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[RP] Misère de l'Homme sans Dieu

Scopolie
RP d'intrigue qui aura des répercutions sur l'IG, et vice versa. Ce qu'il s'y passe ne peut être connu de vos personnages par opération de leurs joueurs. Tout le monde peut intervenir, tant que ça reste cohérent.
La citation est de Pascal, Pensées, "Véritable Religion prouvée par les contrariétés qui sont dans l’homme, et par le péché originel".


"Les grandeurs et les misères de l’homme sont tellement visibles, qu’il faut nécessairement que la véritable Religion nous enseigne, qu’il y a en lui quelque grand principe de grandeur, et en même temps quelque grand principe de misère. Car il faut que la véritable Religion connaisse à fond notre nature, c’est-à-dire qu’elle connaisse tout ce qu’elle a de grand, et tout ce qu’elle a de misérable, et la raison de l’un et de l’autre. Il faut encore qu’elle nous rende raison des étonnantes contrariétés qui s’y rencontrent. S’il y a un seul principe de tout, une seule fin de tout, il faut que la vraie Religion nous enseigne à n’adorer que lui, et a n’aimer que lui. Mais comme nous nous trouvons dans l’impuissance d’adorer ce que nous ne connaissons pas, et d’aimer autre chose que nous, il faut que la Religion qui instruit de ces devoirs nous instruise aussi de cette impuissance, et qu’elle nous en apprenne les remèdes.

Il faut rendre l’homme heureux qu’elle lui montre qu’il y a un Dieu, qu’on est obligé de l’aimer, que notre véritable félicité est d’être à lui, et notre unique mal d’être séparé de lui. Il faut qu’elle nous apprenne que nous sommes plein de ténèbres qui nous empêchent de le connaître et de l’aimer, et qu’ainsi nos devoirs nous obligeant d’aimer Dieu, et notre concupiscence nous en détournant, nous sommes pleins d’injustice. Il faut qu’elle nous rende raison de l’opposition que nous avons à Dieu et à notre propre bien. Il faut qu’elle nous en enseigne les remèdes, et les moyens d’obtenir ces remèdes. Qu’on examine sur cela toutes les Religions, et qu’on voie s’il y en a une autre que la [Aristotélicienne] qui y satisfasse."


[Craon la Religieuse - auberge]

Moi, Père Scopolie de Carniole, curé de Craon, ait été humilié par un hérétique, dans ma propre paroisse, en ayant perdu face à une large majorité face à lui aux élections municipales. Très exactement seize bulletins de vote ont été placés dans l'urne, et seulement deux portaient mon nom. Un seul vulgaire bout de papier me donnait d'avantage de valeur que ce brigand qui a déposé sa candidature en croyant qu'il n'aurait pas de concurrence et pourrait ainsi piller une mairie délaissée sans soucis. Mon vote comptant double, cela signifie qu'aucun paroissien n'a voté pour moi. La colère me retournant les entrailles comme un parasite malicieux, je me suis enfermé dans la chambre que je loue depuis mon arrivée dans ce village, c'est à dire pas très longtemps ; avec pour seule compagnie celle de ma plus fidèle des fidèles, ma pire ennemie, celle qui a déjà empoisonné mon repas, ma dernière chance de continuer de marcher la tête haute tandis que partout dans les rues, on crie encore les résultats.

Citation:
Alacian a été élu maire de Craon. Il recueille la majorité des suffrages exprimés.
1. Alacian : 82.4%
2. Scopolie : 11.8%
3. Jackfarell : 5.9%


Je suis assis sur mon lit, la tête entre mes mains, me lamentant sur mon sort et sur celui de la foi du monde. Un hérétique est à la tête de la plus puissante institution de ma paroisse, et cela ne semble déranger personne à part moi d'être ainsi balayé de l’échiquier du pouvoir. Et ce n'est pas le conseil ducal qui va me donner raison : une lettre du Pape lui-même ne ferait pas bouger d'un pouce le siège de ce bourgmestre illégitime ; illégitime aux yeux de l’Église, car un hérétique ne doit pas guider les autres Hommes, il les mènerait dans son erreur ; au mieux, il peut être un bureaucrate, un gratte-papier qui n'a d'influence sur rien d'autre que sa plume. Mais pas un bourgmestre.

Je n'ai donc plus aucun recours légal pour réparer cet affront qui Lui est fait, sauf prendre mon mal en patience et attendre les prochaines élections ; mais les résultats changeront-ils vraiment ? Les angevins sont si hostiles face à toute forme de contrôle sur eux. Ce sont des bêtes sauvages, des animaux sans foi régis par leurs coutumes ancestrales ; et moi, je suis l'homme qui essaie de dompter cette nature, celle qu'Il a créé parce qu'aucun être la peuplant n'avait pris conscience de l'Amour qu'il faut Lui porter. Dans cette entreprise, je ne suis aidé que par une jeune femme qui reste à mes côtés par obligation, tout en faisant tout ce qui lui est possible pour me contrarier. Derrière ce grand drap qui sépare la chambre en deux, je l'entends s'agiter. Je pensais qu'en la prenant sous mon aile, elle pourrait m'être utile ; mais au final, elle m'est plus nuisible qu'autre chose. Et pourtant, elle est ma dernière chance de remporter cette guerre en Son nom.


Crois-tu toujours que cet hérétique soit un bon bourgmestre, ma fille ? Voilà deux jours qu'il a pris place, et le message placardé en façade de la mairie n'a toujours pas été modifié. On peut encore y lire le nom du bourgmestre sortant à la place du sien ; sans parler de la taverne municipale qui affiche toujours un fameux concours datant de mars. Je te le dis comme je le pense, il ne s'est présenté aux élections que pour contrarier la progression de la véritable foi. Si je n'avais pas mis en avant ma religion dans mon programme, peut-être n'aurait-il pas daigner se manifester.

J'essaie de la convaincre, moi qui d'habitude ne fait que la traiter de pécheresse, d'ignorante et d'idiote. J'ordonnais, elle exécutait à contrecœur -ou exécutait à moitié sa tâche. Et voilà que maintenant, j'essaie de la rallier à ma cause. Est-ce moi qui me fais vieux, ou est-ce le climat angevin qui me ramollit ? La voix plus douce et faible que d'habitude, je lui expose la situation.

Cet hérétique a été élu par le peuple, mais le peuple se trompe. Voir même, il n'a pas eu le choix : il n'y avait comme candidats qu'un brigand, un curé certes inconnu de tous et un hérétique depuis longtemps tribun. Je peux comprendre qu'ils aient préféré voter pour quelqu'un qu'ils connaissaient, mais ce n'est pas le bon choix : il va mener le village à sa perte, que ce soit par son incompétence et par le courroux qu'Il va nous infliger. Le pouvoir temporel n'est pas de notre côté, mais nous avons la foi : ne rien tenter serait un blasphème, une insulte à Son nom qui pourrait nous en coûter à nous, à nos proches et à nos familles. Nombreux sont les Croisés qui sont morts pour Lui, nous pouvons bien essayer, nous, de prendre une mairie.

Qui plus est, elle n'est gardée que par un seul milicien sous-payé, un paysan que nous pouvons maitriser à trois. Mais prendre le pouvoir par la force, même en Son nom, sera mal vu. Il faut ruser. Nous ferons passer la destitution de ce bourgmestre indigne pour un pillage ; et le lendemain seulement, je reprendrai la mairie, en bon craonnais que je suis, et deviendrais maire intérimaire. Cela me laissera un peu moins d'un mandat pour montrer au peuple son erreur de ne pas avoir voter pour moi. Mais pour que tout puisse fonctionner, j'ai besoin de deux choses de ta part.

La première, de tes connaissances dans le monde du mercenariat. Tu connais bien quelques aventuriers qui seraient prêts à prendre une mairie et à être accusés de ce délit ? Je paierai, en écus sonnant et trébuchant, puisque j'imagine qu’œuvrer pour Sa grandeur importe peu aux mercenaires. S'il le faut, j'en appellerai à tous les fidèles d'Anjou de venir à Craon, sous prétexte de restaurer l'église, pour être sûrs d'être assez nombreux. Il n'y aura aucun danger pour lui, il aura des circonstances atténuantes puisqu'il ne pillera rien. Au pire, il ira quelques jours en geôles, mais je le dédommagerai. Attention toutefois à qui tu parles de nos projets.

La seconde, de ton amitié avec le Duc. Car pour devenir maire intérimaire, j'ai besoin d'un appui du pouvoir ducal, ou cet hérétique essaiera de reprendre la mairie sous prétexte qu'il a été élu. Je ne te demanderai pas de faire du charme au régnant, mais presque. Deviens proche de lui pour les temps à venir ; et le moment venu, lorsque j'aurais repris le pouvoir, demande lui cette faveur : qu'il me déclare officiellement bourgmestre par intérim. Il ne sera pas perdant dans cette histoire.


Alea jacta est. Si elle refuse, par mesquinerie ou par crainte, mon projet n'aboutira pas. Je vois sa silhouette derrière le tissu blanc. Je la vois hésiter. Le silence est pesant, je n'y tiens plus ; je finis par me lever et m'approcher de cette limite soyeuse que je repousse d'un geste de la main pour mieux l'observer, les yeux dans les yeux, retrouvant soudain une certaine détermination.

Accepte, petite bergère, pour sauver l'âme de ta fille...

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Sorianne


Adye,

Pardon de t'avoir laissée sans nouvelles à Saumur.
Peux-tu me rejoindre à Angers? J'ai besoin de toi....

So.


Ce n'était pas ce qu'elle pensait écrire en cherchant son matériel... Et pourtant c'est ce qui fut envoyé à sa nièce...


*****


Les élections... A dire vrai, elle s'en moquait comme de la dernière pluie. La seule chose qui lui était passée en tête en voyant les résultats, avait été le soulagement à l'idée que les villageois n'aient pas à subir le courroux du prélat alors qu'ils n'avaient rien demandé. La So était toutefois surprise du choc que cela avait apparemment été pour lui. Elle ne l'avait jamais vu abattu comme il semblait l'être.

Confinée dans sa petite partie de chambre, la noiraude relisait les courriers reçus. Celui du bourgmestre nouvellement élu, et celui du chirurgien qui l'inquiétait... Qui étaient ces Princes de St Martin qui semblaient inspirer la crainte à ceux qui avait répondu aux interrogation du Maure et à qui la Fourmi voulait se frotter? Elle ne connaissait pas du tout, mais cela ne lui disait rien qui vaille. Il fallait qu'elle réponde...

Après avoir caché le courrier sous la paillasse occupée, la jeune femme se leva avec les quelques difficultés habituelles, il lui fallait trouver de quoi écrire. Où avait-elle rangé tout ça?? Elle cherchait quand la voix du curé s'éleva, la faisant stopper tout mouvement. Elle eut même un léger sourire, sans joie aucune à l'idée qu'il l'ait aussi mauvaise, elle qui n'était point étonnée du résultat.


Pour avoir été bourgmestre il y a fort longtemps, je pense qu'il a raison de prendre un peu son temps pour savoir tout ce qu'il est possible de faire et ce dont il doit s'occuper. Je ne le jugerai pas là dessus. Je ne juge pas les gens. Ça ne veut en rien dire qu'il serait mauvais.

Oh non, cela ne voulait rien dire. Elle le comprenait bien et ne doutait pas qu'il fasse un bon maire, contrairement à ce que pensait le Père Scopolie. Bon sang où donc était ce fichu matériel? La brune qui pensait qu'il n'insisterait pas fut surprise d'entendre de nouveau la voix grave reprendre... Et même si elle aurait voulu ne pas écouter, elle ne put que tendre l'oreille, suspendant ce qu'elle faisait, s'assombrissant à mesure qu'elle saisissait la portée de tout ce qu'il disait. De tout ce qu'il escomptait. De tout ce qu'il manigançait... Plus aucun geste ne fut esquissé, dans le vain espoir qu'il oublie sa présence, peut-être réaliserait-il avoir parlé au rideau de tissu qui les séparait... Peut-être... Comment pouvait-il lui demander d'être ce qu'elle n'était pas, lui qui avait déjà réussi à en faire une chose qu'elle exécrait...

Les sourcils se fronçaient à mesure qu'il parlait... Il allait avoir besoin d'elle. Et elle ne pouvait l'aider, pas à reprendre une mairie pour le satisfaire, pas à aller contre la volonté de tous les villageois qu'ils ne connaissaient même pas. Eux deux venaient d'arriver, il était hors de question de se mettre à dos tout le monde pour un siège...Quant à sa pseudo amitié avec le Duc, l'avoir vu une fois... S'en rapprocher... Jamais elle n'avait fait ça, trop franche... La manipulation était loin d'être son fort...

Quand le drap fut tiré et que le curé fut dévoilé, la brune plongea son regard dans le sien... Était-il sérieux? Lâchant ce qu'elle avait dans les mains, la noiraude se redressa, presque choquée à l'idée qu'un curé ait l'idée de reprendre une mairie par la force. Secouant doucement la tête, pas d'accord avec tout ceci, elle esquissa même un mouvement pour partir. Il était hors de question qu'il l'entraine dans tout ceci...


Vous êtes fou, il vous suffit d'attendre un mois... Je ne renverse pas des bourgmestres, je ne suis pas... ça! Vous voulez aller contre toutes les lois, vous voulez vous mettre tout le monde à dos ici...

Un geste de dépit en prime. Si elle connaissait des gens... Bien sûr, ne serait-ce que sa nièce laissée à Saumur. Si elle voulait la prévenir? La prévenir de venir se faire cueillir comme si de rien était, qu'elle goute aux geôles angevines pour satisfaire la folie d'un homme? Comment le pourrait-elle?

Je ne connais personne. Et je ne suis pas amie avec le Duc, je ne le connais même pas. Si vous saviez être pondéré et si vous faisiez au moins l'hypocrite, vous éviteriez tout ça. Les gens vous écouteraient au lieu de vous railler et vous fuir. Si vous n'imposiez pas comme vous le faites, il ne se serait pas présenté, et vous auriez eu vos chances, c'est votre faute.

La jeune femme prit soin de rester aussi éloignée que le lui permettait la chambre. Elle savait ce qu'elle risquait, mais elle ne pouvait s'y résoudre. Il lui fallait sortir...
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♥♥♥ Crokiiiiie
Scopolie
Le drap reste dans ma main tandis que je me raidis de contrariété. Des excuses, encore des excuses. Des faux semblants et des morales à deux écus. Elle a l'air si désolée de ne pas pouvoir m'aider, moi l'hypocrite qui énerve tout le monde. Si je plaçais dans une balance le poids son utilité et le poids qu'elle est pour moi, la balance crèverait le sol.

Tu ne juges pas les gens car tu n'en as pas les capacités. Tu n'as pas non plus la capacité de comprendre Ses volontés : quels enfants serions-nous si nous ne défendions pas Son honneur de Ses ennemis par tous les moyens possibles ? Des bâtards. Et ceux qui se comportent ainsi auront ce qu'ils méritent après leur mort...

Elle ne le lâchait pas du regard, méfiance à son égard tandis qu'elle cherchait la sortie afin d'aller respirer au dehors, loin de cette atmosphère soudain étouffante. Nullement à l'aise quand cela tournait de la sorte, Sorianne avait prit le parti d'esquiver, préférant de loin quand elle se faisait oublier, sachant parfaitement qu'elle serait incapable de retenir une réponse en cas d'attaque... Même si c'était mal parti, il était vrai... Alors tant qu'à s'enfoncer...

Je ne juge pas les gens parce que je n'en ai pas le droit, parce que je ne vaux pas mieux que quelqu'un d'autre. Et en quoi reprendre une mairie c'est défendre Son honneur? Pourquoi voudrait-Il d'une mairie? Il ne s'agit que de vous et de votre égo malmené.

Pour sûr, cela allait sûrement être sa fête... taïaut...


La persuader d'accepter de m'aider revenait à persuader une mule d'avancer sur un chemin entouré d'herbe fraiche. Elle pose son regard partout, sauf sur l'évidence qui se dessine devant elle, comme un chemin de terre battue. J'inspire profondément, gonflant mon maigre torse, et d'expirer, chassant la colère qui montait en moi, pour lui expliquer calmement.

On reconnait bien là la naïveté des gens de basse condition, des brebis qui ne sont faîtes que pour être guidées et pas pour réfléchir. Mais une brebis croisée avec une mule, je commence à croire qu'il vaut mieux en faire un ragout plutôt que de laisser cette bête faire tourner en bourrique le berger...

Comment crois-tu que les Grands gouvernent leurs terres et ceux qui y habitent ? Ils sont amenés à juger des situations et des gens qui les entourent, et ils le font bien, sinon ils seraient très vite déchus de leur trône. Moi, je gouverne les âmes de mes paroissiens, je sais ce qui est bon ou pas pour eux. Et avoir au pouvoir un hérétique n'est pas une bonne chose ; non pas qu'ils soient tous sanguinaires, foncièrement mauvais et crapuleux, mais ils se trompent dans leur foi, c'est une certitude et non pas un jugement, et on ne peut pas prendre le risque qu'ils induisent en erreur les autres habitants de la cité. Ainsi, laisser l'ignorance et le doute se propager dans les âmes, c'est Lui manquer, à lui et à Ses créations ; c'est accepter le risque de transformer le Royaume de France en Oanylone, et ainsi les gens naïfs qui se seront faits dupés par l'erreur instillée par le Sans Nom et les croyances fausses se verront punis pour ne pas l'avoir Aimer, lui et sa représentante, la Sainte Église.


Combien lui avaient déjà dit qu'elle était trop têtue? Elle ne les comptait même plus. Aussi se faire traiter de mule ne l'étonna pas outre mesure. Elle pourrait presque s'en vanter! Au moins était-elle difficile à convaincre. C'était pratique... Parfois... Et elle eu même du mal à dissimuler un sourire en coin, un tantinet fière d'elle à l'idée de le faire tourner chèvre. C'était tout de même peu en comparaison de ce qu'il lui faisait subir. Une petite compensation... Une chose malheureuse, elle ne trouva rien à redire, ou presque à la diatribe que le Père Scopolie lui sortit. Sans compter qu'elle avait du mal à penser que des innocents payent pour une choses qu'ils n'auraient pas commises... Pas pour rien qu'elle subissait le prélat, elle le savait donc mieux que quiconque.

Il n'a rien dit, il n'a fait aucune allusion quant à sa foi... Pourquoi les gens se tromperaient? Il ne semble pas prêcheur...


Je réponds sèchement, agacé :

Il n'a fait aucune allusion ? Et le fait qu'il encourage Craon "Libre", sous-entendant que Rome est tyrannique ? C'est une idée d'hérétique, ça. Là où il est malin, dans le sens de mauvais, c'est qu'il vous fait croire qu'il ne met pas sa foi en jeu, alors qu'il y dissémine ses idées malsaines.

Croisant les bras contre elle, la noiraude ne put retenir un rire jaune. Décidément c'était plus fort qu'elle...

Vous arrivez dans un village et vous l'appropriez sans attendre, sans même une concertation avec ses habitants, sans même les connaitre, vous le surnommez Craon la religieuse, sans même penser un seul instant à tous ceux qui y habitent depuis longtemps, ceux qui y sont nés... Il n'a sans doute fait que répondre à votre allusion à vous.. Je ne veux pas aller contre les lois du Duché. Je ne suis pas une brigande...


Mes longs doigts squelettiques se resserrent en un poing maigre, prêt à frapper. C'est le rire qui réveille Leviathan.

Craon est un trou dont les rats mangent les rares provisions, une cité abandonnée, vendue à des brigands par son duché ; une troupe de saltimbanques seraient assez nombreux pour tout piller sans être inquiétés du peu d'habitants. C'est Craon la Miséreuse ; et la spiritualité est la seule chose qui lui reste. Les villageois feraient mieux de me remercier de sauver leurs âmes, à défaut de pouvoir sauver leurs corps décrépis ! Et toi, puisque tu encourages la perte de l’humanité par ta passivité, tu pourriras sur la Lune en entendant les pleurs stridents de ta bâtarde qui se fera mille fois violée par chaque démon, misérable esclave de la luxure qui lui a donné vie !

Touchée... Une chape de plomb semblait lui être tombée sur les épaules alors qu'il finissait sa phrase. La mine sombre, une longue hésitation...

Si je vous aide, ce ne sera pas le cas... N'est-ce pas?


J'hésite à lui répondre. Que le renversement de situation est savoureux lorsqu'on a trouvé sur quelle corde tirer. Je pourrais lui faire abandonner tout espoir, la faire pleurer à s'en dessécher, mais elle ne serait plus en mesure de m'aider.

Si tu m'aides, Il ne pourra t'en vouloir que pour ta trop longue hésitation et tes paroles, mais pas pour tes actes. Des actes qui n'ont rien de glorieux puisque je suis obligé de te rappeler le sort qui attend ta fille pour que tu agisses en Sa faveur... Mais c'est toujours mieux que rien...

Sorianne fit une grimace en baissant le nez avant de soupirer doucement et de relever le museau tout en revenant sur ses pas.

Je ne connais que ma nièce. Ne m'en demandez pas plus... Quant au Duc il serait stupide de croire qu'il va se lier rapidement avec une inconnue.


Le vent tourne, c'est une bouffée d'oxygène qui me laisse de nouveau respirer comme il faut.

Tu es de mauvaise volonté et en plus tu es intéressée uniquement par le sort de ta fille... Continue comme ça et il va te falloir beaucoup d'années de service pour sauver l'âme de ta bâtarde... Mais passons. Quel genre de personne est ta nièce ? Et si le Duc te prend à son service, c'est qu'il est déjà lié à toi : c'est sûrement ta naïveté qui l'a charmé. Alors continue d'entrer dans ses bonnes grâces, car même si nous serons récompensés de nos actions après notre mort, je tiens à garder ma tête sur mes épaules encore un peu dans le monde terrestre.

Les joues roues à ce qu'il dit, il touchait juste et cela l'énervait au possible sans pour autant qu'elle puisse y faire grand chose. Le regard fut détourné et une moue boudeuse fit son apparition sur le visage de la brune. Beaucoup d'années... Elle avait l'impression d'en avoir vécu un tas...

Une brigande... Je ne sais pas beaucoup plus, je ne me mêle pas de ce qu'elle fait. Ça ne me regarde pas. Chacun vit sa vie comme il l'entend...

Elle releva le nez pour l'observer en coin.

Et vous me demandez de le manipuler pour vous... Je ne suis pas une hypocrite, je n'ai aucun intérêt à ça, en quoi ça pourrait aider l'âme de ma Fille?

Vous avez peur pour votre tête... Vous savez que vous faites mal....


Si elle avait des aiguilles dans sa bouche, je la verrai me les planter dans le corps. Toujours à chercher le point faible de mon argumentation celle-là.

Écris lui, et donne lui rendez-vous à Angers. Je, et tu m'accompagneras, irons pour commercer un peu, puisqu'on ne peut pas compter sur l'actuelle mairie de Craon pour faire prospérer le marché. J'aviserai alors avec ta nièce.

Quant au Duc, s'il était bon aristotélicien, je n'aurais pas besoin de le manipuler. Mais puisqu'il n'a pas l'air de l'être, il est nécessaire, pour sauvegarder nos vies dans ce monde, de l'avoir de notre côté. Cela ne sauvera pas l'âme de ta fille, mais cela l'empêchera de devenir orpheline.

Maintenant, concernant la notion de Mal, sache que les lois humaines ne reflètent en rien le Bien qu'inspire le Très-Haut ; car si c'était le cas, ces lois humaines ne seraient pas à l'origine des guerres sanguinaires qui ravagent les peuples.

Et ma tête, je n'y tiens pas particulièrement puisque je peux mourir l'âme tranquille, mais j'ai encore beaucoup de choses à faire dans ce monde, donc je vais essayer de la faire durer un peu.


Que répondre... A court d'argumentation, la noiraude se laissa retomber sur le lit qu'elle occupait. Elle n'avait jamais été très forte en ce qui concernait les échanges trop virulent, n'ayant pas vraiment de répondant à la hauteur de ce qu'elle aurait pourtant aimé avoir... Réajustant une mèche tombée devant son visage, la jeune femme fit signe que c'était bon... Elle se plierait à sa volonté même si ce n'était nullement ce qu'elle souhaitait. Une pensée pour le bourgmestre en place et qui lui semblait pourtant sympathique, désolée pour lui et son devenir... So se pencha pour attraper ce qu'il lui fallait... Et le courrier fut rédigé, bref, sobre...

Satisfait, je relâchai enfin le drap suspendu en travers de la pièce, passant derrière pour m’accroupir près de ma malle et en sortir une cassette pleine de pièces d'or. Un véritable trésor, volé à un brigand de petite envergure, qui me servirait à financer la prise de pouvoir.

Plus tard dans la journée, j'aperçus un homme aux couleurs du duché qui montait la garde devant la mairie. Un groupe de maréchaux composé d'un seul homme. Me grattant la barbe, j’espérais que ce n'était qu'une coïncidence.

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Adelinda
Saumur

Lasse de tout.
Plus envie de rien.
Se laisser porter par l'ennui, se laisser prendre dans ses bras, fermer les yeux, plonger...

Les jours passent et se ressemblent. Elle pensait qu'en venant ici, les choses changeraient, mais il n'en est rien. Les jours passent et son ventre s'arrondit, voilà la seule chose qui change.

Allongée sur le lit, dans la chambre qu'elle a loué à l'auberge du coin, la brune attend que le temps passe. Les yeux fermés, une main posée sur son front, l'autre sur le matelas. Elle a tout perdu, elle n'est plus rien. Plus qu'une coquille vide, qui n'a même plus envie de rien. Faudrait qu'elle se reprenne bon sang! Elle est bien consciente que les choses ne vont pas changer si elle continue de rester dans sa bulle. Pourtant...

Et un matin, un pli va peut-être l'aider à retrouver un semblant de vie. Pas la lettre de Chantylly qui lui annonce qu'elle est arrivée, la brune commence à se douter que la rousse lui a fait faux bond. Mais un message de sa tante. Court, mais explicite.




Adye,

Pardon de t'avoir laissée sans nouvelles à Saumur.
Peux-tu me rejoindre à Angers? J'ai besoin de toi....

So.


Les sourcils se froncent. Ah bah si même sa tante la laisse en plan... Besoin d'elle... dans quoi elle est allée se fourrer encore?
Le pli toujours en main, la voleuse tourne le regard vers la fenêtre, regarde la vie saumuroise qui se déroule au-delà de la vitre. Bah, ici ou ailleurs... Le mot est chiffonné et jeté dans la cheminée, et les affaires sont vite regroupées. Pourtant elle n'est pas vraiment du genre à accourir quand on le lui demande. Mais elle en a assez de cette vie morne. Et si sa tante lui donne l'occasion de retrouver un peu du poil de la bête, pourquoi ne pas la saisir?

Et quelques heures plus tard, Saumur est dans son dos. Pendant le trajet, la brune se demande ce que sa tante a encore trouvé comme ennuis. Elle est très douée pour se mettre dans des situations pas possibles...
Angers est rejoint rapidement, ce village étant à une seule journée de marche de Saumur. Aucune lettre de bienvenue, voilà qui n'est pas pour déplaire à la brune. Elle n'a jamais aimé la paperasse.
Et pour une fois depuis bien longtemps, elle trouve l'auberge avant même de devoir demander aux habitants du coin où elle se trouve.
Besace posée sur le sol alors que la voleuse a pris une table, et matériel d'écriture devant elle. Rapidement un mot est griffonné sur la feuille de parchemin.




Je suis à Angers, à l'auberge. Je t'y attends.


La tante sait qu'Adye déteste l'écriture. Le piaf qui appartenait à So lui est renvoyé. Plus qu'à attendre maintenant.
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Scopolie
[Angers - Entre deux affaires]

Du pain, du poisson et de la viande contre du blé, du maïs et de la farine. Les écus changeaient de main en main ; maigres ou potelées, sèches ou grasses, crevassées ou douces. Du paysan à moi, de moi à l'artisan. Puisque les craonnais n'avait pas cru bon de m'élire bourgmestre, j’œuvrerai à mon propre compte -bien plus crédité que celui de la mairie- en commerçant avec les villages environnants par mes propres moyens ; ainsi, ils verront que je suis bien plus capable que d'autres de gérer une ville, et de la conquérir aussi. C'est ce dernier point qui m'amenait en partie à Angers.

Ma fille, rappelle moi le lien que de parenté que tu as avec cette brigande... Cousine ? Tante ? Belle-sœur ? Les gens de basse-condition sont tellement consanguins que je me perds dans leurs arbres généalogiques... Il n'est pas rare qu'une sœur se fasse engrosser par ses frères, crois-en mon expérience de confesseur.

Une marche tranquille dans les rues d'Angers. Sorianne me suit, silencieuse. Elle écoute ce que je raconte, à moins qu'elle ne soit trop concentrée à retenir ses sarcasmes. Je suis de bonne humeur, pour une fois, mais une gifle est vite partie. Elle a fait le plus gros effort en acceptant de m'aider dans cette périlleuse aventure, ce serait dommage de tout gâcher parce qu'elle ne supporte pas la cruelle vérité sur notre monde.

Elle a écrit qu'elle nous attendait à l'auberge, mais laquelle ? L'intelligence est de famille, hein... Entre les tavernes miteuses et les hôtels de luxure, il y a beaucoup de possibilités, quoi que je pencherais pour les premiers si vos goûts sont aussi héréditaires.

Je n'ai pas besoin de me retourner vers elle pour sentir son visage prendre des couleurs vives et ses yeux me poignarder dans le dos. Un coupe-jarret serait moins sanguinaire. Je finis par m'arrêter subitement avant de lever la large manche de ma bure pour désigner un relais pour voyageurs.

Commençons par ici. Passe devant, tu me diras si tu la reconnais dans l'assistance.
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Sorianne
Le départ ne tarda pas. Heureusement Angers n'était pas bien loin, ils y seraient rapidement. Pendant qu'il vaquait à ses marchandages, la noiraude se faisait plaisir à faire un peu le marché. Elle avait même repéré l'échelle qui lui faisait défaut dans ce village à verger où ils étaient amenés à vivre. Un village fruitier sans échelles... Le drame...

Puis vint le moment d'aller retrouver Adye. A l'auberge... Elle essaya de rester calme tandis qu'il lui lançait les habituels piques auxquels elle avait prit parti de ne pas répondre. Mieux valait cela que de se voir punie pour avoir osé la ramener. Mais si elle ne disait rien, elle n'en pensait pas moins. Et ce n'était plus des poignards qu'elle pouvait lui lancer du regard, mais bel et bien des épées... Et des espadons hein... C'était plus grand, plus lourd, plus imposant et sans doutes plus facile à la découpe qu'une simple bâtarde.


Mieux vaut des tavernes miteuses que des bordels. Et si j'étais vous j'éviterai ce genre de remarques avec elle, ma nièce est... Susceptible... Et armée...

Et ce n'était pas peu dire.

Quant à mes frères, il y a bien vingt ans que je ne les ai pas vu. Autant dire qu'il n'y a aucun risque n'est-ce pas?

La mine sombre, la noiraude passa devant et entra dans l'établissement. Il était logique de ne pas trouver Adye au milieu de catins, elle ne pouvait être qu'ici... Un léger salut à l'aubergiste lorsqu'ils entrèrent, et la jeune femme chercha sa nièce du regard. Fille de Kabotine et Gmat... Si le prélat savait, nul doute qu'il reverrait ses dires...

La tignasse sombre d'une femme proche de la fenêtre lui attira l'oeil et la So se rendit auprès d'elle avec un petit sourire. Une légère pause dans son quotidien.


Adye?

So se planta devant elle, s'asseyant à la table. Merci... Pour ce qu'elle lui avait dit dans le courrier mais qu'elle eut envie de lui redire. Un geste de la main, la noiraude désigna le curé sans pour autant le regarder.

Je te présente le Père Scopolie... Il a une demande à te faire...

Demande qu'elle, elle regrettait déjà...
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♥♥♥ Crokiiiiie
Adelinda
Pas longtemps que l'oiseau a été renvoyé dans les airs, à sa patte le mot indiquant où la retrouver, que l'aubergiste vient prendre commande. Brunette qui lève les yeux, réfléchit une seconde, et répond d'une voix sans timbre : un verre de prune.
Puis une fois de nouveau seule avec elle-même, elle tourne le visage vers la fenêtre près de laquelle elle s'est installée, indifférente à ce qui se passe non loin d'elle.
Pendant quelques secondes elle observe à travers la vitre trois enfants jouer, trois jeunes garçons s'amusant à embêter une petite fille en se passant à tour de rôle une poupée en chiffon volée très certainement quelques instants plus tôt à la gamine, qui hurle en pleurant pour la récupérer.

Le temps passe lentement, mais la brune ne s'en rend même pas compte, perdue dans ses pensées. Pendant une seconde elle se demande si So a bien reçu son message. Au pire elle prendra une chambre à l'étage et attendra sa tante, après avoir demandé à l'aubergiste de prévenir la jeune femme qu'elle l'attend, donnant une description physique de la tante. Après tout, pas difficile de reconnaître la Sorianne, sa démarche de canard boiteux ne passe pas toujours inaperçu.

Mais en fait, pas besoin de monter. Interrompue dans sa rêverie par son nom prononcé par une voix connue, la voleuse sursaute légèrement et tourne le minois, pour voir que le mot est bien arrivé à destination. D'une main elle lui indique le siège en face d'elle, après un bref salut de la tête. Du coin de l'œil elle observe l'homme qui accompagne sa tante, curieuse de savoir qui il est. Puis un léger grognement répond au remerciement de la jeune femme, et Adye tourne enfin le regard pour regarder cette fois de la tête aux pieds le compagnon de Sorianne.


Plutôt que d'rester debout comme un couillon, asseyez-vous.

Les azurs de la voleuse se reposent ensuite sur la tante, une lueur d'étonnement au fond des prunelles.

Qu'est-ce tu fous avec un curé? Et c'quoi cette demande?

Le regard glisse alors de l'un à l'autre. Donc c'est cet homme qui aurait en fait besoin d'elle... Sorianne vient de marquer un point dans l'esprit de la jeune fille : elle a réussi à l'intriguer.
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Scopolie
Pour une fois, des deux, c'est moi qui suis. Sa démarche boiteuse n'est pas belle à voir, heureusement que sa croupe rajoute un peu de beauté au tableau qui m'est offert. Le pas s'accélère lorsqu'elle semble avoir reconnu sa nièce. Je mets un peu de distance entre nous pour avoir une vue d'ensemble : la brune solitaire, les ivrognes qui lui jettent des œillades, les autres gens attablés. Rien ne laisse présager un piège ; sait-on jamais que Sorianne ait décidé de se débarrasser de moi avant que je ne me débarrasse d'elle. Du bout de ma crosse, j'envoie valser une chope qui gisait au sol avant de m'avancer à la tablée. Le ton est de suite mis.

Je restais debout comme un prêtre qui attendait qu'on le salue dignement, mais j'oubliais à qui vous étiez apparenté.

Mon regard ne s'attarde pas sur son visage. Elle est belle mais dangereuse. La mise en garde de la brunette me revient, je vais éviter de lui taper dans les bottes avec ma crosse avant de m'asseoir en face d'elle. Les larges manches de ma bure repliées sur mon torse, j'attends que les retrouvailles se fassent avant de parler affaire. Ils ont un étrange sens de l’accueil familial, à moins que ce ne soit eux qui soient étranges. Très vite, on entre dans le vif du sujet. C'est à mon tour de jouer, d'être convaincant.

Appelez moi Père Scopolie.

Père Scopolie de Carniole, de la famille Saint-Just, ce qui fait de moi le cousin du Roi Eusaias. Mais ça, elle s'en fout sûrement, alors je ne perdrai pas mon temps avec les usages. Le menton relevé, je l'observe droit dans les yeux.

Quatre-vingt écus. Payables en deux fois : avant et après le coup.

Le prix est fixé. Non négociable, mais si c'est de famille, elle va chercher à négocier. Et si je refuse sa négociation, elle se lèvera de table en disant adieu. Elle sait que j'ai besoin d'elle, c'est là que repose tout l'avantage qu'elle a sur moi. Le reste des informations est donné à voix basse, loin des oreilles indiscrètes des soudards qui n'en sont pas.


Le travail est simple. Prendre la mairie d'un village dépeuplé. Il n'y a que peu de défenses, peu de risques aussi : c'est un bout de terre qui semble n'être qu'un poids inutile pour le duché. Une fois votre mission accomplie, vous n'aurez qu'à partir, je me débrouillerai pour le reste. Si vous avez un comparse ou deux à me proposer, allez-y.

Elle n'a pas besoin de trop en savoir. Et pourtant, je sens bien qu'elle va demander des détails qui ne la regardent en rien : pourquoi, par exemple. Avec le caractère de sa tante allié à un athéisme flagrant et l'insolente jeunesse, c'est pas gagné.
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Adelinda
Les azurs scrutent le bonhomme, de la bure jusqu'au visage sans sourire. Il ne doit pas être du genre à rire souvent. Ses yeux, on dirait deux billes dont la froideur ferait frémir les plus sensibles. Il ne lui inspire pas confiance, voilà ce que son instinct lui dicte.
Et la curiosité double d'intensité. Que fait donc Sorianne avec un type pareil? Aurait-elle des ennuis? Faudrait qu'elle la voit, seule... à seule.

Le ton est vite donné, une somme proposée. La voleuse hausse un sourcil, attendant de connaître la suite. Le buste se penche légèrement, histoire de ne rien perdre de ce qui suit. La voix baisse d'un ton, le secret est de rigueur.
Une prise de mairie. Donc ce curé ferait dans la vilénie. Que peut donc bien vouloir cet homme de dieu d'une mairie appartenant à une bourgade si petite, serait-elle riche malgré le peu d'habitants qui la ferait vivre?

Enfin la... mission n'est pas des plus compliquée. La brune garde le silence quelques secondes, comme si elle réfléchissait. Puis du même ton pris par le prêtre :


Deux cents écus. Payables en deux fois.

Deviendrait-elle gourmande? Non pas, mais elle connaît l'art des négociations. Toujours demander plus que ce qu'on veut réellement avoir. Après tout, il a besoin d'elle, non?

Je peux essayer de trouver du monde, mais faudra attendre quelques jours, le temps qu'ils viennent. Cette mairie, il vous la faut pour quand?


Déjà dans sa p'tite caboche elle réfléchit à qui elle pourrait faire appel.
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Scopolie
On est un voleur ou on ne l'est pas. Lorsqu'on traite avec ces gens là pour qu'ils volent pour nous, il faut s'attendre à ce qu'ils essaient de nous voler au passage. J'observe longuement la voleuse. Si j'avais d'avantage de relations, d'avantage de fidèles, je pourrais me passer de ses services ou au moins avoir une plus grande marge de négociation. Mais là, elle passe du simple à plus du double sans hésiter. Machinalement, je racle du bout des ongles le bois de ma crosse. Mon regard ne quitte pas le sien. L'un essaie d'arnaquer l'autre, à moins que ce ne soit nous deux en même temps. Finalement, le verdict tombe.

Cent-vingt écus pour chaque participant. Un bonus de trente écus pour vous si vous me ramenez du monde. Je suis curé de campagne, pas Chancelier de Rome. Je n'ai pas des moyens faramineux.

Mensonge. J'ai encore assez d'argent pour me prévoir quelques vieux jours, à moins que je ne dépense tout dans de folles aventures comme celle-là.

Il me faudrait la mairie le plus vite possible : chaque jour qui passe est un blasphème à Son nom. Dans les sept prochains jours, ce serait possible ?
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