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La dernière route du renard...

[Rp] Un renard sous un arbre penché...

Twa_corby



Assis sous l’ombre délicate de la première branche, je profitais d’un tapis de mousse confortable à mon siège tout en m’appuyant contre le bois d’un vieux chêne.
L’allure était à l'image d’un tableau d'une nature pas encore tout à fait morte, et qui représentait un goupil pensif…
Un temps pour mettre de l’ordre dans mes idées suite à une période difficile à plus d’un titre... Le temps de la réflexion pour faire un choix.

Les jambes croisées à la botte et la ceinture détachée, je prenais mes aises sur cette terre Normande que je respirais à pleins poumons, laissant au côté ma lame se reposer dans un étui confortable qui luisait encore de sa graisse d’entretien.
On entendait au loin la voix grasse d’un fermier dans un champ de labour et de l’autre côté, le meuglement des vaches qui s’épanouissaient dans la gourmandise des herbes grasses.
Le vent léger s’amusait avec les feuilles tout au dessus de moi et l’envie répétitive que j’avais d’éternuer confirmait pour de bon la venue de la saison festive.
    Le mois d'avril s'en est allé, le mois de mai s'est approché.
    Et marions les roses
    Les roses font un beau bouquet, les roses font un beau bouquet quand elles sont jolies
    Avons passé dedans vos blés, O comme ils sont tous bien grainés
      Mettez la main au nid des œufs, que chaque main en prenne deux.
      Moi qui suis le porte panier, j'en prendrais bien le nid entier

La besace sur les genoux, j’épluchais les nombreux documents que j’avais récupérés dans ma chambre de Longueville.
Écrits de mon passé, de mes mémoires et de mes souvenirs par la légèreté d’une plume à la pénibilité des mots.
Les couleurs argumentaient les enluminures aux endroits où la fine pointe s’était essayée à de subtiles courbes lettriques et formaient pour celui qui savait lire, des histoires de mon passé.
Formes de proses pour des manuscrits imprégnés, des calligraphies envolées ou des notes variées à l’influence des saisons comme mon humeur changeait au gré du vent, il y avait toute forme d’écriture.
Aucune reliure à tous ces écrits. Tout était comme le renard, sans collier d’attache et libre de s’envoler à la moindre bourrasque.
Il y avait…

L’histoire qui commença ainsi ne ressemblait pas à une fable, loin de là.
Elle fut celle d’un homme qu’on nommait renard pour son style associé aux rêves de ses créativités.
Un terme contradictoire puisque mon nom signifie pourtant l’origine de deux grands corbeaux dans un dialecte bien anglois. Cause à mon père, envahisseur d’outre-manche qui occupa le territoire pendant presque cinquante années et mourut avant d’en être chassé.
Ma pauvre mère devenue folle m’éleva avec mon jeune frère Jack, frère Jack… Et ma sœur Princess. Le départ de cette dernière pour rejoindre notre papounet tout là-haut acheva le pauvre esprit de notre génitrice.

Jeune Renard de l’époque, j’ai fini par m’enfuir comme on échappe au fermier dans un poulailler, laissant Jack à l’éducation presque aliénée de notre mère.
Ce dernier trop jeune et influencé se vit forcé, O’ pauvre Black Jack Davy, de tuer de ses propres mains sa bien-aimée pour l’amour et par la peur d’une mère dont l’esprit avait déjà rejoint la frontière de la folie.


Posant les parchemins sur mes genoux, regard dans les souvenirs, je profitais de cet air léger qui caressait mon visage. Prenant une inspiration, je souriais au moment apprécié et me rappelais, les yeux fermés, de mes premiers pas dans cette vie active.

J’avais ainsi commencé tout boiteux d'expérience à Honfleur, avide de connaissances et des espoirs pleins les poches.
D’entre des guenilles, de deux ou trois guibolles à hue et des abattis à dia, je bringuebalais à la berlue ce que j’avais dans ma besace.
Je ne connaissais pas les grandes villes et celle-ci suffisait à ma convenance tant que ma bourse se remplirait d’écus dans les petits boulots.

Au dessus de moi, les feuilles qui s'agitent comme les oiseaux s'amusent.
Une ombre, celle d'un nuage sans doute.


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--Gaudin_jekel




Jekel, frère d’Hekel et perché à trente arbres plus loin.
Voilà presque quatre heures qu’il avait prit sa faction, guettant comme on lui avait demandé l’arrivée des caravanes marchandes.

C’était le plus jeune des deux, le plus fougueux.
Élevé dans une famille aisée, il n’avait que faire de l’éducation qu’on essayait de lui donner, méprisant autant que peu toutes les formes d’autorité.
Les aspects d’un teint blafard et d’une corpulence fragile se mélangeaient avec un timbre de voix haut perché qui ne plaisait pas à l'oreille. A ses rires qui se faisaient ricanement hideux, le spectateur a la chair de poule et l’envie de ne pas rester.

Bien plus grand et de deux ans plus vieux, Hekel était plus sage et plus réfléchit… Mais plus sombre aussi.
Il ne parlait presque jamais, sauf pour s’adresser aux femmes qu’il nommait à l’expression de la débauche, ou bien pour rire de ses victimes qu’il détroussait après les avoir mises à terre.

Les deux frères s’essayaient aux activités douteuses dès l’adolescence, fréquentant les tavernes jusqu’au petit matin, trainant dans les rues sombres.
Ils rentraient souvent boulassés et pleins comme des grosses vaches, se faisant remarquer sans vergogne dans leur environnement familial.
Bagarreurs pour un sou, menteurs pour deux, ils pouvaient à leur guise se contenter du confort familial pour être heureux… Mais rien ne leur suffisait.
Avides des richesses faciles, cupides des gourmandises dociles, les deux frères affectionnaient les rires gras avec l’alcool et les femmes avec le velours, tout en se jouant des gens qu’ils arnaquaient grâce à leur apparence bien habillée.

Lorsque la mère mourut, le père les chassa et ils se retrouvèrent sans le sous.
Situation désagréable pour ces deux godelureaux puérils qui n’avaient vécu que grâce aux deniers de la famille.
Vivant alors entre les petits délits en les méfaits de bas-étages, ils rencontrèrent Vauvert, personnage charismatique et antipathique qui aurait pu devenir leur mentor dans le domaine de la malveillance.
Ils avaient d’ailleurs songé à créer une équipe redoutable de nouveaux brigands si ce dernier diable, aussi instable que la mer qui jamais ne s’arrête de bouger, ne s’était pas lamentablement écrasé au fond d’un puits tout en s’esclaffant.
Emportant le rire de Vauvert en guise de souvenir ineffaçable, les deux frères avaient décidés de s’expérimenter dans le domaine du larcin comme s’ils avaient été possédés par la méchanceté toute entière.
Le tabassage du badaud de rue pour quelques écus laissait la place au meurtre des marchands de route pour plus de profit.



Après avoir passé plus d’une heure à trouver l’emplacement idéal, le gaudin de Jekel avait péniblement préparé sa cachette.
Essayant tous les arbres pour le meilleur point de vue, se tordant à la douleur des bras à force de grimper, il s’était perché sur cet arbre, large et haut, comme un oiseau trouve son nid.
En somme, il fallait qu’il puisse voir au plus loin après la sortie du bois pour prévenir à temps l’embuscade que son frère avait préparée.
Il ne restait que le signe d’une main et le tour était joué ! A la condition bien sûr, qu’il ne se fasse pas remarquer.
Ah mais ! C’était tout gagné ! Ou presque… Si l’individu qui passait par là… Ne s’était pas arrêté au pied de SON arbre !

Il se pencha doucement pour identifier le gêneur et sourit à l'opportunité.


Twa_corby



Tandis que l’heure de midi approche, je réfléchis à mon avenir.
Les yeux fermés, je m’imagine prendre cette route fidèle, comme tant de fois.
A la chevauchée jusqu’au Bourbonnais-Auvergne en tant qu’ambassadeur, au travers des sentiers de la Bretagne jusqu’en Guyenne accompagné d’une feu renarde, et se perdre dans les rires et les vallées... En pointillé sur la carte du royaume dans des missions d’escorte pour rejoindre le Béarn, tout en portant fièrement le fanion d’un Ordre qu’on nommait St Michel… Et tant d’aventures en selle ou à pieds comme on souffle le vent et les feuilles de saison au bon hasard des chemins…
    Va où le vent te mène,
    Va où le vent t’amène, va !

Mais toutes ces routes avaient la terminaison d’une Normandie vers laquelle je revenais sans cesse.
Attraction d’une terre unique liée aux souvenirs, aux amis…
Même si je n’ai pas de terres… Et je dois être l’un des seuls dans ce monde ou la noblesse est bien plus présente que la roture, il reste le plaisir de retrouver mes « tanières ».
Lieux de mes repos, de mes hibernations, de mes inspirations. A Honfleur comme à Longueville, je n’imagine pas vivre ailleurs et surtout… Je n’imagine pas mourir ailleurs.
Sauf que si le vent m’emporte comme ce dicton, dans des rêves et des récréations, autant ceux-ci m’ont fait croire qu’il m’aurait été possible d’approcher la lune rien qu’en tendant le bras.
Je m’y suis essayé jusqu’à me tordre d’espoir, attraction que certains nommaient celle d’un luneux et pourtant, au-delà de la froissure, j’espérai pouvoir l’atteindre.
Avez-vous déjà essayé de tendre votre main vers un rêve et de le prendre délicatement en refermant vos doigts ? Geste stupide ou geste pieux ?

Je regarde cet horizon qui me sourit et qui m’invite… Comme si le choix devait être facile.
Des frissons nombreux dans le cœur et cette envie de me laisser aller, de tout laisser choir.
Encore ce visage dans mes songes, encore cette voix fine et douce qui me ronge…
Cette peine associée à la colère… La colère… Qui fait quelques fois des dévastes dans les liens du cœur et pourtant, elle exprime souvent la détresse. Il m’arrive de ne plus la contrôler lorsqu’elle s’associe à la peur… La peur de perdre ceux que j’aime…
    Souffrirai-je encore de l’orgueilleux outrage, à l’hypocrisie de cette vie qui détruit mes ouvrages ?
    Mes sentiments et ma raison meurent pour renaître, comme cette fable qui se termine et bouscule mon être.
    Usurpe mon droit de croire en cet espoir, à cet instant remplit de brume et de brouillard.
    Je veux me relever et reprendre ma route, hurler face à ce monde tellement tout me dégoute!
    Mais me voilà à terre face à mes idéaux, mon trop terne destin est parti en lambeaux!

    Ce jour encore n’est point un mensonge, point de pli parvenu pour me tirer des songes.
    Ai-je pleuré à ce point pour qu’on me prenne de pitié, où est-ce l’acte du malin pour se faire pardonner ?
    L’insolente idée d’avoir songé au départ, avait comme excuse la faiblesse du renard.
    Et pour mieux me couper de mes propres armes, la détresse a voulu s’assoir sur mon âme.
    J’ai chût pour la première fois au pied de la confiance, la vérité est l'échec de ma pure insolence.

    Je retourne sur mes propres traces, celles de ma pensée perdue et fugace.
    Le goupil presque mort par ses propres délires, écoute sur le séant ce que le ciel inspire.
    A cet endroit du cœur où le chant merveilleux, raconte à son bonheur les souvenirs glorieux.
    Soit qu’une main cette nuit hâtera le mot fin, soit l’espoir d’une autre vie surgira au demain.
    Le renard cherche l’étoile éloquente, le signe d’une vie à la voix convaincante.


Je soupire encore… Tout ceci est absurde. Pourquoi avoir fuit, alors qu’on me tendait la main ?
Je ne veux plus penser à ces dictons foireux sur la raison et ce qu’elle ignore, je veux juste me réveiller. Me dire que tout ceci n’est qu’un mauvais rêve. Me dire que…
Cette ombre encore ! Ce n’est pas un nuage, non !
Je relève la tête et une silhouette surgit de nulle part !


J’ai le temps de rouler sur le coté et d’échapper de justesse au corps qui fond sur moi.
Le genou à terre, prêt à me relever ou de rouler encore s’il faut de nouveau esquiver, je regarde ce danger que je ne comprends pas.
Voilà devant moi un homme aussi sombre qu’une ombre. Je ne vois que ses dents comme sourire carnassier.
Le visage à semi-baissé et le regard qui me défit.
Il a dans sa main droite une dague, longue et noire comme lui.
Sous son pied droit… Ma lame… Moment de solitude...


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