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[RP] Cellule de pastorale de Minah.

Constantin
RP Fermé

Constantin accueillait sa cousine pour une pastorale. Belle idée que celle là...

Mais pourquoi faire la pastorale dans un des sous terrain du palais episcopal ? Alors que ce même palais disposait d'imposantes salles d'études, richement décorées et confortables ? Pourquoi enseigner la morale d'Aristote dans un sous sol à l'accès risqué, humide et froid ?

Bonne question...

Quelques cierges posés à même la paroi, permettait d'éclairer un plafond bas, et deux chaires posées à même le sol de terre battue...Pas un souffle d'air, rien ne pouvait entrer ici, rien ne pouvait en sortir. En quelque sorte, l'Archidiacre du Mans était le seul maître ici. Il contrôlait tout, et cela lui convenait assez bien. Le décorum ne devait pas être rassurant pour sa gueuse de cousine, qu'il guidait à travers la pièce. Ils avaient descendus plusieurs escaliers, étaient passés par une échelle plus ou moins dangereuse... Bref, un parcours risqué pour une simple pastorale, non ?


Entrez ma cousine, entrez... et installez vous confortablement.

Quelle atmosphère mystérieuse !
Minah
Ça avait commencé par un "je peux faire votre pastorale, si vous le souhaitez".
La Minah, déjà imbibée des grâces de Sainte Boulasse, avait accepté.
Et c'est comme ça qu'elle se retrouvait à suivre ce cousin nouvellement rencontré dans les sous-sols obscurs.
Elle suivait l'homme de près, pas rassurée pour un sou...

La fille aux dents cassées ne cessait de lancer des regards angoissés tout autour d'elle.
L'atmosphère était lourde. Et il faisait trop sombre au goût de la gueuse. On ne savait jamais ce qu'il allait arriver dans la pénombre...
Des dizaines d'histoires de croque-mitaine lui vinrent immédiatement à l'esprit.

Mal à l'aise, elle s'assit du bout des fesses sur une chaise, sans cesser de loucher sur la porte.
Et attendit la suite.

_________________
Constantin
Elle suivait ses pas, et lui, il prenait garde à ne pas se prendre le plafond fait de pierre calcaire et de terre... On se serait cru dans les entrailles de l'Enfer Lunaire...

Vous savez qu'il y a des siècles de cela, l'Evêque du Mans, pas celui que nous avons actuellement, hein, il est certes vieux, mais pas assez... Bref, l'Evêque du Mans, je ne me souviens plus de son nom, faisait torturer des jeunes hérétiques, et les jeter dans la fosse aux serpents ?


Il sourit, un sourire carnassier à peine illuminé par les flammes vacillantes de la bougie qu'il tenait en main. Sourire d'un italien qui prépare sa vengeance. Non loin, tombant d'une stalactite vieille de 300 ans, quelques goutes d'eau... PLIC... PLOC... PLIC... PLOC...

L'Archidiacre, s'installa croisant ses jambes sous sa belle robe de satin et de velours. Oui, il y avait quelques avantages à être Archidiacre. Notamment quelques écus en plus et la possibilité d'aller dans tout le Palais Épiscopal. Y comprit ses plus profondes voûtes, pour découvrir les noirs secrets de son passé.


Une fosse à serpent, telle est la légende ! Mais j'y crois, moi... Je suis d'ailleurs persuadé que les descendants des premiers aspics traînent encore dans les environs. J'en veux pour preuve les quelques mues que j'ai installé dans mon bureau. Souvenir du glorieux passé de ce bâtiment. Enfin, glorieux... Question de point de vue, n'est ce pas ? Sombre époque,plutôt ! Où pour un mot de travers vous étiez écorché vif... Aujourd'hui, nous ne sommes plus à ces méthodes barbares, n'est ce pas ? Nous interrogeons, nous prenons notre temps. Certains que le Très Haut nous donnera la vérité... Comme si la vérité tombait comme cela, du Ciel. Le Très Haut seul connait La Vérité, et il n'a pas besoin de l'offrir aux hommes. Qu'en feraient ils, ces idiots ?

PLIC. PLOC. Il ricana. Oui, il semblait un peu fou, l'Archidiacre. Le surmenage peut être ? Où peut être la folie inhérentes aux charges de moyen prestige ? Les deux, sûrement. Il ne cessait de tripoter un coffret de bois, qu'il avait emmené avec lui et qu'il avait posé sur ses genoux. Il alternait entre la croix qu'il portait au cou, une simple croix faite de bois mais estampillée d'or. Coffret, croix, coffret, croix. Et aussi, un sac qu'il avait posé sur le côté... Un sac de pommes bien vertes.

PLIC.
PLOC.

PLIC.

Il n'y avait plus de temps à perdre.

PLOC.

Plus une minute à perdre...


La Vérité, celle qui nous illuminerait, entraînerait la noblesse dans le plus profond désarroi. Et vous le savez, quand les nobles sont tristes, ils se font la guerre. Les paysans en paient le tribut, ils sont tués, massacrés, écrasés par les taxes et les impôts. Bref, ils sont réduits à l'état d'animaux. Et nous, Clergé, avons pour charge de recoller les morceaux. Manque de bol, la plupart du temps nous subissons le courroux des deux parties. Des paysans qui ne comprennent pas comment le Très Haut peut laisser faire ce genre d'exaction. Et de la noblesse qui estime toujours que l’Église prend parti. Ce qui est le cas, d'ailleurs, à notre plus grande honte. Aussi je me demande, l'époque de la fosse aux serpents est elle si sombre que cela ? Comme je vous l'ai dit, ce n'est qu'une question de point vue...

Il jeta un œil à la pauvre hère, qui semblait s’inquiéter de plus en plus. Il faut dire qu'il y avait de quoi s'inquiéter ! Si Constantin avait été sain d'esprit, elle aurait été en pleine sécurité dans cette grotte. Comme toute personne de sa famille, la jeune Minah méritait protection et soutien. Mais venant de l'Archidiacre cela ne voulait pas dire grand chose... D'une voix ferme et assurée, mais teintée d'inconscience, et de questionnement, il dit :


Écorcher un homme, pour le plus grand bien de tous, ne serait ce pas la solution idéale ?


L'image d'un nain se tordant de douleur lui vint à l'esprit. Trop de foi il l'avait vu se tordre de plaisir. La souffrance devait lui échoir désormais ! Quel tord lui causait il désormais, ce petit être sans consistance ? La question n'était pas là...

Non, la question n'était pas là.

PLIC.
PLOC.
PLIC...

Déposant sur le sol le coffret de bois, il sortit deux pommes.


Souhaitez vous une pomme, ma cousine ? Elles sont vraiment bonnes, je les tiens du verger du presbytère de Montmirail.

Son bras se tendit vers la jeune fille, certainement innocente, puisqu'elle était jeune, et dans sa main, une pomme appétissante, mais aux accents de mort et de destruction... PLIC... PLOC... PLIC....
Minah
La porte. La porte. La porte.
Le cinglé. La porte. Le cinglé. La porte, bordel !

Le regard de la gueuse faisait l'aller-retour entre les deux.
Elle regrettait d'être allée s'enfermer dans ce sous-sol louche.
Quelle idée, aussi ! Mémé le lui avait dit pourtant, quand elle était petite.

«
Quand t'es bourrée, tu suis personne ! Même s'il a l'air gentil et qu'il te promet le Soleil ! Ou alors, reste bien dans l'bon angle, là où c'que tu peux lui r'filer un coup d'pied dans les bourses. »

Mais Mémé n'était pas avec elle pour l'aider.
Discrètement, la fille aux dents cassées changea de position sur sa chaise. Le bon angle.

Elle écoutait distraitement l'histoire de la fosse aux serpents.
Un autre jour, en d'autres circonstances, la Minah l'aurait suivie avec attention.
Maintenant, elle devait se forcer à en saisir tous les propos, craignant que ce ne soit une menace cachée.


Mais si les hommes en ont pas b'soin, d'la Vérité, il en f'rait quoi le Très-Haut ? Ça n'doit pas servir à grand-chose s'il est tout seul à la connaître.


Elle se tut. Elle avait pensé à voix haute.
La môme secoua la tête, agacée par le clapotis des gouttes. Ça l'empêchait de réfléchir.
Et si elle causait à tort à et travers... Fallait pas que l'Archidiacre le prenne mal. On contrarie pas les fous...


'Parlez comme si la connaissez, la Vérité. Z'êtes pas un homme ?

Ça expliquerait l'air cinglé. Quoique.
Minah attrapa la pomme. Loucha dessus un moment.
Puis, quand elle eut l'impression que ce n'était qu'une pomme, mordit dedans.


Écorcher un type ? En quoi ça aid'rait tout l'monde ? Et pis faut qu'il l'ai mérité. La vie c'est un truc tell'ment fragile, 'savez... Faut pas jouer avec n'importe comment.

Jeune et innocente, certes.
Mais la vie avait été assez rude autour d'elle pour que la gueuse tienne à certaines valeurs.

_________________
Constantin
Minah réagit... Une réaction propre à son type d'éducation. Rustres que devaient être ses parents, ils ne lui avaient pas appris à parler comme il se doit. Mais elle restait de la parentèle, donc, à respecter.

Parfois je me demande si le Très Haut n'est pas cruel. Oh ! Bien sûr il nous aime, mais... en Grand Créateur qu'il est, il doit bien trouver une sorte d'amusement en nous contemplant, non ? Je serais Dieu, je m'amuserais à regarder toutes ces fourmis courir comme des folles à la recherche de la gloire, de la puissance, de la reconnaissance et de l'argent. Pas vous ?


Question rhétorique, en fait, il ne lui demandait pas son avis. Connaissait il la Vérité ? Il en connaissait une partie.


Je ne sais pas tout. A vrai dire, la vérité m'horrifie. Je pense que le Très Haut nous la cache pour mieux nous protéger... Enfin.

Il claqua dans ses mains. Le PLIC... et le PLOC toujours en fond sonore. Le bruit mat de ses douces mains se répercuta sur les murs. On aurait dit un malade gémissant sous les coups de fouet. Il toisa la jeune fille. Pourquoi elle ?

Elle était jeune, certainement illettrée. Si elle parlait, personne ne la croirait. Qui irait croire une fille de paysans ? Quand lui, l'Archidiacre du Diocèse du Mans dirait le contraire... Et puis, il ne comptait pas tout lui dire. Son plan était bien ancré dans sa tête, fourmillant de détails mais aussi de failles. Mais ça, il n'en était pas conscient.


J'ai dit écorcher, comme on dit éplucher, ou assaisonner. On peut tuer un homme sans avoir à l'écorcher, bien sûr ! Vous ne le savez peut être pas... Alors je le précise.

Ricanement mi amusé, mi méprisant. Il prit, un peu fébrilement, le coffret de bois, et l'ouvrit. La fille, elle, croquait dans sa pomme. Elle devait avoir faim. Il lui filerait quelques pommes quand il en aurait fini avec elle. Tremblant, il contempla, avec une fascination morbide, propre aux hommes sans expérience, l'objet contenu dans le coffret. Puis, son regard se posa sur la fillette. Un sourire démentiel s'étira sur ses lèvres tandis que ses yeux la fixait avec intensité. Elle ferait amplement l'affaire.

D'un geste lent, maîtrisé mais craintif il sortit du coffret une arbalète.

Vous allez m'aider, ma cousine.
Minah
La porte. Le cinglé. La porte. Le cinglé.
L'arbalète. La porte. L'arbalète.
Laportelaportelaportelaportelaportelaporte...!

La Minah posa la pomme sur ses genoux et déglutit le dernier morceau qu'elle avait avalé.
Ça avait un goût aigre. Le genre qui vous reste coincé dans la gorge.

La gueuse avait sursauté tellement fort quand il avait claqué des mains...
Elle s'était mordu la langue – maudite pomme – et son coup de pied à la casse-noisettes avait failli fuser.
Mais elle s'en était abstenue. Vague gentillesse crasse. Et peur, surtout. Si elle s'était loupé...
L'autre s'était remis à divaguer sur la Vérité. À se demander comment la môme avait pu le croire normal.
Les fées lui avaient dérangé la cervelle. Les fées ou la foi.
Deux choses folles et imprévisibles.


Je sais qu'on peut tuer quelqu'un sans l'écorcher. Chuis pas niaise non plus !

Merrde. Tiens ta langue.
La Minah se mordit l'intérieur des joues pour se faire taire.
Elle loucha une énième fois sur l'arme qu'il venait de sortir de son écrin.
Elle n'en avait jamais vu de pareille, mais ne doutait pas de son usage.


Qui vous voulez tuer avec ce truc ? Pourquoi ? En quoi j'vais vous aider ? Et pourquoi j'le f'rais ?


Non, aucune éducation.
Mais il y a des fois où on se demande à quoi ça pourrait servir.

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Constantin
Oula ma cousine, cela fait beaucoup de questions d'un coup ! Je vais essayer d'être concis...

Il n'avait pas relevé le trait d'insolence. Ici, en la présence d'un homme de Dieu tel que Constantin, même le plus sage érudit serait un niais... Alors, une petite Minah en train d'avaler sa pomme...

Alors, pour vous répondre dans l'ordre. Un homme. Ça ne vous regarde pas directement. Parce que vous allez le faire à ma place. Parce que je serais sous peu moins riche et vous un peu plus.


Il sourit, démentiel. PLIC... PLOC. Oui, je sais, c'est lassant. Il jette son regard sur elle, une seconde. Quelle serait sa réaction, peur, effroi ? Tenterait elle de s'enfuir ? Il était plus habile au lancé de pomme dans la trogne qu'au tir à l'arbalète. Mais qui sait, il pourrait peut être lier les deux ? Le lancé d'arbalète dans la trogne ?

Vous avez bien sûr le choix de refuser, mais, je vous l'avoue, vous perdriez l'occasion d'utiliser cette sublime arme de chasse. Elle a été faite par un ébéniste, un ébéniste, hein, pas un armurier, Florentin, pour Laurenzo le Magnifique, mais elle ne lui est jamais parvenue, puisque le Medicis est mort avant de la recevoir. Petite, maniable, facilement transportable, cette arme est idéale pour les assassinats à distance. Et il se trouve que je veux assassiner quelqu'un à distance, comprenez vous ?

Il lui jeta un regard perçant. Oui, comprenait elle ?

Je ne veux point être compromis dans ce meurtre. Et si vous en parlez, je nierais tout, pire, je vous ferais rôtir avant de vous laisser aux serpents, dans cette salle même. Oui, je sais y a pas de serpents, mais je compte bien en faire importer ! Enfin, rôtissoire, serpentissoire. Ou l'inverse, tout dépendra de mon humeur. Néanmoins, vous avez le choix aussi de refuser, de partir et de ne pas en parler, par respect pour le cousin que je suis. En l’occurrence, je saurais récompenser votre silence par un baptême en bonne et due forme. Mais si d'aventure vous acceptez, alors là...

Sourire devenu strict, le marchand parle à un autre marchand.

Si vous acceptez cette mission à haut risque, et que vous réussissez. Je vous récompenserais en vous offrant de l'or et des pommes... J'ai dit mission à haut risque ?

Il ricana de manière sèche.

Disons qu'après l'Evêque, je contrôle tout en ce palais. Je sais que Monseigneur du Mans va recevoir sous peu un homme, en son bureau. C'est cet homme que vous devrez assassiner. Comment ?

Il prit une pierre par terre et traça sur le mur de longs traits.

Vous vous positionnerez sur ce rempart, qui donne pile poil sur la fenêtre de l’Évêque. Ne vous ratez pas ! N'allez pas me buter l'évêque, hein ? Mais seulement son invité. En gros vous vous positionnez, vous tirez, vous fuyez. Je donnerais l'alarme peu après qu'aient sonnées les Vêpres, et enverrais les gardes loin de votre point de tir. Vous pourrez vous enfuir à votre aise...


Il sourit.

Bien sûr, si vous acceptez.

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Vous avez une idée de Rp, mais personne pour jouer avec vous ? --> MP
Minah
La pomme tomba et s'écrasa dans la poussière, où elle resta.
La gueuse s'était levée d'un bond, serrant inconsciemment ses deux ridicules petits poings.
L'heure n'était plus à loucher à droite, à gauche. Le regard de la Minah s'était planté dans celui de l'archidiacre.

Sa colère aurait paru intimidante si elle avait été une belle et grande femme, sauvage et mystérieuse comme les conteurs affectionnent.
Mais elle n'était qu'une petite chose laide et maigre, une poussière dans l'œil de la création. Plus une enfant, mais trop jeune pour faire une adulte crédible.
Elle ressemblait à une môme qui piquait sa colère.


Je... Je refuse !

Elle gueula. Ses dents cassées la faisaient légèrement chuinter quand elle haussait la voix.

J'ai p'têt pas une p'tite cuillère en argent dans l'cul* comme vous, mais j'ai une dignité et j'f'rais jamais un truc pareil ! J'tuerais pas pour un peu d'fric et... et une pomme ! Personne perdrait son innocence pour une pomme ! Jamais ! Jamais !

La Minah déglutit et essuya sur sa bouche quelques postillons d'un revers de la manche. Elle tremblait.

De toute façon, si j'le f'sais, j'ai pas confiance en vous. Jamais vous f'rez c'que vous dites. Les gardes y z'iraient droit vers moi. Ou vous m'f'rez tuer. Et si j'refuse, vous m'tuerez quand même !


La gueuse se pencha vers le coffret et tenta d'y saisir l'arbalète.
Mais l'arme pesait trop et la fit tituber. Elle finit par la lâcher lourdement aux pieds de Constantin.
Moins théâtral qu'elle ne l'aurait souhaité.


Alors faites-le tout d'suite ! Ou carrez-vous c'truc avec vot' p'tite cuillère ! De toute façon, j'vais tout dire ! Et j'gueul'rais tell'ment fort qu'on pourra pas m'ignorer !

La Minah fit un geste en direction de la porte.
Elle espérait être assez rapide.
Elle espérait se retrouver dans les sous-sols.


* Minah aimait bien les expressions. Sauf que...
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Constantin
Ce fut comme une claque. Elle... refusait ? Dans son magnifique plan il n'avait pas envisagé un refus de la part de Minah. Il était, on ne sais trop pourquoi, persuadé qu'elle accepterait de tuer, de commettre le pire crime humain, à sa demande. Quelle perte de temps...

Et en plus elle essayait de lui piquer son arbalète ! Cette sale petite chieuse avec ses ongles noirs, cette gamine chialant, essayait de piquer l'arbalète de Lorenzo de Medicis. Pire elle l'a fit tomber par terre ! Perdre son innocence pour une pomme... Il l'aurait fait, s'il ne tenait pas à son innocence. Si le fait d'être plus aisé que les autres ne lui avait pas donné une sorte de protection. Les pauvres, c'est bien connu, n'ont qu'une âme de seconde zone. Ils acceptent tout pour une pomme et quelques écus.


Vous vous méprenez, ma soeur. Et non, vous ne gueulerez pas en place publique ce que nous nous sommes dit. Vous garderez silence, et quand vous me reverrez, vous inclinerez légèrement la tête et me direz "Bonjour Monseigneur".

Le sourire de malade s'est réinstallé sur son visage. Il ignora totalement l'arbalète, laissée au sol.

Et pourquoi vous tuerais-je ? Un Auditore ne tue pas son propre sang. Et puis, contrairement à vous, je ne peux me salir les mains.

Il s'avança vers un cierge, et alla vers l'échelle. Effet raté. Cette discussion était terminée. Tant de mise en scène pour rien... L'Archidiacre se disait que la prochaine fois, il mettrait vraiment les serpents. Ça marcherait à coup sûr !


Allons faire votre vraie pastorale, ma cousine. Je ne voudrais point vous laisser repartir sans avoir appris qu'elle est la Puissance de Dieu le Très-Haut.

Petite chose qu'elle était. Trop innocente encore, trop pure. Elle ne pourrait comprendre.

Et puis, il savait où aller pour trouver quelqu'un d'autre pour... "ses œuvres de charité".

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Vous avez une idée de Rp, mais personne pour jouer avec vous ? --> MP
Minah
La Minah s'arrêta, interloquée. La bouche encore bée, prête à crier.
Elle la referma et ses lèvres formèrent une moue peu convaincue.
Elle ne se rassit pas et resta à côté de la porte contre laquelle elle s'adossa, bras croisés.


Je n'sais pas c'qui m'empêche de gueuler c'qu'il s'est dit ici. M'seigneur. Puisque de toute façon, on m'croira pas. M'seigneur.

Sa bonne conscience se battait avec son sens de la famille.
Parce qu'après tout, ce sale type au sourire de cinglé faisait partie de sa parentèle.
Mais c'était un (futur) assassin, et qu'il ne tienne pas le couteau lui-même n'y changeait rien.
Soupir.

Mais allons. Parlez-moi du Très-Haut. M'seigneur.

Elle avait toujours cru que celui qui l'instruirait en manière de religion serait bon et miséricordieux, parce que c'était l'idée qu'elle se faisait des hommes d'église.
Maintenant, elle se posait trop de questions sur leur sainteté, et ça ne lui plaisait pas beaucoup.
S'ils étaient tous comme Constantin, finalement ?

Leur Dieu en valait-il la peine ?

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Constantin
[Un peu plus haut dans les étages]

Entrez, ma chère, entrez.

Ils avaient quitté le sous sol, il avait fermé la salle à clé, n'emportant que les pommes et laissant l'arbalète... Durant tout le trajet, qui consistait à passer moult sous terrains, échelles branlantes et petites poternes, l'Archidiacre n'avait cessé de montrer sa douce folie. Comment ? En sautillant, telle une chèvre des bois en rut, de marche en marche, en chantonnant les louanges du Très Haut, comme d'habitude, ou en lançant des sourires mélangeant sadisme et bienveillance à la jeune fille qui l'accompagnait. Arrivés devant une petite porte, il l'ouvrit, pénétra dans la pièce et invita Minah à entrer.

C'était une simple pièce ronde, sise dans une tour, disposant d'une table et de deux bancs. Constantin s'assit, et, toujours avec ce sourire que beaucoup jugeraient effrayant, il dit :

Alors, mon enfant, qu'est ce qui vous amène à vouloir être baptisée ?

Il prit une pomme et croqua avec allégresse dedans. Les coudes sur la table le malotru !

Et son oeil droit fixait avec compassion et colère le petit être en face de lui... Elle avait dit qu'elle ne parlerait pas. Et c'était bien vrai, personne ne la croirait. Mais ils étaient trois à savoir qu'il allait tuer quelqu'un...

Elle.
Lui même.

Et son double maléfique.

Aux yeux de l'Archidiacre, c'était une personne de trop...

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Minah
Nettement soulagée d'avoir retrouvé les étages de la civilisation, la gueuse.
Pas toute à fait tranquillisée quand même, parce que le cinglé a toujours l'air... hum... égal à lui-même.
Mais il y avait un mieux. Si, si.

Et maintenant que la boule de peur s'était atténuée dans son ventre, la Minah louchait sur la pomme de l'Archidiacre.
Claque intérieure. Enfin, bordel ! Sois pas si faible ! Tu t'l'es joué grande dame, va pas flancher !
Bref... De quoi il était question ?

Pourquoi... Euh...
Question piège. La fille aux dents cassées n'y avait pas vraiment réfléchi avant de se demander si ça en valait la peine.
Mains derrière le dos, air niais, œil vitreux comme une gamine qui tente de réciter une leçon mal apprise la veille.


Euh... Je... J'veux êt' baptisée parce qu'on m'a dit que le Très-Haut est bon, pis miséricordieux, tout ça... Que pas suivre son église, c'est comme aller à la pêche. Et... Et que j'aime écouter les histoires à la messe ! Même qu'on boit du vin et ça c'est chouette.
_________________
Constantin
Constantin, dont le sourire carnassier n'avait cessé de s'étendre durant l'explication de la jeune fille, se dit qu'il avait enfin trouvé là une âme pure et innocente.

Quelle terrible erreur c'eut été, en effet, de gâcher ce fantastique potentiel ! Minah était vouée à faire de belles choses, Constantin en était désormais sûr. Et il lui avait proposé de tuer quelqu'un. De noircir son âme. Mais il savait à présent qu'il pourrait utiliser, oui oui, utiliser Minah pour une tout autre tâche, bien plus reluisante qu'un meurtre : faire grandir la Saincte Eglise.

Tout en écoutant il sortit une série de feuillets et les passa à la jeune fille, sans cesser de réfléchir à son avenir à elle.

Puis finalement, de sa voix douce et mielleuse, il dit :


Vos motivations sont bonnes. Lisez et répondez à ces questions, ma soeur. Vous avez tout votre temps...





Citation:
Pastorale - Partie I : Les vertus



L'objectif de tout Aristotélicien pour sa vie terrestre est d'atteindre le Soleil, le Paradis. Tel que nous l'a enseigné Aristote, un des prophètes de la religion Aristotélicienne, le Très-Haut, Dieu, a donné l'esprit à l'humain pour que celui-ci soit capable, à l'instar des animaux, de distinguer le bien du mal. C'est cette capacité à distinguer le bien du mal qui nous permet de vivre la vie vertueuse qui nous permettra de rejoindre le Soleil. Toutefois, une autre créature de la Création, la Créature Sans Nom, jalouse de ne pas avoir été choisie pour être la préférée de Dieu, voue son existence à pervertir l'homme par les vices et à l'éloigner du Soleil pour l'emmener sur la Lune, en Enfer. Tout Aristotélicien voulant éviter la Lune se doit de connaître les vertus, et leurs contraires, que voici :

L'amitié,qui consiste à se préoccuper des autres, à avoir de l'empathie et à faire preuve de charité. L'amitié est ce qui lie tous les Aristotéliciens. Par l'amitié, le croyant aide ainsi ses frères sur le chemin de la vertu. l'amitié est aussi entraide, réciprocité des rapports sociaux, amour du prochain... L'avarice, son contraire, consiste à ne se préoccuper que de soi et elle n'a d'égal que le mépris de l'autre.

La conservation, qui consiste à œuvrer à sa survie. La conservation est la conscience de ses besoins premiers en nourriture, en eau, en sommeil. En d'autres mots, la conservation est la faculté de se contenter de que ce que l'on a besoin. Le contraire de la conservation est la gourmandise, qui consiste à n'être jamais satisfait de ce que l'on a, à toujours vouloir plus, ce qui ne peut que pénaliser les autres qui vont venir à manquer. La gourmandise se résume à l'abus de plaisir.

Le don de soi, qui est la capacité de se sacrifier pour le bien d'autrui, que ce soit pour le reste de l'amitié Aristotélicienne ou pour la société laïque, la République. Ce sacrifice est la conscience de la vie en communauté. Comme nous l'a aussi enseigné Aristote, le bon Aristotélicien est celui qui aide son prochain en participant à la vie de sa ville. À l'opposé du don de soi se trouve l'orgueil, qui consiste à croire que seul, nous pouvons nous élever au-dessus de tous et d'atteindre le statut de divin.

La tempérance, qui est la capacité du croyant à se modérer et à faire preuve de compréhension. Cette vertu est primordial dans la mesure où elle est complémentaire des autres. La tempérance consiste aussi en l'acceptation de sa condition. Son contraire est la colère, qui est le vice de celui qui s’abandonne à la haine de l’autre, ou qui de toutes ses forces tente de lutter contre sa condition.

La justice, est la faculté de l’être à faire preuve de magnanimité, à reconnaître la valeur de l’autre, à identifier l’intérêt d’autrui. À la justice correspond l’envie, qui est le vice de celui qui désire bénéficier des justes récompenses attribuées à autrui, ou de celui qui convoite les biens ou le bonheur de son semblable.

Le plaisir, est la faculté qu’a l’homme d’œuvrer à réunir les conditions de son propre bonheur. Elle est la conscience de soi, de son corps, de son âme, et des besoins de ceux-ci pour rendre son existence heureuse et facile. Au plaisir correspond l’acédie, qui est le vice de celui qui entre en dépression spirituelle, qui reste passif, qui n’a plus goût à la vie, et qui ignore sa propre satisfaction.

La conviction, est l’espérance en un avenir plein de promesses. Elle est plus largement la conscience des besoins et des intérêts futurs de la communauté des croyants, des nécessités de la conservation de l’espèce (donc de la reproduction). À la foi correspond la luxure, qui est le vice de celui qui se complaît dans l’abus des choses de la chair et dans le nihilisme le plus total.

Une vie vertueuse parfaite est virtuellement impossible. Nul, en dehors du divin, n'est parfait. Toutefois, l'Aristotélicien vertueux est celui qui reconnaîtra ses fautes et demandera le pardon à ses pairs par la confession. La confession sera expliquée dans le troisième volet de cette pastorale.

Les douze préceptes de Saint Benoît

1/ Un seul Dieu tu adoreras et aimeras parfaitement.
2/ Son Saint Nom tu respecteras, fuyant blasphème et faux serment.
3/ Le jour du Seigneur garderas, en servant Dieu dévotement.
4/ Tes père et mère honoreras, tes supérieurs pareillement.
5/ Meurtre et scandale éviteras, haine et colère identiquement.
6/ La pureté observeras, en tes actes soigneusement.
7/ Le bien d'autrui tu ne prendras, ni retiendras injustement.
8/ La médisance banniras, et le mensonge également
9/ En pensées, désirs, veilleras à rester pur entièrement.
10/ Bien d'autrui ne convoiteras pour l'avoir malhonnêtement.
11/ Foi et raison te guiderons simultanément.
12/ Seuls Aristote et Christos tu loueras, évitant les faux prophètes.

Saint Benoît, patron des clercs et du monachisme




Ces cours ont été réalisé par feu Éminence Pouyss et retravaillés à Rome par le vice-préfet à l'Enseignement, le père abbé Zabouvski


Citation:
Aspect 1 : Les Vertus et les Préceptes de Saint Benoît

  1. Grâce à quel don de Dieu sommes-nous capables de distinguer ce qui est bien de ce qui est mal?
  2. Quel nom donne-t-on à la bête maudite qui répend le mal sur la surface de la création?
  3. Se suicider est contraire à laquelle des 7 vertus prêchées par l'Église Aristotélicienne?
  4. Combien y a-t-il de préceptes de Saint Benoît. Faut-il absolument tous les respecter?


Mais déjà, son double maléfique lui soufflait à l'oreille "Elle ne durera pas, cette petite, elle mourra vite. Au prochain hiver, elle trépassera de froid et de faim... tu perds ton temps !"

Automatiquement, Constantin répondit à voix haute :

C'est ce que l'on verra.
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Vous avez une idée de Rp, mais personne pour jouer avec vous ? --> MP
Minah
La Minah loucha sur les feuillets qu'on lui tendait.
Avec le plus grand sérieux, elle les attrapa, et fit mine de se plonger dedans.
Rougissant violemment, elle n'osa pas croiser le regard de l'Archidiacre.
Il souriait... Il devait savoir que... Oui, c'était sûrement ça. Pour la punir de ne pas avoir pris l'arbalète.
Et il se moquait d'elle. Il voulait qu'elle se ridiculise.

Comme elle ne pouvait faire autrement, elle leva le nez de la pile de papier et avoua.


Je... chuis d'solée... Euh... Chais pas lire.

Puis, fronçant les sourcils :

M'seigneur ? Qu'est-ce qu'on verra ?
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Constantin
Par Aristote ! J'avaizoublié !

Oui, c'était vrai. Il avait oublié ! Trop habitué à ce geste mécanique qu'était la pastorale, peut être ? Il sourit à la jeune Minah, qui semblait toute gênée. Lui apprendre à lire ? Cela entrait parfaitement dans le cadre de ses fonctions ! Education, protection, aide...

Et puis, une âme aussi pure pourrait bien lui servir un jour ou l'autre. Autant qu'elle sache lire, et écrire. Cela pourrait être fort utile ! Comment apprenait on à lire, au fait ? Il n'en savait rien, dilettante qu'il était, et apprendre à lire au pauvre, n'était ce pas une occupation de riche instruit ? Ha, que la vie était belle, parf
ois.

M'seigneur ? Qu'est-ce qu'on verra ?

Mais de quoi parlez vous, ma soeur ? Allez, penchez vous sur les feuilles...

Aurait il parlé à voix haute ? Il devait faire attention !

Ce que Minah devait prendre pour une sorte de tare chez elle, était en fait une bénédiction pour lui ! Un moyen de se prouver à lui même qu'au fond, tout n'était pas si mauvais, chez lui, homme de Dieu.


Allons, ce n'est pas grave. Connaissez vous ce que nous autres gens de culture nommons "Alphabet" ? Ou lettres ?
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