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[RP] Nevers - Confirmation d'une employée de Petit Bolchen..

Finn
Finn suivit les présentations d’un regard assidu, dévisageant chaque nouvelle trombine avec une vive curiosité malgré l’harassement qui courbait légèrement ses épaules vers l’avant. Pas mécontent d’être enfin arrivé à bon port, et dans un lieu familier dont il ne craignait rien. D’autant qu’il était toujours en meilleure posture que la jeune rouquine qui guidait son attention d’une dextre sinistrement bandée.
S’attardant sur la cousine, il pesta intérieurement contre la beauté insolente qui semblait être de famille, avant de se rappeler qu’elle avait été élevée chez l’Ennemi et de parvenir ainsi à tempérer ses ardeurs mâles.

A la mention de l’homme au sobriquet dont la signification en sa langue était forte édifiante, l’Irlandais hocha admirativement la tête. Le Von Frayner s’entourait aussi d’hommes, un du moins. Il ne put que lui témoigner silencieusement son soutien implicite face à l’épreuve que constituait de subir la compagnie d’autant de membres de la gente féminine.

Pour autant, la surprise chassa le flegme naturel de ses traits pour s’y installer en concubinage avec un poil d’hypocrisie.


- « Attendre ? Mais qu’attends-tu ? Que ton écorce se flétrisse ? Tu n’es plus toute jeune, il serait temps de songer à ton avenir ou tu risques bien de finir en catherinette excentrique qui entretient d’étranges liaisons avec une tripotée d'oisifs matous. », commenta-t-il sur un ton partagé entre amusement, sincère préoccupation pour les jours de sa filleule et enfin aigreur à se supposer aussi vite remplacé.

Ca c’était fait. Tant et si bien que la dernière figurante ne souleva que peu d’intérêt chez lui, si ce n’est son origine helvétique dont il se méfia.


- « Au fait, Von Frayner n'est pas là? », s'interrogea-t-il naïvement en réalisant que la cérémonie était sur le point de débuter.
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Anne_de_breuil
Le parrain accaparait toutes les attentions à présent et l'audace de Rosalinde à présenter ses deux amants l'un à l'autre était un ravissement pour Anne.
Cependant, elle ne put se retenir une grimace à la réponse qu'il fit à sa bien-aimée Rosa. D'un ton doucereux elle répondit.


Ô mais si notre Rosa tient de feue sa mère, je doute voir la moindre flétrissure,, à ce mot elle repensa à cette infâme fleur de lys apposée sur sa peau, avant qu'elle ne devienne charogne.

Phrase ponctuée d'un grand sourire, elle daigna enfin le saluer.

Et si nous avancions vers l'autel. Il ne saurait être convenable pour nous autres parrains, de continuer à évoquer son mariage sans qu'elle n'ait rejoins notre famille aristotélicienne...

Et de penser sans toutefois prendre le risque encore de le dire, qu'il lui est bien égal que le Von Frayner soit là ou non, elle serait même bien ennuyée de voir un homme à l'égo plus grand qu'elle.
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Rosalinde
Évidemment, le principal intéressé préconisait d'attendre. S'il en avait été autrement, elle aurait été fortement surprise. Néanmoins, elle commençait à se dire que la plaisanterie avait assuré duré, il faudrait qu'elle trouve une façon originale de refuser sa demande, puisqu'elle ne tenait pas particulièrement à s'attirer les foudres du von Frayner, ayant été témoin du sort réservé à Ayoub. Elle ignorait même en avoir déjà été la victime, alors qu'elle en portait encore les séquelles sur son corps meurtri. Et, dans sa méconnaissance, malgré les soupçons, avait même encore attisé la jalousie de Judas, en se fendant d'une lettre évocatrice. Une vraie menace, contrairement à celle qui planait dans les yeux de l'Ibère, et qu'elle ne craignait pas le moins du monde. Que lui ferait-il ? Il était coincé, sa fidélité au von Frayner l'empêcherait de lui faire du mal, sans quoi sans doute ce dernier n'apprécierait guère. Et qu'était une gifle face à l’exultation de voir poindre de la colère sur le visage du boiteux ? Un caillou lancé dans un océan.

La réaction de Finn, par contre, la surprend. L'imaginerait-il déjà flétrie ? Ou en passe de l'être ? Elle n'aime pas cela, la Rose. Et "plus toute jeune"... Elle le savait bien, mais il était hors de question qu'elle prenne un jour un mari. Elle lui avait déjà expliqué, lui semblait-il. C'était absolument incompatible avec son métier. Elle ne devait s'attacher à rien ni personne, et elle n'avait accepté de leur présenter Anne que parce qu'elle la savait pertinemment capable de se défendre toute seule, et de ne pas trahir un secret qu'elle ne souhaiterait pas révéler. Sa fonction à elle était de détruire. Détruire en séduisant, en espionnant, en empoisonnant. Construire, elle ne le devait, le destin qu'elle s'était choisi ne souffrait pas que l'on s'embarrasse de sentiments. Par bonheur, sa chère Anne prit sa défense. Ce qui ne l'empêcha pas de rajouter, d'un ton sec mais à voix basse, en direction de l'Irlandais uniquement :


- Seigneur, suis-je déjà finie à vingt-et-un ans ? Que suggères-tu ? Si je ne prends pas époux, dois-je aller me pendre ?

Plusieurs fois, elle y avait songé, dans des instants de déprime, lorsqu'elle doutait d'avoir fait le bon choix, si tant était qu'elle l'ait eu, ce choix. A la mort de sa mère, elle n'avait plus rien. Le couvent n'était pas pour elle. Et il était hors de question qu'elle se prostitue. Elle n'avait donc plus eu qu'à vendre ses services. Instruite comme elle l'était, et au vu de ses capacités et prédispositions, son sort s'était imposé de lui-même. Cela ne l'empêchait pas de s'interroger sur le confort que pourrait lui fournir un époux fortuné. Mais qui épouserait une Rosalinde qui n'avouerait jamais son nom de famille ? Personne en vérité, elle était condamnée à être l'éternelle maîtresse, jamais l'épouse. Cela n'était peut-être pas plus mal, au final, mais elle déplorait de n'avoir ce choix. Peut-être était-ce une des raisons qui la poussait à ne pas donner de réponse au Lisreux.

Mais, bien ignorant de ses déchirements internes, déjà Finn enchaîne en s'inquiétant de l'absence de Judas. A cela, elle lui répond simplement :


- Il est en Bretagne.

Et, alors qu'Anne proposa d'avancer jusqu'à l'autel, elle se saisit de leurs bras, de la sénestre attrape Finn, de la dexte se glisse sous l'aile d'Anne, et les entraîne en direction du chœur, tout simplement.
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En pointillés tout le mois de Juillet
Fitz
Un homme, enfin, faisait entrée dans l'édifice consacré.. Se présentant comme le parrain, et embrassant son anneau, il entre directement dans les bonnes grâces de l'officiant.. Cet Irlandais l'étonnait nénamoins par son accoutrement quelque peu atypique.. Mais soit, les goûts et les couleurs, comme on dit.. Passant outre sa mauvaise connaissance de l'étiquette du monde spirituel, il se contente du "Père" et laisse ces gens s'émouvoir en retrouvailles.. Pouvait-on vraiment parler d'élans de joie et de bonheur ? Peut-être pas, mais il percevait dans les quelques paroles lancées qu'il devait ignorer certaines choses qui auraient pu donner sens à ces courtes sentences exprimées, il le pensait, à demi-mot.

Il était d'ailleurs tout à fait normal qu'un parrain aimant commente l'âge de sa presque-filleule à son baptême. Beaucoup de tact. Vraiment. Mais leur conversation déjà s'épuise quelque peu et la marraine offre une jolie transition vers le lancement de la cérémonie. Alors que tous se dirigent plus avant vers l'autel, le prélat, lui, se positionne face à cette petite assemblée, derrière ledit autel. Il a déjà ouvert son Livre des Vertus tout écorné à une quelconque page. Plus par habitude que par réel besoin.

Regard en direction de la rousse. Elle lui a affirmé précédemment que l'on pouvait commencer. Il enchaîne donc, ne désirant pas davantage allonger plus que nécessaire la durée de cet office.


Mes enfants - aussi peu que vous soyez -, vous voici réunis en ce jour afin de témoigner de l'entrée de votre amie Rosealine dans la communauté des fidèles. Plus précisément, elle réaffirmera sa croyance en notre religion par cet office, car il ne s'agit plus maintenant de réel baptême mais de confirmation. Dès lors, elle sait déjà ce que symbolise ce sacrement et ce qu'il sous-entendra dans sa vie future en tant que fidèle vertueuse.

Passé le discours introductif plutôt classique, il se tourne vers la principale intéressée et lui demande sa première intervention, qu'il espère ne pas voir entachée de désagréments, comme il en fit l'expérience il y a à peine quelques semaines au baptême du Duc bourguignon, interrompu alors par ce Sémurois sorti de nulle part et hurlant dans une Cathédrale comme un gueux sur le marché..

Rosealine, ma fille, pourrais-tu par la récitation du Credo confirmer faire tien les dogmes et doctrines de l'Eglise ?

A priori, ses connaissances d'élève-modèle ne devraient pas s'être envolées malgré la fort peu charmante désillusion de la veille.. Elle l'avait bien déçu une prime fois, chutant à tout vitesse dans l'échelle de son estime, qu'elle se rattrape désormais en montrant qu'une personne, au moins, avait participé activement à sa pastorale..

Dans le même temps, il apprécie observer les autres présents. Le parrain et la marraine auraient bientôt à agir également, dévoilant peut-être par leurs futures paroles un peu plus des relations qu'ils entretenaient chacun avec cette femme. Il aime imaginer la vie des autres. Il adore tenter de voir les péchés que cache chaque être..

Mais son imagination est encore loin du compte..

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Rosalinde
Maintenant qu'on y était, elle avait hâte que toutes ces simagrées se terminent. Elle écoute, sagement, mais une parole de l'ecclésiastique lui fait presque immédiatement dresser l'oreille. Alors elle se campe, mains sur les hanches.

- Hum. Monseigneur, c'est Rosalinde, pas Rosealine.

Ah ça, ça commençait bien ! Tournant un instant la tête, elle jette un regard éloquent à Anne, n'osant en faire de même avec Finn, malgré l'envie qui la tenaillait. Ah, ils sont beaux, les clercs ! Faites vous baptiser, qu'ils disent, mais même pas capables de retenir correctement le nom de la future fidèle ! C'est du propre ! Saletés de curetons, et saleté de Judas, à l'obliger à se faire baptiser, là on était face à un crime de lèse-majesté, voire un blasphème envers la personne sacrée de Rosalinde !

Enfin, elle croise les bras, se rassérénant en se disant qu'un contact prolongé avec les Nivernais avait du avoir raison des facultés mentales de ce pauvre Fitz, qui sans doute ne tarderait pas à devenir gentil. Quelle infamie ! Toujours est-il que l'éclat de colère qui avait enflammé ses yeux clairs s'en était allé. Reprenant son rôle d'élève modèle, elle récite, avec une conviction remarquablement bien imitée vu son état d'agacement avancé :


- Credo in Deum,
Altissimum Omnipotentem,
Creatorem caeli et terrae,
Inferos et Paradisi,
Ultima hora animae judicem nostrae

Et in Aristotelem, prophetam,
Nicomaqui Phaetique filium,
Missum ut sapientiam et universi
Divas leges errantibus hominibus erudiret

Credo etiam in Christum,
Natum ex Maria et Ioseph,
Vitam dedit ut nobis paradisi viam monstraret
Sic, postquam sub Pontio passus est
Propter salutem
Nostram martyr perivit
Consecutus est Solem
Ubi Aristoteles ad Altissimi dexteram eum expectabat

Credo in Divinam Actionem,
Sanctam Ecclesiam aristotelicianam, romanam, unam et indivisibilem
Sanctorum communionem,
Peccatorum remissionem,
Vitam aeternam.

Amen.


En latin, ça lui en boucherait un coin.
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En pointillés tout le mois de Juillet
Fitz
Il manque de s'étouffer avec.. rien. A-t-il vraiment prononcé le nom de Rosealine ? Lui ? L'officiant on ne peut plus parfait ? Le modèle de perfection et de professionnalisme ? Le prélat en nul autre point pareil ? Le grand, le magnifique, l'honorable évêque de Nevers ? Le.. Bon, on arrête là, il s'était planté. Royalement.

Certains curieux se demanderaient d'où lui était venu cet autre nom.. De l'Alençon dirait-il s'il était honnête. D'une fidèle particulièrement ennuyante dirait-il s'il était aigri. Mais il s'agissait ici surtout de faire bonne figure. De garder menton levé malgré son énorme bourde. De ne point se justifier devant une simple fidèle..

Avait-il vraiment dit être humble ?


Voyons, ne poursuivez point avec trop de zèle mes erreurs d'élocution, ma chère fille. L'écho dans cette bâtisse a dû trahir vos oreilles car ma langue n'aurait pu fourcher sur une telle faute, je puis vous l'assurer..

Mauvaise foi ? Comment pourrait-il ? Un homme d'Eglise..

Laissant passage à l'orage transitoire chez la jeune femme, il écoute malgré lui, impressionné, la suite.. L'élève-modèle tenait bien son rôle. Une femme à mœurs - de toute évidence pour lui - légères pouvait donc être instruite, et pas qu'un peu.. Cela chamboulait drastiquement la vision qu'il gardait jusqu'alors de ces gens, mais soit. Une exception confirmait toujours la règle.. Que ce soit une Rousse ou un éclopé de la vie, il y en aurait toujours pour le surprendre. Bien que cela ne soit pas tâche compliquée du fait du profil plutôt casanier qu'il avait entretenu jusqu'à présent en Alençon..

Certes elle avait gagné quelque estime. Mais il n'en montrerait pas davantage. Le sourcil élevé spontanément était déjà de trop.. Il invite donc d'un geste le parrain et la marraine à s'approcher du baptistère en compagnie de leur future filleule. Allait-il y avoir confidence à se passer sous la dent ? De quoi soulager légèrement sa curiosité sans cesse grandissante ? Sans doute pas..


Anne de Breuil, Finn de Pommières.. En tant que futurs marraine et parrain de Rosalinde et fidèles de notre Très Sainte Eglise, promettez-vous de toujours la soutenir dans sa vie future ? De la guider sans cesse vers le droit chemin qu'est la vertu ? De l'accompagner et de remplir vos rôles de parrains spirituels, pleinement ?

Venait ainsi toujours le moment où certains parjures étaient réalisés devant le Très-Haut. Où certaines omissions voyaient le jour. Où, au contraire, certaines langues se déliaient.. Qu'en serait-il avec ceux-là ? Le flegmatique parrain resterait-il toujours aussi mystérieux à ses yeux ? Suite au prochain numéro..



EDIT pour ortho...
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Anne_de_breuil
Elle imaginait parfaitement les dents si blanches de Rosalinde serrées. Voir son nom écorché n'était jamais agréable mais si en plus l'homme persiste avec provocation...

Souriante dans cette journée si importante, importante car elle réunissait de nouveau les cousines pas pour le serment l'aristotélisme etc -Non de tout cela Anne en faisait fi- la blonde restait admirative. Certaines choses restent ancrées à jamais dans les âmes et la prière en latin de sa Rosa en était l'exemple parfait.

Rosa avait toujours affectionné le latin là où Anne préférait le grec. Dans leur enfance elle se souvenait de son argument faussement aristotélicien. Le savoir c'est Aristote et il était grec !
Cet argument ne valait rien puisque au fond d'elle Anne l'avait toujours su, le savoir est une arme contre les ignorants ou les hypocrites et son instruction elle l'avait béni. Béni elle même oui car Anne en était certaine sur cette terre il n'y avait bien qu'elle de divin !
Ses colères seraient jugements, ses cadeaux piété.

Un geste de l'évêque la sort momentanément de ses pensées et Anne répond à l'invitation en s'approchant tête haute du baptistère son sourire toujours visible.

Elle écoute avec attention l'interrogation qui lui est faite.


Je promets de toujours soutenir Rosalinde dans sa vie future et même après, affirma t-elle avec détermination. S'il était une certitude dans sa vie c'était l'amour inconditionnel qu'elle portait à sa cousine. Si elle lui survivait et qu'un malotru oserait l'audace de salir sa mémoire son soutien indéfectible serait là. Aussi elle pouvait l'affirmer elle la soutiendrait toujours !

Venait à présent le mensonge qu'elle prononça sur le même ton. Jouer un rôle était une seconde nature chez elle et ses scrupules étaient inexistants.


Je promets de la guider sans cesse vers le droit chemin qu'est la vertu. Je promets de l'accompagner et de remplir mon rôle de marraine spirituelle.

Elle ne faisait que réciter. En elle cela était creu et pourtant elle prononça chaque mot avec ferveur comme lors de son propre baptême.
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Finn
La réponse sous forme de question donnée par Rose était restée en suspend pour céder la place à son entrée parmi les fidèles. Cela n’empêchait pas l’Irlandais de cogiter sur le sort d’une femme seule dans ce monde cruel. Même si l’une de leurs dernières entrevues avait montré les limites d’un tel mode de vie, la rouquine semblait débrouillarde. En réalité, il ne la connaissait que trop peu, ne s’étant pris de curiosité que pour ses charmes. Son latin ne manqua d’ailleurs pas de le surprendre et, accessoirement, de le laisser admiratif devant tant de culture. Lui-même n’avait jamais réussi à biter un traître mot du parler romain.

Quelques éléments de sa mystérieuse biographie lui revinrent en mémoire, trahissant une curiosité certaine dans l’observation studieuse de sa filleule.
Mais peu de temps.
Il était l’heure de discourir.

L’homme d’arme fit tinter ses mailles sur quelques pas en direction de la cuve baptismale, grave.


- « Moi, Finn d’Pommières, humble serviteur de notre Seigneur, je jure solennellement de prêter mon bras à Rosalinde sur le chemin escarpé de la vertu, de lui porter secours face aux obstacles que dressera le vice sous toutes ses manifestations et de lui transmettre l’amour du Créateur, et ce jusqu'à ce qu'Il me rappelle à Ses côtés. », déclara-t-il sans ambages avant de marquer une pause, et de reprendre.
« Appartenant à un genre prédisposé au péché, Rose pourra compter sur un soutien double de ma part. »
, crut-il bon de préciser.

Misogyne ? Si peu.

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Fitz
Sans aucun doute toujours aussi atypique ce parrain.. Qu'il soit heureux que l'officiant ne soit pas justement du "genre prédisposé au péché".. Il en connaissait qui ne l'auraient pas laissé s'en tirer à si bon compte. Mais soit, notre prélat était homme, et un zeste de misogynie ne faisait pas tant de mal à petites doses.. Un péché par la pensée serait vite pardonné à la prière du soir, assurément.

Gardant ses commentaires douteux sur la tenue vestimentaire du parrain qui ne passait point inaperçu lors de mouvements trop bruyants à son goût, il reconcentra rapidement son attention sur la principale intéressée. Allait-elle maintenant répéter après lui le serment du fidèle en langue latine ? Un fin sourire ne peut s'empêcher de poindre à cette idée..

Malgré tout, il était quelque peu déçu. Les deux accompagnateurs étaient trop "corrects" et "classiques". Rien d'original dans leurs discours. Nulle hésitation. Aucun chancèlement dans la voix. Vraiment.. Quelle utilité à officier en tant que prélat si la cérémonie n'apportait guère de pétillance ?

Vaille que vaille, il s'encourage ! On y est presque ! Tu vois la lumière au bout du tunnel ? Non, ce n'est pas le Très-Haut qui t'attend.. tu en as encore pour quelque temps à tyranniser tes paroissiens.. Non, non, c'est le moment où tu t'en retourneras à ton bureau pour découvrir une pile de nouveaux courriers demandant cérémonies... On ne chômait pas lorsque les autres prélats bourguignons se prélassaient de trop et trop longtemps chez les moines...


Rosea.. Hum. Vous vous rappelez ? L'écho dans la Cathédrale, tout ça ? Rosalinde, pourrais-tu répéter après moi le serment d'allégeance à l’Église ?

Il n'ajoute pas qu'elle peut le faire également en turc si tel était son désir..

Je reconnais en Dieu le moteur du monde, la pensée suprême et la cause efficiente et finale du monde. Je reconnais l'Église aristotélicienne comme mon guide dans la connaissance de Dieu, et je jure de lui rester fidèle ainsi qu'à son autorité, seule représentante sur terre de l'Être divin. J'accepte tout cela de ma propre volonté pour le salut de mon âme en vue de ma résurrection près de Dieu dans la contemplation éternelle de Sa Beauté. Je désire que mon nom apparaisse comme baptisé et serviteur de Dieu tout puissant.

Regard vers les parrains.. Seraient-ils assez choux que pour poser leur main sur l'épaule de leur filleule en un moment si "intense" et plein en émotions ?

Sûrement pas..

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Finn
- « J'ai pas terminé, mon père. », reprit-il, buté.

Certes, il avait fait relâche un long moment. Trop long, sans doute.

- « Il me faut avouer à mes pairs que je n'ai pas répondu aux exigences que le Très Haut est en droit d'attendre de Son fils. Oui, mon comportement vis-à-vis de Rose n'a pas toujours été exemplaire. Par la faiblesse de mon âme, j'ai corrompu la sienne, et à plusieurs reprises. Cette pauvre enfant n'a que trop pâti de mes écarts. Je l'ai entraînée dans le piège que le vice qui se cache derrière le plaisir de la chair nous tend. Je tiens à m'en repentir avec la sincérité la plus pure devant vous tous. », lâcha-t-il sans sommation, ne pouvant taire davantage la culpabilité qui le rongeait. « En somme, je promets de réparer mes méfaits et demande humblement à notre Seigneur Tout Puissant de nous accorder à tous deux la miséricorde qui fait Sa gloire. Frères et sœurs, mon père, car il ne saurait être de femme laïque sans pieuse alliance, je me ferai un devoir de solder ma dette envers Rosalinde ici-présente en la réconciliant avec le sacrement du mariage, en lui trouvant un époux qui saura se montrer digne du mérite dont le Divin l'a gratifiée. », conclut l'Irlandais avant de se signer. « Poursuivez, je vous en prie. »

S'affranchir de ses fautes n'était pas chose aisée, mais il ne pouvait décemment dissimuler de tels faits dans la demeure sacrée de Dieu.
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Rosalinde
Oh my god.

Il n'avait pas fait ça. C'était impossible. Et elle, au lieu d'arrêter son futur parrain au milieu de son discours, d'une paire de claques, un poing dans la tronche ou, plus compliqué à réaliser étant donné qu'elle ne se promenait jamais avec une arme sur elle, un coup de poignard en travers de la gorge... Elle restait là, bouche bée. Si elle s'était attendu à un regain de vertu de la part de l'Irlandais, jamais elle n'aurait consenti à le prendre pour parrain. Comment pouvait-il ? Nul doute qu'une fois sortie de là, elle l'étriperait. En attendant, les flammes éteintes de ses prunelles renaissent de leurs cendres, mais cette fois le destinataire n'en est plus l'évêque.

Vite, il fallait qu'elle trouve à répondre à cela. Seigneur, si on lui avait dit qu'elle devrait se mettre à échafauder un plan pour échapper au mariage ce jour... ! Pour une fois, elle ne feignait pas le trouble, elle était vraiment surprise et désemparée. Par bonheur, la nature l'avait doté d'un esprit vif et d'un don pour la comédie, aussi finit-elle par trouver matière à réagir. Alors elle prit les mains d'Anne, et débuta son laïus.


- Ce qu'il dit est vrai, Monseigneur, il est à présent inutile de vous le cacher.

Voilà qu'elle baisse la tête, dans une attitude de grande contrition (histoire de remettre de l'ordre dans ses idées, et gagner un peu de temps), avant de reprendre.

- Si c'est l'exacte vérité que vous désirez... La voici : Il y a cinq ans, abusée par trop de vin et la persuasion d'un homme, j'ai perdu mon innocence. Je n'étais plus demoiselle, et tous les espoirs que ma mère fondait en moi, sur la réalisation d'une union avantageuse pour notre famille, s'évanouirent. Mais elle était en réalité une sainte femme, et ne me tint pas rigueur de cela, voyant comme ma peine et ma contrition étaient grandes. J'étais bouleversée, et je me jurai d'arrêter de boire la moindre goutte d'alcool, et de ne plus jamais connaitre aucun homme.

Légère pause, et elle continua.

- Ma mère mourut deux ans plus tard, et j'entrai au couvent, passant deux ans de ma vie à prier et me mortifier afin d'expier mes fautes.

Elle continuait à fuir tous les regards, les yeux rivés vers le sol.

- Je n'étais pourtant pas faite pour la vie de cloître, et je quittai le couvent avant la fin de mon noviciat, pour atterrir finalement chez Judas von Frayner, qui m'engagea comme son ... Assistante. Quelques temps plus tard, nous partîmes en voyage, et c'est en taverne que je rencontrai Finn.

Nouvelle pause.

- La Sans-Nom se mit alors à l’œuvre, et la tentation fut si forte que j'y cédai. Puis il quitta la ville, et je restai seule et désemparée.

Tandis qu'elle parlait, une idée nouvelle avait germé dans l'esprit de Rose. Oui, elle se vengerait de Finn et du coup de poignard qu'il venait de lui asséner, et qui plus est elle justifierait son attitude de la veille, lorsque Fitz l'avait surprise dans les bras de Moran, en position relativement compromettante.

- L'histoire aurait pu s'arrêter là. Ce ne fut pas le cas. Monseigneur, il s'avéra... Il s'avéra quelques temps plus tard que je portais son enfant.

A cet instant, la Rousse se fit violence pour ne pas afficher un sourire machiavélique. Mais, encadrée comme elle était par son rideau de boucles, personne ne dut remarquer sa légère grimace.

- Face à l'urgence de la situation, j'entrepris de séduire le seul homme respectable qui se trouvait à ma portée, Moran, qui bientôt ne tarda pas à me demander en épousailles. Il fallait que je lui fasse croire que l'enfant était de lui. J'aurais pu y réussir, Monseigneur, si vous n'aviez pas fait irruption, hier. Et à vous aussi, j'ai menti, car... Je craignais que vous refusiez de baptiser une pécheresse comme moi. Et pourtant, il le fallait. Il fallait que je puisse épouser Moran, pour mon enfant.

D'un geste faussement nerveux, elle plaqua sa main contre son ventre, et releva le visage vers l'évêque. A présent ses yeux étaient embués, et deux larmes de crocodile roulaient le long de ses joues d'albâtre.

- Il faut que vous me pardonniez, Monseigneur, car plus que tout j'aspire à obtenir la rémission de mes péchés... Et faire de ce don du Très-Haut un bon aristotélicien, car il n'est pas responsable des péchés de sa mère... Même si... A présent que mon imposture a été révélée, je ne puis plus épouser Moran, et il me faudra donc me résoudre à une vie de fille-mère, car aucun homme ne voudra jamais plus de moi.

Faciès tourné vers sa cousine, elle termine :

- Je crois même que sans l'amour que ma cousine Anne me porte, j'aurais déjà commis l'irréparable, car plusieurs fois de sombres idées se sont imposées à moi.
Dieu te bénisse, Anne.


Blindé. Elle avait blindé son mensonge. Il était si énorme, si bien construit... Et qui aurait pu douter de la sincérité de cette jeune fille en larmes, dont les yeux humides n'enlevaient rien à sa beauté, a fortiori quand sa poitrine se soulevait au rythme de sanglots convulsifs qu'elle semblait vouloir maîtriser ?
Personne, en vérité.

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En pointillés tout le mois de Juillet
Anne_de_breuil
Ses yeux s'élargissait au fur et à mesure que le parrain s'exprimait. Une colère d'abord pour l'audace qu'il avait d'afficher les péchés de Rosa en public et ensuite pour s'octroyer le droit de lui choisir un époux. Nul sur cette terre ne saurait choisir un mari à Rosa sans l'accord divin d'Anne de Breuil ou alors il fraudait subir son courroux.

Consciente de ne pouvoir planter la lame de sa dague dans la chair de l'homme tant qu'elle se trouvait dans cette église, Anne devait être de circonstance. Posant dans un geste théâtrale sa main sur son sein comme si son cœur lui faisait des misères, Anne feignit le malaise.

Il choisissait bien son jour le rustre ! A présent Rosa devait s'expliquer de ses actes et Anne qui venait pour être sa marraine ne pouvait que feindre la colère vis à vis de Rosa quand c'est après l'homme en bure qu'elle en avait. Il le paierait. S'en prendre à Rosa, l'humilier c'était s'en prendre à elle et que le repentir soit sincère ou non c'est la pénitence qu'il faudrait subir.

Des mains douces se saisirent des siennes sortant Anne un instant de ses pensées. Rosa faisait sa confession là devant toutes les personnes présentes. Et c'est l'évanouissement réel qui pendait au nez de la blonde lorsqu'elle entendit sortir des lèvres écarlates de Rosalinde que cette dernière attendait un enfant. Les dents serrées elle retint un "il ne manquait plus que ça" repensant à Jean le fils qu'elle avait eu et qu'elle cachait au monde dans un couvent. Elle ne souhaitait certainement pas que la rousse ait une telle épine dans son pied. Un môme suffirait bien dans cette famille !

Si Rosa n'avait pas fini par prononcer le code, Anne aurait perdu connaissance dans les minutes qui suivaient. Fort heureusement le message était passé et elle pouvait sans soucis démêler le vrai du faux dans la confession.

Les yeux à son tour posés sur ceux de sa cousine, ses mais toujours dans les siennes Anne lui adressa un aparté audible pour tous.


Rosa... Je vous connais depuis notre tendre enfance et je sens votre repentir sincère. Je n'ose imaginer votre souffrance. Les femmes sont souvent seules à payer les péchés de deux êtres et là encore nous le voyons bien. Rosa, peu importe la décision de l'évêque j'ai déjà fait promesse devant le Très Haut de cous guider et je le ferai bien que vous m'ayez extrêmement déçue

Anne se tourne alors vers Finn conservant son air grave bien qu'une colère intense ne demandait qu'à jaillir et l'invitait à se saisir de la dague glissée dans sa botte pour pénétrer la chair de l'homme.

Elle ne tenait plus les mains de sa cousine, au lieu de cela elle prit l'homme dans ses bras


Vous ne perdez rien pour attendre, murmura t-elle sans changer toutefois d'expression. Puis, se reculant que deux pas...

Vous vous faites fort de trouver un époux à ma tendre cousine mais je vous en conjure, bien que vous allez, si Monseigneur l'accepte, regard furtif et froid vers l'archevêque, devenir son parrain, chaque parcelle de vous trop connue de Rosa ne ferait que lui rappeler le péché et l’opprobre qui pèse sur elle. Il n'est parfois de meilleure solution pour aider quelqu'un que de justement ne point l'aider.

Je veillerai à l'avenir de ma cousine et croyez bien...
Anne montre enfin un visage aux traits serrés, son regard est froid et cruel, son sourire crispé....croyez bien que je saurai faire un sorte qu'aucune odeur de chair ne la souille de nouveau.
Rosa que Dieu vous bénisse malgré vos erreurs. Monseigneur, comme vous avez du l'enseigner à Rosalinde le baptême est une renaissance, il est rare de voir des croyants se repentir avant un baptême tandis qu'on ne compte plus les fidèles qui feignent s'en vouloir dans l'espoir de voir une confession les laver pour mieux recommencer ensuite.

Aujourd'hui est un jour où une croyante, avant même le baptême, s'est livrée aux Hommes dans la demeure du Très Haut avouant chacune de ses fautes. Aujourd'hui est le jour où le repentir précède la renaissance qui va être sienne.

"Ce jour est un jour tout neuf.
Il n'a jamais existé et il n'existera jamais plus.
Prenez donc ce jour et faites-en une échelle
Pour accéder à des plus hauts sommets.
Ne permettez pas que la tombée du jour
Vous trouve semblable à ce que vous étiez à l'aube.
Car demain serra peut être le jour où vous serez jugé."


Et Anne d'en faire appel à l'aide des textes sacrés à la tempérance tout en se promettant de ne pas louper le "parrain" une fois hors de l'église.
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Fitz
Lui qui partait déçu du manque d'originalité dans cet office... Il était servi.

D'abord l'interruption par le parrain. Comme ça. Tout comme il semblait normal de commenter l'âge de sa filleule en public, il était tout à fait convenable de couper un évêque - un prélat de l'Église ! - au milieu de son discours. Un évêque une fois de plus nommé "Père" par l"homme.. Il allait finir par le prendre pour moquerie personnelle à ce rythme.

Mais la suite vint...

Et vous pourrez imaginer aisément le mouvements des lèvres du prélat. Ouverture pour parler, aucun son, puis fermeture. Ouverture.. Fermeture.. Un vrai beau p'tit poisson.

Le cerveau qui fume de toute part. Intégrer toutes les informations reçues en une gifle. Entendre confession de la baptisée après celle du parrain. Se rendre compte que le mensonge était seconde nature chez cette jeune femme qui avait joué la pauvre innocente la veille en taverne. Cette femme qui avait déjà commis le péché de luxure. A maintes reprises, de toute évidence. Asmodée avait à nouveau sévi parmi ses paroissiens..

Mais alors qu'il s'apprêtait à lancer un sermon du tonnerre, des larmes apparurent sur les joues de la pécheresse. Léger mouvement de recul réflexe à cette vue.. Jusqu'à présent, il n'avait assisté à des pleurs qu'à une unique occasion. Celle où sa protégée le quittait pour le Languedoc. Où elle s'en allait la bouche emplie d'injures envers son Dieu. Mauvais souvenirs, donc.

C'était désormais au tour de la marraine d'empêcher la réponse qu'il veut alors exprimer.. Des regards en biais. De lourds sous-entendus. Il avait le sentiment de devoir pardonner la rousse pour ne point s'attirer les foudres d'une autre femme en ce jour.. Oui, il en avait même la conviction.. Et comme l'on attendait maintenant une intervention de sa part, enfin, il répondit en prime lieu à l'homme.


Voilà une honnêteté que j'apprécie mais que j'aurais encore mieux goûté lors d'une confession séparée, à un moment autre que le milieu de cette confirmation.. Mais soit.


Il ne pouvait se contenter d'accepter l'interruption aisément. Non mais. Il pouvait poursuivre ? Vraiment ? Il avait l'autorisation du parrain pour poursuivre ? Lui, l'évêque ? Tempérance..

Ma fille..

Par quoi commencer ?

Tu es sans doute consciente des nombreux péchés, graves, que tu viens de me confesser ?

Juste une question rhétorique.. Une connaisseuse de latin ne devait pas être dénuée d'un minimum d'esprit.. Pour la suite, il pèse ses mots précautionneusement.

Je 'pense' pouvoir estimer à tes larmes que ta confession fut sincère et repentie.. Et dans ce cas.. Regard vers la marraine.. je te pardonne, ma fille, au nom du Très-Haut, par les pouvoirs qu'Il m'a confiés.

Mais ne dérogeant pas à ses "légendaires" pénitences en fin de confession, il poursuit donc, non sans sourire..

Tu feras donc pénitence afin de prouver ton repenti sincère. Et je te verrai chaque matin qui composera la semaine à venir agenouillée dans cette Cathédrale à prier le Très-Haut.


Qu'il soit su que les péchés ne seront point laissés impunis, d'une manière ou d'une autre, avec l'évêque de Nevers !

Puis reprenant doucement le cours de la cérémonie, il réfléchit.. La mémoire allait et venait par moments.. Laissant le silence se prolonger quelque peu afin de ne point être trop brutal dans la transition, il poursuivit tout de même.


Pourrais-tu maintenant, devant ta marraine et ton parrain, ainsi que le Très-Haut, énoncer haut et fort le serment d'allégeance à l'Eglise ? Et par là prouver que tu désires désormais vivre dans la vertu, dans le respect des dogme et doctrines de notre religion ? Que tu te fieras davantage à l'archange Raphaëlle qu'au Prince-démon Asmodée ?

Oui, le prélat avait fait le plein d'originalité.. Mais la question était : pourraient-ils maintenant poursuivre sans avoir le décès de la grand-mère de la tante remis sur le tapis ?
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Rosalinde
Par bonheur, il semblait qu'elle avait réussi à moucher l'Irlandais, qui ne pipait mot. Tant mieux. Anne par contre ne fut pas avare de paroles, et en d'autres circonstances, Rose se serait amusé de la sévérité qu'elle feignait à son égard. Mais à l'heure actuelle, tout ce qu'elle faisait était sécher ses joues du revers de la main. Surtout ne pas perdre de vue son objectif final. Le baptême. Sinon quoi c'était le von Frayner qu'elle se mettrait à dos, et cela serait une autre paire de manches. Surtout qu'elle avait accepté d'être son témoin de mariage, lui faire faux bond à la dernière minute, parce qu'elle avait couché avec un ou deux hommes de trop, et à coup sûr il enverrait sa tête en cadeau à Isaure, comme il l'avait fait avec celle d'Ayoub. Se faire violence pour ne pas tourner la tête, et observer la réaction de Moran... Concentration sur les paroles de l'évêque, qui lui demande si elle avait conscience des péchés qu'elle venait d'avouer. Eh quoi, pensait-il qu'elle allait lui répondre non ?

- Oui Monseigneur, je suis consciente de mes fautes, et je ferai tout pour les racheter.

A nouveau elle baissa humblement la tête pendant que la sentence tombait comme un couperet... Il pardonnait, certes, mais à quel prix ! Tous les jours aller faire semblait de prier, pendant une semaine entière ! Dieu merci, ils étaient à Nevers, ce n'était pas comme si elle avait eu autre chose à faire. Et il y avait fort à parier que le bougre viendrait surveiller, alors... Soit, elle s'exécuterait.

- Je remercie le Très-Haut de sa miséricorde, et je promets de m'acquitter de cette pénitence avec grâce, Monseigneur.

Bien. La chose était faite, ils allaient pouvoir enchaîner. Et elle, réciter son serment d'allégeance à l'église, enfin ! Ceci dit, elle s'étonnait de ne pas voir plus de compassion de la part de l’ecclésiastique. C'était comme si le fait qu'elle ait affirmé être enceinte d'un enfant du péché lui avait roulé sur la peau, pour aller s'échouer un peu plus loin. Ces prélats n'avaient pas de cœur... Élevés dans un couvent, homme parmi les hommes, la seule chose qui les attendrissaient, c'était leurs mignons ! Voilà du moins ce à quoi elle pensait, pendant qu'elle récitait presque mécaniquement la litanie apprise par cœur :

- Je reconnais en Dieu le moteur du monde, la pensée suprême et la cause efficiente et finale du monde. Je reconnais l'Église aristotélicienne comme mon guide dans la connaissance de Dieu, et je jure de lui rester fidèle ainsi qu'à son autorité, seule représentante sur terre de l'Être divin. J'accepte tout cela de ma propre volonté pour le salut de mon âme en vue de ma résurrection près de Dieu dans la contemplation éternelle de Sa Beauté. Je désire que mon nom apparaisse comme baptisée et servante de Dieu tout puissant.

Ce qui ne l'avait pas empêché de féminiser la dernière phrase, là où tant d'autres se contentaient d’ânonner bêtement. Sa récitation terminée, elle braqua de nouveau ses yeux, luisants encore de larmes, vers l'évêque. Qu'on en finisse.
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En pointillés tout le mois de Juillet
Fitz
Ah le plaisir d'infliger pénitence à ses paroissiens ! Et de les voir accepter docilement par obligation ! Certains tiraient jouissance dans les plaisirs de la chair, un prélat devait trouver une autre source de joie.. Et c'est ainsi que la Rousse viendrait prier, non sous la surveillance de l'évêque mais d'un bedeau qu'il aurait envoyé expressément à cette tâche.. Peut-être un jour aurait-elle l'immense honneur de se voir observée par le prélat en personne mais nullement tous les matins.. Certains dormaient encore à pareil moment.

Et alors que certains auraient pu s'en étonner, le prélat n'avait pas réagi à l'annonce de la grossesse de la jeune femme.. Il avait tout simplement déjà barricadé son esprit au fil des révélations, tant et si bien que sa situation désormais précaire ne le touchait point. Il faut mentionner également que son affection pour les êtres de bas âge était quelque peu limitée. Le prélat n'avait 'semblé' posséder cœur envers des enfants que face à sa protégée.. Il n'était point de pierre, mais très ardu à effriter..

Serment parfaitement prononcé. Non en turc. Non en latin. Pas tant de déception. Mais toujours ce sentiment-réflexe de recul face à ces yeux larmoyants.. Oh comme il détestait y voir perler quelques gouttelettes humides ! Fuyant donc ce portrait dérangeant, il plonge l'extrémité de ses doigts dans l'eau du baptistère pour ensuite les diriger vers le front de Rosalinde. Elle aurait bien besoin d'être lavée de ses péchés, entièrement immergée tant ils étaient nombreux, mais il se contenta d'une croix toute simple..


Rosalinde, je te baptise au nom de l’Église Aristotélicienne et au nom du Très-Haut, pour l’amitié de tous les Saints et pour l’amour du Père de l’humanité.

Va et répands par ton exemple la Lumière de la vraie Foy aux autres hommes et femmes, et ne trahis pas cet engagement du baptême par une conduite malhonnête.
"N'est-ce pas ?" aurait-il voulu ajouter..

Il tendit ensuite un cierge au parrain et une médaille à la marraine et cousine.. Ils auraient ainsi geste symbolique à effectuer en offrant présent à leur filleule commune.. Pour mieux se rappeler de leurs promesses ?..


Par ce cierge, Dieu t'exhorte à répandre la lumière de la Vérité autour de toi. Et par cette médaille, tu pourras afficher ton engagement dans la religion aristotélicienne.

Ainsi soit-il ! La Rousse serait baptisée et vivrait désormais dans la plus grande vertu parmi les autres fidèles que comptait l'Église..

Ou pas.

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