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[RP] L’erreur est humaine, les enfants aussi…

Cillien
Toute faute impunie engendre une « progéniture » … de fautes.Herbert Spencer

- Cil’ pourquoi j’ai pas d’père moi ?!

Une question qui claque. En soulevant une absence. Qui cloche. Pour un manque… et un floc. Et la brune de jeter un regard noir au rejeton qui la regarde avec ses grands yeux surpris – en même temps, il ne peut pas bien la regarder avec autre chose que ses yeux... Il avait 6 ans. 6 ans qu’elle s’en occupait. 6 ans qu’elle vivait recluse car fautive. Elle avait pêché, et s’en repentait bien aujourd’hui. Elle n’était plus vierge, n’avait jamais été mariée, et par-dessus tout, elle était mère. Mère… peu après sa majorité. Mère. Le mot résonnait. Mais bizarrement. Et cet enfant, elle avait du mal à l’aimer réellement. A l’élever correctement. Elle n’admettait pas sa faute. N’acceptait pas d’être mère et rejetée. Repoussée et légèrement dédaignée par son père depuis sa faute. Son père, son modèle. La seule personne en qui elle avait entièrement confiance et qu’elle aimait par-dessus tout. Repoussée. Ce qui la blessait le plus était de lui avoir fait honte. L’idée lui vint alors. Un sourire narquois, presque mauvais s’étira brièvement sur son visage pour se transformer en sourire maternelle. Elle s’en voulait, elle n’avait jamais voulu cet enfant, mais malgré tout, elle ne pouvait pas dire qu’elle ne l’aimait pas. Elle était ainsi, toujours entre les limites extrêmes. Le flottement était toujours présent. Hésitant. Lunatique dans les moindres de ses sentiments, même profond. Elle se contenta de répondre :

- Mais si tu as un père. Et d’ailleurs, il est plus que temps de lui rendre visite et de lui faire la surprise !

Naïveté infantile et enthousiasme innocent… Pauvre enfant. Pauvre homme. Le chercher, le revoir… Le Berry. Un petit trajet à effectuer malgré tout. Elle avait quitté Cosne pour Mâcon, en sept ans. Suivant son père. Sans jamais quitter réellement la Bourgogne. Bourgogne, liberté. 7 ans qu’ils s’étaient connus… et le retrouver ne serait pas évident. Elle espérait simplement qu’il n’ait pas quitté son cher duché du Berry. Elle savait plus ou moins où elle allait. Dans ce duché, elle parviendrait bien à avoir des informations le concernant. Il n’était pas le genre d’homme à passer inaperçu… dans son souvenir. Ou du moins, s’il n’avait pas changé. Et puis, il fallait qu’elle le trouve. Il était temps qu’il assume. Elle n’était pas seule fautive. Quand l’enfant traînait les pieds, elle le tirait pour qu’il accélère, le traitant de fainéant qui n’arriverait jamais à rien dans la vie avec une volonté si maigre. Un enfant de six ans. Oui, elle était quelque peu cruelle. La vie l’avait transformé. Modelé à sa façon. La sévérité, une carapace comme une autre.
La traversée de la Bourgogne prit de longs jours. L’enfant malgré ses efforts était fatigué. Il n’avait jamais été habitué à marcher autant. Mais il voulait voir son père. Et elle… si elle pouvait lui refiler le paquet cadeau, elle ne s’en priverait pas. Elle l’aimait bien ce môme, mais il lui avait volé sa jeunesse, volé sa vie. Il est toujours plus facile de remettre la faute sur les autres plutôt que d’accepter d’être coupable et blâmable. A six ans il était tant la réussite de sa vie, parce qu’il n’était pas si raté que ça, pour être son fils à lui… Mais il était aussi son boulet, sa prison. Un poids qu’elle trainait depuis 7 ans. Car elle n’avait pas réussi à masquer la grossesse. Quand elle repensait au père, son visage prenait une image nette dans sa mémoire… C’est en se renseignant auprès du premier nigaud venu en Berry qu’elle se rendit compte qu’elle ne savait pas ce qu’elle avait pu lui trouver. Le décrire était finalement assez simple pour qu’on le reconnaisse :


- Il est brun, les cheveux longs, trois cicatrices qui lui peinturlurent le visage. Toujours vêtu de noir. Du noir, noir, noir, que du noir. Il vit en Berry oui oui… Vous connaissez ?

Comment avait-elle pu tomber aussi bas à l’époque ? Première histoire, premier « amour », première fois… Avec un homme pareil… Léger soupir. Les recherches s’annoncent longues et fastueuses. Son nom, du moins celui qu’elle avait, n’évoquait rien chez les passants. Elle décida après plusieurs jours de recherches de ne plus dire ce nom qu’elle avait, qui était certainement faux… ou dont il avait changé depuis… Le petit attendait, impatient de rencontrer son géniteur. Et la mère, Cillien ?! Impatiente aussi de lui annoncer une nouvelle qui allait bouleverser sa vie… Comment réagirait-il en apprenant qu’il était père ? Un sourire en coin se dessina sur le visage de la brune qui poursuivit ses recherches tandis que son môme restait à l’auberge solitairement.
Vahanian
L’inconscience est pratique et je pratique l’inconscience.
    Bien loin du Berry, bien loin du passé, engoncé dans le présent et en proie à quelques difficultés capillaires, notre homme si ardemment recherché se situait actuellement dans l'aviné duché d’Anjou.



- Non mais sérieus’ment !
...
Pfff !
...
Que’conne !
...
Les donzel’d’nos jours. ‘tain y’en à qui mérit’raient qu’on leur tartine la tronche à coup d’poings.
...
Norf !
Déblatérait un Vahanian enragé, le visage grimaçant et tout colère.

Une blonde venait de lui mordre la joue et de lui tirer les cheveux au point d’en arracher une poignée – la moitié de sa chevelure selon le brun qui aimait tant son poil de crâne qu'il en perdait légèrement la notion d'objectivité. Heureusement que Lonie, Alise et lui repartaient le soir même de Saumur car il ne supportait plus cet endroit. Et pas seulement à cause de cette hystérique. Direction ? Le Sud ! Une seule escale était prévue, dans la ville de Toulouse. Pourquoi ? Selon quelques rumeurs elle était jolie, fort animée et valait le détour. Parfait, c’était une région qu’il connaissait mal et voulait justement explorer, il irait donc s’en rendre compte par lui-même.

Pestant et tâchant de remettre de l'ordre dans ses précieux cheveux emmêlés et malmenés, Vahanian – que l'on appelait régulièrement Jule, François, Machin, Le Râleur, le Sans-Nom, Le Con, Le Chieur, Lui, Moi, L'inconnu, et ouais on va pas tous les faire sinon on est pas couché – repensait à son duché natal, qui le rendait pourtant indifférent, à savoir le Berry. N'ayant que peu ou prou d'amis, il n'avait aucune nouvelle de là bas. Si ce n'est les rumeurs entendues de ci de là en taverne sur une guerre, sur les élections ou sur telle illustre personne berrichonne, qu'il ne connaissait évidemment même pas. Non pas qu'il fut nostalgique, il se doutait bien que ce n'était pas Sandrine, à qui il avait dit qu'elle était large de hanches, qui allait lui écrire, pas plus que Taf qui n'avait certes étonnamment rien contre lui mais qui s'inquiétait plus de Claire que de « Quidam », ou que la mioche dont il avait déjà oublié le nom, mais bon... Peut-être qu'au fond il aurait aimé savoir si le duché se portait bien, si Bourges était toujours aussi animée, si Saint-Aignan était toujours sous le joug de Choose... Mais en ce cas, c'était au fond. Il chassa donc ces brèves interrogations de son esprit et se reconcentra de nouveau sur les nœuds dans ses cheveux et la douleur en forme de bouche, sur sa joue.

Un regard pour l'homme à moitié endormi qui cuvait dans le coin.

- Nan mais c'vrai qu'son gamin l'était moche ! Pff toutes des folles, j'vous l'dis ! C'mment qu'on peut vouloir un mioche !

Non, non il ne parlait pas tout seul... Et oui, il savait pertinemment que ce genre de choses ça ne se contrôle de toutes façons pas tout à fait à cette époque. Mais il détestait les enfants, il les trouvait inutiles, moches et chiants. Et jusqu'ici, le Très-Haut le garde, il n'avait heureusement pas eu d'assez longue relation, incluant rapports intimes, pour avoir ce genre de préoccupation.
Cillien
L'amour, la quête. Le mariage, la conquête. La nuit de noces, la quéquette. Le divorce, l'enquête.Helen Rowland

On peut dire qu'ils avaient sauté des étapes. Enfin, une seule en réalité. La quête... Parce que la con-quête n'était sans doute que la quête d'un con ?! Pensée fugace. Sourire ironique. Il n'avait jamais prononcé que la première syllabe... Et elle avec. Quête abrégée, conquête oubliée, quéquette allongée, et enquête entamée. Un sacré boulot tout ça. Et pour un gosse par dessus le marché. Ses recherches se poursuivaient, vainement. N'y avait-il qu'elle pour remarquer un homme aussi... bizarre ? Etrange serait trop flatteur. Car depuis sept ans elle lui en veut. Un reproche muet. Un soutien absent. Une rancoeur grandissante. Des mots et pensées blessants ? A moins qu'ils soient mérités... On juge tous les choses différemment. Selon notre propre situation. Selon nos choix, nos expériences. Selon ce qu'il nous faut pour nous dédouaner au maximum.

La recherche se poursuivait. D'une durée interminable. Et elle pouvait fournir quelques explications sur cette situation. Introuvable. Pourtant, il ne devait pas être si loin. Ce n'était pas possible. Il n'avait pas disparu du jour au lendemain sans laisser de trace. Et puis changer de visage... Quand même, trois vilaines cicatrices sur le nez, ça ne s'invente pas, ça ne s'oublie pas et surtout, surtout, ça ne s'efface pas. Les habitants du Berry étaient-ils tous donc aveugle ou sans mémoire ?! Elle accepterait, à la limite qu'on lui dise qu'il s'était coupé les cheveux... quoi qu'avec un peu de difficulté malgré tout. Mais tout de même. Finalement, un beau jour bien ensoleillé de ce début du mois de juin, un autochtone dû subir l'énervement agacée d'une brune avec un gosse insupportable sur les bras, qui ne trouve pas ce qu'elle cherche. Alors que ce jour aurait dû être dédié aux fleurs offertes, aux demandes en mariage, aux gasouillis des bébés, et aux sourires niais des amoureux, il fut celui de la colère d'une brune, qui faillit s'éclater de le poing contre le pillier de la taverne, pour ne pas frapper sur le nez de l'homme inutile assis en face d'elle. Heureusement pour lui, il était parti à temps. Résumé du dialogue :


Bin tiens, puisque vous vivez ici d'puis pas mal de temps apparemment, vous devez sans doute connaître... J'cherche un homme, vêtu de noir en général, que du noir, les cheveux bruns, longs, et trois cicatrices sur la tronche... Vous voyez d'qui j'parle ?!
Ah non je ne retiens que les noms. Désolé ma p'tite dame


Et elle de fulminer intérieurement : bordel mais c'est pas compliqué de se souvenir d'un visage aussi... aussi... fin d'son visage quoi ! et de répondre avec un faux sourire bien hypocrite et vraiment réellement ironique, qui était sensé la retenir de frapper encore quelques petites secondes :

Et bien merci de ce renseignement formidable, qui m'est d'une utilité merveilleuse... C'est sûr on peut compter sur vous, ne changez rien à votre slogan d'campagne...

Et sans doute, pas si bête que ça, il était parti sans demander son reste. Et c'est la tavernière - parce que c'est bien connu que les tavernière sont des personnes bavardes et qui ne savent pas tenir leur langue - et qui par dessus le marché laisse toujours trainer une oreille dans les discussions en taverne qui s'approcha d'elle, pour lui souffler quelques mots. Vraisemblablement, l'homme qu'elle cherchait venait souvent icelieu. Apparemment, il était accompagné de plusieurs femmes, et ils seraient partis vers... l'Anjou si sa mémoire était bonne. La brune se contenta d'un hochement de tête, en guise de remerciement. Elle avait perdu assez de temps comme ça... Elle se leva, prête à partir tout de suite en direction de l'Anjou, il n'y avait plus de temps à perdre, notant à retardement, en se levant que la tavernière avait de larges hanches... Malformation de naissance ?! Elle partit bien vite récupérer son pleurnichard, et se remirent en route.

Le lendemain après avoir marché quelque peu... Mais vraiment peu... Faut dire que le pauvre môme trainait les pieds, c'était loin l'Anjou, on se comprend bien, la brune réussit à piquer une chariotte vide et un cheval à la ville voisine et ils partirent au galop loin de ce patelin et de ce duché ennuyeux au possible... Enfin, pour elle, rien ne vaudrait jamais sa tendre et chère Bourgogne... Ou presque. Il fallait avouer qu'elle avait un regard plutôt méfiant et noir sur tout ce qui l'entourait à présent. Déceptions de la vie qui font constater que tout n'est pas rose et que rien ne va pour le mieux dans ce meilleur des mondes... de chien.* Le voyage jusqu'en Anjou se fit donc assez rapidement, le cheval réquisitionné et l'enfant qui n'avait qu'à roupiller tranquillement dans la charrette secoué par tous les nids de poule possible et inimaginable. Finalement, une fois arrivé dans ce duché, les recherches reprirent pour son plus grand désappointement. Elle n'était pas encore arrivée au bout de ses peines. Contre toute attente, c'est à Saumur qu'elle trouva son bonheur... Un nigaud du village lui signala que l'homme qu'elle recherchait tant et qu'elle avait soigneusement renommé : "son bel inconnu" pour jouer plus la femme emmouraché - ce qui apparemment ne surprenait personne à son grand dâmne - que la femme agacée, avait logé dans une auberge du coin plusieurs jours. En ajoutant malgré tout :


J'sais pas s'il y'est encor' mais l'tenant pour'a vous l'dir' sur'ment.

Un hochement de tête plus tard, comme toujours - non ce n'est pas un tic, seulement, moins elle parle, mieux elle se porte parfois - et elle se retrouva devant l'aubergiste... aux vêtements rouge aubergine d'ailleurs. Drôle de coïncidence ridicule. Est-ce que partout où elle irait elle ne verrait que des Hommes semblables ? Et d'attendre quelques secondes les renseignements dont elle avait besoin.

"Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles." phrase répétée par Pangloss, dans Candide, de Voltaire.
Vahanian
On n’est jamais aussi loin que lorsque l’on se rapproche.
    Hé oui, si la Cillien se rapprochait, notre homme inconscient, lui, s’éloignait. Loi physique ? C’eut pu l’être. Après l’Anjou, le Poitou, et ensuite ? La Guyenne. Heureusement qu’il ne fuyait pas sans quoi… Qu’aurait-ce été ?



Après plusieurs jours passés à pioncer dans des granges, le brun avait opté pour une ou deux nuits en auberge, une fois la frontière angevine passée. Bon, ne nous leurrons pas ce n’était pas le grand luxe, il n’avait pas le lit à la noble, la commode de rêve, les tapisseries fines, la prostituée à disposition et le vin qui allait avec, mais quand on voyage beaucoup et que l’on est né gueux, on ne fait pas très attention à ces choses. Et surtout, on se satisfait de peu. Et puis, à force d’entendre de la part d’Alise qu’il sentait fort – même si, certes, elle n’avait jamais clairement dit qu’il puait – et à force de vivre entouré de femmes qui, elles, prennent quand même un peu plus soin d’elles, on finit par se dire « soyons fous, lavons nous ». Et c’est ce que Vahanian fit, en plus de dormir sur une paillasse miteuse mais sans risque de s’en faire chasser et avec pratiquement rien à se faire dépouiller. Tellement rien à se faire dépouiller qu’il avait d’ailleurs dû négocier sévèrement le prix de la chambrée, avec le tenant peu sympathique qui ne voulait pas lâcher ses 3-4 écus de différentiel par nuit. Peut-on imaginer plus rat ? Aux yeux de V. non. Mais à force de l’emberlificoter, ressortant son petit côté charmeur enfoui et son talent naturel pour obtenir des autres ce qu’il voulait, quand il voulait vraiment quelque chose, il finit par avoir le prix désiré moyennant tout de même deux lapins, qu’il chasserait le lendemain pour les cuisines de l’auberge. Le brun étant bon chasseur, cela ne lui posait évidemment aucun souci.

Les jours en Anjou furent longs, il ne supportait pas bien la population locale qu’il avait tout bonnement envie de lapider sur la place publique, d’éventrer dans une ruelle sombre ou tout simplement de voir tomber raide morte devant lui quel que fut le moyen utilisé. Mais ça, nous l’avons déjà vu précédemment, non ? Enfin toujours est-il que le Poitou ne fut guère plus appréciable. Les gens y étaient coincés, sans intérêt et très niais. Tant et si bien qu’il ne sortit que peu ou prou. Et puisque les rares fois où il mit le nez dehors il ne vit que blonds et blondes et que ni Alise ni Lonie ne vint le rejoindre, hé bien ils repartirent bien vite de ce Comté dirigé par des gens plutôt louches.
Direction ce fameux Sud : Toulouse puis Montpellier. Il espérait qu’outre l’animation qu’on lui avait contée, il y aurait des gens plus intéressants. Des gens qui ne le traitent pas d’impoli parce qu’il ne donne pas son nom, qui ne le traitent pas de grossier parce qu’il dit ce qu’il pense au lieu de mentir et qui ne le traitent pas d’imbu de lui-même parce qu’il trouve que les niais sont ennuyeux… Hé oui, l’inconvénient des gens sans intérêt c’est que lorsqu’on leur met le nez dans leur défection en leur montrant qu’ils sont chiants, voire gerbants (oui bah hé, on cause de V. quand même, pas grand monde l'intéresse), ils trouvent le moyen de vous dire que c’est de votre faute et que vous n’êtes pas Dieu sur terre. Comme si les deux avaient un lien quelconque… Comme si trouver les gens cons voulait forcément dire qu’on se pensait extrêmement intelligent. Là n’était nullement la logique Vahanianesque. Mais existait-il une vraie logique sous la caboche de notre brun ? Peut-être pas vraiment.

Toujours est-il que laissant un sillage de gens outrés sur son passage, il approchait à présent de la ville de Bordeaux et comptait bien faire une pause là bas, près de la mer, plein d’espoir – enfin, tout est relatif, on parle quand même du Berrichon Râleur, comme disaient certains – de rencontrer au moins une personne qui puisse le divertir ne serait-ce qu’un après-midi. Loin de se douter que dans son dos plusieurs personnes étaient sur sa trace pour raisons diverses ignorées ou oubliées…

A l’entrée de Bordeaux il prit aussi une chambre, la gérante lui faisait de l’œil, autant en profiter pour demander un rabais. Et puis il avait quelques courriers en retard, notamment la réponse qu’il voulait envoyer à la douanière-prévôt et touti quanti, prendre des nouvelles d’Hénora, répondre à un pli d’Alise et, si son poignet survivait jusque là : écrire à Eliane dont il n’avait strictement aucune nouvelle depuis qu’il l’avait laissée pour aller en Bretagne… Était-elle trop occupée ? Lui était-il arrivé malheur ? Il était rare qu’il reste sans nouvelles de cette Blonde Frappadingue. C’était… Presque inquiétant oui, presque.

Une fois son maigre paquetage déposé dans la chambre, il redescendit dans la salle, commanda une bière avec un clin d’œil à la brune tavernière pas trop vilaine, puis s’attabla pour observer les guyennois environnants. Sa vue fut cela dit rapidement bouchée par l'arrivée de la serveuse.

- Euh... C'est pour vous la bière ?
- Pfff bah vi ! Z'auriez pas des parents blonds des fois ?... J'viens d'la commander quand mêm'hein ! J'sais pas faut exercer la mémoire, j'sais qu'z'êtes une femme donc limitée un peu, mais quand même !


Vous avez dit désagréable ?... Disons qu'il n'était pas trop d'humeur ces derniers temps.
Cillien
Mieux vaut tenir un lapin que poursuivre un lièvre.Proverbe occitan

Oui, mais voilà, quand on n'a même pas le lapin, on ne fait pas le malin ! et on fait des rimes pourries avec ce qu'on a... c'est-à-dire pas grand chose. Ni lapin ni lièvre. Et la carotte qu'elle avait à tendre n'était pas des plus appétissante, elle l'avouait sans trop de difficulté. Un enfant. La voilà qui secoue la tête tandis que l'aubergiste lui explique que l'homme qu'elle cherche est parti il y a de ça plusieurs jours en indiquant une direction tellement vague que la brune préfère sortir avant de l'empaler sur place. Un soupir est lâché. Il court, il court, le furet... Il pourrait laisser des traces plus précises tout de même. Grommellement qui s'échappe des lèvres féminines, manquant cruellement de charme.

Elle reprit ses recherches en se renseignant à nouveau - on ne change pas les bonnes vieilles habitudes qui ne marchent guère - auprès des villageois, gueux, et blaireaux du coin. Fallait dire que ça pullulait. Ou alors qu'elle supportait de moins en moins de monde... Qu'elle n'avait jamais réellement supporter du monde ?! Toujours est-il qu'au bout d'une journée de recherche sans avoir obtenu la moindre information, elle se décida à faire L'acte qu'elle n'aurait jamais pensé faire ! Si si, je vous jure ! Cillien s'était dit que... les seules personnes - sûres de confiance mais tout dépendait du point de vue, et pour elle... moyennement mais bon - qui se souviendrait aisément d'un visage aussi peu banal serait les... douaniers ! Et bien si, elle a eut cette idée lumineuse, brillante, merveilleuse. Elle s'était dit que, même s'il ne se présentait pas, même s'il ne décrochait aucun mot, il était bien obligé de passer par les portes du village, pour entrer, et donc de croiser des douaniers, et de les repasser pour sortir. Bref deux chances de marquer ces hommes et femmes de garde. Avec un visage aussi peu banal, se serait bien sa veine qu'ils ne l'aient pas remarqué.

Et finalement, elle avait réussi à visualiser le trajet du père de son môme un peu moins aléatoirement que précédemment, grâce aux renseignement du teneur d'auberge. Et le chemin avait été repris. Le trajet fut long jusqu'en Guyenne. Et à chaque ville, le même manège avec les douaniers. Finalement, c'est ce qui c'était avéré de plus efficaces. Pas de jour d'arrêt. Un long trajet, sans pause. Avec pour seul repas généralement, un morceau de pain sec à chacun. Le Poitou, de long en large, de travers en profondeur. Et la seule ville qui ne lui avait pas véritablement déplu était Saintes. Puis l'entrée en Guyenne. Blayes. La Guyenne et un souvenir qui refait surface. Une amie, coincée à... Cahors si sa mémoire était bonne. La brune décida de lui écrire. Peut-être pourrait-elle l'aider. La missive était brève, toutes deux savaient qu'elles n'avaient pas besoin de tourner autour du pot.




La gitane,
Je suis en Guyenne. Je cherche un homme. Brun, cheveux longs. Trois cicatrices sur le visage. Berrichon. Vêtu de noir. Si tu le croises, préviens moi, et retient le. Merci d'avance.
Cillien.


Sans attendre la missive fût envoyée, et les recherches reprirent. Elle était sur ses traces, mais combien d'avance avait-il encore ? Les douaniers du coin s'avérait moins bavard et sympathique que les précédents. Plus professionnel peut-être. Toujours était-il qu'elle avait plus de mal à obtenir les informations qu'elle cherchait. Les passants n'étaient pas non plus - comme toujours - d'une grande aide. Elle décida de se rendre à Bordeaux... En espérant pouvoir y boire quelques gouttes qui pourraient la soulager un peu, et la remotiver. C'est que le petit était vraiment chiant ces derniers temps. Vous connaissez tous bien, vous parents les fameuses répliques répétitives et lassante des longs trajets :

C'est quand qu'on arrive ? Et on est où là ? Et lui, il est où ? On va où ? C'est quand qu'on arrive ?
Mais tu vas la fermer OUI !!!! C'est quand qu'on... c'est toi l'grand con ouais ! Tu la fermes ! on avancera plus vite ! Bordel c'pas COM-pliqué !
J'peux chanter pour passer l'temps ?!
...
Une lieue à pied ça use ça use, une lieue à pied ça use les souliers... 40 750 lieue à pied ça useuh ça useuh...


Et la claque s'abbatait sans attendre davantage sur la joue rose tendre de l'enfant, tandis que la silhouette de la ville, encore endormie de Bordeaux se profile à l'horizon devant eux. Arrivaient-ils presque au bout de leurs longues course-poursuite contre un homme en noir inarrêtable ?! Il fallait espérer que la rencontre aie bientôt lieu, sinon, la jeune femme risquait de tuer son gosse avant de le présenter au père... Imaginez la scène.
"Bonjour, comme on se retrouve ! Ah tu ne dois pas me reconnaitre... En fait je suis la mère de ton enfant... Cet enfant..." et présenter un cadavre frais... Non ce serait de mauvais goût. Et puis, il était quasiment certain qu'un enfant vivant l'embêterait davantage. Elle devait patienter encore un peu... Puis, c'était son enfant malgré tout. Elle avait parfois envie de le baillonner pour ne pas l'entendre, mais au fond de son coeur, tout au fond, bien au enfouie derrière ses sentiments quelque peu obscurs, elle l'aimait quand même, son môme.
Vahanian
Hé oui, les douaniers sont les plus grands sorciers du Royaume de France, sauf qu’eux ne sont pas érigés sur un bûcher pour y être brûlés.
    Toujours en Guyenne, mais à deux jours de Bordeaux, Vahanian-alias-Jule-alias-François-alias-Machin-alias-Henri-alias-Le-Chieur-alias-Hyppolite-alias… s’apprêtait à partir pour Cahors et pestait contre l’absence de gens.



Bordeaux était enfin loin, ça, c’était une bonne chose. Il avait reçu des nouvelles écrites de la Blonde, ça, c’était une bonne chose. Il avait vu Alise et Lonie en taverne au matin, ça, c’était une bonne chose. Mais là, bordel qu’est-ce qu’il s’emmerdait ! Et ça, ce n’était pas une bonne chose ! Marmande, village guyennois aux allures de bourgade fantôme. Une matinée en taverne et il n’avait croisé que les deux brunes avec lesquelles il voyageait. Alors certes, c’était une compagnie de qualité, mais lorsque l’une fait un tour et que l’autre allait dégommer des massifs entiers de marguerites, forcément on se retrouvait un peu tout seul en taverne…

Après avoir envoyé un courrier plein de questions à Hénora, avoir roupillé une bonne heure et avoir descendu deux verres de bière tout seul – bouh l’alcoolo hé ! – le brun s’ennuyait clairement – pour rester poli. Il sortit donc sa carte pour revérifier son itinéraire prévu. Là, il était à Marmande, ensuite il voulait faire un crochet par Cahors pour filer vers Toulouse et poursuivre vers Montpellier. Il vérifia le contenu de sa besace et de sa bourse – n’allez pas comprendre par là qu’il n’avait qu’une couille, ce n’est pas le sujet – avant de grimacer. Il lui faudrait travailler au moins trois journées à Cahors avant de reprendre la route. Cela plairait sûrement à Lonie qui n’appréciait pas trop le régime alimentaire imposé par leur rapide progression. Et à Alise, si elle décidait finalement de ne pas retourner seule à La Trémouille. Il rangea sa carte avec un sourire amusé en repensant à ce que l’Alandouillette lui avait conté au sujet du marin et du cureton de La Rochelle. S’il se disait parfois qu’il ne comprenait rien aux femmes, certains hommes n’avaient décidément aucun tact quant à l’approche des damoiselles. Et puis comparer son organe mâle à un mât… Il s’esclaffa en imaginant le type affublé d’une telle chose. Que les gens étaient cons.

- Pfff ! Mais y’a personne dans c’trou ou quoi ?!

Déclama-t-il à la taverne vide qui n’en avait cure. A cet instant précis, signe du Très-Haut ? Ou hasard hasardeux coïncidant ? Un homme entra. Avant de partir… Revenir… Partir… Et ne jamais revenir le tout en claquant la porte, évidemment.

Fr**d** sort de la taverne en grommelant et claque la porte.


- Hm… Soit…

Grommela un Vahanian perplexe face à telle attitude. Espérait-il trouver silhouette moins velue ? Etait-il sot ? Ou les deux ? Aucune idée, en tout cas le brun n’avait plus qu’une hâte : partir ! Encore ! Et alors qu’il allait encore râler, deux missives vinrent le sortir de sa torpeur. Une de brune. Une de Blonde. Une mauvaise. Une surprenante. La lecture en elle-même lui prit un certain temps. Notre homme n’était en effet qu’un gueux, et si certes il parvenait à écrire, parler le beau et même lire – merci les années au service d’un scribouillard – il n’était pas rapide à cette activité.

- Pfff ! Dire qu’les deux m’causent du même type ! C’pas possib’faut l’abattre. Tain c’pas com’si qu’l’était intéressant en plus.

Non, non, il ne parle pas tout seul… Et le Berrichon de rouler des yeux, d’invectiver le néant, de marmonner dans une barbe qu’il ne possède pas et de finalement ranger les deux vélins dans sa besace de cuir usé afin d’aller faire un tour, d’éclaircir ses pensées et… Qui sait ? D’aller se noyer dans le fleuve, un coup ? Réorientant ses pensées sur des choses plus agréables comme la conversation qu’il avait eu au matin avec la Flamboyante, il sortit de la taverne un léger sourire sur les lèvres. Les réponses ? Plus tard. Les emmerdes ? Patience, elles arriveraient bientôt… Et bien assez vite !
Cillien
Ah tu verras tu verras, on se retrouver'Ah tu verras tu verras...

Il fallait y croire pour ne pas perdre espoir. Elle était tellement dépitée qu'elle faisait presque des rimes... Le temps était long, et le chemin parcouru incroyablement sinueux. De la Bourgogne à la Guyenne en passant par l'Anjou. Le tour du royaume en 80 jours. Bonjour ! Et oui, c'est Cillien qui avait inventé le principe. Repris maintes fois par la suite. Elle ruminait pas mal la brune. Les recherches se compliquaient tandis qu'elle se lassait. C'était fatigant de poursuivre un fantôme vêtu de noir. Et puis, il semblait éviter une ville sur deux. L'art et la manière de l'énerver. Sans le vouloir, sans le savoir. Mais le résultat était là. Ah ça il savait faire, mais le reste... Elle jouait au ramponneau un coup sur deux, en se disant qu'il avait dû prendre cette direction là, dans une ville où personne ne l'avait croisé. ça lui avait réussi une fois, mais, elle doutait fortement que cette astuce - somme toute aléatoire vous en conviendrez - marche plusieurs fois. Surtout qu'elle avait peu de chance d'être cocue vu qu'elle était seule.

Après Bordeau, c'est à Marmande qu'on l'avait vu ? Une ville déserte, pourtant elle avait trouvé un pegno pour lui dire qu'il était bien passé par là, cet homme. Retournant à l'auberge un brin dépitée malgré tout, puisque V. avait déjà quitté la ville, elle faillit claquer son enfant une seconde fois, tandis qu'il lui disait qu'il en avait marre, qu'elle était une menteuse, qu'il n'avait pas de père et qu'il était FA-TI-GUE ! Heureusement pour lui, un pigeon se posant non loin attira l'attention de Cillien. Sauvé par le gongue le mioche. Parce que de celle-ci il s'en serait souvenu, parole de brune ! Un attrapage de pigeon plus tard, suivi d'un dépliage de missive et d'une lecture rapide - pareil l'invention du télégramme vient de là, démonstration :
Ton homme à Cahors Point.
Reste quelques jours Point.
Dépêche toi POINT
Gitane

Clair, net et précis. La brune froisse le parchemin, le jette par dessus son épaule, et attrape le bras de son gosse sans attendre, dans un geste d'une douceur maternelle merveilleuse. Cillien, la féminité incarné. La perfection de la femme à l'état pure. Douce, agréable, souriante, charmante, attentive... Et même Généreuse ! et ça elle allait le lui prouver. Elle voulait lui faire le plus beau des cadeaux. On ne devient pas père tous les jours. Ehm ehm.

Le départ est pris sans attendre, et les deux ne s'arrêtent plus dans aucun patelin que pour voler une miche de pain rassi et se reposer quelques petites heures. Ils arrivent finalement dans LA ville du royaume la plus... celle qui rend Cillien le plus sceptique pour le moment. Un calme inquétant au vue de la populace qui grouille. Pourtant... ils ne sont pas bavards c'est le moins que l'on puisse dire. Elle envoie son mioche au verger, en lui disant de cueillir autant de fruit qu'il le peut, et même qu'il a le droit d'en manger un ou deux - au grand maximum faut quand même pas pousser - sans l'attendre et sans sa permission. Au moins, il lui ficherait la paix toute la journée comme ça. Et il s'avérerait un tant soit peu utile. Et la recherche reprit. Toutefois, elle devait avouer qu'il était nettement plus agréable de chercher quelqu'un quand vous saviez qu'il rodait quelque part non loin. Elle en retrouvait presque sa politesse, et elle apparaissait presque calme :


'Xcusez moi... ! OH !!! c't'a vous que j'parle bordel ! on a dit "Presque' l'oubliez pas Bin oui vous !
Voulez quoi ?!
J'cherche un type, brun, les cheveux longs, vêtu de noir, trois cicatrices sur l'visage, vous savez pas où j'peux l'trouver ?!
...


Avec pour toute réponse un haussement d'épaule et aucun mot décrocher, le nigaud s'éloigna. Les nigauds sont les mêmes dans tout le royaume. Y'en a pas un pour rattraper l'autre. C'est assez désolant. La brune finit par échouer dans une taverne déserte, et peu reluisante qui lui rappelait celle d'une certaine rue de traverse dans une ville bien connue... Et elle attendit que le temps passe... Peut-être croiserait-elle la gitane qui pourrait la renseigner. Le hasard fait parfois les choses à merveille... Il suffit d'y croire et d'être patient... Deux choses en soit que Cillien n'avait pas... mais peut-être pourrait-elle changer d'avis d'ici peu.
Vahanian
Le hasard fait bien les choses… Ou parfois il fait juste bien chier. Tout dépend qui vous êtes et à quel moment.
    Quelques jours plus tard, en la belle ville de Cahors, remplie de stupides folles qu’on pourrait cramer pour sorcellerie, d’une certaine Sulfura et d’une boiteuse qui remontent un peu le niveau médiocre de la cité.



Le brun avait fini par atteindre Cahors. La route s’était déroulée sans encombre. Alise n’avait pas suivi et était restée à Marmande, pour une obscure raison. Il se retrouvait donc seul avec Lonie jolie à la découverte d’une ville qu’il espérait plus vivante que la précédente. Les premières impressions ne furent pas des plus excellentes. Une boiteuse amie de Lonie, soit, mais une brune et une blonde sorcières, sans répartie et qui n’avaient à la bouche que des mots abjectes pour compenser peut-être leur laideur incommensurable… Ce n’était pas des plus fascinants. Et en dehors le désert, ou presque. Un chouineur dont il se demandait s’il possédait des bourses… Une fille aux mœurs légères... Non décidément rien de très intéressant. Les jours s’écoulèrent sans un grand enthousiasme de la part du brun. Alors pourquoi restait-il ? Hé bien il attendait Hénora, avec impatience, et Alise les avait finalement rejoints.

Un jour que sa Flamboyante minait, qu'Alise dormait et qu’il revenait du verger, Vahanian décida d’aller se poser dans une taverne, n’importe laquelle, pourvut qu’il put se payer une choppe et se reposer un instant, voire aller, pourquoi pas, rencontrer une personne un tant soit peu intéressante. Sur le chemin pour aller du verger municipal au centre-ville se tenait justement, dans un quartier peu fréquenté et également peu fréquentable, un établissement fort peu cher où l’on ne viendrait probablement pas l’emmerder et où le fait qu’il ne soit qu’un gueux ne poserait de problème à personne. D’un pas sûr il se dirigea donc vers la taverne et en poussa la porte d’entrée. Laquelle grinça vilainement. L’ambiance n’y était pas. Ce qui devait être le tenancier engueulait ce qui devait être une serveuse. Une femme dans un coin. Deux hommes en train de magouiller probablement, dans un autre. Et deux bonnes femmes qui jacassaient au comptoir. Le brun haussa les épaules et pénétra dans la pièce au piètre éclairage. Le vieux panneau de bois se referma derrière lui en couinant.

Sans se préoccuper du monde présent, Vahanian se dirigea droit vers les deux qui donnaient de la voix.

- Hé, une bière, et pas d'la pisse siouplait.

De concert les deux interpellés tournèrent leur tête passablement moche vers lui. L’homme qui avait la carrure d’un taureau le dévisagea, s’attardant un moment sur ses cicatrices. Vahanian fronça les sourcils, imperceptiblement.

- Il va attendre que j’ai fini de causer avec la dame le mignon !


Le mignon ? Non mais, sérieusement ? Le balafré le regarda, un peu heberlué.

- Namé hé, vous m’prenez pour quoi, pauv’type ? Un d’ces bourges d’Paris v’nu attend’des années ‘vant d’obtenir un verre ? Sers moi à boire ou dis moi d’dégager qu’j’aille dépenser mes sous ailleurs ! Mais j’ai aut’chose à fout’que d’te r’garder taquiner la gueuse.


La susnommée prit une teinte cramoisie, de gêne ou d’irritation, on ne savait point trop. Oui, Vahanian avait mélangé le vous et le tu. Il faut dire qu'après réflexion, l'autre ne méritait pas un vous.
Cillien
Tout vient à point à qui sait attendre... ou presque

Assise au fond d'une taverne mal fâmée, la brune, dans ses vêtements trop larges, observait ce qui se passait. A son entrée elle était allée s'installer au fond, prêt du pillier, dans le coin sombre. Elle avait commandé une pinte, plutôt âpre, et en sirotant lentement, comme à son habitude, elle avait observé l'arrivée de personnes plus ou moins étranges dans la pièce. Patron et tavernière avait commencé à s'échiner, parlant fort avec moultes gestes, tandis qu'un duo étonnant était entré, en différé, et s'était installé le plus loin possible des gens et de l'agitation et semblait discuter à voix basse. La brune observait en silence. Réfléchissant à une façon de trouver son homme...

Quand... il fit son entrée. Elle se renfonça discrètement un peu plus dans sa chaise. L'homme fit un pas, puis deux. Et le doute ne fut plus permis. Il était là, devant elle, il n'y avait plus de doutes possibles. Et il se dirigeait vers le tenancier, commandant une chope... et pas de la pisse... dans une telle taverne, il ne fallait pas trop en demander en générale... Elle suivit l'engueulade des yeux, et avant que l'affaire ne dégénère trop... fallait pas que le tenancier l'envoie bouler trop loin, maintenant qu'elle l'avait repéré, elle ne voulait pas le perdre de vue, elle s'interposa, lâchant d'une voix forte, et autoritaire mais douce, sans bouger de sa place :


Deux.

sous-entendu deux pintes bien sûr. Une pour le balafré, une pour elle. Brun balafré qui ne semblait pas la reconnaître, et c'était sans doute mieux ainsi. Elle jeta un coup d'oeil au reste de la taverne et sourit légèrement en constatant que l'ombre cacherait un peu ses traits, assurant certainement le fait qu'il ne la reconnaisse pas de si tôt... 7 ans s'étaient tout de même écoulé... 7 ans et elle avait bien changer. Une grossesse, une maternité. Des traits moins infantiles. Un caractère complètement différent. Il était difficile de la reconnaître après tant d'années, même pour ceux qui la connaissait à merveille. Alors, un homme, d'un soir et d'un jour... Elle se contentait d'espérer. Rester non reconnu pour lui préparer la surprise de sa vie. Une surprise que le bougre ne serait pas prêt d'oublier.

En le voyant, une certitude montait en elle. Un reproche puissant. Pourtant, au fond, il n'avait jamais rien su de sa paternité. Un murmure en elle lui soufflait néanmoins que même s'il avait appris la naissance d'un enfant de son sang, il se serait enfuit. Il aurait disparu, sans laisser de traces. Elle avait dû affronter la grossesse et les premières années de maternité seule. Financièrement aidée, tant que le paternel, bien que distant et dans une colère telle qu'il avait renié tout sentiment d'amour envers sa fille, pourtant chéri durant plusieurs années... Aidée financièrement jusqu'à la mort de ce dernier. Et puis maintenant... Elle était seule, avec son gosse sur les bras. Si elle l'aimait son enfant, il n'en restait pas moins son fardeau. Cette idée ne la quittait pas. Il faudrait surement quelques temps avant qu'elle comprenne. Avant qu'elle accepte.

Au fond de sa taverne, elle attend qu'on vienne lui apporter ce qu'elle a commandé. Impatiente, elle lâche une piécette sur la table pour que le tenancier et la servante accélère. L'appel de l'argent est toujours très fort. Nul doute qu'elle serait servit sous peu. Et lui aussi. Aider, pour mieux poignarder ? L'idée lui plaisait. Il ne regretterait pas sa "tranquilité" du jour... Enfin, il fallait espérer pour lui. Parce qu'ensuite... Elle se contentait de l'observer pour le moment, le plus discrètement possible, laissant son regard scrutateur se promener d'une personne à une autre, s'y arrêter un instant - un tantinet plus long sur Lui que sur les autres, pour revenir se poser sur la piécette, devant elle, rapidement remplacer par une pinte. Il ne restait plus qu'à... ? refaire connaissance ?

Le jeu du chat et de la souris. Il y a 7 ans de cela elle était la souris, et lui le chat. Aujourd'hui, les rôles étaient inversés et ce n'était pas pour lui déplaire. Léger sourire sardonique qui étire le coin de ses lèvres. Quand la souris devient chat, elle sort griffes et dents... Gare au chat devenu souris...
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