Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Supercalifragilisticexpialidocious*

Gabrielle_blackney
[*Mary Poppins, évidemment!]

Gabrielle soupira. Elle était dans ce salon , ou peu importe la fonction de cette pièce dans la demeure de Compostelle, et elle attendait.
Elle attendait qu’on lui amène la petite Lucie dont elle devait s’occuper elle ne savait pas trop comment. Elle était à l’heure, son haleine ne sentait pas l’alcool, elle portait une robe. Bref, elle avait la panoplie de la gouvernante idéale. Sauf qu’elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle allait faire ni de comment. Gabrielle n’aimait pas les enfants, elle les trouvait peu intéressants et – pour tout avouer – ils l’effrayaient un peu. Ils étaient si… imprévisibles.

Mais Lucie était peut-être différente ? Et puis la jeune femme était curieuse de découvrir l’enfance des petits nobles des grandes familles du Royaume. De quoi était faites leurs journées, de quoi remplissaient-on ces jeunes cerveaux. Une vraie curiosité donc pour ce monde qui aurait pu être le sien.
Et elle avait promis de bien remplir sa fonction, elle tiendrait donc parole et ne décevrait pas Alandrisse, du moins l’espérait-elle. Et elle ne décevrait pas non plus la gamine. Après tout, c’était elle qu’elle devait charmer et encadrer. Gabrielle se doutait déjà que la tâche ne serait pas aisée, que la petite semblait avoir un caractère bien trempé. Par chance – ou pas – celui de Gabrielle n’avait rien à lui envier.

Elle attendait donc Lucie et se demanda un instant comment c’était passée la première séance de Brekthas qui semblait être fait pour s’occuper d’une petite fille de cinq ans comme Gabrielle pour boire de l’eau.


_________________
Lucye


Après sa rencontre, dont nous tairons pour le moment la qualité, avec Brekthas, le maître d'armes, la blondinette fut emmenée auprès de Gabrielle Blackney, par un valet dont le nom importe fort peu. Un chouilla débraillée, toujours vêtue de sa chemise et de ses braies rose pastel, le tout parfaitement fini par une paire de bottes noires, la gamine marchait d'un bon pas. Quelques mèches de cheveux clairs étaient par ailleurs sorties de sa tresse à la française. Les joues légèrement rouge, elle se tint debout, devant sa nouvelle nourrice qui était dans le petit salon. Ne l'ayant vu que deux fois fort brièvement et sans s'y intéresser particulièrement, elle ne se souvenait déjà plus de son nom, de sa fonction, ni même de l'avoir vue. Mais elle savait que cette personne devait s'occuper d'elle. Comme Norbert le lui avait appris, elle se présenta, en tentant d'en imposer - ce qui par contre ne lui avait pas été enseigné.

- 'jour je suis Mam'oiselle Lucie de Compo'telle.

En prime elle fit une sorte de révérence imparfaite et gratifia même l'inconnue d'un sourire. Cette inconnue lui apparaissait d'ailleurs comme étant jolie. En plus, elle devait certainement sentir bon, meilleur que Brekthas. Par contre elle ne faisait pas peur comme lui, et ça c'était moins la classe.

- T'es là pour t'occuper d'moi, c'est ça hein ? J'ai faim j'veux manger.

Pour Lucie les valets, les nourrices, les gardes, les maîtres d'armes, les cuisiniers, les écuyers et même Norbert et la Berthe étaient tous logés à la même enseigne. Ils travaillaient pour la demeure de la Compostelle, donc ils étaient à son service, donc ils faisaient TOUT ce qu'elle voulait. ça, son esprit l'avait parfaitement intégré. Mais bien sûr, les enfants de 5 ans savent y faire. Le ton des questions n'étaient en rien pseudo-autoritaire. Non. Les questions étaient simplement accompagnées d'une mine de raton anémique tout mignon et d'une voix quelque peu suppliante, du genre "nourris moi, ma vie en dépend".

_________________
Gabrielle_blackney
[Our first game is called Well Begun is Half-Done.*]

Enfin, la petite fit son apparition, accompagnée par un valet qui disparu bien vite. Gabrielle regarda un instant la petite blonde. Elle n’avait pas une de ces robes froufroutantes mais des braies et une chemise. Rose pastel. La jeune femme ne put retenir un sourire devant la fantaisie de la tenue. La petite fille était un peu rouge, elle débarquait tout juste, semblait-il, de son cours avec Brekthas. Bon, au moins ne l’avait-il pas abîmée, c’était déjà ça.

Gabrielle s’apprêtait à parler à Lucie quand celle-ci prit la parole. La jeune femme toisa la gamine pendant qu’elle parlait, avec un petit sourire en coin. Elle savait très bien à qui lui faisait penser la blondinette. L’arrogance n’y était pas, mais le reste, si. L’exigence, le caprice à peine masqué, la noblesse comme raison suffisante pour obtenir, le « je veux et j’aurais ». Oui, Gabrielle connaissait ça très bien. Lucie de Compostelle, petite blonde de cinq ans lui faisait tout simplement penser à Enzo Blackney, dix-sept ans, son cousin. Si Enzo savait qu’elle le comparait à une gosse, elle ne donnait pas cher de sa relation avec lui. Mais c’était pourtant tellement vrai. Enzo se comportait souvent en gamin capricieux.
Bien, Gabrielle sourit franchement à Lucie, elle était en terrain connu finalement, elle eu d’un coup beaucoup moins de craintes.


Bonjour Lucie. Je m’appelle Gabrielle. Oui, je suis là pour m’occuper de toi.


Ah zut. Le vouvoiement et tout. Elle s’accroupit devant la petite, comme elle l’avait fait dans la taverne lors de l’entretien avec Norbert.

Avant d’aller plus loin, je te propose qu’on partage un secret, juste pour nous deux. Quelque chose qui restera entre nous. Quand nous ne sommes que toutes les deux, je t’appelle Lucie et je te tutoie. Devant les autres, je te dis vous et je t’appelle Mademoiselle Lucie. En échange, tu peux m’appeler Gab si tu préfères. Si tu es d’accord, tu tapes ma main et tu craches au sol. Mais pour de faux parce qu’on va avoir des problèmes si on salit les tapis.

Gabrielle tendit la main à Lucie pour voir si la gosse acceptait le contrat. Elle fixa ses yeux bleus sombres dans le regard clair de l’enfant.

Par contre, que ce soit clair entre nous. Je m’occupe de toi, mais je ne suis pas ton esclave, et je suis au service de la Comtesse, pas au tien. Alors, tu me demandes les choses gentillement et moi, je me réserve absolument le droit de te dire non. Je peux être ta meilleure alliée comme ton pire cauchemar, ça ne dépend que de toi.

Le tout fut dit sur un ton calme et sans menace aucune. Juste des faits à énoncer pour partir sur de bonnes bases. Elle fit un grand sourire à la petite fille puis se redressa.


Personne ne t’a rien donné à manger après ton entrainement ?

Mais qu’est-ce que c’est que ces gens qui ne faisaient pas leur travail ? Elle en toucherait deux mots à Brekthas pour que dorénavant, on nourrisse la gosse après chaque séance. Pas envie d’avoir une gamine qui tombe en pamoison sur les bras.

Tu préfères passer par les cuisines ou on va prendre des pommes directement sur un arbre dehors ?

Gabrielle fit un clin d’œil à Lucie. Mais Dieu que cette journée allait être longue !

*Notre premier jeu s'appelle "bien commencé est déjà à moitié fait" - Julie Andrews dans Marie Poppins - Oui, vous allez en bouffer, je suis fan!

_________________
Lucye
« La liberté,
c'est un cœur pur et bien placé,
Le reste est esclavage au sombre de la nuit. »

- Quintus Ennius -




Lorsque la grande dame brune prit la parole, elle la tutoya et l'appela tout simplement Lucie. La fillette qui était habituée à entendre du Mademoiselle, du vous et surtout un Norbert quasi-hystérique pour le rappel à l'ordre à ce propos en fut quelque peu choquée. Sa bouche s'ouvrit d'ailleurs dans un parfait arrondi interloqué, tandis que son esprit enregistrait le nom : Gabrielle. C'est alors que la grande personne se mit accroupie devant elle. Lucie réajusta donc la hauteur de ses yeux. Un secret ? La blondinette tendit l'oreille. Quel secret ? Lucie adorait les secrets. Taper dans les mains aussi, cracher beaucoup moins... Surtout depuis que Norbert lui avait dit que c'était sale et que c'était seulement les garçons stupides qui faisaient ça. La petite fille regarda donc Gabrielle d'un air sérieux, presque grave, puis elle sourit en grand et hocha du chef.

- 'accord, sssht c'est sec'et ! Mais je crache pas moi hein.

Gabrielle n'avait apparemment pas fini. Elle partit d'ailleurs dans une tirade que l'enfant ne comprit pas très bien. Comment ça pas à son service ? Si elle était là pour s'occuper d'elle, elle était à son service, non ? Le droit de dire non ? Et puis comment une personne pouvait être un cauchemar ? Cela n'avait aucun sens. Perplexe, la gamine regarda sa nourrice lui sourire et se redresser. Elle, n'avait émit aucun son. Elle aurait bien demandé quelques éclaircissements mais on aborda alors un sujet bien plus important et surtout bien plus urgent : la nourriture ! Dès la première question elle secoua vigoureusement la tête.


- Nan on m'a rin donné à moi. Mais c'est toi qui doit me donner hein. Hein Gab ?

Oui pas de soucis, le Gab était parfaitement intégré. C'était tellement plus facile à prononcer que Gabrielle. A la proposition de cuisine ou d'arbre Lucie se retrouva face à une sorte de dilemme. Elle avait très faim, elle était fatiguée... Mais grimper aux arbres serait tellement plus drôle... Finalement elle fit un grand sourire.


- Tu sais grimper aux arb'toi ?

_________________
Gabrielle_blackney
[There’s a seed in every child ready to blossom*]

Après avoir autant parlé, Gabrielle n’avait qu’une envie : boire. Mais passer en cuisine voir s’il n’y avait pas une eau de vie qui trainait à peine dix minutes après avoir commencé sa journée aurait fait désordre, alors elle regarda la gamine et retint le soupir qui menaçait.

Je suis la meilleure grimpeuse d’arbres de tout le royaume !

Et Gabrielle sourit, repensant à son enfance en Normandie, enfance qu’elle avait passé à faire le cochon pendu dans les pommiers d’Avranches. Et il n’y a pas si longtemps, elle avait escaladé une taverne de la rue jusqu’au toit avec son cousin en passant par la vigne vierge pour regarder le lever de soleil. Alors oui, Gabrielle savait grimper aux arbres. Et très bien même !

Quelques minutes plus tard, à l’extérieur de la demeure.

Maudits jupons ! Escalader un pommier n’est pas plus difficile avec une jupe qu’avec des braies, mais c’est beaucoup plus compliqué de le faire en évitant de montrer ce qu’il y a sous la dite jupe. Et si Gabrielle n’était pas pudique, elle avait tout de même le sens de ce qui était décent et de ce qui ne l’était pas.
Une seule solution donc, faire monter la petite avant elle et la rejoindre, en évitant que Lucie ne se rompe le cou bien évidemment.
Gabrielle, regarda l’enfant puis l’arbre, puis l’enfant de nouveau. Elle soupira.


Bon, Lucie, je vais te hisser sur la fourche, tu te caleras sur cette grosse branche là, tu vois ?

Un nouveau regard. Un nouveau soupir. Et Gabrielle fit l’impensable pour elle : elle prit Lucie dans ses bras afin de l’aider à escalader l’arbre. La jeune femme n’avait jamais approché d’enfant de si près, à l’exception de son frère dans sa petite enfance. Jamais. Lucie était la première. Et ce ne fut pas si terrible en fin de compte. Lucie était… toute légère. C’est la seule chose que Gabrielle pensa, elle aida donc la gamine a se caler dans l’arbre et la rejoignit, maintenant qu’il n’y avait plus personne en dessous, elle pouvait bien montrer ses cuisses, ça n’avait pas grande importance.
Gabrielle s’installa à côté de Lucie et lui montra les branches.

Voilà, tu n’as plus qu’à tendre le bras et tu pourras manger.


La jeune femme cueillit pour elle-même une pomme qui arrivait tout juste à maturité en cette saison.


Tu sais qu’on dit toujours qu’il ne faut pas cueillir toutes les pommes de l’arbre, Lucie. Car dans chaque pommier vit un esprit. Un vieil homme, le protecteur du pommier qui partagera avec toi les fruits à condition que tu lui laisses la part qui lui revient. Et si tu regardes bien le tronc, tu pourras voir son visage. Si tu le respectes, il te respectera aussi et tu n’auras rien à craindre de lui.


Gabrielle fixa un instant le petit visage encadré de mèches blondes et sourit.
Après tout, il n’allait peut-être pas être si terrible que ça ce travail.


*Il y a une graine en chaque enfant qui ne demande qu’à fleurir (devise de la Huntley Preschool, West Hollywood)

_________________
Lucye


La dame affirma être la meilleure grimpeuse d’arbres de tout le royaume, rien que ça. En son for intérieur, la blondinette fut fortement impressionnée par cette déclaration. Parce qu’être la meilleure quelque chose de tout le royaume c’était forcément la classe – sauf peut-être si c’était être la meilleure abrutie du royaume… Toujours est-il que là, ça en imposait. Le minois de Lucie se teinta donc de respect silencieux. Docilement, elle suivit Gabrielle jusqu’aux jardins. Elle avait hâte de voir ça.

Une fois à l’extérieur, sa domestique particulière sembla pourtant très pensive. Elle la regarda, regarda l’arbre, la regarda encore et ne cessa de soupirer. Lucie se demandait si elle avait du mal à respirer ? Peut-être qu’elle avait attrapé un mal de respiration ? C’était arrivé une fois à la Berthe, elle ne l’avait pas vue pendant des jours, la grosse servante était restée enfermée dans sa chambre pendant deux jours entiers. Puis elle avait fait des activités « calmes » c’est-à-dire sans approcher la Compostelle.

Finalement Gabrielle sembla prendre une décision. La fillette hocha vivement du chef en entendant la question qui n’en était pas vraiment une. Elle n’aimait pas trop qu’on la porte. Non à dire vrai elle détestait cela. Sauf si c’était N’Andrisse. Ce qui n’était pas très logique puisqu’elle ne l’avait revue que depuis peu. Mais c’était sa sœur. Et puis Norbert était trop moche pour qu’elle l’autorise à la prendre dans ses bras. Même si parfois il le faisait quand même, pour la faire rouspéter.

Bref, cette fois-ci, elle était fatiguée, Gabrielle n’était pas moche, et surtout c’était pour la bonne cause : monter à un arbre super grand et super gros. La blondinette s’accrocha donc d’abord aux bras de Gab, puis elle se laissa faire, aidant quand même au passage, pour être bien calée sur l’arbre. En deux temps trois mouvements elle fut rejointe par l’adulte qui lui désigna alors les branches juste au dessus d’elles. L’enfant observa un instant puis voyant que sa nourrice se servait, contracta ses petits muscles qui avaient tant été sollicités au cours de Brekthas afin de se saisir du plus gros fruit atteignable. Elle vacilla quelque peu, se tint fermement d’une main et finit par réussir à décrocher une grosse pomme jaunâtre de l’autre.

Un sourire radieux éclaira son minois tandis qu’elle mordait avec ravissement dans la chair sucrée.
Après trois bouchées, Gabrielle lui expliqua/raconta quelque chose qu’elle écouta très attentivement. D’un air très sérieux elle demanda, de sa petite voix aigue :


- Ça veut dire que le vieux monsieur il est coincé dans l’arbre ? Mais il est mort ? C'est dégoutant alors... Et ça veut dire quoi respecter ?


_________________
Gabrielle_blackney
[To be or not to be : that is the question*]

Mais qu’est-ce que c’était que ces questions ? Gabrielle retint un soupire, encore un. Elle ne pouvais pas juste écouter et se taire, la gamine ? Non, elle ne pouvait pas et la jeune femme ne pouvait décemment pas lui en vouloir, elle avait elle même appris à se taire que très récemment. Elle nota mentalement d’apprendre à Lucie la vertu du silence et de la réflexion. Mais elle encore si jeune qu’il lui faudrait du temps pour être sage. Et avant ça, il lui fallait bien vivre et apprendre, donc poser des questions.

C’est une légende Lucie, le vieil homme, c’est comme l’âme de l’arbre, comme un esprit. Et respecter, ça veut dire…

Mais oui, qu’est-ce que ça voulait dire ? Dans ce monde qui était le leur, le respect était souvent dû et parfois mérité. Les pauvres gens, dont Lucie ne ne devait même pas souçonner l’existence, les catins, les brigands, les habitants de la Cour des Miracles ou de la Rue de Traverse**, ombres invisibles et méprisées, simples gueux mal nés, se devaient de respecter les bourgeois qui eux mêmes devaient respect aux nobles. Et même dans la noblesse, cette stupide hiérarchie organisait qui devait le respect à qui et dans quel ordre.
Gabrielle crachait du Votre Grâce à la face de son cousin le Duc qu’elle aurait voulu voir crever. Respect de façade pour éviter d’afficher un mépris connu d’eux deux. Mais il ne devait pas se dire, ni se montrer ou alors à mots couverts.
Et Enzo, si arrogant, si orgueilleux, qui semblait mépriser le monde entier, n’avait il pas pour elle plus de respect que sa sœur ou son père ? Et ce curé à Orthez, le Père Brennach ?

Les nobles dirigeaient cette époque, ils avaient instauré leurs lois et leur définitions toute personnelle du respect. De temps en temps, il se trouvait quelques esprit éclairés qui rabattaient le caquet des jeunes impudents et tendaient la main aux pécheurs. Rares et précieux, ces hommes méritaient le respect.
Mais qu’en comprendrait Lucie, pour qui le monde n’était encore qu’un vaste terrain de jeux à explorer.
Elle regarda la petite fille, rêvant un court instant d’avoir de nouveau son âge, de connaître une fois encore les courses dans les prairies avec son frère, d’avoir à nouveau l’innocence pour elle et l’espoir que sa vie serait toujours plus belle, plus libre et plus facile.


Respecter, ça veut dire accorder à chacun l’écoute qu’il mérite et ne pas juger trop vite. Se mettre un peu à leur place et tenter de comprendre leurs actes et leurs paroles.

Gabrielle avait elle aussi une définition bien à elle du respect. Mais elle était la gouvernante de Lucie, elle devait lui transmettre toute la vérité, pas juste sa vision tronquée et partiale du monde. Elle soupira, hésita un instant et ajouta :

Respecter c’est aussi obéir aux lois et aux règles.

Elle ne souhaitait pas s’appesantir sur cette partie là. Pour la jeune femme, quand une règle était idiote, elle ne méritait pas son attention. Mais elle ne pouvait pas le dire à Lucie, qui de toute façon se ferait sa propre idée et ses propres expériences.

Bon, elles n’allaient pas pouvoir passer des heures dans ce pommier, aussi bien installées étaient-elles. Il fallait que la petite rentre, change ses braies pour une de ces robes qu’elle semblait tant affectionner. Gabrielle se demanda un instant si elle ne pourrait pas apprendre à la gamine à jouer au Ramponneau, mais elle chassa bien vite cette idée.
Elle ne devait pas la transformer en pilier de tavernes mais en noble jeune fille. Quelle drôle d’idée tout de même de l’avoir embauchée elle pour tenir ce rôle. Elle sourit à la blondinette.

Lucie, je crois qu’il est temps que tu me montres comment une jeune fille digne de ce nom doit s’habiller. Tu m’expliqueras tes rubans et le reste.

Gabrielle se contrefichait des fanfreluches mais une activité calme ne nuirait pas à la petite. Peut-être même que Brekthas l’avait suffisamment épuisée pour qu’elle songe à la sieste.

*Etre ou ne pas être : telle est la question – William Shakespeare
**Rendons à JD Mordric (et un peu à Harry Potter toussa)

_________________
Lucye
Les enfants sont turbulents mais surtout inconstants. Tels le vent, ils changent facilement de direction et sans vraiment réfléchir au pourquoi, au où ni au comment...



Une légende. Ça Norbert lui avait expliqué, c’était… Quelque chose qui n’était pas forcément vrai, ni forcément faux. Quelque chose de potentiellement vrai et très vieux qu’on racontait et qui se déformait au fil du temps, à mesure que le mythe passait de bouche à oreille et d’oreille à bouche. L’âme par contre elle n’avait toujours pas compris ce que c’était. Ce n’était pas faute d’avoir demandé, notamment à l’église, mais les explications divergeaient un peu et étaient surtout incompréhensibles pour une gamine de 5 ans. Elle avait donc son explication personnelle, qui n’était pas obligatoirement très raccord avec la « réalité » du mot. Grosso modo, elle avait compris pour l’histoire de l’arbre et du vieil homme. En fait, les pommiers étaient habités sans qu’on le sache, par des esprits, ils étaient hantés quoi. La blondinette frissonna.

Puis vint l’explication du respect. Respect, respect, respect. C’est vrai que les grands avaient tous ce mot à la bouche. Une fois elle avait entendu le fermier du coin hurler sur le boucher « C’EST UN MANQUE DE RESPECT CA ! ». Enfin, avec l’accent ça donnait plutôt du « C’T’UN MANQU’ E’D’RESPECT QU’CA ! » mais pour une fois, elle avait compris ce langage campagnard ! Et puis Norbert lui-même lui ressassait régulièrement les oreilles avec le respect, souvent c’était dans les phrases ennuyeuses contenant plein de règles et de « ça il faut » et « ça il ne faut pas »… Le dernier exemple datait de la veille « On ne dévisage pas les gens ainsi Mademoiselle Lucie ! C’est un manque de respect ! Surtout lorsqu’en prime on les montre du doigt ! ». La fillette n’avait pas vraiment compris le problème, le visage cramoisi de Norbert et encore moins tout ce cirque pour si peu. Mais elle n’était pas prête de recommencer, ça non, elle ferait attention. Hors de question d’écouter encore le vieux scribe déblatérer pendant des heures sur un regard et un doigt pointé.

Pour l’heure, elle écoutait sérieusement Gabrielle lui expliquer ce qu’était donc ce fameux respect si cher aux adultes qui était souvent invoqué avant, pendant ou après les disputes. A part le mot juger dont elle ne voyait pas la raison de sa présence dans la phrase (ne pas trop vite les mettre en prison ou les condamner à la torture ou à la potence ? Mais elle n’était pas juge…), le premier jet fut compris. Par contre si respecter c’était devoir obéir aux lois et aux règles, là c’était limpide, mais vachement moins facile à appliquer. Lucie grimaça intérieurement tandis que Gabrielle lui souriait. Pendant tout ce temps, la fillette avait mangé la moitié de sa pomme, qu’elle avait péniblement croquée, manquant de peu de perdre une dent.


- Lucie, je crois qu’il est temps que tu me montres comment une jeune fille digne de ce nom doit s’habiller. Tu m’expliqueras tes rubans et le reste.

Un sourire ravi s’invita sur le visage de l’enfant qui en lâcha sa pomme des mains.

- Oh oui je vais remett’ma robe rose ! Cel’avec les petits nœuds blancs en rubans partout et la moutruc en bidule beige. Tu verras elle est crop jolie !!! Et puis tu me brosseras les cheveux, mais mieux que la Berthe hein, la Berthe quand elle le fait elle tire crop fort, cha fait mal après ! Et je pourrais brossssser les tiens ? Hein, hein, hein ?

Oui, elle s’enflammait rapidement. Déjà elle s’imaginait et commençait de gigoter, prenant le risque d’une chute dont elle n’avait pas même conscience. Son esprit était désormais envahi par une seule hâte : descendre de l’arbre et se précipiter vers son coffre à robes. Mais soudain, alors qu’elle levait les bras dans un élan de joie de toute beauté, la réalité… Se fit sentir ! Ce qui la calma aussitôt.

- Mais je sens mauvais, je veux pas qu’elle sente mauvais ma robe ! Sinon après je vais sentir comme messire Brequeuhtasse.

Lucie grimaça, cette fois-ci de façon extérieure et bien visible pour sa gouvernante.

_________________
Gabrielle_blackney
[In every job that must be done, there is an element of fun. You find the fun, and - SNAP - the job's a game! ]

Gabrielle soupira face à l’excitation de Lucie. Elle qui pensait la calmer. Elle grimaça, intérieurement aussi, à l’idée que la petite lui brosse les cheveux. Elle détestait être touchée de manière générale, et les cheveux en particulier. Seul un avait ce droit. Mais comment le dire à une petite fille de cinq ans. Lui dire que la main d’un cousin était plus troublante que les autres ce qui lui donnait des privilèges que les autres n’avaient pas. Non, Gabrielle ne pouvait rien dire.
Elle regarda l’enfant qui menaçait de tomber à force d’agitation, et sourit à sa remarque.


Lucie, descendons, je suis certaine qu’il doit y avoir moyen de te faire prendre un bain.


Et peut-être qu’après, la petite serait suffisamment épuisée pour dormir un peu.


[Chambre de Lucie]

Préparer un bain en cette époque demande du temps et de la main d’œuvre. Il faut chauffer l’eau au dessus de la cheminée, la verser ensuite, broc par broc, dans une cuve recouverte de draps pour plus de confort.

Pendant que les choses se préparent, Gabrielle se voit déjà subir moultes explication sur les rubans et les fanfreluches, sur l’importance des nœuds et des robes qui tournent. Bref Gabrielle s’apprête à passer de longues minutes à écouter sans comprendre le babillage d’une petite fille noble et riche. Ce qu’elle n’a jamais été. Et puis les coquetteries n'étaient pas dans son caractère, et ça ne l’est toujours pas.
Mais c’est son travail, elle sourit donc à Lucie et écoute ce qu’elle va lui raconter.

Quand le bain est enfin prêt, Gabrielle regarde Lucie un peu incertaine. C’est qu’elle n’a jamais donné de bain à une enfant elle. Elle imagine qu’à cinq ans, il lui suffira de poser la petite dans l’eau où elle restera à barboter au calme pendant qu’elle-même la surveillera du coin de l’oeil tout en pensant à sa soirée en taverne.
Un bain. Idée de génie. Ca devrait être calme, reposant et facile.


*Dans chaque travail à faire il y a quelque chose d’amusant. Trouvez l’amusement et – paf – le travail devient un jeu – Julie Andrews, Mary Poppins
_________________
Lucye
.Une descente d’arbre et quelques gambadements plus tard, dans une chambre aux teintes rosâtres.



Alors que les domestiques de la maisonnée s’affairaient dans la pièce afin de préparer un bain, Lucie avait sorti toutes ses plus belles tenues, ravie de les exposer à Gabrielle et de lui en expliquer le moindre détail. C’étaient des robes comme celles des plus grandes dames, en version plus courte – car comme toutes les enfants de son âge les genoux étaient découverts – et en version plus enfantine, plus exubérante. Les dames avaient peut-être un goût moins prononcé pour les rubans… Une fois toutes les robes étalées autour d’elle, la blondinette se saisit de sa préférée, qui étonnamment était blanche et non pas rose. Tout sourire elle l’exhiba sous les yeux passionnés – selon Lucie – ou éteints – selon tout être humain sensé – de sa gouvernante.

- Celle là c’est ma préférée à moi...
Je mets ma chainse blanche à manches longues et puis la cote là qui est beige pâââle avec les boutons et de dessus on met le surcot là à manches courtes qui est blanc tout joli avec plein de rubans.
C’est elle que je mettrais après que je suis propre commeuh ça tu verras comment on fait.


L’ensemble fut posé délicatement, avec amour presque, sur une chaise, puis elle se précipita sur la houppelande rose pastel et la brandit joyeusement à Gabrielle-qu-on-peut-appeler-Gab-secrètement.

- Celle là elle est crès crès dure à fermer avec tous les lacets j’arrive pas à faire tout seul.
I’faut que la Berthe ou toi elle m’aide encore plusss que pour l’autre.


Grand sourire radieux de la fillette.


- Et puis ces petits rubans là i’faut les fermer mais dans l’ordre sinon ça marcheuh pas. Et puis quand on tourne ça gonfle ça fait joli.

Le bain fut annoncé comme prêt. La gamine regarda donc Gabrielle, pour que celle-ci l’aide à se dévêtir. Une fois chose faite et l’enfant plongée dans l’eau tiède vint la partie préférée de la Compostelle : le jeu d’eau. Activité bruyante qui demandait pas mal d’énergie et suscitait énormément de rires. Elle commença par taper l’eau avec ses mains, à plat. Eclatant de rire à chaque gerbe d’eau provoquée. Puis le jeune bourreau repéra une potentielle victime : la nourrice. Avec un air qui se voulait angélique, elle se rapprocha du bord ou se trouvait la brune et…. *Splash* dans sa direction. Suivi bien sûr d’un rire cristallin.

_________________
Gabrielle_blackney
[Ils ont du bol les poissons rouges, parce qu’eux, au moins, on ne leur demande pas de sortir du bain…*]

La gamine fut donc déshabillée et plongée dans l’eau chaude. Gabrielle l’enviait, elle qui aimait tant les bains. La jeune brune s’assit à côté du baquet, histoire de surveiller que Lucie ne se noie pas et laissant la petite s’amuser, elle commença à songer à sa soirée à venir. Elle était en train de se dire que finalement porter des robes n’était pas si terrible quand une grande gerbe d’eau vint la mouiller. Elle sursauta et regarda Lucie qui s’agitait joyeusement dans sa baignoire, tapant l’eau du plat de la main ce qui éclaboussait un peu partout alentour, le sol autour de du baquet était d’ailleurs recouvert de petites flaques.
Gabrielle soupira.


Lucie !


Gabrielle essaya de prendre un air excédé mais elle sourit à la petite fille. Elle aussi adorait l’eau et elle n’arrivait pas à lui en vouloir. La gouvernante se leva néammoins pour éviter de retrouver trempée. Elle n’avait pas de vêtements de rechange puisqu’elle avait décliné l’invitation à vivre dans la demeure de Compostelle et logeait en ville.

Tu connais la chanson de la baleine, Lucie ?

Gabrielle se rapprocha de la petite, lui prit une main et commença à faire virevolter ses doigts autour de ceux de Lucie.

C’est la baleine qui va, qui vire
Qui fait le tour du navire
Ah la baleine, la baleine, la baleine
Ah la baleine, la baleine
Me croque un doigt
Cric, crac**


Ce qui est bien avec ce genre de chanson, c’est que ça occupe les mains des petites filles excitées et que ça les calme le temps de la comptine. Gabrielle songea un instant que la mémoire était une chose bien étrange. Des chansons ou des histoires qu’on avait oublié surgissaient du fond de votre enfance sans que vous y pensiez.
Mais ça ne les occupe pas forcément longtemps…


*Parole d’enfant – Site enfandises.com
**Merci à ma soeur Rosine pour cette chanson d’anthologie

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)