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Info:
Cela fait un an et demi maintenant que Zyg,l'amour caché et inavoué de Sam,ainsi que sa colocataire,est décédée.Torturée,Sam sombre dans la damnation de son âme en multipliant les violences,les colères et les blasphèmes envers le Très-Haut. Un soir,sa décision est prise:"oeil pour oeil,dent pour dent"...

[RP] "Je préfère régner en Enfers que de servir le Ciel

Samsa
[Bordeaux,capitale de Guyenne...]

Elle était chez elle,attablée à regardé par la fenêtre le soleil qui déclinait pour se soumettre à la lune.Ses bras était croisés sur la table et une étrange plénitude se dégageait du visage de Sam.

Sam...Samsa de la Culture de Bêtises...Une jeune femme de 22 ans aux cheveux légèrement ondulés tombant au niveau de ses omoplates,de couleur bruns tirant fortement vers le roux à force de manger des carottes disait-elle.Elle n'était pas particulièrement grande ou petite,mais sa stature était svelte et athlétique,lui proférant quelques faux centimètres en plus.Son visage était doux,aux traits harmonieux bien que parfois cassants,et la couleur de sa peau laissait envisager une bonne santé.Au coin supérieur droit du front,une fine cicatrice de quelques centimètres partait de la naissance des cheveux pour filer vers sa tempe;une cicatrice chérie de la brune pour tant de raisons...Sur ce visage trônaient deux yeux bruns sombres très expressifs qui s'éclaircissaient ou s'assombrissait suivant l'humeur de la jeune femme,abritant tantôt des étoiles,tantôt un véritable brasier.Les coins de ses lèvres semblaient remonter sensiblement à force de sourire,car là était son métier:cultivatrice de Bêtises,l'unique du Royaume du France et alentours.Un métier difficile qui demandait une duplicité très importante,un métier difficile car à vie,un métier difficile qui demandait de taire ses soucis,de SE taire,pour faire voir autre chose aux autres,autre chose qui puisse les faire rire ou sourire.Ainsi donc notre brunette vivait de rire et de sourire.Voilà des choses qui sonnaient souvent faux sur elle...Sa main gauche était bandée,car une récente plaie profonde y avait été faite,scarification aux multiples significations que la Sam s'était infligé...

Ses sourcils se froncèrent et elle se leva,repoussant la chaise.Il était temps.Il n'y avait plus d'hésitation à avoir.Pourquoi est-ce qu'elle devrait partager seule le souvenir de Zyg?Pourquoi devrait-elle supporter seule la culpabilité de sa mort?Haïr le Très-Haut qu'elle avait surnommé L'Autre,Son nom la répugnant à outrance,ne lui suffisait plus.Jeter un regard meurtrier aux nonnes non plus.Maintenant,elle allait les tuer autrement qu'avec le regard...Elle s'empara de sa cape noire à capuchon et l'enfila,rabattant la capuche sur sa tête.C'était une cape bien spéciale,car c'était la Mort elle-même qui la lui avait remise.Ou si ce n'était pas elle,Sam ignorait qui,car la ressemblance et la manière de parler,de se comporter,avaient été frappantes.La brune chérissait beaucoup cette cape,car elle se sentait quelqu'un d'autre quand elle l'enfilait,elle se sentait sombrer dans les Enfers et alors il lui semblait que toute sa souffrance était rangé dans un coin,qu'elle ne souffrait plus...
Dans une poche intérieur de la cape se trouvait un petit portrait de son amie,de son amour disparut,et dans une autre poche,quelques flacons étiquetés qui serviraient surement.A sa ceinture du côté gauche,son épée était bien là,bien présente,et à son côté droit,son couteau était soigneusement rangé dans son fourreau en cuir,tout simple.

Elle quitta la maison et fit quelque pas dehors.Se retournant,elle observa la bâtisse,une gentille petite maison en bois comportant un étage.Un étage qui abritait une chambre vide,jamais occupée,Zyg étant décédée avant d'avoir vu la maison...
Sam prit le chemin qui descendait de la colline sur laquelle était perchée sa maison,face à l'océan et dominant Bordeaux.Cette nuit,elles allaient payer...Cette nuit,Il allait payer...Ils allaient tous payer...Et elle,elle se vengerait...Elle vengerait cette injustice...

Voilà plus d'un an que Sam avait perdue Zyg,sa meilleure amie,sa colocataire,sa soeur,sa famille,son premier et plus fort amour,son sourire,son rire,sa joie,son bonheur,son monde,son Univers,son Tout.Un sentiment d'amour qu'elle ne lui avait jamais avoué de son vivant,qu'elle avait réfuté même,bien qu'elle sut que Zyg les partageaient.Mais Sam était lâche en ce temps-là,peureuse,craignant le regard des autres,craignant tellement de choses stupides qu'elle ne s'en souvenait même plus. Ça aurait pu être amusant de constater qu'elle était devenue l'inverse exact aujourd'hui,courageuse et téméraire,réputé pour foncer tête baissé partout,pour sa franchise qui déclenchait des scandales en halle,parce qu'elle osait dire la face caché des choses,parce qu'elle osait dire tout haut ce que les autres disaient tout bas.Oui ça aurait pu être amusant si ça n'avait pas été à la suite de la mort de Zyg.Les deux femmes pensaient que si elles ne cherchaient pas les soucis,alors elles n'en auraient jamais,elles pensaient que jamais leur route ne se sépareraient.Et au fond,elles avaient raison pour cette dernière croyance.Seulement,elles ne pensaient pas qu'une route s'arrêterait avant l'autre.Zyg et Sam étaient naïves,elles étaient de ces gens heureux et sans soucis,du moment que la présence de l'autre était à leurs côtés.Elles vivaient à Chinon mais avaient déménagés à Bordeaux,Sam ayant promit qu'elles vivraient dans une petite maison en bois sur une colline face à l'océan,dominant Bordeaux.La même dans laquelle elle vivait aujourd'hui,avec Sid,son "époux".Les travaux à peine commencé qu'elle était sortie de chez les nonnes,pleurant comme jamais.Les travaux à peine commencés qu'elle était sortie de chez les nonnes en racontant à Sam que ces dernières l'avaient traités d'abrutie,de débile,d'inutile.Les travaux à peine commencé qu'elle était décédée brusquement,les travaux à peine commencés qu'Il l'avait rappelé,qu'Il lui avait arraché toute envie de vivre,qu'Il lui avait ôté la vie de l'âme en même temps.Et qu'avait donc Zyg en tête au moment de partir,si ce n'est qu'elle était en train de mourir et que Sam vivrait sans elle...?Elle avait eu en tête qu'elle était inutile,puisque les nonnes l'avaient dit,puisqu'elles étaient l'intermédiaire entre la Terre et le Très-Haut,un homme qu'on disait tout puissant,mais dont les deux donzelles ne s'étaient jamais vraiment intéressé.
Sam avait bien sûr tenter de rejoindre Zyg,le 16 juin 1459,soit 2 mois exactement après sa mort.Mais Il l'avait laissé là,mourir à petit feu,ne lui accordant pour réconfort qu'une cicatrice au front que Sam considérait comme une marque de Zyg,une sorte de caresse ultime et éternelle.



La nuit était tombée,noire et profonde,et personne n'aurait pu voir Sam si la faux blanche brodée sur sa cape,signe de Mort,ne reflétait la pâle lueur de la lune.Le couvent,ses murs,sa chapelle et son clocher,se découpait dans le ciel;elle était arrivée.Les yeux sombres exprimant colère et détermination,désir irrépressible de vengeance,elle fit patiemment le tour des murs,cherchant moyen d'entrée sans se faire repérer.Aucun.Elle refit donc un tour pour trouver le meilleur endroit pour escalader le mur.Toucher ces pierres de ce mur protégeant ce bâtiment ne l'enchantait guère,mais c'était un mal pour un bien.Elle eut bien du mal à parvenir en haut,sa main gauche ne pouvant lui servir que par les doigts,mais l'entêtement et la fierté naturels,couplé de la détermination et de la colère,lui avait permit d'y arriver.Derrière,elle découvrit le cloître,avec son jardin qu'on devinait verdoyant dans la pénombre,le chemin en faisant le tour,et les portes de cellules aux murs.Esquissant un sourire de satisfaction,elle enjamba le mur et se laissa choir de l'autre côté.Sam s'accroupit pour guetter le moindre bruit,mais seul celui des lointaines et calmes vagues lui parvenaient.Elle se redressa lentement et regarda autour d'elle.Que faire à présent?Débarquer dans une cellule?Non,trop bruyant.Attendre qu'une nonne emprunte le chemin de prière faisant le tour du cloître?La nuit?Les nonnes ne dormait-elle pas la nuit?


Fais chier...Susurra Sam avant de se diriger vers la meilleure cachette environnante.

Pour être sûr de réveiller une nonne,Sam se racla brièvement la gorge.Elle n'avait le droit qu'à un seul essai.Soudain,elle tendit le cou et se mit à imiter le braiment de l'âne,qu'elle faisait souvent lorsqu'elle exerçait son métier,elle qui se disait semblable des ânes.Elle se tut,se plaquant au mur pour se cacher au maximum,attendit quelques minutes et recommença;elle le ferait bien toute la nuit s'il le fallait,et celles à venir aussi!Ne restait-donc plus qu'à attendre...



Edit pour galère avec le titre >

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"Un visage est un masque de comédie posé sur la tragédie de l’âme."(Shan Sa)
--La_nonne
[Guyenne, Lieu Divin]

- Grmblkpfgheu hein ?


L'expression inarticulée de l'incompréhension. Un son dans la nuit. Les yeux soudain grands ouverts, écarquillés, et la bouche pâteuse, la blonde fixa le plafond – qu’elle ne pouvait voir dans l’obscurité. L'esprit trouble et les sens embourbés, elle battit des cils plusieurs fois en tentant par là de s’arracher de ses songes. Elle qui faisait un si beau rêve…

    Christos, le bon et beau Christos, plein d'Amour, de Lumière, de Vérité et de Sagesse... Il était revenu d’entre les morts et elle – elle ! – avait eu l’immense privilège de lui parler. Il lui était apparu, vêtu simplement, dans un halo de lumière. En l'apercevant elle avait fondu en larmes. Heureuse, tellement Heureuse. Elle qui avait dévoué sa vie au Très-Haut. Mais ce n'était pas tout... Il lui avait même confié un lourd secret – dont elle avait déjà oublié l’objet – avant de l’emmener... Ils avaient devisé autour d'une tisane, parlé des heures. Elle avait dit des choses fort intelligentes. Ils avaient rit. Il l'avait entouré de Bien-Être et lui avait assuré qu'une place l'attendait, dans les cieux. Après... C'était peut-être un peu plus surprenant... Il l'avait emmenée diner dans une taverne très chic des environs, où il avait réalisé plusieurs miracles. Il lui avait offert une rose noire qui ne fane jamais et lui avait fait promettre d'adopter un écureuil.

Si l'on en exceptait la fin, c'était donc d'un rêve bien délicieux dont elle avait été tirée, pour une raison mystérieuse. Il était en effet peu commun que la nonne se réveille avant le chant du coq sans raison. Était-ce un signe de Dieu ? Elle s’assit sur sa paillasse et se frotta les yeux encore gonflés de sommeil. C’est alors qu’un bruit résonna. Elle tendit l’oreille, avait-elle rêvé encore ? Non, quelques instants plus tard le son lui parvint de nouveau. Un âne ? Mais pourquoi Bélazar brairait-il à cette heure ? Et avec une telle insistance… Elle soupira et posa les pieds sur la pierre froide, ce qui lui arracha un frisson. Nouveau soupir. A nouveau le braiment. Elle enfila un vêtement chaud à tâtons puis se dirigea vers l’extérieur de sa cellule de la même façon.

Une fois dehors, elle prit la direction du « dortoir » de l’âne. En passant elle admira le jardin baigné par la lumière de la lune, se laissa brièvement bercer par les rouleaux de la mer, inspira l’air marin puis soupira avant de reprendre sa route d’un pas endormi. Laurelle était une blonde à la silhouette campagnarde et molle. Ses joues rougissaient rapidement sous l’effort. Ses yeux noirs ne brillaient que lorsqu’elle priait le seigneur. Quant à sa chevelure, si elle avait fait sa fierté en son jeune temps, elle était à présent coupée relativement court et ramenée dans un chignon plus pratique qu’esthétique. Elle n'était pas foncièrement jolie donc. Mais elle n'était pas un laideron repoussant non plus, si l'on y regardait pas de trop près. Âgée d’une trentaine d’années bien tassées elle portait l’habit traditionnel des nonnes depuis maintenant plus de la moitié de sa vie… Perdue dans ses pensées elle buta contre un râteau qui n’avait pas été rangé et grommela tout en se baissant pour le ramasser. Ce devait être encore Berthilde qui avait oublié de le mettre dans la remise ! Laurelle grimaça en se tenant le bas du dos d’une main. Ces derniers temps elle avait quelques douleurs à ce niveau lorsqu’elle se penchait. Posant l’outil contre le mur, elle reprit son chemin en pestouillant. Elle détestait être réveillée en pleine nuit. Elle détestait savoir que les autres dormaient encore, y compris cette carne de mère Raymonde et cette andouille de sœur Cunégonde ! Elle aurait dû aller réveiller la nouvelle et lui dire de s’en occuper, que cela faisait partie de sa « formation » si elle voulait rester au couvent. Laurelle soupira, céder à la jalousie et à la méchanceté ne lui apporterait rien. Et puis le Très-Haut ne devait pas trop aimer les paresseuses aigries. Peut-être cet âne avait-il un problème et qu’elle allait pouvoir l’aider ? Voilà, en fait ce devait être ça. Elle gonfla sa poitrine et son pas s’allégea. Laurelle était en mission divine… A son échelle, évidemment.
Samsa
[Et si le loup était un âne...?]

Sam ne cessait d'imiter le braiment de l'âne,craignant un peu plus chaque fois qu'elle ne se loupe et que l'on ne devine qu'il s'agissait d'une imitation.Elle allait recommencer quand elle perçut,dans le silence de la nuit,de gentils et pauvres jurons.Elle se tut et se tapit dans l'ombre.A présent,le bruit de pieds nus claquant contre la pierre froide lui parvenait.Elle ajusta sa capuche lentement,en silence et saisit la garde de son couteau.D'où diable venaient ces bruits?!Enfin,elle aperçut une silhouette mouvante,mais il lui fallut attendre encore un peu,qu'elle se rapproche,pour que Sam puisse en distinguer quelques maigre détails.Alors c'était ainsi que vivait les nonnes?A manger et à ne pas entretenir leur corps?"Un esprit sain dans un corps sain" disait-on,et aussitôt,Sam qui avait la Bêtise dans le sang (ne l'oublions pas),ne se posa plus de question:corps négligé?Esprit négligé.Esprit négligé?Esprit malsain.Esprit malsain?Esprit coupable.La brune était ainsi,le tout et son contraire,pouvant se montrer aussi intelligente que stupide,drôle que sérieuse,patiente qu'impatiente.
La patience étant de mise,elle attendit donc que la nonne passe devant sa cachette et eut fait quelques pas avant de sortir de l'ombre.

"-Sam,il est encore temps de faire demi-tour,lui souffla son subconscient,compagnon inconditionnel de Sam,aussi chiant qu'utile.
-Je ne reviendrais pas en arrière Sub;j'attends ce moment depuis trop longtemps.
-Il y a forcément une autre solution!Tu ne vas tout de même pas te transformer en...Meurtrière!Tu es cultivatrice de Bêtises,l'unique!Tu vas ruiner ta réputation!
-Si c'était mon but Sub,j'aurais été moins discrète que ça.Et je ne suis pas une meurtrière,je suis une vengeresse.Pourquoi la justice existerait pour les autres et pas pour moi?
-Mais il y a bien une autre solu...
-Non!Je vais aller faire quoi?Aller voir le procureur et porter plainte?Contre L'Autre?Contre les nonnes?Pour meurtre?Et comme tu l'as dis,je suis cultivatrice de Bêtises,ils ne me prendront pas au sérieux.Et si je me trompe,ils me riront allègrement au nez avant de me faire griller comme un cochon sur un bûcher pour hérésie.Certes j'aurais trouvé ce que je cherche,l'Inaccessible Faucheuse,mais je doute que la vengeance eut été très efficace.Laisse-moi maintenant,je dois l'interpeller sans me faire remarqué.


Sam se glissa derrière la nonne,telle une ombre,usant de toutes ses maigres capacité en cette matière et lui plaqua rudement la main contre la bouche tout en dégainant son couteau pour venir en appuyer le tranchant contre la gorge de la femme.


Un son...Un geste...Un seul...Et je te tranche la gorge juste assez pour te faire taire avant de t'éventrer et de clouer ton coeur à la porte du couvent...Vu?Lui susurra la Sam d'un ton malsain.

La première approche était tout,sauf tendre et amusante.Sam n'avait même pas réfléchi à ce qu'elle avait dit,ça lui était sorti naturellement,comme si elle avait toujours fait ça.
Elle appuya la pointe de son arme contre la chair de la nonne et lui murmura froidement:


Ta cellule...Guide-moi à ta cellule,dépêche-toi.Et si l'idée te prend de m'amener dans une autre que la tienne,compte sur moi pour tuer chaque être vivant s'y trouvant...En route.Osa-t-elle à mi-voix pour l'engager, déplaçant son couteau pour que la pointe vienne appuyer dans le creux des reins de sa captive.
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"Un visage est un masque de comédie posé sur la tragédie de l’âme."(Shan Sa)
--La_nonne
[Gloups !]

Deux pas plus loin, elle eut une sensation étrange. Ou peut-être avait-elle entendu un son ? Un courant d’air l’avait-il frôlée ? Quoiqu’il en soit, elle commençait d’amorcer un geste pour se retourner lorsqu’une main fine et fraiche se plaqua impitoyablement sur sa bouche, écrasant par là même toute la chair plus ou moins flasque et coupant court le souffle de la nonne. La peur, immédiatement, s’insinua en elle comme un poison, lui empêchant toute réflexion. Reflexe instinctif, elle inspira par le nez et s’apprêta à « Hm-Hm-er » de façon incompréhensible mais bruyante. Ceci étant le reflexe fut avorté avant sa mise à exécution par un murmure répugnant à son oreille. Laurelle ne put contenir une sorte d’assentiment étranglé.

Quelle pauvre âme venait donc la menacer de mort, une nonne qui n’avait jamais rien fait de mal à qui que ce soit. Depuis quand s’en prenait-on aux ecclésiastiques, chez eux, en pleine nuit ? Mais pour l’heure ce n’était pas son problème majeur, le pourquoi… C’était plutôt : quoi ? La voix était féminine… Une femme qui voulait abandonner un nouveau né incognito ? Une voleuse ? Il n’y avait pas vraiment de richesses ici… Une meurtrière ? Mais qui voudrait la tuer ? Non, elle serait déjà passée à l’acte sans discuter… L’esprit égaré de la blonde en vint soudainement à penser à l’âne qu’elle avait entendu braire et pour lequel elle s’était levée avant de se sentir carrément investie d’une mission du Très-Haut… L’âne, l’avait-elle tué ? Blessé ? Elle devait lui porter secours ! Oui mais la pointe du couteau qui menaçait à tout moment de lui attaquer le cou si elle respirait trop fort, venait de se poser sur sa chair, lui arrachant un frisson. La voix de la femme s’éleva de nouveau, un soupçon plus fort, mais pas assez pour inquiéter quiconque… Sa cellule ? Pas une autre ? Pas de bruit… Laurelle déglutit.

L’inconnue retira alors l’arme de sa gorge pour venir l’appuyer de façon menaçante sur ses reins. La blonde songea qu’elle aura vraiment dû rester au lit… Elle hocha du chef afin de faire comprendre à la femme qu’elle avait bien compris les ordres. Elle fit précautionneusement demi-tour, évitant de la regarder, si elle ne la voyait pas et ne pouvait la reconnaître elle avait moins de chances de se faire zigouiller. Elle marcha donc doucement, comme dans un mauvais cauchemar, cherchant sa porte, ne sentant plus le froid de la pierre sous ses pieds, ne voyant plus le jardin qu’elle avait pourtant contemplé un instant auparavant, n’entendant plus le ressac… Seuls les battements de son cœur venaient bourdonner à ses oreilles, elle ne sentait que la pointe du couteau au bas de son dos, elle ne voyait plus que sa porte en bois, là bas, si proche et si loin à la fois.

Enfin, après ce qui fut une petite éternité pour la nonne, les deux femmes arrivèrent devant la cellule de Laurelle. Cette dernière marqua un temps d’arrêt puis l’ouvrit. Venait-elle d’ouvrir sa future tombe ? Ou l’inconnue allait-elle se rendre compte qu’elle n’avait strictement rien et repartir ? Elle n’était qu’une nonne. Elle n’avait aucun pouvoir. Elle n’était rien qu’une servante de Dieu. Elle ne possédait rien. Elle tenta de réguler son souffle qui commençait de s’emballer. Puis elle entra dans ce gouffre noir abyssal qu’était sa chambre. Une fois entrée, elle resta immobile, transie par la peur, attendant la suite, les instructions…
Samsa
Sam laissa la nonne faire demi-tour sans la menacer plus que nécessaire.Cette dernière n'avançait pas très vite,mais la brune savait que c'était à cause de sa posture de captive,et de toute façon,elle n'était pas pressée:la nuit n'était pas tombée depuis si longtemps,il devait être aux environs de minuit,et elle aurait encore tout le temps de lui faire subir l'angoisse,la peur,la terreur,la douleur,morale et physique.

Enfin,elles arrivèrent devant une porte de bois que la nonne entreprit d'ouvrir.Sam la fit entrer dans la cellule d'une petite pression de la pointe de son arme contre son corps avant de s'arrêter et d'observer,attendant que ses yeux se fassent à l'obscurité de la pièce,guettant une autre présence,fut-ce un malheureux volatile qu'elle aurait du tuer,à regret.Elle remit sa lame contre la gorge de la captive et se retourna légèrement pour fermer la porte et tirer le verrou.Maintenant,elles étaient seules.


Mes paroles ont encore lieu d'être ici,lâcha-t-elle calmement avant de reprendre:Va allumer une bougie,qu'on y voit plus clair.

"Que je vois ton visage,que tu vois le mien" pensait-elle,n'ayant toujours pas retirer sa capuche.D'ailleurs,ce serait un bel effet à faire:la bougie s'allumant,la prisonnière se retournant et apercevant soudainement le visage de sa future tortionnaire...Tandis que la nonne s'exécutait,Sam abaissa sa capuche,dévoilant ainsi son visage.Ses traits tantôt doux et harmonieux étaient devenus rude et cassant,et le léger sourire naturel qui faisait remonter le coin de ses lèvres n'était plus amusé,mais malsain.Ses yeux étaient presque devenus noirs,un feu de colère y brûlant.Ses cheveux légèrement ondulés tombaient au niveau de ses omoplates et de forts reflets roux dansaient à la lumière de la bougie.
Rassurée par la présence de ses armes et de ses poisons,par tant de choses encore,elle dit:


Bonsoir.
Vous vous demandez sans doute qui je suis n'est-ce pas?Et ce que je viens faire ici,cette nuit?Mais je vous en pri,installez-vous...Nous avons...Tout notre temps...
Ajouta Sam sournoisement,un sourire en coin se dessinant sur ses lèvres.

Passant sans problème du tutoiement au vouvoiement,Sam ne réfléchissait pas à ce genre de formalité;elle était là pour bien autre chose..

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"Un visage est un masque de comédie posé sur la tragédie de l’âme."(Shan Sa)
--La_nonne
[Temps tu t’étires]

La femme semblait attendre également. Mais quoi ? Laurelle l’ignorait. Toujours est-il que l’autre finit par reporter la lame contre son cou. Froide. Insensible à la peur et à la chaleur glacée qui inonde le corps de la nonne. Non l’arme n’a pas d’âme, elle. La voix retentit de nouveau. Elle ordonne. Calmement. La porte se referme. Le verrou qu’elle n’avait jamais mis est tiré. Pourquoi diantre avait-il fallu mettre un verrou dans cette pièce ? La voici à merci de cette femme. Elle n’a plus aucun espoir quant à l’aide éventuelle qu’aurait pu lui amener le Seigneur par l’extérieur… Laurelle ne se fait pas prier et une fois le couteau ôté de sa gorge, voilà qu’à tâtons elle se dirige vers la bougie. Petit bâton de cire qu’elle ne réussit à allumer qu’au bout de nombreux essais infructueux. Avez-vous déjà essayé d’allumer une bougie dans le noir complet ? Le stress et l’angoisse n’aident pas… Mais elle y parvint, à allumer cette petite flamme aussi fébrile qu’elle. Elle se retourna, redoutant la vision qu’elle aurait. La flammèche vacillait au bout de sa main tremblante. Tant et si bien que, redoutant qu’elle ne s’éteigne et ne souhaitant pas retourner dans les ombres pleines, la blonde la posa sur l’unique petite table qui meublait la pièce nue – en plus de la paillasse, d’une chaise, du nécessaire pour allumer les cierges et bougies et de son livre des vertus.

Et puis, lorsque la femme reprit la parole, elle ne put s’empêcher de lever les yeux sur son visage. Des yeux pleins d’effroi. Des yeux pleins d’incompréhension. Immobile, elle ne dit mot. Mais en effet, elle se demandait bien qui était cette femme. En effet, elle se demandait bien ce qu’elle lui voulait. Oui, elle aurait aimé savoir pourquoi elle était là, à la menacer au milieu de la nuit. Envoyée du malin ? Une épreuve pour prouver sa valeur au Très-Haut ? « Ô Père tout puissant, j’accepte ton épreuve. »

S’installer ? Sur l’unique chaise ? Être assise ? Et elle debout ? A sa merci ? De toutes façons elle l’était déjà. Elle observa les traits de l’autre, ne la quittant pas des yeux tout en s’asseyant sur la chaise. Une rousse. Fille du Sans-Nom. Evidemment. La blonde de lumière plisse les yeux. Ah non, une brune à tendance rousse. Corrompue. L’air malsain, fou. Oh Dieu, une folle à lier ? Pourtant le minois n’est pas vilain. Si l’on excepte l’horrible cruauté qui déforme ses traits, cette inconnue a l’air doux, gracieux, agréable. Le Sans-Nom est souvent tentateur… La dame avait dit « aucun mot ». Laurelle conserva donc le silence. Se contentant d’être observatrice, curieuse et apeurée.
Le temps promettait d'être long... Terrifiant.
Samsa
[Le Big Bang de deux Mondes]

Sam observa le visage de sa captive;ce n'était pas une mauvaise fille,elle devait être très jolie plus jeune,mais le confinement dans le couvent avait du la ramollir.Visiblement,c'était le cas.Ses cheveux étaient blonds,coupés courts.Elle aurait pu être tellement plus belle avec les cheveux longs...Mais c'était une règle débile de ce lieu,sans doute,reliée à quelques légendes stupides.
Elle laissa la nonne s'asseoir sur la chaise et elle observa la pièce,pas très meublée.Mais c'était parfait,c'était parfait...Pourquoi s'entourer de riches tapisseries quand le nécessaire tenait en quelques objets?Ses yeux se posèrent sur un livre,dont elle ne devinait que trop bien le nom.Elle fronça les sourcils en s'en approcha pour en lire le titre.


"Le Livre des Vertus" hein...J'en connais de vagues passage,ceux que l'on entend aux baptêmes ou aux mariages.Cependant...

Elle dégaina son épée et fit chuter le livre à terre avec.Hors de question qu'elle ne touche "ça".Le livre à terre,elle le transperça avec son arme avant de l'envoyer sous la paillasse sans autre forme de procès.

...Je n'aime pas me sentir observé.

Tranquillement,elle s'assit sur la paillasse après avoir rengainé,dissimulant le fer sous sa cape dont elle s'enveloppa.Elle posa ses mains sur ses genoux sans quitter la nonne des yeux,et,calmement,elle commença:

Vous ne connaîtrez pas mon nom,il n'est pas important que vous le sachiez.Cependant,je me considère fièrement comme hérétique,ayant renié L'Autre après qu'Il m'eut totalement détruit,anéanti,et ce à moult reprise,mais particulièrement il y a un an de cela.Je vais trop vite n'est-ce pas?Nous y reviendrons,ne vous en faites pas,vous saurez...Quoi qu'il en soit,je suis venu rendre,et prendre,ce qui m'appartient de plein droit:la justice.Et malheureusement pour vous,si dans ce procès,je suis victime,L'Autre l'accusé déjà coupable qui n'a même pas le cran de se faire présent à son propre jugement,hé bien vous,vous êtes son avocate.

Sam se pencha en avant,plissant légèrement les yeux.Sa violente colère de quelques minutes à peine s'était effacé pour laisser place au calme,à la tranquillité,parfois bien plus effrayante que l'emportement. Était-ce pour autant que Sam savait ce qu'elle faisait?Pas forcément...Elle était venue là sans vraiment réfléchir,et tout ne serait qu'improvisation,elle se laisserait uniquement guider par son désir de vengeance,sa haine et sa rancune.

Et qui dit avocate d'un client absent,dit que vous allez subir mes accusations...Je n'aurais peut-être pas du attendre si longtemps avant de venir vous trouvez,vous n'en souffrirez que plus...Quoique...Peu importe après tout,mieux vaut tard que jamais.

Sam se redressa et pencha légèrement la tête de côté,un sourire narquois aux lèvres.

Et vous,racontez-moi.Qui êtes-vous?Depuis combien de temps êtes-vous ici?Qu'est-ce qui peut bien vous attirer dans cette vie?Tâchez de ne pas crier,je ne voudrais pas être obligé d'user de plus de méchanceté que nécessaire avec vous ou avec vos semblables.

"Semblables"...Elle avait dit "semblables",signifiant ainsi que toutes deux n'appartenaient pas au même monde,qu'elles n'étaient ni du même milieux,ni des même idéaux.Elles n'avaient aucun point en communs,et n'en auraient jamais...Du moins,c'est ce que pensait notre brune.
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"Un visage est un masque de comédie posé sur la tragédie de l’âme."(Shan Sa)
--Red.ide
[Autre lieu, autre temps]


Le mal était partout, mais il était bien meilleurs de ne l'avoir que pour lui, en lui et pouvoir s'en servir à loisir. Les jours s'égrainent et peu d'évènement important, quelques groupes d'assassins lambda et autre coupe jarret, mais rien vraiment d'intéressant à son niveau. En attendant il étudie de nouvelle technique de torture et d'enquête, il a du temps, et il serait dommage de le perdre à rêver. Le bourreau de l'inquisition, spécialité sorcellerie et crime étrange, travaille de nouvelles méthodes d'investigation, étudie de vieux crimes, les erreurs commises et les schéma criminelle, mais en matière de crime religieux, beaucoup de chose sont à revoir et sans cesse, les moeurs changent et avec eux, les modes opératoires. Sauf pour les crimes de haute magie, là c'est toujours le même schéma, on n'ouvre pas les portes des enfers de trente six mille façons.

Méticuleux, appliqué et silencieux, il travail sans relâche, s'entraîne pour rester prêt, toujours être prêt, contre le mal, une astuce, être pire que le mal, et seul la bête sans nom, c'est l'être, à force de torturer sorcier et sorcière, il l'invoque sans ciller et la regarde de face, le coeur de glace, insensible à tout, mort. Il est le maître des basses oeuvres et ses tortures rende l'ignoble comme une allégorie de douceur, l'inique une image bucolique. Plus que de l'amour chez lui, torturer est une passion. Que cela soit physique ou morale, dans ce domaine son imagination et sans frein, ni limite. Tandis qu'il dépèce un cadavre dans les tréfonds d'une crypte pour y étudier toute la mécanique, méthodiquement, il retire les organes qui lui procurerons un revenu substantiels en vue d'achat divers.

Red.Ide est dans une cellule close, une seul lucarne face ouest, il ne voit jamais l'aurore, uniquement le crépuscule, son talent n'est mis à contribution qu'en cas d'enquête particulière, ayant lieu au sein de l'église, certain même dise de lui, qu'aucun exorciste n'est capable de soutenir son regard, d'où émane une aura démoniaque, que pourtant lui domine. Même eux le craignent, il parle peu, ses tortures en ont fait frémir plus d'un. Même certain offertoire satanique passe pour des cérémonies folkloriques et joyeuse à côté de son imagination, toute dévoué à faire souffrir. Parfois il souffle, comme un instant de contemplation, il rêve, il rêve de faire souffrir, et ses yeux étincelles de flamme.
--La_nonne
[C'est-à-dire que je ne réponds pas vraiment à la question...]

Bouche bée. Elle était bouche bée. Littéralement. La mâchoire inférieure pendante, les yeux exorbités. Laurelle était profondément choquée, outrée, écœurée. Comment cette femme osait-elle pareil sacrilège ? En la maison du Très-Haut, devant l’un de ses enfants ? Comment ?! Sa mâchoire se mit à trembloter sous le coup de la vive émotion qui la frappa de plein fouet. Elle fut même saisie d’un haut le cœur. Transpercer le livre des Vertus… Une symbolique ignoble. Elle suivit la femme des yeux, sans que le reste de son corps ne bouge d’un pouce.

Un long monologue commença. Laurelle ne l’écouta que d’une oreille, toujours horrifiée par l’acte de cette inconnue. Si elle ne respectait pas même le Très-Haut, que pouvait-elle respecter ? Allait-elle la brutaliser ? L’embrocher comme ce livre sacré ? Déglutissant péniblement elle se reconcentra sur le discours de la brune-rousse qui se réclamait hérétique. La justice ? Un procès ? Mais pour qui se prenait-elle ? Que racontait-elle ? Ce n’était qu’inepties. Ridicule.

La blonde recula instinctivement lorsque son bourreau se pencha vers elle. Souffrir ? L’air commençait à manquer dans cette petite cellule, non ? La nonne se força à respirer doucement et à calmer ses nerfs. Intérieurement elle récitait ses prières. Et puis la brune se mit à sourire, ce qui fut loin de la rassurer. Un sourire qui se voulait sympathique ? Toujours est-il qu’il lui sembla sadique.

Une demande étrange. Un long moment, ou du moins selon elle, Laurelle resta muette, se contentant de prier mentalement et de fixer cette femme. Elle tentait d’effacer l’hérésie, la folie, pour tâcher de ne voir en elle que cette souffrance mal digérée. Cette souffrance dont elle tentait d’imputer la faute à Dieu. Finalement, elle s’humecta les lèvres, crispa ses mains sur ses genoux puis commença de parler, veillant à ne pas parler trop fort.


- Pourquoi voulez-vous donc savoir tout ça… Je sais que vous me méprisez et que vous méprisez le Très-Haut. Mais rien de ce que vous pourrez faire, ni de ce que vous pourrez me faire, ne vous ramènera les personnes chères qu’il a emporté. Rien n’effacera vos souffrances. Rien ne permettra d’effacer les monstres qui vous ont éventuellement fait du mal. La seule véritable justice est la justice divine, que vous avez renié, car vous souffriez trop… C’est difficile, je sais, mais ce n’est pas dans la violence qu’on fait un deuil. Dieu n’est qu’Amour…

Elle reprit son souffle, tremblante.
Samsa
[Accepte le courroux...]

Sam l'observa patiemment,tranquillement,la laissant formuler ses phrases dans tête,remettant les mots en désordre.Elle n'était pas venue ici histoire de tuer pour tuer;elle était venue pour débattre loyalement (quoique..) sur un sujet particulier,et pour faire reconnaître sa souffrance.Elle était venue pour se venger,et quoi de mieux que de faire porter un peu de ces si lourds regrets à une personne indirectement,très indirectement même,responsable?

Vous n'avez pas répondu à mes questions.Je sais que vous mourriez d'envie de savoir qui j'étais et ce que je suis venue faire ici,non?Je vous ai répondu honnêtement;soyez honnête vous aussi,allez.Puisque c'est sensé être une qualité,et que l'on vous décrit comme "exemplaire" en tant que nonne,je suis curieuse de vérifier ça par moi-même.

Sam taisait avec peine toute la rage qui avait envie de sortir.Non,en effet,rien ne lui ramènerait Zyg,rien n'effacerait le Monstre qui lui avait fait du mal,et rien non plus,n'effacerait sa souffrance.La faute à qui?Lui.

Je vous méprise,oui,je méprise L'Autre,oui.Mais osez donc me dire que vous,vous ne me méprisez pas.

Sam se pencha en avant,appuyant ses avant-bras sur ses genoux,un sourire en coin.Elle était bien curieuse de voir jusqu'où pouvait aller la mauvaise foie des gens d'Eglise.Elle se redressa et reprit avec dédain.

L'Autre n'est qu'Amour...Tttss,mais vous me faites rire avec ça!Chez moi,quand on aime quelqu'un,on ne lui tape pas dessus à mort.Chez moi,quand on aime quelqu'un,on ne tue pas un de ses proches pour une raison inconnue.Chez moi,quand on aime quelqu'un,on respecte ses décisions,quelles qu'elles soient.L'a-t-Il fait?Non...Non,Il m'a prit la seule personne qui comptait plus que tout pour moi,Il m'a rejeter quand j'ai voulu Le rejoindre,parce que c'était trop dur de continuer de vivre!

La brune dégaina lentement son couteau et le posa sur ses genoux,le tripotant doucement,effleurant parfois la lame de ses doigts.Ses yeux sombres vinrent se reposer sur la nonne.Et puis zut,pour qui se prenait-elle?!Se croyait-elle en position d'être supérieur?!Ressaisie-toi Sam,tu n'es pas venue là pour pleurer.

Je répète mes questions,et L'Autre sait que c'est dans votre intérêt de répondre cette fois...Elle prit son couteau dans sa main droite et posa son coude sur son genoux,désignant légèrement la captive de la pointe effilée.Qui-êtes-vous?Depuis-combien-de-temps-êtes-vous-ici?Qu'est-ce-qui-peut-bien-vous-attirez-dans-cette-vie?

Des phrases hachées,mots par mots,pour appuyer ses questions et signifier par là que c'était plus un ordre qu'une demande de répondre.
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"Un visage est un masque de comédie posé sur la tragédie de l’âme."(Shan Sa)
--La_nonne
[Vaine tentative de nage en eaux troubles]

Non. Non. Elle n’avait pas répondu à ses questions. Alors en quoi était-ce malhonnête ? Comment peut-on mentir sans rien dire ? Cette femme avait une vision extrêmement subjective des choses. Elle prenait tout à la sauce qui lui convenait, pour voir, entendre et croire ce qu’elle voulait, ce qui l’arrangeait. Oui, ce devait être ça. Et le flot d’inepties était encore loin de se tarir. Et les questions de revenir. Sous forme d’ordre, cette fois. Comme un claquement de fouet qui résonna jusque dans les entrailles de la nonne. Refoulant la peur qui menaçait de l’anéantir et de lui faire perdre toute clairvoyance, toute maîtrise et toute chance de s’en sortir sans trop de maux. Après inspiration, elle commença d’énoncer d’une voix neutre où perçaient parfois quelques accents de terreur.

- Je m’appelle Laurelle. Tout simplement Laurelle. Je viens de la campagne Bourguignonne. Je suis ici depuis peut-être plus longtemps que l’année de votre naissance. Une vie simple, pieuse, montrer chaque jour son amour pour le Très-Haut, lui dédier sa vie, aider les autres, comment donc n’aurais-je pu être attirée par cette vie là ? Je n’y manque de rien. Il veille sur nous. On s’entraide. Vivre dans la Lumière, dans sa Lumière… Il n’y a rien de plus beau en ce Royaume de tortures, de souffrances et de déchéances.


Le regard noir de la blonde se mit à refléter des étoiles pourtant absentes en cette cellule. Dieu était tout pour Laurelle. Il était sa vie, sa passion, son unique véritable amour, son confident, la lumière dans les ténèbres, son sauveur et son bourreau. Il était tout. Elle n’était rien. Elle était simplement née pour le servir. Le servir bien. C’était son destin. Elle repensa soudainement à ce pauvre âne qu’elle n’avait pu aller voir et lui adressa une prière muette. Et puis, elle osa.

- Je ne vous méprise pas.

C’était vrai.

- Je ne vous connais même pas.

C’était vrai aussi.

- Et quand bien même… Seul le Très-Haut peut vous juger. Je ne puis en aucun cas vous mépriser à sa place.

Ça aussi, c’était vrai.

- Vous savez… Ce n’est pas Dieu qui tape sur les gens, ce n’est pas lui qui ne respecte pas vos décisions. Vous avez voulu mettre fin à vos souffrances par la mort. Mais vous savez, le suicide est proscrit. Les enfers ne sont en aucun cas une délivrance. Loin de là… Imaginez donc votre pire mal, il vous le sera rendu au centuple, jusqu’à la fin des temps… Êtes-vous sûre, êtes-vous certaine de vouloir souiller ainsi votre âme ? Pensez-vous réellement que renier la vérité, renier Dieu, renier le bien, renier l’Amour, soit une preuve de justice ? Que ce soit un pas vers la rémission ? Que cela vous fasse aller mieux ? Pensez-vous vous en sortir mieux ainsi ? Dieu vous à refusé lorsque vous avez tenté de vous faire mourir… C’est votre destin. Vous devriez changer les choses. Vous tourner vers l’avenir. Vous épanouir pour cette personne que vous avez chérie… Et non pas ressasser le passé, vous rendre amère et associer votre acte de vengeance au nom d’un mort qui repose à présent en paix. Un mort dont vous ignorez la volonté. La confession, les larmes, la prière, cela libère mon enfant. Bien plus que la vengeance, bien plus… Car une fois vengée, que vous restera-t-il, hein ? Et puis…

Elle s’arrêta en pleine phrase, regardant la brune avec crainte.
Samsa
[Je ne serais jamais un pion...]

Sam l'écouta tranquillement,passant sa langue sur ses dents quand elle énonça le pourquoi elle vivait là.Vivre dans la Lumière...Quelle Lumière?Elle clignotait,s'éteignait souvent sans raison,et lorsqu'elle se rallumait,ce n'était bien souvent que pour éclairer une âme meurtrie.
La brune vit dans les yeux de sa captive quelque chose briller,la même chose qui brillait dans le regard de la Sam quand elle parvenait à faire rire et sourire.C'est que la Laurelle y tenait à son Autre...

Sans l'interrompre,Sam l'écouta,son regard reflétant tantôt une peine abyssale,tantôt une rage digne des flammes de l'Enfers.La nonne lui posait des questions, rhétoriques bien sûr pour tenter de faire réfléchir Sam.Mais que croyait-elle donc?Que la brune était venue comme ça,un jour,sur un coup de tête?!Déjà lunatique de caractère,la brune devenait dangereusement instable,changeant sans cesse d'impressions,de sentiments.Folle?De douleur,oui...Elle se leva vivement et haussa la voix:


IL SUFFIT!!
Me prendrez-vous pour une abrutie?!Croyez-vous un seul instant que je suis venue là sur un coup de tête?!Cela fait un an que je rumine ma peine et ma frustration,un an que je refoule ma haine et ma colère,parce que mon métier l'exige,et que c'est la seule valeur sûr qu'il me reste!


"Réponds aux questions brunette...Montre-lui que ses questions n'étaient pas si évidentes que ça...Montre-lui."Sam entrouvrit sa cape et en sortit une corde.Le couteau dans une main,elle s'approcha:

QUI a proscrit le suicide?Lui?!Qui est-Il pour juger de ma douleur?Qui est-Il pour savoir ce qui est le mieux pour moi?Qui est-Il pour diriger ma vie?
Mon âme est déjà souillée,elle est souillée de mes larmes,de ma peine,de ma haine,de mes cris de fureur et des cendres de mon être.Tout ça à cause de Lui,parce que c'est Lui qui m'a prit celle que j'aimais,
déclara-t-elle avant de lâcher:Ne bougez pas.

Elle ne lui laissa guère l'occasion de toute façon,et,la menaçant de son arme,elle lui lia solidement les mains derrière le dossier de la chaise.Sam vint se remettre face à la prisonnière et reprit:

-Et oui,je pense que Le renier m'aidera. Ça ne peut pas être pire que quand Il est là de toutes façons.Mais Le renier ne veut pas dire renier le bien ou la vérité,ne confondez pas.Combien d'hérétique comme moi vivent dans le renégat sans pour autant vivre dans le mal?Tout le monde fait du mal,et vous aussi,toute innocente que vous vous croyez,à l'abri dans votre couvent.
-Ensuite,je n'ai aucune envie de revenir vers Lui.Je n'aimerais pas la main qui me bat,et si c'est votre cas,je crois qu'entre nous deux,vous avez surpassé ma folie sur ce point.
-Pour continuer,je ressasse un passé chéri,un passé heureux,et c'est toujours mieux que de vivre un présent non-voulu et malheureux,vous ne croyez pas?Tttss,non hein...Vous,vous ne savez pas.
-Quant à mon amie,vous êtes TRÈS mal placé pour parler d'elle et de sa volonté,vue?!Je n'ai rien à confesser,pour la simple et bonne raison que ce n'est pas moi qui ai tué celle que j'aimais.Pourquoi ce serait toujours moi qui devrait m'excuser,hein?Pourquoi ce serait toujours moi,toujours nous,qui devrions supplier?


Elle lui jeta un regard noir,voir démoniaque avant de susurrer mauvaisement:

Je-ne-suis-PAS-votre-enfant!Nous ne vivons pas dans le même monde,ni dans la même réalité,et nous n'avons pas élevé les cochons ensemble,vu?!Et une fois vengée,je vous accorde qu'il ne me restera pas plus de choses que maintenant.La différence,c'est que j'aurais eu ma vengeance,j'aurais rendu la justice.Il m'a prit un être cher?Très bien.Mais qu'Il ne s'étonne pas de mes représailles.

Sam l'observa.Dans ses paroles,son ton montait et descendait au gré de son humeur,tantôt en rage et impulsive,tantôt calme et presque compréhensive.Elle soupira doucement en secouant la tête,et l'on aurait facilement pu croire qu'elle venait d'abandonner toutes formes d'agressivité...Etait-ce si vrai?La suite nous le dira.

Vous n'avez pas comprit ce que moi j'ai compris...Il joue une partie d'échec contre le Diable(ce nom là,elle n'avait pas de peine à le prononcer par contre),et nous sommes leurs pions.Je ne croyais pas en Eux.Où était-je alors?Dans une sorte de pioche dans laquelle Ils se servent à tour de rôle.Mon amie s'est fait prendre par L'Autre,et moi aussi.Seulement,dans Sa partie,Il n'a pas du la juger bien utile et l'a consciemment sacrifié pour jouer un meilleur coup par la suite,ou juste parce qu'Il ne savait pas où la placer.

Sam vint devant la table et appuya ses mains dessus.L'image était bien populaire,presque enfantine,mais c'était ainsi que la brune avait réussi à imager la religion.C'était ainsi qu'elle avait réussi à trouver un peu d'explications dans le noir total de l'ignorance.
Elle tourna la tête vers la nonne et plissa les yeux.


Vous êtes tous des soumis...Vous vous laissez diriger par le bout du nez comme de vulgaires chiens content de servir leur maître...Et quand il vous frappe,vous couinez avant de revenir la queue entre les jambes pour lui lécher la main,parce que vous vous dites que c'est votre faute!Votre maître a établie des règles allant à l'encontre de votre liberté,et vous les respectez parce que vous espérez qu'ainsi,vous aurez plus de restes à son repas!

Elle poussa un petit cri de rage et planta son couteau dans le bois de la table.Sam avait véritablement haussé le ton,mais elle n'était pas encore totalement embarquée dans sa fureur pour crier,hurler,risquant ainsi de réveiller tout le monde.

J'ai été de ces jeunes chiots auxquels on apprend à suivre gentiment,à pardonner quand on se fait frapper,à se contenter de ce que l'on a.J'y croyais pas vraiment,mais j'ai obéis,parce que j'étais soumise moi aussi,j'étais trop lâche pour oser désobéir!Et est-ce que j'ai eu plus de restes à la fin du repas?Non,je me suis fait virer d'un coup de pied dénigrant et j'ai vu celle que j'aimais mourir.Alors vous savez quoi?J'ai appris que quoi que je fasse,je me ferais taper dessus;donc j'ai décidé de mordre.J'ai appris à rejeter ses cadeaux,sûrement empoisonnés,j'ai appris à être violente,j'ai appris à ne pas revenir aux pieds du Maître quand Il m'appelait;j'ai appris la Liberté,l'Indépendance.Ça se passe pas forcément mieux,mais au moins,j'aurais vécu ma vie comme je l'aurais voulu.Elle approcha son visage de celui de Laurelle et siffla:Sans Dieu,ni Maître....Et si mon destin doit être de mourir,je n'irais pas me coucher à Ses pieds dans une forme de rédemption de dernier instant...Je partirais et j'irais mourir aux pieds d'un autre Maître...Parce que je préfère régner en Enfers que de servir le Ciel...

Sam se redressa et cracha à terre avant de se retourner et de regarder le mur derrière elle d'un air presque absent.Il n'était plus temps de tergiverser,Sam avait exposé ses raisons,et elle continuerait.La seule différence serait qu'elle ne continuerait pas en étant innocente...
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"Un visage est un masque de comédie posé sur la tragédie de l’âme."(Shan Sa)
--La_nonne
[Souvent, à la fin, tel est pris qui croyait prendre, mais c'est pour plus tard.]

Visiblement la brune perdait patience. Elle virait même à la rage, lentement mais sûrement…
Elle lui attacha les mains. Laurelle grimaça. Elle avait vraiment serré fort. Elle avait surtout diminué ses chances de s’en sortir. Et lorsque le couteau vint se planter hystériquement dans le bois, la blonde comprit. L’heure était venue. Dieu lui donnait son ultime mission. La raisonner ou périr. Il fallait donc essayer. Mais comment pouvait-on s’égarer à ce point dans les abysses de la douleur ? Oh certes elle en avait une idée… Mais elle, elle n’y avait pas cédé avec cette quasi-délectation… Elle laissa échapper un imperceptible soupir et regarda la brune, l’œil terne, résignée.


- Je ne vous prends pas pour une abrutie. Simplement pour une personne qui souffre et ne peux donc réfléchir comme à l’accoutumée. Ce qui est normal. On passe tous par là un jour. Vous le dites vous-même, vous refoulez votre peine, votre frustration, votre haine et votre colère, ainsi elle enfle depuis un an, et là, d’un coup vous voulez rendre justice, libérer tout ça… Tous ces sentiments négatifs ne vous mèneront à rien de bon.

Elle secoua la tête.

- Le suicide est un acte lâche. Il ne résout rien. Ni votre douleur, ni celle des autres. Il n’a rien de louable. Il ne met pas un terme à votre douleur. Il vous fait juste mourir.

Elle la regarda, de façon bienveillante et compréhensive, comme on regarde un enfant lorsqu'il se trompe, naïvement, par ignorance.

- Vous confondez tout… Votre colère et votre amour mis à mal vous aveuglent. Je ne me pense pas innocente, comme vous dites. Dieu ne vous bat pas. Vous vous battez vous-même. Vous foncez dans un mur tête baissée en vous persuadant qu’il ne peut en ressortir que du bien, que cela ne peut pas être pire. Tout peut toujours être pire. Vous pensez être la seule a avoir souffert dans la vie ? A avoir perdu un être cher ? Que comptez-vous me faire ? Me tuer ? Allez-y si cela peut soulager votre peine, mais je gage qu’au final vous vous sentirez probablement vide. Cela ne vous apportera rien. Vous serez comme maintenant, mais sans plus aucun but, une fois votre vengeance – qui donc en soi ne peut être justice – accomplie. Le Très-Haut n’exige pas de vous que vous le suppliiez… Simplement que vous surmontiez les épreuves sans violenter autrui, que vous trouviez l’amour dans la perte, le positif dans le négatif, que vous sortiez grandie d’une chose qui aurait pu vous détruire, que vous ne succombiez pas au mal…

Elle esquissa un très léger sourire qui s'effaça rapidement sous l’œil peu amène de l'inconnue.

- Si nous ne vivons pas dans le même monde pourquoi êtes-vous là ? Pourquoi puis-je vous voir ? Pourquoi m’écoutez-vous ? Je vous le répète, la justice et la vengeance n’ont rien à voir. Vous confondez. Vous pensez que vos petites représailles effraient le Très-Haut ? Ma chère, s’il est si horrible que vous le prétendez… Il n’aura cure de ma mort. Il n’aura cure de vos petites vengeances d’enfant contrariée. Il n’aura cure de votre folie. Vous voulez faire souffrir des innocents ? Vous trouvez que ce n’est pas perdre la notion de bien et de mal…

Si comme vous le prétendez, Dieu et le Malin jouent aux échecs avec nous. Si vous en êtes convaincue. Vous avez simplement choisi d’être le pion du Sans-Nom au lieu d’être celui du Très-Haut c’est ça ? Qui vous dit que ce n’est pas pour ça que votre amie est morte ? Pourquoi attribuer forcément la faute au Très-Haut ? Vous vous leurrez. Vous vous mentez à vous-même et ce que vous dites est perforé d’incohérences…

Je préfère être soumise à mon amour pour le Très-Haut, le bien. Je préfère me confesser et tenter d’amener la Lumière autour de moi. Je préfère m’efforcer de faire le bien. Qu’être comme vous, emplie de haine, asservie à celle-ci, incapable de voir le beau, confortée dans l’ignoble, aveuglée par votre douleur. Et vous prétendez être libre ? Laissez-moi rire ! Vous en oubliez même celle des autres, de douleur. Non je le répète, vous n’êtes pas la seule à souffrir.


La nonne eut une sorte de sanglot étouffé alors que certains souvenirs affleuraient aux frontières de sa mémoire. Mais elle les chassa, elle en avait fait son deuil, elle y reviendrait plus tard, si nécessaire... Les yeux embués, la voix vacillante, elle poursuivit.

- Allez donc, gardez vos illusions de règne dans votre enfer précieux mais ne vous étonnez pas si au bout du compte vous souffrez d’autant plus. Et si vous avez besoin de m’éliminer pour vous prendre pour une reine et si ça permet de vous croire supérieure, si ça permet de penser qu’ainsi vous êtes libre alors que vous n’en serez que d’autant plus soumise… hé bien faites donc !
Samsa
[Le bureau des plaintes est ouvert...]

Sam se retourna quand la nonne s'adressa à elle et plissa les yeux.Si l'on devait citer trois défauts de la brune,ce serait l'impulsivité,la susceptibilité et l’imprévisibilité.Malheureusement pour Laurelle,elle l'ignorait...Malheureusement pour Laurelle,elle attisait tous ces défauts jusqu'aux paroxysme...Sam ne bougeait pas,les yeux plissés,laissant consciencieusement le couvercle sur la cocotte intérieur qui sifflait déjà très fort,tout ça pour que l'explosion n'en soit que plus terrible et destructrice.Totalement aveuglée par sa haine,convaincue d'être dans son bon droit à cause de sa fierté bien trop importante,bien trop mal placée,la brune n'entendait plus les paroles de la nonne pour tenter de la raisonner,elle n'entendait que celles qui lui montrait qu'elle avait tort.

Non.Sam avait raison.Elle n'avait pas tort.

Boum!La cocotte intérieure explosa quand Laurelle se tut,les yeux devenus noirs jetaient des éclairs et le poing droit,déjà fermé et presque tremblant de devoir rester immobile,jaillit soudainement pour venir s'abattre violemment contre la mâchoire de la captive,si violemment que la chaise en vacilla,si violemment que les phalanges de Sam en pâlir;il faut dire qu'elles avaient plus l'habitude du fragile cartilage que de la solidité des os.
La brune arracha le couteau de la table et le pointa, menaçante,vers la prisonnière.


"Le suicide est un acte lâche envers la vie,mais courageux envers la mort",tâchez de vous en souvenir!Tâchez de vous souvenir que vouloir garder quelqu'un en vie quand il n'a plus de raison de l'être,simplement pour vous,c'est un acte d'égoïsme.

Et voilà...Sam venait de franchir un point de non-retour à l'instant même où son poing avait atteint la mâchoire de la religieuse.Elle aurait voulu revenir en arrière qu'elle n'aurait pas pu:la raison n'aurait pu combattre contre les sentiments aussi violents que puissants qui l'animaient depuis un an.
Elle s'approcha d'un pas ferme et appuya la lame froide du couteau contre la gorge de Laurelle.


Je ne dis pas être la seule à souffrir dans la vie,je dis être une femme qui pensait qu'en évitant les soucis,j'en aurais jamais.Je dis être une femme dont le monde n'était,ne tournait,autour que d'une personne,UNE seule.Je dis être une femme qui l'a aimé de toutes les manières possibles et inimaginable,qui avait des tas de projets,et qui a vu tout ça se faire balayer un jour de mars!

Elle fit glisser la lame contre la peau jusqu'à ce que cette dernière soit entamée et laisse couler un mince filet de sang.Nullement interrompu par les possibles mimiques de douleur de la nonne,Sam poursuivit:

Mes buts ne sont qu'éphémères,je ne peux plus rien faire sur le long terme.Et quand vous serez Là-Haut,vous Lui demanderez pourquoi,vu?
Comment trouvez l'amour dans la perte,lorsque notre perte est l'amour,hein?Comment trouver le positif dans le négatif quand Il laisse plus de négatif que de positif?J'ai essayé de me dépêtrer,j'ai essayé de m'en sortir,mais je suis fatiguée de chercher l'aiguille positif dans la montagne de foin négatif.Quant à me relever,j'y reviendrais plus tard,et nous verrons comment vous vous en sortirez...


Ouhlalala...Une mauvaise idée venait de germer dans l'esprit de Sam,et son sourire sadique la traduisait presque parfaitement.Elle se mit derrière la nonne et appliqua la pointe du couteau contre sa nuque avant d'approcher sa bouche de l'oreille de Laurelle et de chuchoter:

Je suis venue pour me venger...Vous me voyez parce que je le veux...Je vous écoute parce que vous écoutez débattre d'un phénomène comme celui-ci,vous écoutez prêcher Quelque Chose d'inexistant,vous écoutez prêcher une croyance trompeuse,vous écoutez ME prêcher cela,à moi,à moi qui voit ce que vous ne voyez pas,qui sait ce que vous ne savez pas,ça m'amuse...

Elle pressa la pointe contre la nuque jusqu'à ce que cette dernière pénètre légèrement les chairs avant de la retirer et de se diriger vers la paillasse pour s'emparer du coussin.

Qu'est-ce que vous croyez?Qu'Il n'a pas Ses petits protégés?Ses petits chouchous?Vous êtes de ceux-là,vous,la grande dévouée.Peut-être même Son bras droit?Peut-être même êtes-vous Sa protégée?La Vierge bis?Qu'en sais-je?Peut-être que dans un instant,un ange viendra vous annoncer je-ne-sais-quoi qui vous ferais pleurer de joie,et qui me fera hurler de dégoûts et de haine?Qu'en savez-vous?J'ai pas envie de lancer une croisade contre vous et vos semblables,même si j'en serais capable,parce que je n'ai pas coeur à devenir un monstre comme Lui;Il n'attend surement que ça pour fêter une autre de Ses victoires,avoir réussi à me mettre à genoux de nouveau.Tout en parlant,elle avait éventré le coussin et le vidait patiemment,brin de paille par brin de paille (car nous savons tous que les oreillers des religieux/ses sont garnis de paille,n'est-ce pas?).Alors voyez,"l'enfant contrariée" a encore un peu de raison dans sa tête,et soyez certaine qu'elle ne fait pas là un caprice mais une révolte certaine.

Sam la regarda un instant et déchira le tissu de l'oreiller pour en avoir un long bout de tissu dans les mains qu'elle enroula et déroula autour de sa main pour le rendre plus souple,ne lâchant plus Laurelle des yeux.

Je n'avais aucune préférence,aucun parti quand Zyg est morte,alors n'allez pas me dire que c'est à cause de moi qu'elle est décédée!J'ai déjà bien assez de regrets à supporter!J'aurais pu devenir pion du Diable,j'en ai eu l'occasion par l'intermédiaire de l'incarnation de la Mort elle-même.Cette cape me vient d'ailleurs d'Elle;très classe n'est-ce pas?J'ai accepté la cape,mais pas le contrat qu'Il me proposait,pour la même raison que je vous ai énoncé:la Liberté,l'Indépendance.
Et puis zut,vous le dite dans vos foutus bouquins qui vous servent à bourrer le crâne des gens de débilités pour leur cacher la vérité,en faire de gentils petits chienchiens!"Il est Tout-Puissant",nan?"Il est le Créateur",le "Seigneur"!Le seigneur doit protéger ses gens!Il a manqué à son devoir,et consciemment puisqu'en plus,Il est Tout-Puissant!


Sam revint vers Laurelle et lui noua le tissu autour de la bouche de façon à ce que quoi qu'elle lui fasse,la nonne ne puisse crier.

Je souffre quand les autres souffrent,mais navrée de voir ma douleur partout!Navrée de la ressentir chaque seconde,navrée de ne plus vivre comme avant à cause d'elle!Oui franchement,navrée de souffrir pour aider ceux qui souffrent,car c'est bien ce que je fais dans la vie.

Sam lui mit le plat de la lame du couteau sous le menton et lui releva légèrement la tête avant de mettre le dos de sa main sur le front de la nonne d'un air réfléchit,comme on le ferait pour prendre la température de quelqu'un.Seulement,ce n'était pas là le but de notre brunette.Que faisait-elle alors?Excellente question!

Mon métier est de faire rire et sourire les autres,et ces expressions sur leurs visages me réchauffe le coeur,savez-vous?Je joue une abrutie en permanence.Mais ne vous méprenez pas:je ne me plains pas,au contraire,je suis très fière de faire ce que je fais,j'aime mon métier que je suis seule à pratiquer.Seulement,cet instant de bonheur pour moi a un prix:je dois masquer mes souffrances,mes mal êtres,parce qu'on ne fait pas rire avec une tête de suicidaire.Alors oui,vraiment,navrée de ne pas être l'égoïste que vous décrivez!

Et c'est reparti pour un tour;le calme de Sam venait de disparaitre de nouveau pour laisser place à la colère.Pour un peu,elle aurait sa place à l'asile.

C'est ça,c'est ça.Je garderais mes "mensonges à moi-même perforés d'incohérences" alors que vos yeux embués trahissent vos roses paroles,je garderais mes "illusions" bien plus plausibles que vos "réalités"!Quant à devenir reine,je n'en ai strictement aucune envie voyez-vous;je ne demande pas à être supérieur,je demande à ne plus être diriger par qui que ce soit.
Cependant...Vous n'irez pas vous asseoir à Sa Table tout de suite...Et s'il vous venait l'idée de penser que je suis une sorte "d'épreuve" qu'Il vous envois,comme j'en ai vu beaucoup faire quand ils traversent des difficultés,dites-vous bien que je n'ai strictement aucun lien avec Lui,si ce n'est que je suis Sa créature...Vous vous plaindrez à lui en ce cas,le bureau des plaintes est...


Sam se mit derrière Laurelle et illustra parfaitement le fait de "tourner le couteau dans la plaie" qu'elle avait faite dans sa nuque.

...Ouvert..!
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"Un visage est un masque de comédie posé sur la tragédie de l’âme."(Shan Sa)
--Red.ide
[Sur son lit de mort]

Il dort paisiblement du sommeil du juste, lit de paille haché, couette en éder, beau comme un bébé. L'apanage des hommes d'action, l'insomnie n'est pas leurs lots. Quand il conçoit un objectif et les moyens qu'il emploiera pour l'atteindre, c'est parfaitement, on peut presque dire qu'il l'a atteint. Il sait faire de ses idées des faits. Il est le couteau suisse d'Aristote, c'est mystère Ide et docteur Red. Demain il se lève de bonheur, la chape, l'étole et le fermail sont prêt, réunion épiscopale. Que la liberté est bonne, l'avantage du masque rouge, rien ne sera écrit, rien ne sera consigné. Demain il fera de la figuration, l'église cache de puissants démons et comme il se sent bien parmi eux.

Son visage se crispe, les yeux bataillent, une légère suée apparaît, il rêve. C'est jour de fête, couleurs et danses, communion des sensations, parfum suave et musique harmonieuse. Le long d'une esplanade verdoyante, ondule de leurs pas léger quelques muses enivrant les regards au milieu d'aèdes, joie et prospérité, rire et chant.... brouillard....Les yeux s'ouvrent, ce n'était qu'un cauchemar, horreur et damnation, il souffle, l'atmosphère lourde et pesante de sa cellule ont tôt fait de le rassurer. Mais cela ne peut être suffisant pour replonger sereinement dans la nuit. Il se lève, prend un briquet, embrase le fil qui extirpe sa vue du chaos, Puis il observe avec attention. Puis, la tendance devenue désir, devient volonté, il jette son dévolue sur un petit être à huit pattes. Que ma volonté sois fête songe t-il. Méthodiquement il lui arrache sept pattes, puis la dépose avec tendresse dans une cassette, l'oeil attendri de sa lutte agonisante et sans espoir, l'encourageant par la pensée " prend ton temps plus c'est long, plus c'est bon. Apaisé, il souffle la bougie, gardant le rythme de la danse de ce petit être qui tourne, tourne, tourne, et le berçant dans une félicité délicieuse.
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