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[RP] Ce chemin que nous traçons

Heloise_marie
RP de voyage qui date de la nuit du 7 juin 1460 au 8 juin 1460 et après.

Elle avait prétendu marcher,
Il avait proposé de monter.

Oh c’était bien là des mensonges. Oui, elle avait marché, un peu plus que d’habitude. Mais son carrosse n’était jamais bien loin. Juste que cette fois-ci, étrangement, elle prenait plaisir à sentir la douleur perler dans ses mollets, ses chevilles et la plante de ses pieds. D’entendre son souffle s’accélérer quand la fatigue commençait à prendre part de tout son corps. De penser à la route qu’elle voyait devant elle, à où positionner ses pieds pour ne pas s’effondrer sur une branche ou se prenant les pieds dans un trou. Oui, elle avait marché, telle une va-nu-pieds, telle une pauvre Dame sans sous, telle la gueusaille mais moins que la gueusaille. Si elle estimait avoir forcé sur la marché, il était certain que comparé à un voyageur pauvre, elle passait pour une molle sans force. Mais elle avait marché et s’estimait gagnante de cette expérience qui avait été utilisée dans un but purement ostentatoire. Marcher pour ne pas penser ! Marcher pour ne pas s’inquiéter. Marcher pour que le temps lui semble moins long. Marcher car de Dole à Luxeuil, c’est seule avec ses domestiques qu’elle était.

Elle avait prétendu marcher,
Il lui avait proposé de monter.

Luxeuil, tard le soir, on veille encore. Les tavernes sont calmes, presque vides. C’est qu’ils se sont souvent retrouvés seuls, ils en ont l’habitude. Même à Dole pourtant si peuplée, les soirs se montraient timides de toutes personnes. Chaque excuse était pour la jeune fille une excuse à saisir pour retarder le départ. Et pourtant elle attendait Epinal avec une impatience incomparable. Bien que comparable à cette boule de panique qui lui prenait les tripes à chaque fois qu’elle y pensait. Puis enfin, l’heure du départ ne pouvait plus être évitée. Si elle se souvenait des derniers échanges taverneux ? Certainement… Un échange cordial de propositions succinctes pour finalement arriver à la solution suivante :

La dernière route se ferait à dos de cheval dolois et pas très rassurant au niveau fougue. Et « On s’était dit rendez-vous près du lac ». Au moins ça ce n’était pas trop difficile à trouver pour son sens inné de l’orientation. Au moins, ça laissait une vision assez superbe d’un clair de lune sur un ciel dégagé se reflétant sur le miroir scintillant du lac Comtois. Au moins, l’idée de quitter la Franche Comté suivie par toute sa maisonnée allait peut-être rester sur une note un peu plus joyeuse. Au moins la dernière chevauchée serait distrayante, attirante, excitante et non pas d’un ennui profond au fond d’un carrosse.

Plantée là, sur une des rives du lac, vêtue de sa robe de voyage souple et fine aux couleurs d’Arbois, donc bleue, ceinte d’un petit couteau offert par son oncle, elle avait les yeux rivés sur quelques canards qui, dans la nuit, se laissaient aller dans les remous délicats de l’eau. Un seul léger coup de vent vint faire frissonner la petite Comtesse qui resserra autour d’elle son manteau. Son cœur battait à tout rompre à chaque fois que son corps et son esprit manquait d’action. Car elle y pensait. Elle y repensait. Elle craignait. Elle paniquait. Mais elle espérait de tout son cœur et de toute son âme et avec une impatience douloureuse la confrontation avec Ersinn.

Un nouveau frisson lui parcourt l’échine alors qu’elle entend des bruits de sabots approcher dans son dos. Il était l’heure, apparemment. Silencieuse, la Comtesse se tourne et adresse un sourire au chevalier, jugeant le cheval d’un œil avisé.


Mmmmh, finalement, il semble bien plus résistant que ce que vous me disiez, vous ne l’avez réellement pas mis à son avantage. C’est tellement cruel de votre part. Pauvre animal.

Un sourire amusé pointa sur ses lèvres alors qu’elle gagne la montre pour poser sa main entre ses deux yeux et lui caresser le museau. Lui nuit était totale à présent. Elle était peu rassurée d’encore devoir chevaucher dans le noir. Mais assurée d’une telle protection, sans nul doute qu’elle ne risquait rien… Bien que… Ne lui avait-il point conté qu’il avait mené Victoire à presque deux mois de repos complet suite à une erreur de parcours ? Pointant son regard azur sur le chevalier, il se teinta soudain d’une légère inquiétude.


Elle avait prétendu marcher,
Il lui avait proposé de monter.
Était-ce, finalement, vraiment une bonne idée.

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Angelotti
Elle avait prétendu marcher,
Il avait proposé de monter.

Après plus d’une année à rouler sa bosse dans les coins et recoins du Royaume de France, certains plus recommandables que d’autres, il était de retour en Empire. Et pourtant, difficile pour le Chevalier Impérial de se sentir chez lui. Avait-il encore seulement un « chez soi » ? Il y avait bien Stolberg, pour autant que le château tînt encore sur ses fondations… Mais la perspective d’y retourner ne l’enchantait pas vraiment. Un jour, oui, mais pas aujourd’hui. Les dernières semaines passées en Empire avaient été faites d’allers-retours entre la Franche-Comté, où les affaires de l’Ordre requéraient sa présence, et la Savoie, duché dans lequel Leonoria et lui avaient planifié de s’établir. Avant cela, il avait résidé de longs mois à Pontarlier, allant jusqu’à se considérer comme un véritable Comtois. Mais après ces péripéties chez le voisin français, son retour à Dôle lui laissait le sentiment d’être, comme partout ailleurs, un étranger. Les lieux avaient changé, les gens avaient changé. Et plus que tout, il avait changé.

Néanmoins, quelque chose au fond de lui restait immuable. Ainsi, lorsque dans une taverne de la capitale, la Franc-Comtesse en fin de mandat lui avait annoncé qu’elle partait pour la Lorraine, seule, le chevalier qui sommeillait lui n’avait guère tardé à émerger de son trop long repos. Au terme d’âpres négociations, il fut convenu qu’ils se retrouveraient à Luxeuil. « Rendez-vous près du lac ». Lui au moins n’avait pas bougé, ce ne serait pas malaisé pour Angelotti de le trouver. Alors qu’il menait sa monture au pas vers les berges du point d’eau, ses pensées vagabondaient vers un autre lac, vers des souvenirs anciens. Des souvenirs, c’était bien tout ce qu’il lui restait. Quand il regardait vers l’avenir, le chevalier ne voyait rien, ni projet, ni résolution qui lui tînt à cœur. Le néant. On lui avait bien suggéré, certains de manière plus plaisante que d’autres, de faire son retour au sein de l’Ordre des Lames. C’était là également ce que son sens du devoir le poussait à faire. Le Castel d’Aachen, son foyer d’autrefois, le lieu qui avait fait de lui ce qu’il était, avait péri par les flammes. Que pouvait-il espérer trouver à Colmar ?

À travers les branches des arbres, le miroir étoilé du lac fit son apparition. C’était par les nuits comme celles-ci que le moustachu se sentait le plus lui-même. Entouré par le silence, sous le règne du calme et de la tranquillité, que rien ne venait troubler sinon, çà et là, le cri de quelque rapace nocturne ou le crissement sur l’humus des pas d’un rongeur en fuite. Il laissait alors son esprit voyager, sans sujet de réflexion précis, chaque esquisse de pensée aussi fragile que le reflet des astres à la surface de l’eau, qu’un simple souffle d’air suffisait à balayer. Les étoiles, elles, étaient éternelles dans le ciel. Et alors qu’il ne s’y attendait pas, ses pensées à mille lieues d’ici, qu’elle fit son apparition. Une étoile de plus dans la nuit luxovienne.

Elle avait prétendu marcher,
Il avait proposé de monter.

Il mit pied à terre, adressant à la Comtesse sa plus belle révérence suivie d’un léger sourire. Elle n’avait pas tort, le cheval qu’il avait déniché à Dôle n’était pas foncièrement une mauvaise bête. Il avait parfaitement convenu pour faire le trajet depuis la capitale et conviendrait parfaitement pour pousser jusqu’à Epinal, voire même plus loin. Aux yeux d’un maraîcher, c’eût même pu paraître une bête magnifique, capable de tirer sa charrue à longueur de journée sans montrer signe d’épuisement. Angelotti l’avait faite trop souvent pour ne pas penser à sa monture comme à un instrument de guerre et il n’aurait pas donné cher de la peau de celle-ci sous les remparts d’Aix. Au moins avait-elle le pied sûr, ce qui, malgré le clair de lune et la myriade d’étoiles, ne serait pas de trop.


Il ne manque pas de résistance : il m’a porté jusqu’ici, il n’aura aucune peine à vous porter jusqu’en Lorraine. J’ignore si son père était un étalon racé, mais il me semble d’assez bonne souche pour qu’une Comtesse ne se ridiculise pas en le montant. Quand à moi, je vous accompagnerai à pied.

Un sourire amusé pointa sur ses lèvres en la voyant flatter le museau de la bête et il réalisa que ce n’était finalement pas une mauvaise chose de ne pas être arrivé avec un destrier tel que ceux qu’ils dressaient alors à Aachen. Le cas échéant, la Comtesse n’aurait pas tardé à hériter du surnom de « doigts mâchés », voire de « mi-main ». Une légère brise provoqua, malgré robe et manteau, un frisson chez la jeune Sparte que le chevalier, les yeux rivés sur elle, ne put manquer de discerner. Il dégrafa la fibule de sa cape et déposa délicatement le tissu sur ses épaules. C’était un vêtement de voyage grossier, plus conçu pour son côté pratique que pour son aspect visuel, le di Cerruti n’ayant jamais eu grande considération pour sa garde-robe, mais mieux valait être à l’aise ainsi accoutré plutôt que de tomber malade dans de somptueux atours.

Elle avait prétendu marcher,
Il lui avait proposé de monter.
Il était, finalement, tout de même un Chevalier.

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Heloise_marie

Voyagez, deviser, conter, imaginer...

Vraiment, voyager avec un chevalier, c’était vraiment la classe ! D’abord, ça pensait à tout, la preuve ici même avec la cape qu’il pose délicatement sur ses épaules quand elle frissonne à peine. Ensuite, ça apporte toujours un cheval , même si, dans ce cas-ci le cheval laissait un peu sur sa faim. Et puis, ça mange de tout ! Même des racines. Et ça n’est pas malade quand ça goûte une cuisine douteuse qui avait retourné l’estomac de la jeune fille durant toute la soirée.

Rien qu’à penser à son plat, elle en avait mal à l’estomac et devait se faire sévère contre son cerveau pour empêcher de se révolter. Ce fut une grande première pour elle et elle était tout de même assez fière d’avoir, pour la première fois, mis la main à la pâte. Quelle idée, oui certes. Il y aurait de quoi médire volontiers. Mais elle prenait de plus en plus de plaisir à toutes ces diverses tâches de la vie quotidienne. Bon, de là à aller laver le linge dans un lavoir, quand même pas, mais regarder comme ça se passe, pourquoi pas.

La Comtesse pris les pans de la cape entre ses deux mains pour la serrer contre elle et glaner un peu de chaleur dans le tissu, peu seyant, mais réchauffant. Elle voyagerait avec un chevalier, désormais… un chevalier ! A elle, les histoires issues des romans des soirs d’hivers, les histoires des trouvères, les contes de mille et une guerres. Un chevalier pour défendre honneur et vie des demoiselles. Un chevalier pour brandir épée et pourfendre l’ennemi, pour ensuite jurer protection, fidélité et amour à la Dame. Oh, par Aristote, qu’elle comprenait que Victoire ait désiré voyager tant de temps avec un chevalier ! Même si ce n'étaient sans doute pas pour les mêmes raisons...

Bref, oui oui, ça c'était la classe, allez, venez, bandits des bas chemins et loups des contes affreux, venez donc attaquer la comtesse de Champagnole et tenter de trousser jupons et bourses. Jalousez donc, Dames médisantes et superficielles. Oui oui, elle souriait à présent, ravie de la situation. Même si elle ne connaissait pas tous les us et coutume des chevaliers, elle se basait sur ses lectures de jeunesses pour imaginer milles situations extraordinaires qui pouvaient égayer le voyage, pour vivre ses images, vivres ses fantasmes fantastiques : vivre comme dans un roman.

1. La princesse arrive TOUJOURS sur le même cheval. Et ça, c’est la top classe. Même si, dans l'absolu, le "chevalier" de son cœur n'apprécierait certes pas. Bien que : c'était pour sa protection quoi.


Hummm, si vous marchez à mes côtés alors que je chevauche, nous n’arriverons pas avant midi à Epinal… Vraiment, n’en faites rien, ça ne me pose pas de soucis que nous partagions le même cheval. Et je suis certaine qu’il se montrera bien plus résistant que ce que nous semblions croire tout à l’heure…
Et puis, après avoir rempli les mêmes chopes...
Elle sourit bien malgré elle à ce souvenir plaisant, puis repris ses analyses.

2. Il fallait attirer l’attention des brigands pour qu’il y ait une attaque et que le chevalier gagne ! Une tout autre affaire, cette histoire... Que pourrait-elle prétendre pour ce faire? Crier car quelque chose d’inexistant et imaginaire lui arrivait? Faire un feu? Mais pourquoi? Et quand? Souriant en coin, elle s'approche du chevalier pour lui prendre le bras avec dignité et annoncer d'une voix claire, que diriez-vous de commencer par quelques pas au bord du lac? Le temps est doux et Luxeuil aura été si peu vue...
Même si Epinal reste attendue... Même si sa vie reste là-bas. Même si les doutes auront tous une vérité.. Elle craignait d'y arriver. Et quitte à craindre quelque chose, autre que les sentiments d'Ersinn à son égard, autant craindre les choses réelles de la vie : le noir les loups et la route.
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Angelotti
Vraiment, voyager avec de jeunes filles de haute naissance, il commençait à en avoir l’habitude. La brune d’Arcy devait à peu près avoir l’âge de la Comtesse lorsqu’ils s’étaient rencontrés. La première, elle avait éprouvé cette fascination pour le chevalier, bien qu’alors, il ne fût pas encore chevalier et qu’il ne s’agît pas à proprement parler de fascination. Durant son exil, il avait rarement évoqué son rang mais chaque fois que l’excès de boisson ou la fatigue extrême l’avait poussé à cette extrémité, la réaction ne s’était pas fait attendre : « Emmenez-moi, Chevalier ! Vivons des aventures extraordinaires que les ménestrels mettront en chanson ! ». Seule la blonde von Dumb avait fait exception à la règle, mais Angelotti avait découvert au fil de leur voyage que l’envoûtement chevaleresque exerçait également son effet sur elle.

Comment leur expliquer, à ces jouvencelles, comment leur avouer qu’il avait juré de défendre la veuve et l’orphelin, mais qu’il avait fait plus de veuves et d’orphelins qu’il n’aurait pu en compter ? Qu’il protégeait le faible, oui, mais pour autant que celui-ci se trouvât sous les bonnes bannières ? Que le preux chevalier défiant le danger et relevant mille défis pour libérer la demoiselle en détresse des griffes son ravisseur pour ensuite la défendre, l’aimer et la protéger jusqu’à la fin de ses jours, tel que décrit dans les romans fleurant la rose, n’était en fait qu’une machine à tuer, le sens de l’honneur et de la courtoisie en plus, plus habitué à dormir à même le sol des bords de route, sous un vent glacial et une pluie battante que sur son matelas de plumes d’oies, les cheminées du château l’entourant d’une chaleur apaisante ? Non, mieux valait laisser planer le mystère. Mieux valait les laisser rêver de toutes les aventures qu’elles pourraient vivre au côté de ce parangon de droiture, de fidélité et d’humilité.

Le Chevalier défit son ceinturon et raccrocha au pommeau de sa selle l’épée qu’il venait d’en détacher. Très bien, ils se partageraient le cheval. Règle numéro un : ne pas froisser la jouvencelle, ne pas briser ses rêves de chevauchées épiques dans les bras de la galanterie faite homme. Et, pour des raisons plus terre-à-terre, ne pas offenser la Comtesse : la chambre de bonne des suites qu’elle réclamait était plus fastueuse que celle du Chevalier à Stolberg. Qui a dit que l’humilité ne permettait pas d’apprécier le luxe de temps à autre ? Cela avait aussi ses mauvais côtés. Ainsi, lorsqu’elle avait insisté pour préparer le repas du soir, il ne s’était laissé convaincre qu’à contrecœur, même s’il n’en avait rien laissé paraître. On pourra lui reprocher d’avoir bafoué son vœu d’honnir le mensonge et la dissimulation, au moins avait-il veillé à faire preuve de courtoisie. Et qui sait, la jeune femme fille possédait-elle peut-être des talents de cuisinière insoupçonnés ?

La suite des événements leur avait appris que non. L’expérience, peu concluante, ne serait pas rééditée. Du moins, tel était le contenu des prières que le Chevalier adressait au Très-Haut. Déjà qu’il ne pouvait pas visiter les emplacements bien connus entre Luxeuil et Epinal où il était notoire que les bandits aiment établir leur campement, s’il devait en plus souffrir telle subsistance durant le reste de leur voyage… Concernant les brigands, il était convaincu que cela n’aurait pas déplu à l’Etoile de Sparte d’en rencontrer sur leur trajet, de voir le chevalier à l’œuvre, luttant vaillamment pour préserver l’honneur, la vertu mais avant tout la vie de la jeune fille. Du point de vue du chevalier, cette tâche serait beaucoup plus aisée si leur chemin était sans embûche. Au contact de sa main, si légère, sur son bras, quelque chose vibra dans les tréfonds du Di Cerruti.


Juste quelques pas, alors. Il faut songer à ne pas trop s’attarder si vous ne voulez pas arriver après midi à Epinal. Mais vous avez raison, profitons un peu de ce temps si clément et de cette magnifique vue.

Lui n’était pas pressé d’y arriver, à Epinal. Avant midi, après midi, demain, la semaine prochaine, quelle importance ? Et puis la compagnie de la Comtesse ne lui était somme toute pas désagréable. Il saisit donc les rênes de sa monture d’une main, lui présenta l’autre bras de manière plus séante plutôt que de la laisser ainsi accrochée à lui, dignement certes, mais d’un air que certains n’auraient pas manqué de qualifier d’enjôleur. Ils ne risquaient pas de croiser grand monde à cette heure tardive, mais tout de même, les apparences…

Ou préférez-vous peut-être que cette brave bête ne fasse ces pas pour nous ?
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Heloise_marie
Emerveillée, la jeune fille saisit alors avec plaisir l’autre bras du chevalier, tandis qu’il tenait les rênes de la monture de l’autre main. Si ses yeux papillonnaient, le noir les cachait, son sourire, lui n’était pas du tout caché par les affres de la nuit et démontrait son impatience de se mettre en route. Tentant de garder un peu contenance, la jeune fille se mis en marche, donnant le tempo de leur rythme. Un deux, un deux, un pas devant l’autre, le cheval à leur côté, le lac de l’autre, la nuit et les étoiles sur leurs têtes. Héloise reste un moment silencieuse, l’esprit bouillonnant de diverses visions de la nuit, comme ça pourrait se passer, quels et qui seraient les éléments perturbateurs. Quand allait-il y avoir de l’action, pourquoi le chevalier ne disait rien, pourquoi elle pensait à ça, pourquoi elle avait très chaud, tout à coup, quelle robe porter demain, ‘fin le genre de pensées des jeunes filles quoi.

Puis, il vint à la proposition suivante : monter le cheval. Mmmmmh. Si d’aucune demoiselle aurait illico sauté sur l’occasion, elle, réfrénant ses envies de preux chevalier et tentant de garder un peu de contenance, car oui, même si elle est comtesse, ex franc comtesse, fille de ou sœur de truc bazar, elle reste une adolescente, quelques fois écervelée, quelques fois réfléchie, restait bien silencieuse. Sur le coup, elle était un peu des deux : écervelée et réfléchie. Mais elle avait surtout peur de passer pour une gourde. D’abord parce qu’elle n’était jamais monté que en amazone et que la robe qu’elle portait actuellement ne lui permettait en rien de chevaucher autrement. Ensuite, parce que ce n’était pas une selle pour chevauchée en amazone, enfin, parce qu’elle ne savait pas si elle devait monter en premier ou pas, parce qu’elle ne savait pas si elle allait être à l’avant et conduire (hiiiiiiii ouiiiiii) ou derrière et contrainte d’enlacer le chevalier pour tenir en place (hiiiiii ouiiiii aussi).

Donc, elle restait silencieuse, un temps. Le temps en fait que son cerveau fasse tous les liens entre toutes les diverses données. Machinalement, son bras se resserra autour de celui du chevalier alors qu’ils commençaient à pénétrer dans les bois.

Aaah, Héloise, il attend ta réponse là, arrête de nous faire passer pour des imbéciles.

Petite voix dans sa tête qui se réveille enfin. La jeune fille cligne deux trois des yeux puis lève son regard sur l’homme à ses côtés et ouvre la bouche pour lui parler, tandis que dans un même temps, ses pieds et le bas de sa robe se prennent dans une branche narguant le passage sur lequel, bien évidemment, elle se trouvait. Arrêt sur image comme d’habitude lorsqu’un événement bien désagréable se produit, tous les événements semblent prendre un temps incommensurable à se passer.

Dans un premier temps et alors que ses pieds s’emmêlent dans la branche, elle réfrène un cri mélangeant le début de la phrase avec un juron bien senti, entendez par là un truc du genre « montrtecouille », ponctué d’une prise violente de ses deux mains sur le pan de la manche du chevalier qu’elle tenait pour éviter de ton en avant, à plat, sur le sol de terre et de crasse…

Nooooooon, seule chose qui parvint à sortir de ses lèvres alors qu'elle perd son équilibre en se retenant à sa manche, et se sent tomber en avant.
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Angelotti
Le silence est d’or, paraîtrait-il, mais certains silences ne valent rien, rien de bon. Parfois, on se tait pour éviter de paraître ridicule ou par peur d’être jugé ; d’autres fois, par crainte de blesser ou d’offenser son interlocuteur. Des silences lâches, des silences égoïstes, des silences hypocrites… des silences humains. Que celui qui ne s’est jamais tu crie le premier mot ! Cela arrive à tous. Même aux chevaliers… Combien de fois avait-il caché ce qu’il pensait, ce qu’il ressentait ? Combien de fois, au lieu d’assener une répartie cinglante et définitive, avait-il laissé tergiverser ? Cela n’apportait jamais rien de bon, mais dieux ce que c’était confortable !

Le silence de la Comtesse pourtant ne paraissait pas de ceux-là. Angelotti le mit plutôt sur le compte des circonstances. Peut-être, absorbée par la contemplation du lac, des points lumineux à sa surface, reflet exact du ciel étoilé qui couvrait le monde, n’avait-elle pas entendu sa question. Peut-être, perdue dans ses pensées, ne l’avait-elle pas remarquée. Ce voyage en Lorraine semblait la réjouir autant que l’inquiéter, la jeune fille devait avoir multitude de sujets de réflexion. Peut-être, intimidée par la présence imposante du Cerruti, n’osait-elle pas prononcer mot, trop concentrée sur la cadence de ses pas pour confier une seconde de son attention à la parole. Peut-être, finalement, n’en avait-elle aucune idée, de si elle voulait marcher ou monter. Ça ne l’aurait pas étonné, lui-même se trouvait dans cette situation. L’air était doux, la vision qui s’offrait à eux magnifique, c’était une nuit parfaite pour une promenade au bord du lac, une promenade comme il n’en avait pas connue depuis longtemps. Si proches de Luxeuil, il y avait peu de risques que leur randonnée fût interrompue par quelque malandrin et, à cette heure, les habitants du bourg dormaient à poings fermés. Pourtant, que n’aurait-il pas donné pour pouvoir s’offrir une chevauchée sauvage, sentir le souffle de l’air battre son visage, l’entendre siffler à ses oreilles. Il n’était pas chevalier pour rien, ne se sentait libre que quand son cœur cognait au rythme du galop de son cheval.

Le déplacement de la petite main sur son bras, le changement de la force avec laquelle elle s’y agrippait, lui firent oublier ses pensées de folles cavalcades, les reportant sur la jeune Comtesse alors même que ses yeux se posaient sur elle. Qu’allait-elle faire en Lorraine ? Elle ne le lui avait pas dit, il ne le lui avait pas demandé. Elle n’avait pas répondu à sa dernière question, serait-il malavisé d’en poser une autre ? Comme si elle lisait dans ses pensées, elle leva son regard vers lui. Si leurs regards ne s’étaient pas croisés, si le chevalier n’avait pas adressé à la Comtesse un éclatant sourire à cette occasion, s’il avait au lieu de cela observé la route devant eux, il aurait pu voir la branche fautive.

Ce ne fut pas le cas. Au lieu de ça, ce furent sa bouche, ouverte mais muette, ses yeux, qui se teintèrent soudain d’un éclat d’effroi, et ses mains, qui happèrent brutalement la manche de son manteau, s’y cramponnèrent avec l’énergie du désespoir, qui lui firent comprendre ce qui était en train de se produire. Alors le temps s’arrêta. Enfin, pas vraiment, mais à force de mettre en exergue la force, le courage, les réflexes… du chevalier, je commence à me sentir coupable. Disons donc que le temps s’arrêta ou du moins ralentit sensiblement.

Phase une : libérer sa seconde main, la première étant prisonnière, de même que tout son bras, de l’étau de la Sparte. Les rênes sont lâchées, la malchance veut qu’au même moment, l’infortunée pousse un cri strident faisant détaler le cheval – et saigner les oreilles d’Angelotti par la même occasion – mais qu’importe, la main est libre.

Phase deux : se placer sur la trajectoire de la chute. Se précipiter pour retenir la personne qui tombe est le meilleur moyen de se retrouver entraîné à son tour. Alors le chevalier déplace ses pieds, fais pivoter ses hanches, virevolte. Bref, il danse. Et le voilà pratiquement face à la Comtesse, prêt pour la…

Phase trois : éviter à la Comtesse de se retrouver par terre. Aussi appelée « sauver la princesse », « mettre fin au cauchemar » ou – ma préférée – « rétablir l'Ordre ». Et pour ce faire, il n’y a pas vingt-huit solutions : le bras du Cerruti glisse derrière le dos de la Sparte et, poursuivant sa course, la ramène contre lui. Mission accomplie.

Elle toujours arrimée à son bras, lui la tenant toujours fermement par la taille, de peur qu’elle ne s’écroule, Angelotti ne peut empêcher de poindre ni un sourire, ni une remarque :


Il suffisait de demander, si vous vouliez que je vous prenne dans mes bras…
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Heloise_marie
Finalement tout se passe vite, et lentement en même temps, oui oui c’est tout à fait possible, tout est possible de toute manière c’est elle qui décide de comment elle le voit. Alors que les jeux de mains, d’agrippement, d’oreilles qui saignent, de cheval qui fuit et de pieds qui bougent se passent tranquillement, elle garde les yeux fermés et les lèvres serrées, guettant la chute mortelle pour ses fragiles genoux et poignets. C’était toujours pour elle, les branches, les chambranles de portes, la tasse qui se renverse, l’étrier qui lâche, ou la tapisserie qui brûle.

A croire qu’elle était réellement du mauvais côté de la loi de Murphy. A croire que le Très Haut avait décidé de l’accabler de tous les moindres et petits malheurs du monde mais qui, réunis, lui administraient cicatrices, destructions de biens matériaux et quelques fois même, de ses robes… -le pire de tout, notez bien-. Là, quand elle ouvre à nouveau ses yeux et pose ses deux azurs inquiets sur le chevalier, elle est dans une position bien inconvenante. Mais si plaisante. Elle retient toujours de ses deux mains le bras et la manche d’Angelotti, tandis que tout le reste de son corps reste suspendu dans ses bras et soutenu par la taille. Ses pieds touchent bien le sol, mais ne maintiennent plus du tout le reste de son corps en équilibre.
Malgré ça, il parvient à faire de l’ironie et à se moquer d’elle avec une petite phrase teintée d’un sourire. Si elle rougit ? Oui dans un premier temps…

Alors là vous me direz, quoi répondre dans ces moments-là ? Quoi dire et quoi faire, surtout. « Oh merci vous êtes bien trop aimable ». Pas fameux, trop je m’en foutiste. « Sans vous je ne serai surement plus de ce monde. » Humm, peut-être un petit peu exagéré. « Chevaliiiiiieeeeeer que ferais-je sans vous ? Ne m’abandonnez pluuuuuus ! » un peu trop hystérique. « Partons, dans un baiser, pour un monde inconnu ». Ouais non, piqué à quelqu’un d’autre, ça fait pas très original et ça ne plaira pas à un certain spinalien. Finalement et en conséquence de cause, trop envahie par des sentiments bien distincts, elle opta pour une petite voix inquiète et désolée, décidée à ignorer, dans un premier temps, la remarque de ses bras.


Nous…. Nous avons perdu le cheval…

Enfin, les mains de la comtesse relâchent un peu la banche mais s’agrippent à son cou pour se redresser et reprendre une position stable sur ses deux pieds. Après quelques secondes qui lui semblent s’étirer en heures, elle relâche son étreinte et fait un pas de recul histoire de remettre la distance de bienséance convenue par les conventions de 1423 à savoir, la jeune fille parfaitement bien éduquée. Le chevalier ne sembla pas trop se soucier de toutes ces manières et elle ne parvenait pas toujours à déterminer ses sentiments du moments, ses impressions ou ses commentaires. Ironie? Moquerie? Protection? Il avait proposé de venir oui, mais pourquoi? Uniquement la protéger avait-il dit. Or elle avait fait les trois quart du voyage seule et s'en était fort bien sortie. Cependant, elle tenterait de percer ses secrets un peu plus tard. Là, défroissant quelques plis de sa robe dans un silence frustrant, elle relève ses yeux sur le chevalier avec une lueur de défit et un peu d’orgueil, bien dans les fonds bleus.


Je voulais tester l’évidence de vos réflexes… Et heuum, l’auriez-vous seulement fait si je vous l'avais demandé ? Petit rougissement tout de même quand elle revient sur son commentaire, elle dépassait certainement quelques limites, mais n’avait pas du tout envie d’assumer son comportement maladroit. J’espère ne pas vous avoir heuu… déplu ce faisant… Ses yeux se posent sur la manche un peu détendue et mal en place du chevalier, puis à nouveau elle les pose sur lui, un peu perdue dans ses mots et ses explications, voulant se justifier, mais pas trop, une comtesse ne se justifie pas, une jeune fille avec un chevalier, si. Bredouillant quelques fois, un sourire pointa finalement sur ses lèvres et elle tourna les talons dans un mouvement larges des épaules et du visage avec une voix très amusée, décidée de faire fit des derniers événements et de montrer un peu l'intelligence de ses idées de blonde.

Je vais chercher le cheval, ne bougez pas !
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Angelotti
Le chevalier sourit, le chevalier plaisante, mais le chevalier n’est pas à l’aise. Oui, éviter aux Comtesses en tout genre de se retrouver étalées par terre fait partie de ses attributions, mais les serrer vigoureusement dans ses bras dépasse quelque peu le cadre de ses compétences. Alors le chevalier sourit, le chevalier plaisante, plus pour minimiser le caractère dramatique de la situation que pour se moquer d’elle. Et que peut-il bien y faire ? Elle ne tient pas sur ses pieds, la petite, il ne va tout de même pas la lâcher et la laisser s’affaler sur le sol… Certes, il y aurait de quoi faire jaser dans les chaumières, leur position est inconvenante, voire indécente, mais les mégères dorment et la lune est silencieuse. Alors le chevalier patiente, guette les signes qui indiqueraient que l’Etoile de Sparte est à nouveau en pleine possession de ses moyens. D’aucuns l’envieraient : tenir ainsi le corps frêle d’une jeune femme, la sentir s’accrocher désespérément à soi, on ne va pas cracher dessus. Le chevalier non plus. Mais pour l’heure, il a pris d’autres engagements envers la Comtesse, et ceux-ci doivent primer.

Aussi, c’est avec un certain soulagement qu’il sentit la prise sur sa manche se relâcher. Le sentiment inverse l’envahit lorsqu’il sentit les mains qui avaient quitté son bras se glisser autour de son cou. Ses traits se firent indéchiffrables, des inclinations contraires luttant farouchement pour s’exprimer par leur truchement, alors que ses yeux fuyaient et cherchaient à la fois ceux de la Comtesse. Certains témoins déclarèrent suite à cet épisode que l’incompréhension dominait fortement sur le visage du Cerruti. D’autres, qu’on lisait dans ses yeux un désir ardent et qu’à sa place, ils n’auraient pas hésité à étendre la Sparte de tout son long. Pour ce que j’en pense, les pensées du chevalier s’exprimaient en un masque et nul sentiment plus que l’indifférence n’y ressemblait. Heureusement, la trêve fut signée, les deux protagonistes retrouvèrent un distance plus conventionnelle avant que tout incident diplomatique n’ait eu l’occasion de se produire.

Et pendant que ce combat faisait rage dans sa tête à lui, elle pensait au pauvre cheval. Une main portée à sa taille lui confirma l’inéluctable : son épée, suspendue au pommeau de la selle, n’avait pas sauté jusqu’à sa ceinture en constatant que la brave bête se faisait la malle. Un chevalier sans cheval, passe encore. Un chevalier sans épée, il y a de quoi redire. Et un chevalier sans épée ni cheval ayant pour mission de protéger une jeune fille de haute naissance dans une sombre forêt perdue entre la Franche-Comté et la Lorraine, on se passera de commentaires.

Dans un élan d’honnêteté, il lui en fit la remarque. Alors, ce fut comme si les Sept Enfers se déchaînaient. La jeune fille entra dans une folie hystérique et ses cris s’élevèrent dans le silence de la futaie. Ils allaient mourir, de faim, de froid, de maladies toutes plus horribles les unes que les autres ! Des crapules dissimulées dans les broussailles les égorgeraient, les dépouilleraient de tous leurs biens matériels et spirituels, les laissant agoniser dans une mare de sang ! Les loups viendraient se repaître de leurs tripes, festoyant de leurs cadavres comme la noblesse fait festin d’un cerf abattu lors d’une chasse à courre ! Maudits, trois fois maudits ils étaient ! Ses mains si douces se firent griffes acérées et ses ongles lacérèrent le visage du chevalier sans que celui-ci ne puisse rien faire pour l’en empêcher. Prenant conscience de son forfait, elle se débarrassa de cape, manteau et robe et s’en servit pour se pendre à une branche basse… Vous y avez cru, hein ?

Dans un élan de bon sens, il garda cette information pour lui. Si vraiment le sujet l’intéressait, la Comtesse s’en rendrait bien assez vite compte par elle-même. Apparemment, ça ne faisait pas partie de ses préoccupations premières puisque, bafouillant quelque peu et les joues rosissant adorablement, elle tentait de trouver une vague explication à l’aventure qui venait de se produire. Bien sûr, ses raisons paraissaient parfaitement… raisonnables ! et ces éclaircissements amenèrent un sourire sur les lèvres du chevalier. Et puis, la question n’était pas sans bien-fondé : l’aurait-il seulement fait, si elle le lui avait demandé ? Le ton de ses pommettes laissait penser qu’elle ne prendrait pas ombrage si elle n’obtenait pas de réponse, pourtant il ne pouvait s’empêcher d’y réfléchir : il aurait aimé répondre que non, que la prendre dans ses bras n’était pas le but de sa présence, qu’il était là uniquement pour la protéger des dangers environnants, mais quelque chose, au fond de lui, s’insurgeait à cette idée.


Et bien, j’espère que cette démonstration vous aura plu et que vous aurez pu constater l’authenticité de la réputation de l’élite de l’Empire. Et ne vous inquiétiez pas, il en faut bien plus pour me déplaire. Tout au plus m’avez-vous donné une occasion de dégourdir certains muscles et de travailler ma vivacité, et cela m’enchante plus qu’autre chose.

Il avait volontairement laissé en suspens l’interrogation de la Sparte. Si elle pouvait se permettre de dépasser – si peu – certaines limites, ce n’était pas son cas. Pas plus qu’il ne l’avait déjà fait en tout cas. Et puis, jouer avec les limites, il l’avait déjà fait, il n’était pas tenté de rééditer l’expérience… Quand il fut question d’aller chercher le cheval et de ne pas bouger, il lui emboîta le pas sans hésiter un instant. On ne désobéit pas à une comtesse, à une jeune fille, si.

Je vais vous accompagner, vous n’aurez pas à vous donner la peine de me retrouver ainsi. Cette bonne bête ne doit pas être bien loin. Si ça avait été une monture bien dressée, elle n’aurait pas fait un pas une fois les rênes lâchées, quand bien même votre cri fut… magistral ! Mais les écuries de Dole n’en font plus, des comme ça. Elle a dû partir par là, nous ne mettrons pas bien long à la rattraper, elle s’est sans doute arrêtée pour mastiquer quelque arbuste.
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Heloise_marie
Dégourdir ses muscles et travailler sa vivacité. Ok, c’était bien beau, mais il n’avait pas répondu à la question qu’elle jugeait elle, la plus importante. Rien qu’un oui, un tout petit oui. Mais non. Rien du tout. Ancienne juge de grande classe, elle ne jurait que par le « qui ne dit mot consent » et gageait finalement que oui il l’aurait fait. Si elle lui avait demandé. Vu qu’il le faisait sans qu’elle le demande. Et puis raaah, pourquoi se torturer l’esprit avec tout ça, il n’y avait qu’à tenter l’expérience, elle pouvait quand bon lui semblait, lui demander une telle chose. Bon, il fallait que ça paraisse correct, dans des circonstances qui ne seraient pas déplacées, du genre, oh on a retrouvé le cheval, vous me prenez dans vos bras ? Non ça ne collait pas du tout et ça ferait caprice. Elle fait quelques pas et tourne ses blondes boucles et son visage vers lui alors qu’il lui annonce qu’il suit.

Dans un premier temps, un sourire enjoué alors qu’il explique deux trois détails sur les montures et le fait qu’elle ait fuit. Puis à nouveau un regard mais un peu moins agréable, un peu plus outré, son cri n’avait rien de douloureux. Enfin, non, hein ? Elle retourne à nouveau son visage sur le chemin devant elle qui s’ouvre sur une forêt de plus en plus dense et ralentit sa course peu à peu, de moins en moins rassurée. Dans un murmure et alors qu’ils se retrouvent à nouveau au même endroit, la Comtesse fronçe les sourcils.


Êtes-vous certain du chemin ?

Elle n'attendait pas vraiment de réponse à cette évidence même : oui assurément, il le connaissait. Un hululement se fait entendre sur le côté droit et quelques battements d’aile firent frissonner la jeune fille, qui resta un moment droite et l’oreille aux aguets, jusqu’à ce que le rapace s’éloigne de quelques battements d’aile. Ok, il faisait beaucoup trop noir ici maintenant, beaucoup trop. Finalement elle n’était pas si sûre de vouloir rencontrer des brigands pour pouvoir admirer la vaillance et les capacités du chevalier. Les arbres cachaient les étoiles, le ciel lumineux et les reflets du lac étaient derrière eux à présent. Tournant un regard inquiet et peu rassuré vers le chevalier, elle se rapprocha de lui pour glisser son bras autour du sien en ignorant tous ses dires précédents.

D’accord, je veux bien que vous veniez avec moi. Vous pensez qu’il est parti loin ? C’est de ma faute, n’est-ce pas ? Je suis navrée de vous mettre dans une telle position. Nouveau frisson qui lui parcourt l’échine et fait dresser ses cheveux sur sa tête tandis que ses yeux regardent autour d’elle, chaque ombre, chaque branche suspecte. Vraiment, Epinal ne devrait pas être loin, nous marchons depuis longtemps non ? Si nous nous perdons, pensez-vous que quelqu’un viendra nous chercher ?

Ils continuaient de marcher, elle s’agrippait à son bras l’esprit alerte et les yeux grands ouverts. Finalement, un sourire illumina son visage quand elle vit le cheval, la bride coincée dans des branchages. De quelques petits bonds précipités et après avoir lâché le bras du chevalier, elle alla aider le cheval à se libérer de son piège. Ses yeux tombèrent sur l'épée, accrochée à la selle du cheval et son cœur fit un bond imperceptible dans sa poitrine. Il n'était même pas armé ! Bref mouvement de la tête qui va de la ceinture du chevalier à l'épée accrochée à la selle, puis, fronçant les sourcils, la Comtesse revint vers lui en tenant le cheval par la bride et s'arrêta à quelques centimètre pour le regarder avec suspicion.


Avez-vous une autre arme cachée quelque part sur vous?

Humm oui il fallait éclaircir deux trois détails quant à sa sécurité avant de passer à l'étape 3 de c'est super top génial de voyager avec un chevalier issu des romans d'amouuuuur qu'elle lit tout le temps : la chevauchée à cheval. Même si depuis le début là elle n'avait pas du tout le profil de la princesse parfaite et précieuse, qui ne fait pas un seul faux pas et sourit sexy à tout, elle se débrouillait pas trop mal, de son propre avis. Elle avait hâte, désormais, d'y grimper avec lui.
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Angelotti
S’il était certain du chemin ? Pas le moins du monde. Il n’avait pas remis les pieds en Franche-Comté depuis belle lurette, ne s’était que rarement rendu en Lorraine et, lorsqu’il l’avait fait, il avait voyagé par les routes. Alors la sombre forêt de Perpète-les-Bains, il ne connaissait pas. En même temps, ce n’était pas trop grave. Les chevaux avaient beau ne pas être de stupides bestiaux – pas tous, du moins – lorsque la peur les faisaient fuir, ils ne se posaient pas la question de savoir par où passer pour que leur maître ne les retrouve pas. Il leur suffisait de suivre la sente et ils finiraient bien par le retrouver. Ou alors, ils se retrouveraient à Epinal et ce ne serait pas plus mal. Et tant pis pour le cheval ! Pour ce qu’il valait, de toute façon…

Le chevalier acquiesça d’un léger mouvement de tête et la devança pour montrer signe de son assurance. Visiblement, la Comtesse n’était pas enchantée par cette idée. Aussitôt, elle posa délicatement sa main sur son bras, comme une demoiselle bien éduquée, le contraignant à adapter son pas au sien. Bientôt, cette prise légère prit des allures plus éperdues, comme si elle craignait à tout moment qu’un brigand ou un ours déboule des fourrés. Qu’avait-elle à craindre, accompagnée d’un chevalier ? Les coins d’ombre ne manquaient certes pas et les efforts d’Angelotti pour percer les ténèbres ne se montraient pas toujours concluants. De plus, chaque fois qu’il sentait le poids du regard de la Sparte se poser sur lui, ses yeux se tournaient irrémédiablement vers elle dans l’espoir de surprendre un ravissant bout de sourire.


Non, votre Grandeur, ce n’est pas de votre faute. Si je vous avais refusé ces quelques pas au bord du lac, peut-être serions-nous déjà à Epinal. A avoir trop voulu vous convenir, c’est moi qui nous ai mis dans cette situation. Mais soyez rassurée, elle n’a rien de désespérée… S’il ne se donnait pas la peine d’y croire, qui le ferait ? Nous ne pouvons pas nous perdre. En marchant toujours dans la même direction, nous finirons par arriver à notre but. Il fallait pour cela garder le cap, et la ramure des arbres le privait des points de repère que le ciel étoilé se serait fait une joie de se procurer. De toute façon, je suis sûr que nous allons bientôt trouver ce maudit cheval…

Et effectivement, la jeune fille ne tarda pas à lâcher son bras pour courir vers des branches basses et le cheval qui y avait emmêlé sa bride. Heureusement pour le chevalier, elle ne semblait pas avoir remarqué l’épée, ou ne pas en réaliser les implications. Ah ! si… Le regard dont elle le gratifia était sans équivoque, voire chargé de reproches. Et il y avait de quoi ! Mais sans en prendre ombrage, le chevalier mit genou à terre devant la Comtesse, la tête basse… et tira de sa botte une courte lame, avant de l’y renfiler aussitôt. Face à un adversaire, cela aurait amplement suffi, à deux également. Trois auraient posé plus de problèmes, mais elle n’avait pas besoin de savoir : c’était un chevalier, il était grand, il était fort, il était courageux, elle ne courait aucun risque.

Mais ce détail n’était pas le seul détail sur lequel il fallait s’attarder. Car maintenant que princesse – comtesse, pardon – chevalier et monture étaient enfin réunis venait le moment tant attendu de la fantastique chevauchée ! Et si le Cerruti était cavalier émérite, il n’avait pas pour autant l’habitude de monter à deux, encore moins avec une damoiselle en robe. Les quelques fois qu’il avait galopé en compagnie de Leonoria, celle-ci portait son uniforme de la Garde, unisexe, qui permettait de monter à califourchon. Il avait veillé à acquérir une longue selle et, puisqu’on ne pouvait pas qualifier la jeune Sparte d’épaisse, la place pour deux il y aurait. Mais valait-il mieux qu’elle s’installe à la croupe pour soulager les reins de la monture, quitte à ce que lui gêne de ses genoux les longues foulées du cheval, ou au garrot, et tant pis pour le dos de la pauvre bête ? La première solution, bien que plus raisonnable, aurait été satisfaisante si le temps ne leur avait pas été compté. Mais voilà, la nuit était déjà bien avancée et s’ils voulaient arriver à Epinal avant la mi-journée – et faire comme dan les livres, accessoirement – il faudrait pousser au galop.

Aussi prend-il la longe des mains de la Comtesse pour l’attacher à une branche, le temps de l’aider à se mettre en selle.
Vous monterez à l’avant, si cela vous convient. Il n’attend pas de réponse, seulement qu’elle mette le pied à l’étrier. Et puis, sans vraiment prévenir, il la soulève par la taille, presque jusqu’à hauteur de la selle… avant de se rendre compte du problème que peut poser la robe. Bah ! Elle est plus à même que lui de trouver une solution, qu’elle se débrouille, là-haut.
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Heloise_marie
Rassurée par quelques paroles ? Tellement peu. Mais tellement en même temps. Elle avait l’art et la chance d’être dotée d’une naïveté hors du commun et exploitable à souhait. Donc, qu’il lui dise qu’en marchant toujours dans la même direction, on arrive à Epinal qu’il lui dise qu’on retrouvera vite le cheval, qu’il lui dise que oui, si on marche pendant 6 jours sur le même cheval, rien qu’eux deux, on y arrivera sans aucun soucis, elle serait capable de le croire. Enfin, si les explications suivent tous les jours et si elle est sans cesse rassurée. Non pas qu’elle soit du genre hystérique, mais juste qu’elle panique très vite. Et dans ce cas-ci, elle ne panique pas. Elle a confiance. Un chevalier ne peut être que bon et honorable. La preuve, alors que ce dernier met un genou à terre... POURQUOI ? Dans un premier temps, sa tête lui tourne, que fait-il, pourquoi, comment, quand, que dire, que faire, se pâmer ? Soupirer ? Faire tomber un mouchoir ? Puis, finalement, elle eut un sourire désolé pour elle et très honteux quand il sort une courte lame de sa botte.

Les deux yeux de la Comtesse s’ouvrent devant l’arme extirpée puis elle sourit, rassurée, oubliant même qu’il n’avait pas son épée sur lui, totalement et irrévocablement charmée par tous les secrets qu’il y avait encore à découvrir en cette nuit. Le couteau dans la botte était tout de même une bonne idée. Son esprit vagabonda un moment sur tous les éventuels combats possibles. Toujours avec le chevalier vainqueur, évidemment. Puis, ses yeux se tournent vers Angelotti, qui lui prend la bride des mains. Battement de son cœur qui rate son coup. Il fallait monter. Elle allait monter, à l’avant, de surcroit. Faiblement, la jeune fille se dirige vers le cheval et glisse son pied dans l’étrier, maladroite.

Deux mains viennent à la rencontre de sa taille pour la soulever d’un coup bref. Sans vraiment se rendre compte de l’inconvenance de ses pensées soudainement très déplacées, elle se retrouve en équilibre sur la selle. Sa robe n’était pas adaptée, du tout. Ses mouvements non plus. Elle s’agrippe au pommeau de la selle pour glisser ses jambes correctement le long du flan. Puis se déplace pour reste en amazone, les jambes coincées entre la selle et le cou du cheval. Puis tenta en vain de défroisser sa robe qui s’était soulevée, laissant voir ses chevilles et ses chausses avec son visage qui prit soudain une couleur cramoisie. Puis, se souleva de ses maigres forces pour, d’une part remettre sa robe correctement en évitant le regard du chevalier et d’autre part s’installer de manière correcte et pour lui laisser la place à l’arrière.

Bref, chose faite et chevalier monté à l’arrière, il y avait toujours ses mains. Que faire de ses mains ? Le pommeau de la selle était coincé sous ses jupons. Les brides étaient prises par le chevalier. Sa position amazone de biais en équilibre ne lui permettait pas trente-six mille solutions.
« J’pense qu’on a deux solutions. »
« Lesquelles ? »
« Soit on tombe, soit tu te tiens à lui. Mais bon, va-y il n’est pas si mal, serre le donc ! »
« Ton avis n’est pas demandé »
« Mon avis compte autant que le tien, tu ne sais pas ce qui nous attend à Epinal, amuse-toi »
« gnégnégné, j’ferai ce que je veux on n’est pas encore partiiii ».. Le cheval est lancé. Elle, en équilibre et en quelques secondes doit prendre une décision. Son esprit, bridé, la pousse à se tenir au cheval, mais à se tenir dans une position bien peu convenable. Sa saleté d’esprit dédoublé hyper vicieux pervers qu’est bon à rien, la pousse à se tenir au chevalier tant bien que mal. Chose qu’elle fait finalement. Se tournant vers lui alors que le cheval part à toute allure, elle l’entoure de ses bras avec force et s’y maintient, pestant contre la selle pas confortable, la course, pas agréable, sa position, peu adaptée, sa robe, tout abimée, elle, pas du tout princesse mais plus gourdasse qu’autre chose. Si c’était ça, dans les romans, ils ne disaient rien de vrai, rien de juste. Le seul avantage de cette course était la proximité défensive qu’il lui accordait et son esprit qui, moqueur, jouissait de la situation.

Le chemin se fait en silence, des heures et heures. Son esprit vagabonde sur diverses histoires insolites de romans magnifiques. Ses mains engourdies de le serrer, ses jambes douloureusement mal placées et hurlant de tout lâcher. Son visage, coincé contre son torse et ses yeux évitant les siens. Et puis enfin, Epinal... Les premières maisons qui apparaissent, alors toute douleur oubliée, c'est son coeur qui se met à battre un peu plus fort. Et quand, encore un peu plus loin, ils s'arrêtent, elle se laisse glisser, légère et perplexe, le long de la selle pour regarder la suite du chemin, apeurée et silencieuse. Figée et les bras ballants. Enfin, lorsqu'elle prend la parole, c'est d'une petite voix fragile et les yeux toujours rivés sur le chemin.


Fai...faisons une pause, s'il vous plait...

Ils n'étaient pas encore arrivés, mais quand bien même... Le jour était levé, ses membres étaient endoloris et elle craignait la suite de la journée. Plus elle passait du temps ici, avec le chevalier, plus elle repoussait la suite des révélations.
"Là, Héloise, c'est le moment parfait pour lui demander de nous prendre dans ses bras.".. Devant l'évidence de la pensée, elle se tourne vers le chevalier, penaude.

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Angelotti
Moui, bon… ça n’était peut-être pas la meilleure solution. S’il était presque en tout point le chevalier parfait, il y avait encore des domaines dans lesquels il pouvait s’améliorer, à commencer par comment se débrouiller pour monter avec une damoiselle en robe. Enfin bref, ça conviendrait plus ou moins, il faudrait s’en satisfaire. La bienséance aurait voulu qu’il détourne le regard, que sa vue évite à tout prix la chair révélée. « Couvrez ces chevilles que je ne saurais voir ». D’où le presque parfait, car ses yeux s’y portèrent, attirés comme par un aimant. Le mal était fait… Une fois la jeune femme plus ou moins correctement installée, il lui tendit les rennes, le temps de grimper en selle derrière elle. Avoir quelqu’un devant soi changeait considérablement la donne. Tenir la bride impliquait nécessairement de glisser ses bras autour d’elle… En même temps, elle ne se gênait pas pour s’accrocher à lui.

Cette chevauchée ne resterait pas dans les annales des folles épopées chevaleresques. Si le chevalier n’était pas à l’aise, la situation devait être pire pour la comtesse. Et pour le cheval, ne l’oublions pas. Néanmoins, ils parvinrent au but. Epinal apparut à l’horizon en même temps que le soleil, midi ne serait pas là avant quelques heures. Alors ils s’arrêtèrent et mirent pied à terre. Angelotti posa son regard sur la jeune Sparte. En ce moment, elle n’avait plus grand-chose d’une princesse des romans de chevalerie. La robe froissée, chaque muscle crispé, elle semblait sur le point de s’évanouir. Même sa voix était brisée, vraiment, elle avait déjà eu meilleure mine.

Je crois que vous l’avez amplement méritée. Vous voilà à Epinal, votre Grandeur, et en un seul… euh, oui, en un seul morceau.

Lorsqu’elle se tourna vers lui, il la regarda d’un air perplexe. S’il avait eu le don de lire dans les pensées, il aurait compris ce que ce regard désemparé signifiait. Il aurait pu la tenir dans ses bras, la rassurer, lui dire que tout allait bien se passer, lui assurer que quoi qu’il arrive, il y aurait toujours des gens pour qui elle compterait. Il aurait pu la soulager, à défaut du poids de l’épreuve qui l’attendait, de celui de son corps, qui semblait à peine tenir debout. Mais voilà, il ne l’avait pas. Et même s’il l’avait eu, l’aurait-il fait ? Non pas qu’il n’en ait pas eu l’envie. Pendant le temps qu’avait duré le trajet, il n’avait pu s’empêcher d’y penser, à cette jeune femme coincée entre lui et le cou de l’animal, s’accrochant à ce qu’elle pouvait pour s’empêcher de tomber. L’esprit est ardent, la chair, faible, tout ça quoi.

Mais là, c’était différent. Là, ils étaient arrivés, ils étaient à nouveau la Comtesse de Champagnole et le Chevalier de Stolberg. Et sincèrement, aurait-ce été bien raisonnable ?

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