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[RP Fermé] Pour toi...Putain.

Harmand
L’ambiance est pesante, quasiment morbide. Harmand est assis sur la couche, une chevelure brune fugace aux reflets cuivrés orne ses cuisses viriles. Ses doigts se perdent dans la masse soyeuse, irréfléchis, insatisfaits. Sa propre tête bascule en arrière pour trouver un quelconque soutien et sa main libre se ferme sur le calice. Il s’offre quelques gorgées et étanche sa soif de trouble. Le breuvage divin sera bu ce soir pour elle, qui dénudée, offre ses courbes à la lumière sensuelle des bougies.

Enfermé dans sa chambre plus que modeste, il a l’impression de revenir en arrière, loin de son luxe désormais quotidien. La couche est large, assez pour permettre le repos de la putain et le sien quant au reste, il n’y a rien de transcendant. Les volets sont tirés pour qu’ils conservent cette intimité qui est leur, par respect par ce qu’il va se dérouler.
Le silence règne, parfois brisé par la toux sèche et sanglante de sa putain. Il inspire fortement, essuyant du revers de sa main ces lèvres fines et rougeâtres ainsi que ce front qui ne cesse de perler sous le feu qui la ronge.

Dans un autre temps, elle était la plus belle de la ruelle, teint enjôlé et un sourire malicieux toujours à la commissure des lèvres. Des doigts graciles qui savaient, seuls, dompter cette chevelure qui lui tombe jusqu’aux bas de ses reins. Une peau ferme, dorée et un fessier à se damner, de ceux qui affichent fièrement ce galbe et cette rondeur fraîche et insolente. Il était d’ailleurs le seul à y avoir accès, le seul à être assez fidèle et bon payeur pour avoir droit à cet unique privilège.

Sa main glisse sur son visage, écartant quelques mèches trempées, et le teint n’est plus le même, il est blafard et terne. Sa belle putain se meurt et il n’y peut rien. Loin d’être un médicastre, loin d’être assez attaché pour en être totalement préoccupé, Harmand l’accompagne sans une attention digne d’un aimé ou d’un amant. Depuis des années il la paye et malgré quelques rires échangés, quelques confessions et ce privilège unique, elle n’en reste pas moins, la femme que tous peuvent avoir, souillée par tous les foutres du quartier. Et pourtant, il est là, le dos plaqué contre le mur, une main sur son buste aux monts dessinés par les plus vils tentateurs et l’autre tenant fermement ce calice qu’il s’empressera de lui voler après son trépas. A défaut de lui avoir fait vider sa fortune, elle saura se faire pardonner par ce bien d’exception qu’il revendra à des hommes de foi à un prix conséquent. Malgré l’instant, le brun ne perd pas le nord et encore moins, cette vue sur ce commerce qui fit de lui, le bourgeois d’aujourd’hui.

La tête bouge sur sa cuisse, le corps se recroqueville brutalement et il arque un sourcil. La putain crache, peine à rejeter ce sang qui lui emplie l’être et lui coupe le souffle. Il n’a aucune idée de ce Mal qui lui brise l’échine, l’asphyxie, tâche ses lèvres d’une couleur carmin des plus déroutantes et qui l’affaiblit si rapidement. Sa déchéance s’est accélérée depuis deux bonnes semaines, tant est si bien qu’en couche, elle était devenue une autre, plus passive et moins féline.
D’ailleurs, il avait abandonné tout envie de la revoir tant elle était devenue une perte financière.

Il bloque sa taille, relève son visage pour l’aider à délivrer sa gorge et le temps semble doucement s’arrêter. Mal à l’aise.
Elle n’est pas celle qu’il aime, il n’a jamais aimé, ni celle qu’il aimerait garder dans sa couche tous les soirs, il est trop égoïste pour partager sa vie. C’est une putain, rien de plus.
Mais c’est à lui qu’elle a écrit et il avait répondu en se tenant présent et en veillant sur elle et qui sait pour l'accompagner finalement jusqu'à son dernier souffle…

Sa bouche se pose alors sur le front de sa putain et alors qu’elle désire ouvrir la sienne, il pose son index pour l’inviter à les maintenir fermées. Le silence est une vertu dans ces moments-ci.

    "Tessy, demande mon aide une bonne fois pour toute, que cette compassion cesse".


Tessy, c'est encore son nom. Ce fut celui qu'elle lui murmura dans le creux de l'oreille entre deux délicieux soupirs, ce fut celui qui fit d'elle une femme entière plutôt qu'un vulgaire vide bourses. C'est celui qu'il refuse toutefois de prononcer de peur de lui offrir une mort plus humaine...

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Tessy, incarné par Exquiz




Étalée, presque inerte...
Le souffle saccadé se débat pour encore exister, soulevant avec bien du mal cette poitrine opale qui suffoque de l'intérieur. La gorge est sèche, irritée et cuisante. Le goût du sang caresse tristement ses lèvres, apportant une touche grenade comme au temps d'avant, au temps où ce n'était pas du sang...

La peau est brûlante, transpirante. La fièvre la tient prisonnière de ses chimères. Seul le mouvement des doigts masculins qui glissent délicatement dans sa chevelure d'ébène la tient en éveil, maigre frémissement qu'elle peut encore savourer, à peine consciente de l'existence de son corps. De temps à autre, les saccades brutales de la toux viennent l'arracher au repos, la bousculant violemment comme une poupée de chiffon. Quelle ironie.

Sa vie ne tient plus qu'à un fil… et encore. Quelle vie peut-on avoir dans un état comme celui-ci? Quand la maladie vous à vider de tout, et de la seule chose que vous aviez pour pouvoir exister, la beauté. Atout indispensable pour une vie de putain. Avantage non négligeable pour bien gagner son pain. Grâce à elle, elle avait voyagé, conquis quelques ruelles, enivrée des bordels et tourmenté bien des mâles. A force de temps, elle s'était même fait un nom, une belle réputation. Ils payaient chers vous avoir un peu d'elle. Il payait cher pour ne l'avoir rien qu’à lui…

Alors elle lui offrait ses nuits, balayant les tricheries, s’offrant tout entière. Chacun trouvait son lot de privilèges. Elle avait les écus, et la jouissance d’une nuit délicieuse, et lui, toute son attention, sa fougue et sa volupté. Vrai qu’en plus d’être un client régulier et bien friqué, le bel Harmand était doté d’une insolente gueule d’ange, qui rendait jalouses toutes les catins du quartier, car il n’y avait qu’elle qu’il visitait. Entre eux, pas d’effusions de sentiments, mais une confiance bienveillante. Les limites étaient parfois dépassées, elle ne se contentait plus d’être, elle se permettait d’oser. Il aimait comme ça.

Aujourd’hui, beauté Morbide. La putain se meurt, et voie sa drôle de vie partir en fumée. Si jeune, et pourtant… Etrange, cette illusion que l’on se crée, en se faisant croire qu’on peut passer sa vie seule loin de toutes émotions. Les sentiments, c’est des foutaises, ça apporte que des emmerdes, et dans un milieu comme le sien, mieux vaut savoir s’en passer. Pourtant, quand la mort s’agite devant votre nez, vous menaçant de vous emmener, on la sent cette putain de solitude. Et on a peur. On a pas envie de crever seul, en se disant que personne ne nous à aimer. C’est pour ça, qu’Harmand là, à ces chevets. Et pourtant elle le sait, il s’en passerait bien, d’la voir crever. D’une, il a surement d’autres choses à faire, et de deux, elle n’est qu’une fille de joie, devenue triste. Elle ne sait pas vraiment pourquoi elle l’a appelé…peut être simplement, car avec lui, elle était-elle. Mais il est là, il est venu.

Elle aussi, déteste la compassion. La vérité crue, elle en l’habitude. Et c’est de loin ce qu’elle préfère. Elle n’est pas de celles qui se font aveugles en s’apitoyant sur leur misérable vie, mais plutôt de celles qui assument, trompent, manipulent, crachent sur la morale et bousculent l’ordre établie. Impudente Provoquante, effrontée… du genre de celles qui baiserait sur leur tombe.

Mais là, elle n’en a pas la force. Encore une chose que la maladie lui à dérober. Elle se tord sous les spasmes grinçant de cette toux qui démange, et tente de se redresser. Elle voudrait parler, mais il la fait taire. Son baiser est brûlant, autant que ses paroles, qui voudraient l’achever. Elle râle, ce qu’elle peut, et lui dérobe le calice, pour s’abreuver d’alcool. Douce narcose qui se déverse dans son corps, calmant son esprit fiévreux, en proie à l’hystérie silencieuse. Elle sert la main sur sa poitrine nue, secouant la tête frénétiquement. Non, elle ne veut pas crever la putain. Elle a l’orgueil de vouloir exister, encore un peu s’il vous plait…
Harmand
La mort se refuse et pourtant elle frappe à la porte, rendant branlante la serrure de sa volonté. Le breuvage est dérobé pour apaiser son esprit de ces maux qui la consument, mais le calme n’est qu’illusion. Il s’empare du calice, le dépose sur la table de chevet et l’observe, légèrement dubitatif. Elle s’accroche à la vie alors qu’elle n’en a plus les moyens, qu’elle fait perdurer ce malaise alors qu’il s’en passerait bien. Harmand a connu des moments meilleurs en sa compagnie, loin de cette agonie, de ce corps qui n’est plus que lambeaux albâtres. Le tableau qu’elle lui offre, n’est plus aussi éclatant et frais, il s’écaille et se ternit.

Sa main dans la sienne, serrée contre son sein, le brun reste patient et clément. Il n’aime pas ce sentiment de compassion, de pitié qui grignote sa conscience, il aimerait simplement l’envoyer chier, elle et sa maladie mortelle. D’ailleurs, il se demande encore pourquoi il est là alors qu’il trouve le temps bien long. Par respect pour ces moments passés avec sincérité ? Pour Elle ? Pourquoi pas après tout, il est vrai que Tessy était unique en son genre, combative, d’un orgueil proche du sien et d’un dédain digne de la plus pourrie des femmes. C’était ce côté teigne qu’il aimait en elle, grande gueule et crocs acérés et pour qui coup de collier rime avec vénalité. Tout s’achète chez elle, de son con à sa bouche, de sa soumission à sa domination, tout sauf sa sincérité. C’est ce qu’elle a su lui offrir en s’avouant entière, en s’avouant femme plutôt qu’objet, en étant simplement elle-même.
Mais pour une fois, il regrette son instinct de combattante et aimerait mettre à exécution, la véritable raison de sa venue et éclaircir ainsi ce mystère qui règne quant au choix fait sur sa personne.

Il retire sa main et essuie cette transpiration tenace sur les draps. Il est las de la voir s’époumoner de la sorte, il n’y a rien d’excitant et de beau à voir une femme crever à petit feu. Les doigts se transforment en une douce caresse, effleurant sa chevelure pour se perdre sur son visage. Sa peau est encore douce et délicate, bien que brûlante et moite. Il attire son buste contre le sien et la loge dans le creux de ses bras. Une dernière étreinte ? Certainement.

Impassible, il relève son menton et vient saisir ses lèvres. Goût de fer à la note fruitée et alcoolisée qui se perd dans sa bouche. Harmand lui offre ce baiser fiévreux qu’il lui vole pendant qu’il est enfouit dans le creux de ses cuisses, les deux mains empoignant fermement ses hanches. L’envie de la prendre n’est toutefois plus là, son corps est trop affaiblit et ce qui faisait sa roideur ne lui inspire que le dégoût. La mort est fourbe quand elle s’attaque à la beauté d’une femme.

Il est l’heure…Sa volonté est belle mais futile.

    - "Lâche les brides ma putain, tu m’as réclamé car tu savais que j’étais le seul à pouvoir te rendre ce service…Alors détends-toi… "


Le choix n’est pas dû au hasard et ils le savent, Harmand est un salaud dépourvu de valeurs, le seul à pouvoir parmi ces nombreux clients oser l’impardonnable, là était la véritable raison de sa venue. L’étreinte se fait alors plus ferme et rassurante. Une main se loge sur son front afin de la maintenir contre son poitrail et l’autre vient empoigner sa gorge gracile.

Il est l’heure…Sa volonté est hypocrite mais humaine.

Les doigts enserrent, compriment la peau et la trachée. Le souffle cherche à être coupé sous le poids de la violence et du respect. Il tient à ce qu’elle s’apaise malgré la pression et la peine, alors sa voix rauque se perd dans le creux de son oreille, bienveillante. Un murmure digne d’un aimé perdu tel un souffle chaud et intime dans l’esprit d’une condamnée.

    -"Chut…Chut….ne cherche pas à résister, Tessy…Je suis là…Tu m’as réclamé pour ça…Et je suis là…Je reste jusqu’à la fin, tu ne seras pas seule ma putain…Détends-toi…je t’ai tout contre moi…ferme les yeux…Soulage enfin ton corps…"


Crever, c’est ce qu’elle voulait après tout pour ne plus ressentir le poids de cette toux, de ces spasmes secs et cassants. Crever avant que sa beauté entière ne s’effrite et qu’elle se confonde dans la fosse avec les plus décadentes des putains. Tessy à son orgueil et sa vanité, comme toute esseulée, elle a peur du trépas et comme toute femme, elle a peur de perdre ce qui faisait sa fierté.

Un baiser se pose sur sa joue alors qu’il la maintient fermement contre lui…Encore des murmures, encore des attentions indignent d’eux…Une prière est glissée, la plus douce des attentions, une inquiétude naissante pour le repos de son âme…

Il est l’heure….Sa volonté est faite.

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Tessy, incarné par Exquiz



La belle est aux aboies et se meurt au fil des heures, voyant tomber une à une les graines du sablier. Le temps se fige, la fièvre l'emporte dans un tourbillon lancinant, l'emprisonnant dans la mélasse de ses souvenirs. Les images défilent alors, se percutant, mélangeant les morceaux dans un ordre insensé...

~ Frisson. Sa crinière chute le long de ses reins. Elle se tient droite devant lui, les genoux enfoncés dans le moelleux du matelas. Il la regarde, gourmand, impatient, insolent. Désir. Les flammes tanguent. Les peaux se touchent. Les soufflent s'égarent. S'emmêlent. S'échangent. Les draps se froissent et les lèvres soupirent. Mains masculines qui s'emparent d'elle, s'accrochant à ses hanches, se perdant sur ses fesses, la serrant contre lui...~

L'homme est là, mais elle plus. Elle agonise. Perdue dans ses bras, elle respire un peu de lui encore imprégnée de ses rêveries. Étreinte d'un impatient qui trahit ses pensées. Elle sait.
Son corps ne répond plus, ankylosé de trop de fièvre. Elle n'est plus que poupée qui se laisse manipuler. Son esprit détraqué jongle pour ne pas sombrer, entre réalité et flash-backs névrosés.


~Ses doigts se perdent le long du dos, pressant ce corps chaud contre le sien. Le cou est mordu. Sa respiration dissolue. Rire aérien qui s'éparpille entre ses seins. Il la dévore avec envie. Elle s'offre alors à ses caprices. Effluves de stupre et de débauche qui plane dans la pièce. Baiser voler, presque arraché... Animosité~

Baiser pernicieux et trompeur, de la mort qui se rapproche. Comme on donnerait son dernier repas au condamné, elle savoure à contre-coeur.
Elle le sent lasse et agacé. Il prend sur lui et elle le sait.
Les mots sont lancés, troublant, affolant, effrayant.
Peut être l'a t'elle appelé pour ça, surement, et maudit soit son inconscient.
Mais maintenant l'homme est à cran. Elle aimerait crier, hurler un non bien vivant, lui montrer qu'il se trompe. Elle le maudit de l'intérieur, et s'agite vivement. Les doigts masculins la maintiennent fermement, rabattant sur elle les portes de l'illusion. Les murs se rapprochent dangereusement et bientôt, elle sera écrasé, vulgairement.

Le souffle est oppressé, ses mains s’agrippent aux siennes.
L'instinct de survit. Il est humain.


Arg..Lâche moi... hmmf.. nonn!.. fais pas ça...

Elle se débat, se tord dans tous les sens. Elle griffe et tente encore de parler, pour mieux se faire présente. L’effroi se lie dans son regard, comme suppliant d'arrêter ça. Suffoquant, elle sent son souffle déjà maigre qui s'étiole redoutablement. Tendant son bras vers la commode elle tente d'attraper le calice qui pourrait l'aider. Elle tente, mais le renverse. Tâche de rouge âpre qui macule le sol, reflet d'une mort pesante qui tente de s'acharner. Son coude s'abat alors, sauvagement, entre les jambes du mâle. Ultime recours pour qu'il la lâche. L'emprise est brisée, le souffle panique, puisant tout l'air qui lui est offert. Elle roule alors et tombe au sol.. hurlant de rage vers son bourreau..


Enfoiré..Laisses moi ma hargne et ma dignité!
Harmand
Le cri est ignoré et le corps maintenu avec poigne. Elle est tout contre lui, frémissante d’angoisse et d’effroi, le souffle saccadé par l’étreinte. La mort, elle la frôle du bout des doigts avec violence et sans aucun détour. Harmand inspire doucement, contenant ces coups, cette hargne qu’il aimait autrefois. La putain se doit de crever en silence, que ce tourment cesse et que la plénitude paraisse. Il a autre chose à faire le Salaud et malgré ses attentions, il aspire à passer rapidement à autre chose de plus réjouissant.

Le calice tombe sur le sol et il affermit plus brutalement son emprise sur sa gorge. La bougresse dans sa folie de survie, vient de se condamner. La coupe a chuté, risquant ainsi de s’abimer et perdre de sa valeur…Ce fût un affront mais pas le moindre. Le coude de la brune vient justement se perdre contre son entrejambe. Le souffle se coupe sous la douleur vive qui lui vrille les tripes et étouffe un cri de douleur. C’était un coup bas, vil et si féminin…La rage l’envahit alors qu’il conserve une main sur ses parties. La putain tombe et roule sur le sol, elle avait osé, elle allait déguster. Tessy ne voulait pas d’un trépas en douceur, soit, elle allait rejoindre le Très Haut le corps tuméfié et son corps se confondra alors à celui des pestiférées.

La peine se lit sur son visage d’un naturel si hautain et désinvolte alors qu’il tente de se relever. L’échine se déroule et sa posture se fait menaçante. Le premier pas lui lance et le bas ventre brûle encore sous cette douleur électrisante et fourbe.
    - "Sale putain…Tu connais les limites de ma bonté. Là, tu es allée trop loin…"

Le Bourguignon se fait sec. Le jeu de la compassion prend fin, sa virilité avait été touchée. Il se penche, vient saisir sa tignasse qu’autrefois il aimait à caresser du bout des doigts et la relève sans ménagement. Sa bestialité qu’elle appréciait a désormais un autre visage…Un crachas est lancé sur son visage, humiliant et apaisant, s’en suit le claquement cinglant d’une baffe masculine. Le visage penche sous la violence du choc, mais ce n’est là qu’un début…
Sa maladie était certes atroce, mais sa rage allait être plus perfide et brisante. Le poing se forme et s’abat sans ménagement dans le corps de sa putain, voulant faire tressaillir ses côtes et anéantir son souffle. La chienne avait montré les crocs pour la dernière fois.

Brusquement, il lâche son corps qui sous le poids des coups et de la fatigue qui la ronge, s’abat sur le plancher. Le bruit est sourd, n’en ressort que ce léger gémissement qui s’échappe de ses lèvres carmins. Cette plainte, il aimait à l’entendre quand il tirait sa chevelure en arrière et qu’il s’enfonçait plus soudainement dans ses entrailles...
Désormais le plaisir est loin, comme balayé par ce double affront, par ce corps qui n’est plus celui qu’il aimait à payer et embrasé. La mort est si proche, qu’il sent en lui, couler cette adrénaline, ce pouvoir déroutant qui le rend maître de la vie de l’esseulée.
    - "Quelle dignité il y a-t-il à vouloir tenir alors que ton corps réclame la paix et que tu t’es enlaidie à un tel point que tu me laisses indifférent et stoïque…Quelle hargne y a-t-il à vouloir résister alors que tu es condamnée et si proche de la fin…"

Il s’agenouille à ses côtés et reprend sa chevelure froidement puis, d’un geste doux, il essuie le crachat qui orne sa joue claire. Sa hargne il l’avait appréciée, sa beauté il l’avait contemplée, son insolence il s’en était moqué…Elle était une part de lui par ce côté mordant et rude mais là, il était las.

Harmand saisit ses poignets de sa main droite et bloque ces derniers contre son buste. L’autre main reprend son rituel macabre et se plaque contre sa gorge. Il épouse les marques qu’il avait laissé il y a peu, enflamme à nouveau ce feu qu’il avait allumé sur sa peau. Le geste est insensible, motivé par ce désir et cette adrénaline incompréhensible.
Sa beauté est alors autre, elle se loge à travers ce regard suppliant qu’elle lui tend, à travers ce corps qui malgré toute sa souffrance se débat encore…Tessy n’est pas qu’une putain, elle est une véritable combattante…Quelques soubresauts sont réduit au silence et contraint par sa force, son regard est contemplé une dernière fois.

Malgré la maladie, la putain garde cette beauté unique, celle de son entièreté. Tessy fut Sa putain, une âme partageant tout comme lui, ce goût pour l’arrogance et la liberté.

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Tessy, incarné par Exquiz



Enflure...
C'est les mots qu'elle aurait voulu crier, quand le poing s'élance dans ses côtes, comme un poignard, comme un coup d'homme. L’ego masculin en oublie tout lorsqu'il est atteint et c'est là une de ces faiblesses les plus terribles, et une de ces forces les plus effroyables. L'orgueil est douloureux, autant que ce coup qu'elle subit... L'homme jouit, de la force qu'il a sur l'autre, même si il sait que c'était déjà gagné. Une baffe aurait suffi à la retourner, vu son état, vu sa faiblesse. Mais non, il a préféré cogner, comme si il désirait l'achever physiquement, avant de la tuer mentalement...
Il frappe, pour être sûr qu'elle ne se relève plus. Et pour sûr, elle ne se relèvera plus. Le sang jaillit de ses lèvres et macule les murs de cette chambre trop grise.

Le visage souillé de son injure, le corps brûlant de trop d'ecchymoses, elle n'a plus la force de lui cracher sa haine.
Épousant le sol, sans pouvoir se relever, elle le sent approcher, ses dernières secondes comptées.
Larme de fureur qui coule sur son visage, terminant de voler cette dernière beauté passée, qui autrefois, l'a fait flancher.
Ses yeux se vident de toute expression... perdant l'obstination qui jusque-là, lui collait à la peau. Son corps ne répond plus lorsqu'il l'attrape contre lui, enserrant ses poignets, menottant sa liberté. Elle ne le regarde même plus...
Sur sa gorge, l'étau se resserre, elle n'a plus le choix que de se laisser faire.
Partir loin, de ce monde où la beauté n'est qu’éphémère, où le bonheur n'est qu'illusion...
L'air n'est plus, dérobé de ses poumons, elle se noie dans le néant. Suffoquant, les dernières larmes quittent son corps... et la mort a raison d'elle.
D'elle... mais de lui aussi. Ce p'tit bout d'être qui germait au creux d'son ventre. Secret scellé sur ses lèvres, qu'elle emporte à tout jamais. Peut-être que finalement, c'était pas pour mieux crever, qu'elle avait appelé Harmand... mais pour sauver ce bout de lui. Seulement qui sait si il l'aurait bien pris, peut être que la fin aurait été la même. Et même en étant catin, elle en était certaine. Cette chose dans son ventre n'avait qu'un père possible... Au fond d'elle s'était tissé un peu d'espoir. Comme si ce morceau d'être aurait pu lui valoir une vie plus confortable. Pas de sentiments non, juste du confort... au nom de lui, et de ces gènes qu'elle porterait neuf mois. Juste un peu d'espoir... envolé ce soir.
Harmand
Le souffle se perd, s’abandonne dans le creux de sa nuque. C’est la vie qui exsude de ses lèvres carmins. Le corps se crispe, se débat et la hargne offre ainsi son dernier soubresaut. Tessy se meurt simplement dans ses bras, les poignets et la gorge fermement maintenus. Il est son amant, son bourreau, son salaud.

Le calme s’installe alors, tel l’effluve qui soulage la peine, telle une récompense à tant de maux. Il enveloppe la chair meurtrie et la couvre du poids de la délivrance. La souffrance n’est plus, atténuée par l’homicide. Harmand inspire quelques minutes et détend ses muscles. La putain logée dans ses bras n’est désormais qu’une poupée de chiffon aux traits tirés. Il la replace doucement contre son buste, retenant de sa main droite cette tête qui flanche. Les doigts masculins se perdent dans cette chevelure brune et il ne dit mot. Ce temps est sien, celui où les idées se remettent doucement de ce geste et de cette violence, celui où il peut offrir à Tessy une mort plus douce, plus digne…
    - "Tu me remercieras Tessy…."

Un baiser vient effleurer le front perlé de sueur de sa putain et du revers de sa main, utilisant ainsi sa manche, il essuie son visage et son buste. Il ne pouvait la laisser pourrir ainsi, laisser aux autres putains aigries de ces ruelles, le plaisir de voir la déchéance de celle qui appâtait par sa beauté la plus grande clientèle. Harmand devait se résoudre à devenir à son tour humain et sensible.
Dans le creux de ses bras, le corps est porté à même la couche. Cette sensation est étrange, le corps n’est pas encore raide, il s’enlise, s’abandonne sans aucune résistance. Tessy qui autrefois détenait les fils de sa fortune et de son destin, vient de rompre ses liens…Elle n’est qu’une poupée sans ficelle et il devient son marionnettiste.

Le corps est allongé alors sur la couche et Harmand s’empare d’une vasque pleine d’eau ainsi que d’un bout de tissu. Il nettoie sa peau, soulage la brûlure des marques qui s’estompent sous la fraîcheur et offre à cette putain, une beauté plus douce, un toucher plus soyeux et délicat. S’emparant de sa brosse, il refait cette gestuelle qui était sienne. Il l’avait vu faire plein de fois alors qu’il récupérait doucement suite à leurs ébats.
Beauté troublante qui savait à elle seule dompter cette tignasse qu’il aimait saisir et admirer. Le brun abandonne d’ailleurs toutes pensées reliées au passé alors qu’il peigne la chevelure de la putain. Sa mort est réelle et désormais il se doit de passer enfin à autre chose. Il trouvera une autre femme de joie, une toute aussi charmante, toute aussi sauvage…La fougue et la beauté n’est pas unique et exclusive.
Le marionnettiste se détache, abandonnant peu à peu les fils, relâchant les brides de l’attachement et du passé. Harmand est ainsi, capable de rayer un pan de sa vie sans en ressentir le moindre pincement, le moindre remord. La vie était faite selon lui d’épreuves, de joies et de tristesses qui ne peuvent à elles seules retenir l’avancement, l’élévation d’un homme. Seuls les faibles se morfondent dans les parfums sucrés du passé et s’enchainent, s’étouffent sous cette nostalgie destructrice.

Tessy redevient belle malgré sa mort et ce regard qui se perd dans les abysses. Les yeux sont clos, sa nuque parfumée de quelques gouttes d’essences de rose. Il se fait minutieux, pour Elle, pour pouvoir tourner cette page avec dignité et fierté. L’échine est redressée et le Bourguignon se rhabille sans être troublé par ce corps qui désormais appartient à un autre monde. Aucun sentiment ne vient troubler son habillement, à jamais libre de toutes effusions de sentiments, d’humanité.

Un dernier geste. Il s’empare du calice qu’il range dans sa besace. La porte est poussée, le corps est immobile, vêtue d’une sensualité froide et troublante. La mort figera à jamais cette pause, ses courbes qui ont fait sa fortune…

Le seuil est franchi, la vie continue…

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