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[RP Ouvert] «La délicieuse Lefebvre» –Pâtes & Confitures

C.lefebvre

La confiture ! Ah ! La confiture ! Qui n'aime point cela ? Met rare et délicat, il sublime tout. La confiture... que de souvenir pour la Cunégonde la Rombière. Un art dans lequel elle excellait ! Bien sûr, ses merveilles sucrées n'avaient jamais passé les portes de la maison Lefebvre, de cette bonne vieille et fortunée famille bourgeoise repliée en Auvergne. La Capitale, il en était hors de question. Mais les temps changent...
La confiture, c'était ses neveux et nièces qui se chamaillaient pour en avoir l'écume. La confiture, c'était ces petits instants ou la vilaine Tante Cunégonde se permettait un peu de complicité et d'attention envers ses "petits". C'était en ces temps heureux où la famille était réunie. Aujourd'hui, ceux qui n'était point passé de l'autre côté s'étaient volatilisés. Du noyau dur de la famille, dans ce grand appartement thiernois, il ne restait plus qu'elle, la vilaine tante Cunégonde, et la brave et vielle Bertha au service de la famille depuis une bonne cinquantaine d'année – c'est dire l'âge du phénomène ! - et qui avaient connu la gloire, puis le profond sommeil de la famille Lefebvre. Cunégonde était l'Héritière de cet empire battit par ses ancêtres : de ce forgeron et de cette couturière, de ses marchands de tissus, de tapisseries et de draps, des habiles alliances et des réussites d'Auguste son père. De ses cinq filles, elle était de loin la plus fine, la plus stricte, la plus hautaine... la plus Lefebvre. Fierté de feu son père, source de tracas pour feue sa mère. Elle était crainte par feues ses sœurs et hait par ses neveux et nièces. Tout juste mariée et déjà veuve, ils étaient ses seuls "petits"... Mais eux aussi, ils étaient partis. Aux jours heureux déjà aigries, la solitude et l'abandon ne l'avaient en rien adoucie. Elle n'avait point cinquante printemps, et pourtant de jours en jours elle semblait plus vieille et plus usée. Malade, affaiblie, sur le point de partir... c'est ce qu'il s'était dit. Mais il y a parfois des événements, des idées, qui vous rendent la vie, vous font rebondir, vous transforment. Les causes de ce rebond soudain chez la Rombière reste floues. Le fait est qu'elle s'était mise en tête d'user de son héritage... à Paris, la capitale hait par son père. Paris, cela inquiétait l'Auvergnate et l'excitait au plus haut point. Paris, c'est là-bas qu'il lui faudrait aller. C'est là-bas qu'elle ouvrirait sa propre confiserie, c'est là-bas qu'elle redorerait le nom de Lefebvre. Il est vrai que la confiture, c'est nettement moins intéressant que le commerce à l'échelle européenne dans lequel son père avait fait ses armes. Mais la Rombière ne faisait point cela pour le profit. Au mieux, l'affaire sera florissante. Peut-être rentabiliserai t-elle un jour cet investissement. Mais il est plus que probable que cette nouvelle lubie ampute considérablement la fortune familiale. Ses neveux et nièces lui en voudront peut-être ? Qu'ils aillent au Diable ! Cette confiserie, c'est son enfant, c'est la vie qu'elle n'a pas eu. Toute une vie à se discipliner, toute une vie consacrée à son rôle de digne héritière de l'empire Lefebvre. N'a t-elle point le droit à une vie, elle aussi ? Sa décision était prise...

Deux semaines durant, dans cette rue du quartier des Halles où les odeurs sucrées se mêlaient à celle des passants, presque face à la maison Ella Durée, un petit immeuble à l'identique de ses voisins fut l'objet d'un nombre d'aller et venue intriguant de charrettes chargées de mobilier, d'ustensile de cuisine, de tapis, de tapisseries, et de pot de confiture. Tout était prêt lorsqu'un matin, à l'aube, un coche transportant la Rombière et Bertha s'arrêta devant la devanture de la maison. Tout était prêt pour son arrivée et ce fut une grande joie qui s'épanouit sur le minois de Cunégonde. Cela ne s'était jamais vu...
La devanture de l'immeuble ne dérogeait en rien à la règle. Au dessus de la porte, en belles lettrines, l'on pouvait y lire :
« Aux délicieuses Lefebvre – Confitures, pâtes & fruits confits. ».

En revanche, lorsque vous entrez dans la boutique, une odeur de fruits et de sucre chaud vous saisie les narines. C'est une odeur agréable, enivrante. D'ailleurs, la décoration aussi est agréable. Elle n'est point agressive, toute de couleur pastelle, le rose dominant donne l'impression d'un rêve, d'un lieu imaginaire. Dans les armoires ouverte, des pots de confitures sans étiquettes. Des confitures fort bonnes, mais fort simples.
Si elle avait le talent d'une confiturière d'exception, ce qu'il lui fallait, c'était un artiste de la confiture. Et il y en avait un... Angus, ce jeune garçon très laid et niaiseux, ami d'enfance de son neveu Grimoald, et qui, aux dernières nouvelles, avait trouvé une place de commis de cuisine au Louvres. Angus, c'était lui qu'il lui fallait à tout prix. Angus, c'était à lui qu'elle avait donner rendez-vous ce jour-là... Qu'était-il devenu depuis tout ce temps ?

La petite clochette qui vibrait à l'ouverture de la porte retentit alors et Angus aparut. S'il était toujours aussi boutonneux - quoique de moins en moins -, il se tenait dorénavant plus droit. De l'adolescent stupide qu'elle avait vu la dernière fois, il était devenu un jeune homme au pas assuré. Oh bien sûr, elle restait pour lui "Madame Lefebvre" et elle le tenait en respect, mais elle fut agréablement surprise par ce changement. Elle fit signe au jeune homme, un peu hagard de la voir ici, de la suivre dans les cuisine à l'arrière de la boutique. Bertha était déjà au travail lorsque Cunégonde entra suivie d'Angus.


- Lorsque j'ai reçu votre pli, Madame, j'ai accouru pour voir cela. Cette boutique est une merveille et quel bel atelier vous avez là ! C'est une joie que je me faisais de vous revoir après tout ce temps. Ah ! Mon pays me manque parfois, vous savez. Mais Paris n'est pas si terrible qu'on l'a décrit par chez nous, vous verrez.
A votre âge, je trouve cela admirable de vous lancer dans un pareil projet ! Mais Dieu sait si vos confitures sont des merveilles. C'est d'ailleurs grâce à vous que j'en suis arrivé là. Toutefois, si c'est au sujet de Grimoald que vous m'avez fait venir, je n'ai guère de nouvelles de lui depuis quelques temps. J'en suis navré.


Et la Cunégonde plisse le nez, agacée... Quelle insolence ! Cependant, elle fait un gros effort pour se contenir et après un petit sourire contrit de bienvenue.

- Angus.. mon petit... Saches que c'est également une joie que je me fais de te revoir enfin. J'ai en effet appris que tu ne t'en étais point trop mal tirer. Voilà qui est rassurant, et plaisant.
Mon petit Angus, ce n'est point au sujet de Grimoald. Ne t'en fais point pour lui, je compte bien y remettre la main dessus...
Non, Angus, c'est au sujet de ton talent... Que dirais-tu de travailler pour moi ?


- Hum... je... euh... non pas que je refuse ! Mais... nous pourrions prendre le temps d'en discuter. Mais cela va sans dire que je puis vous aider !
- Bien... tu commences aujourd'hui !
- Cc...
- Parfait ! Parfait, Parfait ! J'ai toujours dis que, au fond, tu étais un gentil garçon, mon petit.
- Bb... Bien..

... Pendant ce temps, nulle âme derrière le comptoir. Nul client non plus, d'ailleurs.
La petite clochette de l'entrée finirait bien par retentir...
C.lefebvre

    [A l'étage, dans le salon...]


A l'étage était le lieu de vie, le nouveau poumon de la famille Lefebvre. "Famille Lefebvre" n'était plus qu'un vieux souvenir ancré aux confins du coeur de ses membres aujourd'hui éparpillés. "Famille Lefebvre", c'était la plus grande inquiétude de la Rombière. Il était bien loin le temps de la grande famille Lefebvre réunie au complet autour de son chef charismatique et incontesté, cet homme à la poigne de fer, au regard fier, ce négociant habile et féroce : Auguste Lefebvre.
Aujourd'hui, seule Cunégonde portait sur ses frêles épaules la gloire passée. Elle était l'Héritière et son fardeau, c'était la question de sa succession. Qui après elle ?
Mais pour l'heure, la Rombière semblait renaître de ses cendres. Jamais, au grand jamais, on ne l'avait vu si pleine d'entrain. Elle sortait de l'ombre. Elle vivait enfin !
A l'étage, donc, était le Grand salon. Un salon tout ce qu'il y avait de plus bourgeois. Les portraits des ancêtres au regard sévère ornaient les tapisseries représentant non pas des scènes de batailles, mais des scènes de la vie. Ajoutés au tapis de couleurs chaudes et de bonne facture couvrant le parquet grinçant, l'ensemble était chaleureux : la vie y était douce agréable.
Les fauteuils, au nombre de huit, étaient disposés en cercle autour d'une petite table basse, près de la cheminée. Cela faisait bien longtemps qu'ils n'avaient eu l'occasion de voir autres séants que ceux de Cunégonde ou de Bertha la vieille employée de maison.
C'est dans ce décor que se tint la conversation privé entre la Cunégonde la Rombière venue d'Auvergne et son nouvel "employé" : le jeune Angus, génie et artiste confiturier.


- Il n'y a pas foule.
- Certes...
- Cela nous vous inquiète donc point ?
- Il n'y a point lieu. Le monde viendra... Qui donc n'aime point la confiture ? D'autant plus que je les sais excellentes !
- ... et bon marché... Excellentes, cela dit !
- Eh ?
- Ordinaires...
- C'est de la confiture que nous faisons, Angus... Point des robes !
- Je le sais bien, Madame Lefebvre.
- Si vous le savez... Pourquoi donc cette moue ?
- Madame, vos confitures sont délicieuses... Mais elle n'ont point ce quelque chose...
- Ce "quelque chose" ?
- La fantaisie... Quelque chose de nouveau qui interpelle !
- Dis-tu que mes confitures sont ennuyeuses ? Sans intérêts ?
- Eh bien... pas exactement. Je dis qu'elles sont délicieuses. Néanmoins...
- Néanmoins ?
- La mère Simon ferait les mêmes.
- La mère Simon ? Qui est-ce ? Je ne la connais point.
- Ce n'est personne, à vrai dire. Du moins, elle est tout le monde. C'est une image.
- Hum ?
- Ce que je veux dire... c'est que nous n'offrons rien de plus qu'une bonne cuisinière ne puisse faire elle-même.
- Je vois... Bien... Que proposes-tu ?
- De la nouveauté, Madame !
- Mais encore ?
- Ce dont nous avons besoin, ce sont de saveurs nouvelles, originales, inconnues ! Des noms qui surprennent, suscitent la curiosité, l'envie !

Visiblement, l'emportement du jeune Angus plaisait à la Lefebvre. Son idée, par ailleurs, n'était point pour lui déplaire non plus.
Pour l'heure, elle n'avait que des confitures banales : prunes, mûres, groseilles, myrtilles, et autres coulis délicieux... Mais ordinaires. Angus avait raison. C'était de la nouveauté qu'il leur fallait !


- Penses-tu en être capable ?
- Madame, sans vouloir me vanter, vous avez en face de vous un maître en la matière. Madame, si vous m'accordez votre confiance... des miracles en pot sortiront de vos cuisines.
- Soit ! Soit ! ... Fais ! A toi de jouer, maintenant.

Angus était aux anges. Cunégonde regardait dans le vide, troublée. A vrai dire, elle se troublait elle-même...
Comment elle, Cunégonde Lefebvre, la plus discipliné, pouvait-elle ainsi jouer avec l'empire familial ? C'était un coup de ramponneau qu'elle jouait-là. La somme investie était considérable... Angus était un brelan d'As. Mais qui sait ce que l'avenir lui réserve ? S'il voyait juste, alors c'était un coup en or. S'il se plantait... alors ce serait un coup foireux.
D'un geste las de la main, elle renvoya Angus à ses occupations. Cependant, alors que celui n'avait point encore fait trois pas...


- Tu as dis que mes confitures étaient "bon marché"... Quel est donc le problème ?
- Ce qui est rare est recherché, Madame.
- ... Et ce qui est rare, est cher...

Angus sourit et tourna les talons, pressé de s'atteler à sa nouvelle mission. Le jeune artiste allait enfin pouvoir laisser libre cours à toutes ses lubies confiturières.
Cunégonde, quant-à elle, se surprit enfin à un petit sourire satisfait. Bien qu'elle n'avait jamais escompté faire fortune avec ses confitures, l'idée d'un activité rentable et même profitable n'était point pour déplaire à cette enfant de la bourgeoisie commerçante.
Phylibert



Hrp : suite d'une vieille forge aux murs mangés par le lierre – cour des miracles.

Oui, c'est une venelle banale, aussi glauque et immonde que ses voisines. Elle naît entre deux masures branlantes, d'une autre époque, victimes d'un délabrement pathétique, résistant vaille que vaille aux assauts capricieux des hivers. Puis elle serpente un moment à la lisière de la cour des miracles, se faufilant entre les taudis, jusqu'à un petit pont, qui chevauche un ru asséché, au fond duquel le soleil fait macérer quelques détritus innommables. A partir de là, les masures se redressent, elles bombent le torse, elles deviennent jolies maisons, plus spacieuses, plus coquettes, mieux entretenues. Là, elles vivent. Elles luisent. Elles respirent, à deux pas des Halles et des Galeries.

C'est donc dans cette ruelle aux accents divers qu'un échalas un peu voûté, notre Phylibert, escorte un mignon farfadet à la crinière de feu. Isleen. Une explication orageuse a fait trembler les vieux murs de la forge qui les abrite, mais ce couple si disparate qu'ils forment depuis peu à tenu bon, la puce soulevant un coin du voile qui dissimule ses mystères, et le brun lui en étant gré, car recueillant ainsi peu à peu les assurances dont il avait grandement besoin. Dès lors, trottinant côte à côté, ils ont repris leurs tendres chamailleries, leurs sempiternelles taquineries, leurs gentilles roucoulades de jeunes amants.

Et voilà. La mignonne brindille a pénétré quelques instants dans une des plus pitoyables bicoques de la venelle pour y récupérer son baluchon, aussi grand qu'elle, que son compagnon a aussitôt jeté sur son épaule, sans en connaître le contenu. Bien-sûr, ça le démange, le bougre est curieux comme un singe et il désire tout connaître de son joli colibri, mais il s'efforce de patienter, d'attendre que la puce ouvre encore un peu plus son cœur et son sac. Oui voilà, ils sont arrivés à destination, tranquillos, sans courir, la grande asperge chargée comme une mule ralentissant l'allure pour que sa princesse d'Irlande, son ravissant bout d'chou, ne soit pas trop obligée de tricoter des pinceaux avec ses p'tites gambettes de mignon lutin roux. Nos deux tourtereaux ne sont que des asticots filiformes, mais ils ont l'appétit féroce, et, bien évidemment, c'était écrit dans le ciel, ils ne pouvaient résister plus longtemps à cette nouvelle boutique qu'ils ont repérée en flânant, la veille, aux Halles. Et nos deux zigotos, comme des gamins, s'extasient devant la devanture alléchante. Prunelles d'agate et de turquoise s'illuminent devant les flacons multicolores, et Phyl ne tient plus en place. C'est comme si son être tout entier exigeait d'être imprégné, d'être nourri, de parfums sucrés et onctueux.


J'en peux plus, ma biquette, faut qu'j'entre ! Faut que je goûte, faut que je hume ! J'aurais dû prendre plus d'argent, ça doit être vachement cher toutes ces confiotes ! Mais bon, on verra ! P't'être que je pourrai t'échanger contre deux ou trois p'tits pots, mon poussin ! ... affirme t-il en la chambrant gentiment, l’œil taquin, se baissant pour lui bécoter le front. Viens, on entre, ma louloute ... poursuit-il en poussant la porte, faisant tintinnabuler joyeusement la clochette de l'entrée.

Isleen
[En bas dans la boutique]

Un rire irlandais, léger, envolé, aérien comme une brise d’été s’envole et s’enroule autour d’eux alors qu’ils pénètrent dans la boutique. Ils entrent avec leur bonne humeur, leur joie de vivre, leur passion, réveillant l’échoppe et le contenu endormi des pots colorés qui s’étalent à leurs regards depuis tout à l’heure et, pour lesquels Phyl ne sait résister plus longtemps cédant à l’appel des papilles.

Tu n’arriveras pas à tirer un seul pot si tu m’échanges….tout juste une cuillère et encore !

La rouquine se glisse avant son échalas, pour la première entrer et humer les odeurs qui se dégagent d’une telle boutique augurant des futurs délices à l'horizon. Ses onyx font le tour du propriétaire, personne en vue, puis se posent sur un pot aux couleurs rouges, un autre plus sombres, ses gambettes vont là ou vont ses yeux, le lutin roux sautille d’un pot à l’autre, fait le tour du propriétaire en se demandant bien quelle confiottes elle va gouter en premier. Et puis, elle se pose devant l'un d'eux, lui, c’est par lui qu’elle va commencer, c’est lui qui la tente, ses petits grains, sa joli couleur, oui c’est lui qu’elle veut gouter.

Un regard gourmand à Phyl, un air taquin, la crevette appel de la main Phyl, lui fait signe de ramener son popotin et ses grandes gambettes, même si de là ou il est, il domine et doit voir la boutique parfaitement dans son ampleur.


Viens voir j’ai trouvé Le Pot qu’il me faut !

Pot qu’elle prend et montre à son voleur, de le lui fourrer dans les paluches, la rouquine fait comme chez Elle, elle ne va pas encore jusqu’à se servir dans le pot, mais on pourrait y arriver si personne ne se dépêche de rappliquer. Chercher pas à savoir comment, elle sait que c’est lui, c’est son pot, elle sait point, instinct féminin, envie purement enfantine surtout, en cet instant.

Par contre moi si je t’échange Phyl, j’suis sure d’avoir au moins deux pots ! Miam !


Et la rouquine de repartir à rire, en reprenant le pot dans ses mains.
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C.lefebvre

C'est à l'étage que l'on trouvait le coquet salon tant désiré par la Rombière et qui n'était, somme toute, qu'une pâle réplique du Salon aux Portraits : place forte des Lefebvre depuis quelques générations.
Cunégonde n'y était point. Bertha, la vieille domestique qui n'avait plus de cette fonction que le titre et quelques tâches auxquelles elle tenait tout particulièrement car, bien évidement, nulles jeunette ne pourrait remplacer cette brave et bien vieille Bertha. Cunégonde était comme sa fille et toutes deux prenait habituellement la tisane en se racontant tout un tas de vieilles histoire... au demeurant fort inintéressantes !
Mais aujourd'hui, la Bourgeoise était de sortie avec le jeune Angus qui, âme bien aimable ou terrorisée, avait bien voulu faire lui visiter la Capitale.
Bertha, trop âgée pour l'agitation parisienne, se prélassait dans son fauteuil tout en laissant refroidir sa camomille... et c'était bien assez vu son âge !

Oh, bien sûr, nul doute qu'elle piquait du nez lorsque les deux fripons passèrent la porte de la boutique.
Leur voix ne l'avait point déranger plus que cela. Mais ce rire... Ce rire était insupportable pour la vieille employée de maison. Ce rire la fit bondir de son fauteuil - façon de parler, bien sûr - et ouvrir les yeux comme des bourgeons en fleurs !

Dévallant les escaliers aussi vite qu'elle le pouvait, elle ouvrit la petite porte et apparut au fond de la boutique.
C'est que Bertha, une petite vieille femme au faciès de mamie gâteau sous un chignon impeccable d'un blanc parfait, ne s'acclimatait point vraiment à l'agitation parisienne. Elle ne se ferait jamais à l'idée que l'on puisse entrer dans la boutique comme dans un moulin. Ce rire, ces voix : c'était une intrusion !

Mais.... c'était sans compter sur la présence d'une petite rouquine tenant un pot qui, à coup sûr, ferait frémir le bon coeur de notre chère Bertha. Dieu sait si les neveux et nièces de la Rombière n'ont point profiter de cette faiblesse chez la vieille employée. Cunégonde elle-même, et ses sœurs, étaient passées par cette étape.
S'avançant, toute courbée et arborant un petit sourire bienveillant, elle s'approcha tout doucement et, s'adressant à la petite, à laquelle elle n'aurait point sut donner d'âge, comme à une toute jeune enfant :


- Ouuuh !! N'est-elle point si mignonne !
Alors... c'est cette confiture-là que tu veux ? Oh ! Tu sais, les confitures de Madame Lefebvre sont dé-li-cieuse !


Se penchant un peu plus, avec cette dextérité et cette vivacité déconcertante qui enrageait les petits Lefebvre depuis deux générations, elle pinça et remua la joue de la petite rouquine tout en lui offrant un sourire plein de bons sentiments.

Puis, se redressant un peu et offrant au garçon une mine sévère, elle lâcha un petit...


- Hum ?!

... accompagné d'un haussement de sourcil en règle, invitant, par ce grognement civilisé, à répondre de sa présence en sa maison - car Bertha considérait la boutique comme partie intégrante de la "maison" dont elle avait, en bonne oie domestique, la garde - dans les plus brefs délais.
Les petits... Oooh... Qu'ils sont attendrissants...
Les jeunes... rhâââ... Qu'ils sont énervants !
Phylibert



Lutin coquin et aérien, vif écureuil roux, la puce virevolte et tourbillonne dans la boutique. Elle est chez elle. Ses mains sont deux oiseaux blancs qui s'envolent à tire d'ailes et se posent partout. Son regard joyeux caresse chaque pot, son rire pétille, la voici ballerine, la voilà oiseau-mouche, elle est un spectacle à elle toute-seule, sa gamine. Sûr qu'elle va rameuter toute la maisonnée par ses Ooh et ses Aah, leur intrusion bruyante risque de déplaire, mais elle s'amuse, elle est si belle, et l'échalas s'amuse tout autant qu'elle en la dévorant des yeux. Il ne profite même pas de l'absence des propriétaires pour enfourner vivement quelques pots colorés dans le grand baluchon qu'il porte sur l'épaule, non, il la regarde, et ça suffit à son bonheur.

Soudain le ravissant bout d'chou revient vers lui. Elle a fait son choix. Un nectar à la robe appétissante l'émerveille. Elle fonctionne comme ça, la poulette, à l'instinct. Aux coups de cœur. Nouvelles taquineries de sales gosses, nouveaux rires complices. Si Phyl vaut deux pots pour la pestouille, elle en vaut des milliers pour lui, il ne l'échangerait pas contre la France et l'Irlande réunies.

Bon, ce pot il va le mettre dans leur sac puisqu'elle l'a adopté, et p't'être bien qu'il va même y ajouter çui-là, çui-ci, et l'autre là haut, s'il sait l'attraper ... mais zou, son farfadet le lui reprend des mains et laisse à nouveau éclater sa joie.


Bah tu veux pas qu'on l'emporte et qu'on se taille maintenant ? ... murmure t-il à l'insaisissable, un peu étonné. Et patatras, ça devait arriver, v'là du monde ! Mais bon, pas d'inquiétude, c'est une mamy aussi tordue qu'un cep de vigne qui apparaît, souriante et charmante. Et voilà notre gentille grand-maman qui s'en vient taquiner la joue de la puce ! Ah non, ça c'est trop drôle, elle la prend pour une mioche ! Faut bien avouer que son joli farfadet est grand comme trois pommes, et même plutôt trois p'tites pommes d'api, pas plus. Comment va t-elle réagir à cette méprise de l'aïeule ? Mystère et boule de gomme, mais lui, notre Phyl, affiche d'emblée un léger sourire, tendre et narquois, et ses prunelles turquoise pétillent d'amusement.

Oups ! Le regard que lui jette la mamy est plus sévère. Normal, c'est un homme lui, pas une morveuse, donc il représente un danger potentiel. Mais le bougre est attendri par la propriétaire. Difficile de faire du mal à une si gentille mémé. Il la rassure aussitôt.
On voulait simplement goûter un peu. On n'a pas beaucoup d'argent, ça doit être cher ces confitures, non ? Notre bonhomme exhibe donc son plus large sourire, tout en cogitant un brin dans sa caboche. P't'être bien qu'en apitoyant un peu bonne-maman, elle leur refilera quelques pots de cette divine marmelade. On peut rêver, non ?

Isleen
Oui elle lui reprend le pot des mains, car oui, elle n’a pas pensé à dérober un pot, deux, trois ou tout l’achalandage, elle n’y a pas pensé, tout simplement parce qu’elle voulait en payer un, ou juste entrer, se lécher les babines sans pouvoir s'en payer un. Elle va devoir lui expliquer à nouveau, lui faire comprendre, qu’elle est dans l’ensemble honnête, la plus part du temps, elle travaille pour gagner sa vie, elle paye se qu’elle achète, son seul défaut : les poches, celles des hommes de préférence ! Son échalas et elle sont bien différents de ce coté là, il dérobe tout ce qu’il trouve et l’intéresse, dès qu’il le peut, un vrai voleur, alors qu'elle agit sous le coup d'une pulsion. Alors oui, le pot elle lui reprend des mains.

Et là bientôt sous vos yeux hilares, la pire des situations pour Isleen, le drame de sa vie, la vieille qui se penche et la traite comme une gosse, une enfant à qui on fait risette et à qui elle vient de faire risette. La honte absolue. Et après on s’étonne qu’elle est un sal caractère, qu’elle laisse rien passer, qu’elle soit une vrai chieuse, mais comment voulez vous ne pas l’être quand vous avez le malheur d’avoir sa taille ! Elle n’est pas une naine, mais bon, tout le monde, ou presque est plus grand qu’elle, c’est rageant, frustrant ! Elle avait espérer une petite poussée avec celles de ses formes , elle s’était dit avec un peu de chance, je grandirais un peu plus, et ben non, nada. Là haut, le gars sur son nuage, il avait décidé " toi sur seras petite et tu en ferras voir de toutes les couleurs aux autres, ça les réveillera". Depuis, elle s’employait avec minutie à réaliser les vœux du vieux croulant sur son nuage, mais quand elle irait le rejoindre, le plus tard possible, c’est avec lui qu’elle se ferra chieuse ! En attendant, humiliation absolue devant Phyl, question de fierté, elle aurait aimé qu’il n’assiste jamais à une telle scène. Il est ou le trou de souris qu’elle s’y planque et s’y cache pour ne plus en sortir ?

Il lui faut bien un petit temps pour réagir, pour reprendre le dessus, oh, pas long, juste ce qu’il faut à Phyl pour faire la conversation. Pas le temps pour la taupe de réagir, l’irlandaise prend la suite, se plante devant la vieille et la toise passablement énervée. Vous avez déjà vu trois pommes vous toiser ? Non et bien maintenant avec Isleen c’est fait !


Dites voir mamy, si vous accuei’llez toutes tes clien’tes comme moi, j’comprend qu’vous fass’iez pas fortune ! Allez donc chercher vos bigno’cles, et mettez les ! J’ai rien d’une mio’che et j’deteste les familiarités quand j’les permets pas !

Naturellement, elle aurait tutoyé la vieille, mais là elle lui avait donner du "vous" pour bien lui faire comprendre qu’elle n’est pas n’importe qui, un peu à la façon de son Boss. Oh ça pour avoir un sacré caractère, elle n’avait pas attendu de le rencontrer, ça non, mais le "vous" ça donnait un petit coté plus "haut", un petit coté impressionnant, dédaigneux…elle sait pas trop bien, mais ça rajoute un petit plus non négligeable. Et tant pis, si l’entreprise "vieille amadouée" ne marche pas pour Phyl, la rouquine n’en a cure, elle retient rarement ce qu’elle a à dire.

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C.lefebvre

La Bertha, elle en aurait juré par les saintes burnes pontificales si elle n'avait point été si bigote.
Tout avait si bien commencé. Oh ! Elle était pourtant si petite et si mignonne la rouquine... Enfin surtout, elle était petite et, n'y voyant plus très claire, la vieille employée de maison devait se référer à la logique : plus c'est petit, plus c'est mignon !

Tout avait si bien commencé. Le jeune homme a qui elle venait de lancer ce regard sévère que peut se permettre une femme de son âge, peu importe son rang, accompagné d'un petit grognement auquel le jeune avait habilement répondu.
Ah ! L'entreprise aurait sûrement marché. C'est qu'il était presque charmant, le bougre !
Oui, l'entreprise aurait sûrement marché car Bertha n'avait point l'âme d'une commerçante. D'ailleurs, elle ne l'était point.
Bertha, c'était cette vieille employée de maison. Bertha, c'était une relique sacrée dont on osait se séparer. Bien sûr, il s'avérait parfois nécessaire de prendre une jeune fille pour s'occuper des tâches pénible. Mais jamais, au grand jamais, la place de Bertha n'aurait été remis en question.
Bertha, c'était la nourrice, la cuisinière, la réceptionniste, la confidente... Bertha, pour les petits Lefebvre, c'était un peu comme une seconde Grand-mère. On lui devait presque autant d'amour, et, surtout, du respect !

Où en étions-nous ? Ah ! Oui ! Le jeune homme !
Donc le gars, lui, il essayait d'amadoué la Bertha et, il faut bien l'avouer, il était plutôt habile. Elle avait bon cœur et sans doute allait-elle se laisser avoir. De toute façon, la Rombière n'oserait jamais lui faire le moindre reproche.
Le plat de sa dextre vient alors tapoter, affectueusement, la joue du bonhomme quand soudain...


- Dites voir mamy, si vous accuei’llez toutes tes clien’tes comme moi, j’comprend qu’vous fass’iez pas fortune ! Allez donc chercher vos bigno’cles, et mettez les ! J’ai rien d’une mio’che et j’deteste les familiarités quand j’les permets pas !

Ouch... Là, la Bertha voit rouge, bleu, violet, arc-en-ciel !
La vieille femme se cambre - enfin... autant que son dos voûté le lui permet - et sa dextre tapotant la joue du garçon, soudain s'agite et, injustement et par un étrange réflexe, le gifle assez vivement.


- Ouuuuhh !! Oooh !! Ooh non.. non.. non..

Son petit cœur fragile s'emballait à mesure que la vieille perdait la boule.
La fine senestre ridée se porte à son cœur. Un magnifique geste digne d'une mère abattu à l'occasion d'un dénouement tragique.
Ah ça ! La Bertha ne peut le supporter. Décidément, elle ne se ferait jamais à cette ville !


- Jamais ! Ah ça... Jamais ! Jamais l'on ne m'a parler sur ce ton ! Entends-tu ?! Petite in-so-lente !

Elle devient folle ! Oui, on peut le dire !
Faut dire aussi que la Rouquine n'y était pas aller de main morte.
Chut ! Aux abris ! La Bertha continue !
Elle pointe son index crochu sur le nez de la petite et le doigt fait des petits va-et-vient, un peu comme le ferait le maillet d'un juge sur le point de prononcer une sentence particulièrement sévère.


- Oh ! Ma petite ! Vous pouvez en être en être sûr ! J'en réfèrerai immédiatement à Madame votre Grand-Mère !
OOOooh !! Ces enfants sont in-su-por-tables !


La Relique... Elle en avait prit un sacré coup !
Isleen
Ha ben ! La rouquine sait qu’elle ne laisse pas indifférente, logique lorsque l’on a une propension certaine à dire ce que l’on pense et à ne prendre aucun gant, sauf rares exceptions. Donc bref, elle s’attendait bien à ce qu’elle réagisse la vieille, qu’elle l’engueule, la fasse sortir de sa boutique, mais alors pas du tout à ce qui s’était produit.
La rouquine en resta un instant deux ronds de flan, elle était étonnante la mamy, pleine de ressource et encore alerte pour l’âge, pauvre Phyl dire que c’est lui qui avait eu le droit de se prendre une bonne taloche. A sa place en plus ! Lui qui n’avait rien dit ou fait de répréhensible, sinon essayer d’amadouer la vieille !

Un moment la rouquine qui n’est pas si méchante et insensible que cela, se demande si la mamy ne va pas leur claquer entre les bras, c’est que cela leur en ferrait un paquet de problèmes si elle se décidait à venir finir sa vie maintenant alors qu’ils sont dans la boutique, oui un sacré paquet de problèmes. Pas le temps de s'apitoyer sur l’éventuel sort de « Granny jam »* qui porte la main sur son cœur et le Ohh ohh sont dignes du meilleur des comédiens, la vieille repart et la suite est pour elle.


- Jamais ! Ah ça... Jamais ! Jamais l'on ne m'a parler sur ce ton ! Entends-tu ?! Petite in-so-lente !

Oui oui elle entend bien, elle entend mieux que bien, elle voit aussi très bien le doigt s’agiter juste sous son nez. Bigre mamy a de la voix et en donne mais rien de quoi ébranler la rouquine, elle en a vu d’autre bien avant celle là, des biens plus costaud. Telle une tour solidement bâtie, résistant à la pire des tempêtes, la rouquine ne vacille même pas alors que la granny lui en remet une couche.

- Oh ! Ma petite ! Vous pouvez en être en être sûr ! J'en réfèrerai immédiatement à Madame votre Grand-Mère !
OOOooh !! Ces enfants sont in-su-por-tables !


A Madame ma Grand-Mère ?


Ben là, elle est sur le cul la rouquine ! Madame sa Grand-Mère, c’est la meilleure celle là. Elle sort ça d’où la mamy ? Pendant un court instant, l’espace d’un battement de cils, l’irlandaise réfléchi un brin, arrivant à la conclusion qui naturellement s’impose la granny elle déraille complètement, car c’est impossible qu’elle connaisse " Madame sa Grand-Mère" vu qu’elle-même elle ne la connait pas ! Dans le flot, elle ne relève même pas le " ces enfants" catégorie dans laquelle la vieille la place encore. La crevette se mord la joue intérieurement, réprime une envie de rire et finalement entre dans le jeu qui n’en est pas vraiment un, curieuse de savoir pour qui la vieille la prend, jusqu’où elle déraille exactement.

E attendant que vous lui en parliez, je vais quand même prendre un pot de confiture.

La rouquine ne perd pas le nord, elle a envie de sa confiote et la vieille lui doit bien ça, pour réparer l'affront. Une gamine grrrr. Rapide coup d'oeil à Phyl, voir comment il se remet de la taloche. Elle ne sait pas pour qui elle la prend mais autant en profiter, ça se trouve ils repartiront avec un pot gentiment donné. On peut espérer non ?

*mamy confiture

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Phylibert



Y'a pas à dire, ça c'est de la belle beigne ! Pas de la chiquenaude maladive, non, pas de la pichenette frileuse, pas de la claquette mollassonne. C'est « the » beigne dans toute sa splendeur, comme dirait sa britiche. Elle n'a pas été élevée au fromage maigre et à la salade verte, la mamy ! Elle a du répondant, elle a encore une sacrée poigne, bien qu'elle soit aussi délabrée que les murs de leur vieille forge.

Et notre Phylibert dans tout ça ? Il ressent alors un profond sentiment d'injustice ! Diantre ! Il s'efforçait de se montrer rassurant, aimable, et pacifique, et zou, voilà que c'est lui qui écope ! C'est lui qui en prend plein la poire, alors que c'est sa mignonne sauterelle qui se rebiffe ! Il s'en doutait bien, le bougre, que la puce n'allait pas apprécier qu'on la prenne pour une morveuse, mais c'est pas sa faute à lui si elle a un peu de mal à terminer sa croissance ! Et bon, cette châtaigne, il ne l'a pas vue arriver ! Pan dans l’œil !

Indignée, la vieillarde continue à grogner, elle agite un index menaçant sous le nez – si mignon et si fin – de sa brindille, et le ton monte à nouveau. Mais, en définitive, la rouquine ne parait pas trop impressionnée, c'est un vaillant p'tit soldat ces trois p'tites pommes-là, et, dans un geste de conciliation, la puce annonce qu'elle va prendre un pot de confiotte.

Un pot ? Rien qu'un ? Et en l'achetant ? Ah ben non ! Phyl se met à cogiter à toute allure. Il regroupe ses neurones comme un berger regroupe ses moutons, dans l'ordre et dans la discipline. Il devient Phylibert le chafouin lorsqu'il s'agit de satisfaire son estomac. Et le rusé compère entrevoit une solution qui pourrait leur rapporter une montagne de marmelade. Allez, approchez donc et contemplez le comédien, le charlatan. Son astuce frise le génie. Prenez-en de la graine !

Notre bonhomme chancelle, il porte la main à son front, ses traits se décomposent, ses jambes flageolent comme si la terre entière pesait sur ses épaules, et il s'écroule lentement, entre les étagères, comme un pantin à qui on a coupé les fils. Il gémit pitoyablement ...
Aaah tout ce bruit ... aaah cette gifle ... aaaah comme je me sens faible ... aaah j'agonise et je me meurs ... aaaah il me faut vite du sucre, beaucoup de sucre, une tonne de sucre ... Au secours ! ... supplie t-il en tendant une main moite et tremblante vers sa sauterelle et vers la mémé, dans un geste désespéré.

Bon ! Calmos l'asticot, n'en fais pas trop quand-même, reste crédible. Abritant un instant son visage aussi blanc qu'un linceul derrière sa large paume, il adresse un clin d’œil discret à son colibri. On ne sait jamais, il est tellement doué qu'elle pourrait s'inquiéter ...

C.lefebvre

C'est qu'il se paieraient sa tête, ces petits scélérats, en plus !
Oh ! Qu'ils jouent à la perfection ! Oh ! Qu'elle est bien vieille et perturbée la Relique...
La Rouquine aurait put répliquer qu'elle ne la connaissait ni d’Ève ni d'Adam. D'autant plus que la vieille continuait à la traiter comme une enfant...
Que nenni ! Elle entre dans la danse, elle encourage la vieille employée de maison dans son délire !
Et la vieille... elle débloque complétement !


- Oui, jeune fille ! A votre Grand-Mère ! insista t-elle, regard sévère à l'appui, avant de reprendre, à propos du pot de confiture...
- Non, non, et non ! il en est hors-de-question ! HORS-DE-QUESTION !
Entendez-vous, Élisabeth ?! Point de confiture pour les petites filles IN-SO-LENTES !
... la vieille Bertha cru sûrement important de tapoter le front de la Rouquine du bout de son index trois fois, pour chaque syllabes, comme pour faire entrer ce mot dans sa petite caboche.

Pourquoi Élisabeth ? Dieu seul le sait. D'autant plus qu'Élisabeth était blonde.
Ah ! Élisabeth, pour les incultes, c'est l'une des nièces de la Rombière.
Ah ! Et comme si notre pauvre Bertha se déraillait pas assez, comme si elle n'était point déjà dans son ses états, comme si son vieux coeur de mamie gâteau n'avait point été assez éprouvé...
Voilà que l'autre gugusse ne trouvait rien de mieux à faire, alors que la vielle femme tendait sa senestre vers la Rouquine afin qu'elle lui remette le pot de confiture, que de simuler la crise d'apoplexie !
Et le bougre... il jouait 'ach'ment bien ! Du moins, assez pour la vieille employée de maison tombe dans le panneau.


- Ouuuhh !! OoOooh !! Doux Iésu !!!

Tant pis pour le pot ! Le sang de la Bertha ne fit qu'un tour !
Elle se retrouva aussitôt sur ses deux genoux bien mis à mal par les années et se penchait sur le jeune homme, caressant son visage de sa douce main de vielle dame.


- Grimoald ! Mon ange... mon petit ange... OooOoohh

Il réclamait du sucre. Du sucre, oui, du sucre ! Et ce sont des petits yeux vitreux de grand-mère inquiète - si Bertha n'était pas leur grand-mère, les enfants Lefebvre étaient comme ses propres petits - qui se pose sur la Rouquine qui, rappelons-le, n'est autre qu'Elisabeth, la cousine de Grimoald.
Alors la Relique se fait toute douce envers la petite contre qui elle criait un peu plus tôt.


- Oh... Trésor, ne t'inquiètes surtout point... Cela va aller, ne te fais point sang d'encre, ma petite. Ton cousin va aller, va. Donne-moi donc ce pot que tu tiens, nous allons le soigner.

Ah Ah ! C'était sacrément bien joué !
D'autant plus que le jeune homme ne ressemblait pas plus à Grimoald qu’Élisabeth ne ressemblait à la Rouquine...
Phylibert



Mortes-couilles ! Cette gentille incursion au royaume de la compote de fruits revêt un aspect totalement inattendu ! Oui, soudain, y'a un os dans le potage ! Voilà que notre mamy se met à déraisonner, à battre la breloque. Bien évidemment notre Phyl avait bien constaté que la vieille avait une araignée dans le plafond, mais pas à un tel point ! Voilà donc qu'elle rebaptise sa rouquinette en Elisabeth, tout en lui tapotant de l'index le sac à neurones, et en la traitant de fillette insolente. Visiblement, mamy n'a pas saisi que son joli puceron n'apprécie pas ça ! Et quand la poulette se met à râler ou à ruer dans les brancards, ça barde ! Phyl en a fait récemment l'expérience, et rien qu'à y penser il n'a plus un poil de sec !

Vite, il faut qu'il calme le jeu avant que les deux donzelles ne se crêpent le chignon ! Et notre bonhomme se remet à agoniser de plus belle pour mettre fin aux hostilités entre la vioque et le colibri.
Aaahh ... j'expire ... Adieu monde cruel ... Adieu ma cousine, adieu ma douce Elisabeth, lumière de mes jours et fantasme de mes nuits ...

Bon, est-ce bien futé d'appeler ainsi sa poussinette, peut-être pas, ça risque de perturber davantage la mémé, mais c'est bigrement tentant de jouer à ce petit jeu, et Phyl doit lutter pour étouffer dans l’œuf un violent éclat de rire qui cherche à le submerger sournoisement ! Va t-il y parvenir ? Oui, il réussit à le repousser au fond de ses entrailles, et, du coup, il se décide à mourir une seconde fois, même s'il commence à manquer un peu d'imagination dans son délire.

Oooohh fini les aahh, Phyl s'offre un peu de fantaisie Oohh j'ai le crâne qui va exploser, et je vais en mettre plein les murs ... oohh vite par pitié il me faut du suuucre, de la confituuure ... gémit-il en insistant sur les uuu pour bien indiquer qu'il y a extrême uuurgence.

Et ça marche ! Quel talent ce Phylibert ! Et puis non, ce n'est plus Phylibert, la mamy foldingue l'a également rebaptisé, et désormais ce sera Grimoald ! Allons-y gaiement ! Du moment qu'il peut savourer cette confiotte, on peut lui donner tous les prénoms de la terre, même les plus idiots comme celui-là, Grimoald, il s'en fiche royalement !


Merci mamy, merci mon Elisabeth ... articule t-il d'une voix mourante lorsque l'ancêtre et la rouquine s'accroupissent à son chevet avec le précieux pot. Et notre Grimoald ouvre une bouche aussi grande et large que le trou d'balle d'un éléphant, en attendant patiemment qu'une âme charitable y déverse le nectar parfumé.

Isleen
Ha ben non, il faut croire qu’elle ne prendra pas de pot de confiture, la vieille déraille, c’est pas juste la locomotive qui perd le contrôle, c’est tout le train qui sort des rails ! La voilà rebaptisée en Elisabeth, avec une nouvelle couche sur sa taille, elle sert des points la brindille pour éviter de donner un revers à la vieille, un bon revers histoire de lui remettre la carafe d’aplomb..."Ca serait une bonne idée ça ? Non ! On frappe pas les vieux…ça s’fait pas...." Elle se retient la cleptomane, elle se retient et puis va savoir comment tout s’enchaine : Phyl leur joue la carte de l’évanouissement, du manque de sucre – oui il joue, la rouquine qui n’est pas née de la dernière pluie, se doute bien qu’un grand gaillard comme lui ne tombe pas comme cela pour une bonne baffe. Imaginez un peu le nombre de don juan d’opérette sur la carreau à la moindre baffe, non que Phyl en soit un, ça tomberait à tout va, il n’y aurait pas assez du stock de confiote ici pour tous les ranimer ! Le clin d’œil adresser fini de la convaincre, qu’il va se goinfrer en frais de la princesse. Et pour continuer, avec le ciboulo qui part en confettis la vieille entre dans le jeu, enfin y croit et marche du tonnerre du feu de Dieu, allant même à lui demander le pot dans ses mains, baptisant à son tour Phyl d’un nouveau prénom Grimoald. Par les boutons de culottes de feue sa Grand Mère, les voilà cousins ! Mince, elle fait dans l’inceste là ! Elle se mord la lèvre l’irlandaise, elle se mord la lèvre pour ne pas éclater de rire, tout en tendant le pot de confiture.

Tiens.

Elle s’accroupit légèrement pour lui donner le pot avant de se redresser, si elle reste à portée, elle va éclater de rire, ou, voir et, va finir par vraiment mettre une bonne baffe à la pauvre mémé qui déraille. Elle a presque pitié la rouquine pour cette mamy qui débloque, elle ne voudra jamais finir ainsi, non jamais, pourvu que non. Une telle pensée ça vous remet les idées en place, ça vous tue l'éclat de rire dans l'oeuf.

Deux trois cuillères et il ira mieux hein ? ça c’est pour rentrer dans l’jeu de son grand escogriffe avant de poser la question qui vient de prendre jour en son esprit - Dis y a perso’nne d’autr’e ici ?

Pas qu’elle veuille casser son coup à Phyl, mais la granny jam* doit pas tenir la boutique toute seule, elle débloque trop pour ça, va forcément y avoir quelqu’un d’autre qui débarque, autant savoir qui et combien.

* mamy confiture

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C.lefebvre

La Relique, elle est quand même complètement sénile. Heureusement, elle n'était pas dans son état normal. Non mais avouez tout de même qu'ils nous l'on quand même pas mal titiller la mamie, non ?
Bref ! Elle était folle d’inquiétude, sa dextre toute lisse et ridée tendue vers la Rouquine pour prendre le pot et caressant de sa senestre les cheveux du Gaillard.


- OooOoh... Mon petit ange, ne t'en fais pas. Baba - c'est ainsi que les petits l'appelaient affectueusement - est là... Oh... mon petit, mon petit Grimoald.

Mais tout de même, ce que ce gaillard qu'elle prenait pour Grimoald racontait dans sa souffrance qui, à n'en point douter, était de l'ordre du supplice, ça ne pouvait pas la laisser indifférente.
Tout de même ! On ne dit point "fantasme de mes nuit" à sa cousine ! Non, on ne le dit point !
C'est alors que, dans son élan, elle se saisit de la main du bonhomme et y fout une petite tape tendre et tonique à la fois. Tout de même !
A cela s'ajoute, l'espace d'un instant, une petite mine sévère teinter de tendresse et d'inquiétude. L'espace d'un instant, seulement. Tout juste le temps d'articuler :


- Oh ! On ne dit point cela à sa cousine, mon garçon ! Où as-tu appris cela ? Oh ! Ce petit bout est terrible... Ter-rible !

Mais elle reprend bien vite son rôle de mamie gâteau et gâteuse. Elle lui caresse à nouveau le visage tout en poussant des "Ooh" et des "mon petit" plein d'angoisse.
Je dis qu'elle lui caresse le visage, et non les cheveux, car cela est plus exact. En effet, la Bertha n'y voyant plus très clair, sa senestre passait sur les cheveux, frottait le nez, roulait les lèvres, remontait en butant contre les narines et terminait sa course se folle dans les cheveux, non sans s'approche dangereusement des prunelles. Bref !
La Rouquine, qui est alors Elisabeth, lui donne enfin le pot et s'écarte tandis que le Gaillard, qui est alors Grimoald, ouvre une bouche si grande que l'on serait tenté d'y foutre le pot.


- Deux trois cuillères et il ira mieux hein ?
- Oui, mon ange. Ne t'en fais pas, ma petite. Oh, ne t’inquiète point ainsi.
- Dis y a perso’nne d’autr’e ici ?
- Grand-Père et Grand-Mère ne vont point tarder, tu sais. Et puis tes tantes ne doivent plus être très loin. Ne t'en fais pas, mon ange. Ils vont arriver.

Tout en parlant, elle lançait sa dextre maintenant libre dans les air en direction de la petite rousse. La main voulait lui caresser la joue pour la rassurer tandis que sa senestre, tenant maintenant le pot, faisait un mouvement de bascule et direction de la bouche du garçon.
Je dis bien "en direction" parce que, même si la confiture de mûre, exquise au demeurant, coulait bien dans le gouffre... Il n'est point dit qu'il n'en coulait pas également à côté. Et oui, en plus d'être myope comme une taupe, sa senestre usé par le temps et l'inquiétude tremblait comme une feuille.
Petit sourire plein de tendresse à l'une puis à l'autre. Et après ?
Phylibert



L'échalas jubile en douce, et, pour une fois, ce n'est pas la contemplation des exquises rondeurs de son délicieux farfadet qui le met dans cet état proche de l'extase, proche de l'orgasme. Non, c'est la proximité du pot de confiotte qui le fait saliver comme un chien de berger devant sa gamelle, ou comme une colonie de criquets affamés devant un champ de céréales qui s'étendrait à perte de vue. Et la bouche de notre Grimoald s'élargit, s'élargit encore, comme s'il se préparait à engloutir la mamy tout entière – du moins si elle ne paraissait pas si coriace et indigeste –.

Oui, sa bouche s'élargit, elle s'étire, elle pivote, elle s'incline, elle dessine des « huit », elle se tord en fonction des hésitations et des tremblements de la vieille main ridée qui s'est approchée avec le pot et commence à déverser son contenu.

Oui, sa bouche devient cratère de volcan, clapoir de cachalot, entrée principale des grottes de Lascaux. Elle devient immense pour ne pas rater une seule miette de ce nectar aux senteurs estivales, au velouté onctueux. Les lèvres du filou dessinent un large entonnoir qui oblique de gauche à droite, puis se redresse de bas en haut, pour suivre la menotte tremblotante, et ... et ... misère, le premier essai n'est guère concluant, ce sont les narines de notre zigoto qui héritent d'un quart de livre de confiture de mûres.

Bon sang, ce serait plus facile si sa princesse se chargeait de l'opération, mais, visiblement, la puce s'abstient de participer de trop près à la scène pour ne pas éclater de rire, et, la bouche grande ouverte, le nez obstrué, le bougre se retrouve dans l'impossibilité la plus totale de faire appel à elle. Ses yeux turquoise lancent des signaux de détresse, mais foutre-dieu, ils s'avèrent bien inutiles. Il tente un « Elisabeth » désespéré, mais sa bouche n'articule qu'un « Zaaliibêêtte » indistinct.

Entre-temps, la mamy s'est remise à radoter. Ainsi que Phyl le craignait, ce n'était pas très futé de sa part de lancer des mots d'amour à sa cousine, mais la mémé ne paraît pas indignée, plutôt amusée. Les tourtereaux apprennent aussi que d'autres vestiges du passé habitent dans la bâtisse, des tantes, des grands-parents, et que c'est en définitive toute une kyrielle d'aïeux et d'aïeules qui risque de rappliquer dans la boutique. Il s'agit donc d'accélérer la cadence s'ils veulent regagner leur forge avec quelques kilos de compote, car ils ne peuvent pas tous avoir un cerveau aussi rabougri que celui de la mémé, c'est mathématiquement impossible.

Grimoald s'essuie donc précipitamment le nez du revers de la main, avec une rare distinction, il retrouve un semblant d'élocution, et parvient enfin à former une phrase.
Attends mamy, je vais t'aider un peu. Il lui prend délicatement le poignet, et s'efforce de guider la main de la vieillarde pour ne pas verser le reste de confiotte dans ses oreilles ou dans sa tignasse.

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