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[RP] Si jeunesse savait...

Lunedor
Depuis le matin, on s'activait dans les quartiers qui pour un temps étaient l'écrin abritant la turbulente maisnie Malemort. Les domestiques s'étaient trouvés requis par une Lunedor autoritaire de préparer sans délai l'ensemble de ses effets et ce, bien que le départ ne soit pas prévu avant quelques jours.
Non qu'il y ait par trop de choses à rassembler, m'enfin la Malemort restait la fille de sa mère côté bagages et la sévérité de son ton avait insufflé un sentiment d'urgence à toute la valetaille.

Elle serait bientôt prête. N'avait-elle rien oublié? Ce n'est pas parce qu'elle ne serait pas éloignée qu'elle pouvait se permettre d'oublier quelque chose. On viendrait bientôt les chercher, elle et ses malles. Non, bien sûr que non qu'elle n'était pas nerveuse à l'aube de ce qui était une nouvelle étape de sa vie. Qui pouvait bien prédire ce qu'elle lui réservait?
Et si elle disait qu'elle avait changé d'avis? qu'elle ne voulait plus?
Il lui suffisait de renvoyer le domestique quand il arriverait, rien de bien méchant en somme.

On lui annonça bientôt qu'un nommé Forrest était arrivé et qu'il venait quérir les malles et la demoiselle comme convenu. Lune' prit une grande inspiration et demanda à ce qu'on le fît venir. Ce ne serait qu'un bref moment à passer, tout irait bien.

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--Forrest
Il y avait de quoi cueillir la rose, dans l'entourage des Malemort : pour preuve, la ronde chambrière qui se vit gratifiée d'un amical pincement de croupe.

Forrest faisait partie de l'élite des serviteurs : comme les nobles avaient des titres plus ou moins élevés, leurs gens avaient plus ou moins de "galons". Et il bénissait Dieu d'avoir été choisi par sa maîtresse. Ah, ça, s'annoncer comme étant son valet vous ouvrait bien des portes... Et des couches.

Conduit jusqu'à la jeune aveugle, il s'inclina avec respect.


Bonjour, damoiselle, Son Altesse me mande afin que d'aider à votre installation, comme convenu. Votre chambre est prête, voisine de la sienne.
Nebisa
Devant sa psyché de voyage, la Malemort brosse en silence ses long cheveux noirs, pour une fois lâchés en toute liberté. Ainsi, sa cadette allait la quitter... oh bien sur, elle ne serait pas loin, la tournée royale lui permettait cette grasce pour le moment, bien sur, Lunedor était confiée à une Dame qui allait lui apprendre bien des choses et la jeune fille ne pourrait que bénéficier d'un exemple propre à lui indiquer le comportement d'une femme de qualité... Bien sur, Lunedor avait changé depuis ces derniers mois, comme rongée par un mal qu'elle refusait de présenter à sa mère et le voyage ne les avait pas rapprochées comme la Malemort l'escomptait... Mais tout de même... c'était son bébé, sa petite fleur fragile... un frêle oisillon... une jeune biche fragile, une colombe effarouchée, un papillon aux ailes brisées par la cruauté et l'injustice du sort... Tout l'arche de Noé pourrait y passer, mais secouant la tête, Neb s'agrippe à l'idée que la cécité de sa fille ne devait absolument pas lui valoir le statut d'infime... Il était certes plus facile, quand elle était plus jeune, d'invoquer son âge pour lui interdire toutes les folies qui lui venaient à l'esprit, sans que la petite ne dise "c'est parce que je n'y vois plus"... et plus le temps passait, moins la mère arrivait à ne pas s'angoisser... en cela aussi, la solution de placer Lune' en Damoiselle de compagnie pour faire son éducation dans le monde, auprès d'une grande Dame, avait parut la meilleure solution possible...

A cette heure, la fillette devait achever de faire transférer ses paquets jusqu'aux appartement de la princesse d'Etampes... Il fallait qu'elle aille lui dire au revoir et s'assurer que tout allait bien... Oui ... il le fallait... pourtant, elle ne parvenait pas à se lever et les mouvements de la brosse au manche d'argent frappé des armes Malemort s'accentuaient encore et encore... Les yeux embués de larmes qu'elle refusait de verser, Nebisa de Malemort se laissait aller à l'un de ses rares moments d'affliction.. Ses enfants grandissaient et la quittaient, son mari l'avait quittée... sa vie personnelle était une ruine qui ne manquerait pas de faire sourire tous ceux qui la méprisaient et lui enviaient la réussite de sa carrière... Pourquoi fallait-il qu'elle ne soit bonne qu'à cela ? La Malemort voulait un foyer depuis toujours, elle en arrivait aujourd'hui à penser qu'elle le sacrifiait pour son travail... Si elle n'avait pas acceptait d'être Grand Chambellan, d'être Maréchal d'Armes... Stannis ne l'aurait pas quitté, elle pourrait veiller sur ses ainés, éduquer ses plus jeunes enfants... mais non... elle n'avait pas fait ce choix, et pour cela, elle méritait ses souffrances actuelles... elle ne faisait qu'expier au fond...

Mais assez d'atermoiements... se levant avec brusquerie, après avoir baigné ses yeux d'eau de roses pour les faire dégonfler et que disparaisse la trace de ses pleurs, la Comtesse de Ségur se compose un visage présentable, glisse dans son aumônière un paquet emballé et se glisse jusqu'à la future ancienne chambre de sa fille


Je vois que tout avance bien par ici... Chérie, tu as pensé à faire emporter la malle avec tes nouvelles robes d'apparat ? Et tes fourrures ? Tu as pris ta cape de renardeau ? Il commence a faire frais même dans le sud... Et tes bas de laine ?
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Lunedor
C'était l'instant ou jamais.

Bonjour, Forrest c'est ça? Mes malles sont en cours de bouclage, ce ne devrait plus être long.

Mais qu'est-ce qu'elle disait? Elle devrait être en train de le renvoyer avec quelques mots lapidaires en guise d'explications et elle était là comme si tout allait se passer comme prévu. Elle devait refuser et rester là où on la connaissait, là où elle savait se retrouver sans besoin de se cramponner à un bras secourable, là où ne se formalisait plus de ses sautes d'humeur, ici où elle était une enfant. Là-bas c'était l'inconnu, l'avenir et son cortège d'angoisse.

Elle en était là de ses atermoiements lorsque sa mère et sa tornade d'inquiétudes maternelles entrèrent. Voilà pourquoi elle partirait.


N'aie crainte, je n'oublie rien. Et si cela était, il serait encore temps de réparer l'erreur.
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--Forrest
Foutredieu, la folle ! Celle qui était incapable de se souvenir de son nom et le nommait Ferdinant, François... Foutaises, oui ! La dernière fois, il avait été obligé de lui donner deux pommes pour s'en débarrasser... Seulement, Forrest avait un certain vernis, et ne laissait jamais - ou très peu, ou volontairement - ses sentiments paraître sur sa face.

Aussi s'inclina-t-il aussi respectueusement devant la mère qu'il l'avait fait devant la fille.

Forrest, c'est bien cela, damoiselle, grand merci de vous en souvenir. Les porteurs attendent, à portée de voix.

Il porterait, lui aussi... Une bien douce main, proprette et jeunette. Même s'il savait les fleurs de nobles hors de portée, cela n'en était pas moins agréable.

Quant à moi, Son Altesse m'envoie vous guider.
Nebisa
Apercevant le valet de la GMF, la Malemort hoche la tête pour le saluer.

Oh ! Florimont est là aussi ! Parfait ! Je suis toute à fait tranquillisée !

Large sourire de la Comtesse qui avait manquait de se remettre à pleurer devant les malles bouclées...

Bien... Bien... évidement, je ne serais pas loin si jamais tu... avais envie de me voir... Surtout, n'hésites pas, je suis sure que Son Altesse t'autoriseras à venir me visiter...

Son regard parcourt la pièce, elle étouffe un soupir, se dit que tout va bien et que les choses sont parfaites...

Chérie.. avant de partir... Tu vas paraitre dans le monde à présent et tu es une vrai jeune fille... Or, il convient pour une jeune fille, de savoir se parer... J'ai acheté ceci pour toi à Lyon, tu sais que l'on y trouve les meilleurs joailliers du Royaume...

Sortant de son aumônière le petit paquet enrubanné, elle s'approche de sa fille et le lui glisse dans la main

J'espère que tu le porteras en pensant à moi et en sachant que je suis, a chaque heure de chaque jour fière de toi...

Le paquet contient une chaine d'or étincelante auquel pend un croissant de lune d'or également ...
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Lunedor
Plus que n'importe quel cadeau, ces quelques mots la touchèrent au coeur.
Elle prit sa mère dans ses bras en un élan d'affection depuis longtemps oublié. D'une voix qu'elle voulait ferme et décidée mais qui tremblait un peu elle murmura à l'oreille de celle-ci.


Serai totjorn ta filha e una Malemort. Te lo fisanci.

Elle la tint contre elle quelques instants avant de s'éloigner, demanda son manteau, l'enfila. Elle cachait son trouble dans les gestes du quotidien qui acquéraient un goût différent, comme un air de solennité. Elle remisa avec précaution le précieux paquet dans sa propre aumônière. Plus tard, elle prendrait le temps, lentement, patiemment, de le découvrir.
Un dernier mot pour qu'on lui donne sa canne, elle était prête.


Nous y allons?

Si les adieux ne lui étaient pas inhabituels, pour la première fois c'était elle qui partait et non sa mère, mais de là à dire que c'était plus facile... mais elle ne pleurerait pas, elle était une Malemort!
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--Jehanne.de.cassagnes
Quoi, était-ce possible ? La petite demoiselle allait partir ! La Castelmémère n'aurait plus à lui courir après !
Ah, que ce serait triste, la tribu Malemort, sans elle ! Que ce serait morne, sans ses frasques qui, finalement, mettaient bien du baume au cœur de la rombière... Des malles à préparer, que Jehanne ne suivrait pas ; des adieux, qui duraient bien au-delà d'une nuit.
Une nouvelle fois dans sa vie, voilà qu'on lui arrachait ce à quoi elle avait fini par tenir. Un petit être, faible et fort à la fois, une petite créature, qui compensait sa tare par un regain de caractère.
Etait-il temps de verser une petite larme ?

Oh, un valet bien habillé ! La vieille quadragénaire, au sourire édenté et fétide - ça faisait longtemps qu'on ne l'avait pas dit - s'élança vers le pauvre Forrest, sitôt que les Malemort, mère et fille, eurent entamé leur séquence émotion.


-« Alors où allez-vous, vers la chambre de la princesse, vous dites ? Et Damoiselle Lunedor va voyager aux frais de la princesse ? Et vous êtes libre ce soir ? »

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--Forrest
Déjà tout prêt à se réjouir de la juvénile main qui ne manquerait pas de se poser sur son bras, le sourire de Forrest se transforma, pour devenir l'exact opposé de ce qu'il était au départ.

Mortecouille, une marâtre, et qui semblait décidée à lui coller aux chausses... Bien qu'il caressât aisément du bout de l'esprit des amours ancillaires - servir la Princesse au bain n'était pas étranger à ces douces rêveries - il préférait ne pas imaginer ce que donnerait une partie de bête à deux dos avec la rombière.

Rhaaaa, trop tard, son esprit venait de lui envoyer des images, de quoi vous donner de brusques envies de se faire moine, voire eunuque...


Ahem... De fait, Madame, fit-il en s'inclinant, j'ai ordre de conduire la damoiselle à sa nouvelle chambre, puisqu'il est dit qu'elle fera désormais partie de la suite de Son Altesse... Laquelle je dois servir ce soir... Tous les soirs, ajouta-t-il précipitamment, refusant de laisser entrevoir la moindre possibilité à la - très - ancienne pucelle qui se tenait devant lui, un rien trop libidineuse à son goût. Il regarda Lunedor, presque suppliant.

Damoiselle, si vous êtes prête, Son Altesse vous attend...

Ce n'était pas exactement la vérité, mais... Dites oui, dites oui, pria-t-il en son for intérieur.
Lunedor
Je suis prête.

Il lui tardait de partir maintenant. Forrest également semble-t-il car il pressa le pas pour s'éloigner du logis malemortien.
Les porteurs portèrent, le guide guida et tous arrivèrent à bon port. Le valet la mena jusqu'à son nouveau chez elle, du moins, chez elle pour les quelques jours où ils demeureraient encore céans.

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Armoria
Armoria entendit l'installation de sa toute nouvelle et jeune suivante. Habituée à voir si ses hôtes étaient bien traités, elle était presque rendue à la porte de communication entre les deux chambres quand elle songea que la jeune fille avait voulu s'éloigner d'une mère aimante mais un peu trop... Présente.

Elle réfléchit un instant, puis, un petit sourire sur les lèvres, alla se rassoir à sa table de travail, jonchée comme toujours de parchemins venus de tout le Royaume. Si Lunedor manquait de quoi que ce fût, elle avait assez de caractère pour le faire savoir - eh quoi, c'était une Malemort !

L'enfant se cherchait, et avait bien des colères à digérer. Elle n'avait certes pas besoin d'une Princesse omniprésente. Armoria avait décidé d'être si possible celle vers laquelle se tourner en cas de doutes, pour le genre de sujets qui s'évoquent plus aisément avec un étranger neutre qu'avec un proche.

Aussi, quand Forrest vint lui confirmer que tout s'était passé au mieux, se contenta-t-elle d'acquiescer distraitement.

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