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[RP Ouvert] les murmures

Thraune


L'on dit que la rédemption peut être accordée aux méritants, grâce à leurs bonnes actions, leur bonté et bien évidemment grâce à quelques écus donnés sous cape. Certains passent ainsi leur vie dans le vice, puis, sentant le vent tourner... se répandent en bonnes grâces. C'était ainsi que Thraune comptait vivre. Profiter d'une longue vie libre et bien remplie... sans que quoique ce soit ne vienne troubler sa conscience. D'ailleurs, en avait il une? Probablement, mais à un degré moindres que le commun des mortels. Il pouvait être généreux un matin et d'une cruauté sans limites le soir venu. Il y avait bien évidemment une cause à ces changements fréquents de personnalité. Le jeune brigand était devenu marchombre... mais le marchombre s'éloignait peu à peu de l'harmonie de la voie qu'il avait choisit. Le chaos l'attirait irrémédiablement. Pervertissant le peu d'humanité qu'il lui restait.

[Des années plus tôt]

Le temps s'était comme arrêté autour de lui. Les derniers chants entonnés par les oiseaux s'étaient tu alors qu'il pénétrait dans son tombeau. Le tombeau de Korrigann. Fougueuse blonde au regard acier. Acrobate de génie et habile lanceuse de dagues qu'elle cachait en divers endroits de sa personne.

Mais elle était morte.

Il la revoyait quelques années plus tôt, alors qu'elle cherchait à regrouper des hommes aux talents particuliers pour fonder sa propre compagnie. Il la revoyait jongler avec ses lames pendant qu'elle lui proposait de la rejoindre. Il observait alors une déesse... et son ballet incessant, languide qui l'avait tant intrigué. Une danse mortelle. Par une déesse de la mort

Mais elle était morte.

Quelques semaines plus tard, la mort d'une pirate, son amante, tuée par Korri pour une raison qui lui échappait. Le gris s'était vrillé dans le gris, pour chercher une réponse qu'il n'obtint jamais, et qu'il ne voulait pas obtenir. Il l'aimait à sa manière. D'un amour indéfinissable, que la mort elle même n'avait pu emporter, n'avait pu consumer.

Mais elle était morte.

Des mois passèrent, des années même. Et jamais la déesse n'avait quitté ses pensées. Ils s'étaient retrouvés, pour quelque temps. Renouant les liens qui n'avaient jamais été rompus. Retrouvant son intégrité. Elle n'était ni son amante, ni sa soeur, ni son amie. A ces yeux cet amour était le plus poétique qui soit. C 'est à dire celui que l'on ne peut expliquer... que l'on ne veut expliquer. Jamais il n'avait ressenti le besoin d'unir son corps au sien, ni celui de poser genou à terre pour lui demander sa main. Telle n'était pas la voie qu'il avait choisit. La voie du marchombre. La liberté.

Mais elle était morte.

Et pour la dernière fois, il se tint devant elle. Auprès de son tombeau, de nombreux présents avaient été posés. Mais le marchombre souhaitait lui rendre un ultime hommage. Il avait attendu que les lieux soient déserts pour revenir avant que son corps ne lui soit pour toujours inaccessible. Son impassibilité coutumière disparut lorsqu'il la contempla à nouveau.
Elle était si belle... si parfaite. Il pouvait encore sentir l'aura de sauvagerie qui se dégageait d'elle. Revoir la danse mortelle qui animait ses lames lorsqu'elle les maniait. La perfection de son corps lorsqu'il s'animait. Alliant une souplesse quasi féline à quelque chose d'indescriptible et d'unique qu'elle seule possédait. Mais une déesse est toujours unique.

Le marchombre ne put se résoudre à l'abandonner ainsi. Une part de lui était morte avec elle. Ce qu'il projetait de faire n'était que pure folie, mais à situation désespérée, actes désespérés... Et le jeune marchombre l'était indéniablement. Aucune émotion sur son visage. Car on est pas ému quand on est mort. Juste de la détermination froide et brutale qui l'animait pour mener à bien le projet insensé qui l'habitait depuis peu.

Disposant autour de lui 12 bougies, il les alluma, plaçant en son centre une coupe vide. Une lame quitta son fourreau dans un chuitement, éclairant brièvement le sombre tombeau d'un éclat argenté. Ce fut rapide. Le sang coula dans la coupe. Thraune arracha un pan de sa cape pour panser la plaie. Se vider de son sang ne lui était d'aucune utilité après tout. Le guerrier porta le goulot de l'outre à vin qu'il avait apporté à ses lèvres et en vida une bonne partie avant de répandre le reste de son contenu dans la coupe à moitié pleine de son sang. La langueur le gagna peu à peu. Le sang qu'il avait perdu et le vin qu'il avait ingurgité y était pour beaucoup... C'est dans un état second qu'il entreprit de commencer le rituel. Vendre son âme au Diable.

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--Azazel_al_marid


Les sables... le Sablier... grain à grain, tombent les heures et les années. Sous le Désert, depuis quand est-il prisonnier? Enfoui au plus profond, déchu de tout espoir de Ciel, au seuil infernal du tourment implacable de l'Ombre Éternelle...

Il est celui qui montre les chemins interdits, les lieux refusés, nul même le Très Haut qu'il n'ait défié. Esprit sulfureux de l'incontrôlable, Démon... Artisan du prélude à toute destruction. Un feu acide suant de sa respiration. Il est le pourpre que ne masque aucun fard, il est le Rubis qui brûle au fond des regards. Il est là, l'Ange déchu, mauvais génie, en qui sommeillent tous les avatars du déni.

Aux routes de sa propre existence,
Sans cesse il arpente,
Seul, en silence,
en attente...
de pitance...

Faibles, les Hommes sont faibles... et pourtant de Lui, restent le favori. Du fond de sa prison, opine un sourire en dénégation. Même le Très Haut se perdra à pardonner à cette engeance-là. Démon oui... mais quoi de mieux que le cœur des Hommes pour se nourrir? Faiblesse si facilement qui chavire...

Un coup d'épaule, sur les barreaux de sa geôle. Inutile... affaiblis par l'empreinte de la mort, mais solides encore... Pour l'instant... Le Démon sourit, bientôt sonnera son heure, bientôt, oui, bientôt, il s'abreuvera d'une rivière de pleurs. Réprime un sinistre ricanement, langue qui passe, à l'aiguise de ses dents. Patiemment, il s'étire, se prépare, l'appétit qui promet de festoyer, ce soir, déjà se brêche l'âme d'un voile noir.

Carnasse qui siffle des abîmes, au souffle imprécis d'un murmure
"Je suis la flamme qui consume ton armure, je suis l'ichor qui suinte de tes blessures!
Ose, Mortel! ose l'abandon, ose à m'offrir ton âme et ta raison!
Ose la folie de vibrer à mon diapason,
Ose venir danser sur ma chanson..."
Thraune
Dans un murmure presque inaudible, le marchombre récita les paroles rituelles. Il n'en existait pas d'authentiques, il fallait seulement le vouloir. Les mots n'étaient que l'expression de cette volonté, et celle du guerrier maure était incommensurable. Il savait ce qu'il faisait, il savait ce qu'il troquerait, et si le démon était bel et bien invoqué, il ne se laisserait pas abuser avant d'avoir obtenu ce qu'il voulait. Marchombre, il l'était, l'un des derniers maîtres, adepte de la liberté, de la poésie et du culte de l'Ombre. Telle était sa voie. Et s'il était aisé pour lui de triompher des hommes, il s'apprêtait à franchir une limite. Jamais aucun texte, aucune rumeur ne lui était parvenu selon laquelle un homme aurait triomphé d'un Démon. Il s'agissait là d'un point de non retour qui lui interdirait la rédemption.

Les mots furent prononcés... et à peine avait il terminé l'incantation qu'il savait déjà avoir réussi. Le temps s'était à nouveau arrêté autour de lui, et son coeur... habituellement si calme, si lent et si profond avait gagné en intensité, tambourinant contre sa poitrine. Mais il n'en avait cure. Il avait fait le bon choix.

Azazel.

"Un choix est une porte, et le marchombre choisit toujours portes qu'il franchit."
Les enseignements des maîtres marchombres étaient ancrés en lui, et aujourd'hui plus que jamais, il allait en avoir besoin.


Le maure avait invoqué le démon qui sommeillait sous les sables de sa contrée. C'était celui qu'il connaissait le mieux, pour peu que l'on puisse vraiment connaître un démon... Mais il y avait toujours un fondement à toutes les superstitions, et ce sujet avait toujours éveillé la curiosité du guerrier qui s'était penché dessus avec une soif inétanchable de connaissance.

Les chandelles furent soudainement soufflées par un imprévisible coup de vent. Le marchombre esquissa un sourire énigmatique. Lui qui mettait un point d'honneur à ne pas suivre le mouvement allait à présent commettre la pire ignominie qui puisse être perpétrée. Pactiser avec le Diable.

Se redressant souplement, il se dirigea vers le corps inerte de Korrigann, qu'il prit grand soin de mémoriser. Elle semblait si tranquille... on aurait pu la croire endormie. Mais elle était bel et bien morte. Même s'il échouait, il aurait tout fait pour elle, pour pouvoir contempler à nouveau la déesse aux dagues si acérées qui éveillait en lui plus d'émotions à elle seule qu'il n'en avait connu durant toute sa vie.


Lentement, comme à regret, il se détourna de la belle, sans pour autant s'en éloigner. Des yeux, il cherchait ce qu'il ne pouvait voir. Le Démon.

"Percevoir le temps n'est que le premier pas, un pas que le marchombre effectue avant de passer au suivant : utiliser le temps".

Le Démon était présent... il le sentait, même s'il ne pouvait le voir.

Nous y voilà... murmura t'il, sans l'once d'une peur dans la voix.
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--Azazel_al_marid


Bougies qui s'éteigne au souffle improbable d'une brise à la traverse de l'espace et du temps. Quelque part aux vents lointains, le Simoun balaye les contrées de son souffle brûlant. Quelque part au fond d'une âme, s'ouvre un regard incandescent. Démon lentement qui s'éveille, répond à cette volonté qui l'appelle, flotte à l'incarne l'Esprit d'Azazel.

S'en renifle d'une volonté... solide, emprunte d'ombre et de passion... faible et naïve, à l'usure de ses fondations... Sourire de prédateur devant un met délicat. Celui-là possède la force de ses choix... que de sang et de malheur il répandra!

Démon qui s'éveille, oui, sans explosions ni fumée, non... s'éveille à l'appel d'une âme, déjà se tient à ses côtés... Passager Ombrageux, l'autre présence, le sinistre intangible caché au ténèbres des présences. Il suit le mouvement de l'Homme, son regard, contemple au travers de ses yeux la blonde gisant, le teint blafard. Il sent s'agiter les souvenirs du Maure, s'attiser feu de mort, il sent les plaies du désir que ne cicatrisent aucun remords.


Nous y voilà...

Des mots, un murmure délivrant les intonation de la voix. Une voix, d'où le Démon s'exprimera. "Nous"... l'Esprit qui saisit déjà où trouve ce qui ne peut être-là... Des mains qui ne sont siennes, il les contemplent instant, s'explore se corps où il s'insinue lentement. S'exerce au visage une expression nouvelle, non vraiment le posséder, juste s'en servir de passerelle...

Que cherches-tu, Fils des Sables?

Un même timbre, pourtant quelque chose de plus rocailleux, plus ténébreux. Au creux de l'âme, à l’émergence des abîmes, le Feu des Enfers peu à peu qui s'anime.
Thraune
Un frémissement, presque imperceptible, parcourut la grande carcasse du maure. Ses sens aiguisés ne le trompaient pas. Et si l'Ombre restait invisible, sa présence n'en était pas moins écrasante, à tel point que lui, le géant, se sentait dérisoire. Qui était il pour penser pouvoir obtenir ce qu'il voulait d'un Démon majeur? Seulement le colosse avait une monnaie d'échange. L'on disait que le tourment éternel était la plus grande récompense à laquelle pouvait aspirer un Démon. Et le guerrier venait lui proposer une âme à tourmenter, la sienne.

Le marchombre se sentait examiné... comme si la créature infernale évaluait la marchandise. Elle ne serait pas déçue. Le guerrier ne se connaissait aucun rival parmi les hommes, et nul doute que le Démon souhaiterait en tirer en profit. Une enveloppe charnelle quasi titanesque et des prédispositions peu communes pour donner la mort.


Que cherches-tu, Fils des Sables?

Une voix sinistre, inhumaine qui semblait émaner de... Lui même? Il ne pouvait croire qu'il était déjà à sa merci. Après un bref instant d'hésitation, le Marchombre se ressaisit. Il n'avait pas oublié pourquoi il en était arrivé là. Alors qu'il s'apprêtait à prendre la parole, la vision de Korri s'imposa à nouveau à lui. Ils étaient au repaire... lui était le maître d'armes et elle l'observait alors qu'il entraînait les recrues. L'une d'elle ne se pliait pas à ses ordres... le colosse s'apprêtait à l'abattre froidement, mais, avant même qu'il ait pu esquisser le moindres mouvements, deux lames scintillèrent brièvement avant de retomber, promesse de mort. promesse tenue. La pauvre recrue était morte avant d'avoir touchée le sol. Et le guerrier, subjugué, contemplait la belle essuyer ses poignards sur le corps sans vie de sa victime. Une artiste de la mort.

Pourquoi songeait il à cela? Etait ce pour lui rapeler ce qu'il avait perdu... ce qu'il pouvait retrouver s'il satisfaisait les désirs de la bête? Les mots étaient inutiles... le Démon savait tout. Il ne lui restait plus qu'a attendre le prix proposé par le marchombre... avant de s'emparer de lui.

Une pensée en entraînant une autre... Il ne put s’empêcher de songer au mal qui déferlerait si le Démon le possédait. Les victimes dont il avait déjà arrêté de tenir le compte en deviendrait innombrables. De futurs corps sanguinolents , blessés, démembrés, souillés, tourmentés jusqu’à ce que leur lente agonie finisse par lasser leur bourreau, mettant ainsi fin à un supplice d'une cruauté dépassant l’entendement..

Serait il capable de supporter cela? La condamnation de son âme impliquerait l'impossibilité de se voir accéder à la rédemption. Même s'il arrivait à chasser le Démon, ce qui était inenvisageable, car s'il n'était pas faible il n'en restait pas moins mortel.
Son regard aux reflets gris aciers contempla à nouveau le corps de la belle. Il avait sa réponse.

Mon âme... pour sa vie. Tel sera mon Prix.
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--Azazel_al_marid


Étranges jeux d'ombres qui se jouent d'entre les brumes de l'obscurité. Le Démon sent à sa langue, goût de vin et de sang mêlé. Un goût, chargé de souvenirs, au poids du passé. Ses mains, il les revoit, autour d'une gorge, étranglement serré. Il entend siffler le trait d'un archer, il revoit le berceau de ses origines, s'effondrer... Au bout des pieds, les innombrables lieues parcourues, au ventre une rage bouillante, des lames cruelles en guise de vertu. Le Démon à l'arpente des allées du Temps, à chaque mémoire, s'insinue lentement, insidieusement. Il revoit la Blonde, ses dagues virevoltantes, l'absence tracée d'une douleur pesante.

Mon âme... pour sa vie. Tel sera mon Prix.

Rubis ardents, regard flottant, d'entre passés, présents et avenir, Azazel rode, renifle, respire, à l'explore de chaque secret, avant de choisir. Noirceur qui s'offre sur plateau d'argent, l'âme sombre, le corps puissant, qui s'offre à devenir l'instrument. Démon qui réprime un ricanement. Vraiment, vraiment intéressant... Pauvre mortel, si fort, mais si ignorant... Et pourtant... Déjà à s'installer insidieusement, le Démon n'est encore le maître... pour l'instant... pactiser l'échange, négocier le pouvoir... imposer sa présence, au meilleur marché, pour encore plus de souffrances...

Ce sont là des termes équitables... Mais je suis Azazel! Le vent aride qui dessèche les cœurs, je suis le Marid de l'océan de poussière... Et je ne suis pas vraiment connu pour mon équité!

Pourtant, malgré le grondement sourd que sa voix résonne aux voutes sépulcrales du tombeau, le Démon réfléchit, au choix proposé, et surtout à l'ordre des mots. Qu'aurait-il à se satisfaire d'une seule âme quand sa déterminations pourrait lui en rapporter des légions? Une marionnette... choisir précisément ses fils... instiller son venin, jusqu'à empoisonner la marque d'Ellundril...

Le Choix des mots, oui, première source du pouvoir, celui qu'on offre au Démon, peut-être sans le savoir...


Mais soit, Marchombre, j'accepte ton prix. Ton âme... contre sa vie...

La Blonde déjà semble se relever, comme quittant une profonde léthargie. Sa longue chevelure, ondulant d'or et de minuit, Elle se relève, oui, Elle lui sourit, allure évanescente, le contourne sans un bruit, le détourne déjà de ce qu'il s'est promis. Flottant, de cette apparence des premiers jours quand il l'avait rencontrée, la main tendue, comme pour l'inviter.

Aura-il le courage de voir au delà des jeux du Démon? Comprendra-il l'essence de cette illusion? Perçoit-il au fond de chacun de ses souvenirs, Azazel puisant de quoi la nourir? Une illusion, oui, pour prix du marché... Le Marchombre avait demandé sa vie, non de la ressusciter... Sa vie, elle se tenait là, presque matérialisée, empreinte de tout les instants qui l'ont jalonnée, tout ce que le Maure a pu en conserver, en espérer. Elle est là, oui, attirante, irrésistible, à l'envie de croire, même à l'impossible...


Scelle notre pacte et saisis-là!
Ainsi sa vie sera tienne, et ton âme sera mienne!


L'impossible... Dans son dos, la Blonde de fait, est toujours allongée sur son lit de mort, le silence et la glace figeant à jamais son corps. C'est au Très Haut qu'il aurait fallu demander grâce d'une résurrection, fol que de l'espérer en faveur d'un Démon... Mais le mirage est tenace, semble si vivant, si vrai, au fond du regard, bien plus que le passé d'un reflet... Qu'il vienne à succomber, à céder, à croire ce qui ne peut être vrai... Qu'il se perde une seule fois dans l'illusion, et s'enchaine à jamais en esclave du Démon...
Thraune
Se déplaçant à pas lents, le guerrier quitta l'autel où était déposé le corps de la déesse. Il se sentait soudain très las... très lourd et ses jambes peinaient à le porter. La présence du Démon l'écrasait, mais son esprit gardait tout de même son acuité. Pour duper un marchombre, être un Démon maître en fourberie n'était point de trop. Si l'Harmonie s'opposait encore au Chaos, c'était parce que ses adeptes ne s'éloignaient jamais de la voie. Le chaos mentait, trompait, brutalisait, enchaînait... mais les marchombres restaient insaisissable et leur propre foi intarissable.

Ses sens lui criaient de renoncer à cette folie. Le Pacte n'était pas encore scellé, il était encore temps... mais le marchombre était déjà décidé avant d'entamer le rituel. Il avait commencé, il finirait. Fermant doucement les yeux, il se força à chasser l'image de ses confrères, pour ne point renoncer à ce stade critique, à cet instant où tout les possibles convergeraient soudainement et où son âme lui serait arrachée sans qu'il ne puisse lutter pour la défendre.


Ses yeux s'écarquillèrent alors que devant lui, une silhouette fine et élancée s'animait soudainement. L'éclat sauvage de son regard, sa chevelure or qui semblait capter les rayons du soleil, sa grâce féline et son regard acier... Korrigann. La déesse.
Alors même qu'il se déplaçait vers l'apparition, levant déjà la main pour effleurer ce visage tant aimé. Le marchombre, stoppa sa progression. Son regard gris perçant scrutait la jeune femme d'un air méfiant. L'air empestait la trahison.


Pourtant elle semblait plus vraie que nature, conforme à ses souvenirs et à ses attentes. Son maintien assuré, son regard pénétrant... pourquoi ce doute qui s'insinuait en lui subitement, alors qu'il allait réaliser la seule chose qui lui tenait à coeur? Le sixième sens du machombre. Il sentait que le Démon se jouait de lui. Et si le maure avait survécu si longtemps, c'était bel et bien grâce à ce sixième sens qu'il appelait son instinct.

Ses lames chuintèrent en quittant son fourreau alors qu'il se retournait vers l'autel où la belle était toujours étendue, inerte. La bête sans coeur et sans âme s'était cruellement jouée de lui. S'il ne s'était fié à son instinct, il serait déjà en son pouvoir sans avoir pu réaliser son voeux le plus cher.

Quelle traîtrise est ce là, Démon? Hurla t'il dans les ténèbres du tombeau de Korri. Brandir ses armes était un acte futile face à une telle puissance. Il dut soudainement les lâcher, haletant, alors qu'une douleur fulgurante s'insinuait dans son crâne. Il tomba à genoux tant la douleur était intense. C'était comme si un crochet chauffé à blanc fouillait son crâne, le réduisant à l'incapacité par la force brute et sournoise du Démon majeur.

Le vide, il devait faire le vide... penser à la voie, penser à son enseignement. Il essayait en vain d'accéder à ses souvenirs alors que son être tout entier, son âme était malmenée sur le sol marbré du tombeau.

"Le regard d'un adversaire est pareil à un piège. L'éviter est plus facile que s'en extirper quand il s'est refermé sur toi. Un marchombre ne tombe pas dans un piège. Ni ne se laisse piéger par un regard"

Le marchombre avait été piégé, mais la voie ne laissait pas sans défenses. Le Pacte n'avait pas été accompli, et si le Démon avait réussi à pervertir une partie de son âme, il lui restait une part d'humanité à sauvegarder du mal.

"Si un marchombre est mouvement, il peut être absence de mouvement. Ombre et lumière, action et inaction, jaillissement et immobilité."

Sans aucun signe avant coureur, le marchombre s'effondra sur le sol, simulant l'abandon totale à son persécuteur. Le laissant libre... en apparence... de conclure le Pacte sans respecter sa part du marché.
Thraune ne se faisait pas d'illusions. Il en ressortirait changé, profondément instable et la partie de lui qu'il laissait à la merci du Démon devrait être combattue jour et nuit pour qu'il puisse conserver le contrôle de lui même... Mais pour l'heure... faisons le mort. Sans le Pacte, le Démon devrait face à la voie.

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--Azazel_al_marid


Presque! Presque il était sien! Presque! Démon aurait été seul maître de son destin! Mais le Marchombre, quelque chose qui le retient, un souffle qui le repousse de l'emprise de sa propre fin... Refusant le Pacte, l'instinct qui se rattrape, Démon qui fulmine à proie qui lui échappe! Ses dagues! qu'est-ce qu'il espère? Devrait s'éventrer lui même pour le renvoyer aux Enfers! Il l'avait invoqué, laissé la brèche ouverte, Démon s'était insinué, à tous les détours de cette âme offerte...

À genoux!

Azazel resserre son emprise à l'implacable d'un étau, fouraille les pensées du Maure à leur briser les os. Ils luttent, parmi ses souvenirs, mais le Démon manipule, remonte et entremêle chacun de ceux où le Marchombre a pu souffrir.

Douleurs!

Vécues, imaginées, refoulées, toutes s'imprégnant comme le tranchant d'une épée. Cette âme qui refuse à se livrer... de l'intérieur de son corps, de son être, la malmener, la tourmenter. Le pousser toujours au plus profond de l'abîme de sa défaillance, déjà le Marchombre baisse sa garde en perdant conscience! Fulmine mais jubile, toute cruauté dehors le Démon plonge, les barrières du Maure s'abaissent et le livrent au mal dont il le ronge...

Choc!

Impact violent! Aux âmes d'un bruit assourdissant... Celle du Marchombre qui gît, livrée à lui, pourtant n'arrive plus à l'atteindre! Le Démon hurle de colère que rien ne peut éteindre! Quelque chose qui le repousse, barrière qu'il ne peut enfreindre... À chaque nouvelle ruade, quelque chose qui un peu plus l'éblouit... Tinte dans l'air les échos d'une vibrante Harmonie...

"J'avance au monde d'ici bas, le Paradis à droite du chemin, l'Enfer à gauche de mes pas... Et l'Ombre de la Mort marche derrière moi..." Une voix... une Voie... Lentement, le Démon vient à comprendre... n'est pas de l'âme du Marchombre qu'émane cette aura à le défendre. La marque d'Ellundril, l'harmonique de l'équilibre... une force, de marche et d'errance, toujours oscille la balance, mais jamais vraiment ne penche...

Titanesque!

Tout en Chaos et Douleur, Azazel lutte et ne se laisse repousser. La Voie non plus ne peut l'atteindre sans Pacte scellé. Pourtant rage le combat pour le Maure, moins cette fois pour son âme que le contrôle de son corps. Contrôle qui passe, se perd, soubresauts et convulsions le font rouler sur les pierres, l'âcre sueur des champs de batailles qui surcharge l'atmosphère... Jamais le Chaos ne faiblit! Non, jamais! Tant qu'il y aura le Jour, il y aura la Nuit!

Un main?!

Douceur en grâce à la puissance de l'airain... Qu'est-ce là, soudain, qui le retient, qui se referme sur son poing? Regard éberlué du Démon, face à face à sa propre illusion... La Blonde, qui lui esquisse l'énigme d'un sourire... C'est donc ainsi qu'il l'aimait au fond de ses souvenirs?.... Quelque chose... imperceptiblement, qui l'aspire...
Surpris, le Démon s'est laissé détourner... de l'instant fatal, celui de succomber...

Non!

Le mirage de la Blonde, s'en diluant jusqu'à l'envelopper, barreaux d'une cage qui vient à s'entretisser. Le Démon perd terrain, mais continue de s'agiter. Détermination profondément ancrée... au Marchombre qui l'a appelé... sa Voie, dédales qui le retienne prisonnier... Mais tant que ne s'accomplira le Pacte, rien, non, rien ne pourra le conjurer...

Et le Démon sait s'armer de patience... s'étire en faisant le tour de sa nouvelle cellule, au fond du Maure et sa conscience...
Opaque... oui, rien pour l'instant, ne vient plus à percer... Étrange rictus pourtant, que Démon vient à esquisser...
Il n'est de chaînes, qui finissent un jour par tomber... Un jour, oui, un jour, le Marchombre viendra à se rappeler...

Prenant ses aises comme en nouveau chez-soi, loin d'être vaincu, Azazel sourit tout bas,

"La meilleure ruse du Diable fut de laisser croire à tout le monde qu'il n'existait pas"...

Et dans un souffle... on l'oublia...
Thraune
Revenant peu à peu à lui, allongé sur le sol glacé du tombeau, le maure peinait à reprendre ses esprits. Il se sentait comme amputé d'une part de lui même. "Moindres mal" songea t'il à tort en se redressant péniblement. Il ne se rendait pas encore compte à quel point il se trompait. Le mal sommeillait, faisait le mort pour s’éveiller au moment propice... une ruse qu'employait couramment les marchombres. A tel point qu'il ne songeait pas un seul instant à ce que le Démon puisse user de cet artifice. Sa présence écrasante s'était réduite à l'indécelable et mêmes les sens aiguisés du marchombre ne pouvaient le percevoir. Un seul constat éveilla ses soupçons toutefois. Difficile de ne pas se rendre compte du vide qui s'était créé. Thraune ne pouvait s'en prendre qu'à lui même, il avait délibérément laissé la bête s'emparer de lui, comptant sur l'intervention d'Ellundril qui l'avait soutenu jusque là.

Naif, orgueilleux, impatient... la description n'était guère flatteuse mais elle lui semblait la plus appropriée le concernant. Et le géant n'était pas du genre à se mentir à lui même. Se voiler la face n'était pas bon pour la survie, et rien n'était aussi important aux yeux marchombre que sa propre survie. En poussant un soupire funèbre, il récupéra ses dagues qu'il rengaina. Téméraire aussi... et impuissant. Jamais pareil sentiment d'impuissance ne l'avait saisit, il avait été à sa merci et s'il avait renié la voie, jamais il ne s'en serait si bien sorti. Il pouvait tout de même se féliciter d'avoir détecté la supercherie, et la foi qu'il portait à la voie en sortait grandit. Il se fit la promesse intérieure de l'arpenter le plus longtemps possible afin de ne pas réitérer cette erreur.

Les épaules voutées sous le signe de la défaite, il s'apprêtait à quitter le tombeau. Korri ne s'éveillerait pas. Aristote n'avait répondu à son appel, probablement à cause de son passé douteux. Et le Démon majeur avait tenté de l'abuser. Il se tourna une dernière fois vers la belle, le regard infiniment peiné, puis quitta la dernière demeure de la fougueuse blonde, sans se retourner. Après avoir été si longtemps dans l'Ombre... dans tout les sens du termes, le colosse fut momentanément aveuglé par les rayons du soleil. Il avait du rester inconscient longtemps , car la nuit était à peine entamée lorsqu'il avait franchit les portes du tombeau. Et à présent le soleil était déjà haut dans le ciel. La caresse du vent sur son visage tourmenté fut salvatrice, et il resta un long moment à savourer ses bienfaits.

Allait il reprendre le cours de sa vie? Répéter et perpétrer les mêmes ignominies? Vivre au gré du vent, libre et insouciant? Il devait bien cela à Ellundril. Sa dette était marquée au fer rouge. Oui, il allait à nouveau chevaucher la brume, à l'écoute des conseils prodigués par la voie. Il n'oublierait jamais Korri. Où qu'elle soit ...certainement pas au Paradis... Il la rejoindrait. Mais il était en vie, alerte et sortait grandit de cette expérience éprouvante et avait amplement le temps.

Adieu Korrigann.

Il était loin de se douter, qu'un jour, le Pacte le rattraperait.
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Thraune
Quelques mois passèrent... où le marchombre resta dans l'Ombre, se laissant guider par les murmures du vent, se laissant effleurer par ses caresses, et s'imprégnant de sa sagesse. Quelle sagesse le vent lui soufflait? Il lui apprenait à être de nouveau libre. Rien n'était plus libre, plus insaisissable que le vent. Insoumis, indompté, indestructible. Libre. Les enseignements de la voie était construit autour du vent, de la brume, de l'ombre, de la poésie, de la mort...et de la liberté. Jamais le guerrier ne s'était sentit aussi bien... goutant à cette saveur indescriptible que lui avait offert la voie pour son Choix. Il ne regrettait rien. Sa tentative avait été un échec cuisant et un souvenir douloureux lorsqu'il avait cru avoir réussi pour se rendre compte quelques secondes plus tard que tout cela n'était qu'une illusion. Tout, sauf ce Démon qui l'avait possédé, réduit à l'impuissance, pour finalement s'en aller, chassé par une culture qu'il ne pouvait comprendre. Une culture qui avait sauvé le marchombre. La voie.

Alors qu'il contemplait à ses pieds la ville de Cahors où le vent l'avait guidé, le guerrier leva son visage au teint mat. La minuit était passée depuis un moment et la Lune, Astre divin échappant à la compréhension des mortels, le baignait d'une douce lueur. L'hommage aussi sincère que silencieux qu'il lui rendit fut interrompu par un bruit de pas dans les fourrés. D'un mouvement fluide, presque reptilien, le guerrier tira sa lame dans un chuintement étouffé par la rapidité du geste. Les jambes légèrement fléchies, sa lame en garde basse et le regard scrutant les fourrés... il respirait le calme, la confiance et l'immobilité... une immobilité qui n'était qu'un leurre, car au moindre signe suspect, au moindre danger, son corps tout entier s'animerait. Le bruit de pas s'intensifia et les sens acérés du marchombres purent en déchiffrer quelques indices. Le pas était lourd, un Homme. Pesant, un Colosse. L'inconnu ne se donnait guère la peine de passer inaperçu... Et le raclement que produisit son arme en quittant son fourreau ne laissait aucun doutes quant à ses intentions.

Un rictus de mépris naquit sur le visage du marchombre. Alors qu'il s'avançait vers les fourrés, un sifflement strident vint heurter l'ouïe affinée du guerrier. Il n'eut que le temps de se jeter à terre en poussant un juron étouffé.. pour se relever souplement face à cet adversaire plus discret. Le poignard destiné à lui faire mordre la poussière n'avait fait que l'effleurer, mais il avait perdu le sien pour éviter de se blesser en roulant au sol. Les bruits de pas s'accentuèrent à nouveau et la silhouette imposante d'un homme au moins aussi grand que lui, si ce n'est plus, jaillit de l'ombre, une hache d'armes entre les mains. A sa manière de se tenir, de balancer sa hache d'un air menaçant, le marchombre sut que son véritable adversaire était le lanceur de dague. Toujours invisible et donc infiniment plus dangereux.

Sans cesser de prêter attention aux sons alentours afin de prévenir une nouvelle tentative de l'inconnu, le guerrier se dressa pour affronter le colosse.

"L'erreur est de croire que le marchombre à besoin d'une arme. le Marchombre est une arme."

Le colosse levait à peine sa hache lorsqu'il entra en action. Il avait choisit le dernier moment. L'instant où convergent tout les possibles, l'instant que peuvent déceler les guerriers d'exceptions. Son bras se détendit pour stopper celui armé du colosse avant qu'il n'abatte sa hache alors qu'il le frappait du tranchant de sa main libre à la gorge. La trachée enfoncée, son premier adversaire s'effondra. Mort avant d'avoir touché le sol.

Se retournant avec circonspection, sans plus de considération pour le cadavre, le guerrier avisa le petit homme qui se tenait non loin de lui. A en juger par la discrétion avec laquelle il s'était glissé derrière lui pendant le combat. Il ne pouvait s'agir que du lanceur de dague.
Le marchombre tira son épée et se rua vers lui. La rapidité avec laquelle le petit homme réagit le laissa sans voix, mais il ne marqua aucun temps d'arrêt. Lorsqu'il arriva sur son adversaire, celui ci se tenait prêt au combat, un poignard dans chaque mains.

Avant que le guerrier ait pu esquisser la moindre attaque, le petit homme entra en action. Si vif que la réalité s'imposa à lui. Se pouvait il qu'il se tienne face à un marchombre?
Mais le poignard qui visait sa gorge ne fit que l'effleurer, tout comme la jambe qui visait son genou. Thraune était invaincu.

"Temps fort, temps faible"

C'était la clef.

"La rapidité ne sert qu'à ouvrir la porte vers le temps, l'agilité à s'y engager, la souplesse à y rester. le temps est tout. Se trouver au bon endroit au bon moment, frapper ni trop tôt ni trop tard. Vivre son temps et voler celui de l'adversaire."

Le petit homme était plus rapide, plus agile, plus souple que lui, mais Thraune était dans le temps. Totalement.
Le premier poignard fut dévié par la lame du guerrier tendit que le second était esquivé d'une simple torsion de buste. Il fit décrire à son arme un arc mortel pour que l'adversaire se focalise sur l'épée et frappa une fois. Au plexus solaire. Puis en seconde fois avec la même violence, à la tempe.

L'inconnu s'effondra, inconscient. Mais en vie. Car il avait quelques réponses à fournir avant sa lente agonie.

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