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[RP] Je suis venue te dire...

Mhayri
Ce RP fait suite au RP épistolaire que vous trouverez ici.


Le soir ajoutait des reflets étranges à sa crinière blonde, à nouveau libérée de toute entrave. Celle qu'elle servait maintenant depuis plusieurs semaines ne serait pas là pour s'en émouvoir, ni le lui reprocher. Peut-être aurait-elle dû réfléchir, peut-être aurait-elle dû se cacher, mais elle n'avait pas pu refouler cet élan de son cœur, ce besoin douloureux. Il fallait qu'elle vienne, il fallait qu'elle la voit.

A cette heure, la Saurèla était presque certaine que le Vieux ne serait pas là. Il devait être quelque part en train de boire l'argent qu'il n'avait pas, hypothéquant encore d'avantage l'avenir de ses filles. De sa fille, la seule qu'il lui restait, la seule qu'il pouvait encore tenir en otage... La seule qui ne pouvait pas le fuir.
La main de la jeune femme se ferma en un poing étroitement serré, tremblant de colère et de dégoût mal contenus. L'intense impulsion qui l'avait menée ici l'avait désertée dès qu'elle avait aperçu au loin ces murs, laissant place au doute, à la peur. La terreur, même. Pourquoi se jetait-elle dans la gueule du loup ? Elle ne voulait pas être là ! Elle avait tout fait pour être n'importe où ailleurs qu'ici, depuis des mois.

Et pourtant, ses pieds avancèrent, l'un après l'autre, et la guidèrent sans manquer devant la porte tant détestée et tant attendue. Sa main se leva, s'extirpant du couvert de sa cape, hésitante, sa course interrompue à quelques centimètres de l'huis. Frappera, frappera pas ?

Elle demeura ainsi, silencieuse et immobile pendant ce qui lui parût une éternité. Et derrière son regard d'émeraude agrandi par l'angoisse se jouaient déjà les pires scènes possibles... Le destin n'aurait plus qu'à choisir.

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Blanche_eulalie
    Jour et nuit, d'étranges démons venaient tourmenter la sacrifiée, lui soufflant à l'oreille que l'ultime échéance approchait, et ce, à grands pas. Depuis quelques temps, les silences apaisants du couvent avaient cédé aux silences languissants de la geôle. Il n’était plus question de sortir désormais.
    La Mama s’était convaincu que le sacrifice de son enfant était nécessaire. Mieux valait vendre une de ses filles que l’un de ses garçons, Blanche était trop fragile pour se risquer aux durs travaux des paysans et une fille morte ne leur servirait à rien.

    Les sentiments n’existaient plus.

    Dans la pièce attenante, la Mama brodait. Chaque coup d'aiguille s'enfonçait dans le coeur de Blanche, invitant ainsi de nouveaux démons, de nouvelles peines.
    Un silence oppressant envahissait les murs de la bicoque, emportant dans son sillage le souffle du sacrifice. Alors elle fermait les yeux pour se laisser submerger par la douceur des rêves. Mais chaque nuit Il revenait. Chaque nuit, Son visage souriait à Blanche et l'invitait à partager sa couche. Chaque nuit, le même cauchemar.


    MAMA !

    La Mama n'accourait plus comme les premières fois. La Mama levait un bref instant les yeux de son ouvrage car elle savait que son enfant était perdue.
    Et Blanche se rendormirait, sans rêver au prince charmant.

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Mhayri
MAMA !

Le cri traversa le bois épais de la porte et frappa la blonde silencieuse de plein fouet, provoquant dans ses nerfs le même réaction qu'il y avait tant d'années, comme un réflexe inné, inscrit dans le moindre de ses muscles.

Blanche !

Elle frappa à la porte, tambourinant des deux poings.


"Blanca ? Blanca !"

Sa soeur allait mal. Sa soeur appellait à l'aide. Elle devait la réconforter. Plus rien ne comptait que ce besoin viscéral.

"Blanca !"

La porte finit par s'ouvrir, laissant apparaître le visage stupéfait de la Mama : elle n'avait pas voulu y croire, lorsque Blanche Eulalie lui avait annoncé que Mhayri viendrait; elle n'avait pas voulu écouter son cœur de mère se serrant dans sa poitrine lorsqu'elle avait entendu cette voix, alors même qu'elle se levait déjà pour aller à sa rencontre.
La Saurèla eut un pas de recul, le poing toujours levé, réduite au silence par cette confrontation tant crainte et tant attendue.


"Mama..."

La matrone hésitait visiblement entre serrer son enfant miraculeusement revenue et lui déverser à la face tout le sac de reproches et d'amertume qui la rongeait depuis tant de semaines, tant de mois... Mais la Saurèla ne lui en laissa pas le temps.

"Où est Blanca ?"

Sans plus attendre, la jeune femme pénétra dans la demeure, sans égards pour la femme écrasée d'émotions qui s'écarta au dernier moment pour ne pas être bousculée, avant de s'avancer vers la chambre qui avait été celle des soeurs. Elle en poussa la porte dans le même élan, sa silhouette en cape se découpant dans le contrejour du seuil.

"Blanca ?"
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Blanche_eulalie
    Un torrent de larmes jaillissait des grands yeux innocents, non sans causer des ravages irréparables dans le coeur de l'enfant. Les démons de ses cauchemars tournoyaient autour du petit corps délaissé d'amour et de compassion. Mais un seul se tenait face à elle, un seul la défiait de son visage encore inconnu. Visage qui n'inspirait que la crainte en raison de son masque d'épouvante. Alors, la chair tremblait.

    Blanche entendit le bois de la porte de la bicoque craquer. Le père devait être là, à en croire le long silence de la Mama qui préférait se taire lorsque son mari revenait en titubant sous les effets de l'alcool. Il était préférable pour Banche qu'elle dorme, car le père ne manquait pas d'inspecter la sacrifiée comme on examine du bétail. Mais jamais le corps ne cesserait de trembler. Alors le père la battrait.

    "Où est Blanca ?"

    Malgré la fièvre nocturne, Blanche ne put croire à cette voix trop longtemps éloignée, mais jamais oubliée. Malgré la fièvre, Blanche ne put réprimer un fin sourire. Mhayri était là, tout rentrerait dans l'ordre.

    "Blanca ?"

    La porte de la chambre s'ouvrit à la volée, laissant voir une fine silhouette dans son encadrement.
    Mhayri.

    Mhayri, soeur aimée. Mhayri, soeur enfuie.

    Le visage poupon se sépara un instant du flot de larmes qui le ravageait afin de se concentrer sur l'aînée. Retrouvailles.


    Mhayri ?

    Voix plaintive.
    Pourquoi es-tu revenue Mhayri ? Ne tiens-tu donc pas à ta liberté ?

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