fait les bébés?". Les azurites se lèvent un instant au ciel alors qu'elle guide toujours la gamine du bout du capuchon.

    _ Et bien... Un ami tu sais, c'est un peu comme un frère, une sœur. C'est un copain. C'est quelqu'un avec qui tu aime parler, avec qui tu t'amuse. Si c'est un très bon ami, tu peux avoir confiance en lui... Tu lui dis des secrets ect....C'est un peu comme...

    Eliane et moi? Hum non... Cerdanne et moi? Hum... C'est plus compliqué. Les sourcils se froncent. De bon exemple l'Anaon n'en a pas sous la main et s'il faut expliquer toutes les particularités qui peuvent lier deux être à une petite de cinq ans... Et bah ils ne sont pas encore sortit de l'auberge!

    _ … bah c'est un peu comme toi. Tu dois bien avoir des copines de ton âge, non? Un amoureux, c'est bien plus qu'un ami. C'est quelqu'un à qui tu penses beaucoup. Tout le temps. Des fois tu penses très fort à des amis, mais ce n'est pas pareil. Un amoureux c'est quelqu'un que tu aime énormément. Quelqu'un avec qui tu voudrais te marier. Avoir des enfants...

    Le visage de la mercenaire se pare d'une expression étrange et le regard se perd un moment dans le vide. Pensée fugace qui traverse son esprit. Un clignement de paupière, un soupire et l'attention se reporte sur la minie-pouce.

    _ Bref un ami et un amoureux, c'est des gens à qui tu tiens beaucoup. Sauf que l'Amoureux c'est celui avec qui tu te marie...

    Bref regard à la blondine. Elle aura bien le temps de grandir et de ce rendre compte que souvent, les choses ne sont pas si simple. Dans le monde de la noblesse encore moins. L'Amoureux c'est celui pour qui tu t'écorche le cœur. Mais l'amoureux tu le choisis, l'époux on te l'impose.

    La porte de la taverne est poussée et la petiote entrainée dans son sillage. Regard au alentour à la recherche d'un visage connu. Un mot au tavernier pour commander tisane et lait chaud et les azurites glissent vers l'escalier qui mène aux chambres.

    _ Aller hop, on va se contenter de la cheminée.

    Et d'embarquer la minie-pouce vers les sièges les plus proches.

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