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[RP] Le malade imaginaire

--L.aplai
Vous me semblez tous les deux doués en votre art.

Le clair regard de l'Oblate scrutait tour à tour les deux hommes qui lui faisaient face. Ils étaient sa solution.
Mais ils ne pouvaient être qu'un!

Elle les avait immédiatement fait venir après avoir lu et relu la lettre de sa chère filleule du nord. "Ma santé ne s'améliore guère et de ce fait, Elisette dépérit." Rien de tel pour faire tourner le sang de la blonde Duranxie et la faire réagir comme si la guerre venait de sonner à sa porte.

Elle considéra le blond jeune homme. Charmant pour qui saurait s'y attarder, il avait tout montré d'un homme cultivé. Il connaissait tout des méthodes de soins les plus récentes mais n'avait que peu exercé: cinq ans. Mais que dans les meilleurs familles du duché!
A l'inverse, le chenu avait des dizaines d'années d'exercice derrière lui mais ne semblait plus y voir très clair. Il sentait mauvais, parlait en charretier et toussait des mollards verdâtres.


Voici la question qui vous départagera.

La salle vibrait sous le joug de ce silence qu'elle instaura durant quelques secondes. Elle leur sourit doucement. Si l'élu parvenait à sauver la santé de sa douce Joie et de sa fille, elle leur avait promis un dû alléchant. Il ne pourrait pas la décevoir, n'est-ce pas?

Lequel de vous sait traire une chèvre?


... Ainsi le vieux l'Aplai s'en alla-t-il à Dôle...


Il arriva à l'aube, un jour de mai, à l'auberge de La Lune et Du Satyre, chargé comme une mule. Par une corde, il tirait la chèvre que lui avait prêté la nonnette, et sur son canasson étaient entassés beaucoup de choses destinées à soigner sa patiente. Il n'avait pas exercé depuis quinze ans mais s'était bien gardé de l'avouer à la femme. Il avait grand besoin d'argent!


Hé patron! J'v'ens voir la mourante. Parait-y qu'ell' couche là!
Larouchka
[Auberge la Lune et le Satyre. Dôle]

"Est-il possible qu'on laisse comme cela un pauvre malade tout seul?"
Molière - Le malade imaginaire, Acte I, Sc.1

Recluse dans la chambre que j'avais louée à La Lune et le Satyre, je me morfondais. Ma santé ne s'améliorait guère et mon moral en chute libre sur le baromètre, j'allais bien plus mal que je n'aurais dû aller.

Mon lait se faisait de plus en plus maigre et Elisette criait famine. La situation était critique. Lors des rares sorties que Gabriel faisait de chez les moines, je n'osais l'inquiéter par mon état de santé, ni par la maigreur d'Elisette, si bien que je n'en disais rien.

C'est dans une chambre sentant la malade, sombre, que le médicastre pénétra, conduit par le taulier. J'étais alitée, aussi pâle qu'un linge et d'une maigreur à faire peur. Elisette avait cessé de hurlé et, d'épuisement, s'était endormie à côté de moi.

D'une petite voix je m'adressais à lui.


Qu'est-ce-que c'est? Que venez vous faire ici? Qui êtes vous!

Ma solitude était la seule qui me permette de m'abandonner au mal-être qui m'habitait, or cet homme inconnu venait m'interrompre dans le silence de ma maladie. Honte soit sur lui! Je lui jetais un coup d'oeil et fit une moue de dégoût.

Il ne payait vraiment pas de mine, le vieux.

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--L.aplai
"Chaque médecin a sa maladie favorite" H. Fielding


La paix! Z'allez-t-y pas m'bassinner 'vant même d'êt' sur patte!


D'un geste agacé de la main, le blafard médecin fit signe à l'aubergiste de poser toutes ses affaires près de la porte avant de le congédier, sans un sourire ni une piécette. Il comptait bien rendre ce voyage le plus rentable possible.
Peut-être même bien qu'il pourrait soutirer à la religieuse encore plus que promis... Mhm. Il allait devoir réfléchir à la question. Mais sur l'heure, il était certain d'une seule chose: si la malade crevait entre ses mains, il pouvait dire adieu aux écus trébuchants.

Il maugréa en agitant la tête avant de se diriger vers la seule fenêtre de la chambre pour l'ouvrir en grand. Toujours en marmonnant, il fouilla dans ses paquetages pour y trouver une lettre froissée et la jeter à sa patiente.


'Pou' vous. Et pis tant qu'vous avez les deux yeux ouverts, z'allez répond' à mes questions.

Car tout bon médecin de sa génération commençait par ces fameuses questions bateaux qui n'aidaient pas vraiment mais faisait du médecin un être érudit. Il se laissa choir sur une chaise basse tout en délestant les mamelles de la chèvre de gestes assurés. C'était un peu sa deuxième passion...

Z'êtes née au moment des feuilles mort'? Z'en avez les cheveux.
Fatiguée? Z'avez de ces cav' sous les yeux ma pauv' dam'. V'nez d'avoir la môme là? Malheureus' p''t'êt'? Un peu d'courag' Ma Douce! J'pa'le à la chèv', pas à vous.
Larouchka
"La mort est une maladie de l'imagination."
Emile-Auguste Chartier, dit Alain

Alors que le vieux médicastre s'installait comme chez lui dans MA chambre, avec une chèvre en plus, ouvrant MA fenêtre en grand, O reur!! Je me pelotonnais sous les peaux de bête et couvertures, calquant des dents, fourrant mon nez dans l'oreiller, qui puait la mort.

Grumpf...

Je sortais néanmoins un oeil de ma muraille doudouneuse, jetant un regard furibard au médicastre qui trayait la chèvre, montrant la lettre froissée.

C'est quoi ce torchon?

Je le regardais avec interrogation.

Mais vous faites quoi, là??? ça va pas???

Il se prenait pour qui, lui, je fronçais les sourcils, trop épuisée pour me battre contre lui.

Pfff... non je sais pas quand j'suis née...

Grommellement sourd d'une Lara pas du tout enchantée d'avoir un fou en train de traire une chèvre dans sa chambre...

Oui, j'suis fatiguée, oui, j'viens d'accoucher de ma fille là... Comment ça malheureusement??

Il se payait ma tête le vioc! Malheureusement? Alors que ma fille était une beauté?? Et ma joie de vivre!! Il allait finir par me faire sortir de mes gonds, mais au lieu de ça, je m'effondrais en larmes. Si j'en avais eu la force, je l'aurais foutu dehors à coups de pied dans le cul.

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--L.aplai
"Dans les larmes d’une femme, le sage ne voit que de l’eau." Proverbe russe


L'Aplai n'était pas ce que l'on appelle un homme sage, mais il avait assez vécu pour ne pas se laisser émouvoir des sanglots féminins, qui ne provoquèrent en lui qu'un soupir agacé. Il laissa pleurer sa patiente tout son soûl: il avait bien compris qu'il ne valait mieux pas en rajouter. Cela pouvait faire baisser son salaire.

La chèvre, elle, était parfaite. Elle se laissait traire sans grogner et sentait bon la ferme. Le médecin songea que toutes les femmes de ce maudit Royaume aurait dû lui ressembler: dociles, aimantes, muettes. Et qui produisent du lait qui se vend, en plus de ça!
Et quand le seau fut rempli, il se releva en faisant craquer toute la misère de son dos avant de se diriger vers le lit. Il avisa un torchon, en saisit un coin et le fit tremper dans le lait fraîchement traité. Il le déposa ensuite près des lèvres de la gamine qui semblait dépérir, et la laissa doucement téter le bout de tissu.

Son oeil expert -et presque aveugle, en fait- avisa le visage larmoyant de la malade.


Ben dam'. Z'en avez encor' comben à verser, là? Va falloir s'calmer, femm'! Comment qu'j'vous soign' mouè, si 'répondez pas à mes questions! Pis c't'un messag' pou' vous, c'torchon. J'suis pas un pigeon, mouè!

Finalement, il savait maintenant qu'en effet, elle était malheureuse. Sûrement pas une sanguine, une loque comme ça! Il avait à faire à une mélancolique, très probablement. Quoi qu'une bilieuse ne semblait pas injustifié. Il fallait affiner tout ça!

Z'avez chaud ou froid? Pas là, hein. Z'êtes brulante.

Il venait en effet de lui toucher le front moite, une grimace peu encourageante sur le visage.


Tous les jou's. Alors? Z'êtes p'utôt agitée, ma bonn' dam'? Là d'dans?

Il lui désigna son coeur. Enfin essaya. Il tapota sur son propre buste, à droite...
Larouchka
"Le malade prend l'avis du médecin, le médecin prend la vie du malade"
Anonyme

L'Aplai était une plaie. De ces médecins fléaux qu'on n'espère ne jamais rencontrer. Et moi, j'étais une fontaine. Mes larmes ne tarissaient pas. Un peu plus calme, les larmes coulant silencieusement sur mes joues, je le regardais faire, voyant ma fille téter goulûment le chiffon imprégné de lait de chèvre.

Dubitative, je ne la quittais pas des yeux, épuisée que j'étais, le corps las. Dépitée, je regardais l'affreux médicastre. Mais d'où il sortait celui là? Je pris finalement le chiffon, tentant de le déchiffre. C'était pire qu'un chiffon! un torchon. Je fis la grimace. J'avais déjà du mal à déchiffrer quoique ce soit de bien écris, alors sur pareil immondice, comment faire. Je soupirais, de guerre lasse et laissait ma main tomber avec le bout de parchemin.


C'est illisible...

Je grelottais, levant un regard épuisé sur l'affreux docteur, m'essuyant les yeux, rougis et bouffis.

J'ai... froid, je crois...

Je me sentais si lasse que j'économisais les mots, pour ne pas rendre l'âme. J'avais l'impression qu'à chaque instant, j'allais m'effondrer pour toujours. Et Beren qui faisait le joli coeur à Saint-Claude! Et Gabriel qui fricottait avec les moines! Et Sylphael qui était loin, à faire je ne sais quoi avec sa petite pimbêche de promise. Je fis la grimace en les imaginant dans des positions peu orthodoxes, c'était mon bébé tout de même!

Et je l'écoutais bavasser, le vieux. Heureusement qu'il causait la même langue que moi, même si je m'évertuais à corriger mon affreux accent campagnard et je faisais tout pour causer avec distinction! Tout un art pour qui n'est pas habitué.

Il me racontait quoi là? Je fis la moue. Il voulait savoir si j'avais le coeur qui battait? Ben à priori, un peu, vu que j'étais encore en vie, et puis, je savais qu'il battait la chamade quand on me parlait du Fiole, ou qu'il n'était pas loin, mais là... j'avais l'impression que mon coeur se mourrait.


Non, pas agité, mort plutôt.

Mort, mort mais pas enterré! Je me recroquevillais sur moi-même, soupirant, blaffarde.

Je suis si fatiguée... et puis... cette nausée...

Je m'étirais avant de me pelotonner sur moi-même, la bouche pâteuse, j'étais vraiment pas bien et j'aurais bien dégobillé sur les chausses du médicastre!

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--L.aplai
"S'il existe un enfer en ce monde, il se trouve dans le cœur d'un homme mélancolique." Robert Burton


Ben merd'. C'ben c'que j'craignais. C'est moch'.

Ou l'art de rassurer son patient en quelques mots.

Sans en dire davantage, il quitta la chambre en marmonnant et n'y revint que vingts bonnes minutes plus tard. Dans sa main droite, il tenait un fromage bien rond, dans sa gauche une miche de pain fraîche.


J'vous propos' pô. Z'avez qu'à vous défringuer. L'bassin' arrive. Et l'eau chaud'.

Il s'installa dans un coin et commença à mâchouiller son repas. Quand il eut fini, comme promis, une grosse femme qui sentait un mélange de cochon et de sueur fit son entrée et déposa une large bassine avant de faire plusieurs allers-retours pour la remplir aux trois quarts.

Sautez d'dans. Pis engloutissez moi ça!

Et il lui tendit alors une boisson à l'odeur étrange où avait infusé quelques feuilles de Millepertuis tirées de son baluchon. Où avait-il mis autre chose par mégarde?
Larouchka
« On répond au fou par le silence. »
Hazrat Ali

Il était fou et en plus, il me lourdait vraiment le bougre, il aurait pu me faire une frousse terrible, mais j'étais tellement épuisée que je ne sentis pas toute l'ampleur de ce qu'il baragouinait. Je soupirais. Quand allait-il s'en aller et me foutre la paix que je puis dormir tranquille, ou du moins, essayer?

Je cru un instant que le ciel m'avait entendu. Il s'en alla. Je m'endormis paisiblement, Elisette tétait toujours un chiffon imbibé de lait de chèvre et, comme elle ne pleurait plus, je pouvais enfin me reposer.

Fausse joie! Il était revenu. Foutrecul, je ne serai jamais tranquille! Et le voilà à m'invectiver, comme s'il croyait que j'allais obtempérer! Il rêvait le vioc! En plus l'odeur du fromage rajoutée au fumet qui se dégageait de lui me donnaient franchement l'envie de vomir. Je regardais, inerte, la servante faire ses allées et retours, le coeur au bord des lèvres.

Trop c'est trop. D'un coup une magnifique gerbe de... rien - puisque je n'avais pas mangé depuis fort longtemps - sortit de ma bouche et vint atterrir juste à ses pieds alors que je me levais. Ainsi donc, la bile avait inondé le sol. Du coup j'allais mieux. Je le regardais avec des yeux ronds, un peu comme une gosse coupable, genre: "Oh flûte, j'ai dégueulé partout, je suis désolée, c'est pas ma faute!" Mais je ne dis rien et, contournant le vomit, j'entrepris d'ôter ma chainse légère, sans pudeur, et pour cause, combien étaient-ils les hommes devant lesquels j'avais du répéter ces mêmes gestes?

Je me glissais dans l'eau fumante, c'était bien agréable. Petite, je détestais les bains, chat échaudé craint l'eau froide et c'est lorsque mon beau-père m'obligeait à vendre mon corps que j'avais découvert le plaisir et le luxe qu'étaient les bains, je pouvais enfin me laver de l'odeur infecte de ces hommes qui me donnaient la nausée. Une fois propre, je me sentais presque "pure" et je pouvais à nouveau sourire à la vie. Le bain était donc devenu pour moi un moment agréable de détente et de purification tant interne, qu'externe.

Une fois dans le baquet, je fermais les yeux, sans m'endormir pour autant. Je tournais le dos au "médicastre" et enfin, je lui adressais la parole.


Qui vous envoie?

J'avais les idées plus claires et je me sentais un peu ragaillardie, tant d'avoir expulsé cette bile nauséabonde que de pouvoir me prélasser dans ce bain chaud.

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