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[RP] A l'aveuglette

Historis
Elle en rêvait depuis l'enfance mais n'avait trouvé le courage que dans la foi. Historis s'éveillait au monde grâce aux préceptes d'Artistote aussi, l'aveugle marseillaise avait décidé qu'après son baptême elle partirait sur les routes, accompagnée du page de sa maîtresse, et oui Dame de Compagnie a aussi ses avantages. Elle partirait sur les routes mais il lui fallait encore savoir où elle irait.

Aussitôt le problème évoqué auprès de l'enfant que déjà elle entendait le son des pages d'un livre qui se tourne. Le page parcourait pour elle le Livre des Vertus lisant l'une après l'autre chaque Hagiographie...


Vous devriez vous coucher lui conseilla l'enfant alors qu'il avait déjà consacré plus d'une heure de lecture et de prise de notes. J'en ai encore pour un moment.

Historis quitta sa chaise faisant mine de rejoindre sa chambre et revint avec deux tasses de tisane.

Nous allons tous deux rejoindre nos lits plutôt. Tu sais, mon baptême n'aura lieu que début juillet, nous avons tout le temps de préparer ce pèlerinage. Et que dira la Comtesse d'Orange si l'un ou l'autre d'entre nous a les yeux pochés par manque de sommeil ? La pauvre attend déjà un enfant et est très fatiguée, nous nous devons de rester en forme tant que nous sommes actifs à son service.


L'enfant l'avait écouté mais étrangement, il avait hâte de retourner à son travail. Le dogme lui ouvrait les yeux sur la foi, la Vérité Divine. Il était impressionné par chacun des Saints qui avaient consacrés leur vie à la Vertu et au Très Haut.

Aussi, lorsque l'aveugle revint vers le salon des employés, elle fut surprise d'entendre de nouveau le son caractéristique des pages qui se tournent entre les mains d'un page.


Par le Très Haut mais n'as-tu donc point dormi.

Et l'enfant de déposer entre les doigts d'Historis un parchemin.

Si mais j'ai repris au réveil dit-il, et j'ai même fini. C'est la liste de quelques Saints Aristotéliciens et des lieux où ils ont vécu ou où sont leurs reliques. Je te l'as lis. ?

Elle acquiesça et écouta avec attention la lecture du document.

Citation:
  • Saint Antoine le Grand : Vie consacrée à la foi, il guérissait les famines (Vienne, Lyonnais Dauphiné)
  • Saint Bernard : Créateur des Saintes Armées (Dijon, Duché de Bourgogne)
  • Sainte Boulasse, Patronne des vignerons et taverniers : Martyre de l'Église (Mâcon, Duché de Bourgogne)
  • Saint Corentin, Saint Patron des pécheurs bretons (Brest, Duché de Bretagne)
  • Sainte Dominique Ouvrit l'Église aux femmes (Chinon, Duché de Tourraine)
  • Sainte Hildegarde, Patronne des Herboristes (Embrun, Lyonnais Dauphiné)
  • Saint Hubert, Patron des hérétiques repentis (Rochechouart, Comté du Limousin et de la Marche)
  • Sainte Jeanne d'Arc : Martyre qui aida Levan II a accéder au trône (Orléans, Duché de l'Orléannais)
  • Saint Latuin, Protecteur du Duché d'Alençon (Argentan, Duché d'Alençon)
  • Marie de Villeneuve, Patronne des tisserands (Villeneuve, Paris)
  • Marie Madeleine, Patronne des des boulangers et pâtissiers (Sainte Baume, Provence)
  • Saint Patern, Premier curé de Vannes (Vannes, Duché de Bretagne)
  • Saint Polin, Patron des défenseurs de la Foy (Langres, Duché de Champagne)
  • Sainte Radegonde, Ordre de Saint Lazare (Poitiers, Duché du Poitou)
  • Saint Valentin, Patron des amoureux (Abbaye de Jumiège, Diocèse de Rouen, Duché de Normandie)
  • Saint Vincent, Patron des Vendanges (Bourgogne et Champagne)
  • Saint Abysmo, Patron de la Garde Papale (Luxeuil, Duché de Champagne)
  • Saint Bynarr, Patron du Duché de Bourgogne (Sémur, Duché de Bourgogne)
  • Saint Himérius, Patron des missionnaires (Clermont; Duché du Bourbonnais Auvergne)
  • Saint Karel, Patron des précheurs (La Trémouille, Comté du Poitou)
  • Saint Norv, frère franciscain, Cardinal-achevêque de Narbonne (Narbonne, Comté du Languedoc)
  • L'abbé Tise de Cambrai, Curé des pauvres (Cambrai, Comté d'Artois)
  • Gatien (Tours, Duché de Tourraine)


Il faudra aussi que nous passions à l'Abbaye de Noirlac et à Rome à la fin de ce pèlerinage. Je te lirai l'hagiographie de chacun des Saints avant que nous nous rendions dans les villes citées.

Tâtonnant pour toucher du bout des doigts l'enfant, elle le serra fort contre elle.

Je ne sais pas ce que je ferai sans toi. Bien si tu es d'accord, demain nous déciderons ensemble de l'ordre de passage dans chaque ville. Ah et n'oublie pas aussi que je veux aller en Guyenne pour y voir un ami.
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Jean_armand
Au service de la Comtesse d'Orange plutôt casanière, bien que parfois le soir elle aimait à sortir, le jeune page ne pouvait qu'être ravi de quitter bientôt la Provence pour accompagner Historis en pèlerinage. Il aimait bien l'aveugle même s'il ne pouvait nier que des crampes il en avait eu des tas depuis que la Comtesse lui avait confié la lourde tâche d'être les yeux d'Historis.

Depuis qu'il l'accompagnait, il avait découvert le livre des vertus et il était chaque jour plus fasciné par les histoires qu'il contenait.

Il avait lu pas mal d'hagiographies depuis que la marseillaise lui avait expliqué son projet, il lui restait encore à tracer un itinéraire de voyage.
Michel était donc penché sur des cartes qu'il avait trouvé dans la bibliothèque d'Orange tout en prenant des notes. Historis qui était à ses côtés, confectionnait des bouquets de fleurs. Si elle n'avait pas des yeux, elle utilisait le toucher et l'odorat pour différencier les formes des pétales et les senteurs.


Il faudrait contacter Monseigneur Drak pour savoir où prier Sainte Madeleine. Autant commencer par la Provence.

Et l'enfant notait tout en parlant la première étape du trajet. Et il continuait plus qu'emballé par ce voyage à venir.

Voilà, dit-il après un flot incessant de paroles. Nous ferons traverserons dix neuf, provinces, soixante sept villes en terminant par Bordeaux afin que vous rencontriez votre ami. Il en avait mis du temps avant de trouver l'itinéraire idéal. Il était vraiment fier de lui.
Historis
Si elle avait grande hâte de quitter ses terres pour en parcourir tant d'autres, de découvrir les Saint Aristotéliciens à travers un voyage, Historis ressentit comme une pointe de tristesse à l'annonce de l'itinéraire. Un instant elle resta silencieuse se rendant compte que son pèlerinage l'amènerait à ne rendre visite à son ami que dans de longues semaines.

Si le plaisir était une vertu, l'acédie était un péché et il était hors de question qu'elle laisse quoique ce soit la faire dériver de sa foi. Aussi après avoir acquiescé non sans un léger soupire, un sourire vint illuminer son visage.


Alors il va nous falloir nous préparer à présent. Mon mandat de Juge arrive à son terme, notre départ est très proche.

T'es-tu renseigné pour obtenir les noms des prêtes auxquels nous devons écrire ?


La veille elle lui avait expliqué qu'il valait mieux prévenir chacun des clercs en charges des paroisses traversés, afin qu'ils leur indiquent les lieux de prières où se rendre. Voilà donc que le pauvre page s'était de nouveau trouvé avec une charge de travail incroyable.
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Historis
Sainte Baume (Marie Madeleine)


Ils étaient partis enfin. La traversée de la Provence se fit sans grande difficultés. Avant de la quitter pour de longs mois, Michel et Historis avaient tous les deux priés Sainte Marie-Madeleine devant la grotte de Sainte Baume. Ils avaient remerciés la Sainte d'avoir soutenu et aidé les boulangers, d'ainsi leur permettre d'avoir le pain nécessaire à leur survie durant leur voyage.

Assis dans les bois devant la grotte, Michel contait à l'aveugle le récit de la vie de Sainte Marie Madeleine.


Marie-Madeleine est née dans un couvent. Sa mère était la soeur en charge de la gestion des vivvres. Au début les soeurs du couvent ont soupçonné qu'elle ait eu une liaison avec le boulanger mais faute de preuve elles acceptèrent l'enfant et sa mère l'éleva en lui apprenant à son tour l'intendance. Le livre des vertus dit que Marie-Madeleine était très douée et que très vite elle s'est occupée seule mais en secret de l'intendance.

Historis écoutait très attentive le récit de cette vie. Elle se rendait compte que les saints avaient été avant tout des êtres de chair et d'os qui avaient eu une vie comme tous peuvent en avoir.

Une nuit les soeurs jalousent que Marie-Thérèse ait pu procréer et pas elles, décidèrent de bannir Marie-Madeleine. Elles lui firent promettre de ne jamais revenir ni dévoiler l'existence du couvent et l'amenèrent à dos d'âne sur le massif de Sainte Baume... là où nous sommes justement.

Très vite comme elle était autant douée avec les chiffres qu'en cuisine, elle se fit embaucher par un seigneur plus au nord en tant que cuisinière. Elle inventa un gâteau en forme de coquillage qui eut un succès fou. Le seigneur décida de lui rendre honneur en l'appelant "Madeleine".

Pendant plus de trente ans, elle ne sortit jamais de ses quartiers ne faisant que cuisiner les gâteaux pour le seigneur et ses clients. Elle ne revit pas le couvent ni sa mère. Très vite des rumeurs disant qu'elle n'existait pas, que le seigneur était un sorcier qui envoûtait les gens avec les madeleines se mirent à courir. Le seigneur prit alors la décision de présenter Marie Madeleine à tous.

Lorsqu'elle vit ses admirateurs, elle se rendit compte qu'ils étaient tous obèses et qu'elle en était responsable à cause du beurre qu'elle mettait dans ses gâteaux. Elle prit donc la fuite.


Tandis que l'enfant lisait à présent silencieusement un chapitre plus compliqué, Historis cherchait une morale à cette histoire. Michel ne tarda pas à la lui apporter.

Le livre dit que cinquante années plus tard, l'ordre teutonique a fait une enquête sur la Vie de Marie Madeleine. Ils en ont déduits qu'elle avait voué sa vie à la vertu. Attendez je vais vous lire le passage.

Livre des vertus a écrit:
Elle avait fait preuve d’amitié et de don de soi en se consacrant à la confection de son fameux gâteau, de conservation en trouvant le moyen de subsister, de tempérance en acceptant sa condition et en obéissant à son maître, de justice en essayant de faire le plus de madeleines possible pour que chacun en ait, de plaisir en faisant ce qui lui plaisait c’est-à-dire cuisiner et de conviction en croyant qu’agir tel qu’elle le faisait rendrait le monde meilleur, et pendant tout ce temps là les admirateurs de madeleines péchaient à outrance !
Le Seigneur de Correns en premier lieu : égoïste parce qu’il ne pensait qu’à sa propre richesse et envieux parce qu’il s’est attribué tous les mérites de Marie-Madeleine. Mais les admirateurs de madeleines n’étaient pas innocents non plus : égoïstes parce qu’ils ne pensaient qu’aux madeleines et non à Marie-Madeleine, gourmands parce qu’ils se sont gavés de ces gâteaux et adeptes de la luxure en abusant des plaisirs de la chair.


Historis acquiesça. En effet on sentait à ce récit que Marie Madeleine n'avait pas vécu pour elle mais pour les autres qui n'avaient su la remercier comme elle le méritait.

Ce n'est pas tout, ajouta Michel, avant de partir, elle a laissé un message étrange v = (Im(f*)df/dx)/|f|².
Cette formule apparait parfois sur des rames que l'on trouve au petit matin.

Où est partit Marie Madeleine ?
, demanda Historis

Ils ont envoyé une expédition dans tout le Massif de Sainte Baume jusqu'à trouver cette dans la grotte devant laquelle nous sommes, le squelette de la Sainte.

Le récit terminé, l'heure fut au recueillement, Historis comme l'enfant restèrent un instant silencieux .
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Eavan
La vicomtesse chevauchait en compagnie de Felipe, fidelissimo, le plus fidèle de ses gens. Il ne la quittait plus depuis ses péripéties toulonnaises. Son bras blessé la faisait encore un peu souffrir et elle le ménageait. Felipe ne se pardonnait pas de ne pas avoir été à ses cotés. Elle ne le lui avait pourtant aucunement reproché, loin de là. Malgré que son médecin lui ait conseillé du repos, la Gaelig mettait plutot son temps libre, si rare, à arpenter ses terres de Rians, faire connaissance avec les gens de ces regions et prendre la mesure des choses a faire sur le domaine. Cette chevauchée là, pourtant, la conduisait hors de son fief, à la Sainte Baume.

Qu'allons nous faire là bas Vicomtessa? finit par demander Felipe.

Une grotte y est le lieu de recueillement à Sainte Marie Madeleine. Cette sainte avait prété son nom à l'église de Toulon et fut adoptée comme patronne de la ville en quelquesorte, expliqua Eavan. Elle ajouta qu'elle souhaitait prier là bas afin de remercier le Très Haut et la Sainte d'avoir veillés sur la marquise et de l'avoir placée sur la route de la voiture marquisale en difficulté.

Vous y avez risqué votre vie et n'avez récoltée qu'un corps meurtris.

Eavan accorda un regard à Felipe. Cet homme s'inquiétait pour elle comme un frère. Parfois il se permettait d'être spontané, ce qu'elle appréciait beaucoup. Et puis il ne se le serait jamais permit autrement qu'en privé.

J'y aie retrouvé une amitié que je croyais perdue. Cela vaut bien quelques bleus.

Cela parvint à radoucir le salonais et la route se poursuivit tranquillement jusqu'à la Sainte Baume. Après avoir mit pied a terre pour atteindre la grotte, ils y parvinrent. Eavan laissa les rênes de Mistral à Felipe et s'avanca en silence. Deux personnes étaient déjà en plein recueillement. Elle reconnut sans mal Historis qu'elle ne salua pas pour ne pas la troubler dans ses prières. Doucement elle alla s'agenouiller non loin et se recueillit a son tour.
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Historis
Elle n'avait certes pas vu la vicomtesse arriver mais elle a avait tout à fait perçu le bruit des brindilles qui se cassent sur un tapis de feuilles mortes et de lichen.
Avant même qu'elle n'ait eu à le demander, Jean Armand le page de la Comtesse d'Orange qui habitué aux soirées de madame avait sans aucune difficulté reconnu la Gaelig, informa dans un murmure l'aveugle de la noble présence.

Historis qui ne connaissait que très peu la Vicomtesse pour ne l'avoir que croisée en de rares occasions à la Commission Marquisat, se releva pour exécuter une révérence silencieuse non sans un pincement au coeur en repensant que celle qui lui avait appris tout ce protocole venait de perdre la vie en couche. Une grimace vint tordre ses traits.

Afin de ne point rompre le silence bénéfique à la prière et ne point déranger celle qui priait; l'enfant et l'aveugle repartirent sur le chemin et marchèrent de longues minutes. Alors qu'Historis allait dire à l'enfant de tourner vers la droite selon son souvenir, elle sentit qu'on tirait sur sa manche.


Que se passe t-il ?

La vicomtesse est juste devant nous. murmura t-il. Elle prie. Nous avons tourné en rond...
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Eavan
Eavan avait regardé Historis lui faire une révérence en amorcant un geste l'en dissuadant. Elle ne voulait surtout pas déranger son recueillement. Elle perçut une légère moue sur le visage de l'aveugle mais n'eut guère le temps de s'y attarder, celle ci partant. Tandis qu'elle se recueillait, la Gaelig se promit d'en toucher deux mots à l'ex Juge, la prochaine fois qu'elle la croiserait, pour s'excuser d'avoir troublé sa prière.
La vicomtesse avait conscience que, parfois, il était délicat de tout à fait s'ouvrir au Très Haut sous le regard d'autres hommes. L'acte de prière était tout à la fois une ouverture et d'une intimité extrême.

Tandis qu'elle fermait les yeux pour se recueillir, Eavan perçut les pas de l'aveugle et de son accompagnant s'éloigner. Elle se mit à réciter une prière grégorienne qu'elle affectionnait beaucoup. Elle avait été Soeur au monastère d'Argentat et puis la Garde avait accaparée tout son temps et son énergie ... jusqu'à la laisser vide de toute substance ... Un service au Très Haut pratiquement vampirique. Ce qui était désolant.

Eavan ne savait pas exactement combien de temps avait passé. Son temps se rythmait en prières psalmodiées à voix bas, un filet de murmures régulier, parfois ponctué par le hennissement lointain de son cheval. Derrière elle, un son vint troubler la mélodie en y ajoutant les craquements des aiguilles de pins qui jonchaient le sol.
La Gaelig avait toujours vécue comme une militaire. La quiétude parfaite était une chose qu'elle se refusait. Un soldat doit toujours se tenir prêt et la surprise est à bannir. Elle ne savait pas exactement tout ce qui se passait dans son esprit lorsque cela se produisait, mais entendre des pas dans son dos la mit en alerte. Elle ouvrit les yeux, se tut et se releva pour faire face à la "menace".

Ce n'était qu'Historis et son ... ses yeux ? La vicomtesse se rendit compte, alors qu'elle se rassérénait, à quel point cela l'avait crispée. Fallait il toujours que son esprit se pense à Genève, dans les ruelles où chaque être humain est un assassin potentiel à qui porte l'habit des Saintes Armées ?
Plus bas elle distingua Mistral, et Felipe. Comment pouvait elle avoir pensé qu'un individu hostile ait pu passer outre le salonais ... et le cheval, sans faire de bruit ni éveiller ses soupçons ? Un léger soupir franchit ses lèvres ... Un comble non, de parvenir à se fatiguer soi même.
Plutot que de s'attarder sur ce qui aurait pu assombrir sa journée, la jeune femme s'avanca vers l'aveugle.


Dame Historis ... cela tombe bien que vous soyez revenue sur vos pas .. Je voulais m'excuser d'avoir troublé votre recueillement, ce n'était nullement mon intention ...

Penaude. Toute penaude la Gaelig. Spectacle à apprécier particulièrement car rarissime.
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Historis
Historis se demandait vraiment quelle jeu les faisait tourner en rond mais avant qu'elle n'ait eu le temps de se pencher sur le problème qui leur faisait face, la vicomtesse vint lui présenter ses excuses. Ni elle, ni Jean Armand n'avaient vu la nervosité de cette dernière lorsqu'ils avaient approchés de nouveau la grotte où avait vécu Sainte Marie Madeleine aussi, c'est avec un grand sourire qu'elle répondit à la vicomtesse manquant un instant de l'appeler Monseigneur avant de se souvenir que cela n'était plus d'actualité.

Nous finissions de prier à votre arrivée vicomtesse, vous ne nous avez point ennuyés. Et l'Amitié aristotélicienne n'est-elle point un fondement de la foi suffisant pour que nous puissions prier sans que cela ne trouble ni l'une ni l'autre ?

C'est à moi en fait de m'excuser... je crains avoir l'esprit trop vagabond pour avoir noté mes pas correctement. Le décès de la comtesse d'Orange semble accaparer mon attention plus que je ne l'aurai cru et nous avons tourné en rond.


Jean-Armand secoua vivement la tête pour acquiescer aux dires de la jeune marseillaise. Ils étaient perdu et ayant fait une confiance "aveugle" à Historis, il n'avait lui même pas pris la peine de prendre des repères à l'aller.

Cela promet pour l'avenir, ajouta t-elle dans un rire nerveux. Nous entamons tous deux un pèlerinage de plusieurs mois et nous nous perdons dès la première étape...
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Eavan
La vicomtesse fut soulagée de n'avoir pas de responsabilité dans le départ des deux pélerins. Elle se savait n'avoir pas très bonne réputation en Provence au moins du point de vue de son caractère. On la trouvait souvent inssuportable. Elle s'en accomodait. Cela restait très doux par rapport à ce qu'elle avait pu entendre d'elle...
La Gaelig écoutait l'aveugle. Elle fut peinée d'apprendre le décès de Jehanne. Cette femme avait de la poigne et du caractère...ainsi qu'une notion, peut être un peu trop poussée du comportement décent pour un noble.


Je ne sais à quel point vous étiez proche de la Comtesse. Et si je ne peux mesurer l'étendue de votre peine, j'y compatis volontiers et sincèrement.

Eavan n'en ajouta pas plus. Elle songeait a la qualité de la défunte mais jeter des lauriers aux morts pour apaiser les vivants n'était pas dans ses habitudes. Un compliment comme une critique était une chose destinée au seul sujet et non à des tiers. La vicomtesse, soucieuse de ne pas laisser la tristesse les envahir tous, poursuivit en tentant d'user d'un ton plus léger et moins protocolaire.

Souhaitez vous qu'on vous raccompagne?

Léger sourire engageant. Eavan n'était pas encore habituée à avoir en face une personne non voyante, d'autant que dans la plupart des cas Historis savait fort bien s'en départir sans qu'on ne le remarque.

Vous partez pour un pélerinage... C'est un beau projet... Quel en est le fil conducteur?

La Gaelig, jusqu'ici, n'avait jamais rencontré de personne souhaitant accomplir un tel acte de foi et de spiritualité sans en avoir quelquepart l'obligation. La jeune femme sentait chez Historis, et avait pu a quelques reprises observer, une grande pieté. Cela était rare. Ou du moins Eavan, après ses expériences au sein de la Garde Episcopale et ses relations avec différents pouvoirs temporels, pensait que cela était exceptionnel que de croiser un véritable fidèle fervent et pratiquant, respectueux du dogme. Le discours tenu par Historis lui sembla être telle une bouffée d'air frais ayant un gout d'espoir.
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Historis
Historis répondit par un sourire aux condoléances de la vicomtesse. Elle appréciait le mélange de sobriété et de fermeté qu'elle avait déjà perçu en cette femme. Elle avait remarqué combien les voyants avaient du mal à se comprendre entre eux mais chez Eavan Gaelig, on pouvait entendre au contraire qu'elle comprenait tant et si bien les choses que son coeur devait parfois en être inondé.
Son humanité ne laissait aucun doute, et déjà elle le prouvait en lui proposant de la raccompagner.


Avant que la jeune aveugle n'ait eu le temps de lui répondre, le pélerinage semblait attiser la curiosité et Historis était si emballé par son projet qu'elle répondit avec ferveur.


Mon très jeune ami que pouvait voir près de moi, a accepté de lire pour moi le Livre des Vertus. Nous avons tous deux songé à visiter les villes où certains Saints ont vécu ou se sont illustrés. C'est pourquoi nous sommes ici d'ailleurs. Nous sommes venus à Sainte Baume pour remercier Sainte Marie-Madeleine pour ses bienfaits et sa vertu. Jean-Armand en a profité pour me faire la lecture de son hagiographie.

Nous quitterons bientôt la Provence pour en faire de même dans d'autres villes, la prochaine étant Narbonne où nous prierons Saint Norv...


Elle avait parlé d'un trait en oubliant presque de respirer et tandis qu'elle reprenait son souffle, elle se rendit compte qu'elle accaparait la discussion.

Oh je suis confuse, dit-elle alors. Je vous dérange dans votre recueillement et je parle, je parle... Et vous êtes si bonne que vous vous êtes proposée de nous raccompagner... Ne vous dérangez point pour nous, en revanche si vous pouviez nous indiquer quel chemin prendre pour repartir...
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Eavan
Eavan souriait tandis qu'Historis parlait. Et la jeune aveugle parlait avec tellement de ferveur, d'excitation à l'idée de ce pélerinage ... La vicomtesse trouvait d'ailleurs l'idée particulièrement séduisante. Un chemin à suivre avec des étapes de recueillement ...

Je ne vais pas me déranger voyons, reprit la jeune femme avec un sourire, je vais profiter de vous raccompagner pour discuter encore un peu avec vous.

Le sourire amusé restait accroché à son visage. Ce pélerinage avait piqué sa curiosité. Elle tendit son bras à l'aveugle, effleurant simplement sa manche pour qu'elle sente le geste et la proposition de marcher à ses cotés.

Dites moi, abuserais je en vous demandant si vous voulez effectuer ce pélerinage seule ou si de la compagnie serait la bienvenue ?

La Gaelig se savait libre de toute obligation. Elle n'était plus Garde. Elle n'avait plus de fonction comtale, ni marquisale ... Ni même municipale. Pas vraiment d'attache en somme, en dehors de son allégeance. La Provence l'étouffait parfois. Et elle savait devoir faire des choix et prendre des décisions quant à son avenir. Un pélerinage pourrait lui donner l'opportunité de faire le point.
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Historis
Historis laissa la Vicomtesse prendre son bras et accueillit la proposition de cette dernière avec le sourire.

Bien qu'elles se connaissent peu, la réputation de la Gaelig la précédait. La jeune aveugle savait cette femme pieuse, elle savait qu'elle avait dirigé longtemps la Garde Épiscopale en Provence.

Elle savait aussi qu'elle ne serait pas la seule à accueillir cette proposition avec le sourire puisque le jeune page qui l'accompagnait avait plusieurs formulé son inquiétude face au voyage d'un enfant et d'une aveugle. Si elle avait compté sur leur foi respective pour les protéger elle savait qu'il serait rassuré d'une présence supplémentaire.

Quant à elle, la bonté qu'elle ressentait chez la vicomtesse lui suffisait à se faire un plaisir à l'idée de faire le voyage en sa compagnie.


Cela serait un grand honneur de faire le voyage avec vous Vicomtessà. répondit la marseillaise. Après tout, ne venons-nous pas de partager la première étape de celui-ci ?

J'accepte donc vos deux propositions.

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Eavan
La vicomtesse souriait. Un murmure franchit ses lèvres.

Bien.

Eavan en avait perdu l'habitude mais elle progressait doucement. Elle ne souhaitait pas imposer une allure qui mettrait mal à l'aise Historis. Son regard allait régulièrement balayer le sol à quelques pas devant elle, afin qu'elle anticipe les obstacles. La Gaelig songeait à ce pélerinage ... Cela lui permettrait de se détacher des problèmes temporels et de tourner la page qu'avait été la Garde Episcopale dans sa vie.

Qu'est ce qui vous a donné envie de faire ce pélerinage ?

Elle ne connaissait que peu l'aveugle mais ... elle était sans aucun doute d'une grande piété, d'une grande vertu également. Eavan se demanda si cette rencontre n'était pas un signe d'en haut pour lui faire retrouver son chemin. Le sourire de la vicomtesse flottait sur ses lèvres. Partir ... voyager ... rencontrer des gens ... découvrir des choses ... Il y avait là un gout de liberté. Un gout inimitable. La Gaelig ne savait plus quand elle l'avait sentit pour la dernière fois ... Peut être en Bretagne en rencontrant feue sa jeune cousine Marianne ... Peut être au large de Marseille, naviguant en compagnie de feue sa soeur d'armes Lucile de la Combe d'Andrésy et des soldats de Toulon : Deminerve d'Eaglia, Alexia Redodd et les autres ... Peut être sur les hauteurs de Toulon dévastée, en dégustant des mirabelles avec pour toute compagnie son cheval ... Peut être lors d'une promenade sur son domaine en compagnie d'un Baron et d'un baiser échangé. Des instants volés ... Volés aux serments, aux devoirs, aux ordres ...
La vicomtesse s'était perdue dans ses pensées. Forcément, ce qui devait arriver lorsque l'on ne regarde pas où l'on marche, arriva. Une racine à l'ombre de quelques aiguilles de pin osa provoquer un attentat. La Gaelig trébucha. Elle eut pour réflèxe d'aviser le premier arbre le plus proche pour éviter d'aller plus loin dans le déséquilibre. Le bras droit étant occupé, ce fut de la main gauche qu'elle s'offrit un appui supplémentaire. Alors certes, cela limita l'attentat à un simple pas un peu plus raide que les autres, mais le choix du bras gauche fut aussitot regretté. Si la blessure qu'elle y portait était refermée, les chairs restaient meurtries et la douleur, ainsi réveillée, fut vive. Un grognement franchit les lèvres de la vicomtesse tandis qu'elle repliait lentement son bras vers elle en reprenant sa respiration.
Son médecin lui avait bien dit de se reposer. Mais non. Gaelig, tête de mule ... Forcément.

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Historis
Historis suivait les pas de la Vicomtesse effleurant les chemins de sa canne afin d'en éviter les obstacles. Le retour semblait plus aisé, d'autant que le page lui tenait le bras.

Elle songeait au projet de pèlerinage qu'elle voyait sous un nouvel angle puisque la Vicomtesse de Salon de Provence se joignait à eux. Elle réfléchissait depuis quelques minutes déjà à son acceptation rapide de la proposition qui lui avait été faites.

Voyager avec une compagnie si Noble lorsqu'on est soi même démuni et roturière pouvait être malvenu... Alors qu'elle cherchait comment régler un cas de conscience qui la préoccupait fortement, elle perçu le son étrange d'un pas anormal devant elle.
Aussitôt, Historis dressa son visage.


Aucun mal Vicomtessà ?, demanda t-elle calmement en tendant l'oreille avant de sentir une pression calme de l'ex page d'Orange sur son bras, l'informant qu'il n'y avait rien de grave.

J'aimerai vous proposer quelque chose, si vous avez un moment..., finit par lâcher l'aveugle qui avait une idée.
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Eavan
Le souffle était un peu court lorsqu'Eavan assura brièvement que tout allait bien. Mensonge ? Oui oui ... La douleur lancinante s'estomperait en quelques minutes mais pour le moment, elle n'était pas prête de rebouger son bras. Mais elle n'allait pas mal non plus. Avec tout les coups qu'elle avait encaissé ces dernières années, le souvenir cuisant d'une blessure récente était une sensation malheureusement familière.

La marche reprit. Ils approchaient du sentier. Plus qu'une dizaine de toises et ils rejoindraient Felipe. Et Mistral. Elle pouvait entendre son destrier témoigner de son impatience. Un sourire se renforca sur ses lèvres. Tandis qu'ils progressaient, la vicomtesse avait le sentiment diffus que l'aveugle était préoccupée. Elle prit le parti de ne pas la presser de questions.
Finalement une question arriva à laquelle la Gaelig sourit.


Bien sur, je vous écoute.

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