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[RP] Dis, est-ce que tu m'aimes encore?

Heloise_marie
Dole, J-4 avant le départ.

Tu pars?
Nous partons !
Non, mais, tu pars vraiment? Pour ça?
Ta gueule ! ok? Laisse-moi! Fiche moi la paix! Je n'ai pas besoin de tes conseils. J'en ai marre de tes conseils, je suis lasse de tes conneries, tu me gaves, tu comprends ça?
Ok ok, je voulais juste t'aider.
Arrête, d'essayer de m'aider. Arrête...franchement, tu-tu-tu, tu es exaspérante, je n'ai pas besoin de toi, casse-toi!
D'accord... c'est bon.. pas de panique, je pars...

Et ce fut le silence dans sa tête et dans la pièce.

Un silence assourdissant, lourd de sens, mais tellement léger. Silence qui sèche les larmes qui dégoulinent de ses joues pâles et maigres. Un silence qui valait bien le prix de ses choix, de ses souffrances et de ses mensonges et trahisons. Elle n'arrêtait pas, où qu'elle aille, elle semait trouble et souffrance. Destructrice par ses paroles et ses gestes, annonçant à tout un chacun, tombant dans les rouages de ses yeux, un enfer éternel. Et elle reste incapable d'assumer, incapable d'oser, incapable de se montrer honnête, une fois dans sa vie. Elle, la digne fille de Erine, la femme la plus franche et la plus droite de Franche Comté, et de Bobyzz, tant franc que s'affirmant et s'assumant. Elle, leur digne fille, pas capable de s'assumer et de s'accepter. Son pâle et maigre reflet passe dans le miroir tandis qu'elle le voit, affreux, énorme, immense, et tellement laid. Un haut le cœur lui prend soudain et elle se rue sur son pot de chambre pour vider le déjà maigre contenu de son estomac.

Révulsée, en larmes, l’œsophage brûlé, et les cheveux en bataille, elle se redresse pour reprendre ses activités. Un chiffon par ci, un jupon par là. Par chance, elle n'avait pas emporté énormément. Par chance, elle était encore assez lucide, bien que faible, pour terminer ses bagages seule. Alors qu'elle termine et ferme la malle qui est illico emportée par deux domestiques, la jeune Comtesse s'assoit devant le miroir du meuble pour regarder, observer, étudier son visage minable.


Affreuse ! Je suis affreuse...

Ses doigts fins viennent tirer sur ses joues et glisser ses cheveux fougueux dans un long ruban bleu. Puis, après un moment d'hésitation, guettant la voix de son autre elle du fond de son esprit, elle prend les boucles d'oreilles restantes pour les fixer une à une, puis agrafer son collier derrière son cou. Chose faite, elle se mire à nouveau, mécontente et blafarde. Bref, pas de quoi sortir dans un bal ou un cérémonie à la mord moi le noeud. Bien que il parait que c'est la nouvelle mode : toute blanche et tirée. Mode parlementaire powaaa, mode j'en prends plein la gueule mais tout c'qui arrive c'est de ma faute powaaaa. Avec une furieuse envie de laisser éclater les sanglots qui lui pourrissaient la gorge, elle se lève, les dents serrées et tourne les talons sans un regard pour cette chambre qui l'avait accueillie. Elle ouvre la porte d'un grand coup sec et se retrouve, dans un sursaut non moindre et un gémissement larmoyant et inondé des larmes qui coulaient maintenant sur son corset, devant....

Beren... Be...Beren ! C'est toi? Oh mon dieu, c'est toi !
C'est lui? oui, c'est lui ! Beren ! Mon dieu ! On est sauvées !
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Piotr_alexander
Dole, au même moment.

Seul dans sa chambre de l'auberge de Dole, seul dans une chambre dont la seule lumière provenait de ce chandelier posé sur le bureau et les trois autres sur les murs . Seul à écrire sur le vélin les quelques lignes que son coeur pouvait exprimer. Seul dans les remords, dans la culpabilité, devant la lueur qui émanait de ces chandeliers finement ornés. La soirée avait été forte en rebondissements. D'abord la colère, puis la tristesse, et enfin l'espoir. Mais un espoir teinté de doutes. Basé sur une peur insondable. La peur de la solitude. La peur d'un destin malmené. La peur de devoir se remettre en question. Devoir reprendre à zéro. Revenir au point de départ et tenter à nouveau de trouver cet amour. Ce n'est pas ce qu'il lui avait dit. Il l'aimait. Trop peut-être. Et ce sentiment le mettait à fleur de peau. Il était fragile. Sa position face à Heloise le rendait vulnérable. Il était dépendant de ses choix, de ses voeux, et de ses volontés. Il ne pouvait édicter aucune règle et cela ajoutait une certaine anxiété à son état de désarroi.

Assis face à son bureau il étalait ses états d'âme sur le vélin lorsqu'un bruit le fit sursauter. Des hommes criaient en bas du bâtiment. Dans sa chambre au 1er étage, la pupille de ses yeux se dilata, il se concentra sur ce qu'il entendait. Des cris, certes, mais des bruits de fer. Des épées ! Son regard passa en revue toutes les possibilités qui s'offraient à lui à l'instant présent. La fenêtre n'offrait aucune possibilité de sortie, surtout que des pas montaient l'escalier de bois. Sa frayeur se mêlant à son instinct fit exploser en lui un coktail d'adrénaline, lui faisant jaillir l'idée de la chaise. Il la cala contre la poignée de la porte et se saisit d'une torche enflammée en se collant contre le mur faisant angle à la porte. Le souffle accéléré, les yeux ne pouvant se poser sur un endroit fixe, il entendit les premiers pas qui étaient tout prêt maintenant, et d'autres semblaient monter. Deux hommes se tenaient devant la porte, il en avait la certitude. Essayant de ne faire aucun bruit il s'immobilisa. Le souffle court, une goutte de sueur perlait sur son front.
L'un des deux hommes frappa lourdement à la porte, faisant vibrer la chaise sous les secousses de la brute.


- De Sevillano, sort de là, je sais que tu es là.
La voix rauque le fit tressaillir. Sa torche tenue fermement entre ses doigts, il la tenait suffisamment éloignée pour ne pas se brûler mais regardait intensément le feu pour y trouver l'on ne sait quel courage. La force qui l'habitait lui était étrangère, sûrement due à la bouteille de mirabelle qu'il s'était enfilé, mêlée à l'adrénaline qui parcourait son sang. Le porte vibra à nouveau sous le coup d'un pied qui fendit la planche de bois en deux et le pied traversa la porte et se retrouva presque sous les yeux du blondinet. Celui-ci n'hésita pas un seul instant et appuya fortement la flamme de sa torche contre le mollet musclé de l'agresseur. L'inconnu poussa un hurlement qui fit tressaillir le jeune chancelier. Sous le choc il lâcha la torche qui s'éteignit et s'en ressaisit pour frapper la jambe de toute ses forces. L'homme la retira non sans peine et envoya un coup d'épaule dans la porte qui l'ouvrit en grand, et se trouva nez-à-nez avec le chancelier. L'homme au visage couvert lança un grand coup de poing dans le ventre de Pjotr. Celui-ci, se tordant en deux de douleur ne comprit pas ce qu'il lui arrivait. Le second homme, au visage grêlé regarda le premier qui lui fit signe de se saisir du jeune homme. Le grêlé lui envoya un second coup de poing dans le visage, laissant le jeune homme quasi-inanimé sur le sol. Il se saisit de son corps endoloris et le jeta sur le fauteuil de sa chambre. Le temps que Pjotr reprenne ses esprits, des liens scellaient ses bras et son dos était également attaché au dossier de la chaise. Quelques petites gifles données avec plaisir par l'homme encapuchonné lui firent reprendre connaissance. Pjotr avait l'esprit embrumé, et parvenait mal à distinguer les formes et le grêlé semblait avoir disparu. Mais il revint rapidement à la réalité lorsque ce dernier, qui se tenait derrière lui le saisit par les cheveux et lui tira la tête en arrière. Pjotr tenta de se débattre, mais ce fut peine perdue. Ses liens étaient trop fort et chaque mouvement lui procurait un cisaillement. Ses muscles se figeaient, son corps était bien meurtris et la force qui émanait de sa motivation n'avait aucun pouvoir sur les liens qui le nouaient à se fauteuil. Pjotr ne pouvait plus voir que devant et ses yeux se posèrent sur ceux de l'homme encapuchonné qui le fixaient. Dans la pénombre de la pièce peu éclairée et des bougies partiellement éteinte, il distingua les yeux marrons de l'homme. Du regard émanait une violence inouïe. Le bourreau boitant dit alors...

Tu me crames... je te crame. Se retournant vivement il se saisit du chandelier posé sur le bureau et put lire dans les yeux du blond une frayeur, une terreur pure. De celle que l'on ne peut lire qu'à l'instant fatal. Le bourreau récupéra la cire qui coulait du chandelier et la versa lentement dans le récipient à encre après en avoir retiré la plume. Le mélange d'encre et de cire envahissait la pièce d'une odeur désagréable qu'aucun d'eux, dans la violence du moment, ne put percevoir. L'encrier rempli, il le laissa chauffer au dessus d'une bougie afin de ne pas laisser refroidir la cire. Le mercenaire regarda Pjotr et lui dit simplement.

Crois-moi, avec ça tu n'pourras plus zyeuter les p'tites fesses de ta princesse.

Le jeune homme ferma instinctivement les yeux et voulu détourner la tête, mais le grêlé lui tenait vigoureusement le visage en arrière. Son étreinte était épouvantable et le bourreau, l'encrier d'une main, utilisa sa main libre pour tenir grande ouverte la paupière droite du chancelier. Très délicatement, et avec une finesse malicieuse, le démon encapuchonné versa une partie du contenu brûlant sur l'une des billes bleues du jeune homme. A cet instant, la douleur lui arracha un hurlement bestial. Son bourreau le regarda se tordre de douleur, chercher l'air, crier de toutes ses forces puis répondit à ses appels à l'aide avec un air sarcastique.

Mon gaillard, t'inquiète pas qu'on a vidé l'auberge exprès pour ton arrivée. Et on a fait gaff' que l'aubergiste soit pas pris d'un geste... inconsidéré... Sur ces mots, le gaillard fit signe à son acolyte de ressaisir sa victime et de lui prodiguer la même étreinte qu'auparavant. La cire bleuâtre coulait encore de l'oeil droit du diplomate que c'est de l'autre paupière que le bourreau se saisit. Il le regarda un moment et lui dit. Profit' mon gars, c'est la dernière image réel' que t'vas avoir de ton vivant... et quelle chance, tu te souviendras qu'on touch' pas à n'import' qui ! Et il versa la fin de l'encrier dans l'oeil du borgne à présent complètement aveuglé. Son cri fut moins perçant que le premier. Résultat de la fatigue, de la peur, du renoncement. Mais la douleur restait la même. L'étreinte se relâcha, quelques coups de pieds firent tomber la chaise de l'homme sur le sol et la tête de Pjotr vint heurter le sol dans un grand fracas. Complètement inconscient, il laissa son esprit partir au loin, loin de la douleur, loin de la violence, loin de ce chaos qui venait perturber son destin.
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Heloise
Héloïse était sortie de la salle du banquet de fin de mandat juste après Héloïse-Marie, fatiguée, éreintée, elle n’avait qu’une envie : aller s’étendre dans le divan et lire un bon livre en latin qui finirait de l’achever. Alors qu’elle filait vers « sa » maison, elle fut bousculée par deux types étranges qui sortaient d’une auberge. Elle s’arrêta et se retint de leur signaler qu’ils venaient de manquer de l’écraser. Ca semblait bien être le genre à s’en ficher royalement. Elle les entendit parler entre eux et se féliciter d’une leçon qu’ils auraient donnée à l’instant.

Son instinct d’ancienne connétable l’obligeât à tendre l’oreille. Quand elle crut entendre le nom de Sevillano, son sang ne fit qu’un tour. Elle en connaissait plusieurs de Sevillano, pourtant elle n’en connaissait qu’un qui fut encore en vie… Si celui-là l’était encore… Elle tourna les talons et poussa la porte de l’auberge. Les mains moites, elle n’était pas très à l’aise dans les tavernes, ça n’avait jamais été son fort les familiarités, les contacts proches, les paroles banales. Mais présentement, ce n’était pas cela qui la mettait le plus mal, non, c’était de se demander dans quel état elle allait retrouver ce Sevillano là.

Elle arriva devant le comptoir et attendit que l’aubergiste qui semblait absent, tout comme, étrangement, le reste de l’auberge, vienne vers elle pour lui demander le numéro de la chambre d’un certain Sire de Sevillano.


- Bonjour aubergiste, pouvez-vous m’indiquer la chambre du Sire Sevillano ?

Haussant un sourcil l’aubergiste la fixa.

- Qu’est-ce que vous lui voulez tous comme ça ?
- Comment ça ?
- Y a déjà deux loustics qui me l’ont demandé y a pas plus tard qu’une heure, en plus de quitter les lieux pour un paquet d’écus.


La jeune femme déglutit et prenant son courage à deux mains, elle continua…

- S’il vous plait c’est un ami à moi, j’ai peur que vos deux loustics comme vous dites ne lui ai fait du mal. Dites-moi juste le numéro de sa chambre ?
- Bien, c’est la troisième sur la gauche, mais vous avez intérêt à me rendre la chambre en état ! Et pas de mort !


Héloïse écouta à peine la suite du discours de l’aubergiste, elle n’en avait cure : elle connaissait la chambre de Pjotr. Elle releva le bas de sa robe suffisamment pour pouvoir faire de plus grand pas et se dirigea à la hâte vers l’escalier. Des images plus horribles les uns que les autres défilaient dans sa tête. Dans quel état allait-elle retrouver Pjotr ? Cela ne faisait aucun doute, c’était de lui que ces truands parlaient, après tout qui d’autre eut pu être à Dole dans une auberge alors que le banquet de fin de mandat battait son plein ?

La brune se demanda pourquoi il n’était pas avec la blonde, elle savait que cette dernière avait hâte de filer de Franche-Comté, mais après tout n’était-il pas Lorrain ? Ils auraient pu faire la route ensemble ? Alors que toutes ces questions tournaient dans sa tête, Héloïse montait les marches aussi vite que possible compte tenu de sa tenue pas du tout adaptée aux grandes enjambées. Mais détestant par-dessus tout porter des braies, elle s’était, dès son plus jeune âge, habituée à se mouvoir presque aussi bien qu’un homme en braies, sauf qu’elle elle était en robe, toujours.

Arrivée sur le palier, elle fila dans le couloir pour chercher la chambre de Pjotr. Arrivée devant celle indiquée par l’aubergiste, elle frappe un coup à la porte espérant qu’il répondre. Elle attendit un peu, des images plus affreuses les unes que les autres défilant dans sa tête. Sauf qu’aucune réponse ne parvenait. Etait-il mort ? La brune était de plus en plus inquiète, mais elle a beau jouer la hardi, une crainte la paralysait, et s’il y avait du sang ? Un tas de sang ? Du sang partout ? Une marre immense de sang ? Rien que l’idée de voir du sang l’horrifiait, elle en avait la nausée et l’estomac retourné. Oui pour quelqu’un qui pratique le combat à l’épée ça peut sembler dérisoire, mais déjà l’épée elle préfère cela en entraînement uniquement. Bien sûr s’il le faut pour défendre la Franche-Comté elle ne reculera pas mais bon elle ne sautera pas de joie ça c’est certain.

Sauf que pendant que ses pensées s’écoulaient, cela ne changeait rien à la situation de Pjotr, elle avait bien conscience que plus elle mettait de temps à entrer, moins elle avait de chance de trouver Pjotr en vie si tant est qu’il le fut encore. Elle finit par fermer les yeux, expirer un bon coup et tourna rapidement la poignée. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle trouva Pjotr étendu par terre sans un mouvement, sans une parole. Elle l’appela le secoua mais il ne répondait pas. Elle finit par le rouler sur le dos. En voyant l’état de ses yeux elle ne put se retenir de pousser un hurlement. Mais qu’est ce qui s’était passé ? Pourquoi ces hommes s’en étaient-ils pris à lui ? Bien sûr elle n’avait pas les réponses et dans un sens cela lui importait peu, pour le moment il fallait surtout le soigner. Elle entreprit donc de le faire sortir de sa léthargie, il fallait partir d’ici et l’emmener voir un médicastre.

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Larouchka
[Même ville, quelques auberges plus loin]

Toujours vêtue de rouge mais dissimulée par une grande cape noire, je m'étais installée à une table de la grande salle en toute discrétion, dans un recoin, tournant le dos à la porte. Mon but étant que personne ne me reconnaisse. La capuche relevée sur la tête, mes boucles miel cachées, j'attendais.

Ils ne tardèrent pas à arriver, les deux bougres. Sans sourciller, j'attendis qu'ils s'installent à ma table. Je les regardais froidement. L'un était grand et filiforme, grêlé, un visage à faire peur. L'autre, petit et rondouillard, puait l'ail et me fit faire une grimace écoeurée.

Le grêlé me fit un sourire en posant ses fesses sur le banc, un sourire à glacer le sang. Je les avais bien choisis, à n'en point douter.


Hum... L'affaire est close?

Sourire entendu.


Oui ma p'tite dame! Il y verra plus le p'tit morveux.

Sourcil levé, je ne comprenais pas. Les deux affreux n'avaient donc pas exécuté mes ordres? Je le regardais froidement, tout signe de sympathie ayant disparu.

Comment ça, il n'y verra plus? Je vous avais dis de lui couper les burnes, le message était pas clair ou quoi?

Je me renfrognais, sourcils froncés, pour que le boulot soit bien fait, il fallait toujours le faire soi-même.


Ben ma p'tite dame, faut pas vous met' dans ces états! Il y verra plus j'vous dis! J'aime pas trop faire saigner... là, il va s'en rappeler l'p'tiot, les yeux plein de cire qui pue l'encre!

Et le grêlé de se mettre à sourire tandis que le petit gros explose d'un rire gras. Bien ma veine, il me faudrait m'en contenter. Au moins, avec leur sadisme, sûr que le Sevillano en garderait les stigmates tout de même et puis, c'était mon but, le marquer à vie. Inquiète, je murmurais.

Vous n'avez laissé aucune preuve? vous avez bien fait attention??

Grognement du maigre.


Ben on n'est pas non plus des amateurs hein... Pour sûr personne saura qu'c'est nous, qu'c'est vous...

Je fis une moue, peu convaincue, Ersinn n'en saurait rien, même si la phrase qu'il m'avait jeté: "venge-moi", n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde. On ne prenait pas ce qui était à mon maître, on ne chassait pas sur ses terres, on ne le touchait pas, sinon mon courroux était terrible. Le nobliot en avait fait les frais et si tout se passait comme convenu, personne, jamais, ne saurait que j'étais derrière tout ça.

Désormais, je me devais de leur régler leur du. Je sortis de dessous ma cape deux petites bourses que je posais sur la table.


Voilà, pour vous. Z'avez d'la chance, j'suis bien bonne. Le compte y est, même si vous me l'avez pas émasculé, bougres d'ânes que vous êtes. Et maintenant, décampez.

Il me laissèrent seule, devant une choppe vide. J'avais bien fait. La comtesse retournait à celui à qui elle devait être, j'avais suffisamment intrigué pour qu'elle courre se jeter dans ses bras, et l'autre idiot d'aveugle irait fouetter d'autres chats. Les jeux étaient faits.

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Piotr_alexander
Pjotr était étendu là. Du bruit l'avait dérangé mais rien de suffisant à le tirer de la lourdeur de ses membres. Rien de suffisant à le sortir de ses songes. Oui, très clairement, il était parti. Il sentit bien que quelqu'un était entré dans la chambre, mais il préféra ne plus y prêter attention. Son esprit était tellement embrumé qu'il se sentait comme à mi-chemin entre la conscience de ses blessures et de ses souffrances, et les songes. Son corps meurtrit lui rendait le retour à la réalité des plus difficiles. Il sentait bien que c'était Heloise la Brune, comme il l'appelait, qui était auprès de lui. Et tandis que ladite damoiselle semblait ne pas le voir bouger, et tandis que cela semblait à celle-ci fort long, lui ne le vécu pas ainsi. Le temps du réveil fut pour lui assez court. Par dessus tout, ce fut le cri de la brune qui le sortit de son demi-repos. Mais pouvait-on parler de repos ? Des images des minutes qu’il avait passées en compagnie de ses deux tortionnaires ne firent qu’anéantir sa volonté de réveil. La crainte de leur retour ne l’avait pas quittée depuis la veille. Mais était-ce la veille ? Plus aucune notion du temps, il n’avait aucune idée du temps qu’il avait passé là, allongé sur le parquet de sa chambrée. Et lorsqu’il fut temps d’ouvrir les yeux et de revenir proprement à lui, il ne peut pas, et sentit, au déclenchement de l’ouverture de ses paupières, une profonde douleur au visage. Il faillit repartir dans son délire, tellement la douleur était vive. Il voulut instinctivement monter ses mains à ses yeux mais ne le put pas. Ses mains restaient liées derrière son dos. Ce fut bien un retour à la réalité. Réalité douloureuse de l’inconnue, du handicap, mais surtout, et beaucoup plus sensible, de la douleur à son visage, la brulure de la chair, l’inconfort insoutenable de sa position contre le sol. Par-dessus tout, c’est le noir qui l’effrayait. Le fin-lettré qu’il était ne pouvait penser sa situation autrement. Il était aveugle. Comment pouvait-il se figurer un monde sans couleur, un monde sa forme visuelle… Toutes ces questions furent interrompues par la douleur qui paralysait son esprit. La sensation de brûlure allait par-delà la peau de son visage, il avait l’impression que c’était son cerveau lui-même qui brûlait. Son instinct encore en éveil lui fit dire la plus simple des choses dans la situation présente.

Ce…ce n’est rien. Commence par me libérer de ces satanés liens…

Lorsqu’Heloise s’exécuta, ce fut une délivrance pour lui. Les cordes qui le scellaient à cette fichue chaise l’avaient profondément meurtri. Autour des poignés, elles l’avaient cisaillé jusqu’à la chair. Ses plaies n’étaient pas très graves mais relativement douloureuses, surtout pour ce jeune homme dont les exploits guerriers n’avaient jamais été contés… car inexistants. L’homme de lettre profita de la libération de ses membres pour s’étirer brièvement les membres emprisonnés depuis trop longtemps. Et presque simultanément, il leva ses mains jusqu’à son visage endoloris. Non, tout son visage n’était pas brûlé, contrairement à ce que ses nerfs lui faisaient croire. Pour autant, ses yeux étaient profondément brûlés et les côtés de ceux-ci étaient marqués de petites plaies encore pleines de cire. Lorsqu’il prit conscience de ces faits, aucun mot ne pu sortir de sa bouche. Il aurait voulu dire à Heloise de l’amener à l’hospice le plus proche, mais ce n’était pas possible. Aucun son ne sortait de sa bouche. Le choc, la douleur et surtout le malaise étaient trop fort pour le laisser en pleine possession de ses moyens. Il resta donc là, assis à présent, attendant qu’Heloise l’aide à se lever, lui dise quelque chose, le rassure. Il avait peur.
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Heloise
Héloïse lâcha en sourire en l’entendant parler. Mais elle n’était pas vraiment d’accord avec lui.

- Comment ça rien ?

Interrogeât-elle en défaisant les liens comme il lui avait commandé. Une chose était sur, il n’avait peut-être plus la vue mais il avait gardé son caractère. Une fois les mains de ce dernier libéré, elle ne put retenir une grimace. Berk il avait les poignets ensanglantés aussi.

Soupirant, elle se releva et enleva la chaise de sur Pjotr, puis se pencha pour l’aider à se relever.


- Allez, il va falloir que vous m’aidiez à vous lever si on veut que vous voyez un médicastre.

La brune se pencha en avant et passa un bras à Pjotr par dessus son épaule. Doucement elle se releva afin de l’aider à poser ses pieds à terre, il avait perdu la vue et semblait avoir du mal à retrouver l’usage de ses membres. Il est évident qu’il devait avoir subi une douleur terrible. Mais une question tournait dans la tête de la brune : Pourquoi ?

Alors qu’ils avançaient vers la sortie de la chambre puis l’escalier, Héloïse lâcha sa question.


- Mais qui vous a fait cela ? Et pourquoi ? Il faut que les auteurs en soit puni.

Doucement elle avançait dans le couloir Pjotr soutenu par ses petits bras Arrivé en haut des marches, elle le prévint qu’ils allaient descendre. Elle décida de les descendre dos au vide afin de lui tenir les mains et de le guider à chaque marche. La descente fut lente et difficile mais ils y arrivèrent sans chute. Ce n’était pas le moment de recommencer. Pjotr avait eu sa dose c’était certain.

Arrivé en bas des marches, elle reprit son soutient sous son bras et sortit dans la rue. Elle chercha des yeux un coche libre afin d’aller plus vite chez un médecin. Cependant elle n’en vit aucun, elle avança donc doucement dans les rues de Dôle tachant d’éviter que Pjotr ne trébuche. Leur progression n’était pas rapide, heureusement il n’était pas loin d’un médicastre réputé. La jeune femme entra dans la bâtisse avec Pjotr et demanda à voir rapidement le médecin. Il y avait urgence et si d’être l’ancien procureur n’offrait aucun avantage pour permettre à un ami gravement blessé de passer rapidement, alors à quoi cela servait ? On leur demanda de s’asseoir et Héloïse conduisit Pjotr jusqu’à une chaise en attendant l’arrivé du spécialiste.

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Piotr_alexander
Dole, le lendemain

La route avait été longue. Le médicastre de Dole avait pronostiqué une cécité totale, et avait prescrit une pommade à base de végétaux simples afin d'apaiser les brûlures et avait conseillé de laisser les plaies cicatriser à l'air. Le travail du docteur avait été relativement rapide, mais plutôt efficace. Pjotr souffrait de moins en moins au bout de cette semaine passée. Heloise était allée chercher les affaires du diplomate dans son auberge, et les avait fait mettre sur le carrosse de l'homme. Son cocher avait aidé Pjotr à monter dans la voiture et s'était mis en route assez rapidement.

Pjotr était dans le carrosse, éveillé mais fort silencieux, profitant du doux et frais frottement de l'air sur sa peau et mêlant cet apaisement à l'atroce remémoration de la scène de l'agression. Son esprit ne divaguait pas, ses yeux ne pouvaient se poser sur les paysages champêtre des chemins traversés. Il ne pouvait se satisfaire d'un quelconque élément de la situation présente. Dans quoi pouvait-il trouver un apaisement ? Dans la douceur d'une aimante ? Assurément, mais il avait reçu une missive avant de partir :
Citation:
A Pjotr Alexander de Sevillano,


En vérité, bien des choses je vous ai cachées,
Mais c'en est trop, il me faut jouer l'honnêteté,
Même si pour cela vous devrez me détester,
J'accepterai car je l'aurai mérité,
Et que j'estime le pardon à proscrire.

Si à notre histoire j'ai mis fin,
C'est qu'en mon coeur je vous l'avoue,
Existait déjà un autre nous,
Que j'ai tenté pour vous de laisser sous les écrous,
Mais qui me collait au coeur comme parfum.

Rencontrant cette idylle à nouveau,
Mon coeur s'est réveillé,
Mon coeur a pleuré,
Mon coeur a retrouvé,
Ses sentiments enfouis bien trop tôt.

Blâmez-moi, haïssez-moi, méprisez-moi,
Car en vérité je vous ai trahi,
Trop de choses je ne vous ai pas dit,
Et je suis lasse de jouer la comédie...
Mais ne Lui en voulez pas, car c'est uniquement Mon choix :


Et mon choix c'est Lui.

Si jamais vous voulez crier, pleurer, discuter,
Je vous sais à Epinal demain,
Que cette annonce ne soit pas un frein,
Pour tous vos futurs desseins,
Et que votre coeur accepter, d'encore une fois me parler.

Héloise Marie.


Alors, que pouvait-il bien espérer ? Plus rien. Ses idées se perdaient dans des délires, entre le sommeil et la conscience de ce carrosse qui valdinguait parfois dans le choc d'une roue dans un trou de ces fichues routes. Le chemin n'était pas si long finalement. Les nuits passaient sans sourciller, dans la fièvre et les cauchemars, dans l'insomnie et la colère, dans la souffrance physique et spirituelle. Et le voyage pris fin à la vue de cette belle ferme fortifiée, ces quelques maisons et ce beau petit castel au sommet duquel, à l'arrivée du carrosse seigneurial, les drapeaux aux armes du seigneur furent dressés. Pendant ce temps, les gardes postés à l'extérieur du castel suivirent et entourèrent le carrosse dont les chevaux avançaient au trot à présent.


Puxieux, 6 jours après le départ de Dole

Les gens se posaient des questions, on disait que le seigneur n'étais pas encore sorti de son castel, lui qui d'habitude, à l'image de feue la baronne de Chambley, faisait un petit discours à son arrivée. Pourtant, deux jours qu'il était revenu chez lui, et aucun signe de vie. Il paraissait également qu'une certaine Heloise du Val d'Haine l'avait accompagné chez lui et n'en était pas sorti non plus. Le chapelain avait calmé le jeu en expliquant que le seigneur était souffrant, mais nombres d'infamies circulaient sur les probables dérives que faisait le seigneur en ce moment même. Le travail était assez interrompu dans les champs par ce genre de vaines discussions, et la fine populace cherchait quelques explications. Il y en avait toujours pour dire qu'il savait quelque chose. Mais au fond, personne, même pas le chapelain, ne savait quoi que ce fut sur la situation du seigneur.

Pourtant, dans le castel, le seigneur travaillait sans relâche. Pas sur des dossiers diplomatiques, mais bel et bien pour retrouver son autonomie.


Lâchez-moi, je peux marcher tout seul !


La démarche lente, les bras devant lui afin de guider ses pas et ne pas heurter le premier objet entreposé par là, il traversait le salon de long en large.

Sire, prenez donc cette canne, utilisez-la pour voir ce qui se trame sous vos pieds, que vos mains ne pourraient sentir

Le seigneur arracha le bâton orné des plus belles dorures de la seigneurie et d'un grognement s'affala sur le sol dans un bruit sourd. Le valet voulant l'aider fut remercié grâcieusement.

Laissez je vous dis, je n'ai pas besoin de vos mains. Les miennes me suffisent !Et il s'affala encore sur le parquet, non sans douleur, sous les yeux de son amie Heloise.
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Heloise
[Dole, le Lendemain]

La brune avait sagement patienté devant la porte du médicastre, pourtant elle rongeait son frein. Déjà ca aurait du être la blonde qui aurait du être planté devant cette porte à attendre le diagnostic. Mais les bruits qui sortaient de la pièce n'était pas rassurant. Héloïse espérait au moins que le médicastre serait rassurant...

Ah ça oui il l'avait été rassurant, mais pas dans le sens qui aurait plus à la brune. "Cécité total" elle allait lui en foutre de la cécité total ! Comment un chancellier peu avoir une cécité total ? Non mais il l'a bien regardé ? Il va faire comment pour lire et écrire des courriers maintenant ? Va t il devoir engager un lecteur et écrivain personnel ? Fallait le croire, mais en attendant il demandait à rentrer sur Puxieux. Héloïse ne se sentait pas le coeur de le laisser y aller seul, de plus elle avait depuis un moment envie d'aller faire un tour en Lorraine, c'était donc la bonne excuse.

Elle avait emballé les affaires de Pjotr avant de prendre quelques affaires pour elle-même. Elle était ensuite montée dans le coche laissant à mot qui serait envoyé à son père ainsi qu'un mot destiné à son hôte durant ces quelques semaines sur Dôle. Ensuite la route c'était faite tranquillement, Pjotr disait avoir moins mal, Héloïse avait toujours du mal à comprendre comment une pommade appliqué sur la peau saine et non sur la plaie pouvait apaiser. Mais si Pjotr disait avoir moins mal, alors autant le croire.

Durant la route, le silence envahit la voiture, Héloïse n'avait jamais été une grande bavarde et Pjotr ne semblait pas plus enclin à ce genre d'activité, ou alors c'était la situation qui faisait que. Cependant, durant la route, un courrier fini par leur parvenir. Bien sûr c'est Héloïse qui l'ouvrit. Elle alla jusqu'à la signature et espérant que le courrier soit plein d'attention à l'égard de Pjotr, elle en lut rapidement dans sa tête le début. Sauf que sa joie de lire le courrier de son homonyme blonde laissa rapidement place à la déception. Elle comprit rapidement qui était ce "Lui" évidemment, et Pjotr ferait lui aussi rapidement le même cheminment. Elle aurait bien aimé lui répondre que ce n'était rien, mais elle ne souhaitait pas mentir. Abuser de la cécité de quelqu'un n'avait jamais été l'un de ses passes-temps favoris. Elle lui avait donc lu la lettre, plus elle avancait, plus elle se sentait navrée et ô combien désolé pour lui. Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle retournait vers lui. Après tout, il ne lui avait jamais rien amené de bon, ils ne passaient que leur temps à se faire mutuellement souffrir. Soudain, elle ferma les yeux et soupira. Et Hellina ? Elle espérait au moins qu'il eut la décence de lui en parler, après tout il avait eu la hardiesse de mentir au frère de cette dernière...

Et la route se poursuivit, chacuns des deux passagers ayant en tête la lettre, mais sûrement pas dans le même sens... Rapidement un petit castel se fit voir, aux bruits que faisaient les gens autours du carosse Héloïse comprit qu'ils devaient avoir atteint les terres de Pjotr.


[Puxieux, 6 jours après le départ de Dôle]

Héloïse n'occupait définitivement plus ses journée à la politique, oh non, mais pourtant les journées s'enchainait à une vitesse impressionante sans se ressembler. Chaque jour Pjotr s'acharnait à tenter de se déplacer seul chez lui. Héloïse préférait le regarder sans intervenir, ses gens étaient déjà bien assez sur son dos pour pas qu'elle rajoute ses propos.

Cependant, rien de la crainte et des rumeurs lancés par les paysans des terres ne parvenaient au sein du Castel. Certains bien placé dans la maisonné devait faire tampon avec les inquiétudes des habitants. En attendant ce qui était certain c'est qu'elle n'avait pas non plus prit le temps de répondre à Héloïse-Marie. Elle ne savait pas trop quoi lui répondre, elle en était inquiète... La laisser continuer à se fourvoyer et voir Pjotr s'enfoncer dans sa douleur qui n'était pas physique, ou bien tenter de la faire venir ? Elle était sûr d'une chose en tout cas, c'est qu'il y avait peu de chance qu'elle change d'avis. Et si elle le ferait serai-ce par pitié pour l'état de Pjotr ? De la pitié pour sûr qu'il n'en voudrait pas !

C'est pourquoi elle n'avait toujours pas eu le courage de répondre au courrier de cette dernière, de proposer à Pjotr d'y répondre. Elle passait donc ces journées à l'aider à se repérer dans sa maison, à devenir autonome...

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