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[RP] Par-delà l’horizon, la mer !

Belmine
« Vois-tu Agathe ? Par-delà l’horizon, la mer ! »

Par-delà l’horizon, la mer…
Il avait répété cette assertion un nombre incalculable de fois depuis notre départ de Paris. C’était là son leitmotiv, son moteur à la manière d’une marche militaire, ce qui le faisait avancer et nous avait permis d’avaler des kilomètres. La chance aussi avait joué en notre faveur, sans doute semblait-on trop dépourvus ou insignifiants, toujours est-il que nous n’avions pas été la proie des brigands.

Mais à cet instant précis cette assertion susnommée prenait tout son sens. Au-delà de l’horizon il y avait bel et bien la mer. C’est du haut d’une falaise que nous nous arrêtions à peine arrivés pour observer le spectacle et laisser les bêtes paitre en paix. Ces chevaux, Ernest les avait acquis après avoir vendu l’échoppe paternel, avant de quitter Paris. Nous avions ensuite voyagé quelques temps en convoi avec d’autres vagabonds, puis avions poursuivis notre route tous les deux, dépensant une autre partie des rentes dans les différentes auberges croisées en chemin. Je me rappelle qu’alors, il me répétait souvent que s‘il ne pouvait rien m‘offrir d‘autre, j’aurai au moins le gite et la pitance. Ainsi rendait-il le périple plus supportable aux yeux de la petite fille que j’étais.

Il n’avait guère fallu longtemps à Ernest pour dépenser le reste de l’argent, le tout fut donner en échange d’une chaumière en piteuse état. Qu’à cela ne tienne, nous avions enfin un chez nous, ne lui restait plus maintenant qu’à gagner de quoi nous nourrir. A quoi bon avoir fait tout ce chemin si c’était pour crever de faim juste après ? Bien qu’étant un doux rêveur, Ernest Belmine n’était pas fol et n’aurait pas sacrifié sa vie et la mienne pour satisfaire le plus ardant de ses désirs.

« Vois Agathe ! L’on dit que le sable d’ici est le plus pur que l’on puisse trouver ! Si tout se passe bien, avec mon savoir faire et une telle matière première, en l’espace de deux ans nous ferons fortune ! »

La soirée fut ainsi bercée par les rêves fous de celui qui m’avait recueilli tel un père. Et au lendemain de notre arrivé Ernest me réveillait à l’aube pour m’entraîner vers la plage. L’enfant que j’étais trempa pour la première fois ses pieds dans l’eau et alors que je demeurais ébahie devant cet horizon tout de bleu et cette eau mouvante, Ernest quant à lui louait le sable gascon et les grandes qualités qu’il lui devinait rien qu’en y glissant ses doigts.

Le verrier, puisque tel était son métier et sa passion, passa ensuite le reste de la journée derrière un étal bien mal situé du marché de Mimizan, je l’accompagnais selon notre habitude. Il n’y avait à l’époque que dans les tavernes qu’il m’interdisait l’entrée. C’est donc là, en plein cœur du marché, qu’il tentait difficilement de gagner de quoi nous nourrir en vendant les quelques verreries qu’il avait confectionné et emporté avec lui à son départ de Paris. Ainsi pouvait-on voir cet homme naguère timide et à la voix rendu roque par le travail du sable, s’époumoner pour attirer les éventuels acheteurs.


« Parures ! Verreries ! Perles ! Vous avez toujours rêvé de vous voir ornée comme les plus grandes Dames de la cour voilà qui est aujourd’hui possible à moindre coût ! Parures ! Verreries ! Perles ! Vous qui vous vouliez être le plus élégant d'entre tous voilà qui est aujourd’hui possible ! Parures ! Verreries ! Perles ! Approchez donc messieurs dames mes stocks sont limités ! Parures ! Verreries ! Perles !… »
Elsie.
"Chichiiiiis, glaces, beignets !!!". C'est ce à quoi on aurait pu s'attendre en bord de mer, du moins non loin de la plage de Mimizan. Sauf que ce qui attisa la sacro-sainte curiosité de la rouquine ce jour était tout autre. Parures, perles et autres trucs qui brillent étaient apparemment en vente dans le village. Elsie, par les éclats alléchée -après tout c'était une femme...-, s'approcha donc, zigzaguant nonchalamment jusqu'à l'homme qui braillait.

S'assurant par quelques regards aux alentours que son époux ne traînait dans le coin alors qu'elle allait peut-être répondre favorablement à une hypothétique tentation, elle parvint ensuite à la hauteur du mâle bruyant et de son étal. Polie comme toujours la jeune femme le laissa terminer son refrain puis lui fit part de l'intérêt qu'elle lui portait à cet instant par un léger haussement de sourcil.


Bien le bonjour messire !

Et de baisser le regard sur ce qu'il avait à vendre.

Dites-moi, juste par curiosité... vous demandez combien pour ce genre de choses ?

Un index hasardeux désigna ça et là quelques colliers et autres bracelets tandis que l'autre main tâtonnait la bourse à sa ceinture pour en estimer rapidement le contenu.

Est-il possible, imaginable que les prix soient aussi limités que les stocks ? Qu'entendez-vous par... moindre coût ?

Un léger sourire fut adressé au verrier, un oeil légèrement pétillant de gourmandise alors que le regard glissait encore parfois sur les parures.
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Belmine
Pour bien comprendre comment fonctionnait Ernest Belmine il convient de s’attarder sur sa relation avec les femmes. Du temps où nous vivions à Paris je ne me souviens guère l’avoir vu en compagnie féminine, autre que sa vieille tante avec qui il se disputait régulièrement. Mais il est vrai que j’étais jeune à l’époque et que mes souvenirs peuvent se trouver altérés. Ce qui est certain c’est qu’Ernest ne voyait pas grand monde. D’un naturel taciturne et méfiant il préférait la compagnie de ses chats à celle des hommes, à moins que quelques intérêts ne fausse la donne. Ce n’est que plusieurs années après que j’ai compris qu’il souffrait en fait d’un complexe d’infériorité.

A vrai dire, maître Belmine portait bien mal son nom, l’on avait bien souvent l’impression que tout les malheurs du monde s’était abattu sur sa pauvre personne. Petit, rachitique, le teint grisâtre, les traits toujours tirés et l’air bien souvent maussade, il possédait en fait une bien piètre mine. Si l’on dit bien souvent que ceux qui font de leur vie une belle aventure marquent chaque victoire en creux sur la figure*, pour Ernest Bellemine quitter Paris avait plus relevé de l’exploit que de l’aventure, son visage était donc si marqué qu’à l’âge de trente ans il en paraissait facilement quarante. Pourtant je ne l’ai jamais vu en aussi bonne santé et aussi joviale qu’au cours des premières semaines passées à Mimizan où il menait enfin une vie sociale. C’est pourquoi j’en suis arrivé à penser que sa misanthropie tenait plus en un manque de confiance en soi, une peur d’être rejeté, qu’en un réel mépris du genre humain.

En ce qui concerne les femmes on peut dire qu’Ernest était en plus misogyne. Je pense que les méconnaissant, il en avait un peu peur. Certes après quelques verres il pouvait s’avérer charmant, mais le fait est qu’il s’en méfiait. Pour lui la place d’une femme se trouvait au foyer et s’il tolérait qu’elle puisse s’intéresser à la politique, voir une femme prendre les armes et encore plus s’occuper de négoce l’irritait au plus au point. Ce fut donc un réel défit pour lui de devoir vendre ses babioles en plein marché puisque c’était exclusivement une clientèle féminine qui s’attardait devant son étal.

Sans doute avait-il tiqué quand sa première cliente l’avait nommé messire, lui qui désirait tant se voir appeler maitre, mais il avait taché de nerien laissé paraitre et c‘est mielleusement et avec déférence qu’ il poursuivait la conversation. En ce qui me concerne, un détail bien plus crucial avait retenu l’attention de l’enfant que j’étais. Ainsi la rousse avait-elle put assisté à peu de chose près à cette échange ;


« Bien le bonjour, Madame. Maître Ernest Bellemine, pour vous… »

« Maitre Ernest ? » L’une des règles imposer par Ernast disait que je n’étais guère autorisée à parler en présence d’adulte, encore moins quand il s’agissait d’affaires. Autant dire que cette fois encore je la bafouait allègrement. C’est d’ailleurs un regard assassin qui coupa court pour quelques instant à ma témérité, alors qu'il revenait tout sourire vers l'acheteuse potentielle
« Je disais donc, pour vous servir belle Dame. Par moindre cout j’entends bien entendu que je propose des prix concurrentiels. »
« Mais maitre Ernest ! »
« Mordiable ! Mais tais-toi donc, sottarde ! », l’ invective m’étais adressée, crachée entre les dents. Et comme les enfants sont souvent bien peu reconnaissant, je répliquais aussitôt vertement.
« De toute façon moi je m’en fiche si tu as un gros bout de salade entre les dents ! Moi je te préviens juste que la Dame trouve que ça vous donne un air fort vilain et fort laid ! »

Courroucé et honteux, je crois me souvenir qu’il s’était alors empourpré et avec l’aide de sa langue bouche fermée s’était récurer vigoureusement sa dentition déjà jaunie. Alors sans plus m’accorder d’intérêt avait-il repris froidement la négoce. Le soir même j’allais me prendre ma première rossée depuis que nous étions arrivés dans le sud.

« Eh bien alors ! Madame s’est peut être enfin décidée pour un article ? »
Dans son énervement il semblait avoir oublié à qui il s’adressait et qu’ils en étaient encore à parler du prix.

* L'éloge de la fatique, Robert Lamoureux.
Elsie.
Maître Ernest Bellemine, un maître, rien que cela. Elsie n’eut le temps de se poser longtemps la question de reprendre ses salutations avec le titre adéquat qu’une gamine interpella l’homme. La jeune femme tant absorbée par les éclats présents sur l’étal n’y avait pas fait de suite attention. Un léger pas en arrière et elle écouta les quelques mots échangés, tenta d’imaginer le lien qui unissait ces deux êtres tant ils paraissaient différents. Le maître réussit tout de même à répondre à l’une de ses questions, réponse qui ne l’aida pas réellement. Des prix concurrentiels, cela ne l’avançait guère n’étant pas une habituée de ce genre de dépense, pour ne pas dire que c’était la première fois.

Une tension, un agacement certains émanaient du maître envers l’enfant, ce qui fit froncer les sourcils roux. La ride du lion, la fameuse, n’eut le temps de marquer la peau claire. En effet, aux derniers mots enfantins, la jeune femme ne put retenir un début de rire et instinctivement pencha la tête en direction de l’homme afin de localiser, d’apercevoir le petit bout de verdure entre les dents… mais en vain.

La bouche demeura close et d’importants efforts linguaux furent rapidement et consciencieusement fournis pour déloger l’indésirable. La petite fille avait assurément du caractère et tenait à le faire savoir quitte à mettre le verrier dans un apparent embarras. Un petit pas en avant et la rouquine s’approcha à nouveau du couple improbable alors que le maître lui redonna son attention. Pas de la manière la plus habile, certes, voire même un brin désagréable.


Hé bien non, la madame ne s'est pas enfin décidée ! J’arrive à peine je vous le rappelle et… puisque j’ai face à moi le Maître en personne, permettez-moi non seulement de vouloir en savoir davantage sur vos tarifs à toute épreuve, des chiffres par exemple, du concret en somme et… j’aurais une demande à vous soumettre quant à d’éventuels autres articles que vous pourriez avoir, ou que vous pourriez me confectionner. Si cela ne vous dérange pas, évidemment !

Elsie avait sous la main un artisan aussi épais qu’elle, voire même moins, mais qui de par son appellation devait sans nul doute avoir de l’or au bout des doigts. Quoique les titres ronflants, elle avait avec le temps appris à s'en méfier.

Cela allait bientôt faire un an que son Brun et elle étaient unis et l’idée avait rapidement germé sous la tignasse rousse d’user du savoir faire du maître pour réaliser des anneaux aussi uniques qu’originaux. Restait… à attendre la réponse de l’homme. Laissant ce dernier avec ses questions, elle se présenta à son tour, finissant sa phrase avec un regard sur l’enfant à qui elle adressa un léger sourire. Ce n’était pas qu’elle aimait les mômes, loin de là même mais… le tempérament de celle-ci lui plaisait, assurément.


Et la madame se nomme Elsie… Elsie Von Spagyricus.

Cela ne lui arrivait que très rarement de s’annoncer de la sorte, mais face au Maître, la tentation se fit trop grande et y céder fut un délice.
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