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[RP Fermé] L'esprit comme échappatoire

Zoe_lisreux
Des jours et des nuits.
Elle ne savait plus combien.
Attachée au lit.
A n'être plus rien.



En d'autres circonstances, elle se serait cru dans un jeu sexuel avec son amant, mais la situation réelle n'avait rien de si grisante... Prisonnière de son frère, depuis leur rencontre musclée, il ne la laissait pas tellement libre de ses mouvements. Couverte de sang, il l'avait traînée jusqu'à une chambre pour l'attacher au lit. Elle s'était laissée faire, à bout de force. La rose dans sa chair la brûlait.
Puis il avait quitté un long moment la pièce, envoyant une servante la soigner et essuyer les traces de leur amour fraternel...

Et les jours s'étaient écoulés. On la faisait manger et boire quand elle l'acceptait, et pour des besoins plus intimes, elle était encadrée de plusieurs gardes sans pour autant avoir les mains libres.
Au début, elle hurlait chaque fois que Moran avait voulu s'approcher d'elle, puis, épuisée, elle avait finit par abandonner et était devenue inerte. Elle refusait de croiser son regard et ne réagissait pas quand il lui parlait. Et lui répondre était hors de question. D'ailleurs, avait-elle encore une langue pour parler ?

Elle s'était emmurée et fermait les yeux pour imaginer les pires tortures qu'elle infligerait au Lisreux dès qu'elle le pourrait. Comme un rempart contre l'affliction, elle ne vivait que pour ce moment. Celui où elle pourrait se venger. Elle rêvait de sang et de chairs ouvertes.

Petit à petit, elle avait fini par se demander qui il était réellement. Pourquoi vivait-il ici ? En était-il le Seigneur ? Qui était ce Judas dont il avait parlé ? Était-il marié ? Avait-il des enfants ? Avait-il fait d'elle une tante ? Pourrait-elle s'en prendre à eux pour le détruire... ?
Elle se refusait à l'imaginer humain et doté de sentiments.

Ce soir là, Moran ce couche près d'elle comme il le fait souvent depuis qu'elle a cessé d'hurler en sa présence. Il garde ses distances, mais elle le devine à son côté. Les lèvres de Shirine se mettent à trembler. Elle brûle de lui demander une faveur mais sa fierté la retient.

    Personne à part les Lisreux ne m'a jamais privé de ma liberté.


Il n'y a rien de plus important pour elle que cette liberté. Liberté de mouvement, de croyance, de pensée, de parole...
Mais ce soir, elle veut du répit. Une bonne nuit de sommeil.


C'est insupportable d'être attachée...

Elle déglutit. Sa langue est pateuse de n'avoir pas servit depuis si longtemps...

Pourrais-tu me détacher au moins pour cette nuit... ?

Une trève ? Faut pas abuser ! Mais elle aimerait se toucher les cheveux, se frotter les yeux, joindre les mains sous sa tête pour dormir...

Et devinant l'hésitation du frère dans le silence, elle se sent obligée de rajouter...


S'il te plait.
_________________
Moran
Avait-il honte ? Etait-il heureux ?
Les deux peut-être ? C'est possible oui. Honte d'en être arrivé là pour la retrouver. Heureux que sa soeur soit à ses côtés à présent et que ce poids infernal qui lui vrillait l'estomac, se soit enfin envolé.

Chaque jour, l'ibère entamait sa journée en tentant une petite attention : une fleur qu'il cherchait à glisser dans sa chevelure de feu, un verre de vin qu'il portait à ses lèvres. Mais à chaque fois elle le rejetait avec véhémence, le plongeant dans le désarroi.
Désarroi qu'il tenta de masquer par de nouveaux accès de colère.

Ainsi, chaque jour ressemblaient au premier et se poursuivaient à coup de hurlements et de gifles.
Le domaine du petit Bolchen n'était plus si calme. Les domestiques eux-même évitaient de rester dans cette partie là de la bâtisse, lorsqu'ils pouvaient y échapper.
La vue de Zoé attachée les attristaient pour la plupart et chacun tentait de raisonner le géant qui à chaque fois répondait "c'est pour son bien, elle finira par se calmer".

Et le pire, c'est qu'il en était persuadé.

Aussi, lorsque sa soeur, se plongea dans un nouvel état de mutisme. Moran parvint à se convaincre que c'était là une bonne évolution.
Enfin, vint le soir où il retrouva sa soeur, la vraie.

Citation:
C'est insupportable d'être attachée...
Pourrais-tu me détacher au moins pour cette nuit... ?
..........S'il te plait.


Plongé dans le noir, le boiteux se retourna sur l'autre flanc pour lui faire face, cherchant à apercevoir ses traits dans la pâleur du clair de lune.
Si un éclat de victoire brilla dans ses onyx, il ne s'en rendit pas compte. Il découvrait la voix de la rouquine d'une autre façon. Elle lui parlait calmement, lui faisait une requête sans agressivité, et O joie, lui disait même "s'il te plait".
Le Lisreux n'est pas naïf, mais il aime à se sentir utile pour une femme, d'autant plus quand elle est de sa famille. Tout comme sa mère avait su lui faire apprécier son rôle de "Fils aîné", il pouvait à présent être le grand frère.

Les gardes surveillent l'entrée, un veilleur reste dans la demeure, les armes sont dans une autre pièce et la seule lame disponible ici est cachée sur lui à un endroit qu'elle ne pourrait trouver sans le réveiller à coup sûr... bref, tout pour le laisser lui accorder cette faveur.
Il hoche la tête avant de se souvenir qu'il fait trop sombre pour qu'elle le remarque.


Oui Zoé, je te libère.. mais ne tente pas de t'enfuir, il y a des gardes partout.

Sa voix voudrait être autoritaire, mais la joie au constat de ce grand pas en avant, révèle son sourire habituel tandis qu'il défait les liens de sa soeur.

Je suis heureux de te voir raisonnable !

La rousse est libre et il se retient à grande peine de lui caresser la joue, comme lorsqu'on craint de réveiller un volcan.
_________________







Zoe_lisreux
Raisonnable...

Shirine a envie de lui hurler de se la fermer. Mais ce ne serait pas judicieux alors qu'il vient juste de la libérer. La rousse prend une profonde inspiration pour se contenir. A croire qu'il fait exprès de jouer avec ses nerfs. S'il y a bien une chose que le Lion de Juda lui a apprise, c'est la tempérance. Lorsqu'elle les a rencontré, ils ont trouvé en elle une âme révoltée, une tempête, un ouragan... Toujours à parler sans réfléchir, à ne pas mesurer ses mots. Avec eux, elle a appris qu'il peut parfois être bon de s'exprimer avec modération, ou même parfois de ne rien dire. Mais elle n'en a pas moins gardé son fort caractère et son besoin de dire les choses sans détours. Mais elle utilise d'autres mots, d'autres tournures de phrases, qui passent mieux.
Et parfois, oui, elle sait garder le silence.

Elle se masse un moment les poignets, allongée sur le dos, les yeux au plafond. Elle ne veut pas le regarder. Faire comme s'il n'existait pas.
Puis elle ferme les paupières, espérant oublier où elle est et l'atrocité des derniers jours.
Elle s'imagine en Confédération Helvétique. Les Croisés tiennent Genève. Elle est sous sa tente dans le campement du Lion de Juda qui tente de reprendre la ville. A ses côtés Gillan. A l'époque ils ne se quittaient plus. Shirine avait trouvé en lui un ami et un amant constant. Discret, dans son ombre, mais pas étouffant, prêt à surgir lorsqu'elle avait besoin de lui.
Elle sombre un peu plus dans ses souvenirs. Elle entend au loin l'écho des combats, tout prêt le silence du camp, et encore plus proche elle sent la chaleur du Sicaire. Elle sourit, se concentre encore et son odeur finit par lui parvenir.

Alors, elle se tourne sur le côté et traverse du bout des doigts la poitrine du corps masculin étendu près d'elle. Puis elle pose sa tête sur l'épaule la plus proche et avance ses jambes, presque jusqu'à toucher celles de Moran. Son front glisse contre le menton du Lisreux lorsqu'elle relève un peu la tête pour rapprocher ses lèvres de son cou.

    Par pitié ne dis rien, ne brise pas mon rêve...


Elle sent la peau chaude et rugueuse d'une barbe de quelques jours quand sa bouche parvient à l'arête de la mâchoire.
Elle imagine Gillan, bien sur. Parfois, l'image de son frère s'impose à elle, mais elle le chasse en crispant les paupières.
Elle remonte jusque derrière l'oreille, humant le parfum qui s'en échappe. Là où la véritable odeur suave de l'homme se dévoile. Elle aime plus que tout cet endroit secret. Elle s'y attarde un peu et ose un baiser avant de reposer sa tête contre son épaule.


Prend-moi dans tes bras..., souffle-t-elle.

    C'est un ordre. Mais par pitié ne dis rien, ne brise pas mon rêve...

    Gillan, tu me manques...

_________________
Moran
Ça fait des jours que le Lisreux s'occupe de sa soeur. Autant dire qu'il n'avait plus le temps d'accorder quelques tendresses à quiconque et de toute manière, le fait de partager la couche de Zoé, l'empêchait irrémédiablement de garder une maîtresse pour la nuit.
Bref, grand tactile, l'ibère réfrénait sa frustration en se disant que tous ses efforts finiraient par porter leurs fruits.
Ce fut le cas mais il était alors loin de se douter que l'affaire "soeur hystérique" se transformerait à ce point.

Là, allongé dans le noir, il avait attendu un "merci", un mot qui révélerait une émotion, mais la froide rousse n'avait rien dit, rien fait et il avait accepté en se forçant un peu.
Le stade de somnolence commençait à le gagner lorsque Shirine fit enfin quelques mouvements. Aussitôt plus alerte, Moran ne bougea pas pour autant.
Sa surprise fut totale quand il sentit les doigts féminins se glisser sur sa peau, les lèvres pleines venant effleurer son cou.

Envolée l'assurance. Durant quelques minutes, l'ibère crut se retrouver durant ses années de jouvenceaux lorsqu'alors, il ne connaissait rien au plaisir de la chair, au contact homme/femme.
Il était clair que les caresses de sa soeur n'avaient rien d'aristotélicien et il ne le cautionnait pas forcément. Néanmoins, elle lui montrait enfin de la tendresse, et aussi dur qu'il était, les baisers et autres attentions lui manquaient.


Zoé...

Un murmure qu'il laisse échapper comme pour la prévenir que ce n'est pas prudent, ni bien, ni moral.
Non ce n'est rien de tout ça mais quelques caresses ne feront pas d'eux des parjures non ?

Persuadé qu'elle libère enfin sa sensibilité, il n'a pas la force de la repousser et lorsqu'elle souffle sa requête contre son oreille, il est certain d'avoir perdu la bataille.
Ses bras se referment sur le corps délicat qu'il ramène contre lui et il enfouit son visage dans la crinière vermeille.
Ses doigts longent la colonne vertébrale en une caresse rassurante, protectrice, possessive. Elle est à lui, sa soeur, son sang. Ses lèvres embrassent sa joue, son front, son nez, son menton.
Il se surprend à vouloir plus mais se reprend et en reste là.

A avoir raté toute son enfance, la limite du raisonnable est bien plus difficile à garder. L'avoir connue directement belle et femme brouille totalement ses sens et c'est ce qui l'oblige à répéter :


Zoé...

Plus fort. Presque une supplique. Es-tu consciente de ce que tu fais ? Arrête-toi car moi je ne m'arrêterai pas.
_________________
Zoe_lisreux
~"La haine est l'amour qui a sombré."*~


Elle trouve cela si agréable qu'il la serre contre lui, avec force mais douceur et tendresse. Elle a oublié qui il est, elle ne pense qu'à la sérénité qu'il lui procure. A cette main qui la caresse, à ces baisers francs et aimants.
Elle a l'impression d'être avec Vignolles, cette fameuse nuit où elle avait finalement réussi à le convaincre de dormir avec elle, sans qu'il ne se passe rien. Ils s'étaient contentés de s'offrir des gestes affectueux. Et parfois, la rousse n'en demandait pas plus.

Elle trouve cela si agréable... Et le "Zoé" gâche tout. Elle ouvre les yeux dans le noir. Sa main se crispe un peu sur l'épaule de Moran et elle se mord la lèvre inférieur. C'est trop dur de revenir à la réalité. Elle est dans les bras d'un Démon et se retient de se reculer avec dégoût. Il ne comprendrait pas et elle risquerait de s'en prendre une bien violente. Encore...

A la place, elle réfléchit. Vite. Le "Zoé" est prononcé sur un ton mi soulagé mi paniqué. Comme s'il avait espéré ces gestes tendres depuis longtemps, en les redoutant à la fois. Shirine y voit alors peut-être une faille dans laquelle s'engouffrer.
Peut-être qu'en prenant un comportement plus sage et plus tendre, en devenant ce qu'il espère d'elle, arriverait-elle à le manipuler jusqu'à lui faire baisser sa garde. Et là, il lui serait bien plus facile de se débarrasser de lui et de retrouver sa liberté. Car Moran vivant, jamais elle ne pourrait dormir sur ses deux oreilles. Il le lui faut mort.

Elle ne sait combien de temps s'est écoulé, mais elle décide de pousser un peu plus le vice. Elle se redresse sur son coude pour pouvoir le regarder. L'obscurité l'oblige à une grande proximité de leurs visages. Sa main libre se lève pour lui caresser la joue.


Je... J'ai fait quelque chose de mal ? Je suis désolée... Je pensais... J'espérais...

Elle retire sa main, dans un geste faussement pudique et se tait quelques secondes, avant de reprendre.

Pardon pour mon comportement depuis mon arrivée, j'ai dû te blesser, n'est-ce pas ?

Elle espère qu'il tentera de la rassurer en lui disant qu'il ne lui en veut pas. Elle espère qu'il la croira sincère et qu'elle ne prend pas ce comportement pour rien...

Mais il ne faudrait pas qu'elle se prenne trop au jeu et finisse par s'attacher à lui...


*Sören Kierkegaard

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Moran
Elle espérait..
C'est trop beau pour être vrai, bien trop soudain, bien trop rapide. Le Lisreux avait lui aussi espéré, mais maintenant que ça lui tombait sur le coin de la face, il doutait.
Après tout, elle avait voulu le tuer, elle le lui avait hurlé tant de fois. Elle l'avait ignoré si souvent.
Trop brusque.
Oui le changement est trop violent. Mais si tentant.
La main de Zoé est récupérée, et il la dépose de nouveau contre sa joue.
Moran l'écoute, mais ne répond pas tout de suite. Il pense.

Le blesser ? Oh oui il a eu mal. Cependant, l'ibère relativise. "Tu lui as fait plus mal encore, tu ne peux t'en plaindre. Elle avait le droit. Oui, c'est la seule qui le peut".
Ses lèvres déposent négligemment un baiser au creux de la paume. Ses excuses sont bien pires à entendre que ses cris. Et il la fait taire d'une pression de sa main contre sa nuque.
Comment peut-elle ? Comment parvient-elle à changer, à ravaler sa rancoeur, à rabaisser son ego ?
Il l'observe, aucune colère ne tend les muscles féminins. Elle semble sereine.. Est-ce une si bonne comédienne ?


Ne dis pas d'idioties. Ecoute. Je ne sais pas ce qui me vaut ce retournement.. tu es tout à coup si.. proche. C'est troublant. Mais c'est de ma bouche que tu devrais entendre des excuses et non de la tienne.
Ta vie a été bouleversée par ma faute, j'en suis conscient guapa*. Et je n'ai pas réussi à me contrôler l'autre jour.. pour.. ça.


Les doigts viennent effleurer par dessus le vêtement, la cicatrice dont il connait l'emplacement.

Zoé, lo siento**... excuse-moi...

Les mots les plus difficiles à sortir de sa vie. Pire que "je t'aime", pire que "je te quitte", pire que tout et bien plus ardus à sortir en français.
La fierté du géant étant sans limites, cet aveu n'aura réussi à sortir uniquement grâce à la proximité du corps de sa cadette et au voile de la nuit qui empêche cette dernière de discerner de trop près ses émotions.
Parfois, les oeillères sont si agréables à porter. Elles vous dissimulent les choses qui vous dérangent et mettent en avant ce que vous désirez voir.
Moran, ne voulait pas voir de manipulation dans le changement de Shirine. Une part de lui le prévenait de rester méfiant, mais l'autre voulait voir évoluer leur relation et profiter du lien qui s'était déjà bien trop usé.
Il était temps d'y faire un noeud solide et de les rapprocher.


Me pardonneras-tu ?

La fine main est serrée, plus que de raison. Il prie. Le boiteux prie silencieusement pour qu'elle acquiesce. Que serait-il prêt à faire encore si elle devait le décevoir ? Tout... très certainement.

* ma belle
** je suis désolé

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Zoe_lisreux
Quand il reprend sa main pour la remettre à sa place, Shirine sent qu'elle a gagné cette bataille. Pourtant, il met du temps à lui répondre. Dans son esprit, ce doit être comme dans le sien. Des questions qui fusent, des doutes, des analyses de la situation, se demander comment réagir... Elle sait que Moran est loin d'être idiot. Elle est consciente qu'il ne sera pas facile de gagner sa confiance entière et aveugle; ce qu'elle souhaite obtenir au final. La chute du géant n'en sera que plus haute et douloureuse pour lui, plus belle et délectable pour elle...

Elle est décidée. Elle ne pourra pas faire demi tour, sous peine de perdre définitivement l'occasion de le rayer de son existence à jamais.

Elle sent son coeur s'affoler un peu quand il lui répond enfin. La peur lui vrille le ventre. Pourra-t-elle tenir ? Il le faut... Elle reste immobile quand il fait des gestes vers elle. Sa respiration s'est accélérée.
Et lui ? Dit-il la vérité ? Est-il sincère dans son repentir ?

Puis, un détail la surprend soudainement. Ces mots étrangers disséminés dans ses phrases, elle les comprend clairement. Elle ne s'en était pas rendu compte tout de suite, car glissés dans la conversation, ils n'avaient pas choqué son oreille.
Mais tout à coup, les souvenirs affluent. Une soeur au couvent parlait espagnol. Connaissant l'origine de la famille de Shirine, elle lui avait appris à parler la langue en même temps que le français. Elle parlait alors couramment les deux langues, jusqu'au jour, ou plus mure, elle avait compris ce que lui avaient fait ses parents et son frère, et avait rejeté en bloc la langue de ses origines. Son esprit s'était imposé une barrière et avait refusé de sortir un seul mot en espagnol. Au grand désespoir de la seule soeur qui l'avait prise en affection.

Depuis, la rousse n'avait plus eu l'occasion d'entendre l'espagnol, et encore moins depuis sa sortie du couvent. Elle avait fini par oublier qu'elle détenait cette capacité.
Mais ce soir, devant Moran, les souvenirs douloureux associés à ce langage remontent à la surface. Machinalement, elle ouvre la bouche pour sortir la phrases qu'elle avait dû le plus répéter pendant son enfance:


Me llamo Zoé y hablo español.*

Cette phrase la bouleverse. Elle se met à trembler et s'éloigne de son frère pour déscendre du lit. Chancelante, elle va à la fenêtre, le souffle court. Elle pose un instant sa main sur sa bouche, prise de nausées.
Elle aurait aimé continuer à oublier...
Les larmes envahissent ses yeux alors qu'elle essaye de se reprendre.

    C'est une chance, une chance de me rapprocher encore plus de lui. Il va adorer échanger avec moi dans notre langue maternelle.


Finalement, elle relève la tête doucement en direction du Lisreux et ajoute d'une voix cassée par l'émotion:


Voy a tratar de perdonar.**

    Tu peux toujours rêver !


*Je m'appelle Zoé et je parle espagnol.
**Je vais essayer de te pardonner.

_________________
Moran
Plus que le fond de ses paroles, c'est la forme qui bouleverse le géant.
Ces quelques mots aux intonations musicales et chaudes qui ont baigné son enfance.
La fine silhouette se détache devant la fenêtre. Ah Dieu qu'elle est belle. Encore plus lorsqu'elle pleure.
Non, jamais elle ne repartira, il a trop de choses à rattraper. Il la mariera peut-être, si il parvient à accepter l'homme qui essaiera. Mais, non, jamais elle ne s'en ira.

La langue du sud, cet espagnol qui s'écoule de ses lèvres roses, font l'effet d'une caresse au boiteux qui se redresse dans le lit.


Tu le parles bien...

Puis il réalise qu'elle vient de signer une demie-trêve orale. Elle va essayer. Il penche la tête de côté, la jaugeant entièrement.
Est-elle bouleversée par ce rapprochement ou par son dégoût de lui ?
La seconde hypothèse le heurte de plein fouet et l'espace d'un instant, ses onyx se teintent de fureur. Folie immédiatement adoucie par la posture misérable de sa cadette.
Les draps sont rejetés, le corps se déplie et s'avance d'une assurance presque féline.
La rousse est rejoint et les bras du Lisreux viennent enserrer sa taille pour la protéger et la câliner.


Ven aquí cariña*

Et Moran de la ramener dans le lit.

Dors Zoé, nous auront bien d'autres jours pour discuter sereinement. Ce soir, je te laisse le lit pour toi seule et tu pourras profiter de ta nouvelle liberté nouvellement acquise dès demain.

Dors, ma Zoé, je suis heureux de te retrouver, tu verras, tu seras bien ici. Bientôt nous repartirons, mais nous en reparlerons.

Dors guapita**, demain est un autre jour.


Un baiser est déposé sur le front de la jeune femme et l'ibère s'éloigne avant de s'arrêter quelques minutes sur le pas de la porte. Un coup femme, un coup jeune fille à ses yeux, s'en est trop pour une nuit, il lui faut prendre du recul.

Elle sera seule ce soir, oui, mais il ne quittera pas la porte de sa chambre de la nuit.
Moran est confiant, mais loin d'être sot et si la jeune femme décide de tester ses limites, lui, les lui montrera.
Par la violence ou la douceur, elle saura.


*viens ici
**ma belle

_________________
Zoe_lisreux
    Je t'emmènerai dans une longue valse. Une valse où tu apprendras à te laisser guider, toi l'homme, par la femme que je suis.

    Je te ferai tourner la tête et tu n'auras pas d'autre choix que de te cramponner à moi, mon frère.

    Tu seras miens avant que la valse ne prenne fin et alors j'aurais ton destin entre mes mains...


En attendant, Shirine se laisse faire, se laisse guider, lui faisant croire que c'est lui qui mène. Elle retient un mouvement de recul lorsqu'il la prend par la taille. Elle apprendra à ne plus avoir peur dès qu'il s'approche d'elle, ou tout du moins à bien cacher cette terreur.

Elle s'allonge sur le lit. Le laisse parler.

Elle parle espagnol. Elle n'en revient pas de ce souvenir enfoui au plus profond d'elle même.
Elle pleure encore. Partagée entre haine et désespoir.

Demain est un autre jour...

Elle tourne les yeux vers Moran qui referme doucement la porte derrière lui.

    Demain... Quand mes cauchemars se seront enfuis à l'arrivée du soleil.



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