[Rp] Les souvenirs disparaissent mais la rage jamais...

« Celui qui soutient sa folie par le meurtre, est un fanatique. »
de Voltaire

Il faisait nuit ce soir la, le ciel n'avait plus cette couleur merveilleuse du milieu de journée. Le cyan avait laissé place à la pénombre, oppressante et effrayante. La dans un village en ruine il restait une mansarde debout, ce genre de bâtisse en ruine. Un pan de mur était écroulé, les fenêtre explosée, dans tous le village il régnait un silence de mort. Comme si l' Ankou était passé sur sa charrette pour envoyer ses clients dans l' haut delà...

Lorsque l'on passait la porte, qui cela dit tombait en lambeaux de bois arrachés et abîmés On rentrait dans une pièce unique, sombre ou la végétation revenait. Sur les murs brisés des feuilles de lierres rampait à la manière de serpent pernicieux et malsain. Dans ce lieu délabré la nature reprenait doucement ses droits...on pouvait se dire que cet endroit était abandonné et pourtant...

Dans le fond de cette pièce on pouvait apercevoir une table, une simple table avec une chaise posée négligemment devant. Sur celle ci, ce soir la un homme y était assis, ses traits était tirés pourtant son visage était fin. Ses prunelles autrefois azurées ne reflétait plus que de la tristesse, accentuée par les profonde poches de replie de chair sous ses yeux. Le regard fixé sur un parchemin, une plume à la main il semblait écrire.




La dextre lâchait enfin la plume...l'homme venait de lancer ses derniers mots, il était décidé. Plus que jamais animé par cette folie meurtrière qu'est la vengeance. Il se leva avec difficulté, titubant sur place en toussant. Quelques gouttes vermeilles venant tacher la lettre au même moment. Oui la fleur de la vie se flétrissait pour ce pauvre homme meurtris. Il se dirigea vers son lit, la sous celui ci il récupéra sa hache. Non il n'irait pas de main morte, il était décidé à faire souffrir au centuple celui qui avait osé lui voler la saveur de sa vie. Une cape jetée négligemment sur un dos recourbé par l'age, les traits tirés en un sourire dément. Il s'approche de la porte, pas de bagage, rien , juste un destrier aussi vieux que lui qui attend dehors son dernier voyage. Le vengeur arrive, son objectif faire tomber une ombre pour la réduire à l’état de poussière. La porte se refermait alors dans un bruit sec, il n'en fallut pas plus pour la faire sortir des gonds rouillés par les ages. Une torche jetée dans les débris et c'est tout un vestige de souvenir qui à pris feu..Un hennissement violent dans la nuit et notre paternel brisée s'en allait au plein milieu de la nuit. Vers ou nous direz vous? Vers la route sinueuse et violente de la vengeance...

« La violence a coutume d'engendrer la violence. »
Eschyle, extrait d'Agamemnon.

Il était fort tard. Les ruelles étaient sombre, inhabitée. A cette heure Paris se vide des gens honnête, seules les pires âmes trainent encore. Elles sont a l'affut. Elles attendent. Tapies dans l'ombre.
Parfois, au détour d'une rue, on perçoit un mouvement, un feulement de tissu, une catin qui passe, rejoignant on ne sait qu'elle bouge sordide.
Parfois on perçoit le son d'une lame tirée d'un fourreau, un cri rapide, et plus rien qu'une mare de sang dansant sur le pavé.
Parfois on entende le bruit de sabot ferré sur la pierre sale et malodorante de la ville.

Cette fois, on les entendit. Les sabots. On le vit le cavalier, le large capuchon de sa longue cape noire rabattu sur le visage. Ce visage dont on ne voyait que le bas. Inquiétante, angoissante vision de mort. Certains auraient dit qu'il s'agissait là de l'ombre de la Mort. Ils n'auraient pas tout a fait tord. D'autres auraient pensé que cet ombre n'était autre qu'un homme, plus violent que la moyenne, mais rien d'autre qu'un homme. Ils n'auraient pas tord non plus. Mais tous se serait signé a son approche. Et là, ils avaient tord, Dieu ne pouvait rien pour eux.

On ne l'arrêta pas, on s'écarta sur son chemin, pourtant, il allait d'un pas mesuré, sans se presser, comme s'il connaissait parfaitement le lieu, avec une assurance inquiétante pour cet endroit, car tous connaissent la réputation de bas fond, et voir un cavalier, aller sur un cheval de guerre, aller comme un prince parmi la vermine, n'était pas la chose la plus rassurante qui fut.

Le bride fut tournée, le cheval mené dans une étable, et l'homme mit pied a terre, ses bottes claquant contre la pierre froide et sans vie. Il monta les escaliers menant a la porte éclairée de rouge, un bordel. Quoi d'autre !?
En ce lieu de débauche, on le connaissait, et on l'accueillit bien, bien, mais sans un mot. Il n'était pas courtois avec les catins, on pensait qu'il n'était pas humain, froid et sans coeur face a leur souffrance, beaucoup ressortant en pleurs. Il n'avait pas la moindre attention pour elles.
Il venait. Il foutait. Il repartait.
Rien de plus. Rien de moins.
Beaucoup des filles auraient voulu qu'il n'apparaisse pas, lui qui avait été surnommé le Noir, non seulement pour ses goût peu coloré, mais aussi pour sa façon de faire. On ne l'aimait guère ici, mais il payait bien. Alors on le laissait venir. Enfin, la maquerelle laissait venir, quoi qu'elle aussi ai quelques remords a entendre les cris des filles, et pourtant, c'était pas son genre...

Le sort des pauvres filles ne l’intéressé pas, elles le répugnait, mais avec sa femme qui venait a peine de sortir de couche, ajoutez a cela un manque flagrant de répression, il ne pouvait assouvir ses besoins les plus primaires. C'était a se demander pourquoi soudainement tous les paysans s'étaient mit a payer leur impôt. Et puis, il avait du arrêter de maltraiter les servantes de sa cousine, renouveler le personnel n'est pas chose aisée une fois que les pires rumeurs cour sur votre maison.

Mais le Noir était là, sur le pas de la porte, enlevant avec précaution ses gants, tirant sur chaque doigt avec des gestes maniérés, il se dégantait avec une lenteur exaspérante, il regardait les filles, les unes après les autres. Sans vergogne. Ce ne sont que des bouts de chair a ses yeux, servant a être usée, utilisée, martyrisée, puis jetée.

L'Enkidiev fit un pas, puis deux, il montra celle qu'il voulait, une petite blonde aux airs aussi juvéniles qu'innocents. Il savait que la Maquerelle l'avait probablement conservée pour lui. Et elle était parfaite, il adorerait faire disparaître cette petite lueur dans ses yeux, il adorerait lui faire perdre toutes illusions sur la bonté des hommes. Lui, n'en avait plus aucune.

La blonde trembla, se faisant toute petite, elle avait entendu les rumeurs, ce serait presque trop facile. La maquerelle fut obligée d'aller la chercher par le bras, et de la jeter dans ceux de son amant d'un soir. Ectelion envoya a la grosse femme une bourse bien ronde, d'un geste souple et habile qui étonna presque notre sombre seigneur, celle-ci l'attrapa et la fit disparaître presque aussitôt.

Aigle avait du moineau au dîner.

Le couple bien mal assorti disparut dans une chambre. Bientôt, on entendit un claquement, les autres filles se regardèrent, celles qui l'avait eut, serrèrent les mâchoires, mais en fières déchues, elles gardèrent pourtant la tête haute, leurs visages fardés se faisant un instant dur, aussi dur que puisse être le cœur d'une fille a tout le monde.
L'agitation revient dans la salle commune du bordel, feutrée d'abord, puis plus forte, plus riante, il fallait oublier la petite blonde qui était entre les pattes du Noir. Ou du moins, il fallait couvrir ses cris. Et ils furent nombreux, ses cris de douleur, bien qu'elle mordit le drap, lui échappaient.

Quand enfin il en eut fini, Ectelion sorti du lit, la blonde était allongée là, défaite, respirant a peine, lui n'en avait que cure, il boucla sa ceinture dans un bruit métallique, signe qu'il s'était presque entièrement revêtu, un froissement annonça son départ, sa cape avait retrouvé ses épaules. Sans un regard en arrière, il laissa la fillette a ses sanglots.

Sortant dans la froidure de cette nuit de printemps, il regarda le ciel. Ectelion avait eu un sentiment un peu étrange, comme... de l'appréhension ? Non. Un sentiment de déjà-vu ? Oui. Tout a fait. Il avait trouvé un goût de passé a la jeune catin, cela d'ailleurs avait fait son malheur, le rendant plus dur qu'a l'habitude, si tant est que ce soit possible.
Elle avait un goût de paysanne Bretonne. Une petite paysanne, jolie comme un coeur, prise dans les flammes, entourée par le fracas d'un rire rauque et cruel.
L'Enkidiev ferma les yeux. C'était il y a si longtemps, et pourtant, il ne l'avait pas oubliée, il n'en oubliait aucune a vrai dire, elles l'accompagnaient ou qu'il aille, et quand il était en guerre, il leur cherchait des compagnes, ajoutant a leur nombre, comme un enfant peut collectionner des coquillages, lui, il collectionnait les souffrances, et sa collection était belle, la plus belle de toute.

Un sourire cruel s'étira sur les lèvres fines du Ténébreux, il passa sa langue sur sa lèvre supérieur, elles avaient un goût infiniment meilleurs, infiniment plus intense que toutes les autres. Meilleur même que celui de sa femme qu'il aimait pourtant, quoi qu'on ne sache pas vraiment si un homme comme Ectelion d'Enkidiev Lablanche d'Abancourt puisse aimer, non, on en savait pas.

Ses pas se firent entendre, il quittait les abords du lieu de débauche, il reviendrait, c'était a n'en pas douter. Remontant de nouveau sur son destrier, il talonna, et les bruits de sabots reprirent, lent mais terriblement présent a travers les rues des bas quartiers parisiens.
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« Prendre une femme à la légère est une lourde responsabilité. »
Albert Willemetz

- Trois cent écus l’tout, c’donné, ma jolie! Même qu’j’te fais r’mise s’tu donnes un peu du tien.. S’tu vois c’que j’veux dire..

L’œillade lancée se veut aguichante, l’effet n’en est qu’effrayant. C’est qu’il est borgne, l’homme affalé sur le banc, dégoulinant de graisse & de bière, à moitié dévoré par les rats & les puces. Il rit gras d’ailleurs, & l’encapuchonnée qui lui fait face semble approuver d’un signe de tête. Une gorgée de bière frelatée est avalée, & la voix, douce & grave, porte jusqu’aux oreilles poilues du marchand.

- Si je donne un peu du mien, comme tu dis… Tu m’en donnes combien ?
- Baah, cinquante ma beauté.. S’t’y donne vraiment du tien.

Une langue râpeuse passe sur les lèvres déchirées du bonhomme, alors qu’il lorgne sur la poitrine gonflée par le bustier de cuir. Pourtant, son air assuré laisse bien vite place à une moue d’horreur, accompagnée par un sourcil épais qui se hausse de surprise.

- Là, tu vois, je donne vraiment du mien pour ne pas t’égorger tout de suite. Cinquante écus, tu dis ? Je t’en donne dix. Savoure ma générosité. Savoure.

L’homme approuve, tandis que la lame qui se pressait sur son entre-jambe rejoint la botte féminine. Elle, se lève sans ajouter un mot, laissant une poignée d’écus à l’encontre du borgne, alors que lui, la bouche ouverte dans un air stupide, la regarde quitter la taverne avec sa marchandise.

On peut dire qu’elle est fière, la brune enchignonnée. La capuche tombe sur ses épaules alors qu’elle quitte à peine le tripot, & la besace tâtée pour vérifier que la marchandise est bien à sa place. C’est que le lot de fioles qu’elle vient de récupérer vaut une petite fortune en tant normal, & que l’intelligente Isabelle n’a pas l’intention de perdre ses prochains revenus.
Les mèches folâtres sont remises derrière l’oreille, pour tenter de rattraper un chignon anarchique, & la brune s’enfonce dans l’obscurité d’une nuit qui commence.

Ses bottes de cuir claquent & résonnent sur les pavés humides, tandis que sa cape, trop longue, glisse sur la crasse de la ruelle. Elle se presse alors que la cape volette sur ses épaules, dévoilant le bustier de cuir surmontant une fine chemise, & des braies ajustées dans un lin presque rêche.

Elle se presse, jetant des coups d’œil sombres sur les trop rares passants.
Elle se presse, tant & tant, qu’elle manque de se faire renverser par un cavalier à l’allure lente & pourtant imposante. Les émeraudes sombres se redressent sur l’homme alors que la lippe carmine lui murmure un juron. La garde de l’épée qu’elle porte au flanc est pressée d’une senestre gantée, alors que, bien que plus petite, elle le jauge du haut de ses trente ans.

- Prend garde à toi, gamin.

C’est autant une menace qu’un conseil généreusement offert, alors que d’un sourire mesquin, elle s’ôte de son passage, s’effaçant contre le mur pour pousser un soupir. Noble, pour sûr, arrogant & mauvais sans aucun doute, à voir comment il se déplace dans les bas-fonds parisiens, présentant sa richesse avec une insolente imprudence.

Et ça lui fait pousser un nouveau soupir, à la belle austère, de voir tant de richesse, & ça lui fait penser qu’elle a la bourse vide & qu’il lui faut s’empresser de vendre ses fioles précieuses au plus offrant, histoire de ne pas se retrouver à mendier un quignon de pain ou à offrir son corps pour un morceau de lard.

Elle enrage même, à l’idée d’être en si mauvaise situation, & c’est d’un pas vif & agacé qu’elle tourne le dos au cavalier, reprenant sa route en gardant ses doigts bien enroulés autour du pommeau de l’épée. La capuche est remontée, la cape resserrée autour de ses frêles épaules.

Inutile de s’attarder plus pour une simple bousculade, alors que dans sa besace bien dissimulée, il y'a de quoi s'offrir sur un plateau d'argent toutes les têtes qu'elle ne peut pas se voir.
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« Chaque heure nous meurtrit ; la dernière nous tue. »
Proverbe français


- Pèreeee...pèreee ne le laisse pas faire Ahhhhhhh papaaaa!!! A l'aide!!!!

Les yeux du brun s'ouvraient rapidement, le visage pale était ruisselant de sueur tant il avait eu peur. La assis sur ce lit qui n' était pas le sien, le paternel tentait de retrouver son souffle, celui ci devenu bien court. Seul, encore et toujours seul dans cette chambre miteuse, hébergé dans un tripot du coin...

Encore ce cauchemar qui reviens, toutes les nuits c’était le même souvenir qui revenait en boucle. Seul chose que le vieillard parvenait à mémoriser de sa fille décédée. Ses cris...déchirant, violents, destructeurs avant que le sombre ne joue avec elle. Si seulement il avait eu la force de bouger à cet instant, si le garde du corps du noir ne l'avait pas cloué au sol par un coup de genoux envoyé en plein plexus. Si seulement...

Avec les "si" on referait le monde n'est ce pas? C'est bien ce que se disait le vieux. Pourtant cette culpabilité revenait chaque fois que son cœur battait. Jamais la honte et la rage ne le quittait, depuis ce jour à un monstre lui à volé sa vie. Qui pourrait continuer à avancer en n'ayant plus rien? Quel être vivant serait capable de mettre un pied devant l'autre sans aucun but sur lequel se reposer?

C'est bien pour ça que le brun à finit par se trouver un but, un objectif à atteindre coûte que coûte. Et pas des moindres , vous vous en doutez sûrement, afin de survivre puisque vivre il ne le pourrait plus jamais, il se décida à traquer sans relâche l'instigateur du trépas de sa fille.

Voila tout ce qui conduisit notre paternel à payer de nombreux bandit et autre hommes partisans du vice afin de retrouver la trace de l'aigle noir. C'est ainsi que le Will avait décidé de le renommer, sale rapace sans cœur et sombre au possible. Le tripot qu'il avait trouvé pour crécher était ce qu'on peu voir de plus dégradant et crado dans la ville de Paris, mais il s’en moquait lui, tout ce qu'il voulait c'est trouver le monstre.

Pourtant ce soir la une voix attira son attention lorsqu’il buvait sa chopine à une table. Une femme qui semblait en mauvaise posture, il se levait près à l'aider puis se figea sur place apercevant le reflet argenté de la lame près des coui... *censuré*du type. Les prunelles autrefois éclatantes fixèrent la jeune femme avec une certaine admiration, si seulement sa Lucie avait sut ainsi manier les armes elle ne serait pas ... Oui elle aurait survécu.

Cette femme pourrait l'aider à trouver l'aigle noir, après tout tout homme ne résiste pas aux courbes aguicheuses d'une belle pouliche. Il avait gardé une bonne bourse remplie d’écus pour pouvoir payer un quelconque traceur mais la c’était bien mieux...il pourrait el faire tomber dans un piège, se serrait si simple.

La démarche était lente, boiteuse, il suivait al jeune femme jusque dehors et viens à la bousculer volontairement lorsqu'un cavalier passera. Non il ne prête pas attention à l'homme, il devrait pourtant, si seulement il avait sut qui était monté d'un air hautain sur son cheval, si seulement...

- Oh...pardon mademoiselle...keuff keuff...dites j'ai vu votre ...manière de vous défendre, ça vous dirait de gagner 100 écus?

Rien de plus, les mots sont tuent, le regard était perçant, vrillé sur la jeune femme. L'espoir gonflant le cœur du pauvre homme, il ne lui restait plus que ça. Espérer pouvoir arracher le cœur de l'oiseau de malheur à main nue...

« Quoi de plus illusoire que la vengeance ? » Jean Lemieux, La Lune Rouge.

Allant lentement a travers les rues brumeuse de la cité parisienne, satisfait de sa soirée, le Ténébreux ne prêtait pas attention a ce qui l'entourait, il n'avait que cure des gueux qui peuplait les rues, il pouvait bien leur passer dessus que cela ne lui ferrait ni chaud ni froid, mais soudain, il fut tiré de ses pensées par une voix féminine, « gamin » avait-elle dit.

Un grognement se fit entendre.

L'Aigle n'aimait pas qu'on le prenne pour un oisillon.

Hautain, l'homme de noir vêtu tourna bride, les pas qui s'éloignait de lui se rapprochèrent bientôt, et alors qu'il s'approchait de la femme, avec la ferme attention de lui faire ravaler son gamin, il entendit une voix cassées par l'âge, et probablement par le chagrin, un homme boiteux et ignoble, proposant probablement a la gueuse d'écarter les cuisses comme une vulgaire catin, ce qu'elle était peut être d'ailleurs... Mais c'était l'homme boiteux qui attira le plus son attention.

Ainsi fut-il prit d'une envie de briser ce dos minable de vieux, juste pour l'amusement, il talonna sa bête, qui bondit, esquissant un pas vif, l'homme fut percuté, l'antérieur de l'animal lui touchant le dos. Il trébucha, se rattrapa au mur, pauvre chose, un rire mauvais échappa au Noir, devant la faiblesse, il n'avait que méprit. Et il avait sut percevoir que la jeune femme n'était pas faible, elle semblait avoir un cran fou. Il en fallait pour se promener dans ce genre de lieu, seule, et surtout quand on était aussi bien roulée.

Écarte toi, vieillard. Lança la voix tranchante, grave et si caractéristique du Lagrange.

Il mit pied a terre, d'une claque il fit s'éloignait sa monture. Sa main traînait sur la garde de son arme, il ne voyait pas le visage de l'homme, il jeta un peine un regard a la trentenaire, il cherchait l'affrontement, c'était l'évidence même.

L'aigle après avoir manger voulait se défouler.

Ectelion avait un goût pour les faibles, il aimait les rabaisser encore un peu plus. Il n'y a pas plus vil que de faire sentir sa supériorité a un moins que rien. Mais l'Enkidiev n'en avait que faire. Les Cafards ne sont fait que pour être écrasé, il y aurait donc de la bouillie de cafard.

Seulement, reste encore a définir qui des deux hommes est le cafard.

Et si Ectelion avait reconnu son adverse, le jeu aurait été tout autre, bien plus amusant, car le Noir savait qu'il lui avait tout prit, sa femme, sa fille, sa ferme, jusqu'à ses vaches. Le plus amusant avait bien sur de prendre sa fille.

Une scène mémorable.
Un coup de botte violent, ses hommes entrant en hurlant dans la chaumière, les deux femmes, dans les bras l'une de l'autre poussant des cris suraigus. L'homme lui avait essayé de le défendre sa terre, il avait été rapidement maitrisé par le bras maudit du Sombre, plaqué a terre et roué de coup, il ne put que regarder la scène.
Le Seigneur s'approchant d'un pas mesurer de ses deux femmes, l'épée au clair, un sourire carnassier accroché aux lèvres. La femme était fade. Elle fut percée en un coup vif, s'écroulant dans une mare de sang, elle laissa sa fille aux mains de l'Enkidiev. Celui-ci rengaina son épée. Il attrapa la fille qui appelait a l'aide son père, le pauvre homme coulé sous le poids d'un soldat ne pouvait que regardait la scène, sa fille serrer contre le large torse du Noir.
La suite se passe de commentaire. Tous passèrent.
L'homme vit les yeux de sa fille perdre de leur lueur, ils devenaient creux.
L'espoir avait fuit.

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« Si l'argent n'a pas d'odeur, les femmes ont beaucoup de flair. »
Anonyme.

Au grognement répond un grognement, plus féminin mais tout aussi désagréable. L'intrigante esquisse un sourire narquois sans daigner s'arrêter, alors que les sabots de la noble monture semblent se rapprocher.
Et avant même qu'elle ne se retourne pour lui faire face, c'est un vieillard qui la bouscule, faisant tinter les fioles fragiles dans la besace de cuir.

- Foutre..

Mais la fin de l'injure file entre ses lèvres sans produire un seul son, alors que d'une voix aussi hésitante.. qu'assurée, le vieillard fait son offre. Le sourcil fin se hausse, la senestre gantée presse le pommeau de l'épée, & la lippe carnassière finit par s'étirer en un sourire compatissant.

Cent écus. L'offre est alléchante, pour sûr, & il faudrait être fou pour ne pas le laisser étaler les conditions de l'affaire. Oh, pour sûr, ça sent le coup fourré à plein nez, nez qu'Isabelle a fort beau, par ailleurs*, mais il n'y a que les coups fourrés qui puissent rapporter gros, si l'on a encore la chance de s'en sortir en vie.
Et il ne sera pas dit que la belle décline une telle proposition. L’argent lui fait cruellement défaut depuis qu’elle a quitté en toute hâte le bordel orléanais après avoir enfoncé un chandelier brûlant dans le crâne du maquereau.
Chacun démissionne comme il peut !

- Dis-donc, vieillard.. Tu m’inté..

Et voilà que le cavalier s’en mêle, bousculant la source d’un de ses probables revenus, descendant de monture, l’épée prête à sortir & le regard hargneux.
Il transpire le sadisme, ce noble au visage froid & aux traits délicats, il suinte une cruauté parfaite par tous les pores de sa peau blanchâtre. Et ça l’excite, la gueuse, ça lui fait parcourir des frissons d’adrénaline tout le long du dos, ça lui crispe le ventre dans un désir bestial de voir plus encore de barbarie.
Chacun fantasme comme il peut.

Elle leur tourne le dos, lâchant un soupir désespéré à l’idée d’avoir perdu du temps - & le temps, c’est de l’argent. L'Isabelle sait se tenir, & il ne sera pas dit qu'un simple élan de sadisme lui fasse perdre tout contrôle.
Sans compter qu'elle n’a pas plus l’envie de se battre pour récupérer une centaine d’écus que de vendre son corps pour un lot de fioles précieuses, & c’est bien ce qu’il faudrait qu’elle fasse si elle ne veut pas que le sombre s’occupe avant elle des propositions du vieillard.

Et puis, même pas sûr que l’homme ait vraiment de quoi payer.. On ne prend pas soin d’amasser des écus lorsqu’on est si proche de la mort.
Et quand bien même aurait-il de quoi payer, nul doute que la mission s’annonçait tordue. On n’interpelle pas une femme dans la rue pour lui proposer cent écus, sauf pour la garnir comme il faut ou pour l’envoyer dans les bras de l’Ankou.
Et encore, cent écus, ça ne valait pas les plus de trois cent qu’elle pouvait se faire avec les fioles dans sa besace, si tant est qu’aucune ne se soit brisée.

Oui mais…

- Doucement, mon trop tendre, tu touches à mes revenus, là.

Les talons claquent alors qu’elle se retourne vers eux, se rapprochant du vieillard pour l’aider à se relever. Sa bonté la perdra, & sa vénalité, aussi.

- Bien sûr que ça me dit, de gagner cent écus..

Sa dextre gantée se pose sous le menton de l’homme, détaillant son visage avec un sourire en coin.

- Quelle est ton offre ?

*On aura reconnu l'exquis attribut de Cléopâtre !
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« La haine est fille de la crainte. »
de Tertullien




C'est à peine si le pauvre homme observait les deux comparses, l'une semblait bien virulente, elle le lui avait déjà bien prouvé dans le tripot délabré. Oui elle, elle pourrait faire l'affaire et son rôle serait de détruire un aigle, le plumer et le rôtir à la broche. De manière imagé bien entendu quoi que...

Le vieillard prêta à peine attention à la présence de l ' Enkidiev, si seulement il pouvait le reconnaître, la tache serait tellement plus aisée, il n'aurait qu'a sortir sa hache et ...Oui il n'aurait qu'a, si il avait encore la fleur de sa jeunesse, seulement la il était vieux, replié sur lui même, les articulations lui faisant défaut, c'est à peine si il aurait réussis à porter son arme à bout de bras.

Elle avait du tempérament la brune ça on ne pouvait pas le lui retirer, non simplement le lui concéder. Elle était de ces femmes fortes au caractère bien trempé, qui plutot que de se laisser malmener par des enfoirés préférait se battre deux fois plus fort à coup de pieds dans la tronche.

Oui une femme forte, si seulement sa Lucie eu été aussi forte, si seulement elle avait sut se battre. Jamais le sombre n'aurait pu la lui voler, il serait peu être mort à l'heure qu'il est, jamais Will n'aurait entendu les cris déchirant de sa progéniture se mourant.

Il se souvenait de tout hélas, chaque détail, chaque gouttes vermeilles qui perlait sur le corps de cire de sa poupée parfaite. Sa fille, sa vie, il avait tout vu, les soldats l'avait bien rossé mais l' Enkidiev avait fait en sorte qu'il puisse tout observer. Il à vu l' innocence de sa Lucie se faire voler, piétiner, détruire, puis les coups, violent qui meurtrissait ce corps parfait ne laissant qu'un tas de boursouflure, sa fille n’était déjà quasiment plus. Il se souvenait des flammes meurtrières, dansante qui emportèrent avec elle le corps défiguré...et sa femme, sa douce et tendre femme n'avait pas eu à souffrir, elle n’intéressait pas le sombre, un coup avait suffit, un coup seulement pour lui voler tout ce qu'il chérissait...

L'heure n'était pas à la souffrance, il devait recruter cette femme pour détruire le sombre, il devait utiliser cette arme bien plus efficace qu'une lame, après tout elle avait des atouts bien visible. Elle s'approchait et lui manifestait un certain intérêt, la il s'apprêtait à lui donner sa mission lorsque la voix...sa voix lui glaça le sang.

Visage ridé qui devenait alors livide, le regard vitreux, cette voix, jamais il n'aurait pu l'oublier. Comme un coup du destin, une attaque du diable en personne qui lui rappellerait combien son idée était minable et irréalisable. Comme si l' Ankou voulait l'emmener avec lui en le faisait mourir de folie...ce timbre grave, hautain...l' Aigle, la devant lui...qui se battait avec cette femme.

Il n’eut pas le temps de réagir, il allait lui dire de le faire passer de vie à trepas lorsqu'un coup puissant lui fut envoyé, projetant le pauvre corps ternis par l'age , contre le mur glacé et sale du tripot. Il pensa que tout était finit, qu'elle allait attaquer le noir, ou peu etre même s'accoquiner avec lui et pourtant...

La belle le rejoignis, lui le vieillard, le perdant, le détruit, qui n'avait que ce seul objectif en tête, annihiler le croque mitaine, détruire le malin, le fallacieux, le monstre. Elle l'aida à se relevé il pris alors appuie sur elle, se focalisant sur cette femme alors que son cœur s'emballait. Le monstre était si proche et il n'avait pas le courage de le regarder en face LACHE. Il pris son courage à deux mains avant de crever dans cette ruelle et souffla d'une voix à peine audible ...

- 100 ecus pour toi si tu fait souffrir ce monstre qui se tient la, détruit le, fait le hurler, arrache lui la vie comme il à volé celle de ma fille...aide moi et cette bourse sera à toi...venge la...pour la mémoire d'une fleur d'innocence, brûle le...

Il tentait de se relever, regarder en face ce monstre, mais il n'y parvenait pas, rien que cette voix le statufiait sur place. Souvenirs qui lui revenaient à l'esprit avec violence, faisant ployer une nouvelle fois ce corps meurtris par les age . Enveloppe vide qui ne demandait qu'un peu d'aide, une main tendue, juste ça...

«  Les hommes méchants ne sont pas les plus dangereux. » Tristan Bernard, Le Prince Charmant.

Il y eut un flottement, un instant ou le Noir eu du mal a réaliser ce qu'il se passait, le vieux offrant 100 écus a une inconnue, la même inconnue qui l'aidait, lançant un regard véhément au Sombre qui la main sur la garde les regardait d'un air atterré. C'est quoi ces bons sentiments là... Ne sommes nous plus a Paris ? La ville ou l'ont crève sous les ponts sans qui quiconque s'arrête... ?

Les pupilles d'ébènes d'Ectelion parcourir le corps de la jeune femme, elle était bien faites, quoi que musculeuse. Elle avait un air d'aventureuse, et ce regard fier de ce qui ne devait rien a personne. Elle qui soutenait ce vieux encapuchonné avec pour seule motivation la vénalité, et bien soit ! La main gantée du Dédaigneux quitta la garde de son arme, il croisa les bras, les regardant avec un sourire mauvais.

Que c'est touchant. Lâcha-t-il d'un ton acerbe ou transpirait le sarcasme, il avait en sainte horreur les vieillards, car leurs sagesses prétendues n'étant que poudre aux yeux, mais aussi car ils n'étaient plus que des faibles, les faibles ne sont utiles en rien et l'inutile est a bannir selon notre charmant sombre.

Sardonique le Noir personnage regarda le drôle de couple, les considérant avec un dégout non dissimulé, les voir ainsi bras dessus bras dessous lui donnait des envies sanglantes. Le geste serait simple et souple, il suffirait d'étendre le bras, arme au poing et hop... Envolée de têtes. Quelle vision délicieuse, un sourire d'envie glissa sur les lèvres du grand brun, il fit claquer sa langue, et s'appuyant négligemment contre le mur, il reprit la parole :

100 écus, c'est bien peu pour avoir a ses cotés une femme de vostre statures, surtout qu'il n'est pas dit que nostre ami le mendiant puisse réellement vous payer... Regardez le. Une loque puante, un vieillard désargenté.

Le regard fixe et glacial, le visage d'Ectelion ne montrait pas la moindre émotion, rien, si ce n'est peut être une cruauté dont l'Enkidiev même avec la meilleur volonté ne pouvait se départir.
Mais ça, c'était avant que le vieux ne se décide a relever les yeux vers la demoiselle, découvrant en parti son visage, montrant un profil que l'on ne peut oublier. Si Ectelion n'avait point été appuyé contre le mur, il eut probablement un mouvement de recul.

Un Fantôme ! Fort heureusement, ce mot ne passa guère ses lèvres, on l'aurait prit pour un pleutre, et ce n'était point pour lui plaire.
Comment ! Comment était-ce possible, cet homme était un relent du passé, un souvenir. Il l'avait pourtant passé au fil de son épée, il se souvenait du bruit des côtes brisées, du sang qui avait coulé contre le métal, le râle du mourant avait été bien pire que tout le reste. Il était mort, ou presque quand Ectelion avait quitté la demeure, laissant les trois cadavres aux flammes. Alors comment diables ce sinistre vieillard pouvait bien se tenir là, dans cette ruelle sombre, mirant d'un œil fou la demoiselle.

La main gantée de noir retrouva garde de l'épée, celle-ci jaillit de son fourreaux, dans un crissement lugubre. Ectelion leva l'épée face a lui, la pointant sur la femme, orageux, il siffla entre ses dents :

Disparaît sur le champ avec cette bourse, ou du périra comme ce vieux.

D'un geste souple, le Noir décrocha une bourse pansue plus que de raison a l'aventureuse. Il ne la regardait pourtant pas, ses yeux entièrement figés sur l'homme. Il sentait une sueur froide lui venir dans le dos, il sentait que l'affaire n'était pas bonne, l'Histoire passée n'a pas sa place dans le présent...
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« Tout dépend du hasard, et la vie est un jeu. »
Jean de Rotrou.

Fleur d'innocence. Touchant. Loque puante.
Les mots sonnent, résonnent, tintent aux oreilles attentives de la belle, tout autant que la bourse qu'elle rattrape d'une senestre habile, sans même lâcher le vieillard.
Lourde bourse.

Et elle sent, l'Isabelle. Elle sent l'argent, comme un aigle sa proie, griffes sorties & sourire carnivore.
Elle sent la souffrance, la puanteur, la misère, la déchéance, tout ça & plus encore. Elle sent, encore & encore, & s'en repaît comme de la plus douce & tendre des chairs blanches.
Elle sent la justice, celle que le vieillard ne peut plus rendre lui même, celle qu'elle devrait rendre pour une centaine d'écus.
Elle sent les fioles dans sa besace, elle sent le verre qui s'est brisé alors qu'il s'appuyait sur elle.
Elle sent les gouttes d'extase qui imbibent le cuir, les larmes de rêve & de richesse qui s'écoule au sol.

- C'est bien ma veine.

Le vieillard est enfin lâché, la besace précautionneusement ouverte alors même que le nobliaux continue à pointer sa lame sur elle. Il n'y a qu'une fiole de brisée. Mais sur trois, ça fait beaucoup.
Cent écus qui fuient & attaquent sans pitié le cuir souple de la besace.
Grognement.
La bourse du noble est soupesée, tâtée, délacée & appréciée à sa juste valeur.
Nouveau grognement.

Le minois de la brune se redresse sur le Menaçant, le sourcil arqué, la nacre blanche pinçant narquoisement la lippe carmine.
Et la bourse relacée de faire un magnifique vol plané, en digne retour à l'envoyeur.

- Gamin, je t'ai déjà dit de prendre garde à toi, il me semble. Non ?
Délicate, elle ôte sa besace pour la tendre au vieux, lui décochant un sourire rassurant.
- Vois-tu, j'ai un principe tout simple.
L'épée est détachée du ceinturon, atterrissant à nouveau entre les doigts du vieillard avec la cape qu'elle vient de détacher.
- On me paye. Je tue.
Les mains sont dégantées, le cuir fourré allant rejoindre le portant qu'elle vient de se désigner.
- C'est à l'offre la plus alléchante.
Le corps souple se penche, les bottes sont délestées des dagues qu'elles protégeaient.
- Il n'a peut-être pas de quoi me payer. Mais toi, mort, tu vaux une petite fortune. Ta bourse n'est pas le seul petit trésor que tu caches sous ton velours, n'est-ce pas ?

Le regard est amusé, le ton n'en est pas pour autant aguichant. Elle ne joue pas à séduire, la belle, non. Elle joue à sentir les frissons d'adrénaline courant le long de son dos, & les tremblements glacés de ses victimes. Elle joue de ses émeraudes brillantes pour que les pupilles de son adversaire se dilate d'horreur. Elle joue à pousser à bout, une dernière fois, les émotions des futurs morts.

Mouvement souple des poignets, les bras ouverts, la poitrine bombée.
Offerte, pleine & entière, la chemise fine & entrouverte ne dissimulant que trop mal la veine palpitant à son cou.
Elle brûle de tuer. Et d'être payée.
Alors la Belle, entre deux Bêtes, se fait instrument de leur vengeance, dés jetés sur un tonneau en faveur du hasard.
Et de lâcher enfin, tentatrice & joueuse, les yeux fermés, les dagues en main, prête à tuer celui des deux qui fera l'annonce la moins convaincante :

- Tu as les cartes en main.
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