Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Des jours Avec et des jours Sang

Anaon
    La Peur. Depuis combien de temps n'avait-elle pas ressentit la Peur? La véritable, la viscérale, celle qui vous agrippe les tripailles, qui vous font osciller entre coup de sang et terreur primaire. Ca vous dope et çà vous tétanise. C'est l'ivresse de l'adrénaline. La peur, elle l'avait au cœur et à l'âme.

    Ils n'avaient rien vu venir. Ils avaient voulut passer Loches et le calme du chemin avait cédé sa place au fracas des armes. Si soudain. Cohue d'hémoglobine, ballais de coup et de cris. Ils n'ont rien compris. L'instinct a tout juste eu le temps de se mettre en place. La fuite. Ne pas chercher à comprendre, une partie du groupe avait fuit et sauvé sa peau au plus loin. Et pour leurs plus grand dam, au lendemain il avait voulut faire demi-tour pour retrouver les autres. Les armées Tourangelles avaient sévit encore... et cette fois elle fut seule.

    Seule. Beste traquée qui s'est réfugié sous le couvert des arbres. Pas de blessure, juste un entaille béante au cœur qui lui a fait l'angoisse sévère. Seule. Allongée sur un suaire de mousse sauvage, un buisson épineux pour lui faire une couronne. Elle est restée pétrifiée, là, pendant deux jours, la tête de son cheval couché sévèrement serrée par l'étau de ses bras tout contre sa poitrine, la voute sylvestre pour seule horizon. C'est ainsi qu'elle va finir? C'est comme çà qu'elle va mourir la mercenaire? Là, au sein de la Touraine, le couvert de la foret pour lui faire un sépulcre? Elle a fermé les yeux. Elle a frémit en entendant les mouvements des armées et le claquement des bottes ferrées marteler le chemin encore trop près pour ses nerf. Elle avait voulut fuir bien plus loin, mais elle n'avait put et elle n'avait osé se redresser de peur de voir le carreaux d'une arbalète trouver refuge dans le cœur de sa tête.

    Ce fut l'attente. L'insupportable. L'attente de l'inévitable, comme l'accalmie qui précède la bataille. Elle avait la corde au cou, elle attendait seulement que le sol se dérobe sous ses pieds. Guetter l'instant d'une maigre chance, un moment de latence dans le rang des armées. Il a fallut deux jours. Deux jours pour que la faim et la soif tenaillent. Les muscles s'ankylosaient, le cheval devenait fou de l'immobilité imposée. Alors elle décida que se fut le bon moment. A la faveur de la nuit, la délaissée quitta la tombe qu'elle avait creusé de son poids. Et elle passa... Sous le regard des armées elle se fit invisible. Et elle passa... Délaissant Chinon derrière elle, elle n'attendit pas pour se remettre en selle en emprunter la route qui menait à Saumur à brides abattue.

    Ils galopèrent comme jamais ils ne le firent, comme si la Camarde elle-même était sur leurs arrières. C'est quand le poil doré se couvrit d'écume, quand le souffle heurté de la monture flirta avec l'arrêt cardiaque que la balafrée décida de la pause. Un instant de repos qui ne le fut pas tant. Tapis dans les fourrés, un homme avait voulut se le jouer fine. Une femme et une monture seule, éreintées et laminées. Il crut que la chance lui faisait de l'œil. Mais le malheureux n'avait choisit ni son jour, ni son heure. Et encore moins sa victime. Pour sûr, le malandrin se souviendra longtemps de ce visage à la balafre. Le brigand a lancé la première offensive et Anaon la dernière riposte. La mercenaire ne fit pas dans la dentelle. L'homme devint le réceptacle de toute la frustration accumulée, de tous les tourments qui la tenaillaient. Elle frappa, encore et encore, jusqu'à ce qu'elle entende les os se briser sous ses mains, jusqu'à ce que les injures du misérable deviennent gazouillis infâmes. Son exutoire. C'est la violence qui lui suinta par tous les pores, brutale et sauvage. Et la balafrée abandonna son défouloir sur le bord du chemin. Elle reprit les rênes, les mains entachées de carmins.

    Et bientôt se fut Saumur. Se fut le soulagement. Les portes qui sont franchies, la cavalcade qui prend fin et le pied qui retrouve enfin la terre-ferme. Elle était arrivée. Elle avait échappée aux armées, aux brigands et elle était là, derrière les remparts de Saumur dans la sécurité de ses murs. Territoire connu, tant de fois visité et apprécié. Et l'adrénaline fout le camp, il n'y en a plus besoin, le chaos est loin derrière elle. Mais la dope qui part la laisse exsangue. Instant de néant. Puis ce poids qui vient lui enserrer la poitrine. Elle fut comme prise de vertige.

    Le regard se voila, la peur refit surface. Ils auraient dû être sept à franchir ses portes. Ils auraient dû être avec elle. Mais elle est seule. Seule... Tout le poids de ce mot s'abattit soudainement sur ses épaules. Tout les supposés de son sens. Seule. Jamais la balafrée ne s'était sentit aussi pommée et aussi démunie. Les autres sont quelque part, loin. Entre vie et mort peut être, entre deux corps d'une fosse commune, sait-on.... Nyam n'est pas là. Judas n'est pas là. Elle est seule. La terreur d'un deuil pour seule amante. La terrible absence pour seule compagne. L'incertitude pour Camarde.

    Ils ne sont pas là....

    C'est l'invective d'un charretier qui tira la mercenaire de son macabre mutisme. Et l'esprit ébranlé mit le corps en branle, dégageant la route qu'elle bloquait de sa présence. Le pas lourd se traina à l'aveuglette des ruelles avant de s'échouer sur le sol d'une taverne.

    Taverne dans laquelle l'espoir naquit bien des jours plus tard.

_________________

Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - [Clik]
Rosalinde
A Bourges était la Rousse, en un seul morceau par la grâce de Dieu. Le destin, qui semblait jouer en la faveur de Rosalinde, avait décidé de la faire quitter la Bourgogne quelques jours après le groupe de Judas et de ses femmes. Elle n'avait certes pas échappé aux tire-laine, mais les armées tourangelles lui avaient été épargnées. Pour peu, elle serait entrée dans une église dire une action de grâce. Quoique, peut-être pas.

A Bourges donc, là où elle avait retrouvé la cohorte de Petit Bolchen, sauf une. Pas de chance, il semblait qu'elle était la favorite, et si le von Frayner avait su renifler des pistes, Rose ne doutait guère qu'il se serait élancé la truffe au vent pour retrouver l'Anaon. Impossible qu'il affectionnât autant toutes les femelles qui se trouvaient à son service, après tout, plusieurs d'entre elles étaient des esclaves.

Un esclave, voilà qui la faisait rêver. Un être de sang et de chair qui accomplirait pour elle toutes les basses besognes, et sur qui elle pourrait passer ses humeurs, sans risque qu'il décide d'aller voir ailleurs si l'herbe n'était pas plus verte. Mais il lui semblait être condamnée à vivre une existence solitaire, se plaçant au service des autres pour survivre. Là était tout le futur que pouvait espérer une femme d'intrigues.

Pour en revenir à la Bretonne, comme il avait été incapable de la trouver lui-même, c'est elle, Rosalinde, qui avait été chargée des recherches, ce qui ne l'enthousiasmait guère. Il faut dire qu'elle ne savait trop comment s'y prendre. Ayant été menée sur une fausse piste par un imbécile de Berrichon, elle rentrait bredouille et craignait de devoir l'annoncer à son employeur, qui bien sûr ne serait pas de joie.

Sa bonne fortune lui sourit pourtant une nouvelle fois, alors qu'elle se dirigeait vers le couvent des bénédictins, la mort dans l'âme, pour lui annoncer qu'elle avait été induite en erreur, quand une gamine sortit en trombe du pigeonnier, et la bouscula.


- Regarde donc où tu mets les pieds, nigaude !

Alors qu'elle invectivait la fillette, son oeil avisé fut attiré par la lettre qu'elle tenait entre les doigts de sa main gauche. Pour sûr, elle y distinguait lisiblement le nom du von Frayner. Ni une ni deux, voilà qu'elle lui arrache la missive des mains.

Citation:
"A celui ou celle qui trouva Judas Von Frayner: récompense lui sera remise "


Elle avait donc vu juste. Restait à savoir qui était l'expéditeur. Et expédier le marmot gémissant.

- Déguerpis où je te coupe la langue.

La chose fut faite promptement.

Retour à l'auberge. Il s'agissait de décacheter la lettre qui, par bonheur, n'était pas scellée. La flamme d'une bougie servirait donc à remettre les choses en leur état initial et tout serait pour le mieux.

La lettre fut lue. Elle exultait, ses recherches n'avaient finalement pas été vaines ! A présent, elle était la seule chose qui permettrait à Judas de savoir où se trouvait sa Bretonne (la brune, du moins), cela l'emplissait de joie, elle n'avait pas failli.

Prenant sa plume, elle traça ces quelques lignes :


Citation:
Anaon,

Vos mots parviendront à Judas, soyez sans crainte.
Les femmes ont été blessées, mais vivent encore. Certaines en garderont des séquelles à vie.
Quant à la récompense, de votre part je ne demanderai que de l'amitié.

Promptement,

Rosalinde,
Œil de Petit Bolchen.


La messe était dite. Les présentations faites. Et Anaon saurait que son courrier avait été ouvert. Peu importait à la Rousse, qui ne désirait rien que de gagner la confiance des autres femmes. Se présenter comme la messagère providentielle lui en semblait encore le meilleur moyen.

Détour par le pigeonnier, pour que la réponse reparte vers Saumur. Et cette fois, c'est d'un pas assuré qu'elle se dirige vers le couvent.

_________________
Judas
Mais au couvent, le zig avait pris la poudre d'escampette. Sans trainer, il avait retrouvé Petit Bolchen, laissant à Suzanne quelques vagues explications et au fil des jours de rares nouvelles. La cérémonie de remise de fief avait eut lieu, et c'est accompagné de Moran qu'il avait eu la mauvaise surprise de se voir octroyer Courceriers à la condition unique et expresse de faire bonnes épousailles dans les plus bref délais. L'effet de choc ayant passé, et Judas ayant gardé le lit quelques jours après cette annonce qui tenait du chantage de bonne femme - de suzeraine quoi - , la plume fut reprise pour répondre aux nouvelles de Suzanne qui ne s'annonçaient pas meilleures. L'Azrael mourrait, l'Iris perdait la vue, et le temps semblait s'être figé au dessus de Bourges. Quand à l'Anaon, point de nouvelles, si ce n'est une mystérieuse déclaration couchée soigneusement sur vélin par Suzanne.

Petit Bolchen donc. Judas, la tête bien pleine de tous ces sombres faits avait eut vent de l'arrivée en ville de l'armée frondeuse d'Eusaias, le Duc de Digoine. Espérant échapper au joug infernal de sa suzeraine et à ses projets de noces arrangées, l'idée de partir aux cotés du bastion du rapace avait fait son chemin, si bien qu'il se tenait fringuant dans la grand salle ce matin ci, prêt à rejoindre les rangs de celui qu'il avait toujours voulu comme Roy légitime. Dernières instructions à Moran avant le départ, ses yeux se perdirent par delà la porte déjà ouverte sur les flancs de sa monture qui l'attendait.


- Donc, d'ici vingtaine, tu retournes à Bourges récupérer les femmes... N'oublie pas de ramener toute la bibliothèque de Petit Bolchen à Suzanne. Si tu y vois Rosalinde, met-là au rapport... Et tiens, tu vas m'accompagner jusqu'au domaine du Blanc Combaz, tu y restera le temps de l'attente, et tu prendras congé le jour du départ.

Il espéra se sentir plus occupé et distrait aux cotés de l'Ibère, imaginant déjà partager quelques ribaudes en l'attente de la marche annoncée. Quelque part dans une chambrée là-haut, la soeur de Moran attendait, séquestrée, enlevée, qu'une bonne âme daigne bien lui rendre sa liberté. Mais du maistre ou du sénéchal, y-avait-il âme qui vale mieux que l'autre..? d'une voix monocorde, il termina d'un:

Quant à ta captive... Fais-moi plaisir... Ne la laisse pas saccager mon castel. Prend- là avec toi, ou laisse-là à Ayoub... J'ai dejà assez de soucis avec les femelles comme cela.


Judas cautionnait-il les actes de son sénéchal? Certainement. L'homme lui avait sauvé la vie, et la mise plus d'une fois aussi. Il méritait bien de perdre la raison sans être inquiété de temps à autre... Où quand les folie des hommes savent se protéger mutuellement.

_________________
Rosalinde
    Quand on parle du loup...


Râler et tempêter n'y avait rien changé, Judas n'était plus au Berry. Envolé, retourné en Bourgogne. Nevers, avait dit Suzanne ; elle en avait déduit Petit Bolchen.

Cette fois, plutôt que de devoir faire la route avec un abruti de paysan, la Rousse avait volé un cheval. Pas très fringant, certes, mais un cheval qui avançait quand elle le lui disait, et qui s'arrêtait conformément à ses ordres. Cela lui suffirait ; nécessité vous apprend à vous contenter de ce que vous avez.

Une fois encore - décidément ! - aucune résistance ne lui fut faite aux portes du domaine. Quelques chiens approchèrent et se mirent à aboyer, mais Rose était suffisamment bonne cavalière pour tenir sa monture, et celle-ci suffisamment usée pour ne plus avoir envie de ruer. Avançant donc tranquillement, elle laissa sa vieille carne à l'abandon dans la cour et s'infiltra par la porte laissée grande ouverte, après avoir pris quelques secondes pour remettre en place ses jupes (d'autant plus qu'elle avait monté comme un homme) et ses cheveux qui, pour son grand malheur, avaient frisé suite à la pluie berrichone, l'averse s'étant peu à peu calmée pour laisser place à un simple ciel gris, elle s'infiltra par la porte de la bâtisse, restée ouverte.

Droit dans son champ de vision, Judas, Moran en arrière-plan. Imitant l'expression des nobles parisiens :


- Le bon jour vous va...

Saisissant deux pans de sa robe encore détrempée, elle se fendit d'une gracieuse révérence, son amusement simplement trahi par un léger sourire en coin.

... Mon Seigneur.

Petite entorse au protocole, mais le rapprochement avec l'appellation d'un évêque la distrayait. A présent, lui expliquer le pourquoi de sa venue.

- Je suis porteuse d'une lettre d'Anaon.

Elle aurait aimé donner plus d'explications, mais un éternuement l'en empêcha. Elle s'en voulait, mais sans doute avait elle pris froid en route. Les chevilles à l'air, selon elle, y étaient pour beaucoup. Il allait vraiment falloir qu'elle investisse dans une nouvelle paire de bas.
_________________
Judas
Obstruant la vue du palefroi au dehors, la silhouette caractéristique de Rosalinde lui apparut, lui faisant légèrement redresser le buste. Judas debout appréhenda le but de cette apparition... Bien qu'il fut surpris de la voir à Petit Bolchen, elle qui devait être à Bourges. Il ne dit mot à ses fantaisies, le visage grave se tournant brièvement vers celui de Moran. Plissant les lèvres il fit signe au sénéchal de prendre congé et de les laisser seuls. Et lorsque ce fut fait, il resta a bonne distance de la rousse qui semblait avoir attrapé la mort. Il n'était pas question de partager ses miasmes... Et sans prendre de gants, comme il était toujours question avec son limier féminin, il toussota.

Bonjour Rosalinde, hé bien abrégez, ne faites pas durer ainsi l'intenable... Est-elle...

Non, il ne le dirait pas. L'idée lui donnait déjà des fourmis dans les jambes. Et puis si elle était - en sus de sa crève - porteuse d'une lettre de la Roide, c'est bien que celle-ci n'était point encore passée au trépas. Un geste pressant, un regard insistant.

Donnez-moi ça.


Sinon avez vous fait bon voyage? La route fut-elle agréable? Vous êtes en beauté ce jour! Non vraiment, Judas avait du mal à être agréable auprès de ses subordonnés... Et c'était souvent faute d'essayer, enfait. Une question lui brulait les lèvres tout de même.


Où est-elle?

Quelle était la contrée qui l'avait retenue tant de jours loin de lui?
_________________
Rosalinde
Qu'allait-elle faire ? S'amuser et le laisser s'impatienter encore plus, ou lui révéler où se trouvait sa bien-aimée ? Après tout, elle venait de se taper un long voyage, pour être accueillie avec si peu d'égards... Même si elle y était habituée à présent, il lui arrivait de regretter son enfance, alors qu'elle était maîtresse en son palais, ou presque.

Finalement, elle lâcha simplement :


- Saumur.

Puis, délicatement, sort la lettre de son enveloppe protectrice, son corsage. Elle l'avait rangée côté droit, évidemment, elle ne lui ferait pas l'affront de porter la lettre de sa maîtresse contre son cœur. Se hâtant enfin, afin d'éviter de se le faire arracher des mains, elle lui tendit le vélin encore chaud.

Citation:
"Judas,

J'en ai la main fébrile de savoir que tu puisse lire ces mots, mais j'espère qu'ils seront parvenus jusqu'à toi! Oh Judas, si c'est le cas que Lug soit loué! Je ne sais par où commencer, j'ai trop de chose à dire et à demander...

Je suis à Saumur, depuis bien des jours déjà. J'ai réussis à quitter la Touraine sans trop d'encombre et je suis arrivé à Saumur sans égratignure. Je n'ose y bouger depuis. Tout va bien pour moi, je deviens juste folle de n'avoir aucune de vos nouvelles, ou d'en avoir trop peu. J'ai rencontré la petite Monfort, la fille de Marie de Kermorial. C'est elle qui m'a confirmé que tu étais en vie et qui m'a dit que tu devais les voir. Je ne sais où tu te trouve, j'en ai déduis le Berry et j'espère bien que c'est là que tu te trouveras. Vas-tu regagner le Maine? La Bourgogne? Dis-moi où vous êtes et je vous rejoindrais au plus vite par d'autre chemin que celui de Touraine.

J'ai crus comprendre que tes blessures guérissent, mais donne-moi plus amples de tes nouvelles. Et qu'en est-t-il de Nyam? Qu'en est-il des autres?

J'attends ta réponse avec angoisse et impatience. Je t'en prie, rassure mes craintes. Rassure-moi vite...

Mes pensées vont à toi,
Ton Anaon.

Ps: comme tu l'as lu sur le pli j'ai promis quelque... chose, à celui qui te portera ce mot. Certain retourneraient ciel et mer pour quelque malheureux écus.... Je te laisse faire le nécessaire, je te le revaudrais en temps voulu. "


Sans faire de commentaire sur le style ou le contenu de la lettre, elle se contenta d'ajouter :

- Je me suis occupée de la gamine qui l'a trouvée.

Terminant sur une plainte :

- N'y a-t-il pas un feu quelque part, que je puisse m'y réchauffer et faire sécher mes frusques ?
_________________
Judas
Se saisissant de la lettre, il eut une pointe de crainte, là quelque part dans sa poitrine. Dès qu'il était question d'Anaon, Judas perdait tout le mordant de son caractère... Ou le contraire, selon la façon dont la Roide le prenait. Les yeux lurent avec attention, et au fil des mots les traits du satrape se détendirent jusqu'à laisser même un imperceptible sourire naitre sur le coin de sa bouche. La moue contrariée avait fuit, Rosalinde n'était plus à abattre. Judas eut l'impression d'un regain d'air, et l'idée que la bretonne soit envie à Saumur avait chassé les idées noires et les noces de son esprit.

Il releva le menton vers son limier mamelu, remarquant seulement sa tenue toujours aussi déplorable. La femme était mouillée, et sa remarque semblait pousser Judas a une réaction. Qu'il eut. Pourtant, il se garda de montrer ressentiment concernant les nouvelles qu'elle lui portait. Par fierté certainement. Le sujet Roide était clos, Judas n'était pas homme à s'épancher.


Monte prendre une chambre, je te fais allumer un feu. Pour ma part, je m'en vais soutenir la fronde et prendre les armes en l'armée du Digoine. Je délèguerais quelqu'un pour répondre à cette missive, ton travail s'achève ici.


Il décrocha l'aumonière de sa ceinture, et l'envoya à la rousse. Un peu longue, mais le travail mandé avait été fait et bien fait, elle méritait bien un salaire décent pour se couvrir le séant de quelque chose de plus présentable.


Voilà pour ta première oeuvre, j'espère que trois robes de chez Des Juli suffiront... Il y a de quoi peut-être aussi ajouter un tassel.

Une façon comme une autre de remercier, tout en exigeant que les décolletés de la rousse réduisent, comme une vraie dame. Merci, un des mots compliqués à servir pour le Von Frayner. Il chassa un chien et s'empressa de gagner sa chambre afin de trouver le nécessaire à écriture qui pourrait apaiser à son tour les craintes de son amante. A la hâte, il chassa de la paperasse d'un petit pupitre, celui-là même ou la Frêle s'échinait des heures aux leçons.


Citation:
Anaon,

Calme-toi ma mie, je suis envie, et les autres aussi. Du moins pour le moment... J'ai prié pour que Rosalinde m'apporte de tes nouvelles, et me voilà exaucé. Sache que je t'ai cherchée jusqu'au fond des geoles berrichonnes, heureusement sans succès. Je ne viendrai pas voir les Kermorial ni n'irait en Maine, l'accident ayant bien trop boulversé nos plans. Les filles sont trop éprouvées pour continuer tel voyage, et pour ma part je ne sais si l'envie y est toujours. Suzanne entretient correspondance régulière avec moi, elle m'a apprit que l'Azrael était mourante et que l'Iris semblait avoir perdu la vue. Les autres s'en remettent doucement, au couvent de Bourges. Lorsque je fut moi même en état de reprendre la route, je regagnai la Bourgogne et pour subir une épouvantable cérémonie de remise de fief. Mais je te conterai tous ces détails plus tard, lorsque je pourrais t'avoir de nouveau près de moi. Je vais soutenir le Digoine quelques jours, aussi ne te presse pas, et reviens à Petit Bolchen lorsque tu trouveras le moment propice.

Le très Haut te garde, reviens moi.

Post Scriptum: Il y a dans une chambrée du castel une femme folle à lier, c'est la pauvre soeur de Moran, garde toi d'ouvrir sa porte et ce même si elle te supplie! Nous décideront quoi en faire à mon retour des rangs...


De cette missive, il éluda sciemment le fond des choses. Le chantage que cachait la cérémonie avec sa suzeraine, son engagement auprès de l'armée pour aller peut-être se faire casser les deux jambes restées sauves lors du drame de Bourges tout en évitant quelques temps d'être disponible pour les épousailles arrangées, et enfin la réelle raison de la captivité de Shirine, la mystérieuse soeur de l'ibère qui était bien loin d'être folle... L'heure n'était pas à la complication des problèmes dejà en cours. La lettre fut remise à un cavalier, et Judas tenta de se concentrer de nouveau sur la chevauchée qui l'attendait, là juste au dessous des bannières du Digoine. Le Von Frayner n'avait jamais eut l'âme d'un guerrier ... C'est dire.

_________________
Anaon
    Saumur s'éveille doucement dans une aube nimbée de gris. La lumière opaline qui filtre des fenêtres n'est qu'une belle promesse de pluie. Dans la grand-salle de l'auberge, tout est calme... Quelques rares ouvriers sont venus prendre le remontant du matin avant de quitter les tables pour leur journée de labeurs. Le tenancier s'affaire calmement à recouvrir le sol de terre battue d'une paille fraiche, sans plus faire attention à la silhouette mutique qui se calfeutre dans son silence. L'œil est vague, le geste absent quand elle s'amuse à faire tourner sur la table le godet plein de liqueur. Elle avait réveillé ses papilles d'une infusion, mais la mauvaise manie l'avait fait commander un verre d'un breuvage un peu plus... stimulant. Pourtant les lèvres si promptes à s'enivrer boudaient l'alcool. Un fait rare chez la mercenaire.

    Les jours qui ont suivit l'envoi de son sos en capitale Berrichonne lui ont semblé être horriblement longs et plus encore que durant les jours qui se sont écoulé depuis l'incident en Touraine, l'Anaon avait l'impression de vivre en suspens. Ni au fond de l'abime, ni bien en surface, quelque part entre deux eaux qui la laissait nonchalante, presque léthargique.

    Sous le couvert de son corset, la balafrée conservait précieusement la missive envoyée par une certaine "Rosalinde", Oeil de Petit Bolchen. Elle avait sut apaiser un peu ses craintes premières, mais n'avait fait qu'exacerber son impatience de recevoir des mots écris de la main même de Judas.

    Les mots de la femme l'avait laissé un moment perplexe, sa toute dernière phrase notamment, quand elle disait ne vouloir d'elle que son amitié. Intrigante demande, banale sans doute pour d'autre, mais l'Anaon n'était plus du genre à attirer les sympathies depuis longtemps. Elle était pourtant bien curieuse de connaître cette femme particulière dont Judas s'est encore entourée.

    L'entrée timide d'un gamin en l'auberge tire brièvement la femme de ses pensées.

    _Une lettre pour Anaon.

    Œillade du tenancier puis regard qui se croisent. Et de reconnaître le gamin du pigeonnier qui s'approche d'elle pli en main. L'écu ne manque pas de trouver la chaleur de la paume enfantine qui se referme rapidement pour quitter la grand-salle sans demander son reste. La lettre est bien vite ouverte et les mots engloutie avec une avidité mal contrôlée et c'est un soupir profond qui vient clôturer la lecture salvatrice. Oui, elle avait eu l'assurance qu'il était en vie depuis bien des jours déjà, mais les mots couchés sur le vélins finisse de lui ôté toute l'angoisse qui pouvait encore la ronger.

    La chambrée est bien vite regagnée et les doigts viennent s'unir sur la plume qui sera leur seul lien.


    Citation:
      Judas,

      Je crois que tu n'imagine pas ce soulagement qui a été mien en lisant enfin tes mots. Me voilà enfin assurer que mes yeux et que les bouches ne m'avaient pas mentit.

      Je te jure que la prochaine fois qu'il te prend des envies de voyage JE choisirais l'itinéraire. Oh, pour sûr tu n'aimeras pas, mais tout autant dominant que tu sois je saurais calmer tes ardeurs et te la mettre en sourdine, mon très cher et tendre. Je préfèrerais cent fois t'étrangler de mes propres mains à trop t'entendre râler, que de te voir une nouvelle fois fauché par la bêtise des autres! Si tu avais périt, dieux que je t'aurais maudits! Et comme je me serais haïs de ne pas avoir sur veiller sur ta vie...

      Je vais dès lors m'évertuer à trouver un chemin pour rejoindre le Berry, autant dire que pour une fois je n'essayerais pas de faire au plus court, mais au plus sûr et si les autres sont en état, je regagnerais Petit Bolchen avec elles.

      Pour ce qui est de Digoine – pensée à la Griotte- j'ai entendu parlé comme tout le reste de la France, de l'animosité qui enhardit les partisans d'Eusaias. Je ne suis néanmoins pas plus au fait de ce qui se prépare réellement. S'il s'agit d'une véritable guerre et comme tu sembles vouloir en faire partit, je ne te dirais jamais trop d'être des plus prudents. Ça te fais une belle jambe, je sais! Paroles à jeter aux vents, je sais bien que la prudence ne fait pas tout dans une guerre... pour ne pas dire qu'elle ne sert à rien. Si tu viens à mourir, je te jure que je traverserais toutes les armées du monde pour venir te coller en personne la brassée du siècle avant que tu n'expulse ton ultime soupir...

      Je te pris de remercier ton "Oeil de Petit Bolchen" pour t'avoir porté mes mots. Je le ferais en personne quand j'aurais le plaisir de la rencontrer dans les... prochains jours?

      Je prierais Lug pour toi et je laisse ton Très Haut à sa place. Je doute qu'il me porte dans son cœur...

      Prends soin de toi.


    Ps: Je suivrais ton conseil... mais je tiens à dire que tu as tout de même le don pour t'entourer des pires énergumènes du Royaume de France.


    Ainsi se termine l'écrit jonché d'un romantisme des plus douteux. Plume a demie-légère, couchant à demi mot ce qu'elle exprime à sa manière... Oui, elle se rongera les sangs de le savoir sur un champ de bataille. La situation la laisse un moment pensive. Il y'a comme un goût de nostalgie. L'impression de redevenir une femme à la fenêtre. Le souffle suspendu au rare missive qu'elle recevra. Très mauvaise manie qu'elle a l'Anaon de toujours "se souvenir" et de brasser inlassablement un passé qu'elle voudrait garder bien scellé dans les coffres de sa mémoire... mais "oublier" la balafrée ne sait pas faire. Après tout, l'avenir est un long passé....

_________________

Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - [Clik]



Judas
Citation:
Ma Roide,

De bouches menteuses et de complots tu conviendras qu'il ne manque pour faire tourner un royaume... Mais l'Oeil de Petit Bolchen semble taillée d'un autre roc. Rosalinde héberge encore je n'en doute d'innombrables arcanes, et même si je daignais les percer, je doute n'en connaitre plus que ce qu'elle voudrait bien m'y laisser voir. Laissons lui le temps de faire son nid... Parfois l'on aime la compagnie des vipères, lorsque les rats pullulent de trop. Mais trève de rousse idée, voilà qu'elle va avoir les oreilles qui persifflent.

J'aime ta touchante affection, surtout lorsque tu décline toutes les douces attentions qui me guettent. Permet-moi tout de même d'émettre un bémol concernant le rôle de protection que tu t'octroies... Je ne te permettrais jamais de croire que tu puisse veiller sur ma vie, ce n'est pas le rôle d'une femme, bien moins celui d'une amante. Et ne te courrouces pas, je te préfère caressante, veille déjà sur la tienne et les veaux seront bien gardés.

Mais je vois déjà tes yeux s'assombrir, j'imagine tes lèvres tiquer. Alors je nous en remet à de plus tendres démonstrations. J'imagine que tu garde pour toi toute l'impatience que tu as à retrouver l'esclave qui te fit quitter ton absence pour revenir à Petit Bolchen... Sache qu'elle se porte bien mieux que les autres, je crois que sans être à l'épreuve des flèches, sa vivacité et sa résistance à la douleur n'est plus à démontrer...

Des projets du Blanc Combaz, que dire. La vérité triomphe toujours... Le temps est un insatiable bavard. Je suis depuis quelques jours auprès de lui et des têtes qui l'ont rejoint, nos soirées en taverne semblent battre pour la même cause... Et ce malgré l'hétéroclite du rassemblement. Un Maleus, un Dante, un Volkmar, un Arnuulf... Et bien d'autres. Guerroyer. Allons ma mie, tu sais mieux que moi à quoi ces mains sont bonnes. D'ailleurs je n'ai plus d'armes digne de ce nom depuis Bourges. Considère que je bat la campagne... Nous nous reverrons promptement j'en gage.

Le Très Haut te garde.

J.


Et rien n'est jamais trop le fait du hasard, surtout lorsqu'il s'agit de bien choisir ses mots. L'audace des sous entendus concernant Nyam ferait certainement mouche, éclipsant tout l'intérêt réel de la lettre à la Roide: Judas est parti. Et même dieu ne sait quand il reviendra...

Savait-il seulement qu'en voulant échapper à la décision de sa suzeraine, il se jetait dans la gueule du loup? L'histoire nous le dira.

_________________
Judas
Citation:
Roide, Ma Roide,

Je compte les jours. Le camp tout entier me rappelle à toi. Il n'a rien de noble, il sent la détermination et la colère. L'eau du baquet chaque matin coule sur mon cou comme tes mots froids et troublants à la fois, et quand ma main la bat, c'est le claquement de ta peau contre la mienne. Le pain que je rompt est tendre sous la dent, il a la saveur des repas que j'aime à partager en ta présence. Le regard des hommes ressemblent au mien quand tu me perces à jour, et leur mâchoire se crispe comme si mille Anaon viennent pour démanteler leur certitudes. La poussière s'amoncèle, c'est un fard quotidien qui vient blanchir nos nuits.

A mes cotés Rosalinde, ce n'est pas une fausse note mais quand bien même, sa présence dénote. Et quand elle parle dans son sommeil je crois que c'est toi qui es venue me visiter. Si ce n'est pas les geôles, c'est la prison de l'esprit, ici je suis chien en cage. Et où es-tu? Où es-tu quand la Frêle s'enfuit et quand je ressasse tes cris de bien-être. Dijon est un coupe gorge, et la mienne se noue à chaque fois que je crois t'apercevoir dans l'ombre d'une silhouette. La nuit ici à ton odeur, elle sent les exactions de l'homme et la démence que tu lui insuffle. Ma passion est comme le réel but de cette quête... Elle n'a rien de noble, elle sent la détermination et la colère. Je paierai pour patienter ton retour, mais ce ne sera jamais autre chose que toi.

J.



* Entrée dans la pièce tu sais que tu m'as brûlé les yeux, J'étais comme: "Non, s'il te plait reste-là"

_________________
Anaon
    Les jours passent, entre latence profonde et exaction nocturne. Dans la petite chambrée, le barda bouclé attend dans un coin et sur le bureau s'étalent plusieurs vélins prêts à traverser les duchés pour mander quelque laisser-passer.

    Les doigts s'égarent sur des mots fraîchement reçus, traçant de la pulpe des doigts des arabesques comme on caresserait une peau. Le regard s'abreuve de l'écriture dont elle connait chaque courbes et les lèvres s'animent d'un frêle sourire. La senestre vient froisser une autre missive, rédigée il y a quelques jours déjà et qui n'attendait que le retour de sa rédactrice absente pour trouver les chemins de Bourgogne. La réponse amante a pourtant été bien plus rapide.

    Sciemment, la main éludera toutes paroles qui pourraient mentionner la Frêle, feignant l'indifférence bien qu'il n'en soit pas du tout le cas. Bien au contraire. L'amant sait placer ses mots, pareils à des pichenettes dérangeantes auxquelles elle n'offrira aucune réponse... pour le moment.

    Et à la plume de danser sur le vélin pour de nouveaux écris.


    Citation:

    A toi, Obsession de mes nuits,

      Ma couche demeure bien vide et les jours des plus maussades à l'heure où ma patience se fait des plus friables. Quand j'aurais en main les Laisser-passer qui me garantirons un semblant de sécurité, mes pas s'empresseront de battre les sentiers qui me ramèneront en Bourgogne. Oui, je ne jouerais pas les tête-brûlées cette fois-ci, préférant m'encombrer des paperasses que j'exècre, mais qui m'assureront néanmoins un retour en toute prudence.

      Je dois l'avouer, j'ai l'impression de vivre en suspend, comme ces poussières qui flânent dans l'air, dorant le flot de lumière qui s'échoue sur mon bureau à l'heure où je couche mes mots. Je flâne, sans volonté aucune, soumise aux caprices de mon sommeil chaotique. Quand l'insomnie me quitte et me laisse exsangue dans mes draps éprouvés, mes paupières se ferment alors et c'est mes yeux qui semblent voir, enfin. Derrière leurs écrins de chairs, ils redessinent tes traits. Dans le trouble de mes songes, c'est toi que j'aperçois et je m'acharnes au fil de ces rêves décousus à courir après ton ombre. Mes bras se resserrent, étreignent ton fantôme et quand mes yeux s'éveillent, je ne tiens que du vent dans mes bras repliés.

      Si la solitude m'a toujours été une fidèle compagne, elle m'est aujourd'hui bien dérangeante. Il y a trop de silence en ces murs. Je me surprend à chercher dans ma propre respiration l'écho de tes soupirs...

      Bientôt, bien vite, je viendrais faucher ton souffle du bout des lèvres.
      Alors, ton corps et mon corps se répandront en encore jusqu'à l'aurore.*


    Anaon

* Maxalexis
_________________

Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - [Clik]
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)