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[RP] Rivet - Au fond du Prieuré : Le confessionnal

Kronembourg
[ Marmande, Prieuré Sainte Illinda du Rivet ]


C'était reparti pour un tour.
Après l'incroyable succès des " Mercredi-confessions " organisés l'été dernier - Trois pécheurs dans la journée dont un marin et un Gascon, ce n'était tout de même pas rien - le Veilleur du Prieuré Sainte Illinda du Rivet était à nouveau prêt à venir en aide à ses paroissiens en se mettant à leur écoute, prêt à leur accorder le pardon et le réconfort dont ils auraient besoin.

C'est donc plein de bonnes intentions ( manifestes ) qu'il fit venir son ami Nestor à l'intérieur du Prieuré en ruines, afin que ce dernier puisse enfin lui montrer ses talents de charpentier.
Six jours plus tard ( Nestor dormait beaucoup ) et 900 écus ayant disparu des caisses de l'église après que Kro ait indiqué à son ami de se payer lui-même, quatre planches de bois tenant à peine debout étaient enfin mises en place.
Le grand barbu n'avait plus qu'à se faufiler à l'intérieur de sa partie du clapier et attendre les premières âmes désespérées, armé de son vieux couteau de soldat, de sa bassine pour les pieds et bien sûr, du grand livre des Vertus.






Bonjour à tous. Ce message s'adresse à vous, joueurs derrière leurs écrans. Comme pour tout topic dont le contenu est censé contenir des confidences, il est nécessaire d'apporter quelques précisions.

Le but de ce topic est de créer du RP, de partager un bon moment.
Le joueur qui poste sa confession sait qu'elle sera lue par n'importe quel autre joueur inscrit sur le forum, ce qui laisse une possibilité de lecture à un très grand nombre de joueurs.
Or, si le joueur peut sans aucun problème lire les confessions pour se distraire, il va de soi que vos personnages ne peuvent sous aucun prétexte se prétendre au courant de ce qui s'est dit, la confession s'étant réalisée sous le secret clérical, secret qui ne sera sauf avis contraire jamais brisé par Kronembourg.

Je précise également que mon personnage est glissé de son côté du confessionnal, et donc ne saura jamais QUI est venu se confesser à lui, sauf bien sûr si son interlocuteur décide de le lui indiquer, que ce soit nominativement ou par des détails choisis. Pour ouvrir le jeu, vous pourrez même l'induire en erreur ^^

Je tiens à attirer votre attention sur le fait que, si vous décidiez de ne pas tenir compte de ce message, vous feriez de l'anti-jeu.

Sur ce assez causé, jouons

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Cyrinea
[Les vertus de la Parole]

La soirée avait été rude, la nuit également.

N’eût été une rencontre en taverne, une prière improvisée, et la proposition de se rendre, le lendemain au Confessionnal de Rivet, elle n’aurait certainement pas eu connaissance de ce lieu. Mais Sœur Ellya avait été douce, compréhensive, chaleureuse et surtout, d’un grand réconfort.

Or, ce matin là, chagrin, incompréhension, et maintenant colère l’habitaient. Elle n’avait plus goût à rien, et faisait à grand peine son travail de conseillère : sérieusement mais sans passion.

Et, que la passion la quitte, c’était peut-être cela qui l’inquiétait le plus.

Elle s’enveloppa dans sa cape, et chercha le lieu. Elle se souvenait qu’il fallait faire soixante-douze pas à partir de quelque part. Mais d’où ? Si bien qu’elle tourna jusqu’à épuisement, mais finit pas trouver ce qu’elle supposait être la Prieuré.

Elle ouvrit la porte. Avança sans bruits, cherchant la sœur du regard. Mais tout semblait vide. Après quelques instants d'hésitation, elle se décida:

Y a quelqu’un ?
Kronembourg
A peine le temps de poser un pied dans la bassine que des pas résonnaient au loin, dans les ruines du prieuré. Grmmbll ... Le barbu intrigué colla l'oreille contre son côté de la planche afin d'essayer de suivre l'itinéraire du visiteur.
La nuit avait été courte, et le sommeil très noir. Il s'était réveillé comme un clou planté dans sa paillasse ; dans la même position qu'en se couchant la veille.
Le bain de pieds était destiné à la détente. Le couteau de soldat, à différents curages. Le livre des Vertus, bien sûr, à éclairer son âme. Et accessoirement à caler son tabouret.

Une porte s'ouvrit. Un silence suivit.


Y a quelqu’un ?

Voix féminine. Une grosse main poilue sortit du clapier en signe de bienvenue.

Venez venez cher poussin. Vous pouvez vous asseoir dans votre partie du confessionnal.

Index droit et tendu vers l'espace disponible à ses côtés.
Bien sûr, il ne fallait pas s'imaginer que Kro était un homme parfait, prêt à tout entendre. Comme tout être humain, il luttait contre ses propres a priori, voire même ses propres démons.
En l'occurrence, et en se fiant à son expérience de Sacristain à Blaye, son instinct lui susurrait qu'il allait rapidement être question d'un vol de poules entre plusieurs commerçantes dans le quartier marchand de Marmande. Il lui faudrait certainement procéder à une bénédiction nette et sans bavure de l'animal, afin de mettre fin au conflit. Mais nous n'en étions pas encore là.

Installez-vous confortablement, si tant est que ce soit possible. Prenez votre temps, et parlez librement.

Il enleva ses pieds l'un après l'autre de la bassine, au cas où tous les deux devraient partir d'urgence vers le quartier marchand.
_________________
Cyrinea
Mais vous n’êtes donc pas sœur Ellya?

Elle fronça les sourcils. Manquerait plus que ce soit Lui.

Cher poussin...Nan mais j’te jure ! Si l’église devait être infantile, ça allait pas lui plaire.

Puis elle haussa les épaules. Après tout, ça pouvait être drôle. La Sirène n’aimait pas pleurer longtemps et laissait ça aux Saules.

Elle avisa une sorte de cabane sur pieds, une partie fermée, une partie ouverte et se demanda quand même dans quoi elle allait s’embarquer. On était loin du chant des oiseaux, du soleil irradiant la Clairière ou de la pluie purificatrice, et elle eût soudain un gros coup de nostalgie. Et voilà, quand elle était malheureuse, elle était nostalgique...

On se reprend Cyr et on oublie pas qu’on est dans la détestation ! Sinon...pourquoi venir là, même si la sœur t’a dit que ça allait te faire un bien fou.

Elle s’approcha, comprit qu’il fallait s’asseoir. Confortablement, c’était vite dit...

Quand je pense que j’ai longtemps prié assise dans l’herbe, le dos appuyé contre un arbre... tss !

Elle tenta de zieuter qui était son vis-à-vis, sans succès.

Là, elle entendit un bruit d’eau qui l’interloqua.

Elle faillit partir en courant dans le sens inverse.

C’est ma première confession et je ne sais pas comment on s’y prend. Comment dois-je commencer ? Il y a un rituel ?
Kronembourg
Mouvement de recul dans la cahutte.

Mais vous n’êtes donc pas sœur Ellya?

Eh bien ma foi. Il fallait reconnaître que si son interlocutrice avait voulu l'insulter, elle n'aurait pas pu trouver meilleure façon. Mais sans doute que la mauvaise répartition des tâches organisée par la sainte nitouche ce matin y était-elle pour beaucoup dans ce quiproquo. Au réveil, l'Ellya avait laissé le choix à Kro pour les activités du jour : Soit s'occuper du classement des livres saints de la bibliothèque du Rivet par ordre alphabétique, soit donner de son temps aux croyants du village pour les aider à résoudre leurs conflits intérieurs.
Kro n'avait pas hésité une seconde. Trop de fourbi dans les livres qu'il avait déjà classés la semaine dernière.

Mais du reste, ignorant s'il était bien l'interlocuteur désiré pour cette confession, il hésita à se présenter. Bien des personnes préfèrent se livrer à un inconnu sur lequel ils ne superposent aucun visage, plutôt qu'à quelqu'un qu'ils rencontrent tous les jours. La jeune femme - Car sa voix lui semblait jeune - Ne semblait pas en confiance. Il tabla sur le fait qu'elle insisterait pour lui demander son nom, si elle en éprouvait le besoin. Quant à lui bien sûr, plus ou moins consciemment, il tendait l'oreille pour s'imprégner des modulations sa voix. Chaque détail avait son importance.


Point de rituel, donà, même pour une première fois. La confession, d’un point de vue simplement humain, nous libère et facilite notre réconciliation avec les autres. Par l’aveu, le pécheur regarde en face les fautes dont il s’est rendu coupable ; il en assume la responsabilité et par là, il s’ouvre de nouveau aux autres.

Il prit un moment pour réfléchir.

Par exemple le fidèle qui a reconnu et confessé ses fautes, qui a tenté de réparer les torts causés s'il y en a eu, qui reconnaît que ses fautes sont sources de mal et les abjure de toute son âme, celui là pourra recevoir l’absolution d’un confesseur et le Très Haut ne lui reprochera pas les actes absous justement.
Le plus important se trouve donc en vous. Votre démarche, votre volonté de vous rendre jusqu'ici, représentent déjà un acte de courage. Vous pouvez donc commencer par ce qui vous semble le plus simple. Le seul fait de parler devrait vous soulager.

Et là, il lui sembla tout à coup se retrouver projeté à mille lieux d'une histoire de poules.
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Cyrinea
Elle aurait reconnu sa voix un peu rauque avant d’avoir commencé à parler, avant d’être installée, ou même l’inverse, elle ne serait sans doute pas restée. Il prenait décidément trop de place dans sa vie cet homme là et c’est ce qu’elle réalisa à l’instant même. Mais Cyrinea ne fuyait jamais, même pas les emmerdements qu’elle sentait souvent arriver mille lieues avant qu’ils ne lui tombent dessus, quand ce n’était pas elle qui s’y fourrait dedans la tête la première.

Elle opta pour un léger maquillage de sa voix, on est femme ou on ne l’est pas, tout en pensant que c’était peine perdue car, avec ce qu’elle avait à déballer, nul doute qu’il finirait par la reconnaître. Elle pensa amusée, cette fois, qu’elle allait finir par engendrer chez lui des dédoublements de la personnalité, si ce n’était pas déjà le cas.

Donc, s’adresser au Frère, oublier le procureur, le joueur de ramponneau, le copain de beuverie, l’ennemi juré, l’ami qu’il avait su être et dont elle ne savait absolument pas si il l’était encore. En plus du reste...qui la taraudait mais sur quoi elle ne mit pas de mots.

On est foutu dès qu’on met les mots. Et elle était là pour parler.

Trouver donc l’important en elle disait-il...Elle respira longuement avant de se lancer.

Je suis venue ce matin, sur les conseils de sœur Ellya, que je pensais trouver ici d’ailleurs, mais peu importe, car je suis en proie à une colère intérieure que je sens monter férocement et qui a deux origines : la première se trouve en moi, la seconde, vient de l’extérieur. J’ai vécu des événements extrêmement douloureux dans ma vie. J’en vis un aujourd’hui. Et j’ai peur de ne pas pouvoir pardonner. Et j’ai besoin d’aide pour y voir clair. Alors, je sais pas si c’est le lieu approprié mais quand j’ai parlé de tout cela à la Sœur de votre Prieuré, elle m’a dit que ça me ferait du bien de me rendre à confesse.
Kronembourg
Elle n'insista pas pour connaître son nom. Kro resta donc persuadé que le flou de l'anonymat entre leurs deux personnes garderait main mise sur cette confession.
Lentement, il reposa ses deux pieds au fond de la bassine. Bien sûr, s'il avait su que c'était ELLE derrière la planche, là, toute proche, il aurait certainement trahi une réaction aussi impulsive, presque inappropriée, que celle d'il y a deux jours lors de leur dernière discussion.
Mais il n'en savait rien. C'est donc un homme détendu qui répondit :


Certaines situations, qu'elles soient provoquées ou subies, sont tellement douloureuses qu'elles nous mènent à penser que jamais nous ne pourrons pardonner. En cela, nous commettons souvent l'erreur de concentrer notre attention sur notre douleur, plutôt que sur le pardon. Et cela est bien normal, puisque la douleur est un sentiment vif, puissant, qui nous submerge par l'extérieur, tandis que le pardon doit partir de notre propre volonté de transformer la douleur en sentiment positif.

Pour aller de la douleur vers le pardon, plusieurs étapes dont la colère sont nécessaires.
Aristote a dit : " Le sacrifice de soi est la condition de la Vertu " . En vous plaçant dans le désir de pardonner, vous acceptez de vous sacrifier un peu. Ce sacrifice, loin d'être anodin, vous élèvera vers le Très-Haut. Seules les âmes pures libérées de leurs rancunes trouveront la paix éternelle.
Parlez-moi de votre colère.
Vous mènerait-elle à commettre un acte que vous pourriez regretter, ou vous pousse-t-elle à réfléchir ?

C'est que mine de rien, autant de sentiments évoqués à la fois, ça le rendait curieux, le Kro.
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Jonhatan27
Jonhatan eu échos d'un confessionnal de campagne. Il avait bien longtemps qu'au sein de le Guyenne il ne s'était pas confier, enfin il avait sa chapelle au sein du domaine pour ça, mais voir si les ecclésiastiques de Guyenne sont mieux que ceux de Paris, il décida de le tenter.

Arrivé sur le lieu, le désespoir le prit, un prieuré abandonné et ruiné, un confessionnal qui tenais par le volonté du très haut et surtout juste une pierre ou s'assoir en attendant son tour, car oui en arrivant sur place il vit que cette cabane qui devait servir de confesse, était occupée.

Il prit place et attendit son tour. Mais une question le turlupina, qui est donc la ou le clerc qui officiait.
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Jonhatan Ordre du Saint Esprit
Cyrinea
Si la douleur l’avait submergée de l’extérieur, elle te lui aurait fichu un bon coup d’épée dans le ventre avant qu’elle ne parvienne à lui vriller le cœur et l’âme. Cependant, son explication façon vase communiquant tenait la route finalement : tu me blesses je souffre, je te pardonne je souffre plus. C’était donc aussi simple que ça ?

L’inquiétait aussi le bruit d’eau. C’était la deuxième fois. Mais que trafiquait-il donc ? Des ablutions ? Un rite sacré et mystérieux avec de l’eau bénite ?

Elle ferma les yeux afin de se reconcentrer.

J’ai déjà fait un sacrifice voyez-vous, enfin, en tout cas est-ce ainsi que je le vis, car lorsqu’on s’expose à l’autre, l’on sacrifie la protection de soi, on s’ouvre, on se donne. Enfin, au sens figuré. Non ? Et c’est en partie ce qui me met en colère et est entrain de dépasser la douleur. Quand cet autre, au moment où l’on se rapproche de lui, où l’on abandonne une partie de sa carapace pour se livrer, est capable de non seulement s’enfermer dans le silence –ça je peux encore le comprendre- mais surtout de vous faire un coup tordu de derrière les stères. De trahir votre confiance en somme. De vous blesser.

Elle se mordit la lèvre. Serra l’autre sur sa morsure. Fit un brin d’apnée. Car si sa voix était légèrement transformée pour masquer le plus possible son identité...

Et pour répondre à votre question : en l’état actuel des choses, cette colère pourrait me pousser à commettre un acte que je pourrais regretter. J’y réfléchis, aussi. Sans doute pour ça que je suis là d’ailleurs.
Kronembourg
Oui.


Le mot semblait venir de loin, comme prononcé après mûre réflexion.

... Et non.

Tel que le Très-Haut nous a conçu, c'est à nous qu'il appartient de déterminer si donner de soi équivaut à sacrifier un morceau de soi. Une mère qui aime son enfant et lui sacrifie tout, n'aura pas forcément l'impression d'arracher une partie d'elle.
Face à l'autre, et aussi sur l'autre, nous sommes également censés porter un regard vierge, exempt des expériences passées. Car en fait, rejeter sur quelqu'un les rancunes qui relèvent de la faute d'un précédent, n'est pas juste au regard des proportions harmonieuses telles qu'elles sont définies dans nos idées *.
Par contre si l'autre, à qui vous avez déjà donné de vous sans condition, a saisi votre main tendue dans l'intention de vous blesser, alors, votre douleur et votre colère ont une raison d'être.
La question est : Est-ce que commettre un acte que vous pourriez regretter vous apporterait un vrai soulagement, sur le moment ?

On entendit sa main effleurer les pages du livre des Vertus.

Mais peut-être que je m'égare. J'ignore jusqu'à quel point votre confiance fut trahie, et à quel point vos blessures peuvent être profondes.


* Codage de la guerre des idées In Game dans le " menu transcendant " de nos personnages :
Idée 1 : la beauté résulte de certaines proportions et de certaines mesures et rythmes harmonieux.
VS
Idée 2 : La beauté sensible est une image de la beauté éternelle que l’âme a toujours déjà contemplée

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Cyrinea
Hum...je ne rejette en aucun cas des rancunes qui relèvent de la faute d’un précédent. C’est juste que je croyais avoir souffert ce qu’il était possible de supporter, que je n’avais plus de larmes à verser et que rien ne pouvait réellement plus m’atteindre. Je me suis fabuleusement trompée.

Elle réfléchit un instant.

Je comprends bien que donner de soi est sans condition et que ce sacrifice que l’on fait, nul ne nous y contraint et que, surtout, on ne peut en vouloir à un autre de désirer tout lui donner s’il ne veut rien de vous. Mais que sait-on exactement de celui qui se mure dans le silence ? On peut tout imaginer et l’imagination liée à la souffrance...

Voix en suspens...

L’animal attaque pour se défendre, on a tous un instinct de survie. Ainsi, je ne pense pas que cette main tendue fut saisie dans l’intention de me nuire. Peut-être est-ce pour se protéger, mais peut-être est-ce parce que j’ai été manipulée depuis le début, peut-être...Peut-être me plait-il de croire ce qui m’arrange et imaginé-je le pire quand la raison me dicte de le faire pour moi aussi me protéger. Si bien que sans doute oui, commettre cet acte m’apporterait un grand soulagement sur le moment.

Vous savez, je peux être terrible et parfois j’ai peur de moi-même. J’ignore totalement jusqu’à quel point ma confiance fut trahie. J’ignore même si elle le fut. Tout ce que je peux vous dire c’est que la douleur est immense.

Recherche frénétique d’un mouchoir à l’intérieur de la besace pour essuyer les larmes qui affleuraient, malgré elle.

Immense....car immense est le pouvoir de l’imagination.
Xanthi
[non loin de là]


On lui avait parlé d'un veilleur dans un Prieuré tout vieux tout décrépi – elle ne savait qui du veilleur ou du Prieuré l'était, les deux peut être – qui savait écouter et surtout qui savait parler.
Xanthi était comme ça, à parler à tout et à rien, et à devoir se faire les réponses.
Et des réponses, la jeune femme en avait besoin. Elle en perdait le sommeil, même sur sa jument, c'est peu dire ….

Donc la voilà sur les chemins cherchant le Prieuré de Sainte Illinda. Et cela faisait une bonne journée qu'elle trottait dans les environs de Marmande quand, s'étant pourtant juré de ne plus parler à qui ne pourrait lui répondre, elle apostropha sa jument :

Ben … qu'est-ce qu'il t'arrive ? T'as jamais mis autant de temps pour nous mener quelque part…. T'es malade ? T'es amoureuse ? Tu digères ?

Trop de fruits sans doute, ma bêêête !
Ca va mieux ? mmmmmmmmm ? Tu me le trouves ce Prieuré, s'il te plait ? demande-t-elle doucement, sa tête dodelinant de gauche et de droite, ses yeux roulant, mimant une chochotte outragée, cachant l'envie d'étrangler l'animal qui n'en fait ce jour qu'à sa tête.
Kronembourg
[ Dans le cagibis ]




Le bruit des pages s'arrêta net. Cette voix en suspend, cette façon au fond défensive d'aller au bout de l'audace, l'ambivalence entre les notions de traque, de protection, d'instinct de survie, et en même temps de main tendue ...
NON.
Parce que le noeud au fond de sa gorge lui disait NON.
Impossible. ELLE ne serait pas ici. Le soupçon allait lui passer.


Si la douleur est à la hauteur de votre imagination, alors, n'imaginez plus : Sachez. Saint Dominique l'avait compris. " Aucune foi n'est possible sans la raison ou sans le coeur... mais jamais la raison ne doit agir sans le coeur, et le coeur ne doit jamais agir sans la raison" . Ici, votre imagination vous plonge dans un doute qui vous est douloureux. Vous devez lever ce doute, afin que votre imagination puisse s'ouvrir à d'autres horizons.

L'espace d'un instant, il reprit un peu son souffle. Son corps n'avait pas bougé depuis quelques minutes car il aiguisait son ouïe, mais pas seulement. L'odorat était en quête d'une essence récemment oubliée. Le goût, stupide, se nourrissait d'une saveur jamais connue.

Avoir peur de vous-même est une bonne chose. Seul celui qui ne se fixe pas de limite est capable du pire. Vous ne devez pas rester sur l'idée que vous êtes quelqu'un de terrible, comme cet animal qui attaque pour se défendre que vous voyez face à vous. Vous êtes aussi et avant tout, une femme. Avez-vous déjà vous-même blessé quelqu'un, et si c'est le cas, qu'avez-vous ressenti ?

A cette question, l'image d'une inconnue apparut devant les yeux du Veilleur. L'inconnue dans le silence, exécutée dans les règles. C'était cette semaine.
_________________
Cyrinea
[Dans le cagibi, mais de l'autre côté des planches]


Du bruit à l’extérieur. Elle ne regarda même pas. Entendit à peine.

Sachez.

Son cœur fit un bon dans sa poitrine. Elle dut se retenir pour ne pas lui dire qui elle était.

Pour savoir, il faut que je parle. Ou que j’écrive. C’est donc que je ne respecterai pas les raisons du silence de l’autre. Mon besoin d’être rassuré doit donc passer avant le désir d’autrui de se protéger ? Enfin, si il s’agit bien de ce cas de figure-la.

Soit elle continuait dans ce sens et fatalement, il saurait que c’était ELLE, soit elle n’en disait pas davantage et répondait directement à sa question.

Si bien qu’elle se tut un instant, en proie à un dilemme qu’elle ne savait comment résoudre.

Elle tenta donc d’en dire le plus possible tout en en cachant autant.

Mon cœur me pousse à parler, ma raison à me taire. J’ai peur que ne s’ouvrent des horizons fermés. Je fais frémir la G...

Là, elle se raidit.

Essaya de se rattraper. Embraya très rapidement sur autre chose, comme si ce qu’elle aurait voulu dire précédemment n’avait aucune importance.

J’ai déjà blessé quelqu’un oui. Je n’en ai pas été fière car je fus impulsive. Et je sais bien que si je le fais, je risque de souffrir encore plus moi-même ensuite malgré le soulagement que cela me procurerait dans l’immédiat.

Soudain, elle se sentit un peu libérée. Oui, elle allait écrire, elle allait parler. Il FALLAIT qu’elle sache.

Saint Dominique était un Saint justement mon Frère. L’harmonie réside dans l’équilibre, certes. Mais je crains d’être trop passionnée pour vraiment parvenir à user de ma raison autant que de mon cœur. Pourtant...ma foi est grande.
--Dibi_de_ybi
[derrière le pré, le Prieuré]


La bêêête, Fistule qu'un de ses ex l'appelait, un jour elle se fâchera et elle lui montrera son caractère guerrier. Son nom c'est DiBi de YBi avec la particule et tout et tout, non mais ! 5 ans que cette gamine lui faisait parcourir la Guyenne de long en large, quand elle lui faisait pas traverser du sud au nord ou d'ouest en est et retour les Royaumes.
Bref, un jour elle enverrait valser le poids plume qui dormait régulièrement sur son dos. Mais pas encore, parce que sa vie de pouliche était plutôt tranquille. Sa cavalière chantait souvent, riait beaucoup, la pansait ou trouvait toujours un lad pour le faire bien. Elle était nourrie, d'ailleurs faudrait qu'elle se surveille, là. L'été arrive, il faut qu'elle soit au top sur le pré.

Donc, elle était arrivée ce matin, chantant à tue tête , lui cassant un plan d'enfer avec le beau frison de la stalle voisine et lui annonçant :

On part pour le Prieuré de Sainte Illinda, c'est dans les alentours de Marmande, après les vergers.

En route ma poule, et je fais quoi là ! Hein, je fais quoi ? ' y a même pas l' chien pour me guider. Elle le laisse à la maison pour protéger Mahault. D'accord. Donc je tourne en rond, on finira bien par le trouver ce vieux Prieuré.

L'animal relève la tête s'ébroue et s'élance tout d'un coup. Un petit galop dans le pré calmera la Xanthi et me fera du bien.
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